The words you are searching are inside this book. To get more targeted content, please make full-text search by clicking here.

Depuis quelques années, il est facile de constater que les collégiens ne disposent plus d’un manuel dédié à la discipline « éducation musicale ». Dès lors, pour pallier l’absence d’un tel support, les éditions Lugdivine ont conçu une publication dématérialisée intitulée Le livre de musique pour tous.

Discover the best professional documents and content resources in AnyFlip Document Base.
Search
Published by Editions Musicales Lugdivine, 2022-06-10 04:31:54

Le livre de musique pour tous

Depuis quelques années, il est facile de constater que les collégiens ne disposent plus d’un manuel dédié à la discipline « éducation musicale ». Dès lors, pour pallier l’absence d’un tel support, les éditions Lugdivine ont conçu une publication dématérialisée intitulée Le livre de musique pour tous.

Pour aller plus loin

illustrations sonores - suggestion

travail de recherche et de documentation sur les sujets suivants :

• à écouter : Le chant au Moyen âge
In Nativitate Domini ad primum Missam in nocte - Alleluia (Dominus dixit ad me) - Dies irae (Jour
de colère) - Beata viscera (Perotin) - Sire cuens j’ai viélé (Colin Muset 1210/?) - Messe de Nostre-
Dame - polyphonie a cappella - Guillaume de Machaut (1300/1370)
à visionner

-/ La danse au Moyen Âge
Exemple : la troupe de danses médiévales de Catherine Ingrassia, la Morescarole
-/ L’âge d’or de la musique arabo-andalouse (musique savante, profane, monodique et
instrumentale)
En exemple : Ouverture instrumentale par l’Ensemble El Mawsili et Bachraf Zidane
• Faire des recherches sur :
-/ La construction du château de Guédelon
-/ Le oud, instrument emblématique du Moyen Âge

Chantier de construction du château de Guédelon
Oud

Quelques attitudes de danses médiévales

HIstoIre de la musIQue

les temps
modernes

les débuts des “temps modernes” sont établis par deux évènements qui marquent la fin du
moyen Âge, à savoir :

-/ la chute de Constantinople1 , en 1453,
-/ la découverte de l'amérique par Christophe Colomb, en 1492.
Cette période s’achève avec la proclamation de la première république (1792).

1 Les troupes ottomanes conduites par Mehmed II prennent la ville. C’est la fin de l’Empire romain d'Orient (ou Empire
byzantin)

les temps modernes englobent 3 grandes périodes artistiques :

• la renaissance (XVIe siècle)
• le Baroque (≈1600/1750)

• le Classicisme (1750/début du XIXe siècle)

Quelques dates marquantes

1492 : Christophe Colomb découvre les Amériques,
1492 : en Espagne, fin de la Reconquista par les Rois

catholiques (annexion du royaume de Grenade),
1598 : Henri IV, l’Édit de Nantes,
1661: début du règne personnel de Louis XIV,
1688 : la Révolution anglaise ou “Glorieuse Révolution”
1776 : déclaration d'indépendance des États-Unis,
1789 : début de la Révolution française, Déclaration des

Droits de l'Homme et du Citoyen,
1792 : 1ère République française,

Henri IV (1553/1610) louis XIV (1638/1715)

napoléon Bonaparte (1769/1821)





4 - la renaissance

(XVIe siècle)

le terme “renaissance” s’applique globalement à une période d’évolution qui scelle la fin
du moyen Âge et le début des temps dits “modernes”. Fondée sur l’imitation de l’Antiquité, cette
période constitue une avancée artistique remarquable qui se distingue totalement des autres cultures
dans le monde. Alors que l’art gothique flamboie jusqu’au terme de son évolution, l’Europe de cette
fin de XVe siècle est le théâtre d’un extraordinaire bouillonnement créatif dans les domaines des
arts, des sciences, des idées et de la littérature. Les voyages liés aux grandes découvertes et les
nouvelles inventions modifient profondément les mentalités. Ainsi, un vaste mouvement de
transformation de l’esprit, qualifié de Renaissance, se propage, d’abord en Italie par l’intermédiaire
d’artistes exceptionnels et de nouveaux érudits (les humanistes), avant de gagner toute l’Europe.
sur le terrain musical, on note une modification essentielle : la conception horizontale (mélodique)
devient plus verticale (harmonique). Autrement dit, la monodie, sans support harmonique, est
supplantée par un art autrement plus savant, la polyphonie*. Parallèlement, on note un
développement de la musique instrumentale comme accompagnateur de la voix.
La notion de concert n’existant pas encore, hormis à l’église, on écoute la musique dans les cercles
restreints, les académies ou les cours princières, lieux dans lesquels les participants, amateurs ou
professionnels, sont souvent à la fois exécutants et auditeurs.
Le statut de musicien professionnel est attribué à celui qui exerce au sein de l’église ou aux
virtuoses au service d’un prince. Tout musicien reconnu voyage (l’échange entre la France et l’Italie
est largement privilégié) et sa renommée ou sa réputation rayonne dans toute l’Europe.

* Ce signe renvoie à l’encart Vocabulaire page suivante.

Les noces de Cana (détail) -
1562-1563 - Paul Véronèse
(1528/1588) - Musée du Louvre
(Paris) - Cet immense tableau
(7m x 10m), dont la seule partie
centrale est ici reproduite, nous
permet de découvrir de nombreux
instruments-de l’époque entre les
mains de musiciens…qui ne
seraient autres que des artistes
peintres amis de Véronèse. Ce
dernier, habillé en blanc, joue une
viole ; face à lui, en tunique
rouge, Titien est à la basse de
viole, Tintoret tient (peut-être) une
lira da braccio…quant au joueur
de cornet, au milieu de cette
scène, il s’agirait de Bassano…

un monde Imprégné par la re-déCouVerte de l’antIQuIté
Quelques dates et personnages importants

éVènements : les grandes découvertes musIQue : l’école franco-flamande
• Christophe Colomb : Amérique (1492) • Guillaume Dufay (1397/1474)
• Vasco de Gama : Cap de Bonne-Espérance (1497) • Jean Ockeghem (1420/1497)
• Jean Cabot : Terre-Neuve (1497) • Josquin des Prés (1440/1521)
• Magellan : tour du Monde (1519) • Palestrina (1525/1594)
Imprimerie • Roland de Lassus (1532/1594)
Gutenberg (≈1400 /1468)
astronomie la danse
Nicolas Copernic (1473/1543) L’Orchésographie : Thoinot Arbeau (1589)
Chirurgie
Ambroise Paré (≈1509/1590) la chanson
• Clément Janequin (1485/1558)
art : le Trecento (ou pré-Renaissance • Pierre Passereau (1509/1547)
italienne)
Giotto (≈1267/1337), Boccace (1313/1375)
Dante Alighieri (1265/1321)…

le Quattrocento (XVe siècle)
Les maîtres italiens : Brunelleschi
(1377/1446), Donatello (1386/1466),
Botticcelli (1445/1510),
Léonard de Vinci (1452/1519)…

le Cinquecento (XVIe siècle) :
L’Humanisme et la
Renaissance des Lettres

la renaissance française (XVIe siècle)

• Les châteaux de la Loire Ronsard, Joachim léonard de Vinci Orchésographie - 1589 -
• La Pléiade (dont Pierre de
(1452/1519) Thoinot Arbeau (1519/1595)

Du Bellay, Antoine de Baïf…)

• Montaigne (1533/1592)

relIgIon : Calvin
la réforme (naissance du protestantisme)
(1509/1564)
• Jean Hus (1369/1373/
• Martin Luther (1483/1546) luther
• Calvin (1509/1564)
(1483/1546)
l’anglicanisme
• Le roi Henri VIII d’Angleterre
• L’archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer

la Contre-réforme (réaction du catholicisme)
• Le concile de Trente (1545-1563)
• Les Guerres de Religion (1562/1598) : 24 Août 1572 :
massacre de la Saint-Barthélémy

la musIQue

la renaissance consacre l’apogée de la pratique vocale polyphonique* portée
par l’école dite franco-flamande (ou franco-bourguignonne). mais cette période
marque également l’avènement de la musique instrumentale qui devient
autonome par rapport au chant.
désormais, la musique n’est plus considérée comme un art exclusivement destiné au service
de dieu et monopolisé par l’église. en parallèle, elle se développe en direction du
divertissement profane en recherchant le plaisir et la satisfaction de l’oreille.
Ces modifications se manifestent d’abord à la cour des seigneurs et des princes.
les pratiques populaires profitent, bien évidemment, des progrès de la facture instrumentale
et de l’évolution du répertoire “savant”, mais de façon plus discrète.

a - la musique religieuse

1 - les formes polyphoniques dans la pratique catholique
a - le motet. Il s’agit d’une composition de une à plusieurs voix (six, huit, et même douze),
chantée a cappella ou accompagnée d’instruments, sur un texte religieux et parfois
profane.
La musique, toujours dépendante du texte, s’enrichit d’improvisations, de discours d’imitations* ou
de canons, d’une grande liberté de rythme…

b - la messe. Une messe est principalement composée de cinq chants invariables (c’est
l’ordinaire* de la messe), à savoir : Kyrie/ Gloria/ Credo/ Sanctus/ Agnus Dei. Ces chants, dont le
texte toujours identique et en latin, sont polyphoniques et a cappella*.
Il faut imaginer le chœur des cathédrales rempli de nombreux acteurs-musiciens ; les chanoines
sur les stalles chantent la monodie, les polyphonistes se rangent autour du lutrin*, les enfants et
les lecteurs sur la tribune, l'organiste à son poste privilégié…
De même, des motets sont chantés parfois dans les chapelles latérales réservées aux processions…
Ainsi, l’église résonne fréquemment du matin au soir.

Une figure domine l’école italienne : giovanni pierluigi da palestrina (1526/1594).
Trois compositeurs français s’illustrent également avec des œuvres polyphoniques majeures :
guillaume dufay (1400/1474), Jean ockeghem (1425/1497) et Josquin desprez (1450/1521).

* VoCaBulaIre
Contrepoint : superposition de lignes mélodiques distinctes.
Imitation : répétition d’un thème ou d’un motif par différentes voix, principe qui sera la base du canon.
lutrin : grand pupitre en bois permettant de poser un ouvrage volumineux.
ordinaire : partie de la liturgie qui demeure constante à la différence du propre qui varie selon les
événements du calendrier religieux.
polyphonie : “à plusieurs sons”. La technique du contrepoint marque l'apogée de la polyphonie.

• à la Renaissance, la polyphonie distingue quatre principaux registres de voix : superius
(soprano), altus (alto), tenor et bassus (basse).
• Les chanteurs professionnels sont tous des hommes ; adultes pour les voix graves (chantres),
enfants pour les voix aiguës (soprano et alto). En effet, les femmes ne sont pas admises comme
interprètes dans la musique de la religion catholique. Ces chanteurs font partie de la Chapelle (ou
maîtrise) au service d’une église ou d’un prince et suivent les déplacements de la Cour.
A cappella : sans accompagnement instrumental

2 - dans la pratique réformée (protestante)
le choral
à partir de 1517, le moine allemand martin luther défie l’autorité papale et fonde sa propre église
au nom des “protestants”. Ce mouvement dissident, appelé réforme, demande l’abandon d’une
bonne partie du rituel catholique. Il enjoint ses partisans à chanter des hymnes, des psaumes et
des cantiques non plus en latin mais en langue allemande. Ces chants, appelés chorals*, prennent
généralement appui sur des airs populaires déjà connus, ce qui facilite leur diffusion. Les phrases
chantées sont brèves, la musique syllabique (une note par syllabe), l’étendue vocale (l’ambitus) est
restreinte pour rendre l’interprétation accessible à tous. L’apprentissage des chants est placé sous
la responsabilité des écoles ou des paroisses. Cette formation est assurée par un cantor* à la fois
professeur de musique, organiste (souvent) et chef de chœur.
Hans léo Hassler (1564/1612) et michael prætorius (1571/1621) s’illustrent dans le genre avant
que J.s. Bach (1685/1750) ne s’en empare avec génie

En France le calvinisme adopte un visage beaucoup plus austère et se limite à une musique plus
dépouillée (selon Calvin, la musique n’est pas indispensable, voire nuisible, au temple).
Cependant quelques compositeurs se distinguent par leur originalité, en particulier Clément
Janequin (1514/1558) et Claude goudimel (1514/1572)…

la Contre-réforme * VoCaBulaIre
Dès 1540, l’Église catholique Cantor : c’est le chantre ecclésiastique
mène une offensive contre le (praecentor) qui entonne les hymnes ou les
protestantisme (la Réforme). psaumes de l’office dans le ton convenable. Bien
Le pape Paul III prend des mesures radicales, avant le développement de l’écriture musicale, il
cruelles et intolérantes vis-à-vis de ces devait déjà connaître par cœur l’ensemble du
contestataires. Il tente de renforcer la foi répertoire.
chrétienne par une lutte sans merci contre tout dans le culte luthérien au XVIe s. le cantor,
ce qui est hérétique (il instaure l’Inquisition, la dégagé de l’état ecclésiastique, devient
chasse aux sorcières…). Il participe ainsi à responsable de l’ensemble de la musique du culte
l’avènement futur de l’art baroque, favorise la et plus spécialement, avec l’irruption de la
fondation de la Compagnie de Jésus (Ignace polyphonie, de la direction du chœur. Il assure
de Loyola) et organise le Concile de Trente également l’enseignement musical et parfois même
(1545 - 1563)… celui d’autres disciplines.
En musique, l’Église développe certaines Au XVIIe s., avec le développement de la musique
formes de compositions attrayantes pour pour orgue, la fonction d’organiste, supervisée par
concurrencer les psaumes des réformés : le cantor, prend de l’importance. Peu à peu, cantor
motets, odes, cantiques et chansons et organiste ne sont plus qu’une seule personne.
spirituelles voient ainsi le jour. Par ailleurs, le Chapelle (ou maîtrise) : groupe de chanteurs
succès des messes de Palestrina montre que (parfois d’instrumentistes) au service d’une église
la polyphonie ne perturbe en rien l’intelligibilité ou d’un prince. Les musiciens et chanteurs suivent
des textes. les déplacements de la Cour. Dans ces chapelles,
Cette dérive polyphonique conduit à certains les enfants, âgés de 5 à 15 ans, sont appelés
excès et à une explosion du nombre de voix innocents. Ils sont rassemblés en collèges pour
(jusqu’à 36 pour un Deo Gratias d’Okeghem !). apprendre toutes les notions musicales de l’époque
ainsi que la pratique d’un instrument et du chant.
Cette surabondance polyphonique est une Choral : musique simplifiée à l’usage des fidèles
des caractéristiques majeures de la des églises réformées (phrases musicales brèves,
musique renaissance. une note par syllabe, quelques courtes vocalises,
un ambitus restreint, paroles en allemand…).

B - la musique profane

1 - petit état des lieux
• Les grands bouleversements intellectuels (l’Humanisme), technologiques (l’imprimerie)
ainsi que les découvertes d’autres mondes ont des répercussions sur la pratique musicale de
cette période, même si l’héritage du Moyen Âge reste assez présent.
• le développement de l’édition musicale permet aux pratiquants amateurs et professionnels
d’accéder à un répertoire beaucoup plus varié.
• la distinction entre “hauts instruments”, destinés au jeu en plein air et “bas instruments”,
réservés à la musique d’intérieur, reste toujours de mise.
• Les instruments polyphoniques (luths, claviers…) connaissent un grand succès et grâce à
l’usage des tablatures. Dès lors, un musicien soliste peut assortir son chant d’un accompagnement
harmonique très élaboré.
• les instruments d’une même famille (flûtes, violes…) se déclinent désormais en différents
registres (on parle alors d’un consort).
• l’amélioration de la facture instrumentale incite les compositeurs à créer des pièces destinées
à des formations autonomes, sans présence vocale.

à la Chambre
On appelle “chambre” la salle où se réunissent les musiciens et/ou les chanteurs, souvent en nombre
restreint du fait de la dimension réduite des lieux. On y interprète essentiellement des chansons et
des pièces instrumentales jouées par les bas-instruments (flûte, luth, viole, harpe…). Les cours
royales, où la musique occupe une place privilégiée, entretiennent les meilleurs musiciens et
chanteurs qui sont regroupés dans “la chambre de musique”.
Dans les cours princières ou chez les grands bourgeois, disposant de moyens plus limités, les
particuliers qui ont reçu une bonne éducation musicale se regroupent également dans “la chambre”
pour jouer de concert.

Concert - 1485-95 - Lorenzo Costa
(1460/1535) - National Gallery - Londres

Concert à la villa - ≈ 1585-1590 - Ludwig Toeput (Ludovico
Pozzoserrato - 1550/1620) - Civico Museo, Trevise (Italie)

2 - la musique vocale profane
La musique polyphonique profane de la Renaissance se cristallise autour du madrigal et de la
chanson.
Après la période Ars nova, et tout au long de la période marquée par l’École franco-flamande,
les compositeurs ne dissocient pas pratique vocale et pratique instrumentale, si bien qu’une même
œuvre peut être interprétée :
• a capella, par plusieurs chanteurs (en polyphonie),
• par un seul chanteur, accompagné d’un instrument polyphonique (luth, épinette…),
• par un instrument soliste grâce au système de la tablature qui transcrit les différentes voix,
• par un groupe instrumental.

a - le madrigal d’origine italienne ramène l’art vocal à une simplicité d’écriture faite de pureté et
de critères nobles sur des poèmes de qualité très appréciés par les érudits humanistes. Il devient
la plus importante forme de musique profane de la Renaissance.

Dans le même temps, sous l’influence de l’Humanisme, s’épanouit un art homophonique* plus
simple, inspiré de la technique du faux bourdon*, qui met en valeur le texte selon les modèles
laissés par les Grecs et les Latins.

*VoCaBulaIre Concert vocal - École italienne -
Homophonique : musique écrite pour être Musée des arts décoratifs,
exécutée collectivement à l'unisson (à l’opposé de hôtel Lallemant - Bourges
la polyphonie). Chaque chanteur dispose d’une
Faux bourdon : procédé d’improvisation consistant partition correspondant à son registre
en l’adjonction de deux voix parallèles (quarte et de voix ou à la ligne mélodique qu’il
sixte) à une mélodie préexistante (appelée cantus interprète.
firmus).

b - la chanson
La chanson française, tout comme le madrigal italien, s’affranchit des formes médiévales (ballades,
rondeaux, virelais). Dès lors, les compositeurs illustrent librement les textes poétiques sans aucune
contrainte formelle en recherchant les effets expressifs et descriptifs.
Les sujets mythologiques inspirent de nombreux titres (les histoires de Daphné ou d'Orphée, par
exemple, sont très prisées !).
Ainsi, en France, s’élabore un nouveau profil de chants à plusieurs voix dans lequel deux courants
majeurs se manifestent . On distingue alors :

• la chanson dite “française”. Elle se présente soit sous forme rondeau (alternance d’un
refrain et de différents couplets) soit sous forme d’imitation. Ce terme désigne la répétition décalée
et superposée d’un thème ou d’un motif par différentes voix, selon le principe du canon. C’est dans
cette dernière forme qu’excelle Clément Janequin (1485/1558), compositeur de grandes fresques
descriptives (La Bataille de Marignan, Le chant des Oiseaux…).

• la chanson “mesurée à l’ancienne”. En fondant l’Académie de poésie et de musique,
antoine de Baïf (1532/1584) permet à de nombreux musiciens de composer des mélodies sur les
vers mesurés (rythmés selon le nombre de syllabes) écrits par les poètes de La Pléiade. Vont
particulièrement s’illustrer, Claudin de sermisy (1495/1562), avec plus de 150 chansons connues,
Claude lejeune (1530/1600), guillaume Costeley* (1531/1606), Jacques mauduit (1557/1627)…

* c’est lui qui met en musique Mignonne, allons voir si la rose de Ronsard

la chanson parisienne
La chanson parisienne constitue un genre qui se développe autour de
l’imprimeur pierre attaignant (1494/1552), pionnier de l’imprimerie musicale en
France (1528). à travers les chants qu’il publie, s’impose une forme à 4 voix aux
lignes moins chargées, ce qui favorise une déclamation claire et une rythmique toute en vivacité. Ce
style d’écriture permet au génie de Clément Janequin (1485/1558) de s’épanouir à travers la chanson
descriptive. Parmi les autres compositeurs qui se sont illustrés au sein de cette “école”, on peut citer
pierre passereau (1509/1547) (Il est bel et bon…). Dans la seconde moitié du XVIe siècle, leur
succéderont, Claude le Jeune (1530/1600), guillaume Costeley (1530/1606), roland de lassus
(1532/1594)…
Parallèlement, la pratique de la chanson accompagnée au luth ouvre la voix à l’air de cour.
L’Académie de Poésie et de Musique, fondée par le poète antoine de Baïf (1539/1589), dont le roi
Charles IX fut le protecteur et le premier auditeur, invente un nouveau type de spectacle, le ballet de
cour (cf. Circé ou le ballet comique de la reine), qui conjugue poésie, musique et danse.

de gauche à droite :
Clément Janequin, Claude Le Jeune, Roland de Lassus

3 - la musique instrumentale
Depuis le début du XVIe siècle en Italie, ottaviano petrucci (1449/1539) propose des partitions
avec tablatures pour luth (il s’agit de l’équivalent des grilles d’accords “guitare” actuelles). Ces
tablatures correspondent à des transcriptions d’œuvres initialement destinées aux voix. Elles
permettent aux instruments à cordes pincées (luth, guitare, cistre, vihuela) ou aux claviers (orgue,
épinette) tenus par un musicien soliste d’interpréter une polyphonie originellement destinée à
plusieurs chanteurs (en général quatre).
Cette possibilité d’adapter une œuvre vocale pour un instrument, ou pour un ensemble instrumental,
favorise la virtuosité de l’exécutant mais aussi le nombre de parutions de publications chez différents
éditeurs (Jacques Moderne, Tylman Susato, Pierre Phalèse…). Ainsi, en 1551, les éditeurs français
Le Roy et Ballard assurent la diffusion des compositions de C. Goudimel, G. Costeley, Cl. Lejeune…
qui s’appuient sur les poésies de Ronsard, A. de Baïf, Cl. Marot …
à partir de 1530, les œuvres de la plupart des compositeurs français sont publiées par l’imprimeur
Pierre Attaignant. Même si le quatuor vocal constitue la base des formations, on trouve de plus en
plus de répertoires destinés à un chanteur soliste accompagné d’un luth.
Cet essor de la musique instrumentale et le développement de la polyphonie vocale
constituent les deux faits marquants de la renaissance.

Qu’est-ce qu’une tablature ? Il ballarino - M. Fabritio Caroso da Sermoneta
à la Renaissance, les instruments à
cordes pincées (luth, guitare, cistre,
vihuela…), mais aussi les claviers
(épinette, orgue) permettent à un seul musicien de
pouvoir jouer plusieurs notes simultanément (ce
sont des instruments polyphoniques).
On appelle tablature un système de notation qui,
sous forme d’une représentation schématisée du
clavier ou du manche, indique sur quelle touche
ou dans quelle case, le musicien doit poser ses
doigts pour faire sonner chaque corde et former
un accord.
l’exemple ci-contre montre une tablature
destinée au luth. Les six lignes figurent, de bas
en haut et du grave à l’aigu, les 5 doubles chœurs
(cordes) et la chanterelle.
Les chiffres désignent les cases à l'intérieur
desquelles les cordes doivent être plaquées sur le
manche par les doigts de la main gauche. Les
cordes non concernées sont jouées à vide (0).
L’alignement vertical de ces chiffres signifie que
les notes ainsi produites sont jouées
simultanément.
L’écriture de la ligne mélodique proprement dite
(sur 5 lignes) est notée en parallèle sous chacune
des portées figurant le manche du luth.

l’orchestre renaissance
• La distinction entre “hauts instruments”, destinés au jeu en plein air et « bas instruments » réservés
à la musique d’intérieur existe toujours.
• Les instruments polyphoniques (famille des luths, claviers) connaissent un grand succès et
permettent à un public éclairé de s’approprier un répertoire de plus en plus étendu, désormais
accessible par l’écriture sous forme de tablature.
• Les instrumentistes réunis peuvent constituer un consort (même famille d’instruments) ou un
ensemble (instruments de familles différentes).

4 - rôle de la musique instrumentale à la renaissance

a - à la cour du roi de France
• la chambre de musique qui rassemble les meilleurs
musiciens jouant essentiellement des “bas-instruments”, se
manifeste à l’intérieur des palais ou des châteaux.
• Les musiciens de l’écurie qui pratiquent les “hauts-
instruments”, sont chargés d’accompagner les activités
d’extérieur (entrées royales dans une ville, défilés
d’apparat…). Ces interprètes se rassemblent parfois en
bandes composées d’une seule famille d’instruments
(bandes de hautbois, bandes de sacqueboutes ou de
cornets). Ils peuvent également accompagner les festivités,
installés sur la tribune dominant la salle de bal.

• à la chasse, les trompettes ou les cors structurent les Fifre et tambour - Tombeau de François 1er -
étapes de cette activité par des sonneries dédiées. Basilique de Saint-Denis, sculpture de Pierre
Bontemps - victoires de Marignan et de
à la guerre, les fifres, trompettes et tambours rythment les Cérisoles.
déplacements des troupes et emploient des codes très
précis pour appuyer les divers commandements militaires.
Ces formations peuvent comporter des effectifs importants.

Bal à la cour d’Henri III - Seconde moitié du XVIe siècle. Musée du Louvre.
On distingue dans le fond les musiciens installés en position légèrement surélevée.

b - dans les campagnes
N’oublions le petit peuple des paysans, des artisans, des ouvriers, des servantes… Tous sont attirés
par la musique ! Il suffit d’étudier les tableaux de Brueghel l’Ancien et d’observer l’agitation des
kermesses endiablées dans lesquelles les participants dansent, boivent et mangent aux sons de la
cornemuse ou de la vielle à roue.
Effectivement, il semble que toutes les fêtes, tous les bals populaires, les kermesses, les mariages,
carnavals et autres festivités, étaient accompagnés par des musiciens qui jouaient divers instruments
(cornemuse, flûtes, vielle à roue ou encore vièles….).
à la campagne, les fêtes
sacrées se répartissent en
six grands cycles annuels :
Carnaval-Carême, Mai,
Saint-Jean, Assomption,
Toussaint, les 14 jours autour
de Noël.
Il faut rajouter à cette liste de
festivités, la célébration du
début ou de la fin de
certaines activités agraires :
vendanges, moissons…
Par ailleurs, les foires
rassemblent également un
grand nombre de personnes
et, bien sûr, des musiciens
ambulants.

En haut : La Danse de la mariée en plein air - 1566 - Pieter Brueghel l'Ancien (1525/1569) -
Detroit Institute of Arts, Détroit (USA). Deux cornemuses à droite animent le bal.
En bas : Le Cortège de noces - Martin Van Cleve (1527- vers 1577/1581) -
Anvers, The Phoebus Foundation

C - la danse

à l’instar de la musique, la danse s’émancipe pour explorer de nouveaux territoires. Grâce
à l’ouvrage de Thoinot d’Arbeau (1520/1595), l’Orchésographie, publié en 1589, nous
possédons un panorama très précis des danses de cette période : basses danses,
pavanes, branles, gaillardes, voltes …
Largement illustré, assorti de partitions détaillées et de commentaires très précis, ce livre constitue
une source tout à fait exceptionnelle.
Ces danses sont pratiquées en société ; le bal commence par les branles simples, doubles avant
que tout le monde n’entre dans la ronde. Les danseurs virtuoses enchaînent la pavane et la gaillarde,
autrement dit mouvement lent puis rapide. Ces danses feront partie de la suite, forme qui s’applique
à une succession de mouvements, de rythmes et de tempos différents.

De plus, autour de la Comedia dell’Arte, la danse se professionnalise et les maîtres chorégraphes
enseignent aux nobles la façon de se tenir en société, de danser … autrement dit, le paraître.

Quelques danses pratiquées à la renaissance
• Basses-danses - nom générique des danses de cour aux figures lentes et glissées. On compte
parmi elles les branles, pavanes, allemandes, sarabandes…

pavane : cette danse marchée et solennelle était utilisée pour les défilés, les cortèges
princiers, les entrées triomphales des mascarades.

sarabande : danse lente et grave (malgré le sens actuel de ce mot), écrite à trois temps, elle
se caractérise par l’accentuation placée sur le deuxième temps.
• danses vives

tourdion - décrite par Thoinot Arbeau comme une simple variante de la gaillarde, elle servait
de 3e partie à la basse-danse.

gaillarde - danse rapide, de mesure ternaire qui peut être éventuellement accompagnée d’un
chant. Associée à la pavane, elle est encore en vogue au XVIIe s. Elle est ensuite remplacée par le
couple allemande-courante.

saltarelle - originaire d’Italie, cette danse saltatoire (sautée) est extrêmement rapide, écrite
en 6/8 (ternaire) avec première et quatrième croches pointées.

Volte - danse en couple, populaire hardie, à 3 temps, pratiquée à l’origine en Provence puis
dans toute l’Europe. Elle permettait l’utilisation de sauts pendant lesquels le danseur faisait tourner
sa partenaire dans les airs.

Figures de danse - Gravures sur bois par Christoph Murer (1558/1614)

Un bal - Frans Francken I (1542/1616), peintre flamand - Musée Ingres-Bourdelle - Montauban
Quelques musiciens (viole de gambe, clavecin, luth) éclairés par des flambeaux mènent la danse dans
une riche demeure.

Le Bal des noces du duc de Joyeuse, à Paris le 24 septembre 1581 - 1581/1582 - Auteur inconnu - Le Louvre -
Paris. Le duc de Joyeuse et sa nouvelle femme Marguerite de Lorraine dansent probablement une pavane, au son
d’un consort de luths (à droite du tableau).

d - les principaux compositeurs de la renaissance

Josquin des prés (1440/1521)
Né en Picardie vers 1440, on pense qu’il fut d’abord chantre
(chanteur) dans le chœur d'une église de Saint-Quentin (Aisne)
puis au dôme de Milan (1459 - 1472), avant de se mettre à
disposition de dignitaires italiens. Ainsi, en 1474 il entre à la cour
du duc de Milan Galeazzo Maria Sforza en tant que cantore di
cappella (chantre d'église). En 1476, il passe au service du
cardinal-duc Ascanio Sforza, fils et successeur du précédent (Milan
- Rome). De 1486 à 1494, il est attaché à la chapelle pontificale
tout en voyageant beaucoup (Milan, Modène, Nancy, Paris,
Plaisance...).
De 1501 à 1503, Josquin exerce peut-être à la cour du roi de
France Louis XII avant d’être nommé maître de chapelle à la cour d'Hercule d'Este à Ferrare et
enfin de devenir chanoine, à Condé-sur-l'Escaut, jusqu'à sa mort.
La gloire, justifiée, de Josquin des Prés est telle qu’on le surnomma “Le Prince de la Musique”.
Luther assurait “qu’il créait la musique comme un pinson chante” et d’autres n’hésitaient pas à en
faire le Michel Ange musical…
On lui doit une vingtaine de messes, une centaine de motets et plus d’une soixantaine de chansons
de 3 à 7 voix.

guillaume dufay (1400/1474)
Né dans le Cambrésis, de l’union de Marie Du Fayt et d'un prêtre inconnu,
Guillaume Dufay entreprend des études musicales pour se retrouver
choriste à la cathédrale de Cambrai avant d’en devenir sous-diacre en
1418. Deux ans plus tard, il entre au service du Prince Carlo Malatesta à
la cour de Rimini où il compose ses premiers motets. Compositeur
reconnu, il devient chantre à la chapelle papale en 1428 puis prêtre
(Bologne). D’un tempérament nomade, il effectue alors de nombreux
voyages entre l’Italie, son nord natal (chanoine à Tournai, puis Bruges en
1431) et à nouveau l’Italie (Rome vers 1433), le tout entrecoupé par des
séjours à Chambéry, Ferrare, Genève, Lausanne ou Florence. C’est dans
cette dernière ville qu’il compose en 1436, le motet Nuper rosarum flores pour l'inauguration du
dôme de Brunelleschi pour la cathédrale. Après de nombreuses péripéties qui rythment les divers
postes qu’il occupe (les schismes se succèdent mais ses talents de musicien le mettent à l’abri du
besoin) il revient à Cambrai de 1439 à 1450. C’est là qu’il se lance dans la composition d'un nouveau
répertoire liturgique polyphonique avant d’entreprendre à nouveau divers déplacements.
Apprécié dans de nombreuses cours européennes (celles de Charles VII, de Louis XI, des ducs de
Savoie…), Dufay est un des musiciens les plus célèbres de son époque. Après une vie d’errances
confortables, il se retire définitivement à Cambrai, à partir de 1458, où il se met à la disposition de
la cathédrale.

NB : même s’ils ont vécu au XVe siècle, soit un siècle avant la Renaissance “française”, ces
compositeurs ne sont plus dans les canons stylistiques du Moyen Âge. Ils sont les précurseurs du
siècle suivant.

Jean ockeghem (≈1420-1425/1497)
Ses date et lieu de naissance (Saint-Ghislain, dans le Hainaut ?) mais aussi
la façon dont se déroule son enfance nous sont mal connus. On a supposé
que le nom du village (Ockeghem) d’où sa famille est peut-être originaire
justifie son nom. En revanche, on sait qu’à partir de 1446, il officie à la cour
du duc de Bourbon et qu’en 1451 il devient “premier chapelain” et musicien
auprès de Charles VII puis de Louis XI et de Charles VIII. Ses qualités et sa
renommée de compositeur (nombreuses messes et chansons
polyphoniques dans le style typiquement franco-flamand), et de chanteur
(basse) lui valent une reconnaissance de tous les principaux musiciens de
son époque. Sa Déploration sur la mort de Gilles Binchois (1460),
compositeur à la cour de Philippe le Bon et originaire de Mons en Belgique, laisse supposer qu’il en
fut l’élève. Il connût aussi certainement Guillaume Dufay. Aux environs de 1459/60, il hérite du poste
envié de trésorier de Saint-Martin de Tours qu'il assure jusqu’à sa mort, le 6 février 1497.

principales œuvres
Ockeghem nous laisse une production artistique assez restreinte : 15 messes, un requiem,
une petite dizaine de motets et une vingtaine de chansons.

Clément Janequin (1485/1558)
Né à Châtellerault, Clément Janequin reçoit vraisemblablement sa
formation dans la maîtrise de cette même ville. En 1505, il s'établit dans la
région bordelaise et entre, vers 1523, au service de Jean de Foix, évêque
de Bordeaux. On le retrouve chanoine de Saint-Émilion (1525) puis
occupant diverses charges religieuses aux alentours. Entre 1533 et 1535,
il enseigne la musique à la cathédrale d'Angers, ville où il s’inscrit à
l’université pour y suivre des études avant de s’installer définitivement à
Paris (1549).  Successivement chapelain et musicien du duc de Guise puis
“Compositeur du Roi” (1555), il se consacre alors à la composition
d'œuvres religieuses mais il est surtout connu aujourd’hui pour sa très riche
production de chansons polyphoniques, descriptives, pleines d'humour ou de poésie. Ce sont :
L'Alouette, Les Cris de Paris, Le Chant des Oiseaux, La Chasse, La Guerre, ou La Bataille de
Marignan, La prise de Boulogne, La Guerre de Renty ou Verger de musique, La Bataille de Metz
Le Caquet des femmes, Le Rossignol…

pierre passereau (≈1509/1553)
On ne connaît pratiquement rien de la vie de ce compositeur. Il semble qu’il
fut d’abord prêtre, puis chantre à la chapelle du Duc d’Angoulême en 1509
(futur François 1er) et à la cathédrale de Cambrais entre 1525 et 1530.
Il composa essentiellement des chansons (les dernières datent de 1547)
dont une grande partie fut publiée par Pierre Attaingnant, imprimeur qui lui
consacra un recueil anthologique, au même titre que Clément Janequin.
Ses chansons, pour la plupart descriptives ou grivoises, eurent un grand
succès et furent, dit-on, chantées jusque dans les rues de Venise.
Certaines ont été transcrites pour les instruments, d’autres parodiées.
Son œuvre polyphonique la plus connue est Il est bel et bon à quatre voix.

roland de lassus (1532/1594)
Né à Mons (Belgique), le jeune Roland intègre très tôt la maîtrise de
l’église de son village où il reçoit une formation musicale assez poussée
jusqu’à l’âge de 12 ans. Doté d’une voix remarquable, il quitte peu après
Mons pour entrer au service de Ferdinand 1er Gonzague, vice-roi de
Sicile. Il séjourne à Mantoue, Palerme, Milan et s’imprègne avec délice
de musique italienne. Vers 1550, il quitte son protecteur et on le retrouve
à Rome, à la cour de Cosme Ier de Médicis, grand-duc de Toscane. En
1553, il obtient le prestigieux poste de maître de chapelle de la basilique
Saint-Jean-de-Latran qu’il n’occupera qu’un peu plus d’une année (son
successeur sera Palestrina). Les décès de ses parents l’incitent à revenir en pays flamand. à
Anvers, en 1555, il publie ses premières compositions qui tranchent par leur modernisme des autres
œuvres de l’époque.
En 1556, sa réputation de chanteur le conduit à accepter une charge importante auprès du duc de
Bavière, à Munich. C’est là qu’il se marie (1558) avant d’être nommé maître de chapelle de la ville.
Devenu célèbre et adulé, il est courtisé par tous les musiciens et grands personnages d’Europe.
Ainsi, l’empereur Maximilien II de Habsbourg l’anoblit et le pape Grégoire XIII le fait chevalier. Même
si, vers 1571, le roi de France Charles IX, grand amateur de musique, l’incite à rejoindre la Chapelle
royale, même s’il entreprend de nombreux voyages musicaux à l’étranger (surtout en Italie), il restera
fidèle à la cour de Bavière jusqu’à sa mort. 
l’œuvre de roland de lassus est immense puisqu’on dénombre, avec certitude, plus de 1500
numéros d’opus dans tous les genres. Les motets (plus de 500) occupent une place de choix. On
compte aussi beaucoup de madrigaux (le madrigal est la forme vocale la plus répandue en Italie),
de nombreuses villanelles (chansons originaires du sud de l'Italie), des moresques (chants qui
relatent la vie des esclaves noirs), des chansons françaises (au moins 150), environ 90 lieder
polyphoniques allemands, 52 messes, 4 Passions (+ les Sept Paroles du Christ)…

• giovanni pierluigi da palestrina (1526/1594)
Empruntant comme patronyme celui de sa cité natale, située à proximité
de Rome, c’est dans cette dernière ville qu’il séjourne pratiquement toute
sa vie. D’abord choriste à Sainte-Marie-Majeure où il travaille sous la
direction du maître de chapelle français Robin Mallapert puis, à partir de
1540 de Firmin Le Bel, un autre Français qui exercera sur lui une profonde
influence. Entre 1544 et 1551, Palestrina devient organiste de l'église
principale. Le nouveau pape Jules III (ex-évêque de sa ville natale)
l’introduit au Saint-Siège et lui confie le poste de maître des enfants de la
basilique Saint-Pierre. En 1555, le pape Paul IV exige la démission de
tous les chanteurs mariés ou ayant composé des œuvres profanes
(madrigaux). Palestrina abandonne donc le Vatican pour prendre
successivement la charge de maître de chapelle de Saint-Paul-de-Latran puis de Sainte-Marie-
Majeure. Cependant, en 1571, il réintègre Saint-Pierre de Rome jusqu'à la fin de sa vie, après que
la peste de 1570 ait eu raison de son épouse et de ses deux fils. Remarié par la suite à une riche
veuve, il peut se livrer sans retenue à la composition jusqu'à sa mort, à l'âge de 68 ans (1594).
Palestrina a laissé plus de 400 pièces (hymnes, psaumes, motets) tirées de l’Écriture Sainte qui
sont des modèles du genre a cappella, et qui trouvent place entre les parties essentielles des divers
offices de la liturgie ainsi que deux livres de Lamentations ; l’élégance, la simplicité du contrepoint,
la pureté de la mélodie s’allient dans son œuvre à un sentiment mystique profond. Il clarifie la
complexe polyphonie franco-flamande et, sous son influence, le chant choral menacé par le Concile
de Trente, s’éloigne de l’esprit profane et se maintient ainsi dans la tradition de l’Église catholique.

e - les instruments de musique

La plupart des instruments de la Renaissance sont issus de l’instrumentarium
médiéval qui évolue, s’adapte ou fait l’objet de création. la séparation entre “bas
instruments”, à l’intensité sonore réduite et les “hauts instruments”, dotés d’un
volume sonore plus conséquent, perdure. Cependant, la distinction s’estompe
petit à petit pour s’amalgamer dans l’orchestre naissant. Les instruments se conjuguent désormais
en famille (sous la forme d’un consort) et sont atteints de gigantisme… On trouve alors des
solutions ingénieuses pour palier les problèmes qu’entraîne l’augmentation de taille des tubes des
instruments à vent. ainsi apparaissent les premières clefs, les circonvolutions des tuyaux, les
coulisses…
Les cordophones qui augmentent également en dimensions doivent faire l’objet d’innovations
techniques pour aménager des caisses de résonance en rapport avec ces évolutions. Si les
instruments du Moyen Âge étaient monoxyles (creusés ou chantournés dans un seul morceau de
bois), les solutions qu’offrent le pliage et l’utilisation de coins permettent maintenant l’assemblage
pour ceux de plus grand gabarit. Traités de vacarmini par les violistes (joueurs de viole), les
premiers violons sont réservés à l’accompagnement des danses de plein air. Cependant, en
France, est créé, en 1592, un orchestre appelé Bande des Vingt-Quatre Violons du roi (six
violons, douze “intermédiaires” et six basses de violon)
C’est a. amati (1535/1612) qui réalise le premier modèle de violon, devenant ainsi le fondateur de
la grande école de lutherie de Crémone.

Les anges musiciens - 1530/40 - Gaudenzio Ferrari (vers 1471/1546)
Santa Maria dei Miracoli - Saronno (Italie)

1 - les cordophones

les cordes frottées
a - Violes de bras (viola da braccio)
L’appellation “viole” s’applique à des instruments à archet de
diverses formes et qui se déclinent en plusieurs tailles. Les
instruments se distinguent par une table voûtée, un fond plat,
des épaules tombantes, des ouies généralement en forme de
“C” et par un nombre de cordes variant entre 5 et 7. Le chevalet
plat permet de jouer plusieurs cordes simultanément.
Le manche possède des frettes.

On appelle frette, une fine barrette placée perpendiculairement Viola da braccio - 1511 - Parnasse
à la touche. Elle peut être incrustée ou mobile (type bracelet de (détail d'Apollon jouant de l’alto da
boyau) pour délimiter une case où l’instrumentiste place ses braccio) Raffaello Sanzio (1483 - 1520)
doigts pour produire un son d’une hauteur déterminée.

b - Viole de gambe (viola da gamba). Cet instrument à archet se
tient entre les jambes (comme son nom l’indique). Elle disparaîtra à
la fin du XVIIIe siècle mais certaines contrebasses aux épaules
tombantes et à fond plat perdurent encore aujourd’hui. Son manche
possède des frettes.

Viole de gambe
Christopher Simpson (1602/1669)
musicien et compositeur anglais

c - rebec. On le considère comme un
autre ancêtre du violon. Il est fait d’une
caisse monoxyle (fabriqué dans une
seule pièce de bois), taillée dans la
masse, à la manièred’un sabot. Sa
présence reste vivace dans quelques
musiques traditionnelles. Son manche
ne possède pas de frettes.

d - Chifonie. Ancêtre de la vielle à
roue, elle devient un instrument phare
de la musique populaire.

e - Violon rebec - Virgo inter virgines
Le violon est issu directement d'une Gérard David (1460/1523) -
synthèse entre le rebec, la vièle et la Musée de Rouen
lira da braccio. Le premier document
où figure le mot violon date de 1523. Vielle à roue - Couronnement de Marie
Cet instrument ne possède pas de Bergognone (≈1515) - basilique San
frettes. Simpliciano - Milan

les cordes pincées

a - luth. C’est l’instrument principal de la Présentation de Jésus au Temple - détail : joueur
Renaissance, introduit par les Arabes, en Espagne, de luth - Vittore Carpaccio - 1510
depuis le XIIIe siècle. Le luth, qui se reconnaît à sa Gallerie dell'Accademia, Venise (Italie)
caisse piriforme (dos bombé), ornée de bandes
collées sans éclisse1. La table est généralement
dotée d’une rosace centrale décorée. L’instrument
possède un large manche doté de frettes et un
chevillier disposé à angle droit par rapport au
manche. Il se joue en grattant les cordes avec un
plectre, avec une penne de plume ou avec les doigts.
Les cordes sont réparties en 5 double chœurs2 au
XVe siècle avant de se stabiliser à 6, et jusqu’à 10
double chœurs, plus une chanterelle3

1 Pièce de bois qui réunit le fond et la table d'harmonie
2 Cordes doublées (à l’unisson ou à l’octave)
3 Corde la plus aiguë

b - Vihuela, sous entendu de mano (jouée à la main), est un
instrument à cordes pincées, proche du luth, popularisé en
Espagne au XVIe siècle. La vihuela possède la forme de guitare
(mais avec un dos légèrement bombé) et s’accorde comme un
luth ; elle disparaîtra à la fin de la
Renaissance.

c - guitare
La guitare renaissance, de taille
plus restreinte que l’actuelle,
possède 4 chœurs en boyaux. Ce
nombre limité de chœurs en fait
d’abord un instrument joué de
façon rythmique.

d - le cistre désigne une sorte de guitare Vihuela a mano
guitare à corps piriforme plat et Tobias Stimmer (1539/1584) Frontispice du Libro de música de vi-
huela de mano - 1536 - Luis de Milan
mince, issue de la citole médiévale

et montée avec des cordes

métalliques.

e - Harpe Harpe - Le concert -
Depuis la fin du siècle précédent les harpes sont dotées Niccolo del’Abbate (1512/1571) -
de harpions (petites chevilles provoquant des harmoniques Pinacoteca Nazionale di Bologna
et des effets de bruitage). Ce dispositif, fort prisé à la
Renaissance, permet d’obtenir un accroissement du
volume sonore. L’harmonique qui en résulte simultanément
préfigure le principe des cordes sympathiques adopté sur
certains instruments. Un deuxième jeu de cordes est
adjoint permettant d’accéder aux altérations (dièses ou
bémols).

les cordes pincées (suite)
f - Virginal ou clavicimbalum puis clavecin.
Ces instruments à clavier sont dotés de cordes en métal,
pincées par des becs (sautereaux).
le clavecin constituera l’instrument prépondérant pour
l’accompagnement jusqu’à Mozart.

Virginal - Portrait de famille (détail) - 1561 - Frans Floris De
Vriendt (1519/1570) - Stedelijk Museum Wuyts-Van Campen en
Baron Caroly, Lier (Belgique)

les cordes frappées
a - tympanon
Terme générique désignant des cithares sur table à cordes,
frappées par des cuillères ou des mailloches. L’instrument
évolue dans les pays de l’Est sous le nom de cymbalum.
b - Clavicorde
à la différence du virginal, celui-ci dispose de cordes frappées.
Très peu sonore il évoluera à la fin du XVIIIe siècle sous forme
de pianoforte puis de piano.

Cymbalum - tapisserie style Mille fleurs - Italie

tympanon - 1512 - Jacob Cornelisz van Oostsanen
(≈1470-1533).
L'Adoration de l'enfant (détail)
Musée national de Capodimonte - Naples (Italie)
Clavicorde - Femme jouant du clavicorde (détail) - ≈ 1530 -
Jan Sanders van Hemessen (≈1500/≈1566) - Worcester Art Museum

2 - les aérophones
a - les Flûtes

-/ Flûte traversière ou flûte traversaine
(fonctionnement : le souffle du musicien vient se briser sur
l’arête vive que constitue le bord du trou)

-/ Flûtes à conduit ou flûte à bec (fonctionnement :
l’air est guidé sur une arête par un conduit aménagé)
Ces instruments possèdent de 3 à 8 trous de jeu. la flûte à
3 trous tenue d’une seule main est associée au tambour à
cordes ou de peau joué par l’autre main pour la musique de
danse.

b - les anches Allégorie des cinq sens (détail) -
flûte traversière- musée Carnavalet
-/ Chalumeau
Instrument à anche simple et à perce cylindrique, il est
l’ancêtre de la clarinette ou du saxophone.

-/ Chalemie, Bombarde. Instruments dotés d’une anche
double, d’une perce conique et d’un pavillon évasé,
précurseurs du hautbois d’aujourd’hui. La chalémie possède
une forme plus ancienne et dispose d’une pirouette (sorte de
petit disque sur lequel est fixée l’anche double) qui sert
d’appui aux lèvres du musicien.

-/ douçaine (ou dulciane) (1)  Instrument à anche double,
doté d’un tube conique intérieur, replié en “U”, avec 8 trous
de jeu (dont un avec une clef) qui se décline en plusieurs
tailles. Le modèle basse est un ancêtre du basson.

-/ Cervelas (2) (instrument à anche double de la Renaissance Famille des flûtes à bec (consort)
et du Baroque). C’est un cylindre de bois avec un tuyau
intérieur enroulé neuf fois sur lui-même. On obtient ainsi une
très longue colonne d’air pour un instrument de petite

dimension qui s’emploie comme basse. Les trous de jeu
s’obturent avec le bout des doigts mais aussi avec les
phalanges.

(2) (1)

b- les anches (suite)
-/ Instruments à capsule “type hautbois”
L’anche double n’est pas serrée directement
entre les lèvres mais maintenue
hermétiquement à l’intérieur d’une ‘’capsule’’.

-/ Cromorne (ou tournebout), instrument
étroit à anche double encapuchonnée et
perce cylindrique, il se termine en forme de
crochet.
L’instrument tient peut être son nom de
l’allemand Krummhorn (krumm = tordu, de
travers). Le cromorne, qui se décline en
plusieurs tailles, a laissé son nom à un jeu
de l’orgue.

-/ Cornemuse, muse, chevrette Joueur de cromorne (détail) - 1510 -
Instrument comportant un gros sac en Vittore Carpaccio (1460-1526) -
peau alimenté en air duquel partent Gallerie dell'Accademia, Venise
plusieurs tuyaux sonores.
Les tuyaux de jeux peuvent être à anche
simple (perce droite) ou à anche double
(perce conique) et s’accompagnent d’un
bourdon (long tuyau à anche battante
simple, sans trou de jeu).

-/ Vèze proche de la cornemuse : la
poche est en vessie de porc et la mise en
pression se fait par le souffle de
l’instrumentiste.

Cornemuse - La danse des paysans (détail)
Pieter Brueghel l’Ancien (1525/1569)
Kunsthistorisches Museum - Vienne (Autriche)

Cornemuse - ≈ 1640 - Jacob Jordaens (1593/1678) -
Fondation Roi Baudoin - Bruxelles (Belgique)

c - les orgues : instruments mus par l’action de
soufflets

Ces instruments sont dotés d’un clavier, d’une arrivée
d’air, produit par un (ou des) soufflet(s) et de plusieurs
familles de tuyaux comme les flûtes (tuyaux à bouche)
et les anches (lamelle métallique vibrante).

-/ orgue portatif. Très en vogue à la Renaissance, ce
petit orgue se joue d’une main tandis que l’autre
actionne le soufflet.

-/ régale. Terme qui désigne le clavier commandant un Extrait du Retable de saint Barthélemy,
jeu d’anches. panneau central ≈1501-1503
Genre d’orgue portatif de la Renaissance et du Meister des Bartholomäus-Altars
Baroque, où l’air, pulsé par deux soufflets, met en Alte Pinakothek - Munich (Allemagne)
vibration un seul rang de tuyaux à anche(s).

-/ grand orgue
Après l’orgue portatif et l’orgue positif, apparaît le
grand orgue qui présente une complexité croissante
des jeux et l’utilisation de registres nommés (montre,
prestant, doublette, sifflet, bourdon, nasard, larigot,
tierce ou cornet, hautbois, trompette, clairon, régale,
cromorne…) commandant ces différents jeux.
L’organiste improvise à l’orgue pour remplir les temps
morts de l’office religieux.
Un ou deux assesseurs sont nécessaires pour
actionner les soufflets qui assurent l’apport en air.

orgue positif
Arnolt Schlick - 1511, gravure sur bois

régale
Musée des instruments de musique - Bruxelles
(Belgique)

d - les cuivres
Il s’agit d’aérophones à embouchure en forme de cuvette (type trompette).

les cornets
Appellation générique issue du mot corne.
Cornet muet ou à bouquin (1) On l’appelle cornet muet quand l’embouchure est directement taillée
dans le bois ou cornet à bouquin quand on rajoute une embouchure. Le cornet basse s’appelle
serpent.

Buccin (ou busine) (2) trompette naturelle à tuyau en zigzag. D’origine pastorale, on la retrouve
par la suite dans un usage militaire ou cérémoniel.

la sacqueboute (3) ou saqueboute, saquebutte, saquebute : instrument à vent, ancêtre du
trombone (sacquer et bouter signifiant respectivement tirer et pousser). L’invention de la coulisse
permet d’explorer l’instrument dans un registre grave.

Cor, trompe : il s’agit essentiellement d’instruments d’appel.

(3)

(1)

trompe - Église paroissiale catholique de Saint-Jean-

Baptiste - Burgbrohl (Allemagne) Joueurs de cuivres : cornet et trombone - 1625 - Anton Boten

(1595/1624) Saint-Martinikirche (Stadthagen - Allemagne)

ange jouant de la trompe - Vitrail de la Cathédrale de Sens

Buccin (2) - Vitrail de la cathédrale

d’Auch

Flûtes à bec

Dulciane

Bombarde Chalemie Courtaud

Cromornes

Serpent

Cervelas

Cornets

Codex des Psaumes de la Pénitence - 1584 - La "Chapelle de cour" du duc Albert V et les
musiciens de Roland de Lassus Hans Mielich - Bayerische Staatsbibliothek.
On reconnaît : viole de gambe - viola da braccio - guitare - douçaine - flûte traversière -
sacqueboute - clavecin - cervelas - cornets - luth -

3 - les percussions
La plupart des percussions de la Renaissance sont issues de l’instrumentarium médiéval qui évolue,
s’adapte ou fait l’objet d’innovations. Parmi les plus fréquemment rencontrées, on peut citer les
tambours (à timbre, à corde, sur cadre, avec cymbalettes…), les cloches, les tintinnabules, les
triangles et les cymbales.…
Sont présents, encore aujourd’hui, l’héritier du claquebois sous forme de xylophone, la guimbarde,
les appeaux, les crécelles, les castagnettes…

Cymbales - ≈ 1530/40 - Gaudenzio guimbarde - Dirck van Baburen
Ferrari (1475/1546) - Saronno, (1595/1625) - Centraal Museum -
Santa Maria dei Miracoli Utrecht

tambour militaire - Hans Sebald
Beham (1500/1550) - Musée
national allemand - Nuremberg

VoCaBulaIre
A cappella : chant sans accompagnement instrumental.
Chambre (musique de) : musique jouée par un petit orchestre composé d’instruments de famille
différentes.
Chapelle (ou maîtrise) : groupe de chanteurs (parfois d’instrumentistes) au service d’une église ou
d’un prince. Les musiciens et chanteurs suivent les déplacements de la Cour.
Choral : musique simplifiée à l’usage des fidèles des églises réformées (phrases musicales brèves,
une note par syllabe, quelques courtes vocalises, un ambitus restreint, paroles en allemand…).
Consort : ensemble d’instruments d’une même famille.
Contrepoint : superposition organisée de lignes mélodiques distinctes.
Contrepuntiste : celui qui compose selon les règles du contrepoint.
école franco-flamande ou franco-bourguignonne : mouvement musical marqué par l’utilisation
massive de la polyphonie qui se développe à la toute fin du Moyen Âge aux Pays-Bas.
Homophonie : musique écrite pour être exécutée collectivement à l'unisson (à l’opposé de la
polyphonie).
Humanisme : mouvement artistique et intellectuel de la Renaissance imprégné de la re-découverte
de l’Antiquité. Il s’illustre également en philosophie par un retour à l’étude des textes antiques
considérés comme modèles de vie, d'écriture et de pensée.
Imitation : répétition d’un thème ou d’un motif par différentes voix, fondement du canon.
lutrin : grand pupitre en bois permettant de poser un ouvrage volumineux.
motet : pièce de musique religieuse composée sur des textes latins ne concernant pas l’office et le
psaume luthérien.
polyphonique : “à plusieurs sons”. La technique du contrepoint marque l'apogée de la polyphonie.
psaume : désigne un poème ou un chant liturgique introduit au moment de la Réforme et chanté
par toute l’assemblée au moment du culte dominical.
réforme : courant religieux, initié en 1517 par l’Allemand Martin Luther qui va donner naissance
aux Églises protestantes. Les initiateurs de la Réforme dénoncent les abus et dérives du catholicisme
romain et préconisent le retour aux préceptes de la Bible. Luther sera rejoint par Calvin et d’autres
“réformateurs”.

le concert - 1529 - Anton Woensam - Holzschnitt - Erlangen
Universitätsbibliothek

à retenir la renaissance est une période historique, intellectuelle et artistique des XVe
et XVIe siècles européens, imprégnée par la redécouverte de l’Antiquité et par

l’émergence de certaines valeurs (l’humanisme). Cette époque marque la fin

du Moyen Âge et le début des Temps modernes. La découverte de nouveaux

continents (Christophe Colomb, Vasco de Gama, Magellan…), la naissance du

courant humaniste, l’invention de l’imprimerie (Gutenberg) modifient en profondeur la vision

du monde et les échanges qui s’intensifient.

Le moine allemand Luther (1483/1546) décide de réformer la religion catholique en éradi-

quant les excès et abus. Il crée ainsi l’Église protestante qui ne reconnaît plus l’autorité du

pape.

en musique
• apogée du style vocal polyphonique initié par l’école franco-flamande.
• Une partie de la musique s’émancipe de l’Église et devient profane avec un goût particulier
pour la chanson ou le madrigal.
• essor de la musique instrumentale ; c’est un des faits marquants de cette période.
• La musique instrumentale se pratique en consort (même famille d'instruments) ou en petit
orchestre de chambre (instruments de famille différentes).
• Développement de la musique de cour purement instrumentale et, en particulier de la suite.
Il s’agit d’une succession de mouvements de danses, avec rythmes et tempos différents (une
danse lente et une danse vive - par exemple pavane/gaillarde).

exercices

exercice 1 exercice 5
Quelles sont les dates habituellement retenues Comment s’appelle le système de notation qui,
pour baliser la période de la Renaissance ? sous forme d’une représentation schématisée du
(choisir la bonne réponse) manche ou du clavier, indique sur quelle touche
ou dans quelle case, le musicien doit poser ses
200 - 950 1200 - 1715 500 - 1500 doigts pour faire sonner la corde
1492 - 1600 (choisir la bonne réponse : partition - tablature -
registre - doigté).
exercice 2
Donner la bonne définition de chaque terme : exercice 6
a cappella, monodique, polyphonique Numéroter du plus aigu au plus grave chacun de
Au choix : ces registres de voix :
• à une seule voix chantée à l’unisson Superius (soprano) Bassus (basse) Altus (alto)
• sans accompagnement instrumental Tenor (ténor)
• à plusieurs voix

exercice 3 exercice 7
Quel personnage critique la conduite du Pape et Dans quel lieu le choral est-il chanté ?
de l’Église catholique ? (noter la bonne réponse)
exercice 8
François 1er luther martin luther King Comment s’appelle la personne qui dirige
louis XIV le choral ?

exercice 4 exercice 9
Comment s’appelle l’ensemble musical qui joue Parmi toutes ces danses, une n’existait pas à la
des instruments d’une même famille ? Renaissance ; laquelle ?
(au choix : quadrille - cantor - consort - choral) gaillarde – pavane – tourdion – Valse –
Branle - saltarella - Volte

exercice 10
Nommer les familles d’instruments de musique présentés ci-dessous

(au choix : cervelas - cromornes - violes)

b

a
c

exercice 11
Nommer les instruments de musique proposés (au choix : sacqueboute - orgue portatif - luth)

de f
exercice 12
Placer chaque instrument dans la catégorie dont il dépend.
cromorne - luth - viole de gambe - cervelas - flûte traversière - sacqueboute - flageolet - vihuela -
bombarde - dulciane - guitare

Cordes pincées Cordes frottées Instruments à anche Flûtes Cuivres
exercice 13
Citer au moins trois compositeurs de la Renaisance.

pour aller plus loin

Illustrations sonores ou visuelles ethnographiques

suggestion : travail de recherche et de documentation sur les sujets
suivants :

Visionner
• la danse à la renaissance
(mise en place d’une danse à partir du décriptage de l’Orchesographie)

• Faire des recherches sur : Chambord
• les châteaux de la renaissance (châteaux de
la Loire par exemple).

Chenonceau

• la découverte des amériques :
Imaginer la surprise des conquistadors en
écoutant la musique précolombienne
(musique inca, cumbia…) et en voyant
les peuples du Soleil : Mayas, Aztèques,
Incas..
Aujourd’hui, les nombreux instruments
utilisés par les musiciens des Andes
ressemblent encore à ceux de leurs
ancêtres : bombo - huankar - caja -
reoblante - kultrun - guiro - chajchas -
kena - sicu - charango…

Apprendre un chant des Andes
(El condor pasa - Hanacpachap cussicuinin…

Photos©Pixabay





HISTOIRE DE LA MUSIQUE

5 - Le Baroque

(XVIIe s. / 1ère moitié du XVIIIe s.)

La qualification de “Baroque” s’applique au style artistique né en Italie et qui a marqué le
XVIIe siècle et la première moitié du XVIIIe dans les domaines de l’architecture, de la
musique, des arts plastiques et de la littérature.
Il faut cependant noter qu’au cours de cette même période, la France développe une originalité,
dans les domaines de l’architecture et de la littérature en particulier, appelée classicisme dont les
critères diffèrent de ceux établis par l’Italie.
Dans le domaine musical, au cours de ce siècle et demi, de nombreuses formes vocales ou
instrumentales, poussées par les rivalités des deux “écoles” (Italie et France), voient le jour et
connaissent le succès bien au-delà du XVIIIe siècle (suite, sonate, concerto, opéra, oratorio…).
Un autre constat s’impose : la musique instrumentale prend un essor qu’elle n’a jamais connu
auparavant, même si l’art du chant et celui de la danse restent bien présents dans le paysage
musical. Concrètement, le baroque musical se caractérise par la prédominance qu’exerce la
basse continue, par une autre dimension de l’harmonie (notions d’accords, de tonalité, de
modulation…), par le développement de nouveaux tempéraments ou encore par la
(re)découverte de la déclamation via le récitatif ou les arie.

L’Ouïe - vers1635 - Bosse Abraham (d'après) - Musée des Beaux-Arts - Tours.
Une jeune femme au luth et un homme à la viole de gambe, accompagnent trois chanteurs. Le personnage assis à gauche, de
dos, semble battre la mesure tout en suivant sur sa partition.
Photo © Lugdivine

UN MONDE D’INNOVATIONS ENROBÉES DANS UNE EXUBÉRANCE
STYLISTIQUE AFFICHÉE

Quelques noms et dates “clés” de cette période

Art Littérature Les grandes royautés
européennes
Italie France Russie
• Le Bernin (1598/1680) Émergence du classicisme
• Le Caravage (1571/1610) • Malherbe (1555/1628) • Pierre le Grand (1672/1725)
• Les frères Carrache • Boileau (1636/1711) • Catherine II (1729/1796)
• Tiepolo (1696/1770) • Corneille (1606/1684)
• Canaletto (1697/1768) • Racine (1639/1699) Angleterre
• Molière (1622/1673) • La Reine Anne (1665/1714)
Espagne • La Bruyère (1645/1696) • Georges 1er (1660/1727)
• Zurbaran (1598/1664) • Bossuet (1627/1704)
• Murillo (1617/1682) • Descartes (1596/1650) Prusse
• Velázquez (1599/1660) • Pascal (1623/1662) • Frédéric Ier (1657/1713)
• La Fontaine (1621/1695) • Frédéric II (1712/1786)
Flandres • Charles Perrault (1628/1703)
• Rubens (1577/1640) • Marquise de Sévigné (1626/1696) Autriche
• Van Dyck (1599/1641) • Marie Thérèse (1717/1780)
Le siècle des Lumières
Provinces-Unies • Montesquieu (1689/1755) France
• Rembrandt (1606/1669) • J.J. Rousseau (1712/1778) • Louis XIV (1638/1715)
• Vermeer (1632/1675) • Voltaire (1694/1778) • Louis XV (1710/1774)
• Diderot (1713/1784)
France • Marivaux (1688/1763) Louis XIV
• De La Tour (1593/1652) • Beaumarchais (1732/1799) France
• Les frères Le Nain
• Poussin (1594/1665) Italie Marie Thérèse d’Autriche
• Watteau (1684/1721) • Goldoni (1707/1793)
• Chardin (1699/1779) • Casanova (1725/1798)
• Boucher (1703/1770)
• de La Tour (1704/1788) Espagne
• Fragonard (1732/1806) • Cervantes (1547/1616)
• Lope de la Vega (1562/1635)
Architecture • Tirso de Molina (1571/1648)
• Versailles
• Le Louvre Angleterre
• Les Invalides • William Shakespeare (1564/1616)
• La place des Vosges… • Daniel Defoe (1661/1731)
• Jonathan Swift (1667/1749)

Pierre le Grand Catherine II Frédéric II
Russie Russie Prusse

A - L’art baroque en architecture
Il s’agit d’un art “démonstratif”, essentiellement promu par la religion catholique, la papauté
en particulier, porteur d’un message obéissant à un objectif majeur : contrecarrer les effets
de la Réforme de Luther. L’art baroque religieux est d’abord marqué par un désir de rompre avec
les modèles du passé. Il se caractérise aussi par le gigantisme des édifices et par la volonté de ses
concepteurs de “théâtraliser” leurs réalisations.
Parallèlement au domaine religieux, l’architecture civile baroque italienne s’exprime à travers
l’édification de vastes palais. Maîtres dans l’art de l’illusion, architectes, peintres ou sculpteurs mêlent
habilement tous les genres. La recherche de mouvement se concrétise par le choix d’ornements
“réalistes” (parois ondulées, escaliers monumentaux, variations des jaillissements d’eau des
fontaines…), par la présence d’artifices suggérés (peintures ou sculptures de personnages en
action) mais aussi par le désir de figurer l’infini (fresques en trompe-l’œil, jeux de miroirs…).

La place Saint-Pierre de
Rome - Commandée en 1656
par le pape Alexandre VII (†
1667), la construction de cette
esplanade est confiée au
Bernin (1598-1680). Ce
dernier conçoit un majestueux
ovale, bordé de quatre
rangées de colonnes doriques
qui s'écartent depuis le parvis
de la basilique comme deux
immenses bras de pierre pour
traduire la mission
œcuménique de l’église
catholique : accueillir le
monde entier en son sein.
Photo © Lugdivine

Coupole de la Nouvelle Cathédrale
de Salamanque.
La ville de Salamanque possède
deux cathédrales ; une ancienne,
fondée au XIIe siècle, de style roman
et une “nouvelle”, élevée entre les
XVIe et XVIIIe siècles de style
gothique tardif et baroque.
Même si la présence extérieure d'arc-
boutants et de contreforts et l'envolée
intérieure de la nef témoignent d’un
style gothique, la présence baroque
s’affirme à travers la coupole au-
dessus de la croisée du transept et
les parties supérieures de la tour
clocher. Cette coupole est l’œuvre de
Joaquin de Churriguera (1674-1724).
Photo © Lugdivine

• Classicisme “à la française”
En France, dans le domaine civil, on note une volonté urbanistique et une conception architecturale
différentes. Cette orientation concilie logique, utilité, simplicité avec séduction, critères correspondant
à des exigences rationnelles qui deviennent les fondements du classicisme “à la française”.

Le siècle des Lumières
On utilise souvent cette locution pour l’appliquer prioritairement au XVIIIe siècle français. Cette
notion fait référence aux nouveaux courants de pensée en phase avec une nouvelle éthique morale
et/ou politique. Le message porté s’adresse d’abord à la raison ; il a pour objectif de délivrer
l’humanité de l’ignorance, de l’obscurantisme et du fanatisme On peut citer : Montesquieu
(1689/1755), Jean-Jacques Rousseau (1712 /1778), Voltaire (1694/1778), Diderot (1713/1784),
mais aussi les auteurs dramatiques Marivaux (1688/1763) et Beaumarchais (1732/1799).
Parmi les publications les plus marquantes de ce siècle des Lumières, il faut mentionner
l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, publiée entre 1751 et 1772. Il s’agit du premier
dictionnaire composé de 17 volumes de textes et de 11 volumes de planches illustrées.

Versailles - Vue partielle de la
façade centrale
Destiné à devenir la résidence
permanente du roi et de la
cour (ce qui est fait en 1682),
le palais de Versailles prend
des proportions gigantesques.
L’architecte Jules Hardouin-
Mansart offre une solution
esthétique qui séduit le Roi
Soleil en intégrant les
sculptures et les colonnades
dans la trame des bâtiments.
L’ensemble du front de
façade, représenté, en partie
ci-dessus, s’étire sur plus de
670 m de longueur et se
caractérise par les colonnes
d’ordre ionique posées sur un
soubassement à bossage, par
l’encadrement des portes- La galerie des glaces
fenêtres avec des pilastres
également ioniques et un attique (partie supérieure qui couronne un édifice) ponctué par des trophées. Les toits sont
dissimulés sous des balustrades pour ne pas rompre l’harmonie née de l’équilibre général de l’ensemble. De vastes bassins
ont été creusés devant cette façade qui abrite la galerie des Glaces (photo en dessous). Ils sont ornés de sculptures de
bronze, allégories des principaux fleuves et rivières de France.

Photos © Pixabay

B - La musique baroque
Symboliquement, on fait de Claudio Monteverdi (1567/1643), en amont, et de
Jean-Philippe Rameau (1683/1764) en aval, autrement dit un Italien et un
Français, les deux noms-butoirs “phares“ du baroque musical. Ceci peut paraître
réducteur au regard des autres grands compositeurs qui ont jalonné cette période
(Lully, Vivaldi, Bach, Haendel, Telemann, Purcell…) mais cette référence traduit une réalité qui
s’exprime sur le terrain de l’évolution esthétique autant que politique. 
Au cours de ce siècle et demi, de nombreuses formes vocales ou instrumentales voient le jour et
connaissent le succès bien au-delà du XVIIIe siècle (suite, sonate, concerto, opéra, oratorio…).
Un autre constat s’impose : la musique instrumentale prend un essor qu’elle n’a jamais connu
auparavant, même si l’art du chant et celui de la danse restent prépondérants.
à ce titre, le baroque musical se caractérise par la prédominance qu’exerce la basse continue, par
une autre dimension de l’harmonie (notions d’accords, de tonalité, de modulation…), par le
développement de la gamme à tempérament égal ou encore par la (re)découverte de la
déclamation via le récitatif ou encore l’aria.

Le tempérament

Le tempérament désigne le choix d’un système musical pour diviser l’octave en
un certain nombre de notes.
L’usage du tempérament est directement lié à l'impossibilité d’accorder un instrument à clavier en
se référant aux valeurs acoustiques “pures” ou “naturelles” attribuées à chaque tonalité (cf. tableau
ci-dessous !). En effet, dans ce système, les valeurs de dièses sont différentes de celle des bémols.
De ce fait, si l’on accorde un instrument à son fixe (clavecin, piano…) en tenant compte des
harmoniques naturels, cet instrument n’est véritablement juste qu’en se référant à la tonalité
initialement choisie. C’est pourquoi, dès le XVIe siècle, les théoriciens et les facteurs d’instruments
tentent d’améliorer une telle situation. L’organiste Werckmeister expose, le premier en 1691, la
théorie du tempérament égal consistant à accorder l’instrument à clavier en subdivisant l’octave en
12 demi-tons de valeur égale. Dès lors, la possibilité est données à tous les musiciens de s’aventurer
à composer dans toutes les différentes tonalités et non plus uniquement dans une tonalité donnée.
Tout le génie de J.S.Bach a été de mesurer très rapidement la grande liberté de cette nouveauté et
de transformer cet élément théorique et technique en une réalité musicale riche et sensible.

Le tableau ci-dessous explique la différence entre les gammes dites “naturelles” (ou “pures”) et les
gammes “tempérées”. Pour bien comprendre cette situation, il faut prendre en considération que
l’intervalle d’un ton (ici do - ré) compte 9 commas (intervalles très faibles).

Justesse “naturelle” 4 Do# demi-ton diatonique Ré
5
demi-ton chromatique Do# - Ré = 4 commas 9

Do Do - Do# = 5 commas 678

01 2 3

Do - Réb = 4 commas Réb Réb - Ré = 5 commas
demi-ton diatonique demi-ton chromatique

Justesse “tempérée” demi-ton à tempérament égal

demi-ton à tempérament égal

1 - L’invention et le développement de l’opéra
a - En Italie, le 24 février 1607, à la cour du duc de Mantoue, Claudio Monteverdi (1567/1643)
crée L’Orféo, un dramma in musica, qui pose les bases d’un genre qu’on appellera opéra à la fin
du XVIIIe siècle. A travers cette création, ce compositeur invente une nouvelle matière musicale plus
riche, plus expressive et plus variée qui donne un relief étonnant au texte. Ses récitatifs, en
particulier, sont très nuancés et il parvient à lier, avec talent, tous les autres éléments constitutifs de
son œuvre : sinfonie, intermède musical, chœur, arioso, ballet…
L’immense succès de L’Orféo engendre une génération spontanée d’imitateurs. Dès lors, une
distinction s’opère entre deux tendances ; opera seria (sérieux, solennel, dramatique privilégiant
les sentiments des divers personnages) d’un côté et opera buffa (au caractère plus léger souvent
issus de la comedia dell’arte) de l’autre.
Parallèlement à l’évolution de l’opéra, se développe une forme assez proche d’inspiration religieuse,
écrite pour récitants, solistes, chœurs et orchestre, donnée en concert mais sans représentation
scénique : l’oratorio.
b - En France, la comédie-ballet et le ballet de cour constituent les formes privilégiées d’une
bonne partie du XVIIe siècle. Malgré la présence des ingrédients essentiels à l’opéra (airs, récitatifs,
chœurs), la danse occupe toujours la place essentielle au détriment du suivi de l’action. En
1672, Jean-Baptiste Lully (1632/1687), très en faveur à la Cour de Louis XIV, rachète le privilège
royal accordé à Perrin, depuis 1669. Cette disposition lui permet d’exercer le monopole de la création
lyrique partout en France. Dès 1673, à raison d’une création par an, il écarte tous les autres
compositeurs du royaume. Les thèmes abordés s’inspirent de nombreux épisodes mythologiques
(Alceste, Thésée, Atys, Isis, Persée…).
Les grands talents comme Marc-Antoine Charpentier (1634/1704), Marin Marais (1656/1728),
André Campra (1664/1744), Michel Richard Delalande (1657/1726) ont du mal à donner la pleine
mesure de leur art dans ce domaine en raison du droit de censure dont bénéficie Lully.

Armide - Représentation au Palais-Royal - 1761 - Gabriel de Saint-Aubin (1724/1780) Museum of Fine Arts, Boston

c - Naissance de l’opéra comique
Au théâtre lyrique la mort de Lully laisse un grand vide et il faut attendre l’arrivée de Jean-Philippe
Rameau (1683/1764) pour assurer une succession digne du maître. En 1733, le succès de sa
tragédie lyrique Hippolyte et Aricie précède l’arrivée d’autres chefs-d’œuvre : Les Indes Galantes,
Castor et Pollux, Les Fêtes d’Hébé, Dardanus…
Parallèlement au domaine de la musique “académique”, se développe un genre qui attire un public
de plus en plus nombreux : le théâtre de foire.
L’opéra comique est né mais c’est surtout à travers l’opera buffa italien qu’il prendra son essor.
L’opéra bouffe, issu du grand opéra, traite de façon amusante, sur des musiques pleines d’entrain,
la vie des gens simples (bergères, domestiques, paysans, soldats …).
C’est G. Pergolèse (1710/1736) qui s’illustre plusieurs années après sa mort lors de la
représentation de la Serva Padrona (La Servante Maîtresse) donnée à Paris en 1752. En effet, du
fait de l’enthousiasme et du succès remportés par cette œuvre, naît la fameuse “querelle des
Bouffons” qui oppose ouvertement les partisans du style solennel et traditionnel de l’opéra français
(chef de file : Rameau) avec les adeptes de ce nouvel opéra italien qualifié de buffa (défendu par
J-J Rousseau).

L’Angleterre et l’Allemagne subissent de plein fouet les influences italiennes et françaises.
Cependant, Henry Purcell (1658/1695) compositeur d’une dizaine d’opéras (dont le fameux Didon
et Enée) et G.F. Haendel (1685/1759) concepteur de 35 œuvres lyriques (dont Orlando) confèrent
une certaine originalité à l’opéra anglais.

VOCABULAIRE
Comédie-ballet : mis en vogue par Molière et Lully, ce genre dramatique, met en symbiose le chanté,
le dansé et le parlé dans une action unique.
Opéra : forme reine du théâtre lyrique, l’opéra répond à la volonté d’associer, dans une seule
représentation d’une tragédie ou d’un drame, le chant, la musique et la danse.

seria : opéra sérieux, dramatique, solennel qui offre une succession de recitativi secci
(l'accompagnement instrumental est réduit au minimum). Ce dernier se compose en effet de la seule
basse continue exposant l’action et d'arias da capo (mélodie chantée de forme ABA’) où les
sentiments s’expriment.

buffa : (opéra bouffe) au caractère plus léger qui fait la part belle aux intermezze (pièces
musicales instrumentales ou chantées accompagnées parfois de danse ou de pantomime) mettant
en scène des personnages de la comedia dell’arte, spectacle que l’église condamne souvent le
jugeant par trop immoral.

Oratorio : œuvre d’inspiration religieuse, bien que parfois profane, écrite pour récitants, solistes,
chœurs et orchestre, interprétée en concert, sans représentation scénique.

Théâtre dit “à l’italienne”. Il s’agit d’un lieu de représentation entièrement couvert établi suivant un
plan de l’architecte italien Andrea Palladio (1508-1580) dont le Teatro San Cassiano de Venise,
inauguré en 1637, constitue le prototype. La salle comporte plusieurs étages /balcons (dont certains
ouvrent directement sur la scène) disposés sur un modèle en forme de U (voire d’ovale tronqué).

Giovanni Michele Graneri. Museo Civico d'Arte Antica et Palazzo Madama, Turin.
L’observation attentive de ce tableau permet de mesurer l’ampleur et l’importance
des décors, la richesse des costumes, la disposition des musiciens dans la fosse tout
comme celle des loges et du parterre où les spectateurs ont pris place. On s’aperçoit
également du passage, dans les premiers rangs, de serviteurs proposant fruits ou
boissons rafraîchissantes.

Ces trois agrandissements nous permettent de
découvrir la richesse de l’orchestre qui accompagne
les chanteurs et choristes. Entre les deux clavecins en
vis à vis, se situe le pupitre des violons (avec
probablement une flûte à bec ou une anche). De part
et d’autre, se répartissent les violoncelles et
contrebasses, les cors naturels et autres bassons.

Le baroque à la française - La cour de Louis XIV
3 grands orchestres incarnent la magnificence de la Cour à Versailles et interviennent
selon un rituel bien établi.

• La Musique de la Chambre (musique privée du Roi) veille aux divertissements quotidiens de la
Cour : bals, comédies-ballets, tragédies lyriques, danses pour les “soirées d’appartement”… Son
organisation, d’une grande complexité, englobe, sous la direction de deux surintendants*, La Petite
Bande, la Grande Bande, un claveciniste, des chanteuses (eurs), deux maîtres de musique…

-/ La Bande des Vingt-Quatre Violons du Roi
En France, considéré longtemps comme un instrument “criard” réservé à la danse ou à la musique
des rues, le violon est enfin reconnu et célébré avec la création, en 1577, à Versailles, d’un
orchestre de six violons, douze parties intermédiaires et six basses de violon.
C’est en 1626 que Louis XIII institue officiellement cet ensemble en corps autonome : la Bande
des Vingt-Quatre Violons du Roi. En 1653, sous l'influence du compositeur et violoniste italien
Jean-Baptiste Lully, qui en prend la direction, le prestige de cette institution ne cesse de s’accroître.
Dans cette formation, sont répartis cinq pupitres distincts : 6 dessus de violon, 4 hautes-contre de
violon, 4 tailles de violon, 4 quintes de violon, 6 basses de violon. Lully va même l’enrichir de flûtes,
de hautbois, de bassons, de tambours ou de tambours de basque. Son rôle consiste
essentiellement à accompagner le Grand Couvert du Roi ou les grandes fêtes officielles.
Enrichie par la bande des Petits violons, les deux ensembles servent une musique d’apparat
emblématique d’un répertoire spécifique pour l’orchestre.

• La Grande Écurie du Roy : héritage des hauts-instruments de la Renaissance, cet ensemble
composé de trompettes, fifres et tambours, hautbois, cornets, sacqueboutes, musettes du Poitou,
cromornes… joue en plein air et accompagne les chasses, la guerre, les réceptions d’ambassadeurs,
les carrousels, les revues de troupes… Certains instrumentistes, comme les trompettistes et
timbaliers, sont parfois à cheval.

• La Chapelle Royale (environ 100 personnes réparties entre chœurs et solistes, orgue et basse
continue) intervient, en présence du Roi, aux offices de la Chapelle et pour les grandes occasions
(fêtes religieuses, mariages, baptêmes, enterrements…). L’effectif au complet ne se réunit
qu’exceptionnellement. D’ordinaire il se compose d’une vingtaine de participants. Rappelons qu’il
n’y a pas de femmes à la Chapelle (elles sont remplacées par les Pages de la Chambre, des hautes-
contre ou encore des castrats).
Pour les grands concerts, la Musique de la Chambre est sollicitée.

VOCABULAIRE
Carrousels : ces spectacles-ballets équestres qui remplacent les joutes médiévales interdites depuis
la mort de Henri II en 1559, permettent des mises en scène extraordinaires, des défilés de chars et
des parades où le roi Louis XIV et les grands de la noblesse, endossent des rôles allégoriques ou
de personnages venant d’Orient, d’Amérique, d’Afrique, revêtant des costumes flamboyants et
exotiques.

* Normalement deux surintendants étaient nommés mais Lully, qui ne supportait pas la moindre rivalité, exerçait un
tyrannique despotisme sur tout ce qui touchait à la musique et en détenait ainsi le monopole exclusif.

Le Grand Carrousel donné par Louis XIV dans la cour des Tuileries à Paris, pour célébrer la naissance du dauphin (5-6 juin
1662) Henri Gissey (1621/1673) - Grand Palais (Château de Versailles).
Le Carrousel était organisé en cinq quadrilles, menés par le roi lui-même, le duc d'Orléans, le prince de Condé, le duc d'Enghien
et le duc de Guise, chacun associé à une nation : la romaine, la persane, la turque, l’indienne et l’américaine.

2 - Création de nouvelles formes pour la musique instrumentale
a - Suite de danses
Au XVIIe siècle, l’instrument ne se limite plus au simple rôle d’accompagnateur de la voix. Il devient
de plus en plus autonome et s’impose aussi bien dans les domaines profanes que religieux. La
qualité, les performances et la fiabilité de la facture s’améliorant (justesse et timbre en particulier),
les compositeurs écrivent des pièces destinées aux solistes comme aux groupes d’instrumentistes.
Les morceaux dédiés à la danse s’associent deux par deux et deviennent suite de danses
en faisant alterner mouvement lent et mouvement vif. Ainsi, allemande (tempo modéré),
courante (tempo vif), sarabande (tempo lent), gigue (tempo vif) se succèdent et s’exécutent suivant
des figures et des pas variés. Progressivement, ces différentes pièces ne sont plus dansées mais
simplement écoutées. Elles sont jouées par un seul instrument ou par une formation instrumentale.
Les noms donnés à ces suites de danses varient suivant les pays : partita en Allemagne, sonata en
Italie, ordre-sonate ou suite en France…

b - La sonate. Composition dédiée à un ou deux instruments et découpée en trois ou quatre
mouvements. Souvent assimilée à la suite au XVIIe siècle, elle va s’en détacher au cours du XVIIIe
et chacun de ses mouvements portera un nom qui renvoie à son tempo et à son expression (allegro,
adagio, presto).

c - Le concerto constitue, en quelque sorte, la synthèse de la suite et de la sonate avec un objectif
précis : mettre en valeur, soit un groupe d’instruments (concerto grosso), soit un instrument soliste
(concerto de soliste) par rapport à un orchestre.
La sonate et le concerto rendent légitime la mise en valeur des instrumentistes virtuoses et marquent
l’accès au premier plan des instruments à archet et des claviers (clavecin et orgue). Ainsi, le violon,
timidement apparu à la Renaissance, devient le roi de l’orchestre et l’instrument soliste par
excellence. De même, l’alto et le violoncelle détrônent la viola di braccio et la viole de gambe.
En Italie, apparaît une génération de musiciens particulièrement attirés par le violon. On peut citer
Corelli (1653/1713), Torelli (1674/1745), A. Scarlatti (1659/1725) et surtout Antonio Vivaldi
(1678/ 1743).

La réunion de musiciens - 1688 - François Puget (1651/1707) - Musée du Louvre (Paris)

! Un chapitre complet intitulé LES FORMES MUSICALES (chapitre V) propose un développement des principales
formes dont la sonate ou le concerto.

En France, le clavecin et l’orgue prennent le pas sur les autres instruments du
fait de leurs performances techniques. Ainsi, s’affirment l’originalité et la spécificité d’un
style instrumental propre. François Couperin dit “le Grand” (1668/1733) s’illustre par
une œuvre pour clavier abondante. Dans son sillage se manifestent bon nombre de clavecinistes
et organistes de talent dont Clérambault (1679/1749), Dandrieu (1682/1738), Marchand
(1669/1732). Le violoniste et compositeur Jean-Marie Leclair (1697/1764) se distingue dans le
domaine de la musique de chambre avec des œuvres pour flûte, violoncelle ou violon dans le
cadre de la sonate “à l’italienne”.

d - L’avènement de l’école germanique
En Allemagne, l’évolution de toute la pratique musicale religieuse est dominée par Henrich Schütz
(1585/1672), Buxthéhude (1637/1707), Froberger (1620 /1677) et Pachelbel (1635/1706). 
Cependant l’œuvre de J.S. Bach (1685/1750) va éclipser celles de tous ses prédécesseurs. Il écrit
des cantates religieuses et profanes, des passions, des messes, des oratorios, de nombreuses
pièces instrumentales (musique de chambre, concertos, pour claviers …). Quatre de ses enfants
deviendront musiciens.
Par ailleurs, il faut également évoquer le nom de G.F. Haendel (1685/1759) qui, bien que d’origine
allemande est considéré par les Anglais comme un des leurs. En fait, c’est en 1719 qu’il s’installe à
Londres. Il compose de nombreux opéras (Orlando, Serse, Il Pastor fido, Alcina, Arminio …), des
oratorios (Israël en Egypte, Le Messie …), des musiques de plein air (Water Music, Music for the
Royal Fireworks …), des pièces vocales religieuses, des cantates italiennes, des lieder allemands,
des airs français, des concertos grossos …

VOCABULAIRE Quelques compositeurs baroques
Concerto : composition musicale qui fait dialoguer des XVIIe - XVIIIe
un instrument (ou un groupe d’instruments) avec une
formation musicale. Tomaso Albinoni (1671/1751) Italien
Johann Sebastian Bach (1685/1750) Allemand
Le concerto de soliste : met au premier plan la Marc-Antoine Charpentier (1643/1704) Français
virtuosité et la sensibilité d’un instrumentiste. Archangelo Corelli ( 1653/1713) Italien
3 mouvements (vif, lent, vif). François Couperin (1668/1733) Français
George Friedrich Hændel (1685/1759)
Le concerto grosso : un petit groupe de
musiciens solistes (habituellement des cordes) dialogue Allemand puis Anglais
avec les autres instrumentistes de l’orchestre, beaucoup Jean-Baptiste Lully (1632/1687)
plus nombreux (d’où grosso) ; les deux groupes se
partagent successivement les thèmes. Italien d’origine puis naturalisé français
Marin Marais (1656/1728) Français
Fugue : (du latin fugere = fuir). Ce terme s’applique Claudio Monteverdi (1567/1643) Italien
indifféremment à un procédé proche du canon et à une Johan Pachelbel (1653/1706) Allemand
forme d’écriture en contrepoint (superposition de deux Henry Purcell (1659/1695) Anglais
lignes mélodiques) dans laquelle les différentes parties Jean-Philippe Rameau (1683/1764) Français
dialoguent donnant l’impression que le thème fuit d’une Alessandro Scarlatti (1660/1725) Italien
voix à l’autre. Domenico Scarlatti (1685/1757) Italien
Henry Schütz (1585/1672) Allemand
Sonate : si elle se confond avec la suite au XVIIe, elle va Georg Philipp Telemann (1681/1767) Allemand
s’en détacher pour devenir une pièce instrumentale Antonio Vivaldi (1678/1741) Italien
destinée à un petit nombre d’exécutants (un ou deux),
composée de plusieurs mouvements (3 ou 4 = Allegro,
Adagio, Presto).

Suite : cette forme puise sa source dans l’association de
danses où alternent une danse vive et une danse lente.
Petit à petit, tout en conservant leur spécificité, ces pièces
ne sont plus dansées mais simplement écoutées. Les
suites peuvent être écrites pour un seul instrument ou pour
un groupe d’instrumentistes.

Castrats
En Europe occidentale, c’est au milieu du XVIe siècle qu’on emploie, à la
chapelle du duc de Ferrare, les premiers castrats. Il s’agit de chanteurs qui, avant
leur puberté, ont subi la castration. Cette opération leur permet, à l’âge adulte,
de conserver vocalement le même registre aigu que celui de leur enfance. On
signale parallèlement, à la chapelle de la cour du duc de Mantoue, la présence
de cantoretti francesi (petits chanteurs français) supposés être des castrats (eunuchi en italien)…
C’est le pape Sixte V (1520-1590) qui officialise l’autorisation de castrats
pendant l’office (bulle Cum pro nostro pastorali munere). Parmi les castrats célèbres, on peut citer
Cusanino, Farinelli, Annibali… mais ils étaient beaucoup plus nombreux car très recherchés et bien
mieux payés que les chanteurs des autres registres !

Continuo ou basse continue : ligne écrite sur les partitions baroques. à côté des notes sont inscrits
des chiffres indiquant une harmonie ou un accord qui permettent au musicien d'improviser et
d’accompagner l’orchestre. Au clavecin, on joue la basse continue à la main gauche (partie grave
du clavier). Elle peut être aussi tenue par le basson, le violoncelle, ou la viole de gambe…

Basse obstinée : motif répété par la basse tout le long du morceau (Canon en ré majeur de J.
Pachelbel).

Bel canto : “art du chant lyrique”. De tradition italienne, cette pratique de chant montre la fascination
des spectateurs pour l'instrument vocal. Cela imposait aux interprètes d’atteindre un très haut degré
de technicité, et de virtuosité pour parfaire leur art.

Contrepoint : lignes mélodiques différentes jouées simultanément. Elles se superposent sans
qu’aucune d’elles ne soit considérée comme principale.

Contre ténor : chanteur qui utilise sa voix dite “de tête” (ou “de fausset”) dont la tessiture se situe
entre celle de ténor et de soprano.

Déclamation : le retour à l’Antique prôné à la Renaissance avec, en particulier, la chanson mesurée,
va permettre aux chanteurs de “réciter” les paroles avec un accompagnement musical matérialisé
par quelques accords instrumentaux. Ce stile rappresentativo (récitatif) demande à l’interprète de
se plier à la nature et au sens du texte pour mieux le cerner. L’importance donnée à la déclamation
constitue une des plus importantes caractéristiques du baroque musical. Le texte est accompagné
par une gestuelle et des règles très précises (port des bras, des mains, du torse…) témoignant d’une
maîtrise qui signe le savoir-faire et la virtuosité de l’artiste.

Haute-contre : voix d’alto chantée par un homme

Musique de chambre : aux XVIe et XVIIe siècles, comme les salles de concert n’existent pas encore,
on se divertit en se réunissant dans la ″chambre″, une grande pièce où l’on peut jouer, discuter ou
écouter de la musique profane, instrumentale ou vocale, écrite soit pour solistes, soit pour un effectif
plus important (cela dépend beaucoup des mécènes et des musiciens amateurs disponibles).
Organisé autour des cordes frottées (trois ou quatre premiers violons, trois seconds violons, deux
altos, deux violoncelles et une contrebasse), avec un clavecin pour le continuo, des flûtes, des
bassons, des cors et des trompettes, l’orchestre de chambre désigne alors la réunion d’un
nombre restreint de musiciens (5 à 30 instrumentistes avec ou sans la direction d’un chef
d’orchestre) pour mieux conserver son caractère intimiste.

Ornements (ou encore note d’agrément ou de fioriture) : très petites notes
ou signes dont la fonction est d'embellir la ligne mélodique principale. On
comptabilise plus de cent ornements dont le trille1 (alternance très rapide de deux
notes contigües), le mordant2 (qui s’apparente à un trille très court), le gruppetto3
(groupe de trois ou quatre sons organisés autour de la note principale et faisant apparaître les
deux notes voisines : supérieure et inférieure suivant le signe) et l’appoggiature4 (note jouée
rapidement avant la note principale).

4132

e - L’orchestre baroque flûtes timbales cor
La formation comporte quatre hautbois trompette
catégories d'instruments : cordes, basson
bois, cuivres, percussions.
Le nombre d’instrumentistes est très basse de viole
variable : entre une dizaine (au XVIIe) altos viole de gambe
et une cinquantaine (Rameau).
Autrement dit, il s’agit d’un modèle violons violons
d’orchestre plus restreint que le
format symphonique. clavecin
Globalement, le diapason du baroque
se situe autour de 415 Hz (dans le
baroque français, il pouvait
“descendre” à 392 Hz)
NB : aujourd’hui le diapason tourne
autour de 440 Hz.

Concert vocal et instrumental à l'époque baroque - anonyme
Germanisches Nationalmuseum Nuremberg

C - La danse sous Louis XIV

En France, c’est au XVIIe siècle que la pratique dansée atteint probablement son
apogée. On sait que, pour Louis XIV, elle constitue un outil d’affirmation du pouvoir,
en particulier à l’égard de la noblesse. Pour se conformer à l’étiquette, tout courtisan
doit pouvoir tenir son rang lors des danses de cour. De nombreuses anecdotes
relatent les mésaventures de jeunes aristocrates qui tombent en disgrâce pour
n’avoir su respecter ces convenances lors d’un ballet. La danse devient donc un outil de pouvoir
autant qu’un moyen d’éduquer et de former l’aristocratie. En apprenant à danser, on apprend les
bonnes manières, la tenue du corps et la grâce que l’on retrouve dans les sculptures, l’architecture,
la peinture, la poésie et la musique. Ainsi cette pratique devient un art symbolique véhiculant des
idées, des références, et surtout l’affirmation du pouvoir inaltérable et absolu de Louis XIV. Qu’il soit
Apollon ou Soleil, il incarne toujours le guide d’origine divine qui règne sur les hommes. Ce n’est
pas un hasard si la première Académie Royale, ouverte par le roi Louis XIV, est celle de la danse
(1661).
Les codifications des mouvements réalisées par Raoul Auger Feuillet (1660-1710) restent un modèle
du genre. Tout est soigneusement noté afin de pouvoir réaliser les pas et mouvements qui sont
aujourd’hui fidèlement reproduits par des professionnels. Dans ce contexte, si les mains jouent un
rôle important, les pieds, au-delà d’être de simples moyens de déplacement réalisent des figures.
Les demi-pointes sont de mise et il faudra attendre le ballet romantique pour voir l’apparition des
pointes. Afin de s’élever, les danseurs réalisent des sauts appelés pirouettes.

(Source : article de Fernando Ségui - Arts et Musiques dans l’Histoire n°4 - éditions Lugdivine)

Quelques danses de la période baroque

De mouvement lent :
• allemande : sorte de danse-promenade par couple.
• courante : noble et retenue. Elle se danse sur des pas glissés
en diagonales, par couple.
• chaconne : grave, se danse avec les bras largement étendus
et des pas glissés
• forlane : danse noble, lente et grave
• loure : d’un mouvement lent et grave
• passacaille : grave et pompeuse
• pavane : lente et grave, aux pas glissés
• sarabande : tempo de plus en plus lent, lui donnant un
caractère majestueux, voire mélancolique.

De mouvement vif : Costume de Jupiter pour le roi
• canarie : tempo rapide, en avant puis à reculons
• bourrée : joyeuse et rapide, elle se danse en couple
• gavotte : un peu enlevée, se danse en ligne ou en cercle.
• gigue : d’un mouvement preste et gai
• menuet : danse galante, légère et rapide
• passepied : danse emportée, plus rapide que le menuet
• rigaudon : mouvement alerte et gai, se danse en couple
• tambourin : tempo plus fringant que la bourrée et le rigodon
• tourdion et gaillarde : 2 danses véloces


Click to View FlipBook Version