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Bilan des modules innovants pédagogiques 2021-2022

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Published by masterartec, 2022-08-29 14:13:38

Bilan MIP 2021-2022

Bilan des modules innovants pédagogiques 2021-2022

Keywords: master ArTeC,bilan,MIP,modules innovants pédagogiques

Les trois thèmes explorés en 2021-2022 ont été : Accélérer,
Aimer, Mobiliser dans la transition numérique.
— ACCELERER. L’accélération est une des orientations principales

du capitalisme (Rosa, 2016) elle prend un élan particulier avec
la numérisation des échanges communicationnels (Ménard
& Mondoux, 2018). Les enquêtes des étudiant·es explorent la
manière dont les plateformes viennent accélérer les interactions
humaines, les dynamiser, les phagocyter aussi. Elles sont
devenues des espaces de diffusion quasi obligatoires pour
les musicien·nes, les photographes. Mais ce faisant elles ont
transformé leurs métiers, sous le poids de plusieurs facteurs
: la concurrence accrue des amateur·rices, l’effondrement de
modèles économiques historiques, une exigence de qualité
visuelle globalement moindre mais aussi des opportunités
professionnelles inédites qui engendrent de nouvelles injonctions.
Les plateformes offrent une puissance de diffusion augmentée,
des outils de création plus nombreux, une culture de l’image
en plein essor notamment en lien avec le développement de
l’éducation aux médias, l’ouverture de nouveaux marchés. Sans
éducation du regard, le risque de formatage de leurs productions
est majoré, d’autant que certaines plateformes imposent des
formats par eux-mêmes contraignants.
— A IMER. A travers les fonctionnalités du « web affectif » (Alloing &
Pierre, 2017), elles transforment l’amour du monde en amour du
smartphone, et ne favorisent pas autant qu’on pourrait le croire
l’amour de soi, qui s’acquiert, d’après les enquêtés, bien souvent
par des formes de distanciation, vis-à-vis des plateformes et de
leurs influenceur·ses. Aimer est aussi un concept instrumentalisé
par les industries numériques pour s’infiltrer dans les relations
affectives des adolescent·es ou des autres usager·es, à travers
diverses fonctionnalités, à commencer par le « like » et les «
friends » de Facebook, mais aussi par le « partage » (Illouz, 2020).
Toutes ces dénominations donnent une coloration émotionnelle
particulière à des activités communicationnelles dont le sens
profond est très divers pour les usagers et selon les situations
(Hochschild, 2017, Jehel, 2021). Les plateformes de rencontre
en sont un cas particulier qui viennent par leurs dispositifs
transformer la recherche de « l’amour » en une gamification
de soi, de la relation à l’autre, un jeu qui peut se révéler cruel
(Dulaurans, 2019).
— M OBILISER. Les plateformes offrent des opportunités pour
mobiliser des internautes minorisés et peu visibles sur les espaces
publics dominants. Elles permettent de développer des modalités
de mobilisations nouvelles, plus ludiques, plus rapides, épousant
aussi les fonctionnalités des plateformes et subissant aussi
les effets stigmatisants de leurs algorithmes, particulièrement
lorsqu’il s’agit de militantes féministes (Despontin-Lefevre, 2020).
Les enquêtes ont porté sur les mobilisations écologiques, et
sur des choix de communication. Certaines jeunes associations
conscientes du caractère sombre de l’horizon du changement

COMPRENDRE LES USAGES DU NUMÉRIQUE 99
PAR L’ENQUÊTE SOCIOPHOTOGRAPHIQUE

climatique cherchent à valoriser les actions possibles plutôt que
les destructions visibles. D’autres, inquiètes de la faiblesse des
informations disponibles sur certaines nouvelles technologies
(la 5G), peuvent parfois s’approcher de représentations
sensationnalistes, au contraire, voire complotistes.

MODÈLE(S) PÉDAGOGIQUES MOBILISÉ(S)

L’atelier constitue une expérimentation pédagogique. Les étudiant·es
découvrent grâce au MIP l’expérience de la collaboration entre
futur·es professionnel·les issus de formations différentes, il leur
offre ainsi une ouverture disciplinaire remarquable, appréciée
par les étudiant·es des trois formations, mais aussi par les deux
équipes enseignantes. Les étudiant·es s’initient à l’enquête de
nature sociologique et à la recherche grâce à un apport théorique
et méthodologique, tout en devant le mettre en oeuvre à travers la
création photographique et la publication d’un article sur un site web.
Pour les étudiant·es des deux formations la question des « nouveaux
modes d’écriture et de publication » est cruciale : pour les
photographes, elle est au centre des évolutions de la profession
en raison de nouveaux supports de diffusion, sur le web et les
réseaux socionumériques ; pour les étudiant·es en SIC, dont l’avenir
professionnel se trouve dans la communication d’établissements
culturels, elle représente une occasion de se perfectionner et de
découvrir la culture photographique. Les étudiant·es de Paris 8 et
d’ArTeC qui s’adonnent à des activités photographiques amateures
y sont particulièrement sensibles.

Les apports des intervenants extérieurs
Les interventions de Pascale Colisson, journaliste professionnelle et
enseignante à l’Institut pratique du journalisme de l’université Paris-
Dauphine, ont porté sur les fondamentaux de l’écriture journalistique
sur le web, et les articles de chaque équipe, retravaillés
individuellement.
Les interventions de Nadège Abadie, photographe-réalisatrice
enseignante à l’ENS Louis-Lumière, et de Stéphanie Solinas,
artiste-photographe, ont donné aux étudiant·es une connaissance
actualisée des méthodes de l’enquête photographique, et un retour
régulier sur les productions de chaque équipe.
L’intervention d’Eric Urbain, ingénieur son, et enseignant à l’ENS
Louis-Lumière filière son, a donné aux étudiant·es les bases de
l’écoute du son, et de l’enregistrement professionnel. Il a réalisé deux
interventions.
Les interventions de Marie Chagnoux, MCF université Paris 8 et
Nicolas Chevrier, photographe, PAST université de Lorraine, ont
perfectionné la connaissance de l’outil Wordpress.
Dans le cadre de l’atelier d’initiation aux pratiques
photographiques, Nadège Abadie a réalisé sur deux séances
une initiation au portrait.

100 COMPRENDRE LES USAGES DU NUMÉRIQUE
PAR L’ENQUÊTE SOCIOPHOTOGRAPHIQUE

Les étudiant·es ont également bénéficié des conférences
suivantes :
Pour le thème Accélération
André Mondoux, « L’accélération dans la transition numérique ».
Professeur à l'université de Montréal, UQAM, École des
médias, Laboratoire CRICIS. Ses domaines de recherche sont
l'intelligence artificielle, les Big data, médias socionumériques et
gouvernementalité, l'intimité, la surveillance à l'ère des réseaux
socionumériques, l'impact social de l'algorithmisation.
Pour le thème Aimer
Marlène Dulaurans, « Aimer dans la transition numérique ».
Maîtresse de conférences, Bordeaux, MICA, ses domaines de
recherche sont les pratiques émergentes sur le web social, le
cyberharcèlement. Elle a notamment réalisé une recherche sur la
gamification des sites de rencontre.
Pour le thème Mobiliser
Irène Despontins-Lefevre, doctorante au laboratoire CARISM,
autrice d’une thèse en préparation sur « La stratégie de
communication des mobilisations féministes en France à la fin des
années 2010. Étude de cas du collectif #NousToutes ».

La conférence d’Agnès Lanoë, directrice de la stratégie et de la
prospective d’Arte France, a ouvert des horizons enthousiasmants
pour la diffusion des programmes culturels sur les plateformes
numériques de la chaîne franco-allemande.

Lors des Rencontres Data&Pixel, des professionnel·les et des
chercheur·es ont contribué à la qualité des débats et au partage de
leurs compétences :
Alexandre Melay.
Alexandre Melay est plasticien, diplômé des Beaux-Arts de Lyon et
docteur en Arts Plastiques. Dans son oeuvre, il explore la relation
entre les arts visuels et les réalités constitutives et réflexives du
monde contemporain. Il a soutenu une thèse sur la « Temporalité et
spatialité dans l'esthétique japonaise : Formes de l'architecture au
Japon ». Son texte consacré au photographe Gursky « Le vertige de
l’accélération de la réalité mondialisée chez Andreas Gursky », nous
a particulièrement intéressé.
Nina Sailes
Nina Sailes a été commissaire pour différents projets, elle est
notamment curatrice de l'oeuvre de Jean-François Rauzier, créateur
de l'hyperphotographie. Elle est directrice de Studio, Elle a lancé en
2012 ArtMaZone, le premier organisme d’actions artistiques dédié
aux arts visuels brésiliens.
Marc Jahjah
Marc Jahjah est maître de conférences à l’Université de Nantes
(IUT La Roche-sur-Yon) depuis septembre 2017 en Sciences de
l’Information et de la Communication (SIC) ; responsable de licence
MEDIT (édition jeunesse multisupports) et co-responsable du master
« Cultures numériques » de l’Université de Nantes.

COMPRENDRE LES USAGES DU NUMÉRIQUE 101
PAR L’ENQUÊTE SOCIOPHOTOGRAPHIQUE

Camélia Kheiredine
Après avoir obtenu un master en Industries Culturelles à l’université
Paris 8, Camélia Kheiredine est journaliste à France.tv Slash. Elle aborde
des thèmes sociaux dans son émission Étiquette qui confronte un
groupe de personnes spécifiques à certains clichés. Elle anime sur mouv
l’émission Débattle qui propose chaque mercredi une heure de débat.
Malheureusement Julie Balagué, photographe, et ancienne élève
de l’ENS Louis Lumière, n’a pu participer aux Rencontres, étant
souffrante. Nous souhaitons l’inviter l’an prochain car sa démarche
peut être une source d’inspiration pour les étudiant·es dans notre
démarche « sociophotographique ».

BILAN PÉDAGOGIQUE

Points positifs et améliorations envisagées
— Les enquêtes réalisées ont témoigné d’une appropriation des

questionnements théoriques, articulés à la réalisation d’entretiens
ancrés dans des terrains précis. La plupart des binômes ont
fonctionné de façon coopérative, dans certaines équipes la rédaction
des articles a été réalisée en coécriture, dans d’autres cas les
étudiant·es en SIC et les étudiant·es en master ont eu tendance à se
charger des articles tandis que les enquêtes photographiques étaient
produites par les élèves de l’ENS Louis-Lumière, mais les discussions
et relectures dans l’équipe ont permis de retravailler les articles.
— L ’expérience de la journée d’étude, organisée et mise en
oeuvre par les étudiant·es est une formation très appréciée et
importante pour les étudiant·es des deux formations, malgré
leurs appréhensions devant cet exercice de communication
publique. Elle a inspiré les étudiant·es photographes pour
se lancer dans l’organisation d’autres tables rondes. Les
fonctionnalités du site et l’ajout de nouvelles fonctionnalités
options ont permis aux photographes de varier tant leurs
productions que l’éditorialisation des pages du site. Les
étudiant·es non photographes ont bénéficié de deux séances
d’atelier pratique sous la direction de Nadège Abadie. Ils et elles
ont découvert un matériel professionnel (zoom focale) et ont pu
réaliser des portraits, en extérieur et en intérieur pour apprendre
à gérer l’ISO, la vitesse, la focale et s’initier au travail d’édition.

Points à améliorer
— Dans les moments de bilan organisés aussi bien avec les

étudiant·es photographes qu’avec les étudiant·es en sciences
de l’information et de la communication et l’étudiante en master
ArTeC, il apparait que les étudiant·es sont demandeurs de temps
dédiés au travail collaboratif favorisant plus encore que cette
année leur co-présence, en dehors des temps de cours ou de
conférences. Nous allons y travailler dans l’emploi du temps de
l’an prochain en plaçant des moments d’échange et de travail
collaboratif entre les conférences.

102 COMPRENDRE LES USAGES DU NUMÉRIQUE
PAR L’ENQUÊTE SOCIOPHOTOGRAPHIQUE

— Les étudiant·es ont eu encore un peu de difficultés à
appréhender l’ensemble des exigences de l’atelier dès son
début. Ils sont désarçonnés lorsqu’ils comprennent les exigences
du montage d’une journée d’étude. Il nous faudra l’an prochain
prévoir une séance de répétition, quelques jours avant.

— Certains articles sont un peu longs, signe de l’implication et de
l’approfondissement du travail d’enquête, mais auraient encore
pu gagner en rythme et en argumentation. Certains travaux
photographiques ont été de très grande qualité et pourront
servir de source d’inspiration.

— Le résultat global est néanmoins très réussi de l’avis de l’ensemble
de l’équipe enseignante et de la grande majorité des étudiant·es.

— Les étudiant·es non photographes auraient aimé avoir une
séance de plus d’initiation à la pratique photographique et avec
leurs binômes photographes. Nous proposons d’en tenir compte
en ajoutant une séance de 3h pour l’atelier photographique.

VALORISATION

La Lettre des Actualités de la recherche-création N°. 3 de l’Ecole
Louis-Lumière a été diffusée le 23 mars 2022. Dans la rubrique
« Retour sur » elle fait un focus sur la journée Data et Pixel du
10 février 2022 et sur les productions de l'atelier,
https://www.enslouis-lumiere.fr/sites/default/files/2022-03/
Actualite%CC%81s%20de%20la%20recherche%2003.pdf

Les réalisations, enquêtes et journée d’étude, sont valorisés sur le site
https://numeriqueinvestigation.org/data-pixel-la-sociophotographie-
enquete/
Sur le site de l’ENS Louis-Lumière :
https://www.ens-louis-lumiere.fr/datapixel-lasociophotographie-
enquete-sur-la-transition-numerique
Sur le site d’Artec:
https://eur-artec.fr/evenements/data-et-pixel-la-
sociophotographieenquete-sur-la-transition-numerique/
Sur le site de l’UFR Culture et communication. :
https://ufr-culture-communication.univparis8.fr/usages-sociaux-du-
numerique

En projet :
Une valorisation exceptionnelle sera faite des travaux du MIP depuis
4 ans avec la publication annoncée d’un numéro des Cahiers Louis-
Lumière, en préparation avec Véronique Figini, MCF Louis-Lumière,
pour le mois de mai 2023. Ce numéro de la revue scientifique de
l’école (Cahiers | École nationale supérieure Louis-Lumière (ens-
louis-lumiere.fr) sera consacré à la sociophotographie, concept
que nous défendrons en discussion avec des photographes et
chercheur·es, et en appui des enquêtes réalisées par les étudiant·es.

COMPRENDRE LES USAGES DU NUMÉRIQUE 103
PAR L’ENQUÊTE SOCIOPHOTOGRAPHIQUE

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106 ÉCRIRE L’ENTRAIDE. FAIRE EXPÉRIENCE, FAIRE RECHERCHE EN FANZINE

ÉCRIRE L’ENTRAIDE.
FAIRE EXPÉRIENCE,
FAIRE RECHERCHE
EN FANZINE

Pascal Nicolas-Le Strat,
professeur en sciences de l'éducation,
université Paris 8

LIEUX, DATES

Ville de Saint-Denis.
Vendredis 1er, 8 et 29 octobre
2021, vendredi 19 novembre,
vendredis 03 et 17 décembre
et samedi 22 janvier 2022
(restitution, Campus Condorcet)

FORMATION INITIALE
DE RATTACHEMENT (MENTION
DE MASTER ET PARCOURS)

Master Sciences de l'éducation,

mention Éducation Tout au Long de la Vie (ETLV)

de l'université Paris 8.

PARTENARIAT

Théatre Gérard Philipe Saint-Denis, Association
de locataires Les Arbalétriers, Jardin commun
Haguette, association La Trame (accueil personnes
vulnérables psychiquement), Chapiteau Raj'ganawak
(art et social), association Ikambere (soutien femmes
séropositives), Centre socio-culturel coopératif
« Le 110 », La Briche (friche).

Le Module propose aux étudiant·es de conduire, en
coopération, une recherche-action / une recherche-
création, en lien avec des actrices et acteurs de
l'initiative associative, de la mobilisation citoyenne
et de l'action publique. Le travail a été réalisé dans
les quartiers populaires environnant l’université Paris 8
et le Campus Condorcet.

ÉCRIRE L’ENTRAIDE. FAIRE EXPÉRIENCE, FAIRE RECHERCHE EN FANZINE 107

Les étudiant·es ont été invité·es à questionner les
« formes autonomes d’entraide » (communauté de soin,
réseau de solidarité, entraide de voisinage, accueil
inconditionnel, brigade de solidarité, coopération et co-
création, etc.), développées en quartiers populaires.
Ces recherches-action et recherches-création réalisées
avec des collectifs de / en quartier ont conduit à la
conception, publication et diffusion d’un fanzine (un par
groupe étudiant, donc un par expérience d’entraide) afin
de contribuer à faire connaître et reconnaître ce type de
pratiques souvent invisibilisées.
Nous avons mis au cœur du module l’expérimentation
de nouvelles pratiques d’écriture de la recherche, le
fanzine permettant d’hybrider les écritures en intégrant
des écritures « habitantes » et citoyennes, de mixer
les registres en associant du visuel, du dessin, de la
photographie, de la bande-dessinée.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

À l'issue de l'atelier-laboratoire les étudiant·es :
— se sont familiarisé·es avec la pratique d’un outil numérique

collaboratif, favorisant la coopération,
— s e sont confronté·es aux enjeux de collaboration et de transfert

d’expérience,
— o nt expérimenté le travail d’éditorialisation des expériences

sur un territoire, à l’occasion de la réalisation / diffusion d’un
fanzine,
— savent s'engager dans un travail collectif impliquant différents
types d'acteurs,
— s ont en capacité de concevoir différentes modalités
d’investigation et diverses formes de restitution de leurs travaux,
en coopération avec les participant·es concerné·es.

MODÈLE(S) PÉDAGOGIQUES MOBILISÉ(S)

La séance de lancement (3h), permettant d'expliciter les objectifs
du module, a été suivie de deux séances (6h) de rencontre avec des
acteur·rices de Saint-Denis autour des enjeux d'entraide. Ensuite,
les groupes étudiant·es (entre 3 et 5 personnes) se sont rendus
« sur le terrain » pour échanger avec les collectifs et associations
concernés. Lors des séances qui ont jalonné le semestre, la matinée
(du vendredi) était consacrée à un « retour sur pratiques » afin,
collectivement, de tirer les enseignements des travaux en cours :
implication, postures de recherche, enjeux et questions, choix de
méthode. Ces matinées avaient deux objectifs :
a) renforcer la compétence d’explicitation, de réflexivité transversale

108 ÉCRIRE L’ENTRAIDE. FAIRE EXPÉRIENCE, FAIRE RECHERCHE EN FANZINE

à toute pratique (capacité à décrire et à restituer des éléments
saillants, capacité d’écoute, capacité à « outiller » le travail de
l’autre, capacité à « découvrir » des variables communes à plusieurs
expériences, etc.) et
b) esquisser, progressivement, à l’épreuve du travail engagé, ce
que recouvre une pratique de recherche-action / recherche-
création. Louis Staritzky a tenu les chroniques de ce travail ; à la
séance suivante, il lisait sa chronique de la séance précédente sous
la forme, donc, d’un journal « à découvert ». Elles sont restituées
dans son livre « La recherche comme expérience(s). Chroniques
d’un atelier étudiant de recherche-action à Saint-Denis »,
OursEdition, avril 2022. L’après-midi des vendredis était consacrée à
l'accompagnement des groupes. Les étudiant·es sont peu habitué·es
à coopérer à l’occasion d’une production collective car leur cursus
universitaire les prépare peu à cet exercice. Le module leur a fait
prendre conscience de l'importance de se doter d’outils et de
méthodes (y compris de micro-politiques de groupe) pour organiser
leur travail et pour réguler les dimensions interpersonnelles
(médiation méthodologique et médiation humaine). Entre les
séances des vendredis, de nombreux rendez-vous en présence,
par téléphone ou en visioconférence se sont tenus pour suivre au
plus près les groupes. Enfin, vers la fin du semestre, les groupes
sont entrés dans la fabrication du fanzine avec les collectifs et
associations concernés. Ce passage « à la fabrication » est toujours
un moment délicat, qui suscite inquiétudes et hésitations, d’autant
que la confection du fanzine expose à des expériences d’écriture
inhabituelles (co-écriture, écriture personnelle mais discutée par les
autres, hybridité texte / visuels, etc.). Enfin, un samedi de fin janvier
2022, nous nous sommes toutes et tous retrouvés dans une salle de
l’Espace associatif et culturel du Campus Condorcet pour présenter
l’ensemble des fanzines et en discuter l’intérêt et les difficultés,
et en partager aussi le plaisir. La journée a été organisée avec le
Théâtre Gérard Philipe en présence de quelques professionnel·les
intéressé·es par ce mode de restitution d’une expérience d'entraide
à plusieurs voix et plusieurs visages (plusieurs écritures).

BILAN PÉDAGOGIQUE

Points positifs
— L es étudiant·es ont pris du plaisir à rencontrer les collectifs

et associations. Elles et ils sont entré·es dans une dynamique
d’explicitation de leurs expériences, pour la partager, la discuter
et l’équiper grâce à l’apport des autres.
— L es 7 groupes (sauf un) ont mené à bien la fabrication du fanzine,
et dans plusieurs cas avec une production de grande qualité.
Leur mise en ligne sur le site comme-un-fanzine leur a donné un
réel écho.
— L e module a été studieux (les étudiant·es ont beaucoup travaillé)
et convivial. Le fait que les séances se tenaient en centre-ville

ÉCRIRE L’ENTRAIDE. FAIRE EXPÉRIENCE, FAIRE RECHERCHE EN FANZINE 109

de Saint-Denis, hors les murs de l’université, a contribué à
« détendre » les relations, à laisser derrière soi les attendus trop
scolaires et à accepter de se « risquer ».

Points négatifs
— L e démarrage du travail avec certains collectifs et associations

a été un peu lent à se mettre en place. Pour l’année universitaire
prochaine, nous allons les mobiliser plus tôt pour que le contact
avec les étudiant·es se fasse aussi vite que possible.
— Deux groupes se sont engagés dans des choix techniques
complexes pour le fanzine, sans complètement anticiper les
contraintes. Pour la suite, nous devrons donc être plus vigilants
sur ce point.
— L ors de la restitution, nous n’avons pas suffisamment mobilisé
les collectifs et associations car nous étions encore dans un
« climat » Covid. Nous avons hésité à tenir ce moment collectif
et nous avons donc trop tardé à l’organiser.

110 ÉCRIRE L’ENTRAIDE. FAIRE EXPÉRIENCE, FAIRE RECHERCHE EN FANZINE

ÉCRIRE L’ENTRAIDE. FAIRE EXPÉRIENCE, FAIRE RECHERCHE EN FANZINE 111

112 THÉÂTRE EN JEUX

THÉÂTRE
EN JEUX

Sabine Quiriconi, maîtresse de
conférences en études théâtrales,
université Paris Nanterre.

LIEUX, DATES

Université Paris Nanterre, Nouveau Théâtre de
Montreuil, du 23 novembre au 3 décembre 2021
puis du 10 au 28 janvier 2022.

FORMATION INITIALE
DE RATTACHEMENT (MENTION
DE MASTER ET PARCOURS)

Master mention Théâtre, parcours

professionnalisant : Mise en scène

et dramaturgie (UPN).

PARTENARIAT

Compagnie La Spirale,
Nouveau Théâtre
de Montreuil.

Nombre d’heures d’enseignement
dispensées en anglais

5 heures.

L’avènement des nouvelles technologies et l’extension
des plateformes de modalités de communication à
distance pendant la pandémie interrogent l’une et l’autre
le sens du monde, ses représentations et la place de l’art,
plus particulièrement du théâtre, et de ce que celui-ci
peut accueillir et intégrer des nouveaux dispositifs de
médiation, des hybridations possibles et des nouveaux
régimes de présences, de distance et d’émotions qu’ils
impliquent, pour raconter un monde en mutation. Se
pose aussi désormais la question de la manière dont les
scènes peuvent agréger de nouveaux publics, lorsqu’elles
sont privées de leurs moyens habituels.
À la croisée du théâtre et du jeu vidéo, cet atelier
laboratoire, encadré par le metteur en scène Jean Boillot,

THÉÂTRE EN JEUX 113

directeur de la Compagnie La Spirale, l’artiste visuel
Jacques Hoepffner, et Sabine Quiriconi, maîtresse de
conférence et dramaturge, a choisi de s’attaquer à ces
interrogations de manière radicale, tout au long de
quatre semaines de travail théorico-pratique intensif, en
tentant de créer, avec les étudiant·es, un jeu évolutif et
interactif conduisant des acteur·rices et non acteur·rices
à interpréter un texte, seul·es ou à quelques-uns, via une
interface complexe reliée à de simples smartphones.
C’est cet horizon, clairement présenté aux étudiant·es
dès le début du travail, qui a conduit tout l’atelier, des
travaux de dramaturgie et d’écriture au jeu final, en
passant par les improvisations sur le plateau.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

L’atelier entendait ainsi revisiter la notion de « scène », question
d’autant plus fondamentale après la période de pandémie où les
scènes des théâtres ont été fermées et que les outils de travail
traditionnels des artistes de théâtre ont un temps été inopérants.
Quelles autres « scènes » investir ?
Mais la notion pivot, au centre de la réflexion dramaturgique et
des expérimentations, et faisant le lien entre théâtre et jeu vidéo,
a surtout été celle de « jeu », dans l’acception élargie que l’on
peut lui donner pour désigner la complexité et l’hétérogénéité
des relations et des synergies qui fondent la séance théâtrale,
séance dans laquelle tout joue, tout est jeu, les acteurs certes,
mais aussi le dispositif, les spectateurs, etc. Cette définition de la
« partie théâtrale », forcément collective et interactive, autorisait à
interroger et intégrer dans le processus de création et les protocoles
d’expérimentation mis en place le potentiel dramaturgique de cet
autre modèle ludique, interactif et narratif qu’est le jeu vidéo, dont
les étudiant·es, en réseaux
ou seul·es, sont souvent coutumiers, comme ils nous l’ont révélé
pendant l’atelier. Mais nous avons aussi régulièrement convoqué
différents jeux de société, plus traditionnels (jeux de cartes, de
plateaux, collaboratifs, etc.).

MODÈLE(S) PÉDAGOGIQUES MOBILISÉ(S)

Le texte matrice était « 1000 répliques », œuvre inédite de l’auteur
belge contemporain Jean-Marie Piemme, constituée… de 1000
répliques, de longueurs, styles, registres différents et offrant autant
de possibilités de drames. L’écrivain n’a pas ordonné ces « bruits de
vie», collectés ici et là, comme extraits d’une réalité qu’ils laissent
partiellement deviner. L’ensemble, qui invite à une lecture non

114 THÉÂTRE EN JEUX

linéaire, constitue un véritable ouvroir de théâtre potentiel, qu’il
fallait convertir en un jeu accessible, pour 1 à 4 joueurs.
À partir de 25 répliques, élues aléatoirement, s’est engagé un
méticuleux travail d’analyse dramaturgique pour dégager, au-delà de
l’apparente diversité des voix qui y résonnaient, des lignes de forces,
réseaux de pensées, motifs et principes récurrents d’écriture.
Chaque étudiant·e a ensuite improvisé la mise en scène de deux
répliques de son choix, ce qui a mis en lumière la nécessité de
reconstituer leur part manquante (tout en préservant les effets
de surprise que l’auteur ménage) et a permis de déterminer les
ressorts indispensables à leur interprétation : situations, adresses,
motivations, appuis de jeu dans l’espace, etc. Ont aussi été
expérimentés des modes aléatoires de collages d’une série de
répliques.
En vue de la programmation de l’interface, les étudiant·es ont
ensuite intégré aux fragments des didascalies, selon un véritable
système partitionnel commun, qui permettait de noter silences
et soupirs, gestes et intentions… et d’insuffler des rythmes et des
énergies. Le but était de construire un parcours qui offre à des
joueur·ses/spectateur·rices la possibilité d’interpréter sur le plateau
une ou plusieurs répliques en éprouvant une situation d’énonciation
pré-établie mais dont ils découvriraient progressivement, en
effectuant la chaîne des actions demandées, où elle le mène et
ce qu’elle produit sur lui. Finalement, pensant nous éloigner un
moment du théâtre, nous nous retrouvions à questionner, en réalité,
la nécessité et l’impact, sur scène, pour des acteur·rices, de ce que
Stanislavski appelle « les actions scéniques ».
Une phase de sonorisation, menée par l’ingénieur du son Perceval
Sanchez, a permis d'initier les étudiant·es à la prise de son directe
et/ou au montage sonore afin de composer pour chaque réplique
une dramaturgie sonore, partie intégrante du cheminement
proposé aux joueur·ses.
À partir de ces données partitionnelles, un long travail de
paramétrage de l’interface et d’indexation des répliques (par mots
clés, tags,) a été mené. La programmation s’est accompagnée
de constants allers-retours entre séances de prototypage
et tests-improvisations. La règle du jeu s’est ainsi construite
progressivement.
Les potentialités ludiques de ces petits drames ont été
expérimentées en temps réel et en public, le dernier jour, par un
groupe de joueur·ses/spectateur·rices qui avait accepté de tester
cette partie théâtrale hybridée sur la scène du Nouveau Théâtre de
Montreuil, lieu d’accueil de la dernière semaine d’atelier.

BILAN PÉDAGOGIQUE

3 points notables :
1. La période dédiée à l’analyse dramaturgique : comment
résister aux jugements hâtifs pour ouvrir le champ à de multiples

THÉÂTRE EN JEUX 115

interprétations, révéler des paradoxes dynamisants et faire advenir
intuitions et associations d’idées ? Comment se confronter à
cet « autre » qu’est le texte, sans préjuger de ce qu’il veut dire et
même sans partager ce qu’il semble suggérer ? Ces questions ont
suscité de vifs débats auxquels la rencontre avec J.-M. Piemme a
répliqué : de l’écriture collective de Rwanda 94 (avec le Groupov)
à 1000 répliques, les étudiant·es ont pu l’interroger sur les divers
détours, pour atteindre le réel, d’une écriture dont ils avaient sous-
estimé la dimension critique.
2. Le difficile travail de paramétrage de l’interface : l’interface
avait été pré-configurée. Mais il restait beaucoup à expérimenter.
Les étudiant·es ont ainsi participé activement, et quel que soit
leur niveau d’informatique, au développement du projet, encadrés
par des professionnel·les eux-mêmes en recherche, « maîtres
ignorants », qui stimulaient leur force de propositions.
3. Des invité·es ont ouvert des perspectives théoriques sur les
notions d’immersion, de participation, de jeu expressif, les liens
théâtre et nouvelles technologies : Sébastien Genvo, game designer
et professeur à l’université de Lorraine, Ant Hampton, artiste
bitannique concepteur d’auto-performances, Franck Bauchard,
conseiller DRAC pour les arts visuels. Chaque conférence était
illustrée de travaux pratiques.

116 THÉÂTRE EN JEUX

THÉÂTRE EN JEUX 117

118 LE SURTITRAGE THÉÂTRAL :
ENJEUX TECHNIQUES, DRAMATURGIQUES ET ESTHÉTIQUES

LE SURTITRAGE
THÉÂTRAL :
ENJEUX TECHNIQUES,
DRAMATURGIQUES
ET ESTHÉTIQUES

Christophe Triau, professeur en études
théâtrales, université Paris Nanterre.

LIEUX, DATES

Paris Nanterre
12-19 novembre 2021
et 4-6 janvier 2022.

FORMATION INITIALE
DE RATTACHEMENT (MENTION
DE MASTER ET PARCOURS)

Master Théâtre, parcours Comparative
Dramaturgy & Performance Research,
ouvert aux étudiant·es du parcours Théâtre :
Mise en scène et dramaturgie.

PARTENARIAT

Maison Antoine Vitez -
Centre international
de la traduction théâtrale.

La question du surtitrage est essentielle dans la
diffusion internationale des œuvres théâtrales, et les
enjeux de médiation qu’elle porte sont évidents. Ces
enjeux sont bien sûr en partie d’ordre technique, mais
ne sauraient en rien s’y réduire ; ce sont des enjeux
pleinement artistiques que la pratique du surtitrage
convoque : des enjeux dramaturgiques, et plus
largement encore esthétiques. En effet, le surtitrage
ne consiste pas en l’envoi simplement séquencé
d’une traduction du texte théâtral indépendante et
indifférente à la mise en scène représentée : on ne
surtitre pas un texte, mais bien un spectacle singulier,
en fonction des caractéristiques dramaturgiques

LE SURTITRAGE THÉÂTRAL : 119
ENJEUX TECHNIQUES, DRAMATURGIQUES ET ESTHÉTIQUES

et esthétiques qui lui sont propres, ainsi que dans
l’optique de sa réception dans une langue et un habitus
spectatoriel spécifiques. Le surtitrage doit construire
sa pertinence en fonction, entre autres, de l’équilibre
et de l’identité propre à la création scénique, à son
rythme, aux agencements de ses différents effets, à
son organicité, aux images scéniques qu’elle construit,
sans oublier la possibilité de réagir chaque soir aux
particularités de chaque représentation.
Les choix dramaturgiques et l’interrogation esthétique
sont ainsi à l’œuvre à chacune des trois étapes qui
président à un surtitrage : la question de la traduction
elle-même, qu’elle engage en premier lieu (traduction
du texte pour la transmission d’une version scénique
singulière) ; la rédaction et le découpage des titres ou
« cartons » (avec ses choix nécessaires de coupes, de
resserrement) ; enfin la régie de ceux-ci et le « topage »
de leur envoi. Pour les traducteur·rices et pour les
praticien·nes et théoricien·nes de la scène, « le sur-
titrage est désormais une nécessité, une exigence,
une discipline originale dans le champ de la traduction
théâtrale, une techn[ologie] créatrice d’emplois, un
artisanat – c’est certain –, un art – peut-être –, un
objet à théoriser [et] et un sujet de réflexion », écrivent
M. Bataillon, L. Muhleisen et P.-Y. Diez (Guide du
surtitrage au théâtre, Maison Antoine Vitez, 2016, p.14).
Cet atelier-laboratoire a eu pour ambition de fonder
l’exercice d’une telle réflexion sur l’expérimentation
pratique de cette « discipline » artistique articulée à des
enjeux technologiques.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

— S aisir les exigences et les défis spécifiques d’une traduction
pour la scène ;

— Faire prendre conscience aux étudiant·es des enjeux de
cohérence, d’équilibre et d’adéquation d’un dispositif de
surtitrage et de la traduction afférente avec les singularités
esthétiques d’un spectacle ;

— L es faire accéder par ce biais à certaines singularités des
écritures dramatiques, en particulier contemporaines ;

— L es responsabiliser dans les choix dramaturgiques que
représente l’élaboration d’un surtitrage et, au-delà, de tout choix
de traduction, et leurs implications scéniques ;

— L eur faire éprouver concrètement l’importance des données
rythmiques et temporelles d’un spectacle de théâtre ;

— L eur faire aborder les modalités de la réception d’un spectacle
par ses spectateurs, et les différentes pratiques spectatorielles ;

120 LE SURTITRAGE THÉÂTRAL :
ENJEUX TECHNIQUES, DRAMATURGIQUES ET ESTHÉTIQUES

— Leur faire saisir les problématiques propres aux différents
moments de l’élaboration d’un surtitrage, de la traduction
à l’envoi des surtitres, et la complexité du travail qu’elles
impliquent ;

— Les initier aux dispositifs technologiques du surtitrage au sein de
la régie d’un spectacle et d’un théâtre ;

— Les familiariser avec le fonctionnement du logiciel Glypheo,
et plus largement avec l’ergonomie des logiciels de surtitrage ;

— Les sensibiliser à l’importance et aux enjeux de la circulation
internationale (européenne, et au-delà) des œuvres scéniques,
et aux questions de médiation interculturelle qu’elles peuvent
impliquer.

MODÈLE(S) PÉDAGOGIQUES MOBILISÉ(S)

Une première journée intensive (12 décembre 2021) a tout d’abord
été consacrée à la présentation des enjeux du surtitrage théâtral :
en compagnie d’Agnieszka Zieb (traductrice du polonais, surtitreuse
en particulier des spectacles de Krystian Lupa en France) et de
Jorge Tomé (qui a la particularité de travailler le surtitrage aussi
bien depuis une langue étrangère vers le français que dans le sens
inverse, et qui est, entre autres, le surtitreur de tous les spectacles
de Joël Pommerat à l’étranger), à travers données théoriques,
témoignages des intervenant·es, exemples concrets et, déjà,
quelques brefs exercices pratiques (sur — comme ce sera le cas
tout au long de ce MIP — le logiciel Glypheo, logiciel gratuit et
actuellement le plus utilisé sur les scènes françaises), les étudiant·es
ont découvert les premières données de la pratique de toutes les
étapes du surtitrage.
Une semaine intensive (15-19 décembre 2021, 25h) de pratique
et d’expérimentation a ensuite été menée par Dominique Hollier
(traductrice et surtitreuse de l’anglais, prix de la SACD 2021) : les
étudiant·es s’y sont exercé·es, individuellement et en petits groupes,
à partir de différents textes et spectacles, sur la traduction, la
préparation des cartons et leur envoi (« topage ») sur vidéo ; ils /
elles ont également, dès cette première, été amené·es à inventer et
expérimenter de petites formes théâtrales utilisant créativement les
outils du surtitrage (juxtaposition d’une parole émise par l’acteur et
de pensées non-dites ou de commentaires prises en charge par des
cartons de surtitres, scènes muettes avec narration prise en charge
par les surtitres, etc.) – séquences présentées en fin de semaine.
C’est ensuite avec Federica Martucci (traductrice et surtitreuse
de l’italien) qu’une dernière session de trois jours (4-6 janvier,
15h) est revenue, à partir d’autre séquences de spectacles, de cas
autrement complexes, et de la prolongation et du renouvellement
des propositions des étudiant·es, sur les acquis et les interrogations
soulevées par la première session.

LE SURTITRAGE THÉÂTRAL : 121
ENJEUX TECHNIQUES, DRAMATURGIQUES ET ESTHÉTIQUES

BILAN PÉDAGOGIQUE

Points positifs et négatifs
— L e bilan de ce MIP s’avère globalement extrêmement positif.

Hormis le fait qu’une organisation faisant se succéder
une session de 3 jours puis une de 5 jours (ce qui était
initialement prévu, mais n’a pas été possible pour des
questions de disponibilités) aurait été préférable, aucun point
particulièrement négatif n’a semblé apparaître. Parmi les points
positifs, on soulignera tout d’abord que les étudiant·es se sont
approprié avec plus de rapidité et de réactivité qu’on ne l’aurait
a priori pensé les enjeux et problématiques du surtitrage, mais
aussi ses données techniques et pratiques, et ont pu aller loin
dans la découverte de leur maniement. Cette appropriation
a pu ainsi dépasser le seul cadre du surtitrage de spectacles
pré-existants pour, à travers les propositions de petites formes
originales utilisant les outils techniques du surtitrage (initiative
née spontanément des discussions entre les étudiant·es et
l’intervenante de la première session), prendre une dimension
créatrice encore plus grande. Enfin, ce MIP a été l’occasion de
rencontres entre les intervenant·es de la Maison Antoine Vitez
et plusieurs étudiant·es bilingues (anglais, italien, portugais,
etc.) qui seront certainement amenées à déboucher sur des
collaborations et projets de traductions futurs – la MAV
cherchant toujours à former et accompagner de nouveaux
traducteur·rices de théâtre et les contacts et échanges à ce
propos s’étant révélés très fructueux.

122 LE SURTITRAGE THÉÂTRAL :
ENJEUX TECHNIQUES, DRAMATURGIQUES ET ESTHÉTIQUES

LE SURTITRAGE THÉÂTRAL : 123
ENJEUX TECHNIQUES, DRAMATURGIQUES ET ESTHÉTIQUES

Chronophotographie de Félix Regnault, Charles Comte et Étienne-Jules Marey,
Exposition ethnographique de l'Afrique occidentale à Paris, 1895

124 HISTOIRE CRITIQUE DU FILM ETHNOGRAPHIQUE

HISTOIRE
CRITIQUE DU FILM
ETHNOGRAPHIQUE

Jonathan Larcher,
postdoctorant de l’Eur ArTeC (en 2021)

Ce séminaire est consacré à la lecture, à l’analyse
et à la traduction de trois textes fondamentaux
de l’histoire critique du film ethnographique. Ces
textes, à paraître dans un recueil consacré aux arts
filmiques en anthropologie, offrent une chronologie
précise de l’histoire intellectuelle de l’anthropologie
visuelle. Autour de ces textes, ainsi que des œuvres
et des archives analysées, nous verrons les différents
malentendus épistémologiques qui ont dérouté à
maintes reprises les recherches historiques sur la
genèse et les enjeux du film ethnographique. Les
séances seront organisées autour de l’analyse et
la traduction des textes, de la rencontre avec l’une
des auteur·es (Katherine Groo), et d’une analyse des
collections vidéographiques de deux institutions
centrales dans l’enseignement de l’anthropologie
visuelle en France.

LIEUX, DATES

Université Paris Nanterre.

FORMATION INITIALE
DE RATTACHEMENT (MENTION
DE MASTER ET PARCOURS)

Master Cinéma et audiovisuel Parcours Cinéma
anthropologique et documentaire.

Nombre d’heures
d’enseignement
dispensées en anglais

2 heures.

HISTOIRE CRITIQUE DU FILM ETHNOGRAPHIQUE 125

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

— F aire travailler les étudiant·es sur trois textes fondamentaux de
l’anthropologie visuelle anglophone afin d’en saisir les crises et
les trajectoires depuis 40 ans ;

— C onsolider les savoirs et organiser le dialogue entre disciplines
(études cinématographiques, anthropologie et arts filmiques et
sonores) ;

— I ntroduire à la pratique archéologique de l’histoire du cinéma ;
— Initier aux enjeux du processus de traduction et d’édition d’un

recueil de textes en sciences sociales.

MODÈLE(S) PÉDAGOGIQUES MOBILISÉ(S)

Après un premier cours destiné à présenter le contexte des
différentes crises et conjonctures qui ponctuent à la fois
l'anthropologie et les études cinématographiques au tournant des
années 1970 et 1980, la suite du semestre s'est déroulé en trois
temps.

Deux premières séances ont été consacrées à l'analyse du texte
introductif de la monographie que Katherine Groo (Bad Film
Histories, 2019) consacre à l'étude critique de l'histoire des
premières vues ethnographiques, de 1895 à 1920. L'étude du
texte fut l'occasion de déplier plusieurs courants d'analyse et de
reprise des premières vues ethnographiques : historiographique
(avec les différentes collaborations et monographies nées du
congrès de la FIAF à Brighton en 1978) ; artistique (avec le travail
de création de cinéastes comme Yervant Gianikian et Angela
Ricci Lucchi) ; archéologique (prêtant attention aux rebuts qui
n'ont pas trouvé leur place dans les archives filmiques nationales).
L'analyse de la traduction française du texte a permis d'établir des
correspondances entre les pratiques de sauvegarde d'urgence de
l'anthropologie du début du XXe siècle, et celles des archivistes et
auteurs de la New Film History.

Lors des deux autres séances, nous avons travaillé sur le texte de
Lucien Castaing-Taylor, « Iconophobia », paru en 1996. L'analyse
des sources du texte ont révélé combien les malentendus entre
anthropologues et cinéastes-anthropologues, dans les années
1980, se sont cristallisés tant autour des méthodes descriptives de
l'ethnographie que du rapport au médium de la télévision. Pour
ses détracteurs, l'image en mouvement dans l'enquête en sciences
sociales est une distraction. Plusieurs analyses des copies françaises
des films ethnographiques diffusés à la télévision, des années 1970
aux années 1990, ont sensibilisé les étudiants à la nécessité de
conjuguer histoire intellectuelle et archéologie des média. Pour
comprendre les effets de piétinement de l'anthropologie visuelle
en France, il est nécessaire de traduire les textes essentiels de la

126 HISTOIRE CRITIQUE DU FILM ETHNOGRAPHIQUE

discipline, parus outre-manche et outre-Atlantique, et de faire
l'enquête sur l'amnésie qui semble entourer le rôle de la télévision
dans l'essor (et la critique) du film ethnographique.

La dernière séance fut ainsi consacrée à la préparation de la
traduction collective du troisième article qui composait le corpus
de travail de ce séminaire : « Documentary Is/Not a Name » (1990)
de la cinéaste et théoricienne Trinh Minh-ha. L'analyse de plusieurs
de ses films a permis aux étudiants de discerner combien sa
pratique du montage prenait à rebours les conventions du cinéma
ethnographique.

Dans le droit fil de cette dernière séance, la validation s’est faite
sur la traduction du texte de Trinh Minh-ha (la relecture et le
complément de la traduction sera faite par la traductrice Sophie
Gergaud). La traduction de fragments de textes s’est faite par
groupes de 3 à 5 étudiant·es.

BILAN PÉDAGOGIQUE

Points positifs et négatifs
— La perspective de la publication du texte a été source de

motivation pour les étudiant·es, bien que le travail de traduction
a pu suscité aussi quelques appréhensions. En m’appuyant
sur les courtes auto-analyses produites par les étudiant·es et
les fragments traduits, le module a été un succès. Non pas
seulement en raison de la qualité des fragments de textes
traduits, mais parce que l’exercice collectif a été vécu comme
une expérience enrichissante, leur permettant de véritablement
apprendre à travailler ensemble, composant avec les forces et
lacunes de chacun·e.
— L’annulation de la venue de Katherine Groo (pour des raisons
graves de santé), fut difficile à compenser. L’archéologie des
média, appliquée à l’histoire du cinéma des premiers temps, et
l’anthropologie visuelle, ont parfois pu paraître des disciplines
et des préoccupations de recherches très éloignées pour les
étudiant·es.

HISTOIRE CRITIQUE DU FILM ETHNOGRAPHIQUE 127

128 L’ÉCOLE EN AUTOGESTION

L’ÉCOLE
EN AUTOGESTION

Marie Preston, maîtresse de
conférences en arts plastiques,
université Paris 8.

Le MIP « L’école en autogestion » a pris la forme d’un
atelier à l’université Paris 8 et au Centre Pompidou
Metz dans l’exposition L’art d’apprendre. Une école des
créateurs (Centre Pompidou-Metz, Galerie 2, 5 février
2022 – 29 août 2022, commissariat Hélène Meisel).
Il s’agissait :
— De prendre connaissance des enjeux de la création
artistique en lien avec différentes dynamiques
pédagogiques (notamment la pédagogie institutionnelle)
et leur apport aux pratiques artistiques en particulier
à partir des années 1960 ;
— De découvrir le fonds d’archives Raymond Fonvieille,
conservé à l’université. Raymond Fonvieille, membre
du mouvement Freinet, a participé à la création de la
pédagogie institutionnelle autogestionnaire en lien
avec les sociologues, professeurs à Paris 8 Georges
Lapassade et René Lourau ;
— De réaliser une création imprimée donnant à voir,
entendre et lire la spécificité de cette pédagogie, son
lien avec l’art coopératif et de co-création.
Ce projet d’Atelier-Laboratoire s’inscrit dans la
continuité de deux projets de recherche successivement
accompagnés par ArTeC : « Impressions libertaires »
(Catherine de Smet et Marie Preston) et l’édition en
cours de l’ouvrage « Chercher, agir, inventer l’école ! »
(Marie Preston).

LIEUX, DATES FORMATION INITIALE
DE RATTACHEMENT
Du 16 au 20 mai 2022 à (MENTION DE MASTER
l’université Paris 8 et au ET PARCOURS)
Centre Pompidou Metz dans
l’exposition L’art d’apprendre. Master ACSH, département
Une école des créateurs.
d’arts plastiques de l'université
PARTENARIAT
Paris 8.
Centre Pompidou-Metz.

L’ÉCOLE EN AUTOGESTION 129

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

— L es compétences visées par ce workshop concernent la capacité
à développer son sens critique à propos des différentes formes
pédagogiques, à mettre en forme une intention artistique dans
un temps court, à travailler de manière coopérative au sein d’un
groupe d’étudiant·es.

MODÈLE(S) PÉDAGOGIQUES MOBILISÉ(S)

Le MIP « L’école en autogestion » a pris la forme d’un atelier du
16 au 20 mai 2022 à l’université Paris 8 et au Centre Pompidou Metz
dans l’exposition L’art d’apprendre. Une école des créateurs.
La première partie a eu lieu pendant deux jours à l’université Paris 8.
Les étudiant·es ont été initié au tournant pédagogique de l’art et
à la pédagogie institutionnelle. Patrick Geffard, (Professeur en
Sciences de l’éducation à Paris 8) est intervenu dans la matinée du
mardi. Ces deux jours ont également permis aux étudiant·e de se
familiariser avec le fonds d’archives Raymond Fonvieille, membre
du mouvement Freinet, qui a participé à la création de la pédagogie
institutionnelle autogestionnaire. La seconde partie du workshop a
eu lieu dans la « Maison Imprimerie » installée temporairement dans
le « Capsule » (espace de médiation) du Centre Pompidou-Metz.
Les étudiant·es ont assisté à une visite de l’exposition par Hélène
Meisel, commissaire de l’exposition et chargée de recherche au
musée ainsi qu’à une présentation du travail artistique de Liliane
Terrier et de Jean-Louis Boissier, présent dans l’exposition. Les deux
derniers jours du MIP, les étudiant·es ont travaillé à des imprimés
en lien avec leur compréhension de la pédagogie institutionnelle
autogestionnaire, une dimension réflexive sur le travail collectif qu’il
et elles étaient en train de vivre.

BILAN PÉDAGOGIQUE

Points positifs et négatifs
— Le bilan de ce MIP est extrêmement positif. Les étudiant·es ont

été très impliqué·es et ont véritablement engagé à la fois un
travail de recherche, un travail plastique et une réflexion sur les
conditions d’apprentissage. J’ai fait le choix « d’institutionnaliser 
» le cours en cohérence avec la thématique de travail,
notamment par l’usage d’un conseil d’organisation.
— Le travail sur les archives Fonvieille a conduit à des débats
très stimulant sur l’utilisation des archives, la responsabilité de
l’archiviste, leur sociabilisation.
— L ’accueil au centre Pompidou Metz a été très agréable, Hélène
Meisel a d’ailleurs assisté aux ateliers.
— L’utilisation de la Maison Imprimerie (Installation, Marie Preston,
2019-2022) a permis aux étudiant·es de découvrir de nouveaux

130 L’ÉCOLE EN AUTOGESTION

médiums : imprimerie, presses, linogravure, machine à écrire,
risographie, duplicateur à alcool.
— L es différents invité·es, Patrick Geffard, Liliane Terrier et Jean-
Louis Boissier ont contribué de manière très complémentaire
à nourrir les réflexions des étudiant·es ; le premier sur la
dimension historique et psychanalytique de la pédagogie
institutionnelle et son fonctionnement ordinaire, la deuxième
sur l’art du copy art et de la sérigraphie dans un contexte
pédagogique et d’exposition, le troisième sur le concept de
didactique appliqué à la création plastique.

L’ÉCOLE EN AUTOGESTION 131

132 ATELIER TRANSNATIONAL : INTERFACE ET TEXTUALITÉ NUMÉRIQUES

ATELIER
TRANSNATIONAL :
INTERFACE
ET TEXTUALITÉ
NUMÉRIQUES

Philippe Bootz, professeur
en sciences de l'information
et de la communication,
université Paris 8,
Samuel Szoniecky, maître
de conférences en sciences
de l'information et de la
communication, université Paris 8.

LIEUX, DATES

Le MIP s'est déroulé en 2 sessions, l'une au S1,
l'autre au S2. Chaque session a donné lieu
à des visioconférences durant le semestre
(5/10 - 19/10 - 16/11 - 30/11 au S1, 27/01 - 10/02 -
03/03 - 24/03 - 14/04 pour le S2) ponctuant
un travail d'équipes étudiantes transnationales,
et s'est achevée par une semaine intensive
de finalisation des productions : du 10 au 14/01
pour le S1 et du 10/05 au 13/05 pour le S2.

PARTENARIAT FORMATION INITIALE
DE RATTACHEMENT
Pour la session du S1 : (MENTION DE MASTER
master lettras digitales de ET PARCOURS)
l'université Complutense
de Madrid Master Humanités
Pour la session du S2 : Numériques, parcours NET.
Center for engaged
storycraft du Rochester Nombre d’heures
Institute of Technology d’enseignement
(États-Unis). dispensées en anglais

60 heures.

ATELIER TRANSNATIONAL : INTERFACE ET TEXTUALITÉ NUMÉRIQUES 133

Ce MIP s’inscrit dans le cadre du partenariat
international entre ArTeC et le master lettras digitales
de l’université Complutense de Madrid (UCM) d’une
part, le Rochester Institute of Technology (RIT) d’autre
part. Le MIP s'est déroulé sur l’année et a été composé
de 2 sessions indépendantes et complémentaires. Le
MIP aborde les 3 dimensions formelles de la textualité
numérique : animation / navigation / génération
dans une optique de développement Web et traitent,
pour chacune, des relations entre le texte et les
autres médias visuels. Chaque session est orientée
recherche et création et met en œuvre des propositions
esthétiques sur les nouveaux modes de publication
numériques.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

L’objectif commun aux deux sessions est la maîtrise d’un projet
créatif numérique au sein d’une équipe internationale en mettant
en œuvre des méthodologies de communication numérique
collaborative synchrones et asynchrones et en utilisant l'anglais
comme langue de travail.
Chaque session s'accompagne en outre d'une maîtrise d'outils
adaptés à l'écriture numérique : il s'agit au S1 du logiciel de création
de livres numériques au format epb3 pubcoder et, au S2 de
l'utilisation d'une base de donnée sémantique et de bibliothèques
Javascript.
Cette maîtrise des outils s'accompagne d'un enseignement
théorique : présentation d'œuvres et de modèles théoriques
d'écriture numérique littéraire.

MODÈLE(S) PÉDAGOGIQUES MOBILISÉ(S)

Le modèle du MIP repose sur la participation active des étudiant·es
et la mise en œuvre d'outils de communication numérique
(ENT, réseaux sociaux, github pages).
Dans chaque session, les étudiant·es sont amené·es à proposer
des idées de productions répondant aux contraintes techniques
et à l'objectif de la session, puis, à partir de la discussion des
propositions, à se regrouper en équipes autour de 3 ou 4 projets.
Chaque équipe évolue ensuite sur le semestre en mettant en œuvre
sa propre communication interne et en gérant ses modalités de
fonctionnement. Ce déroulement est ponctué de quelques deadlines
pour baliser le déroulement du projet. Il donne également lieu
à un suivi individuel par équipe. Une soutenance de conception
avec une présentation orale de chaque équipe est faite en fin de
semestre, quelques semaines avant la semaine intensive afin de
permettre aux équipes de réaliser les derniers ajustements avant la

134 ATELIER TRANSNATIONAL : INTERFACE ET TEXTUALITÉ NUMÉRIQUES

semaine intensive. La semaine intensive donne lieu à la finalisation
du projet, notamment au niveau technique, sous accompagnement
de l'équipe pédagogique. Finalement une soutenance orale permet
à chaque équipe de présenter sa production à un jury comprenant
l'équipe pédagogique augmentée d'enseignant·es de l'établissement
partenaire qui n'ont pas participé à l'encadrement.
Les productions et documents de soutenance sont ensuite récupérés
par l'équipe enseignante avant la remise administrative des notes.

BILAN PÉDAGOGIQUE

Points positifs
— Le déroulé pédagogique a bien fonctionné dans les 2 sessions,

les équipes ont bien fonctionné et tous les étudiant·es se sont
investis dans l'atelier.
— Il n'y a pas eu de problème de communication, les étudiant·es
s'épaulant mutuellement sur cet aspect.
— L es établissements partenaires ont été enchantés par la
collaboration qui a très bien fonctionné entre les équipes
pédagogiques et sont disposés à poursuivre cette collaboration.

Points négatifs
— L a lourdeur des procédures administratives et la difficulté pour

les entreprises étrangères de s'y conformer. Cela a posé un
réel problème au partenaire espagnol et il n'est pas exclus que
certaines facilités dont nous jouissons à Madrid, notamment
le financement des repas du midi, soient remises en cause l'an
prochain.
— D 'autres points négatifs ne sont pas du fait de l'atelier :
• p lusieurs étudiant·es étranger·es inscrit·es à Paris 8 n'ont pu

se rendre à Madrid faute d'une autorisation de la préfecture
de déplacement dans l'espace Schengen. Afin de pallier ce
problème de délai, la session à Madrid sera reportée en mai.
L'absence de ces étudiant·es n'a pas impacté la productivité de
l'atelier car ils y ont participé en distanciel.
• l es étudiant·es américain·es sont arrivé·es avec 1 jour de retard
(annulation du vol). Les serveurs de P8 ayant été indisponibles
durant 2 semaines avant la semaine intensive, les productions
de la session S2 s'en sont trouvées gravement impactées. Un
hébergement indépendant sera souscrit l'an prochain.

ATELIER TRANSNATIONAL : INTERFACE ET TEXTUALITÉ NUMÉRIQUES 135

136 TRADUIRE LES OBJETS

TRADUIRE
LES OBJETS

Catherine de Smet, professeure
en histoire de l'art, université Paris 8,
et Philippe Millot, Ensad,
avec Christine Lapostolle, écrivaine,
Gérard Plénacoste
et Denis Pégaz-Blanc, Ensad.

LIEUX, DATES FORMATION INITIALE
DE RATTACHEMENT
Lieu (MENTION DE MASTER
Ensad ET PARCOURS)
Dates
Semestre 1 : 6 séances (4, 11, 25 Master mention Arts plastiques
octobre, 8 et 22 novembre, 6 et art contemporain, parcours
décembre) + intensif du 10 au Écologie des arts et des médias.
14 janvier.
Semestre 2 : séances PARTENARIAT
hebdomadaires de février à fin
mai ; 5 et 12 mars performances Association Maisons
à la Maison de l'Ours, 4 juin de la sagesse-Traduire.
ouverture de l'exposition.

Module « grand format » accompagnant le lancement
du réseau international des muséo-banques : système
de « micro-crédit » alternatif pour des personnes non
éligibles aux prêts bancaires, inspiré par les banques
culturelles africaines, supposant pour les bénéficiaires
le dépôt d'un objet accompagné d'un récit afin d'obtenir
un financement.
Avec pour partenaire l’association Maisons de la
sagesse-Traduire qui pilote le projet des muséo-
banques, le module était ouvert aux étudiant·es en arts
plastiques de Paris 8, en design graphique de l’Ensad
(École nationale supérieure des arts décoratifs), et aux
étudiant·es d’ArTeC.
Comment traduire, par des moyens graphiques,
typographiques et scénographiques, les objets déposés
dans les muséo-banques en échange de micro-crédits
et comment restituer visuellement à la fois ces objets et

TRADUIRE LES OBJETS 137

les récits qui les accompagnent, voire le projet motivant
la demande de financement ? Outil, instrument, bijou,
ustensile, pièce de vêtement, l’objet peut aussi être
immatériel : chant, conte ou recette, posant dès lors
d’autres problèmes encore : comment reproduire et
montrer l’invisible ? Et comment traduire visuellement
l’identité du réseau international des banques
culturelles, qui s’interroge et nous interroge à ce sujet ?

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

— M ise en œuvre d’un projet collectif comportant à la fois
une dimension théorique (questions de traduction, réflexion
sur la valeur des objets, sur le concept de restitution, sur la
muséographie, sur les perspectives décoloniales, etc.) et une
dimension pratique de création (modalités de reproduction des
objets, combinaison des images et du texte dans des dispositifs
graphiques complexes) ;

— Partage de compétences entre étudiant·es en design graphique
de l’Ensad, étudiant·es ArTeC et étudiant·es en arts plastiques,
échanges interdisciplinaires ;

— A rticulation du travail individuel et du travail collectif ;
— E ncouragement de l’expérimentation par le contexte : un projet

international lui-même exploratoire, avec des interlocuteurs des
Maisons de la sagesse, attentifs et impliqués.

MODÈLE(S) PÉDAGOGIQUES MOBILISÉ(S)

Semestre 1 : 6 séances de séminaire, chacune avec des invités :

— 4 octobre : introduction - découverte du corpus de travail.
— 11 octobre — présentation par les membres fondateurs des

Maisons de la Sagesse-Traduire : présentation générale
de l’association et de ses activités, genèse des banques
culturelles, actualité du réseau international des muséo-banques
solidaires — Danièle Wozny : problématiques de la traduction,
géopolitique et écologie.
— 25 octobre — Carlos Semedo et Marie Thérèse Cerf (MdS-T) :
sur l’économie sociale et solidaire ; Jean-Philippe Antoine —
philosophe, université Paris 8 : approche esthétique de la valeur.
— 8 novembre — Malick Ndiaye, directeur du musée Théodore
Monod, commissaire de la biennale de Dakar 2022.
Dakar : traditions de monstration africaine ; Saskia Cousin,
anthropologue, université de Nanterre : problématiques des
restitutions et retours des collections africaines.
— 2 2 novembre — Alphalik ADAMOU, étudiant, université
Abomey-Calavi : enquête sur la banque Taneka, Bénin ;

138 TRADUIRE LES OBJETS

Julien Bastoen, historien de l’architecture, École nationale
supérieur d’architecture de Rennes : architecture, implantation
et équipement d’une banque culturelle — hypothèses.
— 6 décembre — Adrien Gardère, scénographe : exposer et
traduire.
— I ntensif du 10 au 14 janvier animé par Christine Lapostolle,
écrivaine : atelier d'écriture visant une synthèse des données
collectées lors du séminaire, en vue de l'exposition.

Semestre 2
— Cours-atelier hebdomadaire : conception et réalisation de

l'exposition.
— S amedis 5 février et 12 mars : présentations du projet sous

forme de performances par les étudiant·es dans le programme
« Petites coupures » de la Maison de l'Ours, espace parisien
d'exposition et de performance animé par les artistes Kristina
Solomoukha et Paolo Codeluppi.
— Exposition ouverte le samedi 4 juin, accueillie par le collectif
d'artistes Nabuzardan au PRÉÀVIE (Pré-Saint-Gervais).

BILAN PÉDAGOGIQUE

Points positifs et négatifs
— Programme prévu réalisé et objectifs atteints. Les séances très

riches de séminaire avec nos invités ont trouvé dans l'atelier de
janvier les moyens d'une synthèse qui elle-même a pu se traduire
en performances — avant la concrétisation finale de l'exposition
— grâce aux invitations de la Maison de l'Ours (imprévues et
occasions bienvenues d'étapes intermédiaires).
— R éflexion par les formes accomplies dans l'exposition, très
réussie (conditions imposant un accueil réduit du public).
— P lus encore qu'imaginé au départ, le MIP a contribué à la
réflexion sur le projet en gestation des muséo-banques,
en relation tout au long du travail avec notre partenaire,
l'association Maisons de la sagesse (qui suite à cette expérience
décide notamment de permettre à des étudiant·es de bénéficier
du dispositif des muséo-banques).
— Identité visuelle des muséo-banques : à poursuivre.
— Si les échanges envisagés avec des étudiant·es sénégalais
n'ont pu être mis en place (contacts locaux de notre partenaire
insuffisamment avancés), nous avons pu néanmoins inviter,
en prenant son voyage en charge, un étudiant béninois qui est
intervenu avec profit.
— Principale ombre au tableau : le faible nombre de participant·es,
certain·es ayant abandonné au milieu (cas des deux inscrites
ArTeC) ou à la fin du semestre 1. Le « grand format » étalé sur
deux semestres et l'implication nécessaire s'avèrent peut-être
trop ambitieux par rapport au déroulement habituel du cursus
de master.

TRADUIRE LES OBJETS 139

140 TRADUIRE LES OBJETS

TRADUIRE LES OBJETS 141

142 LE NOUVEAU SALON : RENCONTRES LITTÉRAIRES

LE NOUVEAU SALON :
RENCONTRES
LITTÉRAIRES

Lionel Ruffel, professeur de littérature,
université Paris 8.

L’atelier modélise l’écosystème littéraire contemporain
en invitant écrivain·es et professionnel·les des métiers
de l’édition et du livre à la rencontre des étudiant·es, qui
travaillent en amont sur les sociabilités littéraires et en
aval à la publication de ces rencontres.

LIEUX, DATES

Séance 1, 4/10 Présentation générale
(Centre National de la Danse, CND)
Séance 2, 11/10 Gisèle Sapiro et Cécile Rabot,
sociologues, pour leur livre Profession écrivain·e,
(Maison de la Poésie, MdP)
Séances 3 et 4, 25/10 et 8/11 Préparation et
rencontre avec l’écrivain Abdellah Taïa (CND)
Séances 5 et 6, 29/11 et 6/12 Préparation
et rencontre avec les éditions Verticales
(Jeanne Guyon et Yves Pagès), (CND)
24/01 et 7/02 Préparation et rencontre
avec l’écrivaine Kaoutar Harchi (CND et MdP)
21/02 et 07/03 Préparation et rencontre
avec l’écrivaine Laura Vazquez (CND et MdP)
21/03 et 04/04 Préparation et rencontre
avec l’agent littéraire Pierre Astier (CND)
02/05 et 09/05 Préparation et rencontre
avec l’écrivaine Hélène Giannecchini et
préparation de Radio Brouhaha au festival Extra!
du Centre Pompidou

FORMATION INITIALE
DE RATTACHEMENT (MENTION
DE MASTER ET PARCOURS)

Master de création littéraire de l'université Paris 8.

LE NOUVEAU SALON : RENCONTRES LITTÉRAIRES 143

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

Quatre objectifs principaux :
— Connaître l’état actuel de l’écosystème littéraire pour pouvoir

envisager son avenir ;
— Commencer à constituer un réseau professionnel ;
— T ravailler à la curation de rencontres ;
— Expérimenter les formes de publication.
Les étudiant·es, inscrit·es pour certains dans le master Création
littéraire, et pour d’autres dans le master ArTeC, ont travaillé en
petits groupes sur la valorisation de ces rencontres par la publication
de comptes-rendus analytiques et, si les rencontres s’y prêtent, de
projets sonores ou vidéos qui seront mis en ligne.

MODÈLE(S) PÉDAGOGIQUES MOBILISÉ(S)

Le principe du MIP repose sur l’invitation de professionnel·les de
l’écosystème littéraire.
Chaque séance de rencontre est précédée d’une séance de
préparation. En aval, des comptes-rendus sont rédigés par les
étudiant·es.
Comme chaque année les invité·es étaient majoritairement des
écrivain·es mais cette année nous avons aussi accueilli deux
sociologues de la littérature, une maison d’édition et un responsable
d’agence littéraire.

BILAN PÉDAGOGIQUE

Points positifs et négatifs
Depuis plusieurs années les points forts de ce MIP en matière
d’expérience sont ses points faibles en termes de valorisation.
En effet, en régime médiatique et public de la littérature, nous avons
voulu créer un espace de rencontres relativement intime où la parole
est préservée et destinée à être entièrement libre, y compris de son
archivage et de sa publication.
C’est pourquoi nous n’ouvrons pas les rencontres à un public plus
large et nous ne les publions pas intégralement.
Nous devons travailler à des formats destinés à publication pour
constituer de vrais livrables.
Nous avons dans cette optique consacré nos deux dernières séances
à réfléchir à la publication et à l’environnement numérique de notre
travail avec les étudiant·es.
Deux éléments ont émergé. D’une part, nous allons transformer le
format des rencontres pour réserver un espace à l’expérience de la
rencontre et d’autre part créer un espace destiné à la publication.
Nous allons constituer un groupe d’étudiant·es responsables de
l’édition des productions de ce MIP et du master en général.
La réflexion est engagée, elle sera mise en œuvre dès la rentrée.

144 LE NOUVEAU SALON : RENCONTRES LITTÉRAIRES

LE NOUVEAU SALON : RENCONTRES LITTÉRAIRES 145

146 MATRIMOINE DE LA BANDE DESSINÉE FRANÇAISE

MATRIMOINE
DE LA BANDE DESSINÉE
FRANÇAISE

Marys Renné Hertiman, doctorante
en sciences de l'information et de la
communication, université Paris 8,
avec l'aide des Bréchoises,
collectif de recherche sur les femmes
dans la BD.

LIEUX, DATES

Salle panoramique de la Maison des Sciences
de l'Homme Paris Nord. Un vendredi par mois,
du mois d'octobre jusqu'au mois de mai 2022.

FORMATION INITIALE DE RATTACHEMENT
(MENTION DE MASTER ET PARCOURS)

Cette formation était pluridisciplinaire et ouverte aux
masterant·es de l'université de Paris 8 (masters MC2L,
Genre et Archives) et aux doctorant·es de plusieurs institutions.
Dans l'intérêt de rendre plus accessible ce séminaire, la première
partie de la formation était ouverte à toutes et tous, grâce à
une organisation hybride, en présentiel et en distanciel, avec
retransmission en directe sur la chaîne youtube du collectif de
recherche (les séances ayant obtenu l'autorisation de rediffusion
ont été conservées en ligne :
https://www.youtube.com/channel/
UCn96PapX0h5XbRrg9tA95eA/videos

PARTENARIAT

MSH Paris Nord,
université Paris 8,
université Paris Nanterre,
association EFiGiES,
association La Brèche.

MATRIMOINE DE LA BANDE DESSINÉE FRANÇAISE 147

L’objectif du séminaire « Matrimoine de la BD » était de
mettre en lumière le rôle des femmes dans l’histoire de
la bande dessinée. Il s’agissait d’une enquête collective
qui s’intéresse aux créatrices de BD, grandes oubliées
de l’histoire du neuvième art.

Le séminaire a accueilli 6 créatrices de bande dessinée
en France. Les séances, d’une durée de 3 heures, ont
eu lieu une fois par mois (octobre-avril), à la MSH Paris
Nord. Chaque séance était répartie en deux temps.
Le premier temps, organisé en ligne et en présentiel,
proposait des conférences portant sur le matrimoine
de la BD, sur l’histoire du médium et sur ses enjeux
sociopolitiques. Il s’agissait d’une contextualisation
inhérente aux projets d’historicisation des femmes
dans la BD. Le second moment a permis la collecte
des témoignages des créatrices convoquées, retraçant
ainsi leurs parcours dans le monde de la BD. Le guide
d’entretien, ayant servi à la collecte de ces archives
orales, s’est fait à partir de l’inventaire des archives que
ces créatrices allaient déposer, et de plusieurs heures
d’entretiens préparatoires.

Le séminaire a donné lieu à une restitution, organisé sous
la forme d’une exposition dans les espaces dédiées de
la MSH Paris Nord, du 13 mai au 31 octobre 2022. Avec
cette restitution on entend valoriser cette recherche
sur l’histoire des créatrices de BD en France, mais aussi
souligner les potentialités (historiques, culturelles et
politiques) de la collecte de leurs histoires orales.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

— C onstitution et pratique des archives d’histoire orale ;
— Lecture critique de l’histoire culturelle contemporaine et de

l’histoire de la BD ;
— M éthode de l’enquête en histoire et en sociologie ;
— C ulture épistémologique en histoire, en sociologie et en théorie

politique.

MODÈLE(S) PÉDAGOGIQUES MOBILISÉ(S)

La première séance du séminaire a eu lieu le 15 octobre 2021.
Il s’agissait d’une séance inaugurale montrant les enjeux d’une
recherche sur les femmes dans l’industrie de la BD, leur histoire
et le contexte sociologique présent. Il a été conduit par Marys
Hertiman (responsable du séminaire), Maëlys Tirehote-Corbin
(doctorante en sociologie) et Marie-Paule Noël (experte en BD

148 MATRIMOINE DE LA BANDE DESSINÉE FRANÇAISE


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