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Ce travail de recherche s’attache à montrer les similitudes que l’on peut constater entre certains états non ordinaires de conscience (ENOCs), tels la transe ecsomatique (OBE), le rêve lucide, les expériences de mort rapprochée (NDE), les expériences décrites comme des « enlèvements par les extraterrestres » et la transe chamanique induite par les postures de transe découvertes par l’anthropologue Felicitas Goodman. <br>Cette recherche décrit aussi comment l’anthropologie expérimentale peut se révéler être un outil d’exploration du chamanisme. Les séances impliquant les postures de transe, présentées dans cette thèse, montrent comment des sujets occidentaux, n’ayant eu aucun contact notable avec le chamanisme, délivrent des contenus de nature chamanique.<br>Enfin, ce travail met en relief les liens entre les ENOCs et les « géographies de l’invisible », i. e. les différents plans et niveaux de l’outre monde.

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Published by Michel Nachez, 2020-02-17 06:34:50

LES ÉTATS NON ORDINAIRES DE CONSCIENCE - Essai d&#39;Anthropologie Expérimentale

Ce travail de recherche s’attache à montrer les similitudes que l’on peut constater entre certains états non ordinaires de conscience (ENOCs), tels la transe ecsomatique (OBE), le rêve lucide, les expériences de mort rapprochée (NDE), les expériences décrites comme des « enlèvements par les extraterrestres » et la transe chamanique induite par les postures de transe découvertes par l’anthropologue Felicitas Goodman. <br>Cette recherche décrit aussi comment l’anthropologie expérimentale peut se révéler être un outil d’exploration du chamanisme. Les séances impliquant les postures de transe, présentées dans cette thèse, montrent comment des sujets occidentaux, n’ayant eu aucun contact notable avec le chamanisme, délivrent des contenus de nature chamanique.<br>Enfin, ce travail met en relief les liens entre les ENOCs et les « géographies de l’invisible », i. e. les différents plans et niveaux de l’outre monde.

Keywords: chamanisme, transes, états non ordinaires de conscience, états de conscience modifiés, transe ecsomatique (OBE), rêve lucide, expériences de mort rapprochée (NDE), chamanisme, anthropologie expérimentale, géographies de l’invisible, enlèvement par les extraterrestres, abduction

autres étaient avec leurs cheveux noirs tirés, avec
deux ou trois plumes — je ne sais plus — à côté tout
autour, lui il était debout. C’était surtout ça.

Et après, au bord de la rivière, il y avait des femmes
qui étaient sur une pierre et qui frottaient une pierre
comme des ratons laveurs, dans le rythme, et
grattaient une pierre, une pierre plate avec une autre
pierre plate au bord d’une rivière. Plusieurs femmes
qui étaient là à quatre pattes en train de frotter leurs
pierres dans le rythme. Voilà.

Ce n’était pas tellement aussi long que les autres
fois.

Toujours ce bruit d’eau, de l’eau qui coule, un
ruisseau qui coule, une petite cascade qui coule... un
clapotis d’eau. Après j’avais des problèmes avec le
bras, j’avais l’impression qu’on me le tirait en arrière.
Il commençait à s’engourdir.

Il y avait encore quelque chose, mais je ne sais plus
quoi. J’ai l’impression que c’était une cérémonie pour
l’eau, pour la pluie... Ça avait rapport à l’eau.

C’était au début, c’était une source qui coulait bien
fort déjà, c’était tout de suite un ruisseau — ce n’était
pas un petit filet d’eau — qui sortait d’un rocher et
puis ils étaient là, au-dessus, ils dominaient cette
sortie.

Moi j’étais spectateur, je ne faisais pas partie de la
cérémonie. Je voyais, c’est tout.

~ 401 ~

Il y avait des enfants aussi au bord de la rivière
avec ces femmes. Au bout d’un moment, c’était les
enfants qui grattaient ces pierres, qui frottaient. Ça ne
se passait pas au même endroit où il y avait ceux qui
faisaient leur cérémonie. C’était au bord d’une rivière
avec plein de galets.

Au début, il y avait un Indien qui tournait autour de
moi. Aussi avec la grande coiffe. Juste ça, après il y
avait la rivière. Tout au début il y avait un Indien qui
tournait aussi. Il était tout petit, un corps tout petit
avec cette grande coiffe qui était énorme, qui était
disproportionnée à son corps. Son corps était presque
une caricature, très petit, puis il courait pas
naturellement, déformé, avec cette coiffe qui était
trop grande pour sa tête. Après il y avait la rivière,
après la cérémonie, tous avec leur coiffe, après il n’y
avait plus un avec une coiffe qui imposait les mains
au-dessus de l’eau, de la source et les autres étaient
habillés normalement avec leur pagne en peau et
coiffés avec les cheveux très noirs tirés vers l’arrière et
deux ou trois plumes sur le côté. Et après les femmes
et après les enfants.

Je suis mieux réveillé que les autres fois. Le rythme
changeait par moments et puis il me semble qu’il y
avait d’autres castagnettes qui se mettaient en route,
d’autres bruits qui se mélangeaient.

Ça s’est fini sans à-coups, sans coupure nette. »

~ 402 ~

Commentaire : Patrick est encore chez les Indiens.
Après cette séance, il a eu du mal à retrouver
l’ordre chronologique de ce qu’il avait perçu.
Beaucoup d’eau ici.

EEG : Voilà un graphique où les deux hémisphères
sont synchronisés et où chacun présente une
dominante Alpha à 9 hz, indice de relaxation,
d’esprit calme.

Graphique IX-9 : EEG Patrick séance 4

~ 403 ~

#.5. Patrick 21/03/96 — séance 5 — Monde d’en bas
(2)

« Ça a mis du temps à venir et après, d’un coup,
c’est venu.

Au début, il y avait deux enfants à califourchon sur
un tronc d’arbre à l’horizontale. Les enfants d’une
tribu... je dirais amazonienne, dans la forêt vierge
style... Bornéo. Tout ébouriffés, qui s’amusaient à
faire du cheval sur ce tronc.

Après, cela a changé carrément. C’était en Égypte
et là, je suis rentré dans un temple. Un temple, un
palais, je n’en sais trop rien. Un grand portail et une
série de colonnes. (...) Après il y avait l’effigie d’un
pharaon, je ne sais pas, et la porte était entre les
jambes, il était assis donc, style le grand temple
d’Assouan, ces grands pharaons assis, on passe entre
leurs jambes. Dans le fond, je pensais que c’était un
pharaon, mais en fin de compte, ce n’était pas un
pharaon. Ce devait être un prêtre avec un masque de
chacal en or, noir et or. Un masque qui était posé sur
ses épaules.

Je pensais d’abord que c’était le pharaon... c’était
un prêtre ou un dieu, je n’en sais trop rien. Après, il y
avait plein de monde de chaque côté, en rangée, qui
étendaient les mains comme ça et qui bougeaient les
doigts. De chaque côté. Et apparemment, ce devait
être moi, mais j’étais à l’extérieur, j’ai assisté à la
scène. Mais je savais que le personnage qui était

~ 404 ~

allongé face contre terre, c’était moi. Donc, ils
faisaient comme ça au-dessus, et tout d’un coup, le
corps monte, monte, monte. Très haut, et ils sont
toujours là à suivre avec leurs doigts qui bougent.

Après, il y a eu un truc avec un sarcophage. Et
apparemment, je devais être mort, moi, dans
l’histoire. Je le vois sortir... C’est marrant, parce que
c’était une pyramide avec un espèce d’auvent. Ce
sarcophage était sur une sorte de charrette avec un
toit rond, ouvert sur les côtés, une plate-forme, un
peu comme une roulotte, la forme d’une roulotte
mais sans les parois. Plein de monde. Ce devait être
l’enterrement. Moi, j’étais toujours extérieur, je savais
que c’était moi.

Après, ce sarcophage a été mis dans une pièce et
dans une autre pièce il y avait plein de bric à brac,
plein de meubles entassés, un peu comme... j’avais
vu les photos de Toutankammon, un peu le même
style, des petites pièces avec plein de meubles
empilés et dans l’autre pièce ce sarcophage qui était
dans plusieurs trucs, exactement comme
Toutankammon. Après, je me suis senti dans le
cercueil, enfin... dans le sarcophage. Sans que cela ne
me gêne spécialement. Je sentais que j’étais dans le
sarcophage. C’est tout. C’était fini.

Après, il y avait un aigle. Un petit aigle qui était
posé — je ne sais pas sur quoi — qui regardait. Un
aigle tout brun.

~ 405 ~

Cela me revient : quand je rentrais dans le temple,
j’avais des cheveux noirs avec un truc en or, avec un
petit machin au-dessus, un petit serpent. (dessin).
Cela m’a frappé, ce machin, ce petit serre-tête, je
dirais.

À la fin, il y avait juste cet aigle et c’était tout,
c’était fini. Terminé.

Cela me concernait ce truc-là. C’était moi, je me
voyais de l’extérieur. Et c’était normal, ce n’était pas
quelque chose d’étranger. »
Croquis :

Figure IX-1 : croquis pyramide Patrick
séance 5

Commentaire : C’est une posture de voyage et il se
retrouve en Égypte. La transe présente un prêtre
avec un masque de chacal : c’est la symbolique du
dieu égyptien Anubis, le dieu à tête de chacal,
« dieu destiné aux soins des morts, veillant sur les
rites funéraires et sur le voyage vers l’autre monde ;
on le nommait seigneur de la nécropole. (...) Le
~ 406 ~

chien-chacal-psychopompe symbolise la mort et les
errances du défunt, tant qu’il n’est pas arrivé à la
vallée de l’immortalité. »1
EEG : Toujours cette synchronisation hémisphérique.
Ici, il est à 10hz, en Alpha, à la fin de la séance, à 9
hz. On a donc là un esprit calme et détendu,
réceptif. La synchronisation hémisphérique indique
que son cerveau fonctionne de manière équilibrée
et harmonieuse.

1 Dictionnaire des symboles, p.199.
~ 407 ~

Graphique IX-10 : EEG Patrick séance 5

#.6. Patrick 04/04/96 — séance 6 — Monde d’en bas
(3)

« C’était de petites images comme ça de temps en
temps, mais pas d’histoire.

De nouveau des Indiens qui tapaient sur un
tambourin. Des Indiens avec soit des nattes, soit des
queues de cheval et des plumes... tressées comme
une crête.

~ 408 ~

Du mal à respirer. Sensation de lourdeur tout au
début, comme si on posait un sac sur l’estomac.

Des images qui venaient et qui repartaient.

Des Indiens, il y avait un camp indien. Ils faisaient
une espèce de farandole. C’est assez confus.

Des statues égyptiennes. C’était assez bizarre parce
qu’elles étaient comme si on les avait sculptées dans
un rocher, elles étaient éloignées de ce rocher, de
cette montagne. La tête était encore reliée à la
montagne. Et cette statue, elle tombait à chaque fois.
Comme si on avait terminé cette statue, qu’on l’avait
sculptée et évidée dans la montagne, qu’on
maintenait encore le piton rocheux au-dessus de la
tête, enfin horizontal pour la maintenir, et puis, elle
tombait à chaque fois.

Ah oui ! Je me voyais face à moi. C’était moi qui
était... enfin mon image et je le secouait pour qu’il
bouge... Je me secouais pour essayer de me réveiller
et puis après, je me suis retourné et je me suis
superposé. Je suis rentré dans mon corps... C’était
anormal que je voie ce corps sans moi dedans. C’était
moi sans être moi, c’est difficile à dire. Je trouvais
normal de re-rentrer dedans. C’est tout, mais sans
sensation particulière.

À un moment, j’avais l’impression de tourner.
Comme si j’avais un axe au niveau du nombril, je ne
peux pas le dire. Une sensation de tourner, c’est tout.

~ 409 ~

Et puis, cette statue, ça revenait souvent cette statue
qui tombait.

C’est tout. Ce n’était pas comme la dernière fois. La
dernière fois, c’était beaucoup plus clair. »

Commentaire : Il semble y avoir, dans cette séance, des
indices de dédoublement. Dans les séances
précédentes, il flottait sur certaines scènes et dans
la précédente il était deux. Ici aussi. À noter ses
problèmes de suffocations : la lourdeur qui évoque
la paralysie OBE et rappelle ces récits de créatures
qui pèsent sur les poitrines des humains ou les
piétinent. Plus loin il se trouve face à lui et il se
secoue : il est en dédoublement et il ne comprend
pas vraiment ce qui lui arrive. Il est rare de trouver
des descriptions aussi parlantes dans les rapports
de transe. Généralement, les récits sont plus
symboliques.

#.7. Patrick 25/04/96 — séance 7 — Olmèque (1)

« La première chose que j’ai sentie est que tout
s’effaçait autour : tu sais que tu es dans une pièce
mais qu’il n’y a plus rien autour de toi. Après, c’était
toujours des petits flashs. Un Indien de nouveau ; une
pirogue avec deux ou trois Indiens. C’est tout.

Après il y a eu un Bouddha. Tout seul, sans
environnement. Après, il y a de nouveau eu un
Bouddha mais là, il y avait des prêtres qui se
prosternaient devant. C’était sous un toit. Je voyais ça

~ 410 ~

de côté. Après, il y avait des enfants, des petits
moines qui se prosternaient aussi. Après, il n’y a plus
rien eu. C’était très court.

Au début, j’avais des bouffées de chaleur. J’avais la
sensation que le sol tanguait, comme sur une
barque. »

Commentaire : Pas d’indice de transformation, mais la
chaleur et la sensation de tangage révèlent un
signe fort de transe.

#.8. Patrick 06/05/96 — séance 8 — Olmèque (2)

« Des images en flashs : un homme avec un
bandeau. Il avait comme un bandeau sur les cheveux.

Au niveau sensation physique : rien du tout. Après,
cela se passait dans un temple. Un temple tout en
longueur, pas très grand, dans un sous-sol. Et avec
des femmes tout le long, avec de longues robes
blanches, avec leurs petits serpents sur le bandeau.
Elles étaient de chaque côté et une énorme statue qui
ressemblait à un pharaon, et un prêtre qui faisait un
sacrifice d’un bébé. Il le brandissait et le jetait dans le
feu.

Et après, il jetait des statues dans le feu, des petites
statuettes. Et c’est tout, terminé.

Les Indiens sont revenus, ils dansaient comme des
marionnettes. Ce n’étaient que de petites séquences.
C’était un petit peu caricatural. C’est tout.

~ 411 ~

Le pharaon, c’était une très grande statue qui allait
jusqu’au plafond, qui occupait tout le fond de la salle.
Ça m’a donné froid dans le dos, je n’étais pas à
l’aise. Cela m’a incommodé.

Maintenant, je me sens bien. À la fin, cela me
paraissait très long, quand il n’y avait plus rien. »
Croquis :

Figure IX-2 : croquis
Patrick séance 8 -
serre-tête

Commentaire : Le thème de l’Égypte revient souvent
chez Patrick. Ici, que se passe-t-il ? C’est difficile à
interpréter, il manque trop d’éléments. Il est
incommodé et cela est vécu comme désagréable. Il
est vrai que le sacrifice de bébés est une horreur et
l’on comprend que Patrick ne se sente pas très bien
en observateur de telles scènes.

~ 412 ~

#.9. Patrick 13/05/96 — séance 9 — Olmèque (3)

« C’était un peu mieux que la dernière fois. J’ai vu
ton visage devant moi dans un brouillard. Après tu
étais en train de taper ton tambourin comme les
Indiens face à moi. Après il y a des couleurs qui sont
apparues. Blanc, jaune pastel, vert pastel, ça passait
au violet assez profond. Après des ronds verts.

D’abord un piton rocheux en hauteur, il y avait le
vide autour de moi. Et en fin de compte après c’était
un champ de colonnes. J’étais assis sur une colonne,
en haut. Des colonnes sans chapiteau. Et il y avait
plein d’autres [personnes] autour de moi, chacun
assis en tailleur sur une colonne. Il y en a qui tapaient
du tambourin, d’autres pas. C’était soit des Indiens
soit des Incas. Je ne sais pas.

Et puis après, c’est comme si une caméra survolait.
Il y avait une colonne plus haute que les autres où il y
avait un cheval en or dessus. Cheval ailé, il me
semble. C’était une statue d’un cheval en or qui
brillait bien, toute neuve.

Après, j’étais au bord d’un canyon extrêmement
profond. J’étais juste sur une petite plate-forme. Il y
avait une rivière qui coulait au fond, mais très loin.
J’étais toujours assis en tailleur. Et il y a un aigle qui
est venu de loin et qui s’est posé devant moi, un aigle
avec une tête blanche. Il est resté un moment à me
regarder et puis il est parti. Il y en a un autre qui a
survolé.

~ 413 ~

À la fin, je marchais au milieu d’hommes assis par
terre en rangée, plusieurs rangées, l’un derrière
l’autre, bien ordonné. Je suis passé au milieu d’eux.
J’avais l’impression que c’était des esclaves qui
attendaient. Des hommes, comme des Incas aussi, ils
étaient torse-nus avec la peau foncée, des cheveux
noirs. Ils se ressemblaient tous.

Après, c’était fini.

J’avais l’impression d’être ici et ensuite d’être de
nouveau ailleurs. J’allais et revenais.

Commentaire : C’est un beau voyage. L’apparition
d’animaux est à noter mais il ne se transforme pas.

#.10. Patrick 23/05/96 — séance 10 — Ours (1)

« J’avais l’impression d’être surdimensionné, de
dépasser les dimensions de la pièce, de m’allonger
très haut. Et puis face à moi il y avait comme un totem
avec une tête de dragon toute colorée avec une
grande crête tout autour. Comme un totem. Le bout
du totem, c’était ce masque.

L’impression d’être tiré en arrière, d’être penché en
arrière et d’être cloué au sol, de ne pas pouvoir
bouger les pieds du sol.

J’avais les jambes qui tremblaient, ça me gênait. Et
le rythme, on avait l’impression que le corps prenait le
rythme du tambour. Beaucoup plus fort que
d’habitude. L’image était tout au début, très colorée.

~ 414 ~

Un peu la tête des dragons en Chine, quand ils font
cette fête, mais avec une collerette tout autour.

Très chaud. Dès le départ.

L’impression d’être moi-même un totem, d’être une
statue en bois, un peu comme une statue africaine
avec de mauvaises proportions, un peu ce genre-là.

Ce n’est pas une posture où l’on est très relaxé, on
a du mal à partir, fléchir les jambes, ce n’est pas
évident. »

Commentaire : Très forte séance, avec forte sensation
de chaleur. Le dragon est un symbole puissant,
chthonien, gardien de trésors...

#.11. Patrick 30/05/96 — séance 11 — Ours (2)

« Pas tellement d’images mentales. J’avais
l’impression d’avoir des jambes de chèvres, d’un
animal, un peu comme les petits diablotins. J’avais
l’impression d’être très très grand. À un moment
j’avais l’impression d’être sur une colonne, quelque
chose avec du vide autour... Il y avait un sorcier qui
agitait des sortes de plumes. Il y avait un personnage
qui jouait du tambourin et puis un autre qui avait
deux bâtons avec des espèces de poils et il tournait
autour des deux autres. Pas très longtemps.

Après l’impression d’être au bord d’un précipice,
vraiment au bord et l’impression de tomber en avant.

~ 415 ~

C’était vraiment un précipice, c’était un gouffre. Il n’y
avait rien au fond. Juste l’impression.

À la fin il y avait un bouquetin qui tournait avec une
flûte de pan. C’était rigolo, sans plus.

Il y avait des statues très allongées en bois. Des
statues de forme humaine, très allongées, un peu
comme les statues africaines. C’est tout.

Les images n’étaient pas vraiment nettes. C’est
difficile, parce que parfois les impressions et les
images se confondent. Il y avait plein de plumes. Des
poils sur le bâton. Peau cuivrée. C’est toujours dans
des ambiances comme près d’un feu, des lumières
très orange, rouge.

Chaleur énorme et puis des tremblements des
jambes qui montaient et redescendaient dans tout le
corps. Comme si c’était des cercles qui montaient et
redescendaient. Très chaud. Mais pas les jambes. De
la tête jusqu’au bassin. Comme si on me chauffait,
comme s’il y avait des infrarouges qui me chauffaient.

C’était différent de la dernière fois. Ça m’a paru
plus court aujourd’hui. Je me sens bien. Je suis
tonique et bien réveillé maintenant. »

Commentaire : Il s’est habitué à la posture et il
« fonctionne ». Ses thèmes récurrents reviennent :
les Indiens, les statues, impression d’être grand,
d’être au bord d’un gouffre... La chaleur, toujours,
indice d’activation du pouvoir chamanique.

~ 416 ~

#.12. Patrick 13/06/96 — séance 12 — Ours (3)

« C’est pas évident à cause de la position.

J’ai toujours l’impression que je suis au bord d’une
falaise et que je vais tomber an avant. D’être
vraiment les pieds à raz d’un précipice. Ça me fait
presque mal au pied cette sensation d’être très lourd
et fixé au sol.

Cette impression est restée longtemps. L’impression
de tourner, je ne sais plus dans quel sens, comme si
mon corps partait, faisait des mouvements circulaires
en restant au sol, fixé au sol, que le corps commence
à tourner à décrire de cercles.

Une perte de notion de dimension, je dirais. Je ne
peux pas dire si j’avais l’impression d’être plus grand
ou plus petit. Perdre cette notion de sa propre
dimension.

Il y a juste une image qui m’est apparue : un vieux.
Mais de profil cette fois-ci. Un vieux tout ridé avec un
long nez, tout ébouriffé. Un vieillard très très ridé,
avec une peau toute tannée et toute sèche.

De la lumière : du violet et du vert. À un moment,
pas tout le temps.

J’avais les jambes qui tremblaient et l’impression
que ce tremblement venait du ventre, sous le nombril
et se propageait. Comme si des vibrations venant de
l’intérieur partaient vers l’extérieur. Ça a duré assez
longtemps. Ces vibrations allaient jusqu’au cou. Pas

~ 417 ~

la tête. Pas les bras. Vraiment le tronc : du cou aux
cuisses.

J’avais très chaud. Moins que la dernière fois, mais
énormément aux mains et à la tête.

Il y a autre chose : tout à la fin il y avait des gens
qui étaient là sur ma gauche, sur une espèce de
plate-forme très droite, un pan vertical et une plate-
forme. Je dirai plus haut que moi. C’était des gens qui
étaient vêtus très coloré : des couleurs très vives, du
rouge, du vert, du jaune. Ils avaient des plumes, des
crêtes de plumes qui démarraient du front et qui
tournaient jusque derrière, une rangée de plumes,
alignées. Ils avaient des petits machins qui pendaient
de côté. Et ils regardaient, ils étaient au bord. Je ne
sais pas s’ils me regardaient moi, je n’en sais rien. Je
ne peux pas te dire où j’étais. J’avais l’impression
d’être dans une... il n’y avait pas tellement de décors,
il y avait juste cette plate-forme, ils étaient plus haut.
Moi j’étais en contrebas. Apparemment c’était des
hommes, une dizaine. »

Commentaire : C’est toujours les mêmes thèmes qui se
manifestent. Tout se passe comme si les transes le
mettaient face à une situation psycho-mentale dont
il a du mal à se dégager. Les transes semblent
pointer sur cette situation mais ne l’aident pas
encore à la résoudre. C’est comme s’il devait
prendre conscience de quelque chose, se prendre
en main, faire un premier pas en avant, briser un

~ 418 ~

voile avant de pouvoir accéder à un niveau plus
profond. Ou alors, il redoute la transe et résiste,
mais je ne le pense pas car, en général, la confiance
dans la transe s’installe vite et Patrick n’a jamais
exprimé ce genre de sentiment.

G. PASCAL

Pascal est le mari de Cathy, il a 39 ans en 1996 et est
chef d’entreprise. Son emploi du temps est chargé. Il a
voulu participer aux séances de transe lorsque sa
femme lui en eut parlé, pensant y trouver des
moments pour se déconnecter de son travail qui le
fatigue beaucoup, penser à autre chose ou à rien du
tout et se relaxer. Un de ses hobbies est de pratiquer
de longues promenades le dimanche avec sa famille
dans la nature. Il dit aussi posséder des dons de
magnétisme et s’intéresser à tout ce qui touche à la
radiesthésie. Son autre grand centre d’intérêt est le
Bouddhisme et il fréquente les membres de l’Institut
de Bouddhisme tibétain de Kuttolsheim.

#.1. Pascal 13/03/96— séance 1 — Cholula (1)

« Je sentais ma main qui glissait un peu. (...) Je
n’étais pas du tout déconnecté, normal.
Complètement normal. Il y avait un instrument et à
un moment donné, il y a eu un petit bruit parasite.
Par contre, j’ai eu une image de flûte : un vieux

~ 419 ~

bonhomme barbu qui jouait de la flûte. Son visage
s’est transformé en visage féminin qui jouait de la
flûte aussi. C’était juste un flash. Je me suis laissé
aller, je ne pensais à rien. Pas de notion de temps.
C’est vraiment rien. »
Commentaire : C’est sa première prise de contact avec
la transe. Pascal se sent normal et pourtant ses
perceptions sont déjà altérées : image de
personnages jouant de la flûte.

EEG : Ce genre de tracé est typique de Pascal :
synchronisation des deux hémisphères — ici sur 9
hz ; il est donc en état de relaxation. Ce tracé est de
mauvaise qualité ; il a un très faible niveau qui est
certainement dû à un problème de câblage. J’ai
tout de même voulu le présenter pour sa netteté.
Cependant, la pointe à 21 hz est suspecte ; je pense
qu’elle est due à un mauvais fonctionnement de
l’appareil. Les grandes pointes en Delta sont des
artefacts.

~ 420 ~

Graphique IX-11 : EEG Pascal séance 1

#.2. Pascal 03/04/1996 — séance 2 — Cholula (2)
« Une impression de bouger en suivant la musique.

J’ai toujours plein d’images qui défilent à une
vitesse ! Ça a commencé par des disques ronds qui
tombaient, qui passaient. Après un petit bonhomme
avec une tête d’ampoule, j’avais l’impression que
c’était une ampoule électrique. Il était couché sur le
dos. Rigolo. Impression d’être un guerrier indien qui

~ 421 ~

marchait comme ça, dans le vide. Pas de paysage,
rien du tout. Au bout d’un moment, [je suis] arrivé sur
une espèce de plateau avec au fond des montagnes
où il y avait de la neige et puis un personnage avec
une grande cape... Impression d’être toujours
imperméable à tout ce qui se passait autour. Plein de
petites images de personnages facétieux, des gens qui
sont là à rigoler pour essayer de te détourner de ton
chemin. »
Commentaire : Dans cette séance Pascal entre plus
profond dans la transe et perçoit des images, des
scènes et des personnages. Les Sioux racontent

que des esprits farceurs, les supernaturals, se
divertissent en harcelant les humains, en leur
jouant des tours... Peut-être ces « personnages
facétieux » sont-ils des supernaturals ?

EEG : Dans cet enregistrement, Pascal est encore à
9 hz avec synchronisation hémisphérique. J’ai
toujours ces problèmes d’appareillage, mais le tracé
est tout de même clair.

~ 422 ~

Graphique IX-12 : EEG Pascal séance 2

#.3. Pascal 10/04/96 — séance 3 — Cholula (3)
« Mal au dos. J’ai vu un aigle qui vient vers moi.

L’aigle est revenu une seconde fois et il attrape un
lapin.

Personnage féminin — très belle. Longs cheveux —
très grande déesse.

~ 423 ~

Je me sens bien maintenant. Je n’arrive pas à avoir
une histoire. C’est toujours très décousu. »
Commentaire : Pascal est en transe mais rien de
structuré ne se profile.
EEG : Toujours du 9 hz dans les deux hémisphères.
Cela semble être une constante chez lui. Les deux
lignes à 21 hz sont à ignorer (artefacts).

Graphique IX-13 : EEG Pascal séance 3
~ 424 ~

#.4. Pascal 24/04/96 — séance 4 — Monde d’en bas
(1)
Commentaire : Dans cette séance, Pascal s’est

concentré sur un travail mental de visualisation
dont il ne m’a pas communiqué le contenu. Ce
n’était pas convenu et il a agi de sa propre
initiative. Quand il a cessé cette activité de
visualisation vers la fin de la onzième minute de la
séance, son EEG s’est modifié et le tracé est devenu
quelconque avec beaucoup d’artefacts liés à des
mouvements musculaires.

~ 425 ~

EEG :

Graphique IX-14 : EEG Pascal séance 4
#.5. Pascal 09/05/96 — séance 5 — Monde d’en bas
(2)

« Plein d’images mentales. Pas vraiment de fil
conducteur. Impression que ça se passait aux États-
Unis. Comme des espèces de scènes de vie, par

~ 426 ~

moment un visage qui apparaît. C’est du quotidien
tout ce qu’il y a de plus banal. Les deux tiers du temps
j’étais détendu. J’étais vraiment parti dans mes
images. Une sensation d’énergie à un moment
donné, comme si quelqu’un m’avait posé la main sur
le corps. J’ai essayé d’absorber de l’énergie au début
de la séance. Après, je me suis demandé à un
moment donné si ce n’était pas toi [qui m’en
donnait]. »

Commentaire : Voilà une séance qui ressemble plus à
ce que l’on peut attendre du Monde d’en bas. Il n’y
a pas d’EEG : problèmes techniques.

#.6. Pascal 22/05/96 — séance 6 — Monde d’en bas
(3)

Pascal n’a rien ressenti du tout.

#.7. Pascal 29/05/96 — séance 7 — Olmèque (1)

« Je n’ai pas eu grand-chose. Des images liées à la
musique. Un bison. Des têtes de bison. »

Commentaire : Sa première séance de transformation
lui fait voir des bisons. C’est un premier contact.

#.8. Pascal 05/06/96 — séance 8 — Olmèque (2)

« Au début rien. C’est vers la fin qu’il y avait
quelque chose.

~ 427 ~

Il y a eu un truc qui revenait : une espèce de
danseur africain, un peu le sorcier qui fait la
cérémonie. Sur le dos, il y avait une peau de bestiole,
et là il y avait comme une peau d’iguane avec des
pointes sur le dos.

Ça, c’est une image fugace qui est revenue 3 ou 4
fois.

Après, à la fin, il y avait une espèce de route,
complètement bordée d’arbre, je voyais juste un trou
de lumière et arrivé à la lumière, j’ai vu des femmes
africaines en train de mettre des pierres sur un mur.
Et après, une femme avec un enfant. J’essayais de
voir la tête de la femme, mais je n’ai pas pu. Après
c’était fini.

J’ai eu l’impression d’avoir entendu le parquet
craquer derrière mon dos. Des bruits de pas. »

Commentaire : On peut noter ici l’ébauche d’un
tunnel. Beaucoup d’images hypnagogiques.

#.9. Pascal 19/06/96 — séance 9 — Olmèque (3)

Pascal n’a rien vécu. C’est le vide intérieur.

#.10. Pascal 26/06/96 — séance 10 — Ours (1)

« Ce qui est marrant c’est l’inconfort de la position,
les jambes qui tremblent et le fait d’être

~ 428 ~

complètement déconnecté : mentalement je suis bien.
Ce qui fait que l’inconfort de la position reste
supportable intellectuellement.

Par contre, pas de vision ou de chose comme ça.
Mentalement, c’est le vide. Pour moi, actuellement,
arriver à faire le vide, c’est déjà une merveille.

Je me sens bien. J’ai des fourmis dans les jambes. Il
faudrait que ça dure un peu plus longtemps pour que
j’arrive à partir. Il y a d’abord un nettoyage à faire. »

Commentaire : Premier contact avec la posture de
l’ours. Le vide mental s’est fait. Aucun élément
spécifique à cette posture ne s’est manifesté.

#.11. Pascal 04/07/96 — séance 11 — Ours (2)

« Une petite image d’un cheval blanc qui court. Et
puis un personnage avec une barbichette assis en
tailleur, un peu asiatique ou mongol, les cheveux
longs noirs. Il ne faisait rien. Il me regardait. Je lui ai
demandé de m’aider, mais il ne répond pas, il est
toujours dans la même position, il ne bouge pas. Et
puis il y a le cheval qui passe, comme ça. Et puis à un
moment, j’ai eu l’impression de monter sur le cheval
et de me casser la figure. Et puis le chaman qui sourit,
qui rigole, ça le fait rire.

Et puis au bout d’un moment, d’arriver à rire aussi
et d’arriver à monter sur le cheval.

~ 429 ~

Une bonne évacuation des stress.

C’est des images très vagues, c’est plus des
impressions. La lumière m’embêtait, il faisait trop clair
dans la pièce.

Au début, l’envie de suivre le personnage et
l’impression d’être cloué au sol, d’être enraciné au
sol. Cette idée de ne pas pouvoir bouger se résout
après avec l’image du cheval.

Une image d’arbre. Cette espèce de pesanteur,
d’avoir les pieds enracinés, l’arbre s’en va et j’ai
l’impression d’être un gros ours qui a les bras comme
ça et qui est pfou ! Trop lourd pour bouger ses fesses.
J’étais ours. C’était moi l’ours qui n’arrivait pas à
bouger ses fesses. C’était une sorte de masse comme
ça, un ours brun, un grizzli. Vraiment figé,
indécrottable, indéracinable. »

Commentaire : Pascal a toujours du mal à « plonger »
dans la transe. À chaque fois que l’on change de
posture, il lui faut un temps d’adaptation pour
« entrer » dans l’ENOC. Il lui faudrait expérimenter
ces postures sur une plus longue période pour
pouvoir émettre un jugement. En conclusion,
Pascal semble avoir des résistances au laisser-aller,
au lâcher-prise. D’ailleurs, dans sa deuxième
séance, il a dit : « Plein de petites images de
personnages facétieux, des gens qui sont là à

~ 430 ~

rigoler pour essayer de te détourner de ton
chemin. » Ce n’est sûrement pas un hasard car la
posture de Cholula est une posture de divination et
il semble bien que dans ce contexte cette phrase
prenne une signification bien plus qu’anodine. La
dernière séance (posture de l’ours (3)) n’a pas été
faite : son emploi du temps ne lui permettait plus
de venir.

H. SIMONE

Simone est une femme mariée de 40 ans (en 1996),
sans enfants, comptable dans une entreprise privée.
Ses passions sont les animaux (elle leur consacre
beaucoup de son temps) et l’ésotérisme occidental.
Son auteur préféré est Carlos Castaneda (qui n’a rien à
voir avec l’ésotérisme occidental) et elle rêve de vivre
les états non ordinaires de conscience décrits dans ses
livres. Je l’ai rencontrée pour la première fois lors de
mon travail de maîtrise sur l’alchimie et, connaissant
son intérêt pour les Indiens d’Amérique, je lui ai
proposé de participer à des cérémonies de la hutte de
sudation sioux lakota. Cette expérience l’a déçue dans
la mesure où elle s’attendait à avoir des visions —
pensant que toutes les cérémonies amérindiennes
provoquent des visions, déformation de sa lecture de
Castaneda. Lorsque je lui ai parlé d’expériences pour
ma thèse de doctorat, elle a tout de suite voulu
participer, pensant que, là peut-être, il y aurait un

~ 431 ~

moyen d’avoir des visions. Elle en a eu, mais pas
comme elle le croyait.

#.1. Simone 23/02/96 — séance 1 — Cholula (1)

« Au début, des corps, les plaines d’Amérique du
Nord, un peu de forêt de temps en temps. Je suppose,
j’en déduis rationnellement que c’est lié au rythme du
tambour, mais ça peut aussi être lié à un rythme
particulier, aux souvenirs...

Indiens, tambour, chaman qui bat... C’est d’abord
un village. Autour du feu (...) c’est comme si je voyais
les danseurs qui tournaient autour du feu, et le
chaman — quelqu’un qui battait le tambour et je
voyais les indiens danser autour du feu.

De temps en temps j’arrivais à jeter des regards
parallèles, enfin, de biais, et je voyais, mais c’était
assez fugace, une tête d’indien avec une coiffe de
plume. Je ne sais pas si c’est lui qui battait le
tambour, mais j’essayais un peu de regarder à droite
à gauche...

Le rythme était assez accéléré, assez vif, j’étais en
périphérie... Le feu au milieu, les flammes qui se
mettaient à grandir, à danser. De temps en temps,
arrivaient entre eux des animaux et surtout à un
moment j’ai vu une forme dans la forêt, des chasseurs
dans la forêt. Après c’était un indien qui courrait dans
une plaine et je regardais pourquoi il courrait :

~ 432 ~

derrière lui, je voyais une gueule béante d’ours. À un
autre moment, tout à coup, je me suis retrouvée non
plus spectateur de ces scènes, mais tout d’un coup
c’est comme si j’étais dans la scène, je chevauchais
un cheval, donc je voyais comme si j’étais dessus,
c’est-à-dire j’étais vraiment dans la scène. Il y a eu
d’autres animaux, comme une panthère ou léopard :
c’était fugitif... Des lapins... Des bisons, je n’en ai pas
vu ; j’essayais de les chercher pour voir si les hommes
qui étaient dans la plaine en chassaient... non, je n’ai
pas vu de bisons.

Par contre après je revenais dans le camp et je
voyais des guerriers... C’est comme si j’étais couchée
par terre et que je les voyais d’en bas. Je les voyais
debout et... ils étaient assez terrifiants... Et puis, je
crois que c’est à peu près tout. Les images s’arrêtent...
Après j’ai commencé à avoir un peu mal...

J’avais l’impression qu’il y avait énormément de
bruit. Les images étaient tellement vivantes, tellement
agitées, je dirais même violentes dans leur expression
(...). Je n’ai pas entendu précisément de bruits, de
sons, de chants ou quelque chose de distinct.
Personne ne m’a parlé. »

Commentaire : C’est un très beau récit de transe.
Simone décrit très bien cette impression « d’y être ».
Ceci dit, il est fortement probable que ce vécu de

~ 433 ~

transe ait été totalement induit par le rythme du
tambour.
EEG : Simone est en Alpha à 10 hz. Ses hémisphères
cérébraux sont synchronisés. Beaucoup d’artefacts
sont à relever : Simone bougeait plus à la fin de la
séance..

Graphique IX-15 : EEG Simone séance 1
~ 434 ~

#.2. Simone — 22/03/96 — séance 2 — Cholula (2)

« Au début je m’attendais à entendre le même
rythme que la dernière fois. Tout de suite, j’ai pensé
aux Indiens. Mais pas aux indiens d’Amérique du
Nord, mais les Indiens Hopi, culture du maïs comme
si c’était du maïs qu’on secouait dans une calebasse.

J’ai toujours été intéressée par la culture des
Indiens Hopi. Et donc cette culture des Indiens Hopi
avec les déserts du Sud. Et c’est vrai que les visions
étaient attachées à ça. C’était un village Hopi mais
pas dans un cadre de fête, de danse rituelle... Ça me
faisait penser à une activité cérémonielle qui
accompagnait l’égrenage de grains de maïs. Donc je
voyais les gens qui égrenaient les grains de maïs et le
sorcier qui rythmait suivant ces bruits. Et avec des
images qui apparaissaient, fugaces, soit des images
clés d’un enfant — très rapide, des flashs — un enfant
indien dans un berceau indien, emmailloté. Après
coup, j’ai associé ça à la terre nourricière : je voyais
l’enfant, le sein mais, pas en continu.

Et j’ai aussi vu — et ça c’était plus surprenant pour
moi parce que c’était quelque chose qui surgissait —
un genre de personnage recroquevillé sur lui-même.
Ça m’avait fait penser à ces dieux, aztèques plutôt,
que je connais plus du Sud mexicain, [dieux que l’]on
voit représentés sur certains édifices, et ça m’a

~ 435 ~

surpris. Ça m’a fait penser à la mort. À une divinité
de la mort.

Donc il y avait la vie, la mort, la terre nourricière, le
grain de maïs, et cette culture indienne dans un
village Hopi. Je n’ai pas vraiment vu des gens en train
de danser. C’était plus un climat [une ambiance]. (...)
Et je n’ai pas vraiment vu non plus de personnages
humains. Je dirais qu’ils étaient présents, ils étaient
là.

Voilà un peu le climat. Le soleil : c’est comme si j’y
étais sur cette place du village, je levais les yeux et je
voyais ce soleil éclatant qui me brûlait les yeux. C’est
comme si j’y étais vraiment. Je clignais des yeux,
intérieurement, parce que le soleil me brûlait les yeux.
Ça m’avait surpris. Et puis, c’est un peu tout.

C’était aussi un tout petit peu, le bruit, le tintement,
associé parfois au son de l’eau qui coule comme une
cascade, une petite fontaine.

Cela a duré toute la séance avec des moment où il
n’y avait pas grand-chose qui se passait en tant que
vision, si ce n’est le rythme de se laisser un peu bercer
par le climat et de temps en temps apparaissaient des
images un peu ponctuelles, en association avec ça. Je
suis restée dans ce décors, dans ce climat jusqu’à la
fin. La musique générait ça.

~ 436 ~

Le personnage qui symbolisait la mort n’était pas
inanimé, en plus ! Il a levé la tête. Ça m’a surpris. Il a
levé la tête, il m’a regardée. (...) Ça avait la forme
d’une statue en pierre, donc figée et recroquevillée
comme on les voit sur les tombeaux, mais il a
retourné la tête et il m’a regardée. Je ne peux pas
dire qu’il avait un visage. Ça restait une statue en
pierre. C’est lui qui m’a donné l’idée de la mort et
associée à... presque au squelette. Lui n’était pas un
squelette mais c’est vrai que dans ces sociétés
américaines il y a aussi le squelette. La vie, la mort. Et
le soleil. Voilà. »

Commentaire : La posture de Cholula est une posture
d’Amérique Centrale. Y a-t-il un lien avec les
perceptions de Simone ? Que signifie « la vie, la
mort, le soleil » ? est-ce lié à un événement futur ?
Difficile à décrypter, c’est une métaphore obscure.
Parfois, le sens d’une « vision » de transe n’est
compréhensible que plus tard, parfois même des
années plus tard. En tous cas, c’est ce que rapporte
Felicitas Goodman.

EEG : Le tracé de Simone montre deux belles lignes
synchrones à 10 hz. La force et la constance de ces
lignes montrent la stabilité de Simone dans sa
transe.

~ 437 ~

Graphique IX-16 : EEG Simone séance 2

#.3. Simone 26/04/96 — séance 3 — Cholula (3)

« J’ai failli m’assoupir, mais je dirai plutôt que c’est
une sensation qui se produit quand on s’endort. C’est
comme si je tombais.

Au début, je me suis retrouvée dans les décors de
mes vacances, dans les forêts de Transylvanie : la
montagne qu’on avait franchie au téléphérique.
D’abord il y a eu des souvenirs de lectures et de

~ 438 ~

voyage. Puis il y a eu un déphasage net qui montrait
que ce n’était plus ma pensée qui créait les images
mais c’était une image qui s’imposait à moi. C’était
l’image d’un homme. Je le voyais tout près, je voyais
juste son épaule et son visage carré un peu comme
un guerrier qu’on verrait en gros plan. Et derrière, je
voyais un homme en croix mais lié comme dans une
roue qui tournait. J’ai vu un groupe d’hommes et
après a surgi comme un commando d’hommes
couverts de branchages... Et de temps en temps
surgissaient au loin des figures hideuses comme des
masques. Et juste vers la fin, j’ai vu tout près de moi
un visage ressemblant à un magicien, un sorcier.
C’était un visage tout blanc, comme couvert de
peinture, assez hideux. Et qui me regardait de côté.
J’étais derrière lui et il se retournait, il me regardait
un peu avec son visage tout blanc, couvert de
peinture, assez hideux, des rictus... Je n’ai pas senti
de danger. J’ai senti plus une frayeur. Et sur ce, c’était
fini. »

Commentaire : Simone « plonge » bien dans la transe.
Son récit montre sa capacité à se laisser aller et à
ressentir pleinement les contenus qui lui
apparaissent. Je n’ai pas pu faire plus de séances
avec Simone — et je le regrette car elle est un bon
sujet qui aurait pu développer des contenus très
prometteurs — : cela n’est pas dû à son manque
d’intérêt mais à son emploi du temps très lourd.

~ 439 ~

Curieusement, étant avide de vivre des expériences
hors normes et ayant trouvé là un moyen d’y
arriver, elle n’a plus exprimé son désir de continuer.
EEG : Ici, le cerveau de Simone est à 9 hz, toujours en
Alpha, donc. L’enregistrement de l’hémisphère
droit est plus faible : toujours ces problèmes
techniques qui perturbent le bon fonctionnement
de la procédure d’enregistrement.

Graphique IX-17 : EEG Simone séance 3
~ 440 ~

I. THIERRY

Thierry a 37 ans (en 1996) et est professeur des
écoles. Il est marié et a trois enfants. C’est un
personnage dynamique et entreprenant. Il pratique le
yoga avec assiduité et est versé dans l’orientalisme qui
le passionne. Il a effectué plusieurs voyages en Inde et
au Népal pour approfondir ses connaissances. Je l’ai
rencontré dans un contexte professionnel et nous
avons sympathisé. C’est ainsi qu’il a accepté de vivre
une expérience inconnue de lui. Et ce qu’il a vécu en
transe l’a fortement surpris. Malgré une tendance à
tout intellectualiser et à rationaliser, il a fort bien réussi
à maîtriser ses pensées. Sa pratique du yoga y est bien
sûr pour quelque chose. Dans son témoignage, on suit
très bien son acclimatation à ce nouvel ENOC qu’il
découvre et il nous décrit comment il arrive à discerner
différents états de conscience en lui.

#.1. Thierry 10/04/1996 — séance 1 — Cholula (1)

« Au début : vertige. Comme des petites fourmis,
chaleur... J’ai senti ma tête tourner et je sentais que le
mouvement devenait de plus en plus ample, il prenait
de l’amplitude. Ça m’a fait bizarre, mais pas peur,
quelque chose de nouveau et j’avais déjà senti des
balancements, mais comme j’avais les yeux fermés je
ne savais pas si c’était imaginé ou vraiment réel, donc

~ 441 ~

si quelqu’un de l’extérieur pouvait me le dire. J’étais
donc curieux et j’ai commencé à réfléchir par rapport
à ça. Comme je me posais la question, ça a disparu.

Donc, ça tournait et je tournais autour d’une
lumière claire, une clarté violette. Après ça a disparu
et il y avait à nouveau de la musique. Là, j’ai analysé
plus concrètement. Je voyais des choses indiennes. Ça
me faisait penser à des musiques indiennes, et un peu
plus tard, j’ai vu un œil, plusieurs fois, juste un œil !
Qui venait, qui partait. Qui disparaissait. Je pense
qu’il serait resté mais je me posais la question : tiens,
qu’est-ce qu’il fait là celui-là ? Dès que je
commençais à l’analyser, il partait. Il est venu comme
4-5 fois.

La première fois, il y avait du rouge autour, et l’œil
était plutôt foncé. Et la dernière fois que je l’ai vu, il
était coloré. Mais juste un œil, pas deux.

Après, j’ai vu un profil, je l’ai vu plusieurs fois. Un
fond noir avec un découpage dessus d’une tête qui a
de grandes oreilles. Ça faisait penser à quelqu’un de
vieux, très âgé et avec quelques poils. C’était une
sorte d’ombre chinoise. Il est venu 2-3 fois celui-là. Il
y a encore une carte des États-Unis qui est venue.
Donc beaucoup d’images. D’habitude je n’ai pas
d’images.

À la fin de la séance de nouveau un balancement et
des crispations de nouveau dans les membres.

~ 442 ~

Pendant pratiquement toute la séance il y a eu des
moments très forts de chaleur. Beaucoup de chaleur :
dans la tête, dans les pieds, ça se déplaçait, ça allait
dans le dos, ça allait dans les reins, ça remontait à la
tête. Et puis j’ai transpiré, j’ai eu très chaud. Voilà. »

Commentaire : Thierry est très cérébral : il rationalise
beaucoup et cela stoppe les perceptions induites
par la transe. Il en est conscient et cependant il ne
peut s’empêcher de tout analyser
intellectuellement. Le balancement est typique des
postures de transe ainsi que les vagues de chaleur.
Ces deux éléments sont de bons indicateurs de
transe, comme nous l’avons déjà noté plus haut.

#.2. Thierry 24/04/1996 — séance 2 — Cholula (2)

« Au début, j’ai eu la même sensation que la
dernière fois : très rapidement un vertige, de
nouveau, comme si la tête avançait, beaucoup plus
fort que la dernière fois. Et j’ai eu l’impression que
ma tête tournait en arrière, comme une préparation,
ça a duré quelques minutes, quelques secondes et
puis on est parti dans autre chose. Et là, j’étais
vraiment bien là-dedans, une sensation de... comme
si on coupait le mental, ça chasse tout le côté
intellectuel, tout le côté mental. J’étais déconnecté
très rapidement et j’arrivais facilement à rester dans
cet état. Un état de bien-être. Et il y avait de nouveau
la couleur violette. Beaucoup de couleurs violettes qui

~ 443 ~

sont apparues sous forme de flashs qui s’éteignent,
qui s’allument, situées au-dessus. Ces lumières
n’étaient présentes que lorsque cela tournait.

Ce dont je me souviens bien, c’est qu’à un
deuxième moment dans la séance, j’ai vraiment senti
des battements, et alors je ne savais pas si c’étaient
des battements extérieurs ou intérieurs, j’ai laissé
faire. Je suis arrivé à laisser faire beaucoup plus que
la dernière fois et je les ai ressentis beaucoup plus
fortement que la dernière fois. Et, pendant la séance,
j’avais l’impression qu’il y avait des moments forts et
des moments où il n’y avait rien. Il y avait des phases.
Quand est apparu ce phénomène de battements, tout
le corps était hyper énergétique, de l’énergie partout :
dans les jambes, ça chatouillait partout, chaud, et
alors ça durait. On voudrait que ça reste — c’est très
agréable — et ça ne reste pas. J’ai essayé de le
retrouver : rien à faire. Je n’arrivais pas à retrouver le
même état. C’est comme si c’était commandé par
quelque chose que je ne contrôle pas et qui me fait
agir. Pourtant la musique est la même, tout est pareil,
mais il y a des phases. J’en ai senti trois : il y a eu une
phase au début — ça j’en suis sûr — ; il y a eu une
phase à la fin qui était différente : là j’ai senti autre
chose, comme une sorte de calme, mes yeux ont
tourné, ils ont fait des grands cercles, et alors les
battements étaient beaucoup plus lents, c’était plutôt
une sorte de frein et je n’avais plus cette sensation ni
de chaleur ni d’excitation très intense. Excitation, ce

~ 444 ~

n’est peut-être pas le mot, c’est plutôt quand je me
ressource dans une relaxation, quand je fais une
relaxation, je sens alors dans tout le corps une
régénération et là c’était pareil : hyper énergétique.
Et dans la tête pareil : il n’y avait pas de pensées.
J’arrivais à balayer très vite, tout de suite au début de
la séance, tout ce qui était état de conscience
habituel. Je suis tombé donc dans une sorte de
tourbillon et puis, pof !, très bien. C’est ce qu’on
recherche en général dans le yoga et on a du mal,
c’est très long. Là, il n’y a aucun exercice à faire : si
on laisse faire, ça se fait. Et c’est très agréable pour
ça parce qu’il n’y a aucun travail à faire. Ça vient ou
ça ne vient pas. Et même quand on essaye : là j’ai
essayé de retrouver ces battements, rien. Ça ne vient
pas. Ça me turlupine parce que pourquoi là et
pourquoi pas tout le temps ? On aimerait rester dans
cet état pendant toute la durée de la séance. Parce
que c’est très agréable. On se sent bercé par quelque
chose, on flotte en fait, c’est une sorte de flottement
et... Maintenant, par contre, à la fin de la séance,
quand c’était fini, je me suis senti vidé — pas fatigué,
vidé. Alors que pendant la séance je me sentais hyper
puissant, hyper fort, hyper régénéré. Et là maintenant,
je me sens ‘‘cool’’. Ce n’est pas une sensation de
fatigue, c’est une sensation de bien-être comme
quand, effectivement, j’ai fait une relaxation très
profonde au yoga, une sensation de calme profond. »

~ 445 ~

Commentaire : Dans cette séance Thierry s’est laissé
aller et il a réussi à ressentir cet état de calme, de
relaxation spécifique à la transe, plus facilement
que lors de la première séance. Il est vrai qu’il a un
élément de comparaison — ce qui n’est pas le cas
des autres sujets — : il pratique régulièrement le
yoga. Thierry est encore dans sa phase
d’acclimatation à la transe et la question qu’il devait
poser a été tout simplement oubliée suite à sa
surprise de découvrir à quel point la transe des
postures permet une relaxation si profonde et si
rapide à se manifester.

#.3. Thierry 30/04/1996 — séance 3 — Cholula (3)

« J’ai eu un lâcher-prise total pendant toute la
durée de la séance. J’avais des battements tout le
temps. Ça ne me gêne pas. Il y a un battement du
corps. L’esprit est à part et il est relâché. Juste à un
moment donné j’ai commencé à réfléchir à quelque
chose, à chercher quelque chose. (...) Pendant toute la
séance, sensation de bien-être, une sorte de calme de
l’esprit. À un moment, il y a eu un trou et j’y suis
rentré, c’était une lumière et là j’étais hyper bien.
C’est comme si l’esprit était libre, j’arrivais à être bien
dans cette sensation. Après ça s’est calmé. Il y a
ensuite eu une zone plus normale. À la fin, j’ai vu
quelques images : une image de maison alsacienne
avec un puits. Et là, j’ai commencé à analyser et ça
m’a sorti du rythme. J’étais sorti de l’état dans lequel

~ 446 ~

j’étais. J’ai tout chassé. Et l’état est revenu. On arrive
bien à visualiser avec ce truc-là mais il ne faut pas
ramener de constructions mentales conscientes. On
peut diriger mais il faut laisser faire. »

Commentaire : Thierry s’acclimate vite. Il a traversé un
trou pour arriver à une lumière : encore un tunnel.
Thierry arrive à contrôler ses pensées et à retrouver
un état de conscience de transe stable sans
problème.

#.4. Thierry 07/05/96 — séance 4 — Monde en bas (1)

« Il n’y a pas eu de balancements. J’ai eu très
chaud à la tête. Je n’ai pas eu de sensation
d’euphorie. Je me demandais si c’était une séance
placebo. Il y a eu un relâchement de la tête. Il y a eu
une sorte de clarté, de trou. J’étais gêné parce j’avais
peur que ma main dérape vers l’arrière. Je n’ai pas
eu cette faculté de visualisation comme dans les
autres séances. Il y a des histoires qui sont venues,
des histoires du quotidien. Sensation de somnolence.
J’ai eu du mal à rester réveillé. Là, j’avais plus de mal
à percevoir la musique. Et la sensation de fatigue était
plus forte. À la fin : sensation de relaxation.

Il y a eu des images. Pas de sens bien précis. Les
histoires qui se racontaient, étaient en rapport aux
problèmes que je me pose : des problèmes concrets. »

~ 447 ~

Commentaire : Le Monde d’en bas présente un
environnement assez « terrestre ». Thierry ne
semble pas y avoir été sensible ; d’ailleurs il s’est
demandé si c’était une séance placebo. En général,
les sujets sont sur leurs gardes lors de la première
séance d’une nouvelle série : c’est toujours un saut
dans l’inconnu, et l’inconnu, on s’en méfie.

#.5. Thierry 14/05/96 — séance 5 — Monde en bas (2)

« Il y a eu des choses différentes par rapport à la
dernière fois. Ça a commencé comme la dernière fois,
j’ai eu chaud. Très chaud et bon, il n’y avait rien de
spécial au niveau images, ni quoi que ce soit. À un
certain moment, je me suis rendu compte qu’il y avait
quelque chose de bizarre du côté droit du corps. Ça
commençait au niveau de la fesse et ça allait jusque
dans la jambe comme une vibration. Ça revenait à
fréquence régulière. On va dire cinq secondes. Je l’ai
très bien senti et pendant un bon bout de temps, et
petit à petit, j’ai senti que c’était toute la moitié du
corps. Je le sentais bien, même au niveau de la
bouche. Je le sens encore maintenant. Une partie
était un peu endormie et une partie où il n’y avait rien
du tout. Mon côté droit était très actif, très éveillé
mais en même temps j’en étais absent et l’autre côté
endormi, donc lourd et l’autre côté très présent. Mais
j’avais l’impression que mes muscles étaient crispés
aussi. Ce qui était marrant c’est que même la main
qui était posée là, elle aussi était dans cet état. Alors

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qu’elle n’a rien à faire avec cette partie du corps ! Il y
avait vraiment une coupure nette au niveau du corps.
C’était bien flagrant, je le sentais au niveau des
lèvres, toute la moitié du corps.

À un moment donné il y a eu une image, tout au
début j’ai vu un œil. Je le voyais bien. Un œil qui
n’était pas coloré : avec des couleurs grises. Et qui
apparaissait, qui disparaissait, et qui regardait, qui
observait. Et à un moment donné j’ai eu une autre
image — c’était la seule image colorée que j’ai eue
— c’était une peau tendue dans une pièce. Une peau
indienne, tendue dans une pièce brunâtre. Et à un
moment donné aussi j’ai eu des taches qui sont
apparues. Des taches qui prenaient des formes, qui
venaient. J’ai eu l’impression que je ne laissais pas
venir, j’essayais de voir ce que c’était. Et avec l’esprit,
je me disais : “Ça pourrait être une voiture.” et ça
prenait la forme d’une voiture, d’un tacot. Mais j’avais
l’impression que les taches voulaient dire autre chose.
C’était une image qui existait et qui ne demandait
qu’à être vue. Mais forcément dès que je greffais
quelque chose de cohérent dessus, elle prenait la
forme que je voulais lui donner. (...) Elles venaient de
droite et elles allaient vers la gauche. J’ai senti ma
tête qui avait envie de balancer, de gauche à droite.
À un moment donné, j’ai même senti que ça
commençait à tourner. Ça voulait tourner mais ça ne
pouvait pas. Je ne sais pas pourquoi, mais il y avait
quelque chose qui empêchait de tourner. Comme si

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dans la tête ça voulait tourner mais que ça n’allait
pas, il y avait quelque chose qui empêchait la rotation
(...). Alors, ça tirait un peu vers la gauche, c’était
marrant.

Vers la fin, le corps n’a pas bougé, c’est la tête :
elle s’est hyper allongée, c’est à dire que la partie
haute de mon corps est devenue très élastique et je
me suis retrouvé à l’autre bout de l’immeuble, là,
quelque part, je suis allé très loin. Il n’y avait plus de
sensation, je n’étais plus enfermé dans le corps.
J’étais en fait une sorte d’élastique. C’est toute la
partie haute de mon corps et surtout cette tête qui
partait en arrière, qui s’allongeait énormément. Pas
les jambes : là il n’y a rien eu.

Vers la fin j’étais un peu plus conscient, plus
réveillé. Mais bon, c’était beaucoup plus fort et
beaucoup plus intéressant que la dernière fois. »

Commentaire : Les perceptions de Thierry se modifient
tout au long de la séance. C’est un bon indice qu’il
est dans un état de conscience altéré, modifié. Les
balancements — ici de la tête — et la chaleur
indiquent que la transe est bien établie. On relève
aussi des indices d’OBE naissante : vibrations et
allongement du corps de transe.

#.6. Thierry 29/05/96 — séance 6 — Monde en bas (3)

« La dernière séance était beaucoup plus forte.

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