Le slam : un cousin du rap ?
Puisant leurs racines dans les quartiers défavorisés des grandes villes américaines, le rap
et le slam sont généralement perçus comme supports de messages engagés au caractère le plus
souvent revendicatif et contestataire. Cependant, ces deux formes vocales se différencient
radicalement. En effet, le chant du rap, porté par une trame rythmo-instrumentale très structurée,
s’appuie sur un phrasé aux accentuations marquées et fait usage de rimes. Le slam, quant à lui, se
présente d’abord comme une lecture poétique libre, la plupart du temps exécutée a cappella (sans
accompagnement instrumental). C’est le slameur qui, par les choix d’intonations ou de modulations
de sa voix, conditionne sa performance pour transmettre au public l’émotion d’un texte, pas
nécessairement rimé, mais avec un contenu plus intimiste et souvent moins agressif que celui du rap.
Parmi les slameurs qui se sont manifestés dans le secteur francophone on peut citer : Grand Corps
Malade, Gaël Faye, Abd al Malik, stromae…
Grand Corps Malade - Parc de la Francophonie de stromae - Ardèche Aluna Festival - 2014
Québec - 2012. Photo Carcharot - CC BY-SA 3.0 Photo Pierre Huguet - CC BY-SA 4.0
Gaël Faye - concert sur la scène Cabaret lors du festival Abd al Malik - Eurockéennes en 2007
du bout du Monde à Crozon dans le Finistère (France). Photo Rama
Photo Thesupermat CC BY-SA 2.0
CC BY-SA 3.0
VOCABuLAIrE
Beat : pulsation se répétant régulièrement, fournissant l’assise d’un rythme musical.
Break : pour un Dj, passage où tous certains éléments musicaux (voix, instruments mélodiques…)
s’estompent pour laisser place aux percussions.
Breakbeat : courant né à la fin des années 1980 en Grande-Bretagne mêlant rythmes hip hop, raga
et funk avec musique électro et sampling issus de la techno. Cette appellation s’applique également
à la structure rythmique de base caractéristique du rap en particulier.
Cutting : technique consistant à démarrer au début d’un sample puis à laisser tourner le vinyle pour
entendre ce dernier.
DJ : ou disc jockey. Le discaire (disquaire) employé par une boite de nuit pour choisir les morceaux
à diffuser et qui mixait la musique d’un vinyle sur une platine a, aujourd’hui, fait place au DJ. Ce
dernier crée désormais ses propres morceaux grâce à tout un ensemble de nouveaux matériels et
de techniques demandant une grande maîtrise. Ainsi, en quelques années, le rôle et la fonction de
l’animateur de soirées ont radicalement changé ; le programmateur initial est devenu compositeur.
Flow : caractéristique du phrasé, autrement dit de la façon dont les mots d’une chanson sont
prononcés et posés sur une rythmique.
Remix : morceau de musique modifié par divers moyens techniques, soit en studio, soit en direct
pour obtenir un résultat sonore différent de celui du départ.
Scratch : procédé consistant à modifier manuellement la vitesse de lecture d'un disque vinyle pour
obtenir des effets sonores spéciaux.
Sample : c’est un échantillon sonore (voix, instrument, bruit…) constitutif d’un enregistrement qui
est prélevé dans le but de le détourner de son contexte initial pour créer un autre morceau.
platine : élément essentiel du matériel de DJ ne comprenant que les mécanismes d’entraînement
et de lecture des disques. Il existe de nombreuses platines, platine vinyle, platine scratch, platine
CD, platine DJ Pioneer, platine USB, etc.
Concert électro - photo©Pixabay
à retenir synthèse de l’histoire de la musique électronique
Ce sont les compositeurs de musique dite savante qui, les premiers, expérimentent les
outils électroniques grâce à l’usage des bandes magnétiques et des synthétiseurs (Pierre
Schaeffer, Pierre Henry, Karl-Heinz Stockhausen…). Les groupes rock intègrent à leur tour ces outils
sonores, devenus moins encombrants et plus maniables, dans leur instrumentarium (Pink Floyd,
Tangerine Dream, Kraftwerk…). Le home studio devient le laboratoire incontournable où se
frabriquent toutes les musiques dites “électro”. Progressivement, ces dernières envahissent la
planète par le biais des radios, des disques, des concerts, des journaux spécialisés… Ces nouvelles
musiques, même porteuses d’une même base sonore (utilisation de sons synthétiques amplifiés),
se traduisent par des styles différents (dub, house, techno, rap…) qui délimitent des territoires qu’il
faut prendre le temps de décrypter et d’analyser pour en mesurer la diversité.
Exercices
Exercice 1
Citer quelques outils technologiques déterminants dans la production de musiques électro ?
Exercice 2
Dans quel pays prend naissance la dub music ?
Exercice 3
Dans quel lieu le hip-hop se dansait-il à ses débuts ?
Exercice 4
Qu'est-ce qu'un Dj ? Que fait-il ?
Exercice 5
Résumer le message et l’état d’esprit du hip hop.
Exercice 6
Dans quel pays et ville le hip-hop est-il né ? Vers quelle année ?
Exercice 7
Qu’est-ce qu’un block party ?
Exercice 8
Quels sont les différents éléments artistiques qui composent la musique hip-hop ?
(au choix : rap - soul - deejaying - valse - rock - beatbox).
Exercice 9
Qui est le fondateur de la Zulu Nation et quel est son slogan ?
Exercice 10
Donner la définition du rap.
Exercice 11
• Nommer quelques rappeurs français actuels.
HISTOIRE DE LA MUSIQUE
E - Les musiques traditionnelles
Musiques du monde, world music, musiques populaires…
les musiques traditionnelles regroupent un vaste champ
d’expression.
En Occident, on qualifie de traditionnelles les musiques issues
de la culture populaire tout en les associant à une zone
géographique déterminée. Dorénavant inscrites dans la
catégorie générique des musiques actuelles, ces pratiques s’inscrivent dans un courant dont
les auteurs ou compositeurs sont très majoritairement inconnus. Elles sont majoritairement
transmises oralement mais aussi, depuis le XXe siècle, par le biais d’enregistrements. En
cela, elles se différencient de la musique savante qui, à partir du IXe siècle, obéit à une fixation
écrite à travers la notation solfégique ou assimilée.
Dans le reste du monde et surtout dans les endroits toujours vierges et protégés des influences
extérieures (du monde occidental surtout !) les musiques traditionnelles sont encore la manifestation
originale d’une expression populaire, qui, à travers rites et coutumes, affirment l’identité de chaque
village, de chaque ethnie*, de chaque territoire géographique ou de chaque pays…
Le marchand de chansons (détail) - 1825 - Leprince Xavier (1799 /1826)
Grand Palais
L’engouement pour les chants et les ballades a toujours été très vif dans les
campagnes, comme dans les villes d’ailleurs. De ce fait, le répertoire des musiciens
ambulants était toujours écouté avec attention et bienveillance.
Tyrol Bali
Tanzanie Andes
Bali VOCABULAIRE
En France, la Fédération des associations L’ethnomusicologie est un terme qui
de musiques et danses traditionnelles s’applique à la science des musiques
(FMADT) réunit 100 structures de musiques traditionnelles et savantes du monde entier,
et danses traditionnelles et du monde, représentant à l’exception de la musique savante
à leur tour des centaines d’acteurs sur tout le occidentale. Elle étudie les rapports entre
territoire national et dans des domaines variés. musique et société.
Ethnie : groupe humain qui partage la même
culture, la même langue, les mêmes
traditions, les mêmes coutumes… qui se
transmettent de génération en génération.
Collectage : recherche des costumes
authentiques, enregistrement des musiques,
des chansons de tradition orale, des contes
et des légendes...
Revival : courant artistique qui remet à
l’honneur un style de musique du passé.
Pour cela, il faut collecter, sauvegarder,
transmettre et pratiquer le patrimoine musical
et dansé retrouvé.
1 - En Occident
Très globalement, on distingue la locution musique traditionnelle (trad), souvent
amalgamée à musique populaire, de musique folklorique (folk). Cette dernière
appellation correspond à une volonté de reproduire, avec le plus “d’authenticité” possible
(souvent en costume “historique”), les pratiques instrumentales, chantées ou chorégraphiques du
passé. En revanche, la musique traditionnelle n’hésite pas à inscrire le répertoire régional dans un
contexte contemporain. Ainsi, en Bretagne, au cours de fest-noz (rassemblement festif) les danses
sont interprétées par des participants en habits civils d’aujourd’hui (blue jeans, baskets…) sur des
musiques bretonnes librement adaptées ou des créations qui s’inscrivent dans cette mouvance
stylistique “trad”.
Photos Pixabay Spectacles folkloriques
danses grecque (à gauche) et slovaque (à droite ).
Danse traditionnelle en Catalogne.
La sardane, est ici exécutée par la population et par
les touristes en tenue “contemporaine”.
a - Les thématiques des musiques traditionnelles
Les musiques traditionnelles sont l’expression d’un terroir, le reflet sonore de la communauté
ou du peuple dont elles émanent. Ces pratiques, dont les auteurs/compositeurs sont la plupart
du temps anonymes, prennent spontanément naissance lors d’événements en liaison avec la
célébration d’une profession, d’une activité champêtre, d’un personnage ou d’un moment de vie
pour partager joies et peines du quotidien. Ainsi, la simple rengaine, d’abord entonnée par un
paysan, un artisan, un soldat ou un marin, est reprise par un groupe pour emporter, au fil du temps,
l’adhésion d’un collectif, d’une corporation ou d’une province. Pendant longtemps ces transmissions
se sont effectuées au cours de veillées entre voisins, de fêtes saisonnières, de réunions familiales
(naissance, mariage…) ou d’événements liés à la vie locale. Ces différents rassemblements,
généralement conviviaux et festifs, ont largement favorisé la diffusion et l’évolution du répertoire
dans la mesure où chaque groupe l’adaptait en fonction de sa sensibilité, des circonstances et, bien
évidemment, des instruments disponibles.
Vivantes et libérées d’une fixation écrite rigide, ces musiques instrumentales et/ou chantées, souvent
assorties de danses, ont évolué sans contraintes ou règles établies par la musique savante.
Cependant, elles répondent à différents critères universels qui permettent de les répertorier à travers
diverses typologies. Ainsi, indépendamment d’un classement géographique par continent, par pays
ou par régions, on peut établir un relevé des principales thématiques qui constituent le fonds
commun de ces répertoires.
On retrouve alors, de façon récurrente, des prétextes :
-/ pour célébrer un métier,
-/ pour marquer une fête calendaire (Noël, solstice…) ou agraire (moissons, vendanges…),
-/ pour fêter un moment de la vie (naissance, anniversaire, noces, funérailles…),
-/ pour évoquer la beauté d’une région ou d’un lieu,
-/ pour faire l’apologie d’un personnage,
-/ pour commémorer un événement local glorieux…
Exemples de chansons traditionnelles (répertoire français) mettant en scène :
• des métiers : Meunier (Meunier, tu dors), Marin (Hardi les gars, vire au guindeau), Vitrier (Encore
un carreau d'cassé), Cordonnier (Le petit cordonnier), Charbonnier (Le charbonnier)…
• des fêtes : En r'venant des moissons, Entre le bœuf et l'âne gris, La Marche des rois, Carnaval
es arribat, La Saint-Jean, Noël du Jura…
• des régions : Joyeux enfants de la Bourgogne, La chanson de l'Ardèche, Oh, que j'aime le Jura,
Alsace o ma patrie…
• des personnages : Malbrough s’en va-t-en guerre, Le bon roi Dagobert, La complainte du roi
Renaud, C'était Anne de Bretagne, Der Hans im Schnockaloch, L'empereur Napoléon…
• des événements : La bataille de Steinkerque, La mort de Jean Renaud…
b - Les instruments de la musique traditionnelle
Chaque pays ou chaque région possède son propre patrimoine musical et utilise, séparément ou
en petits ensembles, sous des appellations diverses et variées, des instruments de la famille des
cornemuses, des flûtes, de la vielle à roue, des hautbois, des percussions... Ils sont tous, pour la
plupart, issus de l’instrumentarium ancien (Moyen Âge, Renaissance, Baroque…) permettant ainsi
de retrouver le son des bourdons (cordes ou tuyaux produisant des sons fixes) très présent dans
les répertoires traditionnels. Des instruments plus modernes sont aussi utilisés comme l'accordéon
diatonique dont la simplicité et la facilité d'usage ont favorisé le développement à partir du début du
XIXe siècle. L’usage du violon est également très répandu.
Photos Pixabay
Quelques instruments et formations des régions françaises
Instruments et formation de la musique basque
Alboka (double chalumeau)
Danbolin (petit tambour)
Tambourin à cordes (ttun-ttun)
Trikiti (accordéon diatonique)
Txirula (flûte à bec)
Txalaparta (percussion style xylophone)
Txistu (flûte à bec à trois trous)
Txaranga, fanfare, tanborrada, banda...
Une txaranga est un groupe musical restreint, à l'inverse des bandas, équipés d’instruments à vent et
de percussions et jouant un répertoire essentiellement basco-navarrais.
Une tamborrada est un défilé de tambours et de petits tonneaux servant de percussions.
Une banda est une fanfare ambulatoire, qui, dans le sud-ouest de la France, a pour rôle d'animer les
défilés de rue lors des ferias.
Instruments et groupe de la musique bretonne
Biniou kozh (cornemuse)
Bombarde (hautbois)
Caisse claire écossaise
Treujenn-gaol (clarinette)
Veuze (cornemuse)
Le bagad
Un bagad est un ensemble musical interprétant des airs le plus souvent issus du répertoire traditionnel
breton et composé de trois pupitres : bombarde, cornemuse écossaise et caisses claires écossaises
complétées par quelques percussions supplémentaires non traditionnelles comme les rototoms, les
cloches tubulaires ou les gong.
Instruments et formation de la musique catalane
Chirimía (hautbois ou chalemie)
Crécelle
Dulzaina (dulciane, hautbois)
Fiscorn (bugle baryton)
Flaviol (flûte à bec)
Gralla (hautbois)
Psaltérion
Reclam de xeremies (aérophone à anche simple battante)
Tenora (hautbois)
Tible (hautbois)
La cobla est un ensemble instrumental catalan qui utilise les instruments de musiques comme le flaviol
avec tambourin (tamborí), le tible, la tenora, la trompette (trompeta), le trombone (trombó), le fiscorn
et la contrebasse (contrabaix) à trois cordes. Cet orchestre accompagne la sardane.
c - Les danses traditionnelles
Ces danses collectives pratiquées dans les milieux populaires et plus spécifiquement ruraux,
se sont construites sur un fonds ancien, à la genèse incertaine, dont on ne peut aujourd’hui que
subodorer l’importance, le rôle ou les origines (danses religieuses, rituelles, calendaires… avec
parfois la présence d’attributs symboliques : gerbes de blé, cordelles, masques…). Ce répertoire,
re-inventé ou refaçonné au gré des humeurs ou des événements ponctuels, ne cesse de se modifier
pour s’adapter à de nouvelles contingences (plus qu’une survivance, c’est une capacité à moderniser
ces ressources du passé qui s’élabore ainsi). Chaque communauté par le style, le rythme,
l’agencement des pas ou l’utilisation d’instruments spécifiques… imprime son originalité ou son
caractère à un patrimoine extrêmement varié mais au devenir fragile.
Au XIXe siècle, on assite à un apport massif de danses avec connotation “nationale” telle que la
polka, la mazurka (Pologne), la valse (Autriche-Hongrie), la scottish (Allemagne)… qui connaissent
une grande vogue dans les salons, dans les bals des villes et dans les campagnes.
Ces pratiques, coupées de leur tradition et transplantées sur des sols étrangers, perdent tout
caractère originel et ne sont plus que des danses de pure imitation.
Ainsi popularisées, elles connaissent alors soit une nouvelle adaptation par le pays récepteur (polkas
auvergnates, mazurka limousines…) soit le phénomène de mode et la concurrence. Ainsi, au XXe
siècle, un grand nombre d’entres elles se verront vite rejetées au profit de nouvelles venues, en
particulier celles issues du folklore hispano-américain (tango, paso-doble, samba…) ou négro-
américain (charleston, fox-trot, boogie….).
Aujourd’hui, la mode, le show, business, la variété ont écrasé le répertoire traditionnel : chaque été
voit apparaître la danse qui fera fureur… pour être délaissée l’année suivante !!
Pourtant, face à ce raz-de-marée, une partie de la jeunesse semble vouloir retrouver la pratique
des danses traditionnelles régionales ou de leurs dérivés comme en témoignent les reviviscences
de la sardane en Catalogne, des fest-noz bretons, des kolos d’Europe centrale…
En parallèle, ce même élan d’intérêt rejaillit sur l’utilisation des instruments qui servent
traditionnellement ces musiques.
Quelques exemples de danses traditionnelles Un exemple d’une danse
• France : avant-deux - bourrée - farandole - devenue populaire que tout le
marche - rondeau - branle - maraîchine - an-dro - monde croit traditionnelle : le
gavotte… sirtaki. En réalité, c’est une
• Italie : tarentelle, pizzica, saltarello… danse créée pour le cinéma en 1964
• Hongrie : czardas, magyar, verbunk… par Jean Vassilis (alias Jacques Suissa)
• Espagne : sardane - seguidille - jota - fandango… et chorégraphiée par Giórgos Proviás,
• Irlande : gigue, step dancing, … pour le film Zorba le Grec. Elle est
+ la mazurka polonaise, le kolo serbe, le hopak constituée par l’alternance de pas lents
ukrainien, la hora roumaine, le hasápikos grecque… et rapides inspirés des danses :
hassapiko (lent) et hassapico avec
accélération régulière du tempo.
Photos Pixabay
Branle d'Ossau - Alfred Dartiguenave
(1821/1885) - bibliothèque de Toulouse
Un musicien joue du tun tun (tambourin
à cordes) et de la flûte à trois trous
(flaüta, flabuta…), l’autre du violon.
La Farandole - Valère Bernard
(1860/1936) - Musée des civilisations
de l'Europe et de la Méditerranée de
Marseille
Le musicien qui anime la farandole
joue du tambourin-galoubet.
Fête de la saint Jean - Jules Breton (1827 - 1906) - Philadelphia Museum of Art
La czardas - image dans l’Illustration
4 musiciens animent la danse :
l’un joue du tympanon,
un autre du violon,
un troisième du violoncelle
et le quatrième souffle dans un hautbois.
Le fandango - Pierre Chasselat
(1753/1814)
à remarquer, la guitare et les
inévitables castagnettes tenues par
les danseurs (euses).
Entrez dans la danse ! - Christel et Laura Lechner, sculptrices : vision contemporaine d’une farandole.
d - Le collectage
De nombreux collecteurs, “chasseurs de sons” ont réalisé des milliers d’enregistrements de
terrain suivant l’exemple du pionnier américain John Lomax (1867/1948), puis de son fils, Alan
Lomax (1915/2002). Dans la première moitié du XIXe s., le collectage en est à ses premiers
balbutiements : paroles et musiques des chants populaires sont relevées et certaines pratiques
dansées décrites… mais les techniques sont souvent empiriques ; la notation musicale en particulier
pose un certain nombre de problèmes et les publications qui en résultent font -ou feront- l’objet de
critiques et de reproches. En fait, ce collectage, pratiqué essentiellement en milieu rural, s’avère
délicat mais très souvent bien plus riche et plus conséquent que prévu.
Au début du XXe s., l’apparition des premiers supports d’enregistrements sonores (inventions
d’Edison et de Charles Cros), leur utilisation de plus en plus fréquente, permettent la création des
premières phonothèques dans plusieurs capitales européennes. Les techniques du collectage
s’organisent et se “professionnalisent”. Vers 1930, le développement du disque facilite énormément
les échanges à des fins à la fois scientifiques et commerciales.
Aujourd’hui, les recherches se poursuivent et bénéficient de l’apport de nombreux progrès
techniques : les films replacent chansons et musiques dans leur contexte géo-culturel. L’ordinateur
devient l’outil essentiel pour l’archivage ou la comparaison du matériel recueilli et Internet facilite,
avec une immédiateté déconcertante, l’échange des données d’un bout à l’autre de la planète !!
Cette nouvelle donne aide à mieux comprendre la richesse, la diversité et l’intérêt de pratiques
associées aux différentes cultures ou régions de notre planète.
e - Pratique traditionnelle populaire et pratique savante
Il serait erroné de croire, ou de laisser croire, à l’existence d’un univers traditionnel et d’un
monde savant si antagonistes et si différents qu’ils auraient évolué, au cours des siècles, comme
deux droites parallèles qui ne se rencontrent jamais. Toute l’histoire de la musique abonde
d’exemples prouvant qu’il n’y a jamais eu de frontières étanches entre ces deux domaines artistiques
et que des interpénétrations ont toujours existé. Ainsi, on peut relever la présence de musiques ou
de danses pratiquées simultanément à la cour et par le peuple. Il en est de même pour certains
instruments de musique dont l’histoire démontre qu’ils furent bien souvent, utilisés aussi bien par
les musiciens “populaires” que par les musiciens “savants”, en particulier au XVIIe siècle (cf. la vielle
à roue, le galoubet-tambourin, la musette…)
Emportés par la grande vague du mouvement romantique et par l’émergence du nationalisme
musical du XIXe siècle, de nombreux compositeurs reproduisent ou adaptent les danses et mélodies
traditionnelles de leur région d’origine pour créer des œuvres à forte connotation patriotique. Ces
“emprunts” sont d’autant plus efficaces qu’ils sont souvent associés à des choix de sujets liés à
l’histoire de chaque société ou de chaque pays. Très rapidement, cette tendance gagne quasiment
toute l'Europe, comme en témoignent les œuvres de Liszt, Dvořák, Grieg, Sibelius, puis Janáček,
Szymanowski, Harsányi, De Falla, Ropartz… cf. Chapitre LE ROMANTISME F - L’émergence du
nationalisme musical
VOCABULAIRE Quelques rhapsodies dans les œuvres musicales du XIXe- XXes.
Rhapsodie : de forme es- Emmanuel Chabrier : España, 1883
sentiellement instrumentale, Antonín Dvořák : Trois rhapsodies slaves, op. 45, 1878
il s’agit d’une composition Georges Enesco : Rhapsodies roumaines n° 1 et n° 2 opus 11, 1901
de style très libre, sans George Gershwin : Rhapsody in Blue, pour piano et orchestre, 1924
structure caractérisée, qui Leoš Janáček : Tarass Boulba, rhapsodie pour orchestre, 1921
fait appel à des thèmes ou Édouard Lalo : Rhapsodie norvégienne, 1879
des chants populaires et Franz Liszt : Rhapsodies hongroises, Rhapsodie espagnole, Rhapsodie
traditionnels. roumaine…
Maurice Ravel : Rapsodie espagnole, suite pour orchestre, 1907-1908
Camille Saint-Saens : 3 Rhapsodies sur des cantiques bretons - Rhapsodie
d’Auvergne
f - La musique folk aux États-Unis (le folksong)
Le répertoire qualifié de “folk” s’établit d’abord dans les pays de langue anglaise et s’applique à la
musique populaire traditionnelle essentiellement transmise par voie orale. Il faut noter que le terme
folk possède la même origine que le mot allemand “volk” (= nation) pour désigner le peuple d’où
cette référence naturelle à la musique populaire qui, de façon elliptique, deviendra “musique pop”.
f1 - Les origines de la musique folk
C’est en grande partie grâce aux travaux de collectage entrepris sur le sol américain par John Lomax
(1867/1948) et poursuivis par son fils, Alan (1915/2002) que nous disposons aujourd’hui d’éléments
concrets pour établir les bases d’une histoire de la musique populaire des USA. Ce collectage s’est
d’abord matérialisé sous forme de partitions relevées à la main avant l’utilisation de moyens
techniques mobiles qui fixent leurs captations (cylindres, phonographes, magnétophone…). C’est
ainsi que des milliers de chansons “de cow boys”, mais aussi des chansons de travailleurs dans les
plantations, dans les prisons ou sur les chantiers de chemin de fer sont répertoriées dans les
archives de la bibliothèque du Congrès de Washington.
Deux photos prise par J. Lomax au cours de ses tournées de collectage
à travers les États-Unis - Library of Congress
John Lomax - ≈ 1935 Danse au Mountain Music Festival - Asheville, Caroline du Nord
The Bog Trotters Band
1937 - Groupe de musiciens folk et leurs
instruments (violons, guitare, banjo et
autoharpe) jouant de la musique
traditionnelle des Appalaches (old time).
Cette musique est née de l’influence
exercée par celles des îles britanniques (en
particulier d’Écosse), d’Afrique et du blues
des premiers Afro-Américains.
Les émigrants issus de toute l’Europe sont
arrivés sur le Nouveau Continent porteurs
de leurs cultures et de leurs musiques.
Ces éléments se sont largement métissés,
mais certaines chansons et mélodies ont
survécu dans les répertoires folkloristes
puis revivalistes.
Le bluegrass s'est développé dans les
années 1940 à partir d'un mélange de
plusieurs styles de musique, dont la
musique old-time, la country et le blues.
f2 - Les grands noms du folk américain
Le concept de musique folk apparaît entre les deux Grandes guerres aux USA. Il est incarné par un
certain nombre d’artistes qui revendiquent leur volonté de faire revivre, en les adaptant ou les
arrangeant, les musiques populaires et traditionnelles attachées à leur pays d’origine. Ce répertoire
est en général porteur de valeurs vertueuses, en termes de morale et de justice. On peut citer 3
grandes figures considérées comme les pères-fondateurs du mouvement “folk” américain :
- Huddie Ledbetter (Leadbelly) (1889/1949). Souvent considéré comme un troubadour moderne
insoumis et rebelle, il évolue dans un milieu violent entre la Louisiane et le Texas. De fait, son
penchant pour la bagarre le conduit plusieurs fois en prison entre 1918 et 1930. En 1932, grâce à
John Lomax qui découvre ses extraordinaires capacités musicales dans le pénitencier où il est
détenu, il peut être libéré et entamer une carrière artistique faite de hauts et de bas.
- Woody Guthrie (1912/1967). Chanteur, guitariste et harmoniciste, il utilise volontier le fonds de
répertoire traditionnel comme moteur de revendications contre l’injustice sociale ou le fascisme. Sa
chanson phare, This Land is your land, est devenue le symbole de l'identité américaine.
- Pete Seeger (1919/2014). Issu d’une famille puritaine engagée dans le communisme, Pete
s’inspire beaucoup des collectages des Lomax pour s’approprier des chansons tirées du fonds
traditionnel. D’abord pacifiste, son répertoire revêt progressivement un caractère antifasciste puis
militant pour appeler l’entrée en guerre des États-Unis contre les Nazis. Par la suite, accompagné
de son banjo ou de sa guitare, il devient le porte-parole de la contestation folk américaine à
l’encontre du capitalisme, du fascisme et du conformisme. Ainsi il défend les grèves de mineurs
(Which Side Are You On ?), la lutte pour les droits civiques (We Shall Overcome) ou dénonce la
guerre au Vietnam (Study War no More). Opposé à toute forme d’hégémonisme, il est resté célèbre
pour une formule adressée aux musiciens européens : “Ne vous laissez pas coca-coloniser !”
Leadbelly et sa femme - 1935
Woody Guthrie - 1943 - Noter la phrase apposée sur
le corps de sa guitare : “This machine kills fascits”
Pete Seeger et son fameux banjo, en 1955.
Photos Library of Congress
f3 - La folk revival music
à partir du milieu du XXe siècle, d’autres artistes poursuivent, à leur manière, cet engagement
stylistique ou politique : The Kingston Trio, Bob Dylan et Joan Baez en particulier.
Les années sixties marquent un virage dans l’esprit folk traditionnel avec, en particulier
l’électrification des guitares qui scelle l’arrivée du genre “rock-folk” dans lequel s’illustrent les groupes
The Byrds, les Mamas and Papas, The Turtles ou encore Buffalo Springfield. Bob Dylan lui-
même cède à cette évolution, ce qui provoque quelques remous de la part des “puristes”. D’autres
noms comme Tracy Chapman, Bruce Springsteen, et plus récemment, Bonnie Prince Billy,
Valerie June et Moriarty perpétuent cette tradition témoin de l'histoire musicale des États-Unis.
Joan Baez et Bob Dylan - U.S. National Archives and Records
Administration - 1963 The Mamas and the Papas - de gauche à droite
Michelle Phillips, Cass Elliot, Denny Doherty, John
Phillips.
Tracy Chapman - Cactus Festival 2009 - Bruges Bruce Springsteen - Roskilde Festival 2012
(Belgique) © Hans Hillewaert - CC BY-SA 4.0 © Bill Ebbesen - CC BY-SA 3.0
Les musiques “néo-traditionnelles” ou world music
Au cours du XXe siècle, portées par le phénomène de mondialisation, par le développement
des nouvelles technologies (disque, radio, télévision…) mais surtout par l’accélération de la diffusion
et l’accès à un public de plus en plus large, de nouvelles formes musicales associant tradition et
création apparaissent dans le paysage musical. Loin d’être incompatibles, ces deux notions (tradition
et création) constituent le ferment propice à l’éclosion de nouveaux genres qui, eux-mêmes, obtiendront
au fil du temps le statut de traditionnel.
C’est le cas, en particulier de la musique fusion, locution générique aux contours assez flous, qui
qualifie le mélange d’un élément rythmique, mélodique ou instrumental traditionnel avec un ou plusieurs
autres genres créés ou déjà existants.
Ainsi, à partir des années 1920, la salsa constitue l’exemple le plus emblématique d’un mixage de
rythmes traditionnels cubains (ou des Caraïbes en général) avec la musique jazz américaine.
Ce phénomène d’hybridation, de captation et d’appropriation s’est progressivement accentué à partir
du milieu du XXe siècle pour marquer une véritable explosion des métissages musicaux.
Dès lors, cette tendance concerne de nombreux styles, dans le domaine populaire en particulier. Parmi
les exemples récents les plus marquants, on peut évoquer :
• funk + soul + pop = disco
• calypso + mento + jazz = ska
• soul + calypso = soca…
Boogaloo : ce terme désigne les musiques et danses latines populaires Le Palladium était un
aux États-Unis dans les années 1960. Ce style, particulièrement apprécié dancing de deux étages
par les adolescents hispaniques et latino-américains, correspond à une à New York capable de
fusion de rhythm and blues (R&B) afro-américain, de musique soul ou contenir environ deux
encore de twist avec des chansons en langue anglaise ou en espagnol . mille personnes. Située
à l'angle de Broadway et
de la 53e rue dans
Manhattan cette salle
est devenue le rendez-
vous incontournable de
tous les amateurs de
manbo qui venaient
écouter leurs vedettes
tels : Machito, Tito
Puente, Tito Rodriguez
et Jose Curbelo.
à sa fermeture, une
autre salle, El Corso,
prend le relais et c’est
au tour du boogaloo
d’enfiévrer les foules !
Répétition d’un groupe de salsa - Johnny Colon School of Music - New York
Johnny Colon est un musicien américain de salsa, leader du Johnny Colon Orchestra et
fondateur de l'East Harlem Music School, également connu comme un contributeur majeur
du son boogaloo des années 1960.
Photo Library of Congress
2 - Les musiques traditionnelles du monde
Partout dans le monde, et particulièrement dans les rares territoires à l’abri des influences
“extérieures”, les musiques qualifiées par l’Occident de traditionnelles constituent les
manifestations authentiques et originales, qui, à travers leurs rites et coutumes, affirment l’identité
d’un village, d’une ethnie, d’une région ou d’un pays. Dans l’approche de ces pratiques,
l’ethnomusicologie, science qui étudie et compare toutes les formes de musiques traditionnelles
dans le monde, ne fait pas de différence entre le domaine populaire et le domaine savant sachant
que la musique savante occidentale ne rentre pas dans son champ d’analyse.
De ce fait, s’il existe une diversité bien vivante et facilement palpable dans toutes les cultures et
civilisations, c’est bien celle établie par ces musiques traditionnelles. Pourtant à l’heure de la world
music issue de la mondialisation, un constat s’impose : il devient de plus en plus difficile de fixer les
limites d’une définition claire et précise de cette notion. Nous qualifierons donc de “traditionnel” le
lien privilégié qui unit le présent avec le passé et permet, dans les sociétés les plus épargnées par
l’abrasion de la modernité, leur transmission aux générations futures.
La musique traditionnelle constitue donc ce qu’on appelle un patrimoine immatériel*. œuvre issue
du génie d’un individu anonyme ou résultat d’une création collective, témoignage d’une expression
originale ou fruit d’un métissage interculturel, il s’agit, très majoritairement, de créations en constante
évolution, non fixées par l’écriture
Par ailleurs, les musiciens traditionnels sont, pour la plupart, non professionnels. En effet, ils
partagent fréquemment leur fonction avec une autre activité assurant leur subsistance matérielle
ainsi que celle de leur famille. Cependant, dans certaines cultures du monde, ces chanteurs et/ou
instrumentistes sont professionnels et peuvent même constituer des castes**. Un tel statut leur
assure une forme d’exclusivité dans leur domaine, ce qui se traduit par une charge souvent
héréditaire. C’est notamment le cas en Afrique occidentale où les griots*** bénéficient d’un grand
prestige doublé d’importants pouvoirs.
Massaïs du Kenya, derviches d’Istanbul,
gamelan de Bali…
3 manières différentes de perpétuer les
traditions dans le monde !
Photos Pixabay
a - Évolution et devenir de la musique traditionnelle (ethno)
Comme précédemment évoqué, la mondialisation indissociable de la société de consommation,
l’expansion des moyens de communication et l’apport des technologies modernes jusque dans les
endroits les plus reculés de la planète ont profondément influencé les mentalités et les structures
d’un grand nombre de sociétés au mode de vie traditionnel. Ces évolutions ont plus ou moins
modifié, voire mis en péril, les fragiles équilibres de certaines organisations de vie sociale, culturelle
ou religieuse…ainsi que les rôles et fonctions des musiques issues de la tradition.
Ainsi, le développement du phénomène d’industrialisation touristique à la recherche “d’authenticité
exotique”, conduit à certaines dérives assez révélatrices. En Afrique de l’Ouest par exemple, on
organise deux ou trois fois par jour, à l’occasion du passage du car de touristes, la reconstitution
de funérailles. Traditionnellement, la musique et la danse, chargées d’intentions et de symboles
bien codifiés, tiennent une place importante lors de la célébration d’un tel événement. Sortie de son
contexte initial, la cérémonie devient alors un spectacle dans lequel sont privilégiées les
performances des joueurs de djembés, des balafonistes et des danseurs. Tout naturellement, ces
derniers se prêtent de bon gré à ce détournement qui leur assure un revenu non négligeable…
mais toute la portée sacrée de la future cérémonie de funérailles s’en trouvera nécessairement
pervertie.
De plus, même dans les sociétés où persiste une forte empreinte des valeurs traditionnelles, les
jeunes générations sont confrontées à de nouvelles valeurs, notamment celles fondées sur l’argent
et l’acquisition de bien matériels en liaison avec les avancées technologiques. De ce fait la
perception de leurs traditions revêt un côté passéiste au regard des progrès et facilités apportés
par la modernité. Ces bouleversements ont entraîné une importante scission entre les générations
qui perturbe nécessairement le processus de transmission oral. De ce fait des milliers de formes
séculaires de pratiques vocales ou instrumentales risquent de disparaître. En effet, même si, grâce
aux outils de captation sonore (magnétophone, disques, CD, enregistrements numériques…), ces
pratiques survivent dans la mémoire des hommes, l’esprit originel qui les animait ainsi que leurs
rôle et fonction se sont souvent volatilisés.
Compte tenu de ces éléments, on comprend facilement pourquoi le statut de musique traditionnelle
épouse naturellement le contexte d’une époque soumise à une rapidité d’évolution des
comportements et des techniques sans équivalence dans l’histoire.
VOCABULAIRE
Ethno : caractérise les musiques traditionnelles non occidentales.
*Patrimoine immatériel : ensemble des cultures, coutumes, traditions et savoir-faire faisant partie
du patrimoine culturel.
**Caste : chez certains peuples, il s’agit d’une division héréditaire de la société en principe
rigoureusement fermée dans son organisation, ses usages, ses droits propres et dont la distinction
hiérarchique est généralement déterminée par le genre d'activité. Ainsi, la caste des Bramanes, des
guerriers, des marchands, des agriculteurs. La notion de caste est abolie en Inde depuis la
Constitution de 1950, mais cette organisation sociale persiste dans les faits.
***Griot : personne spécialisée dans les louanges et la déclamation de récits historiques ou des
généalogies. Un griot appartient à la caste des djéli ; il transmet son savoir à un de ses descendants.
à retenir En Occident, on qualifie de traditionnelles les musiques issues de la culture
populaire tout en les associant à une zone géographique déterminée.
Les pratiques traditionnelles sont la manifestation originale de rites et de coutumes
qui affirment l’identité d’un village, d’une ethnie, d’une région ou d’un pays…
Ces musiques, chansons, contes et légendes transmis oralement de générations en
générations ont fait l’objet de collectages, par des chercheurs soucieux de les re-situer
historiquement, géographiquement et culturellement dans leur contexte. à la différence du folklore
qui s’attache à reconstituer “à l’identique” ces émanations du passé (usage d’instruments et de
costumes d’époque), la tradition n’hésite pas à inscrire ces pratiques dans la contemporanéité.
Cela étant, lorsque l’on parle de musiques traditionnelles du monde on pense en priorité à celles
de certaines régions du monde n'ayant subi quasiment aucune influence extérieure.
Exercices Exercice 1
Comment s’appelle le travail méthodique et consciencieux de nombreux chercheurs ou
de compositeurs pour retrouver les musiques et danses traditionnelles ?
a) la collecte b) la collectionnite c) le collectage
Exercice 2
Comment s’appelle, aux États-Unis, le mouvement qui consiste à faire revivre, en les adaptant parfois,
les musiques populaires et traditionnelles attachées à ce pays ?
a) le jazz b) le rock c) le folk d) le hip hop
Exercice 3
Choisir la (les) bonnes définitions qui correspondent à la musique traditionnelle ?
a) La musique traditionnelle est par nature une musique vivante, évolutive au gré des
transmissions successives.
b) La musique traditionnelle ne s’écoute que dans un théâtre.
c) La musique traditionnelle se caractérise avant tout par sa transmission orale.
d) La musique traditionnelle est jouée par un orchestre symphonique
Exercice 4
Nommer quelques danses traditionnelles de France.
Exercice 5
Pouvez-vous nommer quelques danses ou chansons traditionnelles de votre région ?
Exercice 6
Nommer quelques compositeurs qui ont cherché l’inspiration dans les musiques traditionnelles de
leur pays.
Exercice 7
Nommer quelques artistes américains reconnus dans le domaine de la folk music.
Danse rituelle
©photo Kersalé
photo©Pixabay Le Lac des cygnesVIII LA DANSE
1 - UNE ACTIVITÉ SOCIALE
A - Historique
B - Naissance des bals publics
C - Les bals mondains
D - Les cabarets et le cancan
E - Bal musette ou discothèques ?
2 - LE BALLET
• Le ballet de cour
• Le ballet classique
• La modern dance
• La danse néo-classique
• La danse contemporaine
• La jazz dance
LA MUSIQUE ET LA DANSE
1 - UNE ACTIVITÉ SOCIALE
QU’EST-CE QUE LA DANSE ?
Généralement accompagnée de musique, la danse désigne une
suite de gestes et de mouvements corporels exécutés
individuellement, en couple ou collectivement dans un but
récréatif, esthétique ou rituel.
Présente depuis la nuit des temps dans toutes les sociétés humaines, cette pratique évolue en
fonction de chaque époque pour obéir à des règles et des codification élaborées en fonction du
contexte social, religieux, populaire, aristocratique ou artistique…
On appelle chorégraphie, l’art de mettre en scène et de régler l’ensemble des pas, figures et
mouvements d’un ballet.
A - Historique
à l’aube de l’humanité, il est vraisemblable que nos lointains ancêtres ont trouvé dans
le geste et le mouvement les premiers supports de communication. Initialement
sauvage, brut et désordonné, ce langage corporel s’est progressivement discipliné
pour répondre à une probable volonté esthétique tout en revêtant un caractère
magique ou rituel de plus en plus prononcé. Le ciel et les mystérieux phénomènes qui en émanent
constituent vraisemblablement les dédicataires initiaux de leurs dévotions. Utilisent-ils la danse
comme vecteur pour s’attirer les bonnes grâces d’une force supérieure qu’ils ne cernent pas, comme
médiateur incantatoire pour provoquer la pluie, pour éloigner les dangers ou pour améliorer leurs
conditions de vie ? Difficile de se prononcer !
La danse et les peuples anciens
Certaines fresques du Néolithique donnent à penser que l’expression corporelle était déjà bien
présente à cette époque de l’humanité. Par ailleurs, les peintures, bas-reliefs et hiéroglyphes
égyptiens nous permettent de comprendre l’importance de la danse aux différentes époques
pharaoniques. Il semble que cette discipline s’exerce à l’occasion de cérémonies associées à un
sanctuaire ou lors de festivités mêlant sacré et profane.
Les sépultures égyptiennes sont souvent ornées de personnages en train de danser parfois dans
des postures à valeur symbolique (raison pour laquelle on a souvent qualifié ces manifestations de
danses astrales).
Peinture rupestre de la Roche des Maures - Catalogne Danseuses nues lors d'un banquet funéraire - tombe de
Espagne) ≈ 6000 av J-C Nebamon, ≈ 1350 avant notre ère, Nouvel Empire
Chez les Grecs, la danse a un statut de science régie par une gestuelle et des
chorégraphies rigoureusement codifiées. On pratique cet art comme distraction
lors de diverses manifestations mais également comme moyen d’honorer les
dieux en leur offrant un spectacle de beauté et d’harmonie. Pour les dirigeants,
la danse est source de santé et de vigueur ; elle fait partie de l’éducation des
jeunes mais aussi de la formation militaire. De même, les principaux chroniqueurs
ou auteurs sont unanimes à reconnaître ses bienfaits physiques et ses vertus
morales.
Dans la mythologie, Terpsichore, muse de la Danse, est souvent représentée avec
une lyre dans la main.
La pyrrhique : une danse guerrière grecque
C’est à Pyrrhus 1er (≈ 318 av. J.-C. / 272) que cette danse religieuse et
martiale doit son nom. Il s’agissait d’une danse appréciée à Sparte et en
Crète puis importée à Rome, exécutée le plus souvent au son de la flûte et
sur un mode rapide par des hommes en armes simulant un combat (envois
de lances, parades, chute, mort…). Les Spartiates initiaient déjà les enfants
de cinq ans aux figures de la pyrrhique.
Chez les Étrusques et dans la Rome Danseurs de la Tombe du Triclinium, fresque de la
antique. Les grands auteurs latins n’ont de Nécropole de Monterozzi (détail), vers 470 av. J.-C.
considération que pour les danses à vocation Musée national étrusque de Tarquinia, Italie.
militaire ou sacrée destinées à célébrer les
héros et les dieux. En revanche, ils se
montrent plus véhéments à l’égard des
pratiques licencieuses en place à Rome où les
fameuses dionysiaques grecques s’exercent
sous le nom de bacchanales. Au début, seules
les femmes participent à ces festivités
dansées, mais par la suite les hommes les
rejoignent. Cette promiscuité engendre de tels
débordements et scandales que le Sénat doit
interdire certaines célébrations.
• De l’Antiquité au Moyen Âge
En Gaule, les grandes villes plus que les campagnes, accordent une bonne place aux danses
d’origine romaine. Après l’invasion des hordes barbares, leurs pratiques se soumettent peu à peu
à l’occupant qui favorise ses coutumes propres, sans toutefois éradiquer celles déjà en place. De
son côté, le culte chrétien, dans un souci “clientaliste” mais aussi mû par la volonté de lutter contre
les traditions druidiques et les rites barbaresques, encourage la présence de chorégraphies lors de
la célébration des Mystères*. Cela étant, si les fidèles dansent d’abord en l’honneur de Dieu,
insidieusement, la permissivité et la débauche conduisent, vers la fin du VIe siècle, évêques et
théologiens à condamner certaines pratiques. En 744, le pape Zaccharie abolit ces manifestations
indécentes tandis que la royauté les qualifie “d’œuvres impies” et les bannit de tous les lieux publics.
• Danses populaires et nobles au Moyen Âge (cf. chapitre sur la musique du Moyen Âge)
Si dans les châteaux, les églises ou les places publiques des villes les décrets et ordonnances
d’interdits promulgués par les rois et les papes, parviennent plus ou moins à s’exercer, il n’en est
pas de même en milieu rural populaire. On imagine que dans les villages ou dans les champs,
vilains et serfs ignorent ces injonctions et continuent à se livrer à des danses simples au caractère
pastoral. On sait qu’à partir du XIe siècle, il s’agit en général de rondes, de branles ou de
farandoles qui permettent aux paysans et villageois de parcourir les prairies et les bois en se tenant
par la main tout en chantant.
Ces divertissements populaires prennent prétexte de tout événement : fêtes patronales, célébrations
agraires, veillées des grandes cérémonies religieuses… Au départ, la danse, dédaignée par les
hommes, est d’abord réservée aux femmes. Mais progressivement les choses évoluent et la mixité
s’installe. En parallèle, dans la haute société, à partir des XIIe/XIIIe siècles, dames et chevaliers
forment des chaînes ou des rondes (caroles) orchestrées par leurs propres chants et battements
de pieds ou de mains, avant de bénéficier d’un accompagnement instrumental.
Carole - Allégorie et effets du bon gouvernement (détail) - 1338-1340 - fresque ,
Palais Communal de Sienne
Même si nous ne savons que très peu de choses des chorégraphies utilisées avant le XVe siècle,
on peut penser qu’il s’agit, la plupart du temps, de danses en chaîne.
Indépendamment du branle et de la carole, on peut citer :
-/ l’estampie (de l’italien stampare = taper du pied),
-/ la ductia, au tempo rapide, se joue sur un rythme ternaire marqué,
-/ la saltarelle qui, comme son nom le suggère, indique la présence de sauts…
*Pièces de théâtre dont les sujets sont empruntés à l'Ancien et au Nouveau Testament, ou encore à la Vie des Saints.
Petit à petit, les seigneurs qui voyagent importent dans leurs fiefs les pratiques raffinées et élégantes
qu’ils découvrent loin de leurs bases. Dans les châteaux, on invente alors des formes de danses à
structure variable. La danse “mesurée” associe musique et poésie avec une recherche d’équilibre
et de raffinement. Richement et lourdement vêtues, les femmes ne peuvent pas se livrer à des pas
élaborés ou aériens ; elles pratiquent “la basse danse” en faisant glisser leurs pieds sur le sol tout
en les battant légèrement. Les hommes, quant à eux, se livrent à des pas plus élaborés et sautés
(on parle alors de “haute danse” !) par exemple à travers la saltarelle.
• La Renaissance, héritière des danses médiévales, les transforme et les multiplie. (cf. chapitre
sur “Les Temps Modernes : la Renaissance”)
Le duo pavane - gaillarde remplace l’association basse danse - saltarelle, en y ajoutant bien
d’autres mouvements : l’allemande, la courante, la volte, etc. Toutes ces danses de couple
possèdent une spécificité et une originalité qui donneront naissance à la suite de danses avec
alternance d’un mouvement rapide avec un mouvement lent.
Les danses de la suite
La pavane, danse de cour lente, noble et gracieuse, se
distingue par le fait qu’elle alterne les pas en avant et en
arrière. La gaillarde, à trois temps vifs, lui succède
habituellement dans les suites. L’allemande, dont l’origine
géographique ne fait pas de doute, s’exécute avec gravité et
solennité.
La courante, de mesure ternaire et de tempo plutôt vif (moins
rapide toutefois que ce que son nom laisse supposer) se situe
ordinairement dans la suite de danses classiques, précédée
par l’allemande et suivie par la sarabande (au tempo lent
malgré son nom). La volte, originaire de Provence, vive et
tournoyante, pratiquée aussi bien à la cour qu’à la ville, serait
l’ancêtre de la valse.
L’Orchésographie Pied croisé droict La volte - Bal à la cour des Valois
En 1589, Thoinot Arbeau (anagramme de (détail), anonyme français, vers 1580.
Jehan Tabourot, chanoine de Langres) 2e moitié du XVIe s. Musée du Louvre
publie un traité intitulé l’Orchésographie.
Cet ouvrage décrit avec précision la plupart Révérence
des danses pratiquées au XVIe siècle en
assortissant les textes de quelques dessins
pour illustrer les pas et positions à adopter,
parfois en parallèle avec la partition.
Pour rendre son objectif aussi attractif que
pédagogique, l’auteur utilise un procédé
original en mettant en scène un jeune
homme, Capriol, qui l’interroge et sollicite
ses conseils.
Pieds largis oblique gaulche
• En France, c’est au XVIIe siècle que la pratique dansée atteint probablement son apogée. On sait
que, pour Louis XIV, elle constitue un outil d’affirmation du pouvoir, en particulier à l’égard de la
noblesse. Pour suivre l’étiquette, tout courtisan doit pouvoir tenir son rang lors des danses de cour.
Tempos ou mouvements Tempos ou mouvements
de quelques danses lentes… de quelques danses vives…
• allemande : sorte de danse-promenade par couple. • canarie : tempo rapide, en avant puis à reculons
• courante : noble et retenue. Elle se danse sur des pas • bourrée : joyeuse et rapide, elle se danse en couple
glissés en diagonale, par couple. • gavotte : un peu enlevée, elle se danse en ligne ou
• chaconne : grave, se danse avec les bras largement en cercle.
étendus et des pas glissés • gigue : d’un mouvement vif et gai
• forlane : danse noble, lente et grave • menuet : danse galante, gaie, légère et rapide
• loure : d’un mouvement lent et grave • passepied : danse vive, plus rapide que le menuet
• passacaille : grave et pompeuse • rigaudon : rapide et gaie, se danse en couple
• pavane : lente et grave, aux pas glissés • tambourin : plus rapide que la bourrée et le rigodon
• sarabande : tempo de plus en plus lent, lui donnant • tourdion et gaillarde : 2 danses rapides
un caractère majestueux, voire mélancolique.
• Le long règne de Louis XV marque aussi l’apogée du menuet, et à un degré moindre celui de la
gavotte, à la cour comme dans les salons. Le passe-pied, la bourrée et, à partir de 1745, la
contredanse sont également très en vogue. On fait même de la gavotte la danse préférée de Marie-
Antoinette (épouse de Louis XVI).
B - Naissance des bals publics
Déjà présents à l’époque médiévale, les bals masqués (mascarade) deviennent de plus en
plus populaires à la Renaissance et adoptent le style italien (maschera).
Lorsque le régent, Philippe, duc D’Orléans, le 31 décembre 1715 organise à l’Opéra le Grand bal
de l’Opéra, le grand veglione de l’Opéra (le réveillon) le succès est fulgurant. Il autorise alors la
tenue de bals masqués publics à l’Opéra durant la période du carnaval, une institution qui se
prolongera pendant près de deux siècles et qui constituera l’origine des bals publics.
Dès lors, se créent des établissements, des parcs et des jardins publics d’agrément où, moyennant
finance, chacun peut se livrer au plaisir de la danse : citons le Jardin Ruggieri (1766), le Colisée,
aux Champs-Elysée (1771), le Ranelagh (1774)… Si ces pratiques sont encore celles de l'élite
sociale, elles ne sont plus seulement réservées à l'aristocratie !
Un bal masqué médiéval Un bal masqué à l’opéra au XIXe
Le Bal des Ardents - ≈ 1470 - Enluminure de Jean Froissart Bal masqué à l'opéra - 1873 - (détail) Édouard Manet
- British Library (1832/1883) National Gallery of Art
La pratique dansée, de la Révolution jusqu’au XIXe siècle
La Révolution ouvre une nouvelle ère pour la musique et la danse qui deviennent des instruments
de propagande pour les idées républicaines soutenues par la spontanéité populaire incarnée par
La Carmagnole ou le ça ira !
Dans leur volonté de vouloir réunir le peuple tout entier dans un même sentiment d’allégresse et de
reconnaissance pour célébrer la Révolution, les dirigeants organisent de grandes fêtes. Le 14 Juillet
1790, la Fête de la Fédération rassemble au Champ-de-Mars une foule immense qui chante et
danse malgré la pluie. Les délégations de différentes provinces présentent des danses locales avant
qu’une gigantesque farandole ne rassemble toutes ces régions, symbolisant ainsi l’unité de la patrie.
Robespierre participe activement, avec le peintre David, à la création de l’un des plus fameux ballets
ambulatoires à l’occasion du culte de l’être-Suprême. L’objet principal de ces manifestations marque
la volonté de traduire les sentiments du peuple par le langage du geste et des attitudes corporelles.
Les chanteurs et danseurs de l’Opéra figurent en tête de ces ballets, chantant des hymnes
patriotiques mêlés de cantates.
Après la Terreur, une véritable frénésie de liberté s’empare des Français comme pour évacuer les
années de crainte et d’angoisse. Un peu partout, on improvise des salles de bals, avec des
orchestres modestes, que fréquentent les gens du peuple, les employés ou les ouvriers.
La bonne compagnie se retrouve dans des hôtels plus luxueux où la contredanse, la valse et la
gavotte s’avèrent les danses les plus prisées.
Ici l'on danse - Vers 1790 - Vue de la décoration et illumination faite sur le terrain de la Bastille pour
le jour de la fête de la Confédération / Française le 14 juillet 1790. Anonyme - Musée Carnavalet, His-
toire de Paris
C - Les bals mondains
Les années 1830 marquent l’apogée des bals mondains. Ce succès tient avant tout à la faveur
extraordinaire que connaît la valse dans tous les salons. On l’a vu précédemment, cette pseudo
danse nouvelle prend ses racines dans la volte (qui remonte à Henri III), et que Thoinot Arbeau
décrivait, au XVIe siècle, comme une “danse de deux personnes dans un mouvement tournant” ce
qui correspond à la spécificité de la valse.
Outre la valse, le galop trouve, à un degré moindre, la faveur de la société parisienne de l’époque.
En 1844, une nouvelle danse, originaire de Bohême, fait une apparition remarquée : la polka. Même
si l’aristocratie la boude un peu, la bourgeoisie et le peuple l’adoptent avec enthousiasme dans la
capitale. Dès lors, elle subit toutes sortes de métamorphoses qui se traduisent par autant de
variations et d’adaptations chorégraphiques. Ce succès envahit bien vite la province et dans les
villages comme dans les plus petits hameaux, filles et garçons se réunissent pour danser.
Cependant, indépendamment de ces nouveautés qui touchent ce public rural, on n’abandonne pas
pour autant les anciennes pratiques. Ainsi, la traditionnelle ronde se maintient, comme un peu
partout en Europe, au même titre que la farandole, la bourrée ou le quadrille…
Sous divers noms toutes ces danses épousent l’âme d’une région, d’un peuple ou tout simplement
le caractère et l’humeur de tout individu. La contredanse, dit-on à l’époque, convient aux caractères
sanguins, le galop aux bilieux, la valse aux lymphatiques, la polka aux nerveux et aux passionnés…
La valse à Mabille - Barry Gustave-Edward
(dessinateur lithographe) - Musée Carnavalet
Fondé en 1831 par un professeur de danse, le
père Mabille, ce bal en plein air était à ses
débuts destiné aux élèves du professeur de
danse. Il fut élargi en bal ensuite et pouvait
accueillir près de 3000 personnes. Les
participants venaient danser et s’amuser dans
un décor de palmiers articiels, de bosquets, de
grottes, d’un théâtre de verdure… le tout
éclairé, la nuit, par des becs de gaz suspendus
aux arbres.
La valse
Il s’agit d’une danse généralement écrite sur une mesure à 3/4 dans laquelle le couple enlacé
se déplace sur la piste en tournant sur lui-même (tour à droite : le couple danse dans le sens des
aiguilles d'une montre - le tour à gauche, donc dans l’autre sens, est plus difficile à réaliser !).
à pas rapides (tempo compris entre 110 et 180 battements par minute), il s’agit d’une valse
classique : la valse de Vienne. Encore plus rapide, lorsque le couple tournoie sur une petite
surface, bien serré pour ne pas se perdre, c’est la fameuse valse musette sous sa forme dite de
“la toupie”. En revanche, la valse anglaise est bien plus lente.
Quelques exemples pour comparaison :
• Valses viennoises
Lorelei Rhein Klänge Walzer op.154 - Johann Strauss Père
Le Beau Danube bleu - Johann Strauss fils
• Valses mises en ballets
La valse des fleurs de Casse-Noisette - Piotr Ilitch Tchaïkovski
Valse de la Belle au bois dormant - Piotr Ilitch Tchaïkovski
• Valses en chanson
La Foule - Édith Piaf
La Valse à mille temps - Jacques Brel
Les valses de Vienne - François Feldman
• Valses musettes
Les plus belles valses de l’accordéoniste Aimable
D - Les cabarets et le cancan
Vers la fin du XIXe siècle, les danses mondaines restent, à peu de choses près, ce qu’elles étaient
au milieu du siècle. La valse, la polka, la mazurka et la scottish gardent les faveurs des salons.
Mais à cette même époque de nouveaux établissements, où l’on pratique une toute autre forme de
danse, connaissent un succès foudroyant. Il s’agit des cabarets (comme le fameux Moulin-Rouge)
où se produisent des artistes hors normes pour qui la danse n’est qu’un prétexte pour s’exhiber
devant des parterres d’admirateurs enthousiastes, activité qui s’avère financièrement très rentable.
En effet, attirés par la renommée scandaleuse des lieux, des visiteurs étrangers huppés viennent
de très loin pour passer une soirée et s’encanailler dans ces établissements en tentant d’approcher
les étoiles du quadrille qui les font rêver.
De la province, les petits bourgeois et les nouveaux-riches goûtent aux plaisirs voluptueux de la
capitale et applaudissent, au bal Mabille, au Moulin Rouge, aux Folies Bergères … les évolutions
chorégraphiques de Nini-Patte-en-l'air, de la Môme fromage, de la Sauterelle ou encore de La
Goulue qui, avec Valentin le Désossé, sont de véritables icônes.
En province, on garde un esprit beaucoup moins sulfureux. Même si les danses “à la mode” de la
capitale s’immiscent dans les répertoires locaux, les pratiques chorégraphiques s’appuient sur un
fonds de tradition qui implique tenue et respect. Toutes les danses provinciales conservent leurs
spécificités tout en se dotant d’apports nouveaux qui enrichissent la tradition.
Portrait d'un danseur non
identifié, avec La Goulue, Grille
d'Égout et Valentin le désossé
Musée Carnavalet - Paris
Les origines du French can can
La musique de ce galop infernal est célèbre dans le monde entier, même si les noms de son compositeur et de
l’œuvre dont elle est issue restent souvent inconnus. Souvent associée à l’image d’une France frivole, volage et
canaille, cette mélodie endiablée est, en fait, tirée de l’opéra bouffe de Jacques Offenbach, Orphée aux Enfers.
D’origine populaire, ce “chahut-cancan” est né à Londres en 1868 avant de devenir la vitrine emblématique des cabarets
parisiens dans les premières décennies du XIXe siècle. Il s’agit initialement d’un galop festif pratiqué en couple dans les
bals ou dans les cabarets de la capitale. Vers 1830, les femmes vont progressivement revendiquer le droit de danser
seules, sans présence masculine. Dès lors, ce can can, parfois appelé coin coin, devient porteur d’une réputation diabolique
dans la mesure où les femmes adoptent des attitudes provoquantes que la morale condamne (levés de jambes qui
découvrent les jupons et culottes des exécutantes…). En 1831, le cancan est interdit mais cette mesure ne va faire
qu’augmenter la curiosité et l’intérêt d’un public avide de voir ces danseuses effrontées défier l’autorité. En 1850, la vedette
du Bal Mabille Céleste Mogador codifie la chorégraphie du can can pour lui donner une forme de respectabilité et de
reconnaissance artistique. Une année plus tard la danseuse Rigolboche invente de nouvelles figures qui accentuent encore
le côté scandaleux de la danse.
Lorsqu’en 1858, Jacques Offenbach conçoit le Galop infernal d'Orphée aux Enfers il s’inspire directement de l’extravagance
débridée et du rythme endiablé du can can qu’il a découvert avec gourmandise. Sa composition connaît alors un succès
international pour devenir le French can can.
E - Bal musette ou discothèque ?
à cette époque, la désaffection des bals publics coïncide avec l’essor des guinguettes le long de
la Seine et de la Marne qui voient débarquer du chemin de fer, les Parisiens en mal de nature et de
divertissement. En plus du service de restauration ou de débit de boissons, ces établissements
proposent des petits bals relativement bon marché, fréquentés par un public familial, d’ouvriers,
d’étudiants et d’artistes peintres qui ont immortalisé sur leurs toiles des scènes tout à fait réalistes.
Bientôt appelés bals musettes, on y danse la java ou la valse musette (valse plus serrée qui
nécessite moins de place) sur un accompagnement souvent réduit à l’accordéon.
Après la Première guerre mondiale, dans les cabarets parisiens, les orchestres de jazz attirent
une clientèle surexcitée en mal de réjouissances après des années de malheur. Les Parisiens
découvrent alors et adoptent les nouvelles danses importées par les soldats américains : boston,
matchiche (tango brésilien), cake-walk, charleston…
Au milieu du XXe siècle tout s’accélère… la jeunesse s’émancipe, les musiques se mondialisent
et nécessitent une sonorisation (pour le rock par exemple), les enregistrements sur disques
remplacent les musiciens et les discothèques fleurissent proposant les dernières tendances
(déferlement du disco, lui-même détrôné par l’électro et les Dj…).
• Le rock et autres danses du XXe et XXIe siècle
C’est dans la mouvance des années 1920/1930 aux USA, lorsque le jazz et le swing étaient très à
la mode et remplissaient de grandes salles de spectacle (le Savoy, le Coton Club…) qu’une nouvelle
danse apparaît : le lindy hop. Elle atteindra l’Europe en même temps que le boogie-woogie, à la
fin de la deuxième guerre mondiale.
Le hillbilly se pratique dans les Appalaches, dans ces années 1920/30. Il est issu d’un métissage
entre les musiques apportées par les émigrants irlandais et anglais et celles des cow
boys. Les instruments utilisés sont le violon (fiddle), la mandoline, le banjo, la guitare, la
guitare dobro, le dulcimer, l’autoharp. En fusionnant le country et le blues sur un tempo
de boogie, les chanteurs et instrumentistes inventent le rockabilly”. Lorsqu’Elvis
Presley sort en 1954 le single That's All Right Mama, le rockabilly est sur sa lancée.
La formation type “rockabilly” comporte généralement une guitare électrique, une
batterie réduite (caisse-claire, grosse caisse + 1 cymbale) et une contrebasse. Les
musiciens et le public, adeptes de cette musique, adoptent un habillement
caractéristique : blousons de cuir noir, coiffure “banane” pour les garçons, robes
légères ou pantalons corsaires pour les filles.
Le rock’n’roll
On fait généralement du disc jockey américain Alan Feed l’inventeur de la formule
“rock’n’roll”. En effet, il aurait utilisé cette terminologie pour la première fois, en
1951, dans le titre de son émission de radio The Moon Dog Rock’n’Roll House
Party.
Dans l’argot noir de l’époque, le terme “rock” est porteur d’un double sens puisqu’il signifie à la fois
“faire la fête” et “faire l’amour” ; l’ajout du verbe “roll” (= rouler) ne fait qu’accentuer les interprétations
précédentes.
Le style rock, héritier du rock’n’roll des années 1940 correspond à un compromis entre blues et
rhythm’n blues des Noirs avec musique country des Blancs. Même si le groupe blanc de Bill Haley
(1925/1981) & the Comets avec son titre Rock around the Clock (1954) signe le premier “tube
planétaire rock”, même si le “King” Elvis Presley (1935/1977) reste l'artiste solo à avoir vendu le
plus d'album de toute l'Histoire de la musique (entre 600 millions et un milliard), trois grands artistes
noirs vont également marquer de leur talent les débuts du rock : Chuck Berry (1926/2017), Little
Richard (1932/ 2020) et Fats Domino (1928/2017).
Le disco
Le courant disco fait fureur dans l'Amérique des années 70, à la manière du rock des années 1960.
Entre les années 50 et 80, ce cocktail musical de funk, de soul et de pop, enrichi par une
orchestration électronique de cordes et de cuivres puis de synthétiseurs… fait danser, avec des
déhanchements plus que suggestifs, sous les boules à facettes des discothèques, toute une
génération de noctambules vêtus de jeans pattes d'éléphant, de chemises ouvertes, de bottes
cuissardes, de jupes mini, de collants rayés et autres accessoires d’un mauvais goût assumé… !!
Le hip hop (cf. chapitre VII - D Le hip hop - le rap)
Cette appellation générique s’applique à un vaste mouvement culturel, musical et
artistique urbain qui prend son essor dans les revendications contestataires de la jeunesse
noire new yorkaise, au début des années 1970. Étymologiquement on accorde à Hip le sens de “être
dans le coup” (c’est-à-dire s’exprimer avec les codes de la rue) et à hop le fait de “bondir“ (autrement
dit d’être en action). La mouvance hip hop englobe différentes disciplines, parmi lesquelles :
- la musique qui devient vite le porte-voix, volontiers provocateur, d’une population défavorisée qui
dénonce les discriminations et injustices dont elle est victime (dont le rap),
- le graffiti, manifestations sous forme de peintures faites à l’aide de bombes aérosols, dans l’espace
public de la ville (murs, métro, trottoirs…) ; il faut distinguer le graffiti, devenu “art de la rue” du tag
“agresseur et dérangeant” qui se réduit à une simple signature dans le but de marquer un territoire.
- la danse dite hip hop, initialement amalgamée à celle issue du jazz-rock, relève d’une pratique
street art spontanée et “underground”. Il s’agit probablement d’un transfert de comportement destiné
à servir d’alternative pacifique aux rixes violentes de bandes rivales (ce qui explique l’existence des
fameux “fights” ou affrontements sur le seul terrain chorégraphique). La danse hip hop laisse une
grande liberté d’action et de création à ses pratiquants. Elle s’appuie cependant sur différents styles
plus ou moins codifiés, dont le locking (référence au funk-style) ou le poping (ou electric boogaloo,
smurf …). La break dance désigne un style qui s’applique aux
enchaînement de mouvements spectaculaires pratiqués au sol.
Le new style,comme son nom le laisse supposer, propose de nouveaux territoires d’explorations
chorégraphiques sur les musiques les plus récemment promues sur le marché.
Pourtant, face à ce raz-de-marée, le plus souvent originaire des États-Unis, une partie de la jeunesse
semble vouloir retrouver la pratique des danses traditionnelles régionales ou de leurs dérivés comme
en témoignent les reviviscences de la sardane en Catalogne, des fest-noz bretons, des kolos d’Europe
centrale… et les bals trad/folk qui connaîssent un regain d’intérêt non négligeable.
Les danses de salon
Valse, quickstep, jive, cha-cha-cha… ces danses, longtemps confinées
dans un cercle restreint de pratiquants passionnés, ont été popularisées
ces dernières années par la célèbre émission “Danse avec les Stars”. Elles
se pratiquent en compétition sous l’appellation “danses sportives” où elles
sont classées en deux groupes, les danses standards et les danses latines.
Dans les danses standards l’homme ne lâche pas sa partenaire et le couple
se déplace en tournant.
Dans cette catégorie, on peut nommer le quickstep, le tango, la valse
viennoise, la valse anglaise, le foxtrot…
Inversement pour les danses latines les deux partenaires peuvent danser côte à côte, se quitter,
se retrouver… Il en est ainsi pour le cha-cha-cha, la rumba, la samba, le jive, le paso doble…
Les danses du monde
à l’instar du domaine des arts plastiques ou de celui de la musique, les différentes cultures et
civilisations du monde offrent une incalculable diversité de modèles ou de styles de danses. Toutes
ces pratiques nous incitent à penser que leur histoire épouse étroitement celle de l’humanité dans
la mesure où chacune d’elles renvoie une image originale, révélatrice de la société qui l’a produite.
ll serait donc vain de vouloir recenser aussi bien les innombrables danses qui existent que toutes
les fonctions et tous les symboles qui s’y rattachent.
On se risquera tout de même à citer pêle-mêle, quelques-unes des danses les plus connues
assorties de leur origine géographique : le cha-cha-cha cubain, la samba brésilienne, la jig
irlandaise, la valse viennoise, le tango argentin, la danse orientale, le flamenco andalou, la
salsa caribéenne, le pow wow amérindien, la polka polonaise, le sabar sénégalais, la tarentelle
italienne, la danse du dragon de Chine, le kalamatianos grec, le charleston américain, le kolo
croate, le mambo cubain, la danse Bollywood, le tamuré tahitien, la country dance américaine,
le merengue dominicain, la capoera brésilienne, le butô japonais, le zaouli de Côte d’Ivoire,
le breakdance américain, le khôn thaïlandais, le khorovod russe, la rumba congolaise, le séga
des Mascareignes, la cumbia panaméenne, le kazatchok russe…
Sculpture en l’honneur de la sardane - Blanès (Espagne)
La Danse de la mariée en plein air - 1566 - Pieter Brueghel l'Ancien (≈1525/1569) Danse à la campagne - 1883 - Jean
Detroit Institute of Arts Renoir (1841/1919) - Musée d'Orsay
Bal masqué à l'opéra - 1873 - Édouard Manet
(1832/1883) - National Gallery of Art (Washington)
Bal public - 1818 - John James Chalon (1778/1854) - Paris - Musée
Carnavalet.
Bal du 14 juillet - 1889 - Théophile Alexandre Steinlen (1859
/1923) - Petit Palais
Une danse à la campagne - 1755 - Giovanni Domenico
Tiepolo (1832/1883) - The Met (New York)
LA MUSIQUE ET LA DANSE
2 - Le ballet
On appelle ballet1 un spectacle dansé exécuté selon une codification et des rè-
gles établies par un chorégraphe, généralement en fonction d’une musique dédiée.
Par ailleurs, ce terme s’applique également à l’ensemble de la troupe effectuant le
spectacle.
1 Mot issu de l’italien balletto, diminutif de ballo, signifiant “danse”
Né en Italie au cours de la Renaissance, le ballet est introduit en France par Catherine de Médicis,
qui, après la mort de son époux le roi Henri II (1559), devient régente du royaume. Historiquement,
on doit à l’Italien Domenico Da Piacenza, maître de danse au service de la famille d'Este, la rédaction
de l’ouvrage De arte saltandi et choreas ducendi (1455), considéré comme le premier traité de danse.
Un peu plus tard, un autre maître de danse italien, Fabritio Caroso, auteur du livre Il Ballarino (1581),
fixe l’ensemble de la théorie et de la pratique de cette discipline.
La plupart des premiers ballets se présentent sous forme de suites de danses commentées en vers
sur des thématiques liées à la mythologie gréco-romaine ou en relation avec des sujets traitant de
poésie en général. Ainsi, pour le mariage d'Henri de Navarre (futur Henri IV) et de Marguerite de
Valois (1572), le roi, danse sur des vers de Ronsard. Cependant, on considère que le premier
véritable ballet de cour* a été donné lors du fastueux mariage du duc de Joyeuse, favori du roi
Henri III, en 1581. Traduisant les souhaits entretenus par la Pléiade, le spectacle mis en scène
concrétisait la volonté de synthèse entre tous les arts : musique, chant, poésie, arts plastiques et
danse.
Vocabulaire Fête de la cour à Paris en 1573 pour honorer les ambassadeurs polonais en
Suite de danses : elle tire son présence de Catherine de Médicis et d’Henri III - tapisserie - Galerie des
origine des airs à danser que Offices, Florence (Italie)
l’on exécutait, dès le Moyen-
Age, en chantant. Puis la
chanson dansée est remplacée
par des airs de danse sans
parole en regroupant les
danses d’abord deux à deux
(une lente, une vive), puis en
nombre plus important (cinq,
six et même davantage), en
faisant alterner mouvements
lents et vifs. La suite de danses
était née.
Ballet de cour : spectacle
dansé qui a pour acteurs la
famille royale et les courtisans
entourés de professionnels.
Ainsi, le ballet de cour devient
insensiblement le “ballet du
roi”.
Au XVIIe siècle, le genre “ballet” connaît une nouvelle impulsion avec la création, en 1661 par Louis
XIV, de l’Académie royale de danse (institution qui a précédé la naissance de l’Académie royale
de musique, en 1669). Le monarque s’investit complètement dans la promotion de l’art de la danse
et participe à vingt-sept ballets de cour. C’est d’ailleurs grâce à son rôle du Soleil levant dans Le
Ballet royal de la nuit (1653) qu’il se voit attribuer le titre de Roi Soleil. Cette volonté de donner à cet
art toute son importance va se concrétiser à travers les comédies-ballets* signées par le duo
Molière-Lully : Les Fâcheux (1661), Le Mariage Forcé (1664), L'Amour Médecin (1665), La Pastorale
Comique (1667), Georges Dandin (1668), Monsieur de Pourceaugnac (1669), Le Bourgeois
Gentilhomme (1670)… Marc-Antoine Charpentier prend le relais de Lully pour créer avec Molière
Le Malade imaginaire (1673). L’importance alors accordée à la place du ballet dans la tragédie
lyrique française témoigne de la différence qui s’est établie avec le style “opéra à l’italienne”.
C’est vers la fin du XVIIe siècle que Pierre Beauchamp1 et son disciple, Raoul-Auger Feuillet,
deux maîtres à danser français, mettent au point des systèmes de notation de la danse qui
faciliteront la diffusion des figures de pas et des chorégraphies conçues à l’occasion de spectacles
de ballets.
Pierre de Beauchamp (1636/1719) codifie les cinq positions de base et met
au point un système de notation de la danse. Ces positions sont les points
de départ avant l’exécution d’un pas ou d’un enchaînement.
Inventeur d'un système de notation de la Louis XIV, le roi danseur
danse, Feuillet publie chaque année un à treize ans, en 1651, le roi
Recueil de danses contenant des danse pour la première fois en
danses de bal et des entrées de ballets public dans la Mascarade de
en vogue. Cassandre. Premier danseur du
royaume, étoile absolue, Louis
Vocabulaire XIV interprète souvent des rôles
Comédie-ballet. Si le genre conjugue de divinités dans des
musique et danse, l’originalité tient au fait représentations faisant référence
que la comédie et le ballet s’appuient sur à la mythologie, mais se montre
un même sujet “afin de ne pas rompre le fil aussi dans des rôles moins glorieux (en voleur, dans Le
de l’histoire”. La plupart des thèmes Triomphe de Bacchus…). Comme il est d’usage, le
tournent autour de personnages ordinaires souverain, ainsi que les autres exécutants, portent un
et de sujets de la vie quotidienne, dont le masque qui répond au caractère du personnage qu’ils
mariage est souvent le centre. Il est incarnent. Ce grand ballet d’action donne un essor
nécessaire de faire également mention du considérable à la danse théâtrale intercalée entre les
rôle important tenu par le maître de danse scènes d’un opéra ou d’une pièce de théâtre, à titre de
et de ballet Pierre Beauchamp dans la divertissement.
mise en place des chorégraphies. à la mort
de Molière, le genre décline Louis XIV - La Guerre - Les Noces de Pélée et de Thétis (1654) -
inexorablement. Henry de Gissey. Musée Carnavalet
1 On doit à Pierre Beauchamp l’établissement de 5 positions, toujours d’actualité, des pieds et des bras dans la danse
classique. Serge Lifar, au XXe siècle, ajoutera 2 autres positions.
À la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, l’opéra-ballet désigne un spectacle de chants et de
danses comportant différents actes dont les intrigues, indépendantes les unes des autres, sont
reliées par un thème commun. Dans ce genre, l’action sert de prétexte pour offrir une place
prépondérante aux intermèdes dansés. Chronologiquement, L'Europe galante d’André Campra
(1697) est la première œuvre classée “opéra-ballet” tandis que Les Indes galantes de Jean-Philippe
Rameau (1735) constituent probablement le chef-d’œuvre du genre.
La danse au XVIIIe siècle et les premières étoiles
à l’avènement de Louis XV, un nouvel idéal artistique, incarné en peinture par Watteau et Boucher,
apparaît. La haute société du XVIIIe siècle, moins encline à rechercher le faste que celle du siècle
précédent, se montre, globalement, plus raffinée. Cette évolution dans les arts se traduit aussi dans
le domaine de la danse. Le style grave, théâtral souvent guindé et majestueux qu’imposait l’étiquette
dans les dernières années de Louis XIV fait place à un style plus léger et plus spontané. Dans
l’opéra, la danse occupe toujours une place prépondérante. Pareille situation favorise l’éclosion de
nouveaux talents et contribue au développement de la notoriété de certains artistes. Deux
danseuses, Mesdemoiselles Sallé et Camargo sont les précurseurs du phénomène de “star”.
L’enthousiasme qu’elles suscitent relève parfois de l’idolâtrie.
Par ailleurs, à travers ses compositions, Jean Philippe Rameau offre aux chorégraphes un
magnifique prétexte à la création de grands ballets : Les Indes Galantes (1735), Les Fêtes d’Hébé
(1739), Platée et Zoroastre (1749)… Pour mesurer l’importance prise par la danse à cette époque,
il faut préciser que tout opéra est parsemé de danses extrêmement chorégraphiées qui connaissent
une profonde révolution avec l’avènement du maître de ballet Noverre. Ce dernier réforme les
costumes de l’Opéra décrits comme “bizarres et ridicules”, supprime les masques, élimine les
paniers et autres tonnelets qui affublent les danseuses et danseurs. Il s’élève contre “les pas
compliqués et les cabrioles” et crée ce qu’il appelle le “ballet d’action” en faisant des danseurs “des
mimes autant que des “sauteurs”. De plus, à partir de 1772, le public n’est plus accepté sur la scène.
Voltaire dédie ces vers aux deux danseuses :
Ah ! Camargo que vous êtes brillante !
Mais que Sallé, grands Dieux, est ravissante !
Que vos pas sont légers et que les siens sont doux !
Elle est inimitable, et vous toujours nouvelle ;
Les Nymphes sautent comme vous,
Et les Grâces dansent comme elle
Mlle Camargo dansant - vers 1730
Nicolas Lancret (1690 /1743)
Saint-Pétersbourg - Musée de l’Ermitage.
Le Menuet.
Originaire du Poitou, cette danse traditionnelle à trois temps
s’est progressivement rafinée pour devenir l’une des favorites
de Louis XIV.
Ainsi, Lully l’avait incorporée, pour la première fois, dans son
opéra Cadmus et Hermione en 1673.
Le menuet, seule danse faisant partie de la suite à se retrouver
dans la sonate ou la symphonie (cf. Haydn, Mozart,
Beethoven…), a ensuite été supplanté par le scherzo.
Le menuet - (détail) 2e moitié du XVIIIe siècle - Leclerc Sébastien (dit
“le jeune”) - Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris.
À partir du XIXe siècle, on note une succession d’événements qui vont induire une évolution très
significative en direction du ballet romantique. Ainsi, en 1832, lors de la représentation, à l’Opéra
de Paris, de La Sylphide, les spectateurs découvrent une danseuse, Marie Taglioni vêtue d’un tutu
et pratiquant la technique des pointes. Du fait de ces avancements, la
ballerine, libérée des pesanteurs d’habillage qui entravent ses
mouvements, se montre plus aérienne dans ses évolutions. Cela lui
permet de tenir un rôle de plus en plus important dans les
chorégraphies et de reléguer au second plan ses partenaires
masculins.
La France fait alors figure de porte-drapeau dans le
domaine du ballet, d’autant que, par tradition depuis la fin
du XVIIe siècle, le français est la langue officielle des
termes techniques utilisés dans la danse classique
(attitudes, positions, mouvements…).
Cependant, à partir du milieu du XIXe siècle, l’école russe prend
le relais en matière de suprématie et devient la référence
internationale grâce, en particulier, au Français Marius Petipa
(1818/1910), installé à Saint-Pétersbourg dès 1847.
Ce dernier s’impose alors comme le maître du ballet russe qu’il Marie Taglioni, danseuse et chorégraphe
révolutionne par l’inventivité de ses créations. Ainsi, il a laissé italienne, dans la Sylphide.
de nombreux chefs-d’œuvre chorégraphiques (La Bayadère, Le Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Lac des cygnes, Don Quichotte…) qui restent les fondements-
références de la danse et du ballet classiques.
Alors que le début du XXe siècle marque une certaine désaffection du public à l’égard de la danse
classique, les premières représentations, à Paris, des Ballets russes de Serge de Diaghilev créent
un véritable électrochoc. En effet, les chorégraphies de Michel Fokine, son adjoint, attisent l’intérêt
et l’attention d’un public parisien ébahi. Celui-ci se montre à la fois enthousiasmé, désemparé,
parfois choqué mais toujours admiratif à l’égard des performances “acrobatiques” du danseur
Nijinski et des folles arabesques de sa partenaire, la Pavlova. Parmi les réalisations célèbres de
Fokine pour le compte des Ballets Russes, il convient de citer L'Oiseau de feu, Schéhérazade
(1910), Le Spectre de la rose (1911) et Petrouchka (1912).
Anna Pavlova - La Fille mal Diaghilev - ©Library of Congress Nijinsky - Le Spectre de la Rose
gardée - 1909 - Berlin -1911 - ©Library of Congress
©Library of Congress
La révolution chorégraphique de Nijinski
Suite à un différend entre de Diaghilev et Fokine, ce dernier est remplacé par Nijinski qui signe les
chorégraphies de trois œuvres qui vont marquer à jamais l’histoire de la danse : L’Après-midi d’un
faune, Jeux (compositions de Debussy) et Le Sacre du printemps (composition de Stravinsky).
Faisant voler en éclats toutes les conventions qui régissent l’académisme “savant” de l’époque, la
musique et la chorégraphie du “Sacre” (1913) provoquent une polémique sans précédent qui vire à
l’émeute entre partisans et opposants au spectacle proposé au Théâtre des Champs-Élysées.
Perçue comme scandaleuse par une majorité et comme génialement précurseur par une minorité,
cette chorégraphie est porteuse de tous les ingrédients qui caractérisent la future danse moderne.
Au XXe siècle, le Ballet américain s’impose à travers la Modern dance
Du fait des bouleversements politiques et des conflits meurtriers qui frappent l’Europe lors des deux
premières décennies du XXe siècle, on note un déplacement de l’épicentre de la création
chorégraphique en direction du Nouveau Monde1. Paradoxalement, un des principaux initiateurs de
la Modern dance est un Français : François Delsarte (1811/1871). Même après sa mort, ses
théories et concepts sont relayés par plusieurs disciples américains, Steele Mackaye (1842/1894)
en particulier. L’héritage de Delsarte bouleverse la façon dont les danseurs expriment l’émotion à
travers le geste2. Cette volonté constituera le fondement de toute l’évolution de la danse moderne
développée aux USA. La célèbre danseuse Isadora Duncan (1877/1927), considérée comme
pionnière dans ce domaine, revendiquera ouvertement son adhésion aux idées du Français. De
même, Ruth Saint Denis (1879/1968) et son mari, le chorégraphe-danseur Ted Shawn
(1891/1972), à travers la création de la Denishawn School of Dancing à Los Angeles (1915),
emprunteront beaucoup à la “méthode Delsarte” pour former les principaux acteurs de la Modern
Dance : Martha Graham, Doris Humphrey, Louis Horst, Charles Weidman, Merce
Cunningham… Cette différence très marquée de l’orientation technique impose de se débarrasser
des codes imposés par le ballet classique traditionnel et à expérimenter de nouvelles attitudes et
positions tout en modernisant les tenues vestimentaires, jugées inadaptées ou passéistes.
Cette Modern Dance - Ruth St Denis développe ses théories devant un groupe de danseurs “confirmés” agés de 15 ans
environ. Charles Weidman se tient debout à l’extrême gauche, Martha Graham écoutant appuyée sur son bras au premier
plan et Doris Humphrey derrière Martha Graham. Photo Library of Congress
1 Noter cependant que le courant appelé “danse moderne” est très vivace en Allemagne dans les années 1920.
2 Delsarte fait du geste “l’expression transparente de l’intériorité”
Martha Graham Le ballet de Martha Graham
Martha Graham
Quelques figures utilisées par les adeptes de la Modern Dance reprenant
la tradition des tuniques souples pseudo antiques, des tenues vaporeuses,
des cheveux lâchés et des pieds nus… (le tutu n’est plus le vêtement
emblématique de la danseuse !)
Les danseuses d’Isadora Duncan
Isadora Duncan
Ted Shawn
En parallèle à cette évolution, il faut mentionner l’impact qu’a représenté, en 1934, la venue du
chorégraphe russe George Balanchine (1904/1983) à la demande du mécène américain Lincoln
Kirstein (1907/1996) pour fonder la School of American Ballet, ce qui fera de lui le représentant
du ballet néo-classique aux États-Unis. Après la Seconde Guerre mondiale, Kirstein crée la Ballet
Society (1946) qui deviendra le New York City Ballet (1948), dirigé par Balanchine jusqu’à sa mort.
Cette structure, considérée comme la compagnie la plus novatrice et la plus influente en matière
de chorégraphie, a fait de New York la capitale mondiale de la danse.
Mais c’est un chorégraphe français, Maurice Béjart (1927/2007) qui réussit à synthétiser toutes ces
influences (classique, moderne, américaine, européenne…) en ouvrant à un large public néophyte,
la danse moderne !
Au cours de ces dernières années, la danse moderne, assimilée à tort ou à raison à la danse
contemporaine, se montre très perméable aux danses d’origine africaine, caribéenne ou latine.
Maurice Béjart et Maksimova Ekaterina - 1978 - Bolshoi Theatre
©Zhdanov, Leonid, Photographer. Birth of a Ballet "Béjart Style"
Library of Congress
Croquis d'une constellation formée par des Serge Lifar a été l'un des
danseurs de ballet, au-dessus des toits de la ville créateurs qui imposèrent le
de New York. ©Library of Congress style néo-classique. Nommé
maître de ballet de l'Opéra de
Paris, de 1930 à 1944 et de
1947 à 1958, il s'employa à
restaurer le niveau technique
du Ballet de l'Opéra de Paris
pour en faire, dans les années
1930 et jusqu'à aujourd'hui,
l'un des meilleurs du monde.
(Sic Fondation Serge Lifar)
Tamara Toumanova et Serge Lifar Il crée la 6e position (pieds
(1905/1986) - Le Lac des Cygnes - joints parallèles) et la 7e
1939-1940 position (4e parallèle sur
pieds plats ou sur pointes
genoux pliés).
Balanchine en Floride en 1942
Le ballet néo-classique naît au XXe siècle avec les Ballets Russes de Diaghilev. Ce nouveau style
utilise pour base les techniques de la danse classique, respecte ses codes (en particulier les pointes)
tout en tentant d’en reculer les limites au travers des conceptions nouvelles et des inventions. On y
trouve notamment l’apparition de mouvements libérés des épaules, des bras, des mains, des
mouvements angulaires, des déhanchés, des lignes dans l’espace étirées, des sorties d’axe, des
parallèles, des demi-pliés sur pointe, des combinaisons de pas complexes voire acrobatiques… la
rapidité et l’énergie d'exécution, la dynamique, le déséquilibre sont recherchés.
Le ballet contemporain
En 1955, la chorégraphie de Symphonie pour un homme seul de Maurice Béjart (musique concrète
de Pierre Schaeffer) annonce l’avènement de la danse contemporaine en France. Cette appellation
aux contours flous s’applique aux générations de chorégraphes et de danseurs d’aujourd’hui. Leur
art polymorphe se caractérise par une grande liberté d’expression et une absence de figures
imposées comme dans la pratique classique. Concrètement, l’histoire de chaque ballet se traduit
par des gestes et des mouvements originaux qui exploitent toutes les capacités corporelles
envisageables. Tout en puisant dans les techniques classiques ou modernes, en les adaptant ou
en les détournant, le danseur contemporain laisse libre cours à l’improvisation.
Le ballet modern jazz
Issue de la danse jazz américaine des années 1930/1940 (claquettes, charleston, black bottom,
cake-walk…) intégrée par les chorégraphes dans les comédies musicales de Broadway, la danse
modern jazz s’impose au cours des fifties (années 1950). Africaines, indiennes, latino, espagnoles…
hip hop… toutes ces influences extérieures nourrissent la créativité des chorégraphes du genre. La
danse modern jazz se caractérise par un dynamisme et une technique qui ne laissent que peu de
place à l’improvisation. Dans son expression, elle exige beaucoup de coordination dans le geste et
le mouvement qui obéissent à des codifications rigoureuses. De nombreux clips vidéo de célébrités
comme Madonna ou Britney Spears ont contribué à favoriser sa diffusion.
à propos de la danse jazz
“…C’est une danse dans laquelle le corps entier est employé comme moyen d'expression, elle
est à l'extrême l'opposée de la danse classique qui est basée sur une convention d'un buste
enfermé dans une armure et qui décrit l'homme comme un animal qui virevolte sur ses orteils
exécutant des gestes gracieux avec la tête et les bras. En danse jazz les hanches, le ventre et
la poitrine entrent en action autant que les jambes. La forme ressemble à la danse espagnole
plus qu'à toute autre, elle a la même tendance à développer une richesse de dessins pré-établis
exigeant une exécution à la vitesse de l'éclair…… Mais l'esprit de la danse jazz ne pouvait pas
être compris si l'on ne prenait pas en considération la musique jazz, car c'est une forme de
musique pleine d'énergie plutôt que débordante de spiritualité…”
(Définition de la danse jazz pour Dance Magazine en 1929).
Jazz dance avec Lee Sherman, Radio City Music Hall, New York, N.Y., ca. June 1947
Ballets romantiques
Giselle (ou les Wilis*) : ballet crée en 1841 par Coralli et Perrot
sur une musique composée pour cette occasion par Adolphe
Adam et un livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et
de Théophile Gautier. Ballerines diaphanes et immatérielles
vêtues de tutus vaporeux, gaze blanche, tulle et tarlatane
envahissent la scène ce qui fait bien souvent de Giselle
l’apogée du ballet romantique dans l’imaginaire du public.
L’histoire de Giselle raconte un amour impossible, qui dure par-delà la mort
dans un monde fantastique.
Carlotta Grisi dans le rôle de Gisèle
* Créatures fantastiques de la mythologie slave, les wilis représentent à peu près la version slave des nymphes
grecques.
Coppélia : en 1870, ce ballet est donné pour la première fois à l’Opéra de Paris. La chorégraphie
est signée Arthur Saint-Léon, la musique Léo Delibes, sur un livret de Charles Nuitter. Celui-ci s’est
inspiré d’un conte d’Hoffmann publié en 1816, L’homme de sable. La musique mêle des thèmes
slaves, mazurkas, czardas, valses, boléros… ce qui permet aux danseurs d’effectuer de nombreux
numéros de danses folkloriques.
Le docteur Coppélius, marchand de jouets, rêve de donner vie et âme à Coppélia, l’une de ses poupées-automates.
Pour cela il doit prendre la vie d’une autre personne et capture Franz, qui, bien que fiancé à Swanilda, est tombé
amoureux de Coppélia qu’il pense être vivante. Swanilda méfiante découvre la machination du vieil homme, se déguise
en Coppélia et se met à danser pour sauver la vie à son cher et tendre…
Ballets révolutionnaires des Ballets Russes de Diaghilev
L’Oiseau de feu : chorégraphie de Fokine en 1910, musique de
Stravinsky, d’après un conte national russe.
C’est l’histoire d’Ivan Tsarévitch, fil du tsar de Russie, qui capture l’Oiseau de
feu mais accepte pourtant de le libérer en échange d’une plume magique et du
serment que l’oiseau lui sera toujours fidèle. Plus tard, en retournant dans la
forêt, le prince découvre une très belle princesse et en tombe immédiatement
amoureux. Hélas, cette dernière est prisonnière du sorcier Kastcheï qui menace
de transformer en pierre le jeune prince. Comme promis, l’oiseau de feu vient
à son secours endort tous les monstres. Le soleil dissipe les ténèbres, le palais
de Kastcheï est détruit : Ivan peut alors retrouver celle qu’il aime !
Costume de l’Oiseau de feu dessiné
par Léon Bakst
Petrouchka : chorégraphie de Fokine en 1911 qui mêle
adroitement les figures de la danse classique, les pas des danses folkloriques et les gestes
désarticulés des pantins.
Le ballet se déroule pendant le carnaval de la Semaine Grasse à Saint Pétersbourg, sur la place de l’amirauté. La foule
se presse autour d’un théâtre de marionnettes qui propose un spectacle joués par trois personnages manipulés par un
vieux charlatan : Petrouchka, la Ballerine et le Maure. Ce trio est doté de tous les sentiments humains : l’amour et la
jalousie pour Petrouchka (le rêveur, amoureux de la ballerine), la méchanceté, l’arrogance et la bêtise pour le Maure,
la beauté et la naïveté pour la Ballerine séduite par ce dernier. Les pantins prennent vie, sortent du théâtre à la
stupéfaction des spectateurs qui vivent en direct la mort de Petrouchka poignardé par le Maure… Le charlatan se presse
d’expliquer qu’il ne s’agit que de pantins de bois. Mais une fois la foule dispersée, il aperçoit, terrorisé, le spectre de
Petrouchka qui le regarde.
Le Sacre du printemps : chorégraphie de Nijinsky en 1913 sur la musique de Stravinsky pour les
Ballets russes de Serge de Diaghilev.
Un véritable scandale au Théâtre des Champs-Élysées à Paris : le public est complètement
désorienté, même horrifié, par les prestations des danseurs, recroquevillés sur eux-mêmes, les
jambes pliés, le dos bossu, les mains crochues et les pieds en-dedans… mais également par la
musique jugée rythmiquement infernale !
L’action se déroule dans la Russie païenne alors que des personnages se préparent au sacrifice du printemps. Il n’y a
pas d’intrigue. Il s’agit de présenter une suite de tableaux de danses païennes et bestiales évoquants l’adoration de la
terre puis Le sacrifice au cours duquel une jeune vierge élue est sacrifiée (elle doit danser jusqu’à la mort !) pour
remercier les dieux et pour conquérir les faveurs des divinités telluriques.
Ballets académiques de Marius Petipa
Créés en Russie sur des musiques composées par Tchaïkovski
Le lac des cygnes : la version de Petipa et Ivanov de 1895 a rendu ce ballet très populaire. Celles
de Noureev en octobre 1964 à l’Opéra de Vienne, puis à l'Opéra de Paris en décembre 1984,
apportent en fait une vision plus personnelle et plus psychologique avec un prince submergé par
des fantasmes qui provoquent sa perte.
Le thème de l’eau comme élément de métamorphose, un cygne blanc (la jeune et belle princesse Odette), un cygne
noir (Odile la fille de Rothbart), un prince fou amoureux (Siegfried) et un méchant sorcier, Rothbart.
La belle au bois dormant : chorégraphie de Petipa en 1890 inspiré du conte de Charles Perrault
et des frères Grimm.
Dès sa naissance la princesse Aurore est sous la coupe de la méchante fée Carabosse. Le sort que cette dernière a
jeté s’accomplit inexorablement le jour du seizième anniversaire d’Aurore : elle se pique le doigt et tous les habitants
du château sont plongés dans un profond sommeil… qui durera 100 ans ! Le Prince Désiré, aidé par la Fée des lilas,
pénètre dans le château, découvre la princesse qu’il réveille d’un baiser. Le mariage a lieu et tous les personnages de
ce conte assistent à la noce qui clôt le ballet dans une très brillante apothéose.
Casse-Noisette : d’après la version d’Alexandre Dumas d’un conte d’Hoffmann, Casse-Noisette et
le roi des souris. Création en 1892 par Ivanov (qui remplace Marius Petipa, malade) .
Histoire féérique d’une petite fille, Clara qui, pendant la nuit de Noël alors que les souris attaquent les jouets et que le
casse-noisette se transforme en prince, sera invitée au palais enchanté de Confiturembourg, le Royaume des Délices.
La fée Dragée, le Prince Orgeat et leur suite, organisent de grandes fêtes pour recevoir les deux visiteurs : de nombreux
numéros de danses (arabe, espagnole, russe, chinoise et bien d’autres…) se succèdent devant eux, exécutés par les
sujets de ce royaume magique.
Le lac des Cygnes
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à retenir LA DANSE
Généralement accompagnée musicalement, la danse désigne une suite de gestes
et de mouvements corporels exécutés individuellement, en couple ou
collectivement dans un but récréatif, esthétique ou rituel.
DANSES POPULAIRES ET FESTIVES
Tout au long des siècles, ces divertissements populaires prennent prétexte de tout événement :
fêtes patronales, célébrations agraires, veillées des grandes cérémonies religieuses… aujourd’hui,
il s’agit essentiellement de se divertir, de passer un bon moment ensemble que ce soit dans les bals
publics, lors de concerts, chez soi ou dans les discothèques… le plus souvent sur des airs à la mode
qui évoluent sans cesse.
LE BALLET
On appelle ballet un spectacle dansé exécuté selon une codification rigoureuse et des règles
établies par un chorégraphe, généralement en fonction d’une musique dédiée.
Par ailleurs, ce terme s’applique également à l’ensemble de la troupe effectuant le spectacle.
PETITE CHRONOLOGIE CONCERNANT L’ÉVOLUTION DU BALLET
Suite de danses : série de danses pratiquées à la Renaissance sur de la musique instrumentale,
d’abord par paire (une lente, une vive) puis en nombre plus important (cinq, six et même davantage)
en conservant l’alternance de mouvements lents et vifs.
Ballet de cour : né à la cour de France vers la fin du XVIe siècle, c’est un spectacle complet qui
associe poésie, musique vocale, musique instrumentale et danse.
Comédies-ballets : genre dramatique, chantant et chorégraphique inventé par Molière et Jean-
Baptiste Lully en 1661 pour le roi Louis XIV.
Opéra-ballet : désigne un spectacle de chants et de danses comportant différents actes dont les
différentes intrigues, indépendantes les unes des autres, sont reliées par un thème commun.
Ballet romantique : évolution du ballet qui permet aux ballerines de prendre une part importante
dans la danse ; elles montent sur pointes et portent des tutus de mousseline vaporeuse ; les thèmes
évoqués abandonnent les mythes gréco-romains pour se tourner vers la mythologie nordique.
Ballets russes: célèbre compagnie d'opéra et de ballet créée en 1907 par Serge de Diaghilev et
qui va influencer toute l’évolution des ballets européens.
Modern dance : les danseurs et chorégraphes abandonnent les pointes et les tutus. Désormais,
on danse pieds nus dans des tuniques à l’image de ce qui se faisait dans la Grèce antique ; les
poses et les attitudes sont plus naturelles.
Ballet néoclassique : évolution de la modern dance, ce nouveau style utilise pour base les
techniques de la danse classique, respecte ses codes (en particulier les pointes) tout en tentant
d’en reculer les limites en proposant des conceptions nouvelles et des inventions dans les
mouvements et les poses.
Ballet contemporain : pas de règles codifiées mais une grande liberté de création et d’interprétation
où les capacités corporelles sont sollicitées et exploitées.
Ballet modern jazz : africaines, indiennes, latino, espagnoles… hip hop… toutes ces influences
extérieures nourrissent la créativité des chorégraphes de la danse jazz. Dans son expression, elle
exige beaucoup de coordination dans le geste et le mouvement qui obéissent à des codifications
rigoureuses.
Exercices
Exercice 1
• Donner la définition du mot chorégraphie.
Exercice 2
• Comment s’appelaient sous Louis XIV les premiers chorégraphes ?
(au choix : un professeur de danse - un technicien - un maître à danser - un chef de danse)
Exercice 3
Donner les noms de l’auteur et du compositeur qui ont inventé la comédie-ballet ?
Exercice 4
• Qui a créé la compagnie des Ballets Russes ?
Exercice 5
• Donner quelques noms de danseurs, danseuses ou chorégraphes qui, à leur manière, ont fait évoluer
le ballet.
Exercice 6
• Avec un (une) camarade préparer une danse qui sera exécutée sur la musique de votre choix !
Exercice 7
• à plusieurs, créez une chorégraphie !
Exercice 8
• Quelle est la langue utilisée dans le vocabulaire concernant les pas de danse ou le domaine
chorégraphique en général ?
Exercice 9
• Attribuer à chaque image sa danse.
(au choix : rock - valse - hip hop - classique - tango - danse collective)
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12
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Exercice 10
• Dans le cadre d’une étude comparative de plusieurs styles de ballets, relever les différences les plus
significatives et donner vos impressions générales (exemples : tenues vestimentaires des danseurs - expressions
corporelles - mouvements - quelle est l’histoire… )
Pour aller plus loin
Illustrations sonores ou visuelles ethnographiques
Suggestion : travail de recherche et de documentation sur les sujets
suivants :
• Le ballet “historique” sino-américain Shen Yun
• La danse balinaise traditionnelle
• Le Ballet Royal du Cambodge
• Les danses classiques de l’Inde dont le bharata natyam
• Les danses “Bollywood”
• Une danse de guerre zoulou sud-africaine
• Le Ballet africain de République de Guinée
• Le Ballet Flamenco de Andalucía
• Les grands ballets de Tahiti
Ballet royal du Cambodge Danseuses indiennes d’une troupe de Bollywood
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Ballet national du Swaziland Ballet de Shen Yun
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