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Paix & respect a la premiere republique noire du monde

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Published by , 2016-03-16 23:43:31

Paix & respect a la premiere republique noire du monde

Paix & respect a la premiere republique noire du monde

Le cri de 65 auteurs de 12 pays francophones dans 114 titres,
cette anthologie reflète leur indignation, face à l’inacceptable.

Des cris de révolte, d’hommes et de femmes engagés
sont exprimés dans chaque vers, chaque texte.

Nous sommes heureux de partager avec vous dans les prochaines pages
un échantillon de ces cris des entrailles…

Une référence historique pour l’avenir et notre progéniture

Obtenez votre exemplaire sans délai en Haïti à:
Le nombre est limité.

Les bénéfices de vente serviront à la création de l’annexe de l’école
“Mixte de la Liberté” pour les enfants déportés de la R.D,
dirigée par le Révérend Frantz Grandoit.

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BIOGRAPHIE

En signe de solidarité, soixante-deux ( 62) poètes engagés de dix ( 10) pays francophones ont
répondu au cri de détresse lancé par leurs amis de plume, pour dire non au mauvais traitement subi
par les travailleurs Haïtiens en République Dominicaine.

Le Regroupement des poètes Francophones Engagés pour la liberté et la paix a à son actif un premier
Recueil collectif, dédié au peuple opprimé et oppressé de Gaza et un deuxième, en hommage à
Charlie Hebdo.

Sa mission est d’utiliser la plume comme arme de sensibilisation et de conscientisation, pour
transmettre des messages de liberté et de Paix entre les Nations...et d’être la voix des sans voix.
Tel est le rôle joué par ces poètes participants, présentés en marge de leur pays respectif:

ALGÉRIE: BEGHDAD MEBKHOUT, KELTOUM DEFFOUS, OUARDA BAZIZ CHERIFI, SALIHA RAGAD

BELGIQUE: JO COEIJMANS, MARC MARSOUIN

CANADA: ABDEL HAFID KERMICHE, GÉRALD SIMARD

CONGO: ALPHONCINE NYÉLENGA BOUYA
FRANCE: ANNIE G.GAILLARD, CÉCILE AVELINE, JEAN LUC LAHURE, MARIE LISE MARTY, PATRICE MERELLE

GRÈCE: CHARLES COULIBALY NOUNTCHÉ

HAITI: ANDRÉ FOUAD, BOBBY PAUL, CLAUDE CARRE, CLAUDE STERLIN ROZEMA, CLERMONT SAMUEL

DOVILAS ANDERSON, RÉVÉREND FRANTZ GRANDOIT, FRANTZ LE BEAU, DEEWOY FRANÇOIS CARL LEPRADE,
GUY CAYEMITE, HANDGOD ABRAHAM, JAMES STANLEY JEAN-SIMON, ILÉUS PAPILLON, JEAN CLAUDE
DOLEYRES, JEAN EROLD MARCELLUS, JEAN-GARDY ENOCK BIEN-AIMÉ, JEAN-MARC ELISMA, JEAN SAINT-VIL
JEAN SAMUEL DOMERÇANT, JEAN VENDI JEUDI, JEFFSON MENIER, JIMMY VALEUS, JOHN VANYAN, JOVANIE
SHELDINE LAURORE, MARC EDOUARD LAFORTUNE, MACAJOU SAINT-PREUX, MARIE ALICE THÉARD, MARYSE
C. ÉLYSÉE, MIREILLE BERTRAND LHERISSON, MURIEL VIEUX, PEROU DANIEL HANS HERVÉ,PIERRE-MICHEL
LAGUERRE, VALMY YACINTHE, WOLF GORBATCHÈV OSCAR

MAROC: ABDAÏM NAJÏA, ABDELHAMID BENJELLOUN, AWATEF EL IDRISSI BOUKHRIS, MOUINA EL ACHARI

ZAYNA, NOUREDDINE NEGGAZ, SAADIA DOUMER, KHADIJA ELHAMRANI,

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE: RÉVÉREND JUSLIN ACOSTA

SÉNÉGAL: ALIOUNE BADARA SENE

TUNISIE: FATTOUM ABIDI, HAJRI SOUAD

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En hommage aux enfants sacrifiés

«À tous les anges partis trop tôt
Car un enfant du monde, est aussi le nôtre.»
Pourquoi, les bons s'en vont?
J'ai un jour, lu le contraire, dans un livre pieux
Mais la réalité est celle-ci:
Tant de crimes sont perpétrés envers des âmes innocentes
Tant d'enfants martyrisés et tués par la folie des hommes
Tant de pays ou les enfants périssent durant ses guerres idéologiques
Le sang coule à flots!
Ce n'est pas celui des dieux, mais celui des anges!
Lorsque je regarde le ciel, je me dis «ça n'est pas le paradis»
Mais alors, existe-t-il vraiment?
Où s'en vont, les petits anges sacrifiés?
La justice des hommes est laxiste ou insuffisante
Alors, j'aimerais m'en remettre à celle des Dieux
Mais, elle me semble inexistante
Comment croire qu'un Dieu,
Puisse laisser la folie des hommes régner ici-bas?
Je ne comprends pas
Qu'on vienne m'expliquer
Pourquoi, toutes ses victimes innocentes meurent
Sans que Dieu lui-même, les ait rappelées à lui.
J'ai besoin de comprendre
Pourtant, je garde la foi, qu'un jour la justice divine m'éclairera
Et que les âmes de ses petits-enfants innocents, seront vengées
En attendant, je prie avec mon cœur, pour qu'ils reposent en paix
Et que la lumière se fasse,
Dans le cœur de l'humanité tout entière,
Afin, que cesse ce génocide volontaire.
Toutes mes condoléances vont aux familles et leurs amis

© Jo COEIJMANS - Belgique

HAITI DÉESSE DES ANTILLES

Ils ont brulé du bleu et rouge
et pourtant pas l'âme des marrons
on ne retient pas l'âme qui bouge
pour faire place nette à l'exclusion
Haïti empreinte de l'Afrique
rayonnant au cœur des Antilles
elle est d'amour et bien mystique
bondée d'or pur dans ses chevilles
Césaire disait c'est sa Judée
et pour Senghor c'est la lumière
qui n'a encore pas tout jeté
pour vénérer sa fougue altière
sa voix éteint celle de l'orage
on dit souvent qu'elle est divine
même Rochambeau bourré de rage
fit marche arrière sous ses rétines
O déesse à la peau d'ébène
celle qui dansant envoûte le monde
elle n'a de cœur ni pour la haine
ni pour l'orgueil voire pour l'immonde
son nom résonne comme l'Assotor
d'ailleurs quel dieu l'a pas connue
sous le bambou elle rit la mort
virant en rond ses pieds têtus
le ciel sourit a ses largesses
elle est d'amour elle est grandiose
jamais même Dieu n'a vu déesse
donnant ainsi pour les grandes causes
si Saint-Domingue dans couchette
l'en veut jusqu'a la faire mourir
que ses enfants en tête-à-tête
s'élèvent aux fins de son empire

Frantz Le BEAU - Canada

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Devine qui va réunir l'ensemble des humains

Devine qui pourra changer les politiciens.
Devine comment il va réussir à modifier la vie.
Le meilleur poème est celui qui touche,
celui qui nous rassemble, nous parle!
Le meilleur politicien est celui qui dit la vérité,
pour aider, pour nous unir, pour s'entraider.
Le meilleur ami est celui qui pense à nous,
il n'est pas toujours présent, il ne peut pas toujours aider,
il a une vie à combler, il aide quand il peut!
Je suis l'ami, le travailleur, l'amoureux, le père, le poète...
OÙ EST MA VIE: dans un simple crayon pour nous unir!!! À la vie!
«DIVINE» la divine vérité, le divin mensonge,
pour sauver l'humanité, il va falloir dire la vérité.
Se réunir pour faire arrêter le carnage et
s'asseoir pour réfléchir, pour faire grandir le pays.

Gérald SIMARD - Canada

Dans la nuit noire du chercheur de vie

Ils sont arrivés
Sur la pointe des pieds
Corde à la main
Encagoulés dans leur haine
Drapés dans leur peur
Emmitouflés dans leur folie
La branche de l’arbre s’est dressée
Une vie est volée
Emportée par la brise du matin.

Alphoncine Nyélenga BOUYA - Congo-Brazzaville

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UN NUEVO CORAZÓN - UNA NUEVA ISLA

Isla Tierra Afrocaribeña
de lado y lado Quisqueyana.
Ayer más verde,
hoy, menos húmeda,
por el pecado ecológico
de tus hijos he hijas.
Señor Jesús: líbranos de olvidar
que somos parientes
del mismo Sol-de la misma Luna,
Fuentes-Luz del Dios Creador.
En sus fronteras y en su interior,
dos pueblos luchan con dignidad,
son nuestra gente empobrecida
buscando vida y dándonos vida:
Líbranos Padre Dios de la Vida
de los-as que siempre cortan la vida.
Dios-Padre de dos gemelos,
no permita que te neguemos,
renegando a ésta nuestra madre:
la Fuente-Espíritu SOLIDARIDAD,
que en las buenas y en las malas,
nos hace hermanar la vecindad.
Jesucristo-Hijo,
Migrante antes de nacer,
Hermano Peregrino de
dos países migrantes:
ilumina a Dominicana,
ilumina a Haití,
para que el corazón insular,
siempre renazca, caminando:
EL CAMINO DE LA PAZ

Reverendo Padre Juslin ACOSTA – Dominicanie

QUELLE BÊTISE LA GUERRE!

Goût du pouvoir
Conquête de territoire
Appât du gain
Mépris de son prochain
Dictature du choix
Impérialisme de la foi
Jugement de valeurs
Échelle des couleurs
Indifférence de l'égoïsme
Intolérance du racisme
Assaut de cruauté
Perte d'humanité
Déni de la misère
Torture de son frère
Quelle bêtise la guerre!

Annie GERBERT-GAILLARD - France

9

Zwezo libète

Ou se sanmba
Zèl ou plen plim
Si w pa chante
Wa vole vole vole
Gaye van isit
Pote sonje lòtbò
Rèl taye banda
verite sou tanbou
Pawòl drive listwa
Nwa sou blan
Nan kè paj liv
Li soufle nan po lanbi
Li kwoke nan flèch palmis
Prete m plim zèl ou
Ti gout san ak bòkyè
Ma ekri sou chimen dlo
Sou lantouray vwazinay
Zwezo ponn Libète
Respekte zwezo
Respekte Libète

Handgod ABRAHAM - Samba YO, Haïti

MES ENFANTS ONT PERDU

Mes enfants ont perdu
leur innocence, pendus
à l'arbre de la mort
...pour décor...
Étranges poupées
à fesses de diarrhée...
Je crains de boire la vie,
l'Eau même m'est un défi...
Pour Noël, juste une goutte d'eau,
ce sera le meilleur des cadeaux...

Guy CAYEMITE - Haïti

11

PLATS DE SANG COMPLÉTÉS

De l'inconnue nuit absolue des longs couteaux
de jardin de parfum tintin
de mauvaises fleurs
d'épines sous l'échine
d'ensevelissement amer torride
du lac Azuéi en désuétude
et la chanson étouffée
en désaxiphycation stupide d'ingratitude
au cou d'une petite place publique d'État
ou le vent ne souffle plus
une gorgée d'air frais
le sang broyé de la bouche
des mouches diplomatiques dénaturées
blanchies de dents jaunies
le prétexte illusoire tant attendu.
chaque goutte de sang créole ou humain
en air de demain tombe sur la tête
du dirigeant qui n'a jamais dirigé
se trouvant derrière la motocyclette
traversant, jouissant la frontière infernalisante
en guise de faire marcher la conquête des abus voisins
omelettés sur tous les plats complets
d'une histoire gémissante virulente
sourcée dans un chalumeau en bas en bas
de vomissures de bouillie sans essence
par les petits enfants à la naissance.

Jean Samuel DOMERÇANT, Haïti

JUIFS ERRANTS MODERNES

Juifs errants des temps modernes, au rythme ambulant,
Nous bravons la furie des marées et des vents
Dans nos fugaces embarcations, fuyant le chancre
En quête d’hospitaliers rivages où jeter l’ancre.
Faisant fi de nos précieux coutumes et usages,
Nous nous fusionnons au singulier paysage
Dans l’espoir certain de passer inaperçus
Aux yeux arborant des sentiments préconçus.
Avec le mépris alloué aux miteux en loques,
Notre peine ou misérable sort on s’en moque.
La simple charge d’être haïtien impénitent
Nous condamne au supplice sans prébende de jugement.
Quelle tâche de porter la croix de l’opprobre insigne
De n’avoir su mériter notre legs si digne,
Alloué deux siècles étant par nos sublimes aïeux
Galvanisant les cœurs de leurs actes valeureux!
Ces intrépides titans aux dimensions épiques,
En un tour de main pour le moins ésotérique
Du monde ont franchi les panthéons de l’histoire
Pour affranchir un peuple et lui offrir la gloire.
Parias pourchassés, de partout sans nul remords
Rassurons-nous, mes frères; tout espoir n’est pas mort.
La face nous ne perdrons grâce aux figures de proue
Portant haut l’étendard national en pare-boue.
Reçu avec pompes à l’Académie Française,
Gracieux représentant de la couronne anglaise,
L’haïtien continue à marquer les annales
De notes favorables toute la sphère mondiale.

© Maryse C. ÉLYSÉE, Haïti

13

TSUNAMI D’UN DÉSARROI PLURIEL

Faut-il parler d’un rêve ou bien d’un sale cauchemar?
C’est bien plus que cela, c’est la relégation,
L’exclusion insensée, la décapitation.
Place de la pendaison, sévissent les barbares.
Il faut avoir connu ces moments de terreur
Pour comprendre à quel point on a semé la peur
Dans la maison des pauvres et des déshérités.
Ils étaient déjà nus, les voilà apatrides,
Et leurs fronts ravinés par l’angoisse et les rides
Disent comment ils vivent, comment ils sont traités
On les fait déguerpir à coups de feu au cul
A coups de fouets-rigwaz, comme aux temps d’esclavage
De machettes enflammées frappées sur le visage.
Sur les fesses tuméfiées des enfants en bas âge
On voit des cicatrices où le sang fait des bulles
Ceux qui décèlent à temps que cela nous conduit
Au camp de la fureur qui se déploie de nuit,
Sentent un relent fétide
De Ku-Klux-Klan féroce et de violences atroces
De pogroms effrayants ou bien de génocides
Alors frères de l’autre rive, si personne ne dit mot
Qu’adviendra-t-il bientôt des ailes de l’oiseau?
Tonnerre ! Sonnez le glas ou l’hallali
Plus rien ne va: pour réveiller les justes, il faut de l’alcali.
L’arrogance raciale, abrupte bat son plein dans le pays voisin
Et il s’en faut de peu que s’enflamment les peuples
Qui vivent sur la même ile et qui étaient jadis de bons samaritains.
Peuples frères, allez-vous
Édifier entre vous
les murs blancs de la haine?
Murs blancs couleur de viol, couleur de la chaux vive.
Des actes intolérables de très grande violence
Ont mis le feu aux poudres.
Ceux qui veulent en découdre
Sont prêts à faire la chaîne,
Disposés à lécher les fientes de la guerre.
La contagion aidant, la folie peut venir…
Si la nuit est de fer, l’aurore sera de sang
On entendra le vent
Pleurer sur les corbeaux

Plus rien ne restera de ce qui unissait les ailes du même oiseau.
La haine fera de nous des fous en sarabandes,
Des crotales à venin
Qui rêvent de créer un savoureux festin
Pour toutes les mouches à viande.
Si nous laissons le flux des passions hystériques envahir nos esprits,
Si nous laissons monter dans le champ de nos vies
La bile des rancunes et le fiel de vengeance,
Nous dormirons tout nus, hagards et dents dehors
Dans la fosse aux alouettes, la fosse aux insomnies.
Nous irons griffes arquées, brandir nos inepties
Sur le ventre des morts,
Au verso du néant, dans l’infini stérile des projections nazies.
Mais il n’est pas trop tard pour faire demi-tour,
Pour reprendre nos sens, refuser la dérive vers les irréparables
Et remonter la pente, royale, incomparable,
Qui ramène à l’amour

Révérend Frantz GRANDOIT, Haïti

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Si m pa pale, ma toufe!

Yo di rekonesans se lachte, lachte se rans
Engratitid lòt bò fontyè jambe lantouraj degoutans
Plake de pye sou lestomak yon plan touristik rasis
Yon politik blanchi po, douko kò, bobi stò, ki pap sis
Yon politik wete kafe mete lèt ki pote siyati ti pèp san kilti
Kilti, koulè, istwa'n se fòs nou, Lafrik Ginen nou pap trayi
.
Plis pase twa san mil desandan aysyen yap pimpe tounen
Yo san papye, san batistè, yap pote kwa, y ap trennen
Kwa kita, kwa nago, sot nan panyòl rive jis karakòl
Yo pa gen kay, ni fanmi, ni zanmin, yo pa pale kreyòl
Yo tounen jwiferan, y ap tounen de men devan ak de ran dan
Yo se san nou, ki nan nou, frè nou pou tou tan gen tan
.
Rapatriman komanse jedi, ti mafi tounen, men nanm ni rete
Yo separe l de ti bebe l ki gen katòz mwa; dwa li vyole
Doulè ti mafi se souflèt marasa nan figi tout aysyen
Yon pataswèl ki mete a jenou onè ak respè sitwayen
Li pile diyite pèp nou, li chifonnen grandè nasyon nou
.
Kilès ka p defann dwa ti mafi, ka p mobilize dwa zimen
Trennen dosye a devan tribinal entènasyonal demen?
Yo di pwoblèm rezoud, men dosye sa a pa diskite ofisyèlman,
Nou mande padon, konsila Dominiken ap louvri an gran jan
Men kote papa Desalin ta soti pou li ta kase kou Konze ak trèt
Pete fyèl pakèt patri pòch, kap vann konsyans yo pou biyè vèt
.
Men resèt nou bay sila ki cho pou vin dirije peyi Dayiti nan vis
Dis kòb konsyans, ven kòb onètete, senkant kòb patryotis
Yon pyas diyite, Yon adoken respè, senk goud bòn volonte
Yon lòt sosyte kote yo trete moun kou moun, san fòs kote
Yon politik ki chita sou pwodiksyon nasyonal, richès lakay
Yon peyi ki ka bay pitit li manje, la vi miyò, kap kreye travay

Mireille Bertrand LHÉRISSON - Haïti

JEAN-CLAUDE HARRY, TU N'ES PAS MORT SEUL

Faut-il un poème pour les cadavres de 1937
Faut-il un poème pour les morts secrètes et les cadavres que l'on ne connaît pas
Et ceux qui sont partis à la recherche du soleil comme Jean-Claude HARRY
Et ceux qui sont allés cueillir leur rêve avec le bicolore dans la poche
Et ceux qui sont vendus, oubliés, dénationalisés, opprimés, décapités et pendus
Jean-Claude HARRY, tu es encore un maillon de cette chaine de cadavres planifiés
Cadavres exposés au soleil sous la complicité de l'État
Cadavres brûlés sous l'œil silencieux de l'autre…
À quelques mètres de notre abdomen on chante l'éloge de la barbarie
L'éloge de la mort anonyme
L'éloge des balles assassines
L'éloge de l'humiliation renouvelée
L'éloge de katchapika
Nan batèy, nou bliye non nou nan fèy bannann
Nan batèy, nou kouche sou pwent rèv nou
Nan batèy rèv nou kraze, pliche, boule, flanbe, kwense, blese, rèv nou dengdeng
Mais Jean-Claude HARRY, tu n'es pas mort seul
Nous sommes tous morts
Nous sommes morts sous les cadavres
Morts sous les morts
Morts sous les murs
Morts sur les places publiques
Morts dans les Batey
Morts dans les églises, dans les lignes, sous les fils, dans les rivières dans le cimetière
Nous sommes morts dans les ghettos
Morts dans notre mort
Jean-Claude HARRY, tu n'es pas mort seul, Leta mouri antere avè w
Et l'autre qui nous regarde avec nos mensonges, nos logos, nos philosophies, nos aides
multilatérales, nos dons empoisonnés, nos projets en coulisse…
Et l'autre qui nous regarde avec nos prières, nos jeûnes, nos promesses liquides et légères…
Ta pendaison, Jean-Claude HARRY, c'est un tourbillon de honte qui se dessine à l'Avenue
Charles Sumner
Désormais, c'est un morceau d'île qui est pendu
Sendomeng gade li wè jan Leta ap choute rèv timoun
Sendomeng gade nou, li wè jan silans nou pran lari
Li wè jan vant nou ap trennen sou Granri
Sendomeng vin gade Pòtay Leyogàn li wè jan n ap virewon
Sendomeng wè Kolera nan plamen Minista, pandezon nan vil Okap, kadejak Pòsali

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Sendomeng wè jan Leta ap kriye nan mouchwa, yon Leta k ap siye je l nan panno
Sendomeng wè jan n ap bay pwason manje
Sendomeng gade jan leta kwaze pye l ak yon diplomasi k ap bwè diven
Sendomeng di si leta nou an konsa yo ka pipi nan rèv nou…
Mais Faut-il un poème pour les massacres lents
Les massacres constitutionnels/ Les massacres silencieux/ Les massacres de l'État
Jean-Claude HARRY, tu es encore de cette collection de cadavres exposés à la galerie de la
barbarie de l'autre
Tu es de cette liste de cadavres qui n'a pas peur de regarder l'État avec trois yeux
Tu es de cette liste de cadavres n'ayant pas honte d'acheter la mort sans appel d'offre
Tu es mort, mais la ville est tatouée de ton sang, de ton soupir, de tes gémissements, de tes
gestes, de tes cris, de ton dernier regard effacé…
Tu es mort mais la ville, ta ville ne savait pas écrire ton nom de Viejo
Sinon les Batey, Bávaro, Higüey, Santiago, Montecristi, Dajabón, Maw…
J'ai appris que la misère n'est plus bilatérale
Harry, dis aux autres morts, ici, nous mangeons la honte, la misère, le doute, l'indignation…
Jean-Claude HARRY, la ville, ta ville ne savait pas épeler ton prénom d'homme
Ni les ministres, ni l'État, ni les juges, ni les Prêtres, ni les églises, ni les diplomates…
Tu es mort Harry, ah oui, assassiné avec ton peuple comme la justice aux yeux de ton pays…

Iléus PAPILLON, Haïti


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