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Depuis quelques années, il est facile de constater que les collégiens ne disposent plus d’un manuel dédié à la discipline « éducation musicale ». Dès lors, pour pallier l’absence d’un tel support, les éditions Lugdivine ont conçu une publication dématérialisée intitulée Le livre de musique pour tous.

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Published by Editions Musicales Lugdivine, 2022-06-10 04:31:54

Le livre de musique pour tous

Depuis quelques années, il est facile de constater que les collégiens ne disposent plus d’un manuel dédié à la discipline « éducation musicale ». Dès lors, pour pallier l’absence d’un tel support, les éditions Lugdivine ont conçu une publication dématérialisée intitulée Le livre de musique pour tous.

LE PHénomènE SonorE

Extrait du chapitre I : LE PHENOMENE SONORE

LE Son

on définit la musique comme l’art de combiner et d’organiser des sons émis par la voix
humaine ou par des instruments. La plupart du temps, il s’agit d’associer, autour du silence,
une partie ou la totalité des 4 éléments qui la constituent : son, rythme, mélodie, harmonie.

A - origines

Le bruit et le son n’existent que par la cohabitation de trois facteurs :

a - L’émission

à l’origine de tout phénomène sonore, il y a une vibration. Pour parler ou pour chanter nous devons
faire vibrer nos cordes vocales. De même, le violoniste provoque la vibration des cordes de son
instrument en les frottant avec son archet, le percussioniste fait vibrer la peau du tambour en la
frappant et le souffle du saxophoniste met en vibration la colonne d’air de son instrument pour créer
un son.

Au même titre que l’impact
de la goutte d’eau sur une
surface liquide déclenche
une onde circulaire, le son
génère des vibrations qui
se propagent dans l’air à partir d’une source
déterminée. L’air devient ainsi le vecteur de
transmission du signal acoustique.

b - La propagation

La vibration produite par une source sonore circule dans l’air qui nous entoure, à
la vitesse de 340m/seconde, ce qui correspond à 1224 km/h ou Mach 1.
Le dépassement de cette vitesse, provoque une manifestation physique
aérodynamique sous forme d’une déflagration supersonique (ou onde de choc)
appelée mur du son.

Le son se propage dans l’eau à environ 1450 m/seconde (soit 4 fois plus vite que dans l’air !) et
dans l’acier à environ 5100 m/seconde (soit 15 fois plus rapidement que dans l’air !).

nB : le son ne peut pas se propager dans le vide. Ainsi, deux astronautes (cosmonautes,
spationautes) dans l’espace sont dans l’impossibilité de se parler de vive voix.

Extrait du chapitre II : LES INSTRUMENTS DE L'ORCHESTRE

1- les cordophones (instruments à cordes)

A - les cordes frottées

mode de jeu

Ces instruments produisent des sons par le frottement1 d’un archet sur les cordes. Tous disposent
d’une caisse de résonance jouant le rôle d’amplificateur sonore.
On obtient différentes hauteurs de sons en positionnant un (ou plusieurs) doigt(s) de la main gauche
sur une ou plusieurs cordes tout en la (les) plaquant sur la touche du manche. Plus on raccourcit la
longueur de corde ainsi mise en vibration plus le son est aigu (et vice versa).

1 Les cordes de ces instruments peuvent être également pincées (technique du pizzicato).

registres plus la caisse de
1 - violon : aigu résonance est
(taille ≈ 59 cm) grande, plus le
son est grave !
2 - Alto : médium
(taille ≈ 68 cm)

3 - violoncelle : grave
(taille ≈ 1,30 m)

4 - contrebasse : très grave
(taille ≈ 1,90 m)

vocabulaire 12 34
registre
Ce terme qualifie le groupe emplacement des cordes au sein de l’orchestre symphonique
de notes caractéristiques
d’un instrument ou d’une
voix. On distingue divers
registres : très grave,
grave, medium, aigu,
suraigu.

Ambitus cordes frappées
Ensemble des hauteurs
d’une mélodie, pour un cordes pincées seconds violons contrebasses
instrument ou une voix,
comprises entre la note la altos
plus basse et la plus aiguë.
premiers violons cordes frottées violoncelles
tessiture
étendue moyenne des
hauteurs de sons
accessibles de façon
“confortable” à un chanteur
ou un instrumentiste

Extrait du Chapitre III : LES FORMATIONS ORCHESTRALES

B - Quelques autres associations d’instruments

il existe de nombreuses autres possibilités d’associations instrumentales.
• Duo pour deux instruments (cf. sonates pour instr. à cordes et instr. à vent),
• Trio d'anches (hautbois, clarinette, basson),
• Trio de cuivres (trompette, cor, trombone),
• Quatuors (de saxophones, de trombones, de clarinettes, de flûtes…),
• Quintette à vent (flûte, hautbois, clarinette, cor et basson),
• Quintette de cuivres (2 trompettes, cor, trombone et tuba)…
• Sextuor à vent (2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors).

Duo (luth, flûte traversière) - xviie siècle -
Metropolitaine Museum

Réunion de musiciens - A. Bouys (1656-1740)
Musée des Beaux-Arts de Dijon

Quatuor de saxophones (musiciens cubains) ici le Quintette Mendelssohn de Boston (violon, alto,
Photo©Lugdivine violoncelle, flûte traversière, clarinette) devenu sextuor par
l’ajout d’une contrebasse.

John Scofield Quartet - vienne, 2011 - Photo©Paul-Emmanuel Roy

Pour aller plus loin

Illustrations sonores ou visuelles ethnographiques

Suggestion : travail de recherche et de documentation sur les sujets suivants :

Les formations orchestrales dans le monde :
• Le gamelan indonésien
• L’orchestre arabo-andalou (ex. Ensemble El Mawsili et Bachraf Zidane)
• Le Mariachi mexicain
• L’orchestre traditionnel chinois
• Les tambours du Burundi
• Les Tambours du Bronx
• Les steel drum de Trinité-et-Tobago (Caraïbes)

Musiciens traditionnels chinois

Mariachi mexicain

Taïko japonais Gamelan indonésien
Bigpipe écossais Musiciens polynésiens

Extrait du Chapitre IV : LA VOIX CHANTEE

1 - L’instrument vocal humain

à la différence du violon, de la clarinette ou du piano, la voix humaine est un
“instrument invisible”.
Cet instrument possède une spécificité, des ressources et des possibilités tributaires de la
morphologie et de la physiologie propres à chaque individu mais il peut être aussi dépendant des
lois, parfois mystérieuses, de l’acoustique.
Sur le plan strictement mécanique, l’instrument vocal a besoin, pour fonctionner, de l’indispensable
association des trois éléments suivants :

- un matériau susceptible de vibrer (les cordes vocales)
- un mécanisme capable de faire vibrer ces cordes (l’appareil respiratoire)
- une caisse de résonance qui amplifie la vibration (nez, bouche, pharynx)

Toute production sonore implique, par ailleurs, l’ensemble des muscles du corps. Simultanément,
sont également mobilisées, dans l’encéphale, les aires auditives et motrices.

Fonctionnement respiratoire
Lors de l’inspiration, l’air pénètre par le nez ; l'abdomen se détend, permettant au diaphragme,
muscle “piston” adhérant à la cage thoracique par la plèvre, de s'abaisser et aux poumons de se
dilater.
L’air expulsé par les poumons traverse le tube laryngé jusqu'à la glotte où se situent les cordes
vocales, replis ligamentaires horizontaux.

Le larynx

Le système respiratoire

Au cours de son évolution, le larynx
d’Homo sapiens est descendu (par
rapport à la colonne vertébrale)
alors que celui du singe est resté
haut perché.
Ce “petit détail” empêcherait donc
ce dernier d’articuler des sons
différenciés à l’origine de la parole.

Schémas©Pixabay

HISTOIRE DE LA MUSIQUE Extrait du Chapitre VI : HISTOIRE DE LA
MUSIQUE

Les origines de
la musique

vers – 35 000 ans 1 - La Préhistoire 1

A - Au Paléolithique supérieur, il est probable que les premières

“musiques” s’expriment essentiellement à travers l’usage de la voix. On imagine volontiers de
petits groupes d’hommes et de femmes, unis dans un même élan, venus célébrer par des cris ou
des chants d’allégresse le retour des vainqueurs, guerriers ou chasseurs. Ces manifestations
vocales s’assortissent probablement de claquements de mains ou de frappements de pieds. Ainsi,
tout naturellement, à travers l’usage de ces premières percussions corporelles et d’ébauches de
chorégraphies, s’établissent, de façon spontanée, les premiers rituels de réjouissance qui scellent
la cohésion d’un groupe

Les premiers « instruments » Reconstitutions d’instruments utilisant l’os : racle
(guiro), sifflet.
• Pour accompagner leur voix et agrémenter leurs Photos © P. Kersalé
productions sonores, nos lointains ancêtres ont
vraisemblablement l’idée de frapper deux branches
d’arbre entre elles, de confectionner des racles à partir
de bois de rennes ou d’entrechoquer des cailloux. Ces
divers outils sonores préfigurent les claves, guiros ou
lithophones que nous utilisons aujourd’hui.

• Par ailleurs, grâce à la paléoarchéologie2, on sait que,
depuis au moins 35 000 ans avant notre ère, les
hommes savent fabriquer des outils sonores
sophistiqués : sifflets avec des phalanges de
mammifères (rennes…) et même des flûtes en os
d’oiseaux (vautour, cygne…).

NB : On a découvert que les stalactites ou les
stalagmites de certaines grottes ornées de dessins ont
été frappées intentionnellement pour en tirer des sons
(probablement à cause de l’acoustique de ces lieux).
à travers ces manifestations, Homo sapiens cherche-
t-il à s’attirer les bonnes grâces des esprits supérieurs
et mystérieux qui l’entourent ?

1 La préhistoire est généralement définie comme la période de l’histoire des hommes avant l’apparition de l’écriture.
2 L’archéologie appliquée à l’étude des objets fabriqués par les hommes préhistoriques.



Extrait du chapitre VI : HISTOIRE DE LA MUSIQUE
3 - Le Moyen Âge

C - La danse

Compte tenu de l’absence de traces écrites, les danses médiévales sont mal connues.
Cette situation est directement liée au fait que l’église condamnait ces pratiques immorales
et que les moines, très majoritairement auteurs des chroniques de l’époque, n’en faisaient
pas mention. On sait, en revanche, qu’au VIIIe siècle la papauté et la royauté tentent d’interdire ces
”manifestations impies”. à partir du XIe siècle, il semble exister une prédominance de danses, sous
forme de rondes ou de farandoles, communément appelées caroles. Ces pratiques occupent
probablement une grande place dans les loisirs populaires, bourgeois et, bien sûr, aristocratiques.
Constituée par un ensemble de femmes, ou de femmes et d’hommes en alternance, se tenant par la
main (le doigt ou le poignet), la carole s’organise, la plupart du temps, sous forme d’un cercle fermé.
Elle est accompagnée de chansons et parfois d’instruments.

Miniature du Codex Manesse - 1310/1340 - Bibliothèque de l'université de
Heidelberg (Allemagne)

Par ailleurs, se développent des danses Maître du Roman de la Rose de Vienne - (≈ 1430)
appelées branles1 qui se présentent La carole au dieu d’amour - Guillaume de Lorris -
probablement sous forme de chaînes ou de Österreichische Nationalbibliothek
rondes.
On connaît également l’existence de la
tresque, ronde animée de sauts et de larges
mouvements de bras, de l’estampie, danse
courtoise probablement accompagnée de
frappements de pieds ou de battements de
mains (en italien stampare = taper du pied),
de la ductia, danse instrumentale proche de
l’estampie ou encore de la saltarelle qui,
comme le laisse supposer son nom, se
caractérise par la présence de sauts.
Au XVe siècle, se développe la danse en
couple, ou suite de couples, à travers la
basse-danse, pratiquée à la cour. Elle est
constituée par un défilé de couples exécutant
une suite de mouvements de danses, distincts
les uns des autres, par le rythme et par le
tempo (révérence, branle, demi-tour,
saltarelle…).

1 terme signifiant “progresser en branlant (= se
balançant) d’un pied sur l’autre”.

Extrait du chapitre VI : HISTOIRE DE LA MUSIQUE
4 - La Renaissance - Les instruments de musique

les cordes pincées (suite)
f - Virginal ou clavicimbalum puis clavecin.
Ces instruments à clavier sont dotés de cordes en métal,
pincées par des becs (sautereaux).
le clavecin constituera l’instrument prépondérant pour
l’accompagnement jusqu’à Mozart.

Virginal - Portrait de famille (détail) - 1561 - Frans Floris De
Vriendt (1519/1570) - Stedelijk Museum Wuyts-Van Campen en
Baron Caroly, Lier (Belgique)

les cordes frappées
a - tympanon
Terme générique désignant des cithares sur table à cordes,
frappées par des cuillères ou des mailloches. L’instrument
évolue dans les pays de l’Est sous le nom de cymbalum.
b - Clavicorde
à la différence du virginal, celui-ci dispose de cordes frappées.
Très peu sonore il évoluera à la fin du XVIIIe siècle sous forme
de pianoforte puis de piano.

Cymbalum - tapisserie style Mille fleurs - Italie

tympanon - 1512 - Jacob Cornelisz van Oostsanen
(≈1470-1533).
L'Adoration de l'enfant (détail)
Musée national de Capodimonte - Naples (Italie)
Clavicorde - Femme jouant du clavicorde (détail) - ≈ 1530 -
Jan Sanders van Hemessen (≈1500/≈1566) - Worcester Art Museum

Extrait du chapitre VI : HISTOIRE DE LA MUSIQUE
5 - Le Baroque… e) L'orchestre baroque

Ornements (ou encore note d’agrément ou de fioriture) : très petites notes
ou signes dont la fonction est d'embellir la ligne mélodique principale. On
comptabilise plus de cent ornements dont le trille1 (alternance très rapide de deux
notes contigües), le mordant2 (qui s’apparente à un trille très court), le gruppetto3
(groupe de trois ou quatre sons organisés autour de la note principale et faisant apparaître les
deux notes voisines : supérieure et inférieure suivant le signe) et l’appoggiature4 (note jouée
rapidement avant la note principale).

4132

e - L’orchestre baroque flûtes timbales cor
La formation comporte quatre hautbois trompette
catégories d'instruments : cordes, basson
bois, cuivres, percussions.
Le nombre d’instrumentistes est très basse de viole
variable : entre une dizaine (au XVIIe) altos viole de gambe
et une cinquantaine (Rameau).
Autrement dit, il s’agit d’un modèle violons violons
d’orchestre plus restreint que le
format symphonique. clavecin
Globalement, le diapason du baroque
se situe autour de 415 Hz (dans le
baroque français, il pouvait
“descendre” à 392 Hz)
NB : aujourd’hui le diapason tourne
autour de 440 Hz.

Concert vocal et instrumental à l'époque baroque - anonyme
Germanisches Nationalmuseum Nuremberg

Exercice 6
Nommer les instruments de musique présentés en image ci-dessous
(au choix : cornet - flûte traversière - trombone - basson)

d

a c
b

Exercice 7
Nommer les instruments de musique présentés en image ci-dessous
(au choix : violoncelle - théorbe - violon - viole de gambe)
Indices : viole et théorbe possèdent des frettes, violon et violoncelle n’en ont pas !

g

ef

h

Exercice 8

Voici quelques danses pratiquées à l’époque baroque. Attribuer à chacune d’elles, l’adjectif “lente” (L),

“modérée” (M) “rapide” (R)

Allemande……………………… Courante……………………… Menuet……………………

Sarabande……………………… Gigue………………………… Gavotte……………………

Exercice 9
Relier chaque terme à sa définition :

1 Comédie-ballet A association de danses où alternent tempo vif et tempo lent.
2 Suite B œuvre mêlant théâtre avec interludes musicaux et dansés.
3 Grande Écurie du Roy C Drame ou tragédie lyrique associant chanteurs sollistes, chœurs

4 Opéra et accompagrnement instrumental avec jeu scénique.
D fanfare (vents et percussions) en fonction à Versailles.

Extrait du Chapitre VI : HISTOIRE DE LA MUSIQUE
6 - Classicisme musical… d) La réforme de l'opéra

d - la réforme de l’opéra
christoph Willibald von Gluck (1714/1787) a été l’initiateur d’une réforme majeure dans le
domaine de l’opéra. Dénonçant les dérives “baroques” de l’opéra italien (pauvreté de l’intrigue,
virtuosité vocale gratuite, diktat des prime donne ou des castrats…), il s’inspire d’une certaine
sobriété du modèle français pour condamner les acrobaties vocales superflues voire inutiles.
Ces prouesses techniques ne doivent plus être une fin en soi, mais devenir un moyen expressif
pour coller au livret. Progressivement, il réussit à former des chanteurs-acteurs mais aussi à imposer
aux choristes et figurants de jouer conformément à l’action.

* vocaBulaire

forme : ensemble des éléments qui caractérisent la structure, le procédé d’écriture et le plan général
d’une composition pour lui conférer sa spécificité unitaire.
mouvement : désigne à la fois le tempo appliqué à l’interprétation d’une œuvre musicale (Adagio,
Andante, Moderato, Allegro…) et chacune des sections (parties) constitutives d’une composition
d’envergure (sonate = 4 mvts, concerto = 3 mvts, symphonie = 4 mvts…).
musique de chambre : composition musicale destinée à un ensemble instrumental restreint.
Opus (= œuvre, ouvrage en latin) : indication, souvent suivie d’un numéro, qui s’applique à une
composition musicale faisant partie de l'œuvre d'un compositeur.
ouverture : pièce musicale servant d’introduction, généralement orchestrale, à une œuvre (opéra…).
Mais c’est aussi une composition autonome organisée sous forme de suite instrumentale.
pont : passage de transition situé entre deux phrases ou deux sections musicales. Dans une
chanson, par exemple, un pont de quelques mesures peut s’intercaler entre le refrain et le couplet
qui suit pour casser la répétition monotone de l’enchaînement.
thème : idée musicale facilement reconnaissable, de nature mélodique, rythmique, parfois
harmonique, de longueur variable et qui peut subir des transformations. Le thème constitue l’élément
essentiel caractéristique d’une œuvre et de son unité.
tonique : c’est le premier degré d’une tonalité, note principale ou accord de référence qui
conditionne l’organisation mélodique et harmonique d’un morceau.

Représentation de l’opéra de
Gluck Il Parnaso confuso - 1762 -
Johann Franz Greipel (1720/1798) -
Kunsthistorisches Museum - Vienne
(Autriche)

Extrait du Chapitre VI : HISTOIRE DE LA MUSIQUE
7 - Le Romantisme musical

E - Du grand opéra à l’opérette en France

a - Le grand opéra*
Un vent de renouveau souffle sur la forme opéra et sur les thèmes abordés : c’en est fini des
opéras inspirés de la mythologie ! les nouveaux librettistes oublient les dieux et les héros grecs pour
s’intéresser aux hommes et aux sujets historiques. L’emprise politique et économique de la France
pendant une bonne partie du XIXe siècle, fait de Paris une “plaque tournante” qui attire les artistes
de toute l’Europe. Le grand opéra* répond aux goûts bourgeois du moment et engendre une
débauche de mises en scène grandioses.
La création de nouveaux lieux permet, au même moment, la maintenance du genre opéra-comique
(né sous la Révolution) et l’émergence de l’opérette qui, en réaction à l’opéra-comique jugé trop
sérieux, développe une forme lyrique caractérisée par sa légèreté et sa fantaisie.

Caricature ; Offenbach est représenté au milieu des Les salles de spectacles lyriques
spectateurs d’une de ses opérettes aux Bouffes Parisiens. du Paris haussmannien
illustrateur : émile-Antoine Bayard (1837/1891) Pendant une bonne partie du XIXe siècle, Paris
devient le haut lieu de l’opéra avec deux
scènes emblématiques :
• l’Opéra (dit aussi “Académie de musique”),
construit par Charles Garnier (1825/1898) et
fréquenté par la bourgeoisie triomphante du
Second Empire. Il est dédié au grand opéra
entièrement chanté,
• le Théâtre national de l'Opéra-Comique
(salle Favart) fief de l’opéra-comique mêlant
le parlé et le chanté.
En parallèle, deux autres établissements
récemment construits, le Théâtre-Lyrique et
le Théâtre des Bouffes Parisiens, accueillent
des nouveaux talents : Gounod et Bizet
(Théâtre lyrique) et Offenbach, le roi de
l’opérette (Bouffes Parisiens).

Le Nouvel Opéra (Opéra Garnier) inauguré le 5 janvier
1875

*Il est toujours en quatre ou cinq actes avec un grand Théâtre de l'Opéra Comique ; il s'agit de la première salle
ballet placé au début du troisième acte. Il alterne les Favart construite par l'architecte Heurtier (1739/1822)
airs et les récitatifs chantés. Il comporte toujours des inaugurée en 1783.
chœurs et un orchestre très imposants ainsi que de
nombreux personnages solistes.

C - Les nouveaux outILs sonores

a) Le telharmonium
Instrument de musique électromécanique, développé à partir de 1897 par l'américain Thaddeus
Cahill. C’est le premier véritable instrument de synthèse musicale. Le son n’est pas produit par un
oscillateur électronique (la lampe triode n’existe pas encore), mais par la rotation d’une “roue
phonique”, ou réothome, devant un micro composé d’une bobine et d’un aimant, selon le même
principe qu’un micro de guitare électrique.

b) Le thérémin

Instrument de musique électronique, précurseur du synthétiseur et

inventé en 1919 par le Russe Lev Sergueïevitch Termen (connu

sous le nom de “Léon Theremin”). Theremin présente à Paris son

Ætherophone, devançant Maurice Martenot qui, lui, avait fabriqué

les ondes Martenot et dont les sonorités étaient identiques ou

presque (puisque utilisant la même technologie). Ingénieur et

passionné de musique, il travaille le son et fabrique son instrument

en utilisant les nouvelles technologies de l’époque. Ce dernier

possède deux octaves et demi, fonctionne à l’aide d’oscillateurs à

tube électronique et se présente sous la forme d’un boîtier muni

d'une antenne (à droite) pour faire varier la fréquence du son (la

hauteur des notes), et d’une autre antenne (celle de gauche),

horizontale et en forme de boucle, pour modifier le volume sonore. Lev Termen jouant de son
instrument
Cet instrument surprend et fascine car il se joue entièrement à

l’oreille, sans aucun contact ce qui ne permet pas au musicien

d’avoir de repères. Il fonctionne en utilisant la capacité de l'organisme, par l'intermédiaire des mains

et des bras, de perturber les champs électromagnétiques. C’est en se rapprochant plus ou moins

des antennes que le musicien obtient les notes souhaitées tout en gérant leur volume.

c) Les ondes martenot Ondes Martenot - Musée de la Musique (Paris)
Maurice Martenot (1898/1980) présente cet
instrument monodique électronique en 1928
à l’Opéra de Paris. Il comporte :
> un clavier de 7 octaves reposant à ses
extrémités sur deux pieds,
> un ruban, fixé à l’index de la main droite
qui permet de produire des
sons proches de la voix humaine, des
glissandi, des vibrati…
> un tiroir, à portée de la main gauche : il
contient la boîte de commande destinée à
régler les nuances, les timbres, les
diffuseurs (une grenouillère peut remplacer
les touches de commande et ainsi libérer la
main gauche),
> un (ou plusieurs diffuseurs) qui émet des
sons nés des oscillations de lampes
électroniques.

J - le jazz modal et le soul jazz des années 1960
On fait, une nouvelle fois, de Miles davis l’initiateur du jazz modal. Faisant appel à des
gammes ou des modes d’écriture du passé, ou à des musiques “extra-occidentales”, ce
mouvement libère le soliste des contraintes harmoniques au cours des longues improvisations sur
un nombre réduit d’accords. Le saxophoniste John coltrane (1926/1967) est également l’un des
représentants emblématique de ce courant.

Le soul jazz est considéré comme un mix entre le hard bop et le blues. Dans ce genre, s’illustrent
le pianiste-chanteur Ray charles (1930/2004) et la chanteuse aretha Franklin (1942/2018 ) dite
The Queen of soul.

Ray charles - 1984 - The Republican National aretha Franklin - 2009 - U.S. Capitol - 56e
Convention - Dallas Texas investiture présidentielle à Washington

k - le jazz funk et les années 1970
Directement issu du soul jazz, le funk s’en

démarque par la présence d’une section rythmique
au jeu très syncopée (guitare, basse, batterie) et par
les interventions énergiques des instruments à vent
(cuivres, saxos…).
James Brown (1933/2006) marque de son empreinte
ce mouvement.

James Brown “Mr. Dynamite” - ArtWorks -
1437 Main Street, Cincinnati, Ohio

Bill Haley and his Comets. - 1956 - Photo publicitaire

Photo de Gene Vincent.
En 1957, la fabrique de chewing gums Topps
Gums publie des cartes à collectionner de
stars de cinéma, de télévision et de disques.

Fats domino (1928/2017)

chuck Berry - ≈1957
Photo publicitaire

little richard - 2007 - University of Texas Forty Acres Festival
Photographe Anna Bleker

f3 - La folk revival music
à partir du milieu du XXe siècle, d’autres artistes poursuivent, à leur manière, cet engagement
stylistique ou politique : The Kingston Trio, Bob Dylan et Joan Baez en particulier.
Les années sixties marquent un virage dans l’esprit folk traditionnel avec, en particulier
l’électrification des guitares qui scelle l’arrivée du genre “rock-folk” dans lequel s’illustrent les groupes
The Byrds, les Mamas and Papas, The Turtles ou encore Buffalo Springfield. Bob Dylan lui-
même cède à cette évolution, ce qui provoque quelques remous de la part des “puristes”. D’autres
noms comme Tracy Chapman, Bruce Springsteen, et plus récemment, Bonnie Prince Billy,
Valerie June et Moriarty perpétuent cette tradition témoin de l'histoire musicale des états-Unis.

Joan Baez et Bob Dylan - U.S. National Archives and Records

Administration - 1963 The Mamas and the Papas - de gauche à droite

Michelle Phillips, Cass Elliot, Denny Doherty, John

Phillips.

Tracy Chapman - Cactus Festival 2009 - Bruges Bruce Springsteen - Roskilde Festival 2012
(Belgique) © Hans Hillewaert © Bill Ebbesen

LA MUSIQUE ET LA DANSE

II - LE BALLET

On appelle ballet1 un spectacle dansé exécuté selon une codification et des rè-
gles établies par un chorégraphe, généralement en fonction d’une musique dédiée.
Par ailleurs, ce terme s’applique également à l’ensemble de la troupe effectuant le
spectacle.

1 Mot issu de l’italien balletto, diminutif de ballo, signifiant “danse”

Né en Italie au cours de la Renaissance, le ballet est introduit en France par Catherine de Médicis,
qui, après la mort de son époux le roi Henri II (1559), devient régente du royaume. Historiquement,
on doit à l’Italien Domenico Da Piacenza, maître de danse au service de la famille d'Este, la rédaction
de l’ouvrage De arte saltandi et choreas ducendi (1455), considéré comme le premier traité de danse.
Un peu plus tard, un autre maître de danse italien, Fabritio Caroso, auteur du livre Il Ballarino (1581),
fixe l’ensemble de la théorie et de la pratique de cette discipline.
La plupart des premiers ballets se présentent sous forme de suites de danses commentées en vers
sur des thématiques liées à la mythologie gréco-romaine ou en relation avec des sujets traitant de
poésie en général. Ainsi, pour le mariage d'Henri de Navarre (futur Henri IV) et de Marguerite de Va-
lois (1572), le roi, danse sur des vers de Ronsard. Cependant, on considère que le premier véritable
ballet de cour* a été donné lors du fastueux mariage du duc de Joyeuse, favori du roi Henri III, en
1581. Traduisant les souhaits entretenus par la Pléiade, le spectacle mis en scène concrétisait la
volonté de synthèse entre tous les arts : musique, chant, poésie, arts plastiques et danse.

Vocabulaire Fête de la cour à Paris en 1573 pour honorer les ambassadeurs polonais en
Suite de danses : elle tire présence de Catherine de Médicis et d’Henri III - tapisserie - Galerie des
son origine des airs à danser Offices, Florence (Italie)
que l’on exécutait, dès le
Moyen-Age, en chantant. Puis
la chanson dansée est
remplacée par des airs de
danse sans parole en
regroupant les danses
d’abord deux à deux (une
lente, une vive), puis en
nombre plus important (cinq,
six et même davantage), en
faisant alterner mouvements
lents et vifs. La suite de
danses était née.
Ballet de cour : spectacle
dansé qui a pour acteurs la
famille royale et les courtisans
entourés de professionnels.
Ainsi, le ballet de cour devient
insensiblement le “ballet du
roi”.

Au XVIIe siècle, le genre “ballet” connaît une nouvelle impulsion avec la création, en 1661 par Louis
XIV, de l’Académie royale de danse (institution qui a précédé la naissance de l’Académie royale
de musique, en 1669). Le monarque s’investit complètement dans la promotion de l’art de la danse
et participe à vingt-sept ballets de cour. C’est d’ailleurs grâce à son rôle du Soleil levant dans Le
Ballet royal de la nuit (1653) qu’il se voit attribuer le titre de Roi Soleil. Cette volonté de donner à cet
art toute son importance va se concrétiser à travers les comédies-ballets* signées par le duo
Molière-Lully : Les Fâcheux (1661), Le Mariage Forcé (1664), L'Amour Médecin (1665), La Pastorale
Comique (1667), Georges Dandin (1668), Monsieur de Pourceaugnac (1669), Le Bourgeois
Gentilhomme (1670)… Marc-Antoine Charpentier prend le relais de Lully pour créer avec Molière
Le Malade imaginaire (1673). L’importance alors accordée à la place du ballet dans la tragédie
lyrique française témoigne de la différence qui s’est établie avec le style “opéra à l’italienne”.
C’est vers la fin du XVIIe siècle que Pierre Beauchamp1 et son disciple, Raoul-Auger Feuillet,
deux maîtres à danser français, mettent au point des systèmes de notation de la danse qui
faciliteront la diffusion des figures de pas et des chorégraphies conçues à l’occasion de spectacles
de ballets.

Pierre de Beauchamp (1636/1719) codifie les cinq positions de base et met
au point un système de notation de la danse. Ces positions sont les points
de départ avant l’exécution d’un pas ou d’un enchaînement.

Inventeur d'un système de notation de la Louis XIV, le roi danseur
danse, Feuillet publie chaque année un à treize ans, en 1651, le roi
Recueil de danses contenant des danse pour la première fois en
danses de bal et des entrées de ballets public dans la Mascarade de
en vogue. Cassandre. Premier danseur du
royaume, étoile absolue, Louis
Vocabulaire XIV interprète souvent des rôles
Comédie-ballet. Si le genre conjugue de divinités dans des
musique et danse, l’originalité tient au fait représentations faisant référence
que la comédie et le ballet s’appuient sur à la mythologie, mais se montre
un même sujet “afin de ne pas rompre le fil aussi dans des rôles moins glorieux (en voleur, dans Le
de l’histoire”. La plupart des thèmes Triomphe de Bacchus…). Comme il est d’usage, le
tournent autour de personnages ordinaires souverain, ainsi que les autres exécutants, porte un
et de sujets de la vie quotidienne, dont le masque qui répond au caractère du personnage qu’ils
mariage est souvent le centre. Il est incarnent. Ce grand ballet d’action donne un essor
nécessaire de faire également mention du considérable à la danse théâtrale intercalée entre les
rôle important tenu par le maître de danse scènes d’un opéra ou d’une pièce de théâtre, à titre de
et de ballet Pierre Beauchamp dans la divertissement.
mise en place des chorégraphies. à la mort
de Molière, le genre décline Louis XIV - La Guerre - Les Noces de Pélée et de Thétis (1654) -
inexorablement. Henry de Gissey. Musée Carnavalet

1 On doit à Pierre Beauchamp l’établissement de 5 positions, toujours d’actualité, des pieds et des bras dans la danse
classique. Serge Lifar, au XXe siècle, ajoutera 2 autres positions.


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