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Le livre que vous tenez entre vos mains est le fruit d’un très grand arbre aux multiples branches et aux racines profondes !
Vous y retrouverez un florilège des paroles des centaines de femmes de 17 à 97 ans ayant participé entre 2009 et 2013 à notre projet d’art en communauté intitulé NOUS, les femmes qu’on ne sait pas voir!
Voici la petite histoire d'un grand projet de réflexion par l’art sur le vieillissement.

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Published by La Marie Debout, 2020-06-27 13:58:13

Petit livre d'une grande conversation sur l'âge

Le livre que vous tenez entre vos mains est le fruit d’un très grand arbre aux multiples branches et aux racines profondes !
Vous y retrouverez un florilège des paroles des centaines de femmes de 17 à 97 ans ayant participé entre 2009 et 2013 à notre projet d’art en communauté intitulé NOUS, les femmes qu’on ne sait pas voir!
Voici la petite histoire d'un grand projet de réflexion par l’art sur le vieillissement.

Keywords: Art communautaire,Centres de femmes du Québec,Art en communauté,Mystique de l'âge,Vieillissement,Conversation sur l'âge

je suis mon corps

Mon corps, temple de la Présence en moi.
Habitacle de cette vie qui bouillonne.

Vie qui me pousse à avancer, avancer, avancer.
Il m’apprend le respect, l’écoute, l’accueil.

Je n’ai pas un corps, « JE SUIS MON CORPS ».
Thérèse, 73 ans, Brossard

51

vent d’automne

Plus je vieillis et plus je me rends compte que la
­sérénité et la paix entrent en moi. C’est avec la
n­ ature que je me retrouve et je regarde avec mes
yeux du cœur les beautés de la vie. Les petits-­
enfants nous ramènent à l’essentiel. Je ne regrette
rien. J’ai atteint un âge, 60 ans, où le soleil illumine
ma vie.

Juliette, Valleyfield
52

J’accueille le vent d’automne de ma vie
qui tourbillonne avec allégresse

et je crée l’ouverture au bonheur présent.
Josée Lefebvre, Ville-Marie

53

Je suis une
rivière éternelle
qui nourrit la
terre.

Lise, 65 ans, Beloeil

54

Je suis
splendeur
d’automne.

Lise, St-Jean-Port-Joli

55

L’âge a peu d’importance
si on fait partie d’un tout.
Que je sois la première feuille

ou la dernière,

grand arbreje fais partie de ce
de la vie.
Anonyme, Chambly



56

Le vieillissement,
c’est l’arbre de la vie

qui grandit.

Noëlline, Aguanish

57

continuité

Vieillir en santé, c’est un cadeau de la vie,
mais c’est une continuité.
Après nous vient une autre génération.
Quoi de plus beau, c’est comme un arbre
qui étend ses branches.
La famille grandit.
Je continue à parcourir le chemin de la vie.
J’en ai plus de la moitié de fait
et j’espère que je vais continuer,
mais avec la santé du cœur
et la santé de l’âme…

Ginette, Ste-Julie

58

59

Je trouve qu’en vieillissant, comme de
t­ oujours, il y a une sorte d’ajustement à
faire en tant qu’être humain.

Ce que je pense aujourd’hui, il y a six mois ou il y a
un an, je l’ai rajusté. Je vois que je réajuste souvent
ma façon de penser et ma façon d’être, parce que
là, ça, je ne l’ai plus, alors que je l’avais. Donc je fais
le deuil de ça. Je trouve que notre cerveau est bien
fait, moi ! Parce qu’il nous aide tout le temps. Et je
me dis : « ma tête là, elle va encore vouloir sauter
le p’tit banc de neige qu’il y a là, la p’tite roche ! » Je
pensais à ça l’autre jour et je suis partie à rire toute
seule. Je me suis dit : « les gens vont dire, regarde-la,
à l’âge qu’elle a, ce qu’elle fait ! » Je me suis dit : « je
m’en balance !» Tant que je vais avoir ça pour moi,
ce sont des lumières. Fait que si je peux le faire le
petit pas, puis si je saute moins haut, ben je sauterai
moins haut ! On peut sauter un banc de neige avec
une marchette aussi !

Huguette Breton, Lac-Mégantic

60

Je suis la plus jeune de la famille et mes enfants
sont plus vieux que moi ! Alors c’est sûr qu’ils me
font toujours des reproches ! Parce que je réagis
toujours trop jeune. Ils sont trop sérieux eux autres,
tandis que moi, j’ai oublié le sérieux en quelque
part, je ne sais pas sur quel chemin ! J’essaie de
m’amuser le plus possible. Alors ça agace parce que
je suis supposée être sérieuse, puis avoir le rôle de
mère et de grand-mère bien tranquille… puis je ne
le suis pas ! C’est moi qui pars à voler sur les Plaines
quand on fait des marches. C’est moi qui pars à
courir et c’est moi qui va partir dans des éclats de
rires pour changer l’atmosphère. Puis c’est comme
ça que je veux parfaire mon vieillissement !

Depuis que j’ai rentré le rire dans ma vie,
il n’est plus capable de sortir !

Les périodes que j’ai moins aimées, je peux les
refaire à ma manière aujourd’hui et ne pas garder
d’aigreur. Je peux changer ma manière de voir mon
parcours. Je veux garder une vision d’enfant. Je
vais mettre de l’émerveillement dans ces périodes
un peu grises, plus difficiles de ma vie, puis rendre
ça en beauté.

Louisette Lachance, Beauport

61

Ma vieillesse, je commence à la ressentir dans
mes os, mais pas dans mon cœur, car même en me
sentant plus âgée, je lis « les p’tits comiques », je
regarde des films drôles comme Shrek et je ­regarde
dorénavant avec mes yeux d’enfant pousser les
fleurs, nager les poissons rouges.

Carole, Montréal

62

digne

accueil.

chemin des moissons

lumineuse

havre de paix

Je suis moi. Je suis femme. Je suis digne.
Je suis authentique. Je suis lumineuse.
Je suis libérée. Je suis vérité. Je suis respect.

Je suis ouverture. Je suis accueil.
Je suis chemin des moissons.
Je suis havre de paix.

Thérèse, mon âge 71 ans, mon cœur d’enfant libéré, 
à Chicoutimi

63

Je me sens femme,
épanouie, ­heureuse, accomplie
avec mes forces, mes faiblesses,
mes i­ ncertitudes, mes craintes,
mes erreurs et mes succès
que ­j’accueille,
que je ne juge pas,
que j’aime !

On dirait que depuis que j’ai passé les 35 ans, je
ne cherche plus à paraître jeune, au contraire,
je suis une femme enfin, mûre, en équilibre (parfois
si fragile) avec mon entourage, mon travail, mon
partenaire de vie, ma famille. J’aime l’idée d’être
en contact avec mon vieillissement, le toucher,
l’appréhender, l’effleurer, l’aimer !

Anonyme, Montréal

64

Accepter

Accepter les changements de vie m’a permis de me
regarder dans le miroir avec mon visage plein de
taches, des rides, le surplus de rouleaux dans ma
bedaine. Et j’essaie de m’accepter telle que je suis…

Anonyme, Montréal
65

vie

Je me considère à l’étape de guérison. Guérison
des anciennes blessures, des anciens manques.
Et je sais que j’ai à inscrire dans ma vie le plaisir.
Non plus regarder ça comme un rêve, mais
vraiment de le concrétiser, puis de l’intégrer à ma
vie. Le plaisir, c’est primordial pour moi. Me faire
plaisir, m’accorder du plaisir. Ce cheminement-là
m’amène à me poser des questions. Qu’est-ce que
je veux vraiment de ma vie maintenant ? C’est quoi
l’essentiel, c’est quoi les valeurs que j’ai besoin
d’intégrer à mon quotidien ? Décrocher du niveau
du rêve, puis vraiment l’intégrer. Le vieillissement
correspond, dans mon cas, à un processus de
guérison.

Renée Samuel, Montréal

66

Dans le mot vieillissement, il y a le mot vie. Alors
plus j’avance en âge, plus je reviens dans MA vie,
je reviens au niveau de mon âme, au niveau de
mon être et non plus juste dans le faire. Et j’ai le
regard porté sur moi. Ça ne paraît pas, mais j’ai une
maladie chronique. Puis des fois, je suis obligée de
marcher avec une canne. Mais la maladie a fait que
j’ai pris conscience que j’avais un corps. Et que je
ne l’écoutais pas et que j’écoutais plus les autres.
« Thérèse, t’es bonne ! Thérèse, t’es capable ! »
Thérèse est capable, mais Thérèse, elle a un corps !
Thérèse, elle a un être, elle a un cœur, puis elle a
besoin de l’écouter. Puis de faire vivre toutes les
instances de sa personne. Et depuis que je fais
ça, la douleur est secondaire. Je n’ai plus 20 ans,
loin de là. Je suis une grand-maman puis j’ai hâte
d’être arrière-grand-maman. Plus j’avance en âge,
plus je suis heureuse parce que je suis rentrée
dans MA vie. Pas dans celle qui a été structurée
par mon éducation, par mon milieu, par la société,
par l’Église. J’entre dans ma vie avec vous autres,
je vous écoute… C’est tellement vitalisant de savoir
que partout, il y a des femmes qui croient que
vieillir, ce n’est pas mourir, ce n’est pas subir, ce
n’est pas pleurer ! Il y en a des passages difficiles

v i emais c’est vivre ! Il y a de l’espoir.
Thérèse Cloutier, à Richmond

67

J’accueille les autres, je les touche. De plus

en plus je veux respirer, je veux être moi. J’aspire
à être, je me libère. J’explose. Je suis libre. Libre de
vieillir sereinement.

Micheline, Chicoutimi

68

Depuis que je suis toute jeune,
j’ai toujours été fascinée
et en admiration
devant les belles femmes
qui osent garder
leurs beaux cheveux blancs
et leur sourire charmant.
J’espère être
une de ces femmes
harmonieuses et resplendissantes
et être vraiment moi
dans ma longue vieillesse.

Marie-Josée, Beloeil

69

Vieillir… quel mot étrange !
Qui devient vieux ? Le bébé qui a un jour de plus ?
La mère qui perd son enfant et ride soudainement ?
Est-ce la canne triomphante qui révèle le manque ?
Un mot étrange vraiment… Porteur de connu et
d’inconnu, d’espoir et de résignation, de temps,
d’amour et de liberté.

Anonyme, 68 ans, Beauport

70

Enfin la lumière au bout du tunnel !

Vieillir apporte bien des réponses, éclaircit notre
passage sur cette terre. Dans cette lumière, je peux
regarder le passé avec compassion et compré­
hension. Je peux m’apprécier dans tout ce parcours,
me donner la reconnaissance si souvent refusée ou
oubliée par autrui.

Angèle, Magog

71

J’ai bientôt 54 ans. J’ai l’impression de m’approcher
de la vieillesse et parfois même l’impression d’y être
déjà. Dans ma sensibilité peut-être plus fragile, il y
a des murs moins épais. Je me souviens de grands
problèmes existentiels, d’émotions insurmontables,
de colères, de méfiances récalcitrantes qui n’existent
plus aujourd’hui ! Une sorte de ­clarté a monté dans
mon cœur, dans mon âme et j’ai ­l’impression de
comprendre tout de ce que je ne comprenais pas
avant mes tempêtes intérieures. C’est comme la
lumière d’une aube, paradoxalement. La compassion
est plus présente, plus profonde, plus vraie. J’aime
plus. Je sais plus. Je trouve plus facilement les mots
pour me réconforter et pour réconforter les autres.

Danielle, Bic

72 lumière

J’ai 63 ans. L’avantage que j’apprécie, c’est de faire
et de dire « les vraies affaires ». C’est un privilège
que je m’accorde sans me soucier du jugement des
autres. Quelle liberté ! J’ai repris enfin du pouvoir
sur ma vie.

Mireille, St-Gabriel-de-Brandon

d’une aube 73

droite comme un arbre Le vieillissement pour moi, c’est de vivre une jour-
née à la fois. Ne pas penser à demain parce que je
ne peux pas savoir ce que c’est. M’accepter aussi.
Partager ce que j’ai, de vieillissement, avec une
autre, comment je ressens ça. Ça ne me fait pas
peur, j’y pense beaucoup, mais l’affaire qui arrive,
c’est de savoir ce qu’on peut laisser derrière soi, qui
est attaché, et puis d’accepter. Il y a des journées,
ça fait mal, mais on ne peut rien faire pour ça.
Alors tu penses à d’autres choses pour te guérir en
dedans. Je me sens droite comme un arbre, mais
qui commence à perdre ses branches. On ne peut
rien faire pour les remettre, alors ce sont d’autres
branches qui poussent entre ça. On apprend tous
les jours. J’ai le trois-quarts de ma vie de fait,
j’en apprends puis je veux en apprendre encore.
C’est jamais fini. C’est ça la vie, ça court toujours !

Pierrette Richer, Montréal

74

Vieillir, c’est « savoir ».
Savoir comment dire, comment chercher,

comment trouver. Comment aimer.
Vieillir, c’est avoir le droit
de nommer ce que je veux.
Anonyme, Plessisville

75

Aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie.
Avec plus d’expérience qu’hier

mais encore l’envie d’expérimenter.
Il me semble avoir des projets

pour les cent prochaines années.
Diane, 59 ans, Montréal

76

libre

J’ai l’âge des conquêtes qu’il me reste à faire.
Je pense à moi lorsque je pense au bien-être des
autres. Mon monde de sensation, la soie. Je joue à
me polir. Je me connais, je refuse la domestication,
à l’aise dans la cuisine. J’ai l’âge de la paix. Je suis
libre dans ma volière à ciel ouvert.

Anonyme, Aguanish
77

Il n’y a plus de barrière devant moi,
seulement des défis.

Bernadette, Alma

78

Bientôt 60 ans…

et le vent dans les voiles.

Un bon vent me faisant glisser doucement sur
les eaux plus ou moins calmes, plus ou moins
tumultueuses de la vie, me menant à bon port.

Diane, Ste-Julie

79

Vieillir, c’est négocier avec la sagesse.
C’est merveilleux
si on accepte de s’adapter aux circonstances.
Savoir profiter
du contact important avec nos enfants.
Nos petits-enfants sont le complément

qui nous aide à avancer sereinement.

Anonyme, Plessisville

80

Avec la vieillesse, nous acquerrons la connaissance
d’une vie, la sagesse qui nous fait voir les choses
sous un autre angle, le pouvoir de pardonner et
d’aimer.

Ma vieillesse n’est pas une fin.

Au contraire, c’est un nouveau voyage mais avec
comme bagage une vie d’apprentissage.

Anonyme, Chicoutimi

81

Vieillir pour moi,
c’est la découverte du Soi, de Soi.
J’enlève peu à peu mes œillères,

le corsage qui m’étouffe,
je me libère de mes chaînes.
Mes valises sont trop pleines,
je dois décharger ce trop-plein.

Mon corps change aussi,
est-ce que je l’accepte ?
Anonyme, Beauport

sin lucha no hay victoria

82

Vieillir, pour moi, c’est le moment de découvrir et
d'apprendre beaucoup de choses que je n’ai pas eu
le temps de découvrir.

Marie-Hélène, 77 ans , Montréal

83

J’apprends à vieillir et je l’apprends de plus en plus,
de mieux en mieux. J’ai eu 60 ans et j’apprends.
J’aime apprendre.

Jacinthe, Ste-Agathe

84

Vieillir, je pense que ça s’apprend. De quelle ­façon ?
Entre autres, à voir vieillir les autres. ­Aussi, à
­observer comment on se sent. Apprendre à se
connaître. Découvrir ce qui nous rend heureuse
à chaque jour. C’est vivre le moment présent. Car
chaque instant qui passe ne reviendra jamais, c’est
pourquoi il est si précieux !

Carmen, Forestville

85

Je suis une femme immigrante d’ailleurs et d’ici
également, ma terre d’accueil. J’ai 44 ans. La vieil-
lesse pour moi, c’est continuer à découvrir, à créer,
à apprendre, à partager avec les autres et à aimer.
Vieillir, c’est prendre le temps d’intérioriser, de
r­ éfléchir, de se préparer à devenir chaque fois une
meilleure personne pour continuer à faire le bien
à ceux et celles qui m’entourent. Vieillir, c’est vivre
le moment présent le plus intensément possible
et avec sérénité. Vieillir, c’est vivre en harmonie
jusqu’à mon dernier souffle.

Isabel, Montréal

86

fo li esunretopuats perdre mon grain de
Je commence de plus en plus à accepter mon âge
en présumant que j’ai acquis de la sagesse et de la
maturité ! Je ne veux surtout pas perdre mon grain
de folie qui me permet d’aller à la découverte de
moi et des autres. J’aime le rire et la spontanéité
de nos sœurs innues et la complicité avec les
Anglophones. Malgré nos différences, on réussit
à dénicher nos nombreux points communs et à
travailler ensemble pour améliorer nos conditions
de vie. Il est important de faire plus de place à la
culture dans nos vies et à perpétuer l’histoire des
femmes. Il faut laisser notre place et ÉCRIRE sur
notre vécu. On peut ainsi faire valoir l’importance
de notre rôle dans la société.

Anonyme, Baie-Comeau

87

Je découvre qu’enfin je m’entends. Je n’attends plus
qu’on m’écoute. Cette petite voix m’accompagne
et je la priorise pour la première fois. Je me sens
maintenant accompagnée à tout moment, simple-
ment et sans jugement… Merci à moi…

Je peux
maintenant
mieux me
partager.

M. C., Lachute

88

Le vieillissement,
c’est apprivoiser
la tendresse.

Je l’ai apprivoisée doucement comme une bête
sauvage. Tout d’abord en la contournant tout en
la regardant du coin de l’œil, sans la toucher. Jour
après jour l’observation s’est précisée, de l’extérieur
jusqu’au cœur de cette réalité de l’existence. C’est
par une qualité d’attention toute surprenante que
parfois cette tendresse pour le vieillissement s’est
proposée sans jamais se contraindre, en se mettant
au service de l’autre qui a besoin.

Claire, 63 ans, Bic

89

Parfois, j’aimerais retrouver mes 20 ans mais avec
toute l’expérience que j’ai aujourd’hui à 60 ans.
J’accepte de vieillir, je souhaite rester en santé le
plus longtemps possible. Je sais que j’ai l’âge de mon
cœur. Ce qui est le plus important, c’est l’amour !

Louise Miller, Montréal

90

Vieillir, arrondir les angles pointus,
adoucir le regard

sur ce qui nous entoure !
C’est la capacité du cœur
à s’émouvoir encore et encore !

Clairette, Montréal

91

Lorsqu’on est authentique,

on travaille au niveau du cœur, au niveau de l’âme.
Lorsqu’on communique entre nous, avec tous les
êtres humains, au niveau du cœur et de l’âme,
c’est toujours merveilleux ! Toutes les défenses
­s’estompent puis on sent toute cette chaleur, c’est
là qu’elle arrive. On peut, à tous les instants de la
vie, avec tous les gens qu’on rencontre, travailler,
communiquer au niveau du cœur. Moi en tout cas,
ce sont des expériences que j’ai toujours faites dans
ma vie et y’a plus d’âge là. Y’a aucun âge là.

Huguette Chrétien, Chambly
92

illumineCe qui mon vieillissement,

c’est la jeunesse dont je veux continuer de m’en-

tourer ; c’est l’authenticité dont je ne me prive plus

de faire preuve; c’est cette indulgence dont je me

sens de plus en plus capable envers les personnes

humaines; c’est aussi l’amour des êtres auxquels je

veux consacrer de plus en plus de temps. Il m’en

reste trop peu pour le consacrer à la haine.

France, Rouyn

93

Ma mère est dans un CHSLD. Mais mon dieu qu’elle
m’apporte de belles leçons de vie ! Elle me dit :
« c’est pas grave Suzanne, tu peux en oublier des
affaires ». Eille, moi ça m’a vraiment r’virée ! Parce
que ça me faisait beaucoup de peine de voir ma
mère dans ses pertes, mais que ce soit elle qui me
renvoie la balle, en me disant : « c’est pas grave, tu
peux en oublier des bouttes ! »

Suzanne Labrie, Victoriaville

94

Présence pure

Je ne veux pas dire que la maladie d’Alzheimer
de ma mère n’était pas une maladie terrible, mais
je veux dire qu’on est aussi autre chose qu’une
maladie. On parlait de deuil, j’ai laissé des choses
mourir de moi, du rapport à ma mère, pour aller
jouer sur son terrain de jeu. Et c’est seulement
dans cette géographie-là que j’ai pu recevoir un
enseignement de ma mère. Dans ce qu’on a vécu
à travers sa maladie, dans le don de sa maladie,
on s’est retrouvées dans une autre place, la place
d’une présence pure d’un cœur ouvert. Si je n’ai
plus de mots, si ma mère ne me reconnaît pas
quand j’entre dans sa chambre, qu’est-ce qu’il me
reste ? Il me reste l’authenticité du lien que j’ai ici et
maintenant. Pas il y a deux minutes, pas dans trois
minutes. Ici et maintenant.

Suzanne Boisvert, à St-Gabriel-de-Brandon

95

des découvertes

Dans une des régions où on a fait la tournée, il y a
une dame qui disait : « j’ai perdu une sœur, elle avait
à peine 40 ans. Alors les rides pour moi, je trouve ça
extrêmement important, parce que ça veut dire que
tu peux vieillir avec les personnes que t’aimes ».
C’est vrai pour les couples, les amies, une sœur…
Bienvenue aux rides parce qu’on peut vieillir
ensemble et continuer de faire des découvertes
ensemble. J’ai 64 ans. Je découvre et c’est ce qu’il
y a d’extraordinaire ! À 10 ans, je découvrais des
affaires ! À 20 ans, je me disais la décennie que j’ai
à traverser ! Ça se peut pas comment j’ai découvert
des affaires ! 30 à 40, t’es passionnée. 40 ans, t’en
peux plus, tu croules ! 50 ans, ménopause, tu fais
énormément de découvertes encore. 64 ans, je me
dis que ça n’a plus de fin les découvertes qu’on a à
faire ! C’est un âge de découvertes.

96

qui ne finissent plus

Alors nous, les femmes qu’on ne sait pas voir, c’est
à nous de le dire que ça ne finit plus les découvertes
qu’on fait. On a peut-être un peu plus de temps,
des fois moins de sous, mais tu remplis ton temps
d’une profondeur, tellement, que c’est aussi ça la
richesse. Les valeurs qui changent avec les années
aussi. À 70, je le sais que ça va être autre chose, à 80,
ça va être aussi, comme disait Benoîte Groult dans
La touche étoile, des découvertes qui ne finissent
plus. Ça m’encourage.
Lise Gratton, à Ste-Agathe

97

Je suis heureuse de vieillir
car l’alternative, c’est de mourir.

Cécile, Montréal

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