LANDOWSKI, ISSIAKHEM ET MOI
Enclosed a été produit par la Royal Hibernian Academy
de Dublin pour l’exposition «Becoming Independent»
sur l’invitation de Caroline Hancock. Il a ensuite été
montré à la Biennale de Sharjah 11 dans une version
revue et augmentée. Cette publication vient couronner
le projet lors d’une lecture-performance commandée
par le Mucem (Musée des Civilisations de l’Europe et de
la Méditerranée) pour «Une leçon d’histoire partagée»,
pendant le temps fort «Marseille-Alger, allers retours»
du 19 au 23 février 2014.
Enclosed has been produced by Royal Hibernian Academy
of Dublin on the occasion of the exhibition «Becoming
Independent» curated by Caroline Hancock. It was
later shown in Sharjah Biennial 11 in a revised and
expanded version.This project culminates with
a lecture-performance and a publication commissioned
by the Mucem (Musée des Civilisations de L’Europe et de
la Méditerranée) for «Une leçon d’histoire partagée»
during the highlight «Marseille-Alger, allers retours»
from the 19th to 23rd of February 2014.
Texte/text: Amina Menia
Extraits du journal de/excerpts from the diary of Paul Landowski
(Transcrit et annoté par/transcribed and annotated by Catherine Giraudon)
Images: Amina Menia
Issiakhem family
Musée des années 30, Boulogne-Billancourt
Traduction/Translation: Amina Menia
Rédaction/Copyediting: Amina Menia
Imprimé par/Printed by: Imprimerie Ibda
Conçu par/Designed by: Ahmed Saïdi
© 2014
Remerciements à/Thanks to:
Anissa Bouayed, Moussa Bourdine, Elisabeth Caillet, Maeve Connolly, Mohammed Djehiche, Thierry Fabre, Aurélien Froment, Tessa
Giblin, Jim House, Georgina Jackson, Djamila Kabla-Issiakhem, Seán Kissane, Nadira Laggoune, Hadrien Laroche, Dennis McNulty,
Niamh O’Malley, Micheál Ó Siochrú, Patrick T.Murphy, Barbara Wright.
Immense gratitude à /to:
La famille Issiakhem, l’Indivision Landowski, l’équipe du Musée-Jardin Landowski et du Musée des années 30 à Boulogne-Billancourt/
The Issiakhem family, the Indivision Landowski, the staff at the Musée-Jardin Landowski and Musée des années 30 in Boulogne-Billancourt.
A Caroline Hancock : Q u’elle trouve ici l’expression de ma profonde reconnaissance pour m’avoir accompagnée dans ce projet
par son soutien constant et ses conseils lumineux. Son professionnalisme et son dévouement n’ont d’égal que
son humilité et son immense générosité.
To Caroline Hancock: M ay she find here my deepest gratitude for accompanying me in this project with constant support and luminous
advice. Her professionalism and dedication are equaled only by her humility and immense generosity.
Le 11 novembre 1928, Paul Landowski dévoilait
son Monument aux Morts, imposante sculpture
trônant au centre d’Alger. Cinquante ans plus
tard, les autorités de mon pays passaient une
étrange commande à M’hamed Issiakhem :
cacher cette sculpture qu’ils ne sauraient
voir. C’était à l’occasion des Jeux Africains de
1978. Fortement intriguée par cette histoire,
j’ai construit Enclosed en 2013, une œuvre
qui explore ce dialogue silencieux entre deux
artistes ayant laissé une forte empreinte à Alger.
En tant que troisième génération d’artistes
à dialoguer avec ce monument public, j’ai
choisi de placer les œuvres des deux artistes
en écho. Issiakhem n’a pu vraiment dialoguer
avec Landowski ou son travail parce qu’il avait
l’obligation de le couvrir. En revisitant ce geste
singulier, j’attire l’attention sur cet emboitement
des mémoires en soulignant réalités discrètes et
détails invisibles, en créant des liens là où des
traces ont été laissées...
dLuEadxjnoetduProraawnuisatlklsi
4 [janvier 1921]
Bigonet venu le soir pour le concours d’Alger. Il y a plus
de 4 000 noms à inscrire. Cela suff it à compliquer le problème
et le rendre peu intéressant.
28 février [1921]
Hier matin, travaillé avec Bigonet à la petite maquette pour
Alger. Notre groupe central est tout à fait trouvé. Maintenant
je vais convoquer Maurice Gras, af in que nos architectes ne se
mettent pas au travail trop tardivement et nous fassent un
rendu soigné.
Je crois que cette idée de faire porter le mort par des f igures
équestres, trois cariatides équestres, peut plaire. En tout cas,
même sur la toute petite esquisse que j’ai faite, l’effet en est
grand. L’idée de faire de la f igure centrale une Victoire ailée à
cheval, donne de la solidité à tout l’ensemble, les ailes formant
un point d’appui solide. Cela a tout à la fois un caractère
somptueux et héroïque qui doit faire bien sous le soleil
d’Afrique.
8 mars [1921]
Après-midi, nous travaillons avec Bigonet, Maurice Gras et
Monastes à l’esquisse du concours d’Alger. Parti trouvé. Mon idée
du Mort porté triomphalement par trois cavaliers est adoptée
sans hésitation. La principale qualité du sculpteur est la
ténacité.
17 [octobre 1921]
Simonin me raconte que Gaudissart est dans un état de fureur
indescriptible parce que je fais le concours d’Alger, qu’il m’en
veut au-delà de toutes limites ! Pauvre Gaudissart. Parmi ses
imprécations il aurait été jusqu’à me reprocher de travailler
comme un nègre ! Évidemment je suis un grand misérable.
2 [décembre 1921]
Chez Maurice Gras, travaillé au socle du concours d’Alger. Ce socle
est presque trouvé. Il n’en faut d’un rien qu’il ne soit tout à fait
bien. Il s’en faut de beaucoup plus que le groupe le soit aussi. Je
suis de moins en moins emballé. C’est un croquis, une fantaisie.
À l’étude en grand, de grosses diff icultés apparaissent presque
insurmontables. Et puis j’aime de moins en moins ces f igures
symboliques ailées. Mais, c’est commencé. Il faut aller jusqu’au bout.
13 [décembre 1921]
Toute la journée à l’esquisse d’Alger. Elle vient. J’ai fait poser
Bigonet. Je lui ai collé des burnous, une djellaba et le spahi fait
très bien. Demain j’arrangerai l’autre cavalier. Taillens,
venu à la f in de la journée a eu une excellente impression.
26 [décembre 1921]
Passé à la f in de la journée chez Monestès, où nous avons décidé
de réduire tout le motif central du Monument d’Alger. Le socle
n’est pas encore bien. Il est trop important. Ou bien, si on
le gardait d’une telle importance, il fallait suivre mon idée
et le sculpter entièrement du bas en haut. Je crains beaucoup
que ce socle hors d’échelle ne nous fasse échouer.
30 janvier 1922
Reçu lettre de Bigonet, à propos d’Alger. Mon pronostic : nous
n’aurons pas le prix.
18 [février 1922]
Je me suis trompé dans mon pronostic pour le concours d’Alger.
C’est notre projet qui a le prix. Me voilà donc avec une nouvelle
formidable histoire sur les bras.
27 [février 1922]
Voilà que je reçois d’Alger une lettre de Bigonet. Il m’annonce
que le fameux Gaudissard proteste contre le jugement du
concours, a écrit une lettre de protestation au jury et fait
paraître dans la presse algérienne des articles où, sous la
signature d’amis, il éreinte notre projet, ceux des autres
concurrents et porte le sien aux nues. Je suis bien décidé à ne
pas m’émouvoir pour cela. Je ne me suis jamais senti de la
sympathie pour ce Gaudissard. Il m’inquiète toujours. Je me suis
toujours tenu sur une grande réserve. Je ne me suis pas trompé
en ne le jugeant pas une nature chic.
9 [mars 1922]
Coup de téléphone de Maurice Gras. Monestès qui a rencontré
Boutrin, a appris par celui-ci que le jugement du concours
d’Alger avait été cassé. Nous sommes sans nouvelles de Bigonet.
De plus, paraît-il, dans la dépêche qu’aurait reçue Boutrin du
jeune Besse, le comité aurait décidé d’admettre pour le vote
de ce second jugement le vote par correspondance !
Décidément c’est moi qui avais raison lorsque je prévoyais que
ce concours ne réussirait pas. Monestès qui est venu me voir
tout à l’heure, me disait qu’il y a cinq ou six mois, il rencontra
un jeune algérien architecte. Celui-ci lui dit, parlant du
concours : ''Vous aurez peut-être le prix. Mais vous n’exécuterez
quand même pas le monument. Ils vous tueront plutôt !''
25 [mars 1922]
Dépêche de Bigonet. L’affaire d’Alger est de nouveau gagnée.
Les membres du jury se sont conduits chiquement. Nous avons eu
cette fois seize voix sur vingt. Décidément c’est moi qui avais
tort.
28 [novembre 1925]
Très diff icile, comme je le prévoyais de rendre réalisable cette
esquisse d’Alger. Des problèmes d’exécution surgissent à chaque
instant.
22 [décembre 1925]
Je commence à être content de l’esquisse d’Alger, plutôt de l’étude,
c’est plus qu’une esquisse. Diff icile !
16 novembre [1926]
Enf in j’ai trouvé l’arrangement du groupe du dos du monument
d’Alger. Unité de sentiment. Les deux femmes s’embrassent.
Les deux vieillards, l’Européen et l’Arabe s’appuient l’un
sur l’autre. L’unité de sentiment a conduit à l’heureux effet
plastique. Repris la Victoire. Diminué la tête. En cette taille
sa petitesse semble exagérée. En grand ce sera bien. Les chevaux
ne vont pas très bien. Un peu ronds et monotones d’accent.
Il faut de la nature là dessus.
16 [janvier 1927]
Bonne séance au groupe arrière du monument Alger. La f igure
de l’Européen vient bien. Ce groupe à lui seul fait tout un
monument. Les deux femmes sont en retard, bien que la composition
en soit trouvée.
10 septembre [1928 Alger]
Il fait pas mal chaud. Mais c’est supportable. On commence demain.
Nous allons être en plein soleil, mais c’est nécessaire. Ce travail
sur échafaudage est bien fatigant, surtout maintenant. Pour ne
pas être gêné par les traverses et les bois, on s’arrange comme
on peut. Alors tout le corps est instinctivement tendu. J’espère
demain soir en avoir f ini avec la Victoire, tête, ailes, bras et
même les deux têtes de ses compagnons.
11 septembre [1928 Alger]
Visite de Belmondo et soirée passée avec lui. Promenade dans la
casbah. Toujours le même intérêt. J’étais fatigué. Cette promenade
m’a reposé. Belmondo me dit, et il semblait sincère, que la Sainte
Geneviève, placée telle qu’elle est, lui avait fait très bonne
impression.
9 [novembre 1928 Alger]
Je m’y retrouve avec plaisir, avec Lily et Nadine. La traversée
a été abominable. J’ai eu le mal de mer! J’ai lutté tant que j’ai pu.
Pour arriver à l’Albert Hôtel, le chauffeur prend par les
boulevards du bord de mer, de sorte que tout de suite Lily et
Nadine peuvent voir le monument. De loin, très bonne impression.
Les abords sont terminés. À l’hôtel, on nous donne deux belles
chambres qui donnent sur lui. On le voit en plongeant. Le
défaut architectural de l’escalier apparaît bien nettement. Ce
trou de verdure est absurde. Les architectes sont des gens bien
compliqués. La plupart ne savent pas se servir de la sculpture.
Les deux que nous avons eus sont particulièrement médiocres.
Aussitôt installés, nous redescendons et allons voir de près.
J’ai de gros regrets. Il y a notamment une patte droite avant
du cheval cavalier français qui est bien mal préparée!
10 [novembre 1928 Alger]
À la mairie. Comme le secrétaire du maire parlait de l’escalier
à prolonger devant le monument, voilà que cet imbécile de Gras
déclare d’un air supérieur : ''Mais ce n’est pas notre avis''.
Je n’ai pu m’empêcher de protester immédiatement contre cette
incorrection.
Poids mort, ces architectes là. Nous nous sommes quand même
serrés la main, avant de nous séparer...
Après le déjeuner, nous allons chez Brouty. Il revient du M’Zab
et de Ghardaïa et parle avec enthousiasme de son voyage. Nous en
montre de très bons dessins à la plume. Comme je lui manifeste
notre désir de faire un tour dans la casbah, tout de suite il se
met à notre disposition.
13 [novembre 1928 Alger]
Madame Favre m’apporte un bel exemplaire dédicacé de Bab El Oued.
14 [novembre 1928 Alger]
Dîner chez Maître Rey, où nous retrouvons Halagar. Nous parlons
du jugement du concours de demain. Je donne à Maître Rey le même
conseil que j’ai donné tout à l’heure au commissaire général
de l’Exposition. Ne juger que devant les maquettes. Procéder
par élimination. Ainsi, impossible aux combinaisons de réussir.
Pas de coup de surprise à craindre. Succès certain pour Bouchard.
Son projet n’est pas extraordinaire. Il y avait une chose
autrement émouvante à faire. Mais ce projet est quand même le
meilleur.
Demain départ. Quand reviendrai-je en Afrique?
Le Monument aux Morts d’Alger a été inauguré le 11 novembre 1928
AminaMenia Ecdxeadmterrbnaooeintrtsd
17 Mars 2012
Je parlais ce matin avec Karim de « Chrysanthèmes » et que je voulais étendre ma
recherche sur les monuments à celui de l’Horloge Florale, avenue Pasteur. Et là, il
m’apprend qu’une fissure est apparue au niveau du «sarcophage». Cette information
m’a fait l’effet d’une bombe ! j’ai aussitôt fait un détour en voiture pour voir de moi-
même. Et bien oui, une belle fissure, bien ouverte, sur le devant, au dessus des bras qui
brisent les chaines !
18 Mars 2012
Je n’arrête pas de penser à ce que j’ai vu hier. C’est quand même incroyable cette
fissure en plein cinquantenaire de l’indépendance. Il n y a pas de hasard dans la vie.
J’ai pris une photo de loin, à partir de la voiture.
23 Mars 2012
Je sais pas si je me fais des idées, mais je pense voir de la lumière à travers la fissure.
c’est décidé, je m’engouffre dans la brèche, j’en fais une œuvre !
19 avril 2012
Caroline me précise son invitation pour l’expo à Dublin, son rapprochement des 2
pays, l’indépendance, la décolonisation du paysage. On a discuté longuement, elle
adore le projet, ça colle très bien à l’expo. J’accélère les recherches. Je voudrais bien en
faire une 3ème sculpture, une empreinte de cette craquelure, à recontextualiser ensuite.
20 mai 2012
Encore un article sur el watan ! Mais évidemment il ne parle que de « sauver le
monument Issiakhem », l’autre est cité juste pour l’anecdote.
3 juin 2012
Je reprends des photos, rien n’a bougé. Ils parlent de le restaurer avant le 5 juil, mais
là j’ai des doutes. Il faut que je prenne mon empreinte avant. Karim va m’introduire au
niveau de l’APC.
27 juin 2012
Après-midi chez Djamila Issiakhem. Elle a été géniale, très généreuse. M’a longuement
parlé de son cousin et montré 1 photo de lui, en tablier devant les échafau pendant les
travaux. Incroyable ! Et elle m’a donné aussi une très bonne clé : que Issiakhem était le
maquisard avant d’être l’artiste, et que le devoir envers le pays était plus que prioritaire.
Je tiens là la meilleure des explications. Mais sinon, aucun matériel, ni document, ni
dessin, rien. Elle me dit qu’il ne faisait jamais de dessins préparatoires. Je dois la revoir.
28 juin 2012
Je repars voir le monument : tjs rien, pourtant, le 5 juil arrive à grands pas.
La rénovation ne sera jamais prête.
30 juin 2012
tjs rien. J’ai déposé le dossier à l’APC, j’ai un bon tuyau mais j’attends. Peut être que ça
va se faire.
1 juil 2012
Passée ce matin. Tjs rien. Rien ne va se faire je crois. Mais en attendant, j’ai vu le mec
de l’APC entre 2 portes, il m’a bien confirmé que je ne pouvais rien faire, rien toucher
et que c’est un problème qui les dépasse. Ils ne savent même pas comment affronter
le 5 juil. Evidemment, j’ai eu droit au fameux « l’fouk », et donc la décision de leur
appartient pas bla bla bla…comme d’hab
4 juil 2012
Installation des échafaudages autour du monument ! donc voilà la solution, au moins
ils font croire qu’ils travaillent, ça laisse du temps.
5 juil 2012
Lancement officiel du site web missiakhem.net. Je vais enfin trouver où puiser de l’info
1ère main. Je suis de + en + passionnée par ces recherches. Je n’aurai jamais pensé
travailler un jour sur Issiakhem, et dire que je ne pouvais plus «l’encadrer»!! On en
a soupé du Issiakhem depuis tjs, il est devenu un apparatchick malgré lui le pauvre.
Heureusement, je le redécouvre.
18 juil 2012
Apparemment ils vont vraiment commencer les travaux. Ils viennent d’installer une
bâche autour. J’ai pris ça en photo aussi. Mais j’en ai marre, à chaque fois je me fais
repérer par les policiers du palais.
4 aout 2012
30 Aout 2012
J’ai pu rassembler toutes les cartes postales et j’ai trouvé un merveilleux timbre de
1952. Quand même incroyable de trouver au dos de la carte de 1939 un message qui
parle de la guerre, de l’ambiance régnante. On est en mai 39, et la carte postale rend
hommage aux victimes de la 1e guerre. Quel mauvais augure, quelle coïncidence !
3 sept 2012
Je suis passée voir le monument : j’en croyais pas mes yeux ! on voit le Landowski
à travers ! Des morceaux entiers de l’enveloppe sont tombés, on voit les chevaux,
le cavalier, la déesse. La pierre est rose, intacte, j’aurai pensé à ce qu’elle serait
vermoulue, rouillée, mais elle a l’air super bien conservée.
4 sept 2012
J’ai pris des photos fascinantes, j’ai zoomé et j’ai pu avoir qq détails. C’est tjs ça de pris. Je
pense pas pouvoir avoir mieux. Même aujourd’hui j’ai du encore négocier avec les flics.
9 sept 2012
J’ai discuté avec un passant d’environ 50 ans et il m’a dit : « je me souviens de cette
histoire, on me l’a racontée. Il y avait un monument, dédié aux Morts de la guerre
Mondiale, et puis ils ont décidé de mettre un autre à sa place. Et c’est Issiakhem qui
l’a fait. Mais c’est pas à moi de vous renseigner, allez au musée des beaux-arts et vous
trouverez tout. Celui d’El Hamma, le musée, ils vous diront tout. Moi je ne sais rien.
Mais je me souviens bien du premier ». il savait pas mal de choses, mais ne voulait
vraiment l’exprimer on dirait. Et il me dirige vers le musée.
16 sept 2012
Je tourne encore dans le jardin pour recueillir des avis, et ce matin il y a une femme
qui m’a dit : c’est incroyable ! Pourquoi ils nous cachent ça ?! Ils pourraient déplacer le
« boitier » juste à coté et laisser les 2 sculptures en évidence, avec un texte au milieu
qui raconterait cette histoire. C’est une belle idée je trouve. Un autre m’a fait rire en
me disant que je me cassais la tete. Et bon… ça fait longtemps. C’est derrière. On peut
demander à qui on veut, surtout les jeunes : ils s’en foutent, vraiment. Ils ne le voient
même pas, ils n’ont rien à cirer de l’avant, après, de la politique, des enjeux. Ils ne le
voient même pas !
3 Oct 2012
Les travaux n’avancent pas du tout. Le chantier est à l’arrêt total (pour ne pas dire
abandon). Je crois qu’il faut vraiment prendre une décision par rapport à la partie
Issiakhem. Un passant m’a dit : Issiakhem a construit un sarcophage. Il leur a fait un
« machin stalinien » qui témoigne de la mentalité de ceux qui allaient détruire la statue.
22 oct 2012
Depuis le début de projet, je me dis qu’il n y a pas de hasard. Aujourd’hui, un homme
âgé me souffle sur l’épaule : vous savez comment s’appelait ce jardin avant ? Et
comment il s’appelle aujourd’hui ? Et qui l’avait appelé Jardin Ouamrane ? Le président
Chadli. Moi je suis le neveu de Ouamrane, et j’ai fait la guerre moi aussi, je sais de
quoi je parle. Mais après, ils ont décidé de le débaptiser. Pourquoi ? Sans doute parce
qu’il était kabyle !
9 Nov 2012
J’ai vu enfin le directeur technique de l’APC d’Alger centre. Karim a pu m’y introduire
avant son rdv. La récolte est mince : il n’y a aucun dossier ou documents d’archives.
Lui-même avait des photos d’internet. Mais il y avait quand même un rapport du CTC
de juil 2008 où on constatait une grande détérioration du porte-à-faux et donnait pour
conclusion « la démolition de la partie supérieure ». Je voulais en faire une copie,
mais il n’a pas voulu. Il m’a dit que l’entreprise qui faisait le ravalement ne voulait plus
continuer les travaux, elle perdait de l’argent. Tout le haut du monument s’effondrait,
et ils ne pouvaient plus suivre. Et il a ajouté : Dieu merci, je n’ai pas pris en charge la
rénovation de l’Emir Aek! Je savais!
10 Nov 2012
J’ai reconstitué à la main, tant bien que mal, le coffrage Issiakhem. J’ai fait un plan et
une coupe, au moins je vois plus clair, qq chose de technique à se mettre sous la dent.
23 Nov 2012
Après-midi chez Bourdine. Il a été super, m’a tout raconté. Interview précieuse, je dois
l’abréger un peu, mais il n’y a rien à jeter. J’ai vraiment tout le contexte ! Les travaux
d’embellissement de la ville d’Alger, les panneaux de bienvenue, les grandes fresques
avec le poing levé, la révolution agraire, tout.
25 Nov 2012
Visite du musée-jardin Landowski. Magnifique. Son atelier avec ses maquettes, et
son jardin avec ses sculptures. Et dire qu’il est menacé de fermeture. J’y ai trouvé la
maquette du monument! oh la la si je pouvais l’emprunter, ce serait génial.
27 Nov 2012
Premier voyage à Dublin : bon ben, je crois savoir à présent ce que ressentent les gens
quand ils arrivent à Alger : so disappointingly french ! je trouve Dublin vraiment très
anglaise, physiquement c’est plutôt troublant. Algérie/ Irlande, même combat! J’ai
photographié tt ce qu’il y a comme statue en ville. Et j’ai enfin vu l’emplacement du
Nelson Pillar. Finalement, ça ne pouvait pas être autrement. Il vaut mieux que ce soit
du mobilier urbain aujourd’hui. Quel artiste pouvait repasser par là ?
2 déc 2012
Visite au musée des années 30 où l’on découvre des trésors. La documentaliste nous
a préparé plein de choses : super, on a les photos, les dessins préparatoires, les photos
des maquettes, son journal. Il y a aussi bcp d’autres documents relatifs à l’Algérie, de
près ou de loin… Caroline va peut être repasser, mais je pense qu’on peut tout faire par
mail. J’ai vraiment bcp de mal à trouver de l’info coté algérien. Les 2 vitrines vont être
déséquilibrées. Mais j’ai lu qu’il y avait des choses au Musée des beaux-arts d’Alger,
notamment des dessins de Charles Bigonet.
8 déc 2012
Musée des beaux-arts d’Alger : moment « kafkaïen », j’en reviens pas. Le documentaliste
était à coté de ses pompes, je lui ai répété 3 fois le nom Issiakhem. Je rêve quand
même ! et il n’a rien trouvé, puis si, il y a des catalogues, puis, la boite n’est pas là. Pour
Bigonet, la bibliothécaire m’a dit qu’elle «avait vu ce nom passer», mais sans plus. J’ai
eu tout du mal à les convaincre de me laisser chercher par moi-même. Et je suis repartie
bredouille, épaules voutées. Grosse déception. Où est son héritage vraiment ? où puis-je
trouver de l’info organisée, structurée, à part dans sa famille, ses amis par fragments et
bouche-à-oreille? Je suis revenue sur son siteweb, et je comprenais l’amertume de son
fils dans l’édito : marre de tout ce folklore autour de son père, marre de la récup. C’est le
monument Issiakhem qui s’effondre, non le Monument de l’avenue Pasteur ;(
16 déc 2013
J’ai pu enfin prendre la photo de la dernière liste de noms. Je me demande encore
pourquoi celle n’a pas été effacée ou retirée, en plus il y a des noms français, c’est pas
comme si c’était des noms algériens. Je sais pas.
5 janv 2013
Ça y est, je reviens à Dublin pour l’installation de l’expo. Ça me fait tout drôle. Je vais
enfin mettre tout à plat, et réunir les 2 artistes comme j’en avais rêvé.
10 janv 2013
Le vernissage était super. Blindé de monde ! les réactions étaient bonnes, très
généreuses. Mais surtout, j’ai apprécié que les gens trouvent bcp de résonnance avec
l’Irlande. Nous sommes sur le même chemin de la reconquête de soi. On est allé au
pub pour fêter tout ça autour de qq Guiness bien méritées.
Quand reviendrais-je en Irlande ?
Issiakhem interviewé par Tahar Djaout, in
Algerie Actualité N° 827, 20-28 aout 1981
verbatim
2 ou 3 mots pour se présenter des trucs comme ça. Plus des panneaux très
Bourdine Moussa, né le 7 octobre 1946 à Alger. décoratifs. Et des panneaux de la révolution
agraire, le 11 décembre, des trucs comme ça.
La rencontre avec Issiakhem ? On a rempli Alger, c’était plein de panneaux.
La rencontre avec Issiakhem ? ça s’est passé en
1976. C’est à l’occasion de la venue de Kim Il Sung. Sur quel support ?
Je me rappelle très très bien. M’hamed savait qu’il En bois, peint à la laque. Comme on mettait ça
y avait un jeune qui se débrouillait assez bien, dehors. A cause de l’humidité.
Bourdine, y’avait Hakkar, on était un petit groupe.
On nous avait amenés pour faire une fresque à Ils sont restés combien de temps ?
l’aéroport. Là où il y avait le réalisme socialiste. Ils sont restés 5 ans ou 6 ans. C’est éphémère.
Voilà c’était la première rencontre avec Issiakhem.
Et est-ce que vous avez couvert des choses
C’était une commande de qui ces fresques ? qui existaient déjà ?
De la wilaya, toujours de la wilaya d’Alger. A part le Monument aux Morts, c’est tout. On l’a
protégé. Qu’on s’entende bien.
Bouhara y était ?
Oui il y était Quelle était la demande spécifique pour ce
monument aux morts ?
C’est son idée ? Je me rappelle très bien, Bouhara le wali a appelé
Oui c’est lui. C’était la période du socialisme, tu Issiakhem et il lui a dit : M’hamed cache moi ça !
sais, il fallait peindre le socialisme. On appelait ça le Cache moi ça. Voilà !
réalisme socialiste. Alors M’hamed qu’est-ce qu’il fait ? il a reçu un
Le poing levé, le drapeau, l’agriculteur, la révolution ordre. Alors on l’a couvert, mais on l’a protégé. Il y
agraire etc… a du nylon, il y a du grillage, de la fillasse, puis du
ciment blanc mélangé au sable. Mais on peut le
La fresque de l’aéroport, c’était la première récupérer s’ils veulent.
grande commande ?
C’était la première grande commande d’Issiakhem La forme qui était décidée ? Cette forme
de la wilaya, c’est là où il nous avait appelés. Mais cubique. ?
on a fait autre chose avec lui. On a fait les Jeux On a suivi la forme. Tu ne pouvais pas couvrir
Africains, après le musée central de l’armée. Et on autrement que comme ça.
faisait des expositions de groupe avec Issiakhem,
Khadda, tout le groupe là. Après 1976, il y a eu Et après qui a décidé des décorations ?
1978 où on avait fait le fameux monument aux M’hamed.
morts de la ville d’Alger et la décoration de la ville
pour les Jeux Africains. Qu’est-ce que ça veut dire ?
C’est la liberté. Tu casses les chaines. Et derrière
Qu’est-ce qu’il y avait dans cette décoration ? la révolution agraire bien sûr. Et l’homme à la
Il y avait des panneaux, en arabe «soyez les casquette, c’est le révolutionnaire qui ressemble
bienvenus », enfin beaucoup de choses avec à M’hamed un petit peu.
Qui lui a donné le visage de M’hamed ? étaient encore un peu éduqués, cultivés, après…
Ben c’est lui ! En bas, il y avait une plaque commémorative où il
Tu sais quand l’artiste, quand moi je fais un portrait y avait les noms des algériens et des français, qui
il y a toujours quelque chose de moi qui ressort ont combattu pendant la 1ere guerre mondiale.
dans le portrait. Même si je fais pas le mien. Au début de l’indépendance, ça a été enlevé par
les nôtres. Tu sais bien, l’indépendance, on, y est
Donc ce moudjahid, le révolutionnaire, il est arrivés ! etc… je ne dis pas vandalisé, les gens ne
de la main d’Issiakhem ? savaient pas ce que c’était. «c’est aux français,
Ouais. Mais c’est pas terrible, c’est très naïf c’est aux mécréants, allez, enlève, enlève,
comme boulot. enlève !»
Ils ont essayé de bouger le monument, mais ils
Et en bas, le tracteur ? n’y sont pas arrivés. Ils n’ont pas pu. Alors ils ont
C’est le groupe d’artistes, même le bonhomme, enlevé les noms.
parce que M’hamed avec un bras, il ne pouvait
pas monter travailler en haut. C’est fait sur Et après, est-ce qu’ils ont fini par l’accepter ?
place, il n y a pas eu d’esquisses ou d’études, Au moment où Bouhara décide de l’enlever, la
de travaux préparatoires. Rien. Direct. Bon allez, société était prête ?
enlève. C’était comme ça. C’était pressé. Les jeux Les gens se sont habitués, tu m’entends. C’est
approchaient. Il fallait faire vite. On appelait ça pas comme maintenant, les gens étaient…plus
la politique de prestige. C’est tout. Mais comme sympas ! Plus compréhensifs. Aujourd’hui, avec
travail artistique c’est nul ! Je vous le dis, je vous tout ce qui s’est passé chez nous, avec tous les
le redis, il n y a rien d’artistique ! évènements, sans lever le voile, ça va être très
difficile. Même si on l’enlève. Ils devraient venir
Quels sont les artistes qui ont travaillé le prendre, ses ayant droit, je te jure, ils devraient
dessus ? venir.
Il y a moi. Il y a Mustapha Tadjer, Ali Kerbouche,
on était un petit groupe Vous êtes au courant que cette année il y a eu
une immense fissure sur l’œuvre d’Issiakhem
Est-ce que dans l’esprit de l’artiste c’était fait qui présentait un danger, et donc il a été
pour ne pas durer, justement? décidé de le restaurer ?
Bien sur. C’est normal. Alors pourquoi on a mis le Une bêtise !
nylon, la filasse etc…
Pourquoi une bêtise ?
Et pourquoi il a duré ? Il faut enlever ce coffrage. Il faut l’enlever, c’est
Il faut leur demander à eux. tout. Il faudrait que les gens s’habituent. Il va pas
les manger, qu’ils n’aient pas peur. Au contraire.
Eux qui ? C’est une très belle œuvre, très belle œuvre. Très
A l’état. A la wilaya. Il faut leur demander à eux. très belle. Au contraire.
C’est très facile de l’enlever. Très facile.
Une après-midi chez Moussa Bourdine
Et la vie de ce monument avant qu’il ne soit 23 novembre 2012
caché pour les Jeux Africains? Comment était-
il perçu par les algérois ?
C’est très difficile de te répondre. En toute
honnêteté. En toute honnêteté. Tu sais bien chez
nous, ils te disent « sculpture : pêché »…
Pourtant de 1962 à 1978 il était bien là !
Il est resté par la force des choses. Les gens
Paul Landowski pendant la construction du Monument/ during the construction of the Monument (1922-1928). Reproduction de la photographie avec
l’aimable autorisation/ Reproduction of the photograph Courtesy of : Indivision Landowski & Musée des années 30, Boulogne-Billancourt, France
Aux enfants d’Alger. Morts pour la patrie/ To the Children of Algiers. Dead for the Nation :
Vue en plan de l’aménagement paysager du projet/ Birds-eye view of the landscape design of the project (1922-1928)
Reproduction du dessin préparatoire avec l’aimable autorisation de/ Reproduction of the preparatory drawing, Courtesy of:
Indivision Landowski & Musée des années 30, Boulogne-Billancourt, France
Aux enfants d’Alger. Morts pour la patrie/ To the Children of Algiers. Dead for the Nation: Coupe longitudinale et façade du projet (1922-1928)
/ Longitudinal section facade of the project (1922-1928). Reproduction du dessin préparatoire avec l’aimable autorisation de/ Reproduction of
the preparatory drawing, Courtesy of: Indivision Landowski & Musée des années 30, Boulogne-Billancourt, France
Charles Bigonet. Frise du Monument aux Morts/ Frieze of the Monument to the Dead, (1928). Détails des côtés Est et Ouest/ Details of the Eastern and Western front
Reproduction de la photographie avec l’aimable autorisation/ Reproduction of the photograph Courtesy of : Indivision Landowski & Musée des années 30, Boulogne-Billancourt, France
Carte postale datée du/ Postcard dated: 6-5-1939 (Editions La Cigogne, Alger/ Algiers)
Collection de l’artiste/ Collection of the artist
M’hamed Issiakhem. Esquisse pour le Monument aux Martyrs, Alger/ Drawing for The Monument to the Martyrs, Algiers (1978)
Reproduit à partir d’une monographie/ Reproduced from a monograph
Terrasse Le Monument par M’hamed Issiakhem, Alger/
Monument by M’hamed Issiakhem, Algiers
Entrée Sud Photographié par/Photographs by Amina Menia (2012)
Vue de plan
Vue de face Sud Plan et coupe du Monument aux Martyrs par/
Plan and section of the Monument to the Martyrs by Issiakhem
Vue pro l approximative Reconstitué par/ Reconstituted by Amina Menia (2012)
Amina Menia. List of Names (2012)
Photographie montée sur acrylique liquide, taille réelle/ Liquid acrylic photograph, lifesize
Courtoisie de l’artiste/ Courtesy of the artist
Aujourd’hui, ce sont les noms des derniers soldats restants (sur 4500) sur les murs entourant le Monument/
Today, these are the last remaining soldiers’ names (of 4500) on the walls surrounding the Monument
Amina Menia. Les Martyrs reviennent cette semaine (2012)
Tirage lambda monté sur aluminium/ Lambda prints mounted onto aluminium
Courtoisie de l’artiste/ Courtesy of the artist
Le titre est tiré de la nouvelle éponyme de l’écrivain algérien Tahar Ouettar/ The title is taken from the eponymous short story by the Algerian writer Tahar Ouettar (1974)
Le monument d’origine est réapparu à mesure que le coffrage de ciment s’effondrait/ The original Monument reappeared as the cement coffering was collapsing
M’hamed Issiakhem devant le Monument aux Martyrs pendant la construction/ in front of the Monument to the Martyrs during construction (1978)
Reproduction de la photographie avec l’aimable autorisation de la famille Issiakhem à Alger/
Reproduction of the photograph, Courtesy of the Issiakhem family archive in Algiers
LANDOWSKI, ISSIAKHEM AND I
On 11th November 1928, Paul Landowski
unveiled his Monument to the Dead, imposing
sculpture proudly positioned in central Algiers.
Fifty years later, the authorities of my country
appointed M’hamed Issiakhem to «hide this
offending sculpture». This was on the occasion
of the African Games in 1978. Highly intrigued
by this story, I created Enclosed in 2013, a work
that explores this silent dialogue between two
artists that left a strong imprint in Algiers.
As the third generation of artists to dialogue with
this public monument, I have chosen to place
the works of both artists in echo. Issiakhem
couldn’t really dialogue with Landowski or
his work because he had the obligation to
cover it. By revisiting this singular gesture,
I draw attention to this interlocked memory by
underlining discreet realities, unseen details,
creating links where dots were left…
LEfaoxrDfncoiedmParoartpwuyhtslseki
4 January 1921
Bigonet came in the evening for the Algiers competition.
There are more than 4,000 names to register. This is enough to
complicate the problem and make the competition unappealing.
28 [February[1921]
Yesterday morning, worked with Bigonet on the small model for
the Algiers sculpture. Our core group is f inalised. Now I’ll
summon Maurice Gras, so that our architects do not start the work
too late and that their presentation is neat.
I think this idea of having the body carried by three equestrian
f igures, three equestrian caryatids, may prove appealing. In any
case, the effect is considerable, even on the minute sketch that
I made. The idea of having a winged Victory horse as t he central
f igure gives strength to the whole, with the wings forming a
solid support. This sumptuous and heroic character will do well
under the African sun.
8 March [1921]
In the afternoon, we worked with Bigonet, Maurice Gras and
Monastes on the sketch for the Algiers competition. Solution
found: my idea of D eath triumphantly carried by three horsemen
was agreed without hesitation. Persistence is the sculptor’s main
quality.
17 [October 1921]
Simonin told me that Gaudissart is in a state of indescribable
fury because I am in the Algiers competition. He is angry with
me beyond reason! Poor Gaudissart. Among his imprecations was to
blame me for working like a negro! Obviously I’m a big scoundrel.
2 [December 1921]
At Maurice Gras’s place, working on the base for the Algiers
competition: we are really very nearly there with it. The
same certainly cannot be said for the group. I’m less and less
enthusiastic. This is an outline sketch. In the real scale
piece, the problems appear so great that they are almost
insurmountable. And I like these symbolic winged f igures less
and less. But it is started. Must see it through.
13 [December 1921]
All day on the sketch for Algiers. It is coming on. I asked Bigonet
to pose for me. I put the odd burnous on him, and a djellaba, and
the spahi looks good. Tomorrow I will sort out the other rider.
Taillens came at the end of the day and was greatly impressed.
26 December 1921]
Went by Monestès’s place at the end of the day, where we decided
to reduce the whole central motif of the Algiers Monument. The
base is not yet suitable. It is too large. Or, if we kept its current
size, we should have followed my idea and sculpted it entirely
from the bottom upwards. I fear greatly that the out-of-scale
base will mean we are unsuccessful.
30 January 1922
Received letter from Bigonet about Algiers. My prediction: we
will not win.
18 [February 1922
I had predicted wrongly for the Algiers competition. Our project
won. So here I am with a wonderful new undertaking on my hands
to sort out.
27 [February 1922]
I get a letter from Bigonet in Algiers, telling me that the
famous Gaudissard is protesting against the competition
decision, has written a letter to the selection committee and
published articles in the Algerian press in which, using his
friends’s name as authors, he slates our project, those of other
competitors and champions his own plan. I am determined not to
let that get to me. I’ve never felt sympathy for this Gaudissard.
He always worries me. I have always been very reserved about him.
I was not mistaken in not considering him to be a good fellow.
9 [March 1922]
Phone call from Maurice Gras. Monestès met Boutrin, who
informed him that the Algiers competition decision had been
annulled. We have had no news from Bigonet. Also, it seems, in
the message that Boutrin apparently received from the young
Besse, the awarding committee has decided to allow a postal vote
for the new decision. I was def initely right in predicting that
the competition would not be a success. Monestès, who came to see
me earlier, told me that f ive or six months ago, he met a young
Algerian architect. Speaking of the contest, this man said: ‘''You
may win the competition. But you won’t be able to create the
monument. They would sooner kill you!'' ‘
25 [March 1922]
Dispatch from Bigonet. The Algiers project has been won a second
time over. The selection committee members have behaved wisely.
This time sixteen of the twenty votes went to us. Certainly I was
the one who got it wrong.
28 [November 1925]
As I predicted, it’s very diff icult to turn the sketch for Algiers
into reality. Problems implementing the plans arise at every
moment.
22 [December 1925]
I am starting to be happy with the sketch for Algiers, or the
study rather, it is more than [just] a sketch. Diff icult!
16 November [1926]
I have f inally found the arrangement for the rear group of the
Algiers monument. Unity of feeling. The two women embrace. The
two old men, the European and the Arab, lean on each other. The
unity of feeling has created a pleasing artistic effect. Resumed
work on the Victory. Reduced the head. In its current size, its
smallness seems exaggerated. In its true size it will be good.
Horses do not look very good. A little too rounded and lacking in
contrast. They need to be more natural.
16 [January 1927]
Good session working on the rear group of the Algiers monument.
The European f igure is coming on well. This group alone
constitutes a monument in itself. The two female f igures are
behind schedule, although their composition has been found.
10 September [1928 Algiers]
It is quite hot. But it is bearable. Will start tomorrow. We will
be in full sun, but it is necessary. Working on scaffolding in
this way is very tiring, especially now. To avoid being bothered
by the crosspieces and wood, we make do as we can. One’s whole body
is instinctively tense [as we work]. I hope by tomorrow night to
have completed the Victory - head, wings, arms and even the two
heads of her companions.
11 September [1928 Algiers]
Visit Belmondo and spend evening with him. Walk in the Casbah.
Always the same interest. I was tired. This walk rested me.
Belmondo said - and he seemed sincere - that Saint Geneviève,
placed as it is was, had very much impressed him.
9 [Algiers in November 1928]
It is a pleasure to be back here, with Lily and Nadine. The
crossing was abominable. I got seasick! I held up as best I could.
To get to the Albert Hotel, the driver took the boulevards by
the seafront, so that Lily and Nadine could see the monument
straight away. From afar, looks very good. The area immediately
around it is completed. At the hotel, we were given two beautiful
bedrooms that overlook it. Plunging view down on the monument.
The architectural weakness of the staircase is clearly visible.
This area of greenery is absurd. Architects are very complicated
people. Most do not know how to use the sculpture. The two we had
were particularly poor.
Once settled in, we went down and had a look up close. I have big
regrets. In particular, there is a poorly-f inished right foreleg
on the French cavalryman’s horse.
10 [November 1928 Algiers]
At the city hall. As the mayor’s secretary was speaking about
the steps to be extended up to the monument, the idiot Gras said
smugly: ‘''but this is not our view''’.
I could not help but immediately protest against this
impropriety.
Those architects are a dead weight. But we still shook hands
before leaving.
After lunch, we went to Brouty’s. He is back from the M’Zab and
Ghardaia and spoke enthusiastically of his trip. He showed us
very good pen-and-ink drawings from it. When I expressed our
wish to go for a walk in the Casbah, he immediately made himself
available to us.
13 [November 1928 Algiers]
Madame Favre brings me a beautiful signed copy of Bab El Oued.
14 [November 1928 Algiers]
Dinner with the lawyer Rey, where we f ind Halagar. We speak of
the competition result tomorrow. I give Rey the same advice
I gave the Exhibition’s General Commissioner earlier today:
base your judgements on the models alone; proceed by elimination.
Like that, it is impossible for any undue influence to succeed,
and you will have no surprises to fear. Success for Bouchard is
certain. His project is not extraordinary. He could have made
something with much more emotional effect. But Bouchard’s
project is nonetheless the best. Leaving tomorrow.
When I will return to Africa?
The Monument to the Dead was inaugurated on the 11th of November 1928
Amina Menia
Excedripatrsyfmroym
17 March 2012
This morning I was talking to Karim about “Chrysanthemums”; about the fact that
I want to extend my research on monuments to the one in the garden of the Floral
Clock, in Avenue Pasteur. That was when he told me that a crack had appeared on the
“sarcophagus”.
This information came to me like a bombshell! I immediately made a detour by car to
see for myself. And yes, there was a beautiful crack, wide open on the front, above the
arms breaking the chains!
18 March 2012
I can’t stop thinking about what I saw yesterday. It is just unbelievable that that crack
has appeared during the fiftieth anniversary of independence. There is no coincidence
in life. I took a picture from afar, from the car.
23 March 2012
I do not know if I’m imagining things, but I think I see light through the crack. That’s it, I
have decided, I dive into the breach, this will become an artwork!
19 April 2012
Caroline has confirmed her invitation to the exhibition in Dublin, and its subject
linking the two countries, their independence, decolonising the landscape. We talked
a lot, she loves the project, it fits really well in the exhibition. I accelerate research. I
would like to make a third sculpture, a print of this crack, and to re-contextualize as a
consequence.
20 May 2012
Another article in El Watan ! But obviously he only mentions about “saving the Issiakhem
monument”, the other is only mentioned as an anecdote.
3 June 2012
I took pictures, nothing has changed. They talk about restoring it before July 5, but I
doubt they will. I must take my imprint before that. Karim will introduce me to the APC.
27 June 2012
Afternoon at Djamila Issiakhem’s home. She was great, very generous. She spoke at length
about her cousin and showed a photograph of him in an apron in front of the scaffoldings
during construction. Incredible! And she also gave me a very good key: that Issiakhem was
a resistance fighter before being the artist, and duty to the country was more than a priority.
Surely I now have the the best explanation. But otherwise, no material or document or
drawing, nothing. She told me that he never made preparatory drawings. I must see her again.
28 June 2012
I go back to see the monument: still nothing, however, July 5th is fast approaching.
The renovation will never be ready....
30 June 2012
Still nothing. I submitted a dossier to the APC, I have a good hose but I have to wait.
Maybe it will happen.
1 July 2012
This morning passed by. Still nothing. I have a feeling nothing will happen. But in the
meantime, I saw the guy from APC fleetingly, and he confirmed that I could not do
anything, touch anything and that this is a problem that is beyond them. They don’t even
know how to face July 5th. Obviously, I was given the usual “l’fouk”, and therefore the
decision is not theirs... bla bla bla... as ever.
4 July 2012
Installation of scaffoldings around the monument! So this is the solution, at least they are
making it look like they are doing something, it gives them time.
5 July 2012
Official launch of the website missiakhem.net. I finally know where to find first hand
information. I am more and more passionate about this research. I never thought I would
one day work on Issiakhem. It is incredible to remember that at a certain point I couldn’t
bear him anymore!! We have always been force fed Issiakhem and, poor thing, he has
become an apparatchick without wanting to be. Thankfully, I am rediscovering him.
18 July 2012
Apparently they are really going to begin restoration work. They just installed a tarpaulin
around it. I took a picture of this too. But I’m so frustrated, every time I get spotted by the
police.
4 August 2012
I send you the
monuments
in a dress!
Abd El Kader as
well as Issiakhem
is receiving
a facelift. We’ll
see what it all
looks like.
For several weeks, the city
of Algiers has begun work
cleaning the statue of Emir
Abdelkader that stands proud
on the eponymous square.
And this occurs on the occasion
of the fiftieth anniversary of
independence.The result once
the scaffolding removed:
catastrophe.This did not
escape the Emir Abdelkader
Foundation who denounced the
choice of “repulsive paint”
in a statement on Monday.
A firm clarification was addressed by
the person in charge of restoring the
equestrian statue of Emir Abdelkader
in the centre of Algiers, to the Emir
Abdelkader Foundation, who had
denounced the result of the cleaning
work on the statue in a statement
Monday. According to this him, the
bronze work was “cleaned” and
covered with a “protective colourless
varnish” and not coated with paint.
30 August 2012
I was able to collect beautiful postcards and I found a wonderful stamp dating 1952.
Unbelievable to find, on the back of the 1939 card, a message that speaks of the war, of
the prevailing atmosphere. It dates from May 39, and the postcard commemorates the
victims of the first war. How ominous, what a coincidence!
3 Sept 2012
I went to see the monument, I could not believe my eyes! You can see through to the
Landowski! Entire pieces of the casing fell, so you can see the horses, the rider, the
goddess. The stone is pink, intact, I would have thought that it would be wormy, rusty,
but it looks well preserved.
4 Sept 2012
I took fascinating pictures, I zoomed in and I was able to get some details. Better than
nothing. I don’t think I will be able to get anything better. Even today I had to negotiate
with the cops
16 Sept 2012
I still wander in the garden to collect opinions, and this morning there was a woman
who said: “this is amazing! Why they hide this from us ?! They could move the “box” to
the right and leave the two sculptures side by side, with a text in the middle that would
tell this story”. It’s a great idea I think. Another guy made m e laugh by telling me that
I was wasting my time. And hey ... it’s been ages. It’s behind. We can ask anyone you
want, especially the young ones: they really do not care. They do not even see it, they
don’t care about the before and after of political issues. They do not even see it!
3 Oct 2012
The restoration work is not progressing at all. The site has come to a full stop (in fact
it looks abandoned). I think they really have to make a decision with respect to the
Issiakhem part.
A passerby said: Issiakhem built a sarcophagus. He made them a “Stalinist thing” which
bears witness to the mentality of those who would have destroyed the statue.
22 Oct 2012
Since the beginning of the project, it seems there are no coincidences. Today, an old
man whispered over my shoulder: do you know what this garden used to be called? And
what it is called today? And who had called it the Ouamrane Garden ? President Chadli.
I am the Ouamrane’s nephew and I went to war too, I know what I am talking about. But
later, they decided to remove this name. Why? Probably because hewas Kabyle!
9 Nov 2012
I finally saw the director of the APC of the center of Algiers. Karim was able to introduce
me before his meeting. The crop is thin: there are no record or archival documents.
He himself had internet pictures. But at least there was still a CTC report dating July
2008, which noted a deterioration of the overhang and concluded on “the demolition
of the upper part.” I wanted to make a copy, but he did not let me. He told me that the
company that was renovating no longer wanted to continue the work, they were losing
money. The whole top of the monument was collapsing, and they couldn’t keep up.
And he added: thank God, I didn’t look after the Emir Abd El Kader renovation! I knew !
10 Nov 2012
I reconstituted by hand, as best I could, Issiakhem’s coffering. I made a plan and section
plan, at least I have a clearer vision, sth technical to work with.
23 Nov 2012
Afternoon at Bourdine’s. He was great, he told me everything. Valuable interview, I have
to shorten it a little, but nothing should be removed. I really have the whole context!
The work to beautify the city of Algiers, the welcome signs, large frescoes with the
raised fist, the agrarian revolution, everything.
25 Nov 2012
Visit of the Landowski Museum-Garden. Gorgeous. His studio with his models, and his
garden with his sculptures. To think that it is threatened with closure. I found a model of
the monument! oh waow, if I could borrow that, it would be great.
27 Nov 2012
First trip to Dublin: well, ok, now I understand what people feel when they arrive in
Algiers: so disappointingly French! I find Dublin really English, physically it is rather
disturbing. Algeria/ Ireland, same battle! I took pictures of all the statues in the city. And
I finally saw the location of the Nelson Pillar. In fact, it couldn’t be otherwise. It is best
that it has now become urban furniture. Which artist could go through this again?
On Nov 28, 2012, at 1:29 PM, Girardot Afsaneh wrote:
Dear Madam
For consulting the archives of Paul Landowski on December 2,
I’m waiting at the Museum of the 30s, from 2:00 pm.
Sincerely
Afsaneh Girardot /Archivist /Museum of the 30s
2 Dec 2012
Visit to the 1930s museum where treasures are found. The archivist has prepared many
things: great! There are photographs, preparatory drawings, photographs of models,
his diary. There also other documents relating to Algeria, in one way or the other.
Caroline will perhaps come back, but I think we can do everything by email. I still have
difficulties to find information on the Algerian side. The 2 vitrines will be unbalanced.
But I’ve read that there were things in the Museum of Fine Arts of Algiers, including
drawings by Charles Bigonet.
8 Dec 2012
Museum of Fine Arts of Algiers: a “Kafkaesque” moment, I can’t believe it. The librarian
was completely out of it, I repeated 3 times the name Issiakhem. I must be dreaming!
and he found nothing, then yes: there are catalogues, then the box is not there. For
Bigonet, the librarian told me she “had seen this name in and there,” but nothing
more. I struggled to convince them to let me look for myself. And I left empty-handed,
shoulders arched. A big disappointment. Where is his legacy really? where can I find
organized, structured info, aside from his family, friends and fragments through word-
of-mouth? I went back on his website, and I understood his son’s bitterness in the
editorial: tired of all folklore around his father, tired of him being selfishly reclaimed
by others. It is the Issiakhem monument that is collapsing, not the Monument of the
Avenue Pasteur ;(
16 Dec 2013
I was finally able take the photo of the last list of names. I still wonder why it has not
been deleted or removed, in particular since there are French names, it’s not as if these
were Algerian names. I don’t know.
5 Jan 2013
That’s it, I return to Dublin for the installation of the exhibition. It feels so strange.
I finally lay everything flat, and the two artists are together as I had dreamt.
10 Jan 2013
The opening was great. Totally packed! Reactions were good, very generous. But above
all, I appreciated that people found a lot of resonance with Ireland. We are on the same
path of regaining ourselves. We went to the pub to celebrate it all around some well
deserved Guiness.
When I will return to Ireland?
Issiakhem Interviewed
by Tahar Djaout, in
Algerie Actualité
N° 827, 20-28 aout 1981
Tell us about the work you did on the Memorial next to the Central Post Office and
does not always raise happy comments.
It was initially planned to eliminate this monument, to remove it from there. We intervened
to prevent this removal, and our job was to cover it, let us be clear. It was thus covering the
monument, hide it from view and the day when it is needed, just open the shell to retrieve
it. Above all, do not believe we did ourselves another monument instead. The work we were
asked took just one month, it had to be completed before the the African Games. And to
avoid having a naked wall, we have included this pattern in the shape of hands breaking
their chains. When we talk about this work, do not forget to consider the time factor and the
conditions that we were offered to do so. And do not see anything other than a recovery shell.
verbatim
2 or 3 words to introduce yourself Khadda, all the group.
Bourdine Moussa, born on the 7th of october 1946. After 1976, there was 1978 when we did the famous
Monument to the Dead of Algiers, as well as the
Meeting Issiakhem? decoration of all the city for the African Games.
It was in 1976 when Kim Il Sung was coming.
I remember very well. What was this decoration about?
M’hamed knew that there was a young and Panels written in Arabic “welcome”, a lot of those
cleaver guy, Bourdine. And there was Hakkar as things.
well. We were a small group. We came to do a And panels with agrarian revolution, the 11th
fresco in the airport. December 1961, things like that. Algiers was filled
At that time, it was the socialist realism. There with those panels!
was a big panel with a raised fist to Kim Il Sung.
So, this was my first meeting with Issiakhem. What was the medium?
Wood, painted in lacquer because it was meant to
Who commissioned those frescoes? be installed outside.
The city of Algiers.
Not ceramics or enamel?
Bouhara was already there? No, only things not lasting forever, 1 or 2 years.
Yes, he was. Nothing more.
So he was the commissioner of that kind of How long did they last?
artwork in the city? They lasted 5 or 6 years. Ephemeral things.
Let’s say it’s him.
Did you cover existing things?
It was his idea? Apart from the Monument to the Dead, nothing.
Yes, it was. We protected it. You must understand this.
It was socialism period, you know, so we had to
illustrate the socialism. What was the specific demand for this
It was called the socialist realism. The raised fist, Monument to the Dead?
the flag, the farmer, the agrarian revolution. I remember very well.
The mayor Bouhara called Issiakhem and said:
The airport fresco was the first commission M’hamed hide me this! Hide me this. That’s it!So
ever? what was M’hamed supposed to do? He received
It was Issiakhem’s first commission from the city an order.
of Algiers. So we covered it, but we protected it.
That’s when he called us. There is nylon, metal mesh, tow, and white
But we did other things with him. We did the cement mixed with sand.
African Games, then the Museum of Army. They can recover it if they want.
And we had group exhibitions with Issiakhem,
It’s very easyThe shape that was decided? Who «Them»?
That cubic shape? The government. The city. You must ask them. It’s
We had to follow its shape. You couldn’t cover it very easy to remove. Very easy.
differently.
What was this monument’s life before it was
And who decided for the decorations? hidden? How did the inhabitants of Algiers
M’hamed Issiakhem. consider it?
It’s very difficult to answer. To be honest. You
What did it mean? know, people here say “sculpture is sin”.
Freedom. You break the chains.
And behind, the agrarian revolution of course. But from 1962 to 1978 it was there!
And the man with the hat, the freedom fighter who It was there by force of circumstances. People were
looks like M’hamed a little. still educated, cultured, then…
In the bottom, there were commemoration plaques
Who gave him M’hamed’s face? with Algerian and French names, of those who
It’s him ! fought during the First World War. By the early
You know, when an artist, when I make a portrait, independence, Algerians removed them. You know,
there’s always something from me inside. Even if Independence, here we are! I won’t say vandalized,
it isn’t my portrait. people didn’t know what it was. “It belongs to the
French, to the misbelievers, so remove it, remove
So this freedom fighter is from Issiakhem’s it, remove it!” They have tried to move it, but they
hand? couldn’t. So they took off the names.
Yes. But it’s not extraordinary. It’s a very naïve
work. Did they finally accept it? At the moment when
Bouhara decided to remove it, the society was
And the tractor? ready?
It’s the group of artists. Even the revolutionary People got used to it. Do you hear me. It’s
man. Because M’hamed with one arm couldn’t not like today. People were coolest ! More
climb higher to work. It’s done on site. comprehensive. Today, with all that happened
There have been no sketches, studies or here, with all the events, without unveiling
preparatory work. Nothing! Directly. Go ahead, everything… it would be very difficult. Even if we
remove this. As simple as that. It was such a rush. uncover it. His legal successors should come and
The Games approached, we had to work quickly. get it back. I swear. They should come back.
That’s what we called «politique de prestige».
That’s it. Did you know that a very big crack occurred
But for an artwork, it’s lowsy. I can tell you again this year on the front of Issiakhem’s work?
and again, there is nothing artistic. And that we decided to restore it?
A stupidity !
Who were the artists that worked together?
There was me, Mustapha Tadjer, Ali Kerbouche,… Why a stupidity?
We were a small group. We must remove this coffering. We must remove
it, and that’s it. People have to deal with it. It won’t
In the artist’s spirit, was it meant «not to last» bite them. They don’t have to be afraid. It’s a very
rightly? beautiful artwork. Very very beautiful.
Of course. It’s logic. So why did we cover it with
nylon, tow and mesh. An afternoon with Bourdine Moussa
23rd of November 2012
And why did it last?
You must ask them.
Par ordre d’apparition
in order of appearance
Paul Landowski (1875-1961) Paul Landowski (1875-1961)
Sculpteur français, Prix de Rome en 1900. A French sculptor who won the Prix de Rome in
Il a reçu de nombreuses commandes pour des 1900. He received numerous commissions for
monuments officiels comme Les Fantômes, le official monuments such as Les Fantômes (The
Mémorial Français pour la Seconde Bataille de Ghosts), the French memorial to the Second Battle
la Marne en 1918 aux Buttes de Chalmont, Le of the Marne in 1918 at the Butte de Chalmont, the
Monument de la Victoire à Casablanca, ou la statue Monument to Victory in Casablanca and the statue
de Sun Yat Sen. Il est particulièrement connu pour of Sun Yat Sen. He is particularly well-known for
le Christ Rédempteur de Rio de Janeiro, inauguré the Christo Redentor in Rio de Janeiro, inaugurated
en 1931. Il dirigera la Villa Médicis à Rome de in 1931. From 1933 to 1937, he directed the Villa
1933 à 1937 avant de devenir directeur de l’Ecole Médicis in Rome, before being nominated director
Nationale des Beaux-Arts à Paris en 1939. of the Ecole Nationale des Beaux-Arts in Paris in
Le Monument aux Morts d’Alger a été commandé 1939.The Monument To The Dead of Algiers was
en 1922 par les autorités françaises. Il remporta commissioned in 1922 by the French authorities.
le concours avec une équipe formée du The proposal he put forward with the architects
sculpteur Charles Bigonet et des architectes Maurice Gras and Edouard Monestès and the
Maurice Gras et Edouard Monestès. Le Monument sculptor Charles Bigonet won the open call. The
fut inauguré le 11 novembre 1928. Il meurt à final Monument was inaugurated in November
Boulogne-Billancourt en 1961. Son atelier est 1928. He died in Boulogne-Billancourt in 1961,
transformé en musée-jardin, en relation avec le where his studio is transformed into a museum-
Musée des Années 30. garden and is associated to the Musée des Années 30.
Charles Bigonet (1877-1931) M’hamed Issiakhem (1928-1985)
Sculpteur orientaliste Français. En 1912, il obtint The leading figure of Algerian Modern painting.
le prix de la Villa Abdellatif pour une résidence à He is sixteen years old when he manipulates a
Alger. Il participera à la réalisation d’ensembles grenade, stolen in an American military camp. In
monumentaux comme Le Monument du Génie the explosion, two of his sisters and a nephew die.
colonisateur de la France à Boufarik et les frises He will be amputated of his left forearm and will
du Monument aux Morts d’Alger. keep shrapnel in his body all his life.
M’hamed Issiakhem (1928-1985) He studied Fine-Arts in Algiers in the late 1940s
Figure de proue de la peinture moderne algérienne. and then in Paris in 1950s where he was involved in
Il a seize ans quand il manipule une grenade, FLN (National Liberation Front) political activities.
dérobée dans un camp militaire américain. Dans He is a founding member of the National Union of
l’explosion, deux de ses sœurs et un neveu trouvent Plastic Arts. He taught at the Ecole des Beaux-Arts
la mort. Il sera lui-même amputé d’un avant-bras of Algiers and worked as a press illustrator. He
et gardera des éclats dans son corps pendant regularly responded to official commissions for
toute sa vie. Il a étudié aux beaux-arts à Alger urban decorations or for the creation of the Museum
dans les années 1940 puis à Paris en 1950 où il of the Army by directing teams of artists. He also
a été impliqué dans le FLN (Front de libération created national banknotes, stamps and posters.
nationale) pour activités politiques. Il est membre His painting exorcises quite at the same time the
fondateur de l’Union Nationale des Arts Plastiques. pains of a personal drama and the violence of the
Il a enseigné à l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger et a collective history.
travaillé comme illustrateur de presse. Il a répondu Charles Bigonet (1877-1931)
régulièrement aux commandes officielles pour des A French orientalist sculptor who won a prize in
décorations urbaines ou pour la création du Musée 1912 for a residency in the Villa Abdellatif residency
de l’Armée en dirigeant des équipes d’artistes. Il in Algiers. He took part in the execution of
a également dessiné des billets de banque, des monumental ensembles including the Monument
timbres et des affiches. Sa peinture exorcise tout for the Centennial of the Algerian Colonisation in
à la fois les douleurs d’un drame personnel et les Boufarik and the friezes on the Monument to the
violences de l’histoire collective. Dead of Algiers.
Amina Menia (1976)
Est une artiste multimédia qui vit et travaille à Amina Menia (1976)
Alger. Son travail est un croisement entre sculpture Is a mixed-media artist living and working in
et installation. Ancré dans l’histoire post- Algiers. Her artworks are a crossovers of sculptures
coloniale de son Alger natal, il est une invitation and installations.
à réevaluer notre compréhension du patrimoine, Grounded in the post-colonial history of her
et à déconstruire notre conception de la beauté. native Algiers, her work appears as an invitation
Il interroge notre rapport à l’architecture et à to reevaluate our understanding of heritage, and
l’Histoire. Elle a exposé au Musée d’Art Moderne deconstruct conceptions of beauty. It questions our
d’Alger (MAMA), au Musée d’Art Contemporain de relation to architecture and History.
Marseille (MAC), le Museum of African Design de She has showed her work in the Museum of Modern
Johannesburg et le Royal Hibernian Academy de Art of Algiers (MAMA), Museum of Contemporary
Dublin. Elle a également participé aux biennales de Art of Marseilles (MAC), the Museum of African
Sharjah et de Dakar. Design of Johannesburg and the Royal Hibernian
Academy of Dublin, among others. She took part in
the Sharjah and Dakar Biennials.