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Published by , 2018-10-08 05:23:50

Les 10 Points Clés (2019)

Les 10 Points Clés (2019)

FMC UROLOGIE
LES 10 POINTS

CLÉS

Cancer de la prostate très agressif, moyennement ou peu agres-
sif afin de proposer le traitement le plus
L’enjeu est d’évaluer ment élevé, l’analyse doit être approfondie, REV PRAT, AVRIL 2013 adapté à la situation. Quatre paramètres
l’agressivité de ce cancer, en se fondant notamment sur la cinétique sont essentiels : l’agressivité de la lésion
généralement de bon de progression, le ratio PSA libre/PSA total, (étude du score anatomopathologique
pronostic, pour adapter la densité de PSA (rapport entre la concen- de Gleason sur les biopsies), le volume de
le traitement. tration de PSA et le volume de la prostate) la lésion, les caractéristiques de la glande
et parfois le dosage sanguin de testostérone prostatique elle-même (présence d’un
PR FRANÇOIS HAAB, PARIS quipeutêtreunfacteurdevariation.Plusra- adénome associé par exemple) et l’état
rement, la lésion est découverte à l’occasion général du patient.
1. Le cancer de la prostate se situe en France d’un examen clinique avec toucher rectal.
aupremierrangdescancers avecplus56 800 8. En fonction de ces données, une ré-
nouveaux cas par an en 2012, devant le can- 5.L’échographie prostatique a un intérêt flexion s’engage alors avec le patient.
cer du poumon (28 200 nouveaux cas) et le limité, les lésions observées n’ayant au- Il faut bien peser les avantages et les in-
cancer colorectal (23 200 nouveaux cas). Son cune spécificité. L’échographie est essen- convénients de chaque traitement et se
incidence a fortement progressé entre 2000 tiellement utile à l’étude de la morpholo- donner le temps de décider. Sauf excep-
et 2005 (+ 8,5 % par an) en raison de l’effet gie globale de la prostate, et de son volume. tion, on ne se trouve jamais dans une situa-
combiné du vieillissement de la population, Elle permet aussi de guider les biopsies. tion d’urgence. On a plusieurs semaines,
de l’amélioration de la sensibilité des tech- voire plusieurs mois pour prendre la meil-
niques diagnostiques et de la diffusion du Imagerie par résonance magnétique. leure décision… qui peut, par ailleurs être
dépistage par dosage du PSA. Mais à par- Lésion nodulaire de la prostate de ne rien faire… dans l’immédiat.
tir de 2005 une baisse de l’incidence a été périphérique au niveau du lobe droit
observée, correspondant au fait que la plu- (flèche) ne franchissant pas la capsule. 9.La surveillance active est une option
part des cancers prévalents sont diagnosti- qui repose sur des critères bien définis
qués, ainsi qu’à la prise de conscience d’un 6. L’IRM prostatique avec analyse des de sélection des patients éligibles et des cri-
risque de surdiagnostic et de surtraitement. séquences en perfusion et diffu- tères de suivi dans le temps. L’objectif est de
sion permet dorénavant d’identifier des surveiller le patient et ne proposer la mise
2.Parallèlement, on observe une dimi- zones cibles intraprostatiques. L’IRM en œuvre des ressources thérapeutiques
nution du taux de mortalité depuis est de plus en plus réalisée avant toute que lorsqu’une évolutivité péjorative de la
2000. Près de 8 870 décès sont compta- biopsie de prostate afin de guider ces maladieseraconstatée.Cetteoptiondeprise
bilisés chaque année. Avec une survie dernières à l’aide de système de fusion en charge n’est pas toujours facile à expli-
à cinq ans de 94 % (+22 % entre 1989 et d’image entre les données IRM et les quer : il faut à la fois dire au patient qu’il a
2010), et de 80 % à dix ans, il s’agit d’un images échographiques. un cancer et lui dire que ce n’est pas grave…
cancer de bon pronostic. L’âge moyen au L’impact psychologique est important. Les
moment du diagnostic est de 71 ans. 7. Il n’y a pas un mais des cancers de la patients anxieux ne sont pas adaptés pour
prostate… Et tout l’enjeu aujourd’hui cette surveillance. La surveillance porte sur
3. Le cancer de la prostate à un stade lo- est de savoir déterminer si ce cancer est l’examen clinique, le dosage du PSA, l’IRM
calisé est toujours asymptomatique. et la répétition des biopsies.
Les signes urinaires classiques, dysurie,
pollakiurie, hématurie, ne sont jamais des 10. Les progrès considérables de l’image-
signes de cancer mais plutôt d’hyperplasie rie qui permettent dorénavant d’iden-
bénigne de la prostate. De même, la sur- tifier les zones tumorales ouvrent la porte
venue d’une hémospermie ne peut être à des thérapeutiques « ciblées » sur la lésion
considérée comme un signe d’alerte. et donc conservatrices de la glande, avec
néanmoins une visée curatrice. Plusieurs
4.Lacirconstance la plus habituelle de dé- procédéssontactuellementencoursd’étude
couverte est donc liée au dosage de PSA faisant appel notamment aux ultrasons fo-
sérique. Lorsque ce dernier est anormale- calisés, ou encore à l’irradiation ciblée.

RÉFÉRENCES
HAS-INCa. Guide ALD n° 30 : Cancer de la prostate, révision
janvier 2012.
Association française d’urologie (AFU). « Cancer de la prostate
et dépistage ». Communiqué du 15 mars 2012.
www.e-cancer.fr

22 / N° 92 4 > 10 avril 2016

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LES 10 POINTS

CLÉS

Diagnostic de l’incontinence vésicale fonctionnelle de la patiente, de
urinaire de la femme quantifier la pollakiurie mais aussi de
diagnostiquer une éventuelle polyurie qui
Vécue comme un handicap par les personnes qui en pourrait expliquer une partie de la symp-
souffrent, l’incontinence urinaire n’est pas l’apanage tomatologie. En première intention, seule
des sujets âgés. la réalisation d’une bandelette urinaire ou
d’un Ecbu à la recherche d’une infection
PR FRANÇOIS HAAB*, PARIS 5.L’hyperactivité vésicale est caracté- urinaire ou d’une éventuelle hématurie est
risée par la survenue d’urgenturies recommandé.
1. L’incontinenceurinaire(IU)estdéfinie (besoin d’uriner impérieux mais surtout
par la survenue de fuites d’urine invo- soudain avec perte de la progressivité 8. L’examen urodynamique est indiquée
lontaires par le méat urétral, responsables du besoin) avec ou sans fuite habituelle- en cas :
d’un problème social ou hygiénique. Cette ment associées à une pollakiurie ou une – de doute diagnostique ;
définition de l’IU volontairement restric- nycturie. Les hyperactivités vésicales – lorsque le recours à un traitement non
tive exclut d’emblée les éventuelles fistules secondaires peuvent être liées à des fac- conservateur et notamment chirurgical
vésico-v­ aginales ou les fuites par abouche- teurs vésicaux (infection urinaire, états est envisagé ;
ment ectopique des méats urétéraux. inflammatoires chroniques de la vessie : – lorsqu’une pathologie neurologique
cystite chimique, corps étranger endo- sous-jacente est suspectée ;
2. Toutes causes confondues, la prévalence vésical, tumeur vésicale) ou des facteurs – si les traitements de première ligne ont
de l’IU chez la femme varie entre 15 et extravésicaux (inflammation vulvo-­ échoué.
25 %. Le taux d’IU augmente significati- vaginale), tumeur pelvienne (fibrome),
vement avec l’age (> 40 ans), le nombre de pathologie neurologique médullaire ou 9. Lesautresexamenscomplémentaires,
grossesses, et le nombre d’accouchements encéphalique. La recherche d’une cause échographie pelvienne et abdominale,
parvoiesnaturelles.Ilexisteuneassociation sous-jacente s’impose d’autant plus que cystoscopie, électromyogramme, cysto-
entre surcharge pondérale et incontinence, la symptomatologie se sera installée de graphie, sont indiqués en fonction des
de même que le syndrome métabolique est manière rapidement progressive. données cliniques et notamment dès lors
associé au risque d’hyperactivité vésicale. qu’une pathologie organique de la vessie
6. L’interrogatoire doit impérativement est suspectée.
3.L’IU d’effort et l’hyperactivité vésicale évaluer le retentissement sur la qualité
sont les deux principaux mécanismes de vie et la sévérité de l’IU. L’examen cli- 10. Concernant l’IU d’effort, plusieurs
de l’IU de la femme, ces deux problèmes nique est essentiel. La patiente est instal- facteurs de risque sont clairement
pouvant être associés, définissant l’in- lée en position gynécologique et doit avoir identifiés sur lesquels il est parfois pos-
continence mixte. Si la survenue d’une une vessie pleine. L’objectif est : sible d’agir avant toute apparition de
incontinence d’effort ne pose habituelle- – de mettre en évidence une fuite par le symptôme ou en prévention secondaire
ment pas de problème diagnostique, en re- méat urinaire lors d’un effort de toux ou voire tertiaire. Ainsi, tous les efforts chro-
vanche lasurvenue brutale ourapidement de poussée abdominale ; niques et répétitifs favorisent le relâche-
progressive d’une hyperactivité vésicale – de rechercher une éventuelle descente ment musculo-ligamentaire du périnée.
doit représenter un symptôme d’alerte. d’organe associée à l’IU ; C’est le cas de la constipation chronique
– d’apprécier la tonicité de la musculature et en particulier des constipations termi-
4.Mécanisme le plus fréquent, l’IU périnéale ; nales, des efforts exercés dans l’activité
d’effort correspond cliniquement à la – d’apprécier l’imprégnation hormonale professionnelle ou encore de la pratique
survenue de fuites d’urine non précédées chez une femme ménopausée. intensivedecertains sports.Par ailleurs,le
d’une sensation de besoin et contem- tabagisme chronique, soit par effet direct
poraine des augmentations de pression 7. Il est très important de demander aux vésical soit par effet indirect par l’intermé-
intra-­abdominale. L’incontinence d’effort p­ atientes de tenir un catalogue miction- diaire d’une bronchopathie, est un facteur
est due principalement à un relâchement nel.Ce dernier consiste pour les patientes de risque avéré d’IU.
des mécanismes de soutien de l’urètre et à noter sur une période de deux à trois
du col vésical parfois associé à une insuf- jours l’heure ainsi que le volume de chaque RÉFÉRENCE 
fisance sphinctérienne. miction.Cecatalogueest unoutil diagnos- Haab F. Rapport sur le thème de l’incontinence urinaire
tique permettant d’apprécier la capacité pour le ministre de la Santé et des Solidarités. Avril 2007.
Disponible sur www.sante.gouv.fr

* Le Pr François Haab déclare n’avoir
aucun lien d’intérêts concernant les données
présentées dans cet article.

30 mai > 5 juin 2016 N° 99 / 23

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LES 10 POINTS

CLÉS

Dysfonction érectile d’inhibiteur de phosphodiestérase. Plu-
sieurs molécules sont disponibles. On dis-
Les traitements visent à se rapprocher des désirs cutera avec le patient l’intérêt d’un traite-
des patients. ment continu en prise quotidienne à faible
dose versus un traitement à la demande.

PR FRANÇOIS HAAB*, PARIS ­organesgénitaux­externes,delamargeanale 7. La principale contre-indication des
ainsi qu’une appréciation de la contraction inhibiteurs de phosphodiestérase est
l’association avec les dérivés nitrés en rai-

1.La dysfonction érectile (DE) est définie des muscles ischiocaverneux, et du tonus son du risque de collapsus par augmen-
par l’incapacité d’avoir ou de maintenir du sphincter anal. Enfin, essentiel, le tation massive de l’activité du monoxyde
toucher rectal recherche une pathologie d’azote. En cas de coronaropathie avérée

une érection suffisante pour avoir des rap- prostatique. ou suspectée, un bilan cardiovasculaire

ports sexuels satisfaisants. La prévalence 5. Lebilanbiologiquedepremièreinten- est indiqué.
des troubles de l’érection est d’environ tion comporte : glycémie à jeun, bilan
50 % au-delà de 50 ans. lipidique, prolactinémie (en cas de trouble 8. Le traitement, pour être efficace, doit
de la libido), testostérone totale et biodis- systématiquement être associé à une
2. La maladie athéromateuse est la pre- ponible (en cas de suspicion d’hypoandro- stimulation sexuelle. Le délai d’action est
mière cause de DE organique. Ainsi, compris entre 30 et 60 minutes. La durée

le tabagisme, les dyslipidémies, l’HTA ou génie). Un dosage de PSA est également d’action varie entre 4 et 18 heures. Le trai-

le diabète sont autant de facteurs de risque. recommandé dans ce contexte. tement est prescrit à posologie progressi-

Parmi les autres causes, on trouve le déficit 6. Outre la lutte contre les facteurs de vement croissante, jusqu’à atteindre une
androgénique, l’hyperprolactinémie, les risque cardiovasculaires, le traitement doseefficace.Les principauxeffetssecon-
neuropathies, les séquelles de traumatisme daires sont des céphalées, une sensation

de la verge ou de priapisme, notamment de référence repose sur la prescription deflushcutanéouuneturgescencenasale.

drépanocytaire, la maladie de La PATIENT SE PLAIGNANT D’UNE DYSFONCTION ÉRECTILE 9. Laprescriptiondedérivésde
Peyronie ou encore de nombreuses la testostérone est indiquée
causes iatrogènes médicamen- →→

teuses ou séquellaires de la prise en Confirmer- Caractériser- Évaluer s’il existe des manifestations

charge du cancer de la prostate. cliniques évocatrices d’un tel

3. L’évaluation de la DE repose Problématique simple → →→Problématique déficit, mais après avoir éliminé
d’abord et avant tout sur l’inter- l secondaire → complexe une pathologie prostatique par
rogatoire, qui est idéalement mené l isolée (sans autre trouble sexuel) Pas de un toucher rectal et un dosage
enprésencedelapartenaire.Ilestes- l dont la durée n’apparaît pas comme prescription du PSA.
sentiel de caractériser le symptôme un facteur de complexité
en précisant d’emblée le trouble qui l avec une capacité érectile résiduelle 10. Les dérivés de la prosta-
motive la consultation : trouble de l au sein d’un couple motivé glandine étaient jusqu’à
(sans conjugopathie) présent prescrits exclusivement

la libido, de l’érection ou de l’éjacula- Prise en charge par le MG→→ → Avis spécialisé sous la forme d’injections intra-
tion ? l information sexuelle Évaluation lors caverneuses.Lesprostaglandines
La persistance d’érections noc- l conseils d'hygiène de vie d’une consulation peuvent dorénavant être pres-
turnes ou matinales est plutôt un l changement des traitements en cours ultérieure crites sous forme de gel placé sur
facteur de bon pronostic et oriente l médicament d’aide à l’érection le méat urétral avec un agent de
davantage vers une origine psy- diffusion permettant la pénétra-

chogène. → tion du principe actif dans le tissu

4. L’examen clinique porte sur la DROUPY S. REV PRAT MED GEN 2009;848,707-11. Évaluation lors Cothérapie érectile.
verge et les organes génitaux d’une consultation ultérieure MG + spécialité(s) RÉFÉRENCES

→ →→ →

externes en palpant les pouls pé- Succès Échec – Cordier G, etal.ProgUrol 2008;18(9):595-600.

niens. L’examen des caractères – Droupy S. RevPratMedGen2010;24(848):707-11.

sexuels secondaires recherche Adaptations * Le Pr François Haab déclare
des signes d’hypoandrogénie. thérapeutiques

L’examen neurologique du périnée → participer ou avoir participer à

comporte une étude de la sensibi- Succès Échec des interventions ponctuelles pour

lité du périnée et de la verge, des Allergan, Pfizer, Astellas.

24 / N° 100 6 > 12 juin 2016

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CLÉS

Dysfonction érectile : plusieurs améliorations autour du mode
de fonctionnement des inhibiteurs de la

marqueur précoce de maladie phosphodiestérase (IPD5), peu de réelles
cardiovasculaire avancées ont eu lieu. Mais cette situation
pourrait évoluer avec des avancées dans
deux nouveaux modes de traitement, non
médicamenteux : lithotritie extracorpo-

La dysfonction érectile est en soi un marqueur relle et thérapie cellulaire.
i­ndépendant de maladie cardiovasculaire.
Elle reflète l’augmentation du risque d’artériopathie, 9. Le Tocefi (Traitement par ondes de
de coronaropathie, d’AVC. choc extracorporelles à faible inten-
sité) est destiné à libérer les facteurs de
croissance et à stimuler la néovasculari-

sation de la verge en délivrant des ondes

de choc de faible intensité. Si les premiers

DR PHILIPPE MASSOL*, PARIS Il apparaît environ dix ans plus tôt que résultats semblent prometteurs, notam-
dans la population non diabétique. Il est ment vis-à-vis de la durée d’action (su-

1. La fonction sexuelle normale est alors plus sévère, avec un retentissement périeure à celle des IPD5), il reste ­encore
l’inter­action entre des facteurs neuro- important sur la qualité de vie. à bien comprendre les mécanismes d’ac-
logiques, hormonaux, psychologiques et tion et les résultats à plus long terme de
vasculaires. La dysfonction endothéliale 6. Chez tous ces patients, le change- cette thérapie.
est le dénominateur commun entre les ment de mode de vie est associé à une
maladies cardiovasculaires et la dys- amélioration du risque cardiovasculaire 10.Concernant les avancées en thérapie
et de la fonction érectile. Ces mesures cellulaire, l’heure est encore à la re-

fonction érectile. comprennent les mesures classiques de cherche fondamentale. Injecter des cel-

2.Les facteurs de risque sont bien con- prévention cardiovasculaire. Chez les pa- lules souches dans les corps caverneux
nus : le tabac, l’hypertension artérielle tients à haut risque, la stabilisation cardio- de la verge est, selon les spécialistes, l’une
vasculaire est prioritaire. des voies les plus prometteuses et les plus

(HTA), le diabète, les dyslipidémies. 7. Certains traitements peuvent induire innovantes pour la prise en charge de la
une dysfonction érectile (bêtablo- dysfonction érectile…
3. Les vaisseaux péniens athéroscléro- quants non cardiosélectifs, diurétiques
tiques, mesurant 1 à 2 mm de diamètre, RÉFÉRENCES

seraient symptomatiques avant les vais- thiazidiques), ils doivent être remplacés – Rizk J, et al. Dysfonction érectile: prodrome de risque

seaux de plus gros diamètre (coronaires, si possible. cardiovasculaire, « angor de verge ». Rev Prat 2013;63:241-3.

carotides, artères fémorales) et ainsi per- 8. Disponible depuis 1999 en Europe, – Faix A. Dysfonction érectile et nouveaux traitements actuels
mettraient de prédire une maladie cardio- le sildénafil a représenté une avan- et à venir. 110e Congrès de l’AFU, table ronde, 17 novembre 2016.
vasculaire encore asymptomatique.

4. La dysfonction érectile ne doit donc cée m­ ajeure pour la prise en charge des * Le Dr Philippe Massol déclare n’avoir
pas être considérée comme un simple troubles de l’érection. Près de vingt ans aucun lien d’intérêts concernant les données
plus tard, et malgré des déclinaisons et présentées dans cet article.

symptôme mais comme un signal « senti-

nelle » qui annonce la présence d’une ma- LA DYSFONCTION ÉRECTILE A DES MÉCANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES COMMUNS
ladie cardiovasculaire asymptomatique, AVEC CEUX DES MALADIES CARDIOVASCULAIRES
avec un délai d’apparition des symptômes

cardiovasculaires élargis de deux à cinq

ans. Ce caractère prédictif est plus im- Hypertension Diabète Dyslipidémie
portant dans une population d’hommes Obésité
de 40 à 49 ans que dans une population ↓ ↓
plus âgée. ↓ ↓
↓↓
Âge Tabac
SOURCE : CONC MED2007;129:264-66
Altération fonction endothéliale
5. Les patients diabétiques sont particu- ↓↓ ↓
lièrement concernés par la dysfonction Vasoconstriction
érectile. L’incidence de ce symptôme at- Rupture de plaque Activation Développement
teint 35 à 90 % des patients et plus de 65 % athéromateuse thrombose athérosclérose

des sujets diabétiques de plus de 40 ans.

22 / n° 139 22 > 28 mai 2017

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Hyperactivité vésicale pondérale et de veiller à éviter certains
médicaments (antidépresseurs, diuré-

L’hyperactivité vésicale a un impact réel sur la santé tiques oumyorelaxants).Lerenforcement
des défenses repose sur la rééducation

physique, mentale et émotionnelle des patients. pelvipérinéale qui doit permettre à la pa-
tiente d’exercer une contraction périnéale

PR FRANÇOIS HAAB*, PARIS 5.Les symptômes cliniques peuvent être efficace lors de la survenue d’une envie
exacerbés par certains facteurs envi- urgente. Cette contraction périnéale a un
effet de verrouillage direct de l’urètre, et

1. Le syndrome clinique d’hyperactivité ronnementaux : temps froid et humide, met aussi en jeu une boucle reflexe inhi-
vésicale est défini par la survenue de anxiété. Le surpoids est reconnu comme bitrice de la contraction vésicale.
mictions soudaines, intempestives, im- un facteur de risque certain, avec une amé-
possibles ou très difficiles à maîtriser. Ces lioration clinique lors de sa correction. Les 9. Le traitement médical repose sur la
symptômes peuvent également être exa- prescription de médicaments anticho-

« urgences mictionnelles » s’associent cerbés par la prise de certaines boissons linergiquesquiagissentsurlarégulationdes

habituellement à une augmentation de la comme le café, le thé, les vins blancs… voies afférentes et surtout efférentes de l’in-

fréquence des mictions, de jour comme de 6. L’évaluationestessentiellementclinique. nervation de la vessie. Ces traitements effi-
nuit. Plus précisément, les patientes ou pa- Le diagnostic repose sur les données de cacesontdeseffetssecondairesàprendreen
tients ont le sentiment de devoir aller uri- compte, liés directement à l’effet anticholi-

ner très souvent, mais pour des mictions l’interrogatoire, précisant les symptômes, nergiquesystémique :bouchesèche,consti-

de très faible volume. leur fréquence, leur éventuelle association pation et risque cognitif, particulièrement

2. Près de 3 millions de Français, 40 % à une incontinence d’effort. L’examen phy- chez le sujet âgé. L’arsenal thérapeutique
d’hommes et 60 % de femmes de plus sique permet d’éliminer chez la femme un vient de se renforcer par la mise sur le mar-
prolapsus urogénital qui peut favoriser la chéd’unenouvelleclassethérapeutique :les

de 40 ans, en sont atteints. survenue de troubles vésico-sphinctériens. agonistes des récepteurs bêta-3-adréner-

3. Surleplanphysiopathologique,l’hyper­ En cas de doute, un examen neurologique giques. Ce traitement qui agit directement
activité vésicale correspond soit à la delasensibilitéet delamotricitépérinéales sur le muscle de la vessie est dépourvu d’ef-
peut être effectué. fets anticholinergiques.

survenue de contractions prématurées du 7. Les autres examens complémentaires, 10. En cas d’échec des traitements, anti­
muscle vésical lors du remplissage, sorte Ecbu, échographie pelvienne, cysto- cholinergiques ou bêta-3-adréner-
d’« extrasystole de la vessie », soit à un dérè-

glement des voies neurologiques afférentes scopie ou examen urodynamique, ne sont giques,lechoixthérapeutiquepourraporter

créant une hypersensibilité vésicale. prescrits qu’en cas de signes cliniques sur la réalisation d’injections intradétruso-

4. Dans la majorité des cas, le syndrome d’appel d’une pathologie sous-jacente, si riennes de toxine botulique ou l’implanta-
d’hyperactivitévésicalesurvientsansvé- l’interrogatoire ne permet pas de carac- tion d’un neuromodulateur de la vessie.
tériser le trouble fonctionnel,ouencasd’é-

ritable cause. Néanmoins, cette symptoma- chec destraitementsdepremière intention. RÉFÉRENCE

tologie clinique peut être parfois le témoin 8. Le traitement repose sur une prise en Haab F, et al. Terminology of functional problems of the lower
d’une pathologie sous-jacente de la paroi ou charge globale associant recomman- urinary tract: French adaptation of the International Continence
de l’innervation ­vésicale : polype, lithiase, Society terminology. Lett Med Phys Readapt 2010;26:57-68.

pathologie neurologique par exemple. dations hygiéno-diététiques, renforce-

D’une manière générale, l’hyperactivité ment des défenses et régulation pharma- *Le Pr François Haab déclare participer

vésicale idiopathique est de début très cologique de la vessie. ou avoir participé à des interventions

progressif, avec une impossibilité pour Ainsi, il est important de limiter les exci- ponctuelles pour les laboratoires Allergan,

les patients de dater l’origine des troubles. tants vésicaux, de prévenir la surcharge Pfizer et Astellas.

À l’inverse, une hyperactivité vésicale se-

condaire à une pathologie est le plus sou- LE CALENDRIER MICTIONNEL
vent de début brutal ou très rapidement

progressif. L’interrogatoire ne doit pas Sur un plan diagnostique, l’outil le plus performant est la tenue par le patient
omettre de questionner le patient sur un d’un calendrier mictionnel consistant à noter pendant quarante-huit heures
antécédent personnel ou familial d’énu- consécutives l’heure et le volume de chacun des épisodes mictionnels. Ce calendrier
résie nocturne tardive, qui est une forme permettra d’établir avec certitude le diagnostic de pollakiurie et d’éliminer
clinique d’hyperactivité vésicale pouvant une éventuelle polyurie, qui est le principal diagnostic différentiel.
se manifester à nouveau plus tardivement

dans la vie.

12 > 18 décembre 2016 n° 118 / 25

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CLÉS

Hyperactivité vésicale : de pathologie sous-jacente, ou encore
un handicap social si l’interrogatoire ne permet pas de caracté-
riserletroublefonctionnelouencasd’échec
Affection fréquente, l’hyperactivité vésicale reste taboue des traitements de première intention.
pour de nombreux patients, qui ne consultent pas.
7. Concernantlapriseencharge,ils’agittout
PR FRANÇOIS HAAB*, PARIS symptômes peuvent également être exa- d’abord de limiter les excitants v­ ésicaux,
cerbés par la prise de certains aliments de prévenir la surcharge pondérale et de
1. Le syndrome clinique ­d’hyperactivité comme le café, le thé, les vins blancs. veiller à éviter certains médicaments (anti-
vésicale est défini par la survenue de dépresseurs, diurétiques ou myorelaxants).
mictions soudaines, intempestives, im- 4. L’évaluation est essentiellement cli- Le renforcement des défenses repose sur
possibles ou très difficiles à maîtriser. Ces nique. Le diagnostic repose sur les la rééducation pelvi­périnéale, qui doit per-
« urgences mictionnelles » s’associent données de l’interrogatoire, précisant les mettre à la patiente d’exercer une contrac-
habituellement à une augmentation de symptômes, leur fréquence, leur éven- tion périnéale e­ fficace lors de la survenue
la fréquence des mictions de jour comme tuelle association à une incontinence d’ef- d’une envie urgente. Cette rééducation est
de nuit. Plus précisément, les patientes ou fort. L’examen physique permet d’élimi- particulièrement efficace en cas d’urgentu-
patients ont le sentiment de devoir aller ner chez la femme un prolapsus urogénital ries d’orthostatisme.
uriner très souvent mais pour des mictions qui peut favoriser la survenue de troubles
de très faible volume. vésico-sphinctériens. 8. Le traitement médical repose sur la
prescription de médicaments anti-
2.Près de 3 millions de Français, dont 5.En cas de doute, un examen neuro- cholinergiques. Ces traitements efficaces
40 % d’hommes et 60 % de femmes de logique de la sensibilité et motricité ont néanmoins des effets secondaires à
plus de 40 ans, en sont ainsi atteints. La périnéale peut être effectué. Sur un plan prendre en compte : bouche sèche, consti-
vessie hyperactive a un impact sur la san- diagnostique, l’outil le plus performant pation et risque cognitif, particulièrement
té physique, mentale et émotionnelle des est la tenue par le patient d’un calendrier chez le sujet âgé. L’arsenal thérapeutique
patients, et des répercussions sur la qualité mictionnel consistant à noter pendant a été complété par la mise sur le marché
de vie. Elle retentit également sur la qua- quarante-huit heures consécutives l’heure de molécules bêta-3-agonistes agissant
lité du sommeil, l’estime de soi, l’humeur et le volume de chacun des épisodes mic- directement sur le muscle de la vessie et
ainsi que sur les fonctions sexuelles. tionnels.Cecalendrier permettrad’établir sans effets anticholinergiques.
avec certitude le diagnostic de pollakiurie
3. Lessymptômescliniquespeuventêtre et d’éliminer une éventuelle polyurie, qui 9. En cas d’échec, le choix thérapeutique
exacerbés par certains facteurs envi- est le principal diagnostic différentiel. pourra porter sur la réalisation d’injec-
ronnementaux : temps froid et humide, tions intrad­ étrusoriennes de toxine botu-
anxiété. Le surpoids est reconnu comme 6. Les autres examens complémentaires, lique ou d’une implantation d’un neuro-
un facteur de risque certain, avec une amé- Ecbu,échographiepelvienne,cysto-sco- modulateur de la vessie. Les injections de
lioration clinique lors de sa correction. Les pie ou examen urodynamique, ne sont pres- toxine botulique sont réalisées tous les six à
crits qu’en cas de signes cliniques ­d’appel neuf mois avec en début de traitement une
escalade de dose progressive de manière à
LE PLUS SOUVENT IDIOPATHIQUE limiter au minimum le risque rétentionnel.

Dans la majorité des cas, le syndrome d’hyperactivité vésicale survient sans 10.Enfin, en cas d’urgenturies d’orthos-
véritable cause sous-jacente. Néanmoins, cette symptomatologie clinique peut tatisme résistant à la rééducation ou
être parfois le témoin d’une pathologie sous-jacente de la paroi ou de l’innervation aux médicaments, il peut être licite de pro-
vésicale : polype, lithiase, pathologie neurologique par exemple. D’une manière poser une intervention de renforcement
g­ énérale, l’hyperactivité vésicale idiopathique est de début très ­progressif, sphinctérien de type bandelette ou agent
le plus souvent avec une impossibilité pour les patients de dater l’origine des de comblement urétral.
troubles. À l’inverse, une hyperactivité vésicale secondaire à une pathologie sous-
jacente est le plus souvent de début brutal ou très rapidement progressif. REFÉRENCE
Haab F, et al. Terminology of functional problems of the lower
urinary tract: French adaptation of the International Continence
Society terminology. Lett Med Phys Readapt 2010;26:57-68.

* Le Pr François Haab déclare participer ou
avoir participé à des interventions ponctuelles
pour les laboratoires Allergan, Pfizer et Astellas.

24 / n° 142 12 > 18 juin 2017

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LES 10 POINTS

CLÉS

Hypertrophie bénigne de la prostate :
préciser la morphologie par l’échographie

L’évaluation de la protrusion prostatique intravésicale apparaît comme
un marqueur pronostique plus important que le volume prostatique.

PR FRANÇOIS HAAB*, PARIS (75) effet,plusquelevolumeglobaldelaprostate, logique des urines en cas de signe évoca-
l’importance de la protrusion prostatique teur ou d’antécédent d’infection urinaire.
1.La prise en charge de troubles mic- intravésicale semble être un facteur pro-
tionnels du bas appareil urinaire est un nostique indépendant de complications. 6. Il est conseillé également de deman-
motif fréquent de consultation en méde- der au patient de dresser un catalogue
cine générale. Plus d’un homme sur deux 4.Ainsi, plusieurs auteurs ont défini un mictionnel : nombre des mictions et/ou des
(57,5 %) âgés de 55 à 70 ans en serait atteint. nouvel indice échographique : l’IPP ou fuites par 24 heures, horaires, durée…
Intravesical Prostatic Protrusion. Lorsque
2. L’augmentation de volume de la ce dernier dépasse 2 cm, le risque de réten- 7. Parmi les examens complémentaires,
prostate liée à une prolifération adé- tion est alors plus élevé. Ainsi l’échographie l’échographie, pour apprécier la mor-
nomateuse est la cause la plus fréquente (pasnécessairementendorectale)prenddo- phologie prostatique, et la fibroscopie uré-
de troubles mictionnels chez l’homme. rénavant une place essentielle dans le bilan throprostatique évaluant la dynamique
Cependant, il est actuellement admis des troubles mictionnels de l’homme. mictionnelle prennent une place de plus
que d’autres facteurs peuvent expliquer en plus importante.
les troubles présentés par les patients 5. La prise en charge d’un patient consul-
comme le simple vieillissement vésical, tant pour des troubles urinaires du bas 8. Au plan thérapeutique, toutes les re-
les symptômes pouvant alors exister sans appareil probablement liés à une HBP commandations actuelles préconisent,
hyperplasie prostatique. A contrario, une nécessite de retracer l’histoire clinique, en dehors des complications avérées, de
hyperplasie prostatique peut être totale- en particulier la notion d’hématurie, débuter la prise en charge par un traite-
ment asymptomatique. d’antécédents urologiques et de facteurs ment médical. Mais dans la mesure où
de risque de sténose de l’urètre, des ano- tous les patients n’ont pas le même profil
3. Lesdonnéeslesplusrécentesaccordent malies neurologiques, une malposition ou évolutif, il serait souhaitable de pouvoir
par ailleurs une place de plus en plus une sténose du méat, d’évaluer le score les différencier, afin d’identifier ceux qui
i­ ­mportanteàlamorphologieprostatique.En I-PSS et la qualité de vie, de pratiquer un vont s’aggraver, et leur proposer plus rapi-
toucher rectal et un examen cytobactério- dement un geste interventionnel.

LE RÔLE DU SYNDROME MÉTABOLIQUE 9. Lorsque l’indication chirurgicale est
posée, si la résection endoscopique
D’après une enquête française qui a porté sur 6 515 cas d’HBP chez des hommes demeure l’intervention de référence, de
âgés de 55 à 70 ans, 48,9 % des sujets avaient une hypertension artérielle, nombreuses études démontrent que les
39,2 % une dyslipidémie et 17,6 % du diabète. L’association entre HBP et syndrome techniques de vaporisation ou d’énucléa-
métabolique est de moins en moins discutée, notamment depuis que certains tion laser sont une alternative à considé-
­auteurs ont évoqué un rôle prédictif de l’obésité abdominale sur la sévérité des rer, les études les plus récentes indiquant
symptômes urinaires, des troubles sexuels et des autres composantes du ­syndrome une moindre morbidité pour une efficacité
métabolique. En effet, dans une analyse de 88 patients âgés de 62,4 ans en équivalente à la résection endoscopique.
moyenne, des associations significatives ont été mises en évidence entre le tour
de taille et le volume prostatique, le taux de PSA, le score I-PSS et les troubles 10. La chirurgie ouverte de l’HBP doit
de l’érection et de l’éjaculation. Selon plusieurs études, les hommes obèses, en dorénavant être l’exception.
particulier ceux qui ont d’autres éléments qui définissent le syndrome métabolique,
ont un risque accru de troubles génito-urinaires, et ce peut-être indépendamment RÉFÉRENCE
du volume de l’adénome lui-même. Le mécanisme ferait intervenir des désordres du Desgrandchamps F, et al. World J Urol 2006;24(4):367-70.
système nerveux autonome possiblement d’origine endocrinienne.
* Le Pr François Haab déclare participer ou
avoir participé à des interventions ponctuelles
pour Allergan, Pfizer, Astellas.

12 > 18 juin 2017 n° 142 / 21

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FMC UROLOGIE
LES 10 POINTS

CLÉS

L’incontinence urinaire : gé, lorsqu’une pathologie neurologique
confirmer le diagnostic sous-jacente est suspectée ou enfin si les
traitements de première ligne ont échoué.
L’incontinence urinaire d’effort pure ou mixte est
la plus fréquente chez la femme. 8. Les autres examens complémentaires
(échographie pelvienne et abdomi-
PR FRANÇOIS HAAB*, PARIS de l’urètre et du col vésical parfois associé nale, cystoscopie, électromyogramme,
à une insuffisance sphinctérienne. cystographie) sont indiqués en fonction
des données cliniques et notamment dès
lors qu’une pathologie organique de la ves-
sie est suspectée.

1. L’incontinenceurinaire(IU)estdéfinie 5. L’hyperactivité de vessie est caracté- 9. Préalablement aux examens uro-
par la survenue de fuites d’urines invo- risée par la survenue d’urgenturies dynamiques, il est important de de-
lontaires par le méat urétral et respon- (besoins d’uriner impérieux mais surtout mander aux patientes de tenir un cata-
sable d’un problème social ou hygiénique. soudains avec perte de la progressivité logue mictionnel. Ce dernier consiste à
Cette définition de l’IU volontairement du besoin) avec ou sans fuite habituelle- noter sur une période de deux à trois jours
restrictive exclut d’emblée les éventuelles ment associées à une pollakiurie ou une l’heure ainsi que le volume de chaque mic-
fistules vésico-vaginales ou les fuites nycturie. Les hyperactivités vésicales tion. Ce catalogue est un ­outil diagnos-
par abouchement ectopique des méats secondaires peuvent être liées à des fac- tique permettant d’apprécier la capacité
­urétéraux. teurs vésicaux (infection urinaire, états vésicale fonctionnelle, de quantifier la pol-
inflammatoires chroniques de la vessie : lakiurie mais aussi de diagnostiquer une
2. Toutes causes confondues, la préva- cystite chimique, corps étranger endo- éventuellepolyuriequi pourrait expliquer
lence de l’IU chez la femme varie entre vésical, tumeur vésicale) ou des facteurs une partie de la symptomatologie.
15 et 25 %. Le taux d’IU augmente signifi- extravésicaux (inflammation vulvo-­ En première intention, seule la réalisation
cativement avec l’âge (> 40 ans), le nombre vaginale, tumeur pelvienne [fibrome], d’une bandelette urinaire ou d’un Ecbu à
de grossesses, le nombre d’accouchements pathologie neurologique médullaire ou la recherche d’une infection urinaire ou
par voie naturelle. Parmi les autres fac- encéphalique). La recherche d’une cause d’une éventuelle hématurie est recom-
teurs de risque de l’incontinence d’effort, sous-jacente s’impose d’autant plus que mandée.
on retrouve les efforts répétés (toux chro- la symptomatologie se sera installée de
nique, constipation, sport de haut niveau, manière rapidement progressive. 10. Concernant l’IU d’effort, plusieurs
profession). Il existe une association entre facteurs de risque sont clairement
surcharge pondérale et incontinence, de 6. Le bilan initial débute par l’interroga- identifiés sur lesquels il est parfois pos-
même que le syndrome métabolique est toire, qui doit évaluer le retentisse- sible d’agir avant toute apparition de
associé au risque d’hyperactivité vésicale. ment de l’IU, souvent important sur la symptôme ou en prévention secondaire,
qualité de vie. voire tertiaire. Ainsi, tous les efforts chro-
3. L’IU d’effort et l’hyperactivité vésicale L’examen clinique est essentiel. La pa- niques et répétitifs favorisent le relâche-
sont les deux principaux mécanismes tiente est installée en position gynéco- ment musculo-ligamentaire du périnée.
de l’IU de la femme, ces deux problèmes logique et doit avoir une vessie pleine. C’est le cas de la constipation chronique
pouvant être associés, définissant l’in- ­L’objectif est de mettre en évidence une et en particulier des constipations termi-
continence mixte. Si la survenue d’une fuite par le méat urinaire lors d’un ­effort nales ou encore de la pratique i­ ntensive
incontinence d’effort ne pose habituelle- de toux ou de poussée abdominale, de de certains sports. Par ailleurs, le taba-
ment pas de problème diagnostique, en re- rechercher une éventuelle descente gisme chronique est un facteur de risque
vanche lasurvenue brutale ou rapidement ­d’organe associée à l’IU, d’apprécier avéré d’IU.
progressive d’une hyperactivité vésicale la tonicité de la musculature périnéale,
doit constituer un symptôme d’alerte. d­ ’apprécier l’imprégnation hormonale RÉFÉRENCES
chez une femme ménopausée. – Grise P, Caremel R. Incontinence urinaire de l’adulte.
4. L’incontinence à l’effort est le méca- En cas de doute sur une infection des Rev Prat 2012;62:1305-10.
nisme le plus fréquent, correspond cli- urines, un examen à la bandelette urinaire – Haab F. Rapport sur l’incontinence urinaire pour
niquement à la survenue de fuites d’urine peut être immédiatement réalisé. le ministre de la Santé et des Solidarités. Avril 2007.
non précédées de sensation de besoin et Disponible sur www.sante.gouv.fr
contemporaine des augmentations de 7. Un examen urodynamique est indiqué
pression intra-abdominale. L’inconti- en cas de doute diagnostique, lorsque * Le Pr François Haab déclare n’avoir
nence d’effort est due principalement à un le recours à un traitement non conserva-
relâchement des mécanismes de soutien teur et notamment chirurgical est envisa- aucun lien d’intérêts concernant les données

dans cet article.

22 / n° 167 26 février > 4 mars 2018

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egora # 21 FORMATION MÉDICALE CONTINUE 27

UROLOGIE Les 10 points clés

Dr Marielle Ammouche, Paris

Incontinence urinaire tionnel est nécessaire pour confir- activité vésicale repose sur les
mer le diagnostic : la patiente anticholinergiques qui diminuent

de la femme devra pendant quelques jours la précocité et l’amplitude des
noter sur son journal les horaires contractions vésicales et amé-

et les volumes de ses mictions. liorent les symptômes, notam-

Symptôme fréquent chez la femme, G Les examens complémentaires ment l’urgenturie.
l’incontinence urinaire est encore un sujet comprennent éventuellement G La prescription médicamenteuse
une bandelette urinaire, une sera accompagnée par des règles

tabou et insuffisamment pris en charge. échographie vésicorénale (re- hygiéno-diététiques qui permet-
Pourtant, des traitements efficaces existent. cherche de case locale ou d’un tront à la réponse initiale au trai-
retentissement sur le haut appa- tement d’être plus immédiate.

reil urinaire), des explorations Le suivi de la patiente à trois mois

urodynamiques, en particulier en post-prescription est important.

G L’incontinence urinaire (IU), Elle est le plus souvent idiopa- cas d’inefficacité des traitements Il permet d’adapter le traitement

caractérisée par toute perte in- thique, mais peut être secon- de première intention. médicamenteux.

volontaire d’urine, concerne plus daire à une pathologie locale G Le traitement de l’inconti- G Enfin, en l’absence de réponse,

de 3 millions de personnes en (infection, lithiase…) ou neuro- nence d’effort est constitué en il faudra envisager des tech-

France. Mais sa prévalence est logique (sclérose en plaques, pa- première intention par la réédu- niques plus invasives (chirurgie,

largement sous-estimée. Et cer- raplégie, AVC, démence). cation périnéale. Elle utilise les bandelette sous-urétrale) pour

taines données évaluent à 20 à G L’examen clinique doit permet- techniques de renforcement des soulager la patiente.

30 % le nombre de femmes tou- tre de confirmer le diagnostic, muscles du périnée avec +/- bio-

chées. En effet, ce trouble est préciser le type. Il recherchera feed-back, ou l’électrostimula-
souvent très mal vécu par les pa- une cause locale (prolapsus, tion. Elle est complétée par des Références
tients, qui ont un sentiment hon- trouble de la trophicité périnéale), G Franco R, et al. Incontinence urinaire
teux de dégradation de l’image une affection neurologique. On mesures d’hygiène de vie (adap- de la femme. Rev Prat 2011;61:957-76.
de soi. Elle peut entraîner un iso- éliminera une infection urinaire tation des apports liquidiens…), G Hennebelle D. Incontinence urinaire:
lement social ou une dépression. ou une rétention d’urines. Parfois,
et éventuellement un traitement prise en charge. Rev Prat Med Gen
hormonal de la ménopause. 2013;27:897.

G On distingue classiquement la réalisation d’un catalogue mic- G Le traitement de l’IU par hyper- G www.urofrance.org

trois grands groupes nosolo-

giques : l’IU d’effort, l’IU par hy-

peractivité vésicale, et l’IU mixte, Algorithme décisionnel devant une incontinence urinaire de la femme
associant les deux. Le diagnos-

tic est principalement clinique. Incontinence d’effort Incontinence mixte Hyperactivité vésicale
Grâce à l’interrogatoire, le prati-

cien identifie la pathologie.

G L’IU d’effort est liée à une fai- ● Prise médicamenteuse Évaluation quantitative : ● Incontinence urinaire récente
blesse du système de fermeture ● Dysurie, sensation de résidu catalogue mictionnel, score ● Brûlures
de la vessie, et se manifeste par ● Chirurgie récente Urinary Symptom Profile (USP) ● Fièvre
des fuites lors de circonstances ● Signes neurologiques Évaluation de la qualité de vie : ● Troubles sensitifs
particulières (toux, éternuement, ● Symptômes neurologiques
périphériques Contilife, EVA
moteurs ou sensitifs

mise en orthostatisme, port de ● Hématurie

charges lourdes, ou activité spor-

tive). C’est la plus fréquente chez Rééducation périnéale Anticholinergiques
la femme.

G L’IU par hyperactivité vésicale ÉCHEC ÉCHEC
se manifeste par des fuites avec
des envies impérieuses de sur- Évaluation quantitative : D’APRÈS REV PRAT 2011;61:957-76
catalogue mictionnel, score USP

venue brutale (urgenturie). Elle Évaluation de la qualité de vie :
peut être déclenchée par le bruit Contilife, EVA

de l’eau, le contact des mains

avec de l’eau froide, signe de la Chirurgie Neuromodulation
clé ou du paillasson (immaturité

vésicale, vessie neurologique).



9 ›15 JUIN 2014
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egora # 86 FORMATION MÉDICALE CONTINUE 21

UROLOGIE Les 10 points clés

Dr Philippe Massol*

L’éjaculation précoce

L’éjaculation précoce est le trouble sexuel masculin le plus <très profonds chez les deux partenaires.
fréquent. Un homme sur cinq serait concerné au cours de Elle a également un impact fort sur la qua-
sa vie, quel que soit son âge. lité de vie des hommes et en particulier
sur leur plaisir sexuel, le désir amoureux
OOLes troubles de la sexualité masculine – l’éjaculation précoce secondaire se et la confiance en soi. Chez la femme, un
sont nombreux, et leurs conséquences sont produit après une période de relations sentiment de frustration, de détresse, par-
multiples. Parmi les plus fréquents, on re- sexuelles normale. L’origine du change- fois même un évitement des relations
trouve l’éjaculation précoce. C’est un ment peut être liée à une anxiété de la per- sexuelles peuvent naître.
trouble sexuel sous-traité, parce qu’il en- formance, des problèmes relationnels ou OOLe praticien a à sa disposition des solu-
traîne honte et stigmatisation pour les psychologiques, une dysfonction érectile, tions non pharmacologiques comme les
hommes. Pourtant, ce trouble n’est pas à une hyperthyroïdie ou l’arrêt de prise de thérapies comportementales et psycholo-
négliger en raison de ses répercussions médicaments addictifs (opiacés). giques qui visent à apprendre à l’homme
importantes. OOL’éjaculation précoce a longtemps été à identifier et contrôler par différentes
considérée comme étant essentiellement techniques son niveau d’excitation. Les
OOEn 2008, la société internationale de d’origine psychocomportementale (stress, trois principaux protocoles sont le « stop
médecine sexuelle (Issm) a défini l’éja- tension émotionnelle, peur de l’échec, trau- and go », les compressions ou « squeeze»,
culation précoce, il s’agit d’une dysfonc- matisme psychologique, comportement de la et la thérapie sexofonctionnelle.
tion sexuelle masculine caractérisée par : partenaire…). OOLa dapoxétine (Priligy) est le seul médi-
– une éjaculation qui survient toujours, ou OOAu cours de la dernière décennie, les cher- cament spécifiquement développé dans
presque toujours, avant la pénétration vagi- cheurs ont pu montrer une origine biologique l’indication de l’EP dont l’efficacité est
nale, ou au cours de la minute qui la suit, ET ; à l’éjaculation précoce. En particulier, il est ­validée par des essais cliniques. Il allonge
– une incapacité à retarder l’éjaculation lors maintenant admis que la sérotonine joue un significativement le délai avant l’éjacula-
de toutes ou presque toutes les pénétra- rôle important dans la maîtrise de l’excita- tion, le multipliant par 3 à 4. Inhibiteur
tions vaginales, ET ; tion. C’est la raison pour laquelle les médica- s­électif de la recapture de la sérotonine
– des conséquences personnelles néga- ments ayant une influence sur la sérotonine (Isrs) à demi-vie courte, la dapoxétine aug-
tives, telles que frustration, soucis, souf- peuvent avoir un impact sur l’éjaculation. mente les taux de sérotonine dans la fente
france psychologique et/ou évitement de OOLes facteurs organiques contributifs synaptique.
l’intimité sexuelle. sont peu fréquents : prostatite, syndrome OOSa pharmacocinétique particulière
des douleurs pelviennes chroniques, (une demi-vie courte de 1 h 30 et un pic
OOOn en distingue deux grands types : phimosis, hyperthyroïdie. Les facteurs psy- plasmatique atteint en 1 à 2 heures après
– l’éjaculation précoce primaire (innée) est chologiques et relationnels sont plus fré- la prise) est adaptée à une prise à la
très rapide et quasi systématique depuis quents, qu’ils soient cause ou conséquence demande et ne lui confère aucun effet­­
le début de la vie sexuelle. Elle apparaît de l’éjaculation prématurée. antidépresseur ni aucun des effets indési-
lors de tous les rapports sexuels, quel(le) OOLe retentissement de l’éjaculation pré- rables liés à la classe des Isrs.
que soit le ou la partenaire. Elle peut sur- coce est majeur sur l’homme et sur le Références
venir avant ou juste au moment de la pé- couple. Elle entraîne des problèmes émo- – Porto R. L’impact de l’éjaculation précoce sur
nétration et concerne près de deux tiers tionnels et psychologiques pouvant être la qualité de vie du patient, de sa partenaire,
des hommes qui souffrent d’éjaculation du couple. Sexologies 2013;22:97-102.
précoce ; – Waldinger MD, et al. The use of old and recent
DSM definitions of premature ejaculation in
Recours au sexologue o­ bservational studies: a contribution to the present
debate for a new classification of PE in the DSM-V.
Le recours au sexologue peut consiste en un ensemble progresser jusqu’à une syn- J Sex Med 2008;5:1079-87.
permettre une guérison d’entretiens en face à face, chronisation harmonieuse de – Association pour le développement de l’information
rapide. Quelques séances permettant l’information et l’éjaculation. et de la recherche sur la sexualité (Adirs). Éjaculation
feront prendre conscience au la dédramatisation de la diffi- précoce ou prématurée. www.adirs.org
patient de son corps, du corps culté. Elle s’appuie sur des Source : * Le Philippe Massol déclare n’avoir aucun lien
de l’autre, et de son aptitude exercices pratiques à réaliser Marie-Hélène ­Colson. Santé d’intérêts concernant les données présentées
à la temporisation de l’éjacu- entre partenaires qui seront sexuelle au masculin : trop précoce. dans cet article.
lation. La sexothérapie autant d’étapes permettant de Fédération française de sexologie
et de santé sexuelle : www.FF3S.fr

l

15›21 FÉVRIER 2016
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