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Published by pboue, 2019-09-13 05:53:09

AE38, cote d'alerte à la BNF

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AE38, cote d'alerte à la BNF

être se trouvent-ils juste à l’entrée du musée ? Je continue ma marche quand,
sur ma gauche, une plaque dorée attire mon attention. Elle indique un numéro
de salle. Je me souviens du numéro qui se situait sous le tableau de mon
hologramme. C’est ça ! Ce numéro correspond à la salle ou se trouve le
tableau des trois silhouettes. Je m’élance alors dans le couloir pour retrouver
le tableau. 608… 609… 610… 611… J’arrive enfin devant la plaque suivante…
la plaque… 613 ! Je retourne sur mes pas pour voir si je n’ai pas manqué de
salles mais je reviens à la 611. Ce n’est pas possible ! Je fais plusieurs allers
retours entre les deux salles mais il n’y a rien, la salle 612 n’existe pas. Je me
laisse tomber contre le mur derrière moi, épuisé. J’observe la toile située
devant moi. C’est une simple porte entrouverte qui y est peinte. Sans grand
intérêt. Soudain, je me souviens de cette minuscule clef au fond de ma poche.
Je la ressors et observe la toile de plus près. Là, en dessous de la poignée, se
trouve une petite serrure qui a l’air bien réel. J’y insère la clef et le tableau
s’ouvre comme celui qui menait aux escaliers par lesquels je suis arrivé au
Louvre. Je pénètre dans une nouvelle pièce plutôt sombre et je reste bouche
bée. Devant moi, se trouvent trois hommes vêtus de noir autour d’un livre
ouvert. C’est exactement la même scène que le tableau de l’hologramme.

 Les trois hommes me voient et se mettent alors à marmonner des paroles
incompréhensibles. Je recule pour sortir d’ici mais la porte a disparu. Les trois
hommes se mettent à parler de plus en plus fort et je sens une force m’attirer
vers le livre dont les pages se mettent à défiler de plus en plus vite. Soudain,
le manuscrit se met à briller et je me sens comme aspiré par celui-ci. Toute la
pièce se met à tourner, une lumière aveuglante sort du livre et envahit la pièce.
Puis c’est le néant. Je n’entends plus rien, je ne vois plus rien.
 Suis-je mort ? Si c’est ça la mort, c’est plutôt agréable. Plus aucune
sensation, plus de notion de temps. Je me laisse flotter dans le néant quand
des voix s’élèvent et résonnent tout autour de moi :

 " Charles, vous voici maintenant Napoléon trois,
 Pour ne pas rester dans la peau du grand roi,
 Pour revenir dans votre vie normale,
 Il vous faut réunir les dix toiles,
 Trouvez les dix mots et les dix personnages,
 Qui vous ouvriront le passage,
 Ils vous mèneront vers le bijou,
 Qui vous permettra de rentrer chez vous.

 Je me sens soudain tomber dans le vide et je me réveille en sursaut dans
un grand lit impérial . Je suis vêtu d’une chemise de nuit couverte de velours
pourpre semé d’abeilles d’or.
 Me voilà maintenant Napoléon trois avec pour mission de trouver les dix

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tableaux, les dix mots, les dix personnages qui me permettront de rentrer chez
moi…

XIII

 Pendant que je sirote tranquillement mon thé, Margot
sort de nulle part les bras chargés d’outils de dessin.
 — On y va, papa?
 — Oui!
 Je l’aide à rentrer toutes ses affaires dans le coffre de
la voiture et me mets en route avec elle. Je me
demande ce qu’il est arrivé à tous ces gens… A toutes
ces histoires… Et Napoléon III ? Depuis que je suis
revenu à mes esprit, je n’ai plus pleine conscience et j’ai toujours l’impression
que l’on m’observe…
 Mais pourtant, je continue à vivre comme si…
 — Regarde la route ! Dit Margot d’un ton inquiet, je ne tiens pas à mourir !
 — Oh ! Oui pardon !
 Bravo, l’exemple du parent responsable ! Mais je ne devrais pas disperser
mon esprit pour si peu et me concentrer sur aujourd’hui ! Mais tout de même…
 — Merci papa, à ce soir!
 — Ah oui, à ce soir! Après m’avoir fait un petit bisou sur la joue, elle court
rejoindre ses amis.
 Attendez, quoi ? Depuis quand sommes-nous arrivés à destination ? Je
devrais me recentrer un peu plus sur ce qui se passe autour de moi et arrêter
de penser à des choses futiles ! Je n’avais même pas vu que nous étions déjà
arrivés !
 Bien, il faut que j’y aille moi aussi… Toutefois, toute cette histoire me trotte
dans la tête, pourquoi moi en particulier ? Ai-je quelque chose de spécial ? Et
puis où sont passés ces hommes en redingotes…Mais oui... les redingotes !
Où sont-ils ?
 Et les tableaux, les dix mots ! Depuis tant d’années où je me pose et repose
les mêmes questions, je n’ai pas réfléchi à tout cela ! Je ne me souviens que
maintenant des redingotes, de tous ces tableaux ou bien des dix mots!

 Pourtant, je me souviens très bien de tous les personnages des dix
histoires, de Napoléon III et de son complot, mais, le reste s’est évaporé !
 Comment cela se fait-il ?
 — Maître, nous avons échoué, le test n°47 s’est souvenu du passé.
 — Ce n’est pas grave, recommençons avec le test n°48 et récrivons une

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nouvelle histoire.
 — Mais qui me par…!
 Qu’est-ce que…?
 Tout est blanc!
 Et où suis-je?
 Mais, au fait, qui suis-je et surtout qui êtes-vous ?
 — Très bien, recommençons et réécrivons une nouvelle suite à cette
histoire.
 Alors… Mais dites-moi, ne voulez-vous pas m’aider pour cette nouvelle
histoire? C’est très simple, il suffit d’un peu d’imagination, un support et de
quoi écrire ! Allez-y, essayez ! Et écrivons ensemble un nouveau futur à cette
belle aventure !

XIV

Et si ces récits possédaient une part de vérité ?
 Et si je me retrouvais dans un tableau ?

 Lorsque Margot revient de son cours de dessin, elle
me demande, comme tous les soirs, de jouer avec elle à
la poupée. Elle en a plusieurs mais elle ne joue qu’avec
Shani, sa poupée préférée. Mais moi, je ne l’aime pas
cette poupée. Elle l’a trouvée prés de notre forêt, à côté
de la maison quand on n’habitait pas encore ici, c’est
pour cette raison que je lui réponds « non ». Nous avons emménagé il y a
quelques mois dans ce gigantesque manoir où l’ancienne propriétaire vivait
seule. Elle soufrait d’une paralysie faciale du côté gauche. Elle ne laissait
jamais entrer personne dans sa maison et on ne l’a jamais vu sortir de chez
elle et elle est malheureusement morte pour une raison que l’on ignore.


 Je me réveille en pleine nuit à cause de grattements contre ma porte. Je me
lève et décide de découvrir qui m’a réveillé à cette heure là de la nuit. Lorsque
j’ouvre la porte il n’y a strictement rien. Je fais alors le tour du couloir comme si
je venais de le découvrir. Je me laisse distraire par l’énorme tableau qu’ils
avaient oublié d’enlever.Le tableau tout poussiéreux représente une pièce, un
grenier précisément, où se trouve un berceau , des taches de sang par terre,
et une ceinture accrochée au mur, tachetée elle aussi de sang. Ce tableau est
glauque. Je comprends qu’elle déprimait la pauvre vieille dame. Je cherche
une signature de l’artiste sur le tableau mais il n’y en a pas. En frottant les

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coins je découvre en bas à droite une phrase qui dit : « Appuie sur le bouton à
gauche du tableau ». En effet, un bouton rouge sang, avec des bordures
couleur or, est bel et bien présent. Lorsque je m’apprête à appuyer sur ce
bouton un bruit de verre cassé retentit. Je me précipite en bas et j’entends
Margot me dire::« Pardon, j’étais descendue boire un verre et il m'a glissé des
mains ». Je retourne me coucher avec l’image de ce tableau en tête.


 Ce matin, je me décide à faire le petit déjeuner. Et lorsque je vais réveiller
Margot pour aller a l’école, il y a comme un bruit étrange. Lorsque j’entre dans
la chambre de Margot, sa poupée n’est plus sur son lit. Je regarde par terre et
la retrouve sous le lit. Je la repose dans ses bras et m’en vais en remarquant
qu’il n ’est pas encore l’heure. Et, de nouveau, j’entends ce même bruit. je
reviens dans la chambre de ma fille et constate que la poupée n’a pas bougé.
Ce n’est que mon imagination qui me travaille. Je referme la porte et je
panique à nouveau. La poupée se trouve à présent devant moi lorsque je sens
le vide et le noir s’installer puis je me laisse emporter par les brumes
apaisantes de l’inconscience.

 Cette nuit-là je n’arrive plus à dormir. Je me lève et vais faire un tour en
forêt. En sortant de ma chambre, je remarque à nouveau ce tableau. Cette fois
il y a un corps au fond du vieux grenier. Une petite blondinette est étalée par
terre, en sang. Elle est toute pâle et je peux constater qu’elle est morte. Son
visage me dit quelque chose et cela me fait frissonner. Ah oui, je sais
maintenant... elle ressemble drôlement à la photo d’Amandine, l’ancienne
propriétaire. Sauf qu’elle est blonde comme la poupée de Margot et Amandine
était brune comme moi . Je n’aime pas ce tableau. Alors je me préoccupe
d’aller faire mon tour en forêt tranquille sans mauvaise pensée dans la tête.


 Je me balade tranquillement dans les bois quand tout à coup cinq coups
saccadés retentirent. Mon corps se crispe. Je peux reconnaître une silhouette
blanche dans la brume. Mes mains se mettent à transpirer. Lorsque je peux la
voir en entier je reconnais tout de suite l’enfant du tableau. Pas de doute c’est
son fantôme. Elle me dit quelque chose qui restera à jamais gravé dans ma
mémoire : « Sortez de chez ma mère et moi ».
 Ma mère et moi ? Qui est sa mère ? Elle habite ici ? Serait-ce Amandine, sa
mère? Mais... Amandine n’a pas d’enfant…
 Je suis trop paniqué pour penser à ça, je cours le plus vite possible jusqu’à
la maison lorsque une idée me vient à l’esprit… le tableau. C’est maintenant
ou jamais que j’appuie sur le bouton . J’entre et le même décor que sur le
tableau apparaît devant mes yeux. Le tableau se referme derrière moi avec un
grand clac ! Je ne veux pas rester ici ce paysage est horrible ! J’ai peur... je

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frappe de toutes mes forces sur le tableau mais personne ne m’entend car le
tableau est trop épais. Je crie, mes poings sont en sang et cela ne sert plus à
rien. Je m’écroule par terre et le fantôme de la fille est là, je le sens. Elle me dit
quelque chose d’incompréhensible à cause des sifflements atroces dans mes
oreilles. De nouveau, le vide s’installe et plus de lumière, aucune.

 Lorsque je me réveille je ne sens plus mes jambes, je suis incapable de les
bouger, je vole au dessus du sol . Mes habits sont blancs et maintenant je
comprends tout lorsque je vois mon corps allongé à la place de la jeune fille. A
présent, c’est moi le fantôme…

XV

 Et si…
 J’allais voir les tableaux au Louvre ?
  Je m’empresse de m’y rendre. Il y a peu de
personnes ce jour-là, on est Jeudi, je pense que c’est
normal, un jour de semaine.

 Au Louvre, je passe devant la Joconde où se passe
une des dix histoires mais je ne découvre rien.

 Après être passé devant tous les tableaux, je perds confiance mais c’est
alors que je me souviens que je ne suis pas allé voir le tableau du
Couronnement de la Vierge . A ma grande stupéfaction, je vois Napoléon III
et Hervé Perrier, les personnages d’une des histoires, au fond du tableau ! Je
suis tourmenté. Pendant un grand moment, je ne sais pas quoi faire.
 C’est alors qu’un cri retentit dans le Louvre, semblant venir de la salle où se
trouve la Joconde . Tous les gardiens partent dans cette direction. Je ne sais
pas pourquoi mais mon instinct l’a décidé : j’ attrape le tableau du
Couronnement de la Vierge et pars en courant pour rentrer chez moi. Les
gardiens sont occupés à s’occuper de la personne folle qui crie.
 Arrivé, je regrette cette action : j’hésite à rendre le tableau mais mon esprit
sauvage en décide autrement. Je prends ma plus belle gouache : une idée
folle m’a pris: REPEINDRE LE TABLEAU ! C’est alors que je veux commencer
mais je ne sais pas par où, et je n’ai pas de talent artistique.Je ne sais pas
bien peindre mais je prends mon courage à deux mains : je pointe mon
pinceau quand soudain, je vois le tableau prendre du recul, j’étais aspiré !



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AE38, cote d'alerte à la BNF

Il y a un flash blanc.

  Je me retrouve maintenant moi-même coincé dedans ! Les anges
commencent à m’agresser, comme dans l’histoire. C’est alors que mon
pinceau et ma palette tombent. L’endroit où sont tombés les deux objets prend
la couleur de la peinture sur le pinceau.

 J’ai compris : puisque nous sommes dans un tableau qui est peint, on peut
peindre par-dessus et donc modifier la peinture ! Je sélectionne du noir sur ma
palette et donne un coup de pinceau à l’ ange. Incroyable ! J’ai modifié le
corps de l’ange juste avec de la peinture ! Je cours vers Hervé Perrier et
Napoléon III pour les libérer. Un coup de pinceau suffit pour briser les chaînes
qui relient les deux héros entre eux. Des anges se dirigent vers moi et mes
deux compagnons. Je veux partir mais Hervé et Napoléon sont faibles alors je
combats tous les anges tout seul.

  Je remarque que je n’ai presque plus de gouache car je n’ai pas eu le
temps de mettre plusieurs couleurs. Il ne me reste qu’un peu de noir,
heureusement il ne reste plus d’anges à combattre.

  Alors que je traîne avec Hervé et Napoléon, je réalise que j’ai gâché le
Couronnement de la Vierge, cela me rend triste. Je vois aussi que l’on
distingue le 4ème mur : celui dans lequel je suis passé. On y voit mon salon
avec mon canapé et mes fauteuils. Je réussis finalement à sortir, accompagné
des deux héros.
  Je les dépose sur mon canapé et les regarde : ils semblent sans vie.
Soudain, j’entends une voix, c’est celle de Mr Perrier :
 — Où suis-je ? Demande Hervé.
 — Je vous ai, en quelque sorte, sauvé la vie comme vous aimez dire…
 — Hein ?
 — Je vous ai extrait de votre histoire…
 — Tout me revient, la morgue, ma femme… Mais attendez, cela voudrait
dire que Napoléon avait raison en affirmant que je n’étais pas vivant ?
 — Oui, mais je pense aussi qu’il a perdu la vie.
 — Il était si faible…
 — Attendez, s’ il savait ça, cela voudrait dire qu’il aurait été aspiré comme
moi et qu’il aurait fini dans le livre ?

 Plusieurs années plus tard, ces deux personnages d’univers différents sont
devenus meilleurs amis.
 Le tableau et l’ensemble des livres finissent brûlés dans un champ. Mais les
cultures qui poussent dessus finirent en piteux état : soit elles gelèrent, soit
elles ne poussèrent pas…La malédiction s’était répandue…

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XVI

 — Papa! Lance Margot.
 — Il faut partir !
 On se prépare pour se rendre à son cours de dessin.

 Je prends mes clés de voiture, mon porte-feuille et
mon chapeau. Nous nous installons dans la Toyo AE-86
et nous roulons. Je la laisse sur les Champs-Élysée et je
la vois disparaître dans le flux des piétons. Je décide
ensuite de visiter le musée du Louvre. C’est le seul endroit calme pour admirer
les tableaux. Je passe les œuvres de Picasso, de Léonard De Vinci, enfin je
m’arrête devant La Femme Hydropique de Gérard Dou. Je la regarde
pendant trente minutes pour observer les petits détails. Je découvre que le
médecin du tableau fait un mauvais traitement à la femme enceinte. Lorsque
je remarque un détail plutôt mystérieux, un homme qui me semble familier. Je
me souviens que mon arrière arrière arrière grand-père a vécu au 17°siècle du
temps de la peinture. Je reste bouche bée. Je m’approche de la toile
lorsqu’une main, sortant du tableau, m’attrape le col de la chemise et
m’emporte. Je tombe sur le parquet d’une pièce assez sombre avec, aux
murs, des tableaux. Je reconnais la scène du tableau que j’ai vu au Louvre, La
Femme hydropique. Tout le monde s’arrête et me regarde d’un air bizarre.
 — Mais qu’est-ce que vous faites là ? Lance mon arrière grand-père.
 — Heu… Je ne sais pas.
 — Sortez de cette pièce ! D’où venez-vous ?
 — Heu… Je viens du futur. Je suis entré dans la toile de Gérard Dou et
vous êtes mon ascendant.
 — Hein ? C’est une plaisanterie ? Comment vous vous appelez ?
 — Charles…
 — Charles comment ?
 — Rimbaud, mais pas comme le poète.
 — Diable! Mais vous avez raison !
 — Connaissez-vous cette dame ?
 — Oui, c’est ma femme.

- Elle est en danger...
 — ATTENDEZ! ATTENDEZ ! ARRÊTEZ TOUT ! Dans le tableau, j’ai
remarqué un détail mystérieux. Vous le médecin , posez ce traitement tout de
suite !
 Le médecin s’enfuit avec le bon traitement. Je me suis lancé à sa poursuite .
Nous esquivons trois charrettes, les piétons et les animaux errants. Je risque
ma vie mais je monte sur une charrette renversée pour l’attraper. Je saute et je
tombe sur le médecin en l’assommant. Je saisis le bon traitement et je cours

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en sens inverse le plus vite possible tout en esquivant les obstacles
surgissant. J’arrive dans le bâtiment où se trouve la femme souffrante. Je
monte les escaliers trois par trois et j’arrive dans la pièce. Je lui donne le bon
traitement et elle accouche d’un petit garçon. Ému, mon arrière grand-père dit:

 — Bravo fiston ! Ma femme a pu accoucher et elle est saine et sauve !
 Mon ancêtre décide d’appeler le petit garçon « Charles » en mon honneur.
 Tout d’un coup, une main surgit de nulle part, m’attrape et m’emporte avec
elle. Je me retrouve au Louvre et je m’aperçois dans le tableau à la place du
médecin.

XVII

 Et si je me rendais au Louvre pour voir les tableaux
associés aux histoires? Peut-être les personnages
associés aux différentes histoires sont-ils restés
prisonniers de l’Empereur et le seront toujours? Ce
serait un moyen de vérifier la véracité de l’histoire. Je
pourrais profiter d’emmener Margot à son cours de
dessin pour après me rendre au Louvre.

 Une fois Margot au cours de dessin, je me précipite au Louvre et me dirige
vers le premier tableau de l’histoire. Il s’agit de Dante et Virgile aux enfers.
Là, je vois le personnage du chapitre un. Il se cache au fond de la barque. J’ai
l’impression qu’il se cache de quelqu’un ou de quelque chose. J’interroge alors
le guide :

- Monsieur, ce personnage au fond de la barque, est-il là depuis longtemps ?
 — Quel personnage? Me répond le guide.
 — Celui qui est tapi au fond de la barque.
 — Monsieur, je ne vois pas ce personnage.Me répond-il.
 — Mais si! ... Celui qui a l’air de se cacher des autres.
 — Monsieur, ne me faites pas perdre mon temps, s’il vous plaît.

 Le guide part et moi je demande à des passants s’ils voient ce personnage
mais aucun ne semble le distinguer. Je passe au tableau suivant : Les Noces
de Cana. La même chose se passe. Personne sauf moi ne voit le personnage
prisonnier du tableau. Lui est mort, un couteau planté dans le dos.

 La même chose se produit pour tous les autres tableaux, Ixion roi des

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AE38, cote d'alerte à la BNF

Lapithes trompé par Junon, La Femme hydropique, Le Sacre de
Napoléon, L’Inspiration du poète, La Belle jardinière, Le Couronnement
de la Vierge , L’infante Marie-Marguerite et La Joconde. Personne ne
semble voir les personnages prisonniers dans les toiles..C’est alors que deux
hommes en redingotes noires arrivent et me prennent par les bras. Je me
débats mais l’un d’eux sort une matraque et m’assomme.

 Je me réveille, allongé sur une table.Une faible lumière et une odeur de
tabac emplissent la pièce dans laquelle je me trouve. La salle est gardée par
les hommes qui m’ont enlevé. Un homme petit et mince, le visage couvert de
rides, m’observe. A ce moment, je me relève d’un bond et cours vers la porte
mais les deux hommes en redingotes noires me stoppent net et m’obligent à
m'asseoir sur la table.
 L ’homme se met à parler :  

— Calme-toi, jeune homme, nous ne vous voulons pas de mal. Me dit-il.

 — Vous m’avez enlevé! Si ça ce n’est pas faire du mal.
 — Vraiment, il faut que vous vous calmiez.Dit-il en haussant la voix.
 — Bien. Pourquoi suis-je ici ?
 — Enfin une bonne question. Vous êtes ici car…Messieurs, sortez, s’il vous
plaît...
 Les gardes se tournent et quittent la pièce.
 — Bien, nous pouvons reprendre. Comme je le disais, vous êtes là car
nous vivons la même histoire. J’ai lu l’AE-38 il y a 12 ans.
 — J’ai lu l’AE-38 il y a maintenant 4 ans.
 — Laissez-moi finir et ne m’interrompez plus. Comme vous, je décide de
me rendre au Louvre et comme vous je découvre que seul moi peux voir les
personnages emprisonnés dans les différents tableaux. Je mène alors mon
enquête pour trouver une explication à ce phénomène. Heureusement, je
possède l’équipement adéquat et je suis chercheur.
 — Et ?
 — Laissez-moi finir. Pendant trois ans je fais des recherches et, en
examinant la composition de l’encre de l’AE-38, je découvre que plus on
approche de la fin du texte plus les lettres sont composées d’une encre qui,
d’après mes prélèvements, est à base d’alcool non dilué, de différentes
roches et de pigments qui me sont inconnus. plus vous avancez dans le livre
plus les lettres sont composées de cette encre jusqu’à ce qu’elles le
deviennent totalement.
 — Des pigments ?
 — Attendez...Par la suite je me rends au Louvre avec des autorisations de
prélever l’encre à des endroits précis.
 — Sur les prisonniers !
 — Exactement! Je découvre que les personnages sont composés de la

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AE38, cote d'alerte à la BNF

même encre que celle utilisée dans le livre. Ce qui fait que seuls ceux qui ont
lu l’AE-38 peuvent voir les personnes prisonnières de la toile.
 — Mais les autres ?
 — Les autres ne voient pas les personnages prisonniers car leurs yeux ne
sont pas habitués à cette encre. Mais...
 — Mais qui aurait pu peindre les personnages sur les différentes toiles ?
 — Tu comprends vite. Eh bien, je ne sais pas. Et ce mystère est impossible
à percer car aucun écrit ne le mentionne.
 — Aucun écrit ?
 — Aucun.
 A ce moment, je regarde ma montre et m’aperçois qu’il est 17h30. Le cours
de dessin de Margot est fini depuis une demi-heure !
 — Flûte ! Je suis en retard !
 — Eh bien, allez-y.
 — Merci pour les explications. Je ne m’en remets toujours pas.
 — De rien et au revoir !
 J’arrive dans la salle du cours et aperçois Magot qui m’attend et a
apparemment commencé le dessin d’un homme sur un cheval en pleine
course.
 — Papa ! S’exclame-t-elle avant de ranger son dessin et de se diriger vers
la sortie.
 Une fois à la maison, je me dis que cette journée m’a beaucoup appris
mais qu’un point reste flou: l’identité de la personne qui a peint les
personnages prisonniers. Je m’interroge encore aujourd’hui.. Connaîtra-t-on
un jour son nom ?

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AE38, cote d'alerte à la BNF

Inventaire archives – AE38 –A-05S -

Dossier s complémentaires. Presse.

Article: Insolites découvertes à la BNF et au Louvre,
Culturepart, mai 2019.P.B.

Il est tard. Les archives vont fermer. Edmond, docteur et historien
généalogiste, qui effectue des recherches sur les descendants de Napoléon III
pour trouver des héritiers, n’en croit pas ses yeux. Parcourant un fonds
d’archives secrètes du Second Empire, frappées du sceau de la
confidentialité, il tombe sur un curieux certificat de décès de Charles Louis
Napoléon Bonaparte, historien, mort en avril 2019 à Paris. Sur ce certificat est
indiqué « disparu sur son lieu de travail ». Le certificat porte la mention AE-
38...Le chercheur classe l’affaire, estimant être en présence de l’œuvre d’un
farfelu, auteur d’un fake. Il signale, par courrier électronique, l’anomalie à data
BNF.

Quelques jours plus tard, on apprend la découverte, dans les caves du
Louvre, d’un tableau du XIXe, non attribué, qui semble avoir été réalisé par
des peintres différents et comporter des sujets variés, formant une œuvre
hétéroclite : le sacre de Napoléon, Ixion, Dante et Virgile etc. Comme si
Rubens, Léonard de Vinci et Delacroix avaient composé sur la même toile !
Invraisemblable !

Quel faussaire fou aurait glissé cette œuvre improbable dans les sous-sols
du Musée le plus réputé au monde ?

Certains prétendent que la nuit on entend des airs d’opéra mais ce n’est
encore qu’une rumeur...Pourquoi pas le retour de Belphégor, tant qu’on y est !
A moins que Napoléon III n’ait pactisé avec Méphistophélès et n’ait modifié
l’Histoire ?...

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AE38, cote d'alerte à la BNF
Annexe – archives EN - LIV2-AE38-P2019
Le Journal de l’Escampette N°1, ISSN 090LIV141510–Le Journal de
l’Escampette n°1, publié sur Madmagz.edu, avril 2019.

Épreuves du Journal de l’Escampette n°2 non paru en version papier.

Annexe – archives EN - LIV2-AE38-C2019

Le cahier des références culturelles et artistiques d’AE38

(extraits)
L’intégrale du cahier de références se trouve dans le code suivant :

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AE38, cote d'alerte à la BNF

Les dix tableaux d'Eugénie

Les dix œuvres picturales d'AE38 ou les dix tableaux d'Eugénie (choisies
parmi les œuvres du Louvre qui devaient être sauvées du péril prussien lors
de l'été 1870)
Dante et Virgile aux enfers dit aussi La barque de Dante, d'Eugène
Delacroix, daté et signé 1822.
Les Noces de Cana de Paolo Caliari, dit Véronèse, 1563 .
Ixion, roi des Lapithes, trompé par Junon qu'il voulait séduire, tableau du
peintre flamand Pierre Paul Rubens, réalisé vers 1615.
La femme hydropique de Gérard Dou, peint vers 1663.
Le sacre de Napoléon, peint par Jacques Louis David entre 1805 et 1807.
L'Inspiration du poète, tableau de Nicolas Poussin, réalisé entre 1629 et
1630.
La belle jardinière de Raphaël, de 1505 à 1508.
Le couronnement de la Vierge de Fra Angelico, vers 1430.
L'Infante Marie-Marguerite par Diego Vélasquez, œuvre
exécutée entre 1661-1673.
La Joconde de Léonard de Vinci, réalisé entre 1503 et 1506 ou peut-être jusqu'à
1519 .
Ces dix tableaux se trouvent actuellement au Musée du Louvre, rue de Rivoli-
la rue de la Samaritaine, en face du Grand Hôtel du Louvre, hôtel moderne et
célèbre que Napoléon III a fait construire et qui comportait dès 1863 des
ascenseurs et des services de luxe avec plusieurs centaines de chambres et
un restaurant très côté. Jules Verne y séjourna, entre autres célébrités. La rue
de Rivoli traverse notamment la place des Pyramides (célèbre pour sa statue
de Jeanne d'Arc). Elle est bordée d’arcades sur son côté nord sur une grande
partie de sa longueur. Elle porte le nom d'une victoire remportée par Napoléon

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AE38, cote d'alerte à la BNF

Bonaparte sur l'Autriche en 1797. Lors de la Commune de Paris, la section de
la rue comprise entre la rue Saint-Martin et l'Hôtel de Ville est incendiée par
les émeutiers.

Quelques bâtiments remarquables de la rue de Rivoli et lieux de mémoire
[ L'ancienne caserne Napoléon, également appelée « caserne Lobau »,
occupe l'espace situé entre les places Saint-Gervais et Baudoyer et les rue
François-Miron, rue de Lobau et rue de Rivoli
No 29 : Hôtel de ville de Paris.
Nos 52 à 64 : grands magasins du Bazar de l'Hôtel de Ville (BHV).
Nos 67 à 83 : anciens grands magasins de La Samaritaine.
Nos 99-107 : palais du Louvre et palais des Tuileries.
No 206 : l'écrivain Léon Tolstoï a vécu ici en 1857 ; une plaque lui rend
hommage.
No 210 : l'écrivain Ivan Tourgueniev a vécu ici entre 1860 et 1864 et y
écrivit Pères et Fils ; une plaque lui rend hommage.
No 220 : Ici en 1862, les époux Desoye qui ont vécu en Chine et au Japon,
ouvre la première boutique consacrée à la vente d'objets provenant de Chine
et du Japon. C'est de ce magasin que s’est développé l’engouement pour le
japonisme. Il était fréquenté par les écrivains, critiques d'art, peintres et
collectionneurs, parmi lesquels Zola, Baudelaire, Burty, Bracquemond,
Cernuschi, Degas, les Goncourt, Manet, Monet, Whistler.
No 230 : entre ce numéro et la terrasse des jardins des Feuillants,
emplacement de la salle du Manège royal des Tuileries, où fut jugé Louis
XVI et où fut proclamée la 1re République.

Le musée du Louvre, inauguré en 1793 sous l'appellation Muséum central des
arts de la République dans le palais du Louvre, ancienne résidence royale
située au centre de Paris, est aujourd'hui le plus grand musée d'art et
d'antiquités au monde. Sa surface d'exposition est de 72 735 m.

Malgré l'affirmation du peu d'intérêt de Napoléon III pour les arts, son règne a
vu un accroissement des collections, essentiellement par l'achat d'œuvres
d'art fait aux Salons : 1 300 tableaux et sculptures modernes. Ces achats
payés par la liste civile étaient faits par le comte de Nieuwerkerke qui n'avait
pas une grande attirance pour l'art contemporain. Cela explique que des
artistes importants comme Corot ou Courbet en soient absents.

Comme d'autres tableaux de maîtres, l’œuvre de Léonard de Vinci reste un an
dans le port militaire de Brest, pour échapper à l'armée allemande. Ils étaient
entreposés sur une frégate.
En juillet 1870, la France entre en guerre contre la Prusse. Les institutions
prennent des décisions rapides pour faire face aux conséquences du conflit.

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Les musées de Paris, notamment, doivent sauvegarder leurs riches collections
de peinture et de sculpture.
Le 29 août 1870, Nieuwerkerke, directeur du Musée du Louvre, est convoqué
par l'impératrice Eugénie, alors régente. Elle lui suggère d'évacuer une bonne
partie des collections du Musée du Louvre, afin qu'elles ne tombent pas entre
les mains de l'ennemi. Le nouveau lieu de sauvetage des œuvres n'est pas
mentionné par écrit mais confié oralement à Nieuwerkerke : ce sera l'arsenal
de Brest.
Près de 300 tableaux sont évacués vers Brest. Le premier convoi des œuvres,
composé de treize caisses, quitte la gare Montparnasse le 31 août 1870.
Parmi les toiles qui partent lors de ce premier convoi, La Belle Jardinière de
Raphaël, La Femme hydropique de Gérard Dou, Le Couronnement de la
Vierge de Fra Angelico ou encore l'Infante Marie Marguerite de Vélasquez.
L’œuvre de Raphaël est alors considérée comme la plus importante à
sauvegarder. La Joconde de Léonard de Vinci part pour Brest le
1er septembre, et ne fait partie que du deuxième voyage (en effet, la
renommée actuelle de La Joconde ne date vraiment que du XXe siècle, au
moment où elle fut dérobée le 22 août 1911). Les Noces de Cana de
Véronèse est un tableau si grand, qu'il arrive roulé à Brest.
Lire un article à ce sujet : https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-
29200/brest-en-1870-la-joconde-trouve-refuge-dans-larsenal-4426957

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Édition complète en ligne du Journal de l’Escampette
n°1 :
Portrait en gribouillis à la manière de Giacometti :

Épreuves du numéro 2 du Journal de l’Escampette :

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Crédits

Textes de Hervé Jubert, Pascal Boué (prologue, épilogue, texte
complémentaire, structure).
Textes collectifs de Robine A. , Adrien B., Justine R., Marie E., Nathanaël,
Mathieu J, Arthur B, Esther, E.P., Fanny B., Maddly, Joana, L. M, Maxime L.,
Hugo C., M.P., Lubin, Océane M., Lucie B., Lou M., Mathis V., Gabriel, Paul
B., Marine B., Assia H., Nathan A., Lola R., Louna P., Rémi E., Kheira ,
Ethan, Manon D., A.S., L.A., Younès, Julien P., Ana Lou B., I.B.., Lilian L.,
Lucile B., Théo S., Djimila, Louenn, M., I., N., T., E., A., J.
Épilogue élu par les élèves : Robine A..
Autres épilogues : Adrien B., Justine R.,Marie E.,Nathanaël, A.S., Mathieu J,
Arthur B, Esther, E.P., Fanny B., Maddly, Joana, Lucie. M, Maxime L., Hugo
C., M.P.
Illustrations de Maddly, Lola R., Hugo C., Océane M., Gabriel, Lucie M.,
Nathan A., Julien P., I.B.,Marie E.,Louenn, Lilian L.,Fanny B., Joana, Robine
A., Mathieu J., Adrien B.., Younès.

Dépôt légal en cours. Mai-juillet 2019. Édit. FSE du collège Pierre Suc Saint-
Sulpice-la-Pointe.

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