The words you are searching are inside this book. To get more targeted content, please make full-text search by clicking here.

« Il ne me semble rien de plus paradoxal, dans le champ artistique actuel, que de poser la question du dessin, pratique lourdement située dans l’histoire, et dans le même temps modalité constamment active, mobile et défricheuse. […] le dessin est surtout aujourd’hui une formidable machine à expérimenter » Eric Laniol

Discover the best professional documents and content resources in AnyFlip Document Base.
Search
Published by interface.art, 2016-06-12 12:16:25

HDO_12

« Il ne me semble rien de plus paradoxal, dans le champ artistique actuel, que de poser la question du dessin, pratique lourdement située dans l’histoire, et dans le même temps modalité constamment active, mobile et défricheuse. […] le dessin est surtout aujourd’hui une formidable machine à expérimenter » Eric Laniol

Keywords: Dessins, Didier Trenet, Guillaume Mansart, Frac Picardie, Valérie Pugin, Le quotidien dessiné par Dominique Lacoudre, Jérôme Giller, Rosemarie Trocker, Astrid Gagnard, Alain Séchas, Marline Gossmann, Marie France Vo

HORSD’OEUVRE le journal de l’art contemporain, avril/juin 2003
www.inter face-ar t.com dijon ® bourgogne ® france ® europe ® ...

n°12 DESSINS
Michel Rose

Édito Didier Trenet

Il ne me semble rien de plus paradoxal, dans le champ artistique actuel, que de poser la question

« Je donnerais mille viedu dessin, pratique lourdement située dans l’histoire, et dans le même temps modalité

constamment active, mobile et défricheuse. Si la permanence du disegno dans la poursuite 1
d’une idée première (sa réalisation intermédiaire) reste un point d’attache en permettant une

pour sauver un seul poireau »bien commode et usuelle définition, le dessin est surtout aujourd’hui une formidable machine à

expérimenter, dont l’autonomie comme l’infiltration dans des domaines connexes n’est plus à

démontrer. La modernité du dessin est passée et a cédé la place à son papillonnement perpétuel La pratique du dessin chez Didier Trenet est
: il n’est désormais plus déterminable, ni dans le temps (le dessin n’est plus nécessairement incontestablement liée à une rigueur d’exécution. Se
préparatoire, mais peut être post-paratoire, ou simplement accompagner toutes les natures

d’expériences) ni dans l’espace (ses conditions de monstration sont essentiellement ouvertes)1. référant à des modèles classiques, elle évolue dans

Fondamentalement déclinant – ébauche, esquisse, repentir, modelo – l’exercice graphique poursuit une esthétique XVIIIème qui la classe à la suite d’une

aujourd’hui une incessante conversion, tendant aussi bien à l’installation (Ilya Kabakov, Fabrice longue tradition académique (ses œuvres aiment Didier Trenet : Le Choix, 1991-2002
Hybert), au volume (Alain Séchas), au cinéma (William Kentridge) ou à la vidéo (Rosemarie Trockel). convoquer Fragonard, Hubert Robert ou Watteau). Impression jet d'encre, crayon, plume sur papier Ingres
S’il peut ainsi à loisir s’immiscer dans des mises en présences plurielles, c’est qu’il n’exige pas la Pourtant Didier Trenet n’est pas un artiste rangé, il © Collection Frac Bourgogne
matérialité aboutie d’un objet, qu’il n’a aucun territoire préétabli à défendre – ce qui le différencie utilise les codes familiers aux écoles de dessins pour
sans doute de la pratique picturale par exemple. Sa fragilité, son peu de matière, sa nécessaire mieux s’extraire des abîmes d’un conformisme
hésitation dans l’inscription en font tout autant une technique indéfinie, une pratique oscillante, en pompeux. Son travail graphique ne se limite pas aux
somme un esprit de travail mobile : c’est la raison pour laquelle le dessin n’est jamais à situer mais seules esquisses, il se plait également à jouer de la
davantage à deviner, quelquefois dans des travaux qui ne sont pas forcément graphiques, calligraphie pour réaliser des œuvres à l’écrit enlacé,
simplement porteurs de sa nature mouvante et incomplète (ainsi chez Luc Tuymans dont la car comme l’énonce la préface d’un ouvrage
peinture n’a d’apparition possible que par le dessin rudimentaire qui la précède et l’informe). S’il est

fait d’imprécision, cette dernière notion est à entendre dans toute sa positivité, obligeant l’artiste – d’apprentissage : « Le dessin, en effet, a tout parti-

et le regardeur – à des glissements intempestifs, des réajustements et autres circulations. culièrement besoin du concours d’une écriture à la fois
Le dessin est en effet à la croisée d’une connaissance pratique et d’une ignorance, comme s’il régulière, simple et de bon goût. »2
souhaitait à la fois se séparer d’un savoir donné (d’un réel posé) et envisager une pluralité

d’hypothèses, en d’autres termes jouer sur la même surface le débarras et l’ouvroir potentiel. Si son art renoue avec le « beau geste », c’est d’une manière ludique et transgressive. Les
N’étant pas à une contradiction près, il se moque bien aujourd’hui de sa virtuelle autonomie, cahiers de méthode qui lui servent parfois de support, avaient pour vocation d’apprendre à
multipliant ses supports d’inscription (pâtes alimentaires ou rince-doigts chez Richard Fauguet, écrire selon les règles bien précises énoncées par l’art de la calligraphie. Sorte de manuel pour
parfait « écrivain », ils appelaient à la discipline et à l’assiduité, qualités redoutées par Didier
vêtements et matelas chez Ghada Amer, télécran chez Stéphane Lallemand, ordinateur chez Trenet plus volontiers tenté par l’abandon et l’oisiveté. Ces cahiers, il les a néanmoins
Pascal Convert), prospectant d’inédits outils (c’est la plante qui dessine chez Bernard Moninot, complétés, proposant ses propres réponses aux différents exercices imposés : « Application :
la machine par le biais du spectateur chez Angela Bulloch), présentant des arpentages qui chaque élève écrit son nom et l’initiale de son prénom ». Réplique en écriture cursive d’un style
définissent des spatialisations singulières (les agencements muraux de Raymond Pettibon, les graphique enlevé : « Trenet, D, Danseur de poignet depuis 1985. Quoique souvent repu.
combinaisons silencieuses de Sylvia Bächli, les séries identitaires de Marlène Dumas, les Quoique couramment comblé (…) »3. Impertinence ? À chaque page sa répartie, au gré des
agrandissements ironiques de Didier Trenet ou de Gilles Barbier...). digressions de l’artiste ; des onomatopées, des poèmes mais principalement des dessins, des
Rien ne semble pouvoir amoindrir la présence implicite du dessin dans l’exercice quotidien de l’artiste
contemporain, alors même que la photographie, dans ses nouvelles modalités pratiques et

numériques, semble aujourd’hui tendre à s’imposer comme l’incontournable paradigme. Le dessin ne ornements, des végétaux (le poireau est dressé en motif décoratif), des plis saillants et parfois

se place pas contre cette dernière, mais dans l’écart sensible qui lui insigne une place instable, le fait d’anachroniques tuyaux. Didier Trenet tient le rôle du cancre génial dont on imagine le bulletin

résider dans un « institué » permanent : il devient alors un acte fondamentalement précieux, en scolaire : « Didier pourrait mieux faire s’il daignait être attentif. Quel dommage ! ». L’ironie de
proposant sa « marche à la forme »2 spécifique, son bruissement, son étrange pouvoir son propos n’a d’égal que l’application de ses dessins. L’artiste en fait trop, ses boucles se

d’enregistrement sismographique du réel3, son pouvoir de transformation – une transformation perdent dans le plaisir du geste pour décorer textes et croquis d’entrelacs distingués. On
jamais radicale, toujours mobile, voire discrète. C’est pourquoi de nombreux artistes l’utilisent comme remarque aisément que Didier Trenet s’engage dans une forme d’autorité pour se permettre

une plate-forme d’échanges qui redéfinit tour à tour la notion de valeur (Les Moins de Thomas l’indiscipline. Son art est paradoxal. Ses croquis fragiles relevés dans ses petits cahiers

Hirschhorn, les esquisses rudimentaires de David

Shrigley), ou le statut des récepteurs (les séries S c è n eDepuis le début des années quatre-vingt, les spectacles du Théâtre du Radeau, dirigé par François Tanguy, montrent un parcours

Faits Main de Jean-Philippe Lemée, les dessins de singulier et une démarche originale dans le paysage théâtral français. Tadeusz Kantor, Bob Wilson ou encore Franz Kafka sont
souvent cités par les commentateurs pour caractériser l’univers de la troupe. S’arrêter à ces noms serait pourtant réducteur, car
l’ensemble One Minute Sculptures d’Erwin l’œuvre de François Tanguy est beaucoup plus ouverte encore et plus cosmopolite. La peinture et les arts plastiques en général
Wurm). nourrissent aussi les recherches de l’équipe. Le retable d’Issenheim de Matthias Grünewald est une référence récurrente dans le
Au plus près des variations et humeurs travail préparatoire de Tanguy. Ce dernier réalise beaucoup de dessins « d’instants de jeu » dans lesquels on retrouve son intérêt
changeantes d’un début de siècle déjà pour l’art et l’histoire de la perspective1. Un de ses acteurs rapporte, dans un entretien, qu’au cours des répétitions – moment de
fondamentalement inconstant, le dessin est encore construction du spectacle, qui, au Radeau, se poursuit jusqu’à la dernière représentation – , « …des livres et des photos circulaient.
un mode de pensée – « Ce que je n’ai pas dessiné, On les passait autour de la table. Il m’est arrivé de passer des heures à regarder des bouquins sur Bacon ou sur Velasquez . François
je ne le connais pas », disait déjà Ingres ! – Tanguy ne parle jamais de psychologie de personnage, mais plutôt de choses imaginaires. Il faisait par exemple voir un tableau
foncièrement capable de rendre compte de cet état avec des anges, et pouvait te demander de penser à ces anges-là, à comment ils étaient […] parce qu’on avait regardé des
des choses, en s’appliquant aussi bien à
l’anecdotique qu’à l’évènementiel (on pense ici à

Claude Closky dont la pratique graphique en tableaux de Bruegel, on essayait de recréer des détails monstrueux »2. Les œuvres plastiques ne sont pas là pour agrémenter les

dilettante combat sa peur de l‘inactivité), en spectacles, elles sont intégrées dans la recherche. La langue des poètes ne constitue pas forcément le point de départ d’une

inspirant des lieux, des théâtres expressifs, en création. Réincarnées dans le corps des acteurs, les œuvres plastiques portent les fables de la troupe vers d’autres champs
fondant finalement sans complexe une esquisse
théorique du battement contemporain. e td’expérimentation. La peinture est prise comme une matière, au même titre que les textes, issus de toutes les cultures et utilisés par

Eric Laniol fragments.
Si l’on considère la définition du mot « dessin » donnée par un dictionnaire : une représentation graphique d’un sujet par une
1. Il est commun aujourd’hui de voir les dessins s’égrainer comme composition de ligne d’ombre tracée sur une surface ; par extension un art mettant en œuvre cette technique de représentation, l’on
des points de ponctuations : ainsi des aquarelles suspendues de constate que plusieurs termes croisent le langage théâtral propre au Radeau ; il est question de sujet, de composition, de surface.
Thomas Schütte – Requiem, 1992, ou des ébauches regroupées Ce vocabulaire est largement utilisé par François Tanguy pour définir son travail. En outre, les recherches théâtrales peuvent être
rapprochées de la pratique artistique du dessin préparatoire. En effet, les spectacles du Théâtre du Radeau sont construits sur une
de Sylvia Bächli – Drift, 2000. constante remise en chantier, comme des ébauches qui tendent toujours vers « autre chose ». D’une œuvre à l’autre, des figures
À propos de cette question spatiale, l’artiste suisse ajoute : « récurrentes apparaissent telle la clownesque dans Bataille du Tagliamento, Choral ou dans Jeu de Faust3, comme dans des séries

Chaque dessin dégage un espace qui est propre autour de lui – un

champ de force. Un dessin doit trouver sa bonne distance entre dessinées. C’est un travail sur la durée qui se réalise, toujours nourri d’autres éléments qui viennent se greffer à leur tour et
deux autres ». prolongent le spectacle de jeu en jeu. Comme des séries dessinées, le théâtre vu par l’équipe du Radeau est un théâtre de recherche,
où chaque spectacle fait rebondir le suivant. L’envie de retranscrire une pensée du monde rappelle la fonction de l’esquisse en art
2. Paul Klee, Théorie de l’art moderne, Médiations Denoël, comme mode de saisie du réel : au théâtre du Radeau, un plateau sert à exposer le concret (des matières et des objets de la vie

1964, réédition 1985, p. 42 ; cette marche se double l a n g a g equotidienne y sont présentés), dans un refus de procéder par allusion ; « le théâtre, on n’en parle pas, on le fait », déclare François
aujourd’hui du dessin comme principe d’excursion évoqué par
Fabrice Hybert en ces termes : « Ce sont les éléments d’une Tanguy.
phrase encore indéfinie, d’une entreprise, les mots à connecter L’idée de dessin est également repérable dans les spectacles proprement dits. Dans Orphéon et dans Les cantates, les acteurs
véhiculent à travers la scène, des châssis, des cadres de toile blanche, tout comme le feraient des peintres transportant leur support.
sont là. Le dessin est ici Excursion, un dessin sous vide. Il contient La parole incarnée par le corps des acteurs ne cesse d’être cadrée et décadrée par les objets scéniques disposés autour d’eux.
Cette inscription matérielle de la parole dans ces objets rappelle la ligne qui toujours cherche à cerner son sujet, parfois, à lui faire
son évolution, ses glissements », in 1-1=2, Entretien avec Frédéric dépasser les limites que le cadre lui impose, et, au théâtre, tente de créer d’autres espaces que le lieu scénique, le remettant ainsi
Bouglé, Editions Joca Seria, Nantes, 1992, p. 27 constamment en crise. Placés devant les châssis, les acteurs tracent par le jeu des ombres des lignes plus ou moins nettes projetant
3. Le dessin conserve par là-même sa dimension pulsive, sa
gestualité, voire son automatisme (très repérable chez des
artistes aussi différents que Denis Castellas, Anne-Marie
Schneider, Rolf Julius ou encore Jean-Luc Parant). Dans tous les
cas cependant, la gestualité permet d’éviter une clarification trop
immédiate des données, d’échapper à un message univoque.

des allégories du monde, des esquisses ayant pour matière une réflexion sur notre époque. La parole et les actions que les acteurs

inscrivent dans l’espace les retirent du temps de la représentation et le spectacle se constitue en un collage de matière vivante en

mouvement qui remodèle notre univers contemporain. Après le spectacle, ne restent que les traces des événements, telles des

inscriptions graphiques dans l’esprit des spectateurs, très loin du mode linéaire narratif, plus proche du fragment et du palimpseste.

Renaud Diligent 2

plastique

Didier Trenet : Bassine-Mandorle, 2002
Impression jet d'encre, crayon, plume sur papier Ingres

© Collection Frac Bourgogne

d’écolier, s’étalent parfois sur les murs, acquérant une imposante ampleur comme ce Ouf en 1996 dans le patio du musée Boymans-van Beuningen de Rotterdam ; ici un simple tuyau
(1992) au « o » de lettrine extrait de sa page pour être agrandi à 7500 %. Ou encore Le d’arrosage se déroule autour d’un bassin, reprenant les méandres des parterres de broderie
Portail aux révérences (1996) dans lequel deux colonnes crayonnées occupent la hauteur des des jardins à la française. Des plants de tomates, poireaux et salades ornementent les
parois du lieu d’exposition et se mêlent à de « réels » objets (un traversin suspendu, deux bordures donnant à l’œuvre une réelle valeur esthétique, à la fois désuète et raffinée5.
poêles en tutus) pour offrir une déconcertante installation hybride, sorte d’arc de triomphe On le comprend, l’œuvre dessinée de Didier Trenet ne va pas sans l’écho que lui renvoient
surveillé par des gardes travestis. L’œuvre de Didier Trenet s’appuie sur un trio de pratiques les autres pratiques, elle s’inscrit dans une production ouverte qui glisse d’un médium à
qui se complètent sans se devancer : l’écriture, le dessin, l’installation. Elles interagissent l’autre pour revendiquer l’indiscipline (dans tous les sens du terme) pour le plaisir. Alors
ensemble parfois indépendantes, souvent associées pour offrir une œuvre cohérente qui se comme ses sculpturaux Jeunes travestis (toujours ces poêles en tutus) qui dansent en rythme
plait à rester dans la diversité. Dans un de ses cahiers d’écriture devenu carnet de bord, Didier lors d’un concert unique, laissons nous entraîner par les cris de l’artiste devenu chanteur et
Trenet nous livre avec humour son Manifeste ; il y constate que l’indécision est un caractère guitariste du groupe de hard rock The Trenet. Secouons la tête au son des distorsions
majeur de sa personnalité et par conséquent de son travail : « Si j’avais été un bateau, je crois reprenant les chansons devenues saturées de l’homonyme Charles (« Parce qu’il fallait la
que je n’aurais pu flotter qu’entre deux eaux. Impossible de me résoudre à la volonté de faire une fois pour toutes ! ») et chantons évidemment bien trop fort : « Ya d’la joie, bonjour
prendre une direction sans tout de suite regretter les autres directions potentielles ; la vie simple bonjour les hirondelles, Ya d’la joie partout ya d’la joie ».
et tranquille du jardinier, l’ambition, la violence, la nonchalance, la prétention, l’humilité, une
vie de famille, une vie de moine, la débauche, les sciences, les arts, créer des concepts, Guillaume Mansart
communiquer, dieu sait quoi encore !… Je dois être encore bien jeune con. »4. Peut-on dire que
sa (non) dite jeunesse lui permet son irrévérence ? En tout cas assurons qu’il interprète à 1. Citation tirée d’une œuvre de l’artiste, la faute d’orthographe faisant partie de la pièce, Didier Trenet a évidemment
merveille son personnage de Candide, ironique et faussement naïf. souhaité qu’elle reste intacte pour ce titre.
Ses dessins s’articulent autour d’un vocabulaire qui comprend des éléments récurrents comme 2. A. Druot, préface de la première édition du Cahier-méthode d’écriture, juillet 1912, réédité et complété par Didier
les drapés (qui nous rappellent immanquablement sa série de Serpillières, tissus fatigués Trenet, avril 1995, p.5.
suspendus par deux clous), les blasons, les colonnes, les tuyaux de poêle… il s’égare parfois 3. Ibid, p.27.
à représenter des personnages dans des postures plus ou moins explicites (pensons à ses 4. D. Trenet, The Trenet, catalogue édité à l’occasion de l’exposition à l’Espace Jules Verne de Brétigny-sur-Orge, 1996.
Assiettes garnies de 1989). Les dispositifs d’arrosage l’intéressent également, il les croque et N.D.L.R. « Jeune » est rayé conformément à la volonté de l’artiste.
les met en scène dans ses installations. Équilibre thermostatique des motivations a été réalisé 5. On retrouve dans un cahier un texte titré Équilibre thermostatique des motivations qui énonce : « Jusqu’à l’extrême
limite être laxiste, accumuler les dettes, accumuler les jours de paresse, improbable trésor ; exécuter machinalement
quelques dessins assez mal faits, les arranger afin de les rendre vaguement artistiques (…) », dans The Trenet, ibid.

Frac Picardie : un dessein parmi d’autres1

Valérie Pugin : Depuis leur création en 1982, les Fonds régionaux d’art contemporain Y.L. : Le cahier des charges qui lui a été soumis demandait expressément de concevoir un
sont devenus des outils essentiels de la diffusion de l’art contemporain en Région. Ils ont joué dispositif muséographique de caractère évolutif, dans un lieu déterminé : le lieu
un rôle actif dans la découverte de jeunes artistes et dans la constitution d’un patrimoine d’expositions du Frac à Amiens. L’espace réalisé devait pouvoir, d’une exposition à l’autre,
vivant. Le Frac Picardie représente à ce jour un ensemble unique en France de plus de huit ouvrir d’autres points de vue, d’autres perspectives sur lui-même et les ensembles d’œuvres
cents dessins témoignant de manière non exhaustive de courants et mouvements artistiques qu’il était destiné à accueillir. Cette commande du Frac participe du programme conçu pour
majeurs du XXème siècle, tout en prenant en compte les dimensions artistiques les plus la célébration de ses vingt ans. Je ne souhaitais pas « signer » une exposition de plus, ce
actuelles du dessin contemporain. Comment la spécificité du dessin est-elle apparue en qui n’était ni le contexte, ni l’endroit. Il m’importait de renouveler les repères pratiqués au
Picardie et quelles sont les terminologies qui lui sont attachées ? quotidien sur cette collection de dessins en suscitant des regards extérieurs, en invitant des
Yves Lecointre : Ces orientations n’ont eu pour projet ni d’opérer des choix sur le court artistes et des personnalités françaises et étrangères proches du Frac. Cette intention s’est
terme, ni d’énoncer un dogme, un cadre programmatique qui dicterait a priori les artistes enrichie d’une interrogation sur les conditions de sa monstration, lors de contacts avec Jean-
qui doivent ou non figurer dans la collection. Demeurer attentif, curieux, réactif autorise des Louis Froment. La notion d’espace d’artiste s’est imposée comme un prolongement naturel
choix d’une grande liberté, voire des « coups de cœur » pour des artistes certes, mais avant des préoccupations du Frac. Au final, Laurent Pariente propose une œuvre qui joue
tout pour des œuvres qui participeront d’un ensemble aux multiples entrées et pleinement et parfaitement son rôle, grâce notamment à la vingtaine de variantes
transversalités. En outre, les comités techniques d’achat qui se sont succédés, ont toujours d’aménagement qu’il a suggérée. Les interrogations qui étaient les nôtres y trouvent des
inscrit leurs recherches dans la pérennité d’un propos, d’une démarche et ainsi favorisé la réponses éminemment pertinentes, dans la déclinaison de l’idée de cabinet d’amateur qui
poursuite d’intentions marquées pour des types d’œuvres et à l’égard d’artistes déterminés traverse ce cycle de quatre expositions. Les attitudes de Gabriel Orozco ou de Jean-Michel
collectivement. Cette collection s’est développée sans rupture, n’a subi aucun à-coup, à Alberola ont ainsi été très différentes tant par leurs choix d’œuvres que par leurs mises en
partir d’une acception du dessin qui en privilégie l’esprit et le geste, et non la seule nature espace. La collection a été un miroir pour leurs propres questionnements artistiques
de son support : le papier ! respectifs. Gabriel Orozco a privilégié des choix intégrant des gestes, des formes, des sujets
Très vite après sa création dès 1985, le Frac Picardie a formulé ce choix du dessin, entre et des motifs tels que la ligne ou le frottage présents dans ses propres œuvres. Jean-Michel
autres, sur la base des artistes qui y figuraient déjà. La création des Frac est intervenue au Alberola, quant à lui, a proposé ce que je nommerais un « continent d’éclectisme » par la
sortir d’une période où des mouvements artistiques étaient fortement identifiés et théorisés. multiplicité des références données à voir, aussi nombreuses et variées que celles que lui-
En région, les musées français, seules institutions patrimoniales avant la création des Frac, même cultive. Ces visions de « l’intérieur », car empreintes du regard de l’artiste et de la
en avaient ignoré, à l’exception de quelques-uns bien connus, les œuvres et les artistes. À manière dont il perçoit et réagit au monde, seront suivies prochainement par des lectures
leur manière, les Frac ont contribué à une certaine forme de « rattrapage » en intégrant ces plus « extérieures » et distanciées, formulées par Joachim Blüher et Ann Philbin.2
artistes et leurs œuvres dans des intentions et des projets de collections qui leur étaient V.P. : Au fil des années, le dessin mural participe de l’identité forte au Frac Picardie. Les
propres. En Picardie, le rapport à cette situation s’est voulu plus détaché. Le choix du dessin expositions qui ont été programmées dans ce sens ont permis de rendre visibles en un lieu
s’est facilement imposé, comme je l’ai déjà indiqué. Il a été appréhendé comme moyen de dédié au dessin contemporain des attitudes qui imposent d’emblée des « monumentalités »,
cohérence, mais aussi comme facteur d’identité et de spécificité. Cependant, il a fallu qui prolongent à l’échelle du corps, et non plus de la seule main, des questionnements liés
convenir de quelques principes structurants. Ainsi il n’a pas été souhaité d’intégrer le dessin au réel, à l’espace, à l’architecture. Prenons pour exemple le pastel utilisé à même le mur
préparatoire (élément dans l’économie de production d’une autre œuvre) au profit du dessin par David Tremlett pour la réalisation de Pastel wall drawing 3a et 3b, 1988, ainsi que de
autonome. Dans le temps, les centres d’intérêts et les axes d’acquisition du Frac Picardie l’occupation linéaire de Ruines/Plan/Décombres/Chien – 30 plans au sol – Mjimwema –
vont progressivement se diversifier et rendre plus largement compte de l’inscription du Tanzanie réalisé dans les locaux du Frac Picardie en 1993. Mais également les peintures
dessin dans l’histoire contemporaine avec le dessin sériel, le dessin mural, les dessins de murales de Jean-Michel Alberola présentées en 1998 pour l’exposition : Il parle, je peins,
sculpteur et de peintre dans leur autonomie là encore, les grands papiers, et tout récemment et plus récemment encore l’exposition Native Drawings de Pascal Convert (2000) qui
le dessin animé pour le rapport de la ligne au temps et à l’espace. Le choix d’une œuvre, permettait au dessin de se déployer sur l’intégralité des murs de l’espace d’exposition.
même s’il s’élabore toujours par projection dans l’espace de la collection, n’en exprime pas Quelle place souhaitez-vous donner à ce médium dans l’ensemble des œuvres du Frac
nécessairement tout le potentiel le jour de son entrée, et a fortiori dans un avenir plus ou Picardie ?
moins proche. Que va-t-elle générer comme dialogue ou isolement, comme résonance ou Y.L. : Le dessin mural qui est entré dans la collection par le biais de David Tremlett en 1993
dissonance ? À proximité des autres œuvres ? Face au public ? Les lectures de la collection à la suite de la commande que vous évoquiez a induit par la suite une recherche d’autres
se déplacent, se recomposent en permanence. C’est un espace mouvant, insaisissable dans artistes dont les préoccupations graphiques ou picturales utilisent le mur comme support.
sa globalité, composable et recomposable à l’envie, où les croisements possibles entre les « Spectaculaire » par ses dimensions et sa relation à l’architecture lorsqu’il est exposé, le
œuvres et les artistes sont tout à la fois déterminants pour l’inscrire dans un rapport à dessin mural n’a pas pour autant un rôle plus important ou plus manifeste dans la collection
l’histoire non linéaire ou cultiver des rapprochements ou des confrontations parfois que d’autres axes d’acquisition ou d’autres types d’œuvres. L’œuvre murale questionne les
inhabituelles, comme nous le constatons par les choix que présentent les cabinets notions de monstration et de conservation. Il y a présence d’œuvre sans déplacement
d’amateurs que nous avons sollicités cette année, pour nos vingt ans. Longtemps, les d’objet ! La présentation diffère selon le lieu dans lequel elle s’inscrit. Les modalités propres
ensembles thématiques – surtout – et monographiques – dans une moindre mesure – ont été à sa réalisation, à son interprétation, sont ou peuvent être déléguées à des tierces personnes
essentiels pour le développement de la collection. Aujourd’hui le nombre d’œuvres et en fonction de son caractère allographe ou autographe. Son acquisition s’effectue sous la
d’artistes fait corps en soi. Il permet de s’affranchir d’interrogations antérieures pour ouvrir forme d’un contrat entre l’artiste et l’institution, et doit s’accompagner d’une grande
de nouveaux questionnements et jouir d’une plus grande disponibilité, d’une plus grande disponibilité, voire d’une complicité avec l’artiste. Le dessin mural, par essence éphémère,
liberté de regard, assurés que l’on pourra à tout moment interroger le socle historique de la induit également un rapport au public intéressant, lorsqu’il est témoin des procédés et des
collection. Les apports nouveaux peuvent créer des ramifications vers d’autres champs gestes employés pour la réalisation de l’œuvre (comme pour l’exposition Native Drawings
artistiques, prendre peu à peu consistance… On peut enfin ajouter pour parfaire la de Pascal Convert où un lien de proximité était rendu possible avec le public qui accédait
présentation du Frac Picardie, qu’il s’est toujours tenu à distance des phénomènes de mode au « chantier »), ou lorsqu’il s’interroge sur ce que l’œuvre devient après l’exposition : où
ou d’accélération de l’actualité. Il en a préservé ses choix pour les inscrire dans la durée, est-elle stockée, comment est-elle conservée… ?
et surtout pour les conforter dans les rencontres et les projets développés depuis 1992 avec
les artistes à l’occasion d’expositions ou de commandes. Entretien réalisé par Valérie Pugin avec Yves Lecointre, directeur du Frac Picardie, Paris, mars 2003.
V.P. : Actuellement, nombreuses sont les expositions qui consacrent les acquisitions des Frac
sur une durée de vingt ans. Elles sont censées proposer un vaste panorama des 1. Yves Lecointre, Un dessein parmi d’autres in cat. d’exposition Dessiner une collection d’art contemporain, Œuvres
engagements esthétiques, voire politiques qui les ont inscrits dans l’histoire de l’art du XXème du Frac Picardie présentées au Musée du Luxembourg, Paris, 1994, pp. 11 à 32.
siècle. Pour un volet des manifestations anniversaire des vingt ans du Frac Picardie (le cycle 2. Pendant plusieurs années Joachim Blüher s’est occupé d’une galerie à Cologne consacrée aux œuvres sur papier.
d’expositions Quelques cabinets d’amateurs) Laurent Pariente a conçu une structure Il est directeur actuellement de la Deutsche Akademie - Villa Massimo à Rome. Ann Philbin conduit depuis son arrivée
modulable destinée à accueillir des œuvres. Comment les particularismes du lieu et du en 1999 au Armand Hammer Museum un programme de travaux d’extension qui en fera un lieu de référence pour
dessin ont-ils été pris en compte ? le dessin sur la côte ouest des États-Unis. Elle fut pendant plusieurs années à la tête du Drawing Center à New York,
institution de renommée internationale où elle organisa des expositions consacrées au dessin tant ancien que
contemporain.

3





Alain Séchas : Jurassic Pork
Le Consortium, Dijon © Cliché André Morin, Paris

Le quotidien dessiné
de Dominique Lacoudre

Les dessins de Dominique Lacoudre sont des travaille pas sur le motif. Il recycle les La forme du récit
genres de pictogrammes analytiques, images qui appartiennent à tous et joue de
comme on dirait d’une table des matières leurs juxtapositions. Sa narration n’est pas Alain SéL’œuvre d’Alain Séchas se construit sur des motifs imaginaires et une volonté narrative toujours
analytique. Ils sont l’introduction à un close comme le serait une peinture dans son
développement qui prend son sens au-delà cadre, une sculpture dans sa matérialité, un répétée. Cet artiste, dont la place dans le monde de l’art français semble être considérée comme
de la représentation, dans la manipulation film qui aurait un début et une fin. Ses étant excentrique, a établi une œuvre héritée de ce qui pourrait être l’humour noir surréaliste.
et l’assemblage que l’artiste fait des signes dessins sont des instantanés. La dimension Ainsi, sous un aspect plastique jovial et doucereux, les œuvres d’Alain Séchas font preuve d’une
qui lui sont proposés de regarder dans les du temps existe bien cependant dans son ironie souvent grinçante, de même qu’elles présentent des références à une histoire de l’art
différentes réalités du quotidien de tout un art, mais elle est à rechercher du côté de
chacun, qu’il soit mental, physique, l’accrochage et dans les installations. des plus érudites (l’« antre » contemporain de Jurassic Pork ne serait-il pas une évocation du
économique ou politique. L’artiste est Dominique Lacoudre y impose l’idée d’un mythe de la caverne de Platon ?). Son bestiaire anthropomorphe permet à l’artiste d’allier
comme vous, s’intéresse à nos histoires au temps interactif et réactif. Ses dessins sont grotesque, dérision et caricature. La figure récurrente de ce règne animal et végétal, apparue en
quotidien et il aime nous les raconter. Il les accrochés au mur par deux punaises aux 1996, est celle du chat, qui se donne à lire comme le double et l’alter ego de l’artiste et ceci,
récolte et les retranscrit dans l’espace angles supérieurs, selon le principe de la notamment, à la faveur de ce qui pourrait sembler être un jeu de mots ou une fausse homonymie.
d’exposition sous formes d’abécédaires et série ou de l’accumulation. Au passage du Les différents thèmes de son œuvre prennent forme dans une atmosphère lourde et tendue, où
d’inventaires. Il dessine des topographies et regardeur, ils se soulèvent du mur puis se les situations dessinées et sculptées mettent en scène une violence contenue par une forme
des cartographies, et lorsqu’il ne les dessine reposent. Il devient alors facile d’imaginer plastique lisse et propre. D’ailleurs l’artiste parle de pessimisme actif dans son travail pour ce qui
pas, il les met en évidence par son système dé-punaiser un dessin et d’intervertir, de re- est de l’observation du monde contemporain et des épreuves de force qui s’y jouent. En effet,
d’accrochage (la série et l’accumulation). composer la proposition de l’artiste. Il l’artiste se dit moraliste, l’art étant pour lui un acte responsable.
Dessiner, c’est pour lui comme écrire1. Il devient facile pour lui d’imposer son propre Les personnages d’Alain Séchas, comme échappés du monde de la bande dessinée pour arriver
utilise donc le signe, comme un écrivain temps de regard, d’agir sur celui-ci. L’idée dans celui de l’art, révèlent une œuvre dont le premier stigmate, la première marque identifiable
utilise le mot2 ; des signes que l’on peut d’interactivité est encore plus prégnante est le dessin. L’artiste fonde son œuvre sur la logique constante du dessin. Avec une ironie et un
retrouver sur les pièces de jeux de notre dans une installation qu’il a appelée Jeu de humour non dénués de cynisme, Alain Séchas bâtit une œuvre protéiforme, allant de la peinture
enfance ou dans la signalétique, aussi société : un jeu de dominos dont il nous à l’installation en passant par la sculpture, le diaporama, la vidéo, le film d’animation ou encore le
schématiques, mais qui parlent ouvertement propose de faire une partie. Dominique tableau de néons, mais toujours guidée par le dessin. Ainsi ses sculptures font l’objet de croquis
et sans détours. Des images codifiées. Lacoudre a remplacé les signes préparatoires. De même que, bien souvent, seuls quelques traits apposés sur la face des
Dominique Lacoudre a expurgé de son mathématiques inscrits sur les pièces par des sculptures permettent de les identifier. Chez Séchas, même l’écriture est dessinée. Quel que soit
langage toute idée de composition images d’abris et d’habitations, inventant le médium, nous sommes visuellement toujours ramenés au dessin ; car comme le dit l’artiste :
formaliste. Son trait est enfantin et une nouvelle catégorie de signes, les « ha- « le dessin, ça peut être un millier de choses ».
ininterrompu. Le dessin est une écriture et britations » selon ses propres termes5. La Ses groupes sculptés, ses wall-drawings et ses wall-paintings figuratifs sont également narratifs
Dominique Lacoudre s’en sert pour révéler le substitution faite, son jeu de dominos et placent donc l’interrogation esthétique et artistique sur le plan de la figuration et de la
quotidien des choses fragiles sur lequel nous devient opérant. Faire une partie ne peut
glissons sans nous en apercevoir3. Son rôle vous éviter la question du sens historique. narration, comme en témoignent les titres de nombreuses de ses créations : La table ou
est de s’arrêter et de nous donner du temps Que signifie la proximité d’une tente
pour regarder, nous situer et nous orienter. d’Indiens avec celle d’un igloo par exemple ? L’action en filigrane
Ses dessins sont comme la pellicule Que dire de celle d’une boîte en carton et
photographique ou vidéographique, un d’un château fort ? Mais également de la Rosemarie Trockel
révélateur de vérité. Un révélateur cruel, figure que je trace en juxtaposant les pièces ?
mais juste4. Vous vous y arrêterez sans Quel sens donner à la ligne droite, à l’angle Rosemarie Trockel se fait connaître au début des années quatre-vingt avec ses « tableaux
porter aucun jugement de valeur, droit ou au labyrinthe de signes que je tricotés ». Utilisant la laine et le tricot, matériaux directement associés au féminin, ces œuvres
reconnaissant l’une de vos manies ou petites dessine ? Le parcours que j’emprunte, est-il remettent en question l’idée classique de la peinture, d’une hiérarchie des genres et d’une
habitudes. Dominique Lacoudre n’est ni fortuit ou révélateur de ma psychologie ? production a priori réservée aux femmes. Influencé par l’anthropologie, la sociologie, la
illustrateur mondain, ni caricaturiste. Il ne Dominique Lacoudre aime ainsi introduire la théologie et les mathématiques, le travail de Rosemarie Trockel se joue des apparences et
dimension du jeu et de la manipulation. Son des conventions en employant des formes d’expressions variées (photo, vidéo, sculpture,
art est une révérence aux haïkus japonais. Il installation et dessin). Nombreux, ses dessins, qu’elle présente déjà lors de sa première
utilise la même économie de moyens formels exposition à la galerie Monika Spruth de Cologne en 1985, occupent une place essentielle
que les poètes nippons pour dire plus et dans ses recherches : « …Quand ce qui est dessiné se développe, cela rattrape toujours la
dépasser la simple apparence a priori troisième dimension… »1 dit-elle.
décrite. Il est à prendre aussi comme un Evoluant avec les thématiques de l’artiste, son œuvre graphique est multiforme, complexe et
pense-bête6, à glisser au fond de sa poche ne se dissocie pas de son travail plastique. L’animal est un des sujets récurrents de Rosemarie
ou dans un coin de sa tête, pour ne pas Trockel. Il peut être traité de façon réaliste comme ce portrait de caniche (1988), inscrit dans
oublier que Dominique Lacoudre nous a une tradition classique. Représenté de trois-quarts, ce chien pose. L’artiste revisite un genre
permis d’ouvrir les yeux, un moment, sur des qu’elle parodie, réinterrogeant une culture liée au paraître. Quelquefois, ce sont des dessins
choses « banales » mais signifiantes et de infantiles représentant des oiseaux déformés, qui adoptent une forme humaine. Le traitement
briser notre indifférence au(x) quotidien(s)7. de ces animaux humanisés et la réception de leur image soulèvent l’examen de la différence
et de cette volonté de devenir autre…
Jérôme Giller Des études sur la transformation seront poursuivies dans une suite dite « de photocopie »
(1991-1992). L’artiste travaille à partir de reproductions de dessins de maîtres (Kirchner,
Ce texte a été écrit pour horsd’œuvre suite à des éditée par le Petit Jaunais et le Musée Sainte-Croix des Kollwitz, Warhol…) qu’elle modifie puis photocopie, pour ensuite détruire les étapes
échanges par l’internet avec Dominique Lacoudre au Sables d’Olonnes, 1997, où un personnage chaussé de intermédiaires. Seule trace, la photocopie constitue l’œuvre finale. L’artiste intervient le plus
cours des mois de décembre 2002 et janvier 2003. patins à glace, glisse, trébuche, tentant de tracer un souvent sur le personnage. Par le biais d’un simple dessin, il subit une mutation qui laisse
1. Sur certaines compositions, Dominique Lacoudre a chemin dans une accumulation de dictons populaires. apparaître une ambiguïté sexuelle. Cette ambivalence éveille des contradictions et des
mélangé les deux formes d’expressions. Voir notamment 4. Dominique Lacoudre traite dans le même esprit le interrogations qui remettent en cause les codes ancrés dans notre conscience culturelle et
Le bestiaire Lacoudre, lithographie, 1997, Nous, livret médium vidéo. Mais saisir le réel ici suppose pour sociale. L’acte de réappropriation démontre que les « choses » peuvent être variables,
portable, 1998. l’artiste la contrainte d’être contemporain de l’action ou modifiables et ne sont peut-être jamais exclusivement ce qu’elles paraissent être…
2. La plupart des gens se contentent de faire ce qu’ils ont de la susciter. Des dessins de 1993 s’associent à une réflexion2 sur Brigitte Bardot et le mythe B.B..
toujours fait : aujourd’hui sera comme hier, et demain ça 5. Sur les pièces de dominos de Jeu de société sont Rosemarie Trockel confronte le texte de Simone de Beauvoir Brigitte Bardot et le syndrome
continuera. C’est comme ça pour moi, installation, 2003. dessinés : des châteaux forts, des lieux de cultes chrétiens, Lolita (1959)3, à une série de croquis où la comédienne se trouve enlaidie par une moue
Première phrase du roman d’Howard Fast, Sylvia. des mosquées, des moulins à vents, des maisons de villes à exagérément boudeuse ou par des ombres hachurées portées sur son visage. La
L’installation est composée de balles sur lesquelles est deux étages, des tours surmontées d’antennes de télévision, comparaison de ces deux points de vue souligne le processus de fascination et de répulsion
dessinée une lettre. Les balles mises bout à bout forment des tentes d’indiens, des igloos, des champignons ouverts pour cette figure emblématique. La même année, elle lie ses traits à ceux de Bertold Brecht.
la phrase. de portes et fenêtres, tout droit extraits de la B.D. de Peyo, Teinté d’une certaine ironie, ce double-portrait laisse voir tantôt l’actrice, cheveux ras avec
« Dans cet extrait, le narrateur semble résigné à vivre une des usines, des caravanes et signes des temps précaires : des lunettes d’intellectuel de gauche, tantôt le dramaturge allemand avec de longs cheveux
vie qui ne lui plait pas mais faute de mieux il s’en des boîtes en carton. Jeu de société, 1998, jeu sérigraphié blonds et révèle que ces deux personnalités antagonistes ont les mêmes initiales.
contente. Il semble calé « comme les balles qui le sont en coédition avec le Petit Jaunais. L’association de ces lettres démontre le caractère de « logo » qu’elles symbolisent pour
entre le mur et le sol » dans ce semblant de confort. Il 6. Deux lithographies, M’aimer, et, T’aimer, 2000, Brigitte Bardot devenue un « produit ».
suffirait de peu pour que cela explose et que sa vie représentent un mouchoir noué avec la mention En 1995, l’artiste expose à la galerie Metropol de Vienne cinq portraits de sa famille. La
change. » (Dominique Lacoudre) manuscrite qui donne son titre à l’œuvre. mère, le père, la grande sœur, la petite sœur et elle-même présentés sous la forme de cinq
3. Voir Abcdaire Dominique Lacoudre, lithographie co- 7. Forme plurielle ajoutée à la demande de l’artiste.

Dominique Lacoudre : Qu’est-ce qui rend nos extérieurs si calme, doux et serein
08/03 - 19/04/03 - appartement/galerie Interface, Dijon

6

L’arête (1983), Le petit château ou Le Le dessein du design

Pacman (1984), Le vélo ou La saucisse et les Il y a belle lurette que le territoire du design est une source d’inspiration pour les artistes
plasticiens qui en explorent toutes les composantes socio-culturelles : ambiances expressives
œufs (1985), La tête violette (1986), La toile d’une société de consommation avide de changements, limites peu discernables entre les
champs de l’art, de la mode, de l’architecture et des arts décoratifs. Dès Duchamp, les
rouge (1987), La Pieuvre (1990), Les Fleurs Avant-Gardes, le Pop Art, le Minimalisme, plusieurs générations d’artistes ont développé
leur travail dans ce domaine que ce soit Donald Judd, Vito Acconci et plus récemment John
carnivores (1991), Le Char aux lapins (1991), Armleder, Sylvie Fleury, Angela Bulloch, Jorge Pardo, Tobias Rehberger, Franck Scurti,
Didier Marcel et de nombreux autres.
La Course en sacs (1992), Professeur Dans le champ du design, si une grande partie de celui-ci applique la formule
fonctionnaliste du Bauhaus « la forme suit la fonction », il y a longtemps aussi que les
Suicide (1995), Les papas (1995), recherches ont réintégré les dimensions symboliques, poétiques et ludiques inhérentes aux
productions d’espaces et d’objets.
SuperChaton (1997), L’Araignée (2000), Les Malgré ces évolutions convergentes, en ce qui concerne les lieux de monstration ou de
diffusion en France en particulier, art et design restent le plus souvent dans leurs territoires
Suspects (2000), Jurassic Pork (2001), Les respectifs. Les initiatives visant à échapper à ce cloisonnement préjudiciable n’en sont que
plus remarquables : ainsi au sein de la Biennale de Design de Saint-Etienne, parmi le champ
Somnambules (2002). Les personnages de de recherche bien balisé et créatif du design d’objet, quelques propositions individuelles se
Séchas, aujourd’hui chats et martiens distinguaient par une dimension sémantique, ludique et moins conventionnelle que la simple
principalement, lient le spectateur au récit et approche formelle, qui reste la norme malgré tout.
l’invitent à la stupéfaction. Ce qui intéresse tout particulièrement Alain Séchas dans le dessin, Ce n’est pas un hasard, si la galerie lyonnaise Roger Tator1, dans le cadre de la Biennale
c’est la spontanéité d’exécution et l’instantanéité de l’observation, qui intègrent immédiatement « Off », permettait une confrontation entre les designers Yannick Vey, Bertrand Voiron,
le spectateur au récit sans lui laisser une possibilité de retrait. D’ailleurs, il s’en explique : « Alexandra Audry, Philippe Million et Mathieu Mercier, artiste plasticien. D’emblée, le travail
J’applique à moi-même cette immédiateté que j’attends du spectateur. Quand je fais un dessin, de ce dernier donne le ton : l’étagère noire garnie d’objets bleus, rouges et jaunes
je ne le reprends jamais »1. Ainsi son « travail consiste à fabriquer des petits systèmes qui soigneusement disposés constituait une version domestique et malicieuse d’une proposition
piègent le spectateur. Des pièges visuels »2. Ses titres induisent eux aussi l’immédiateté de néoplastique selon « De Stijl », une photographie grand format d’une table de camping
l’interprétation. prise à la verticale élevait cette humble compagne de nos escapades au rang de
Usant de la sérialité de la figure du chat et partant d’un procédé proche de la bande dessinée, « monochrome bleu ». Nous comprenions comment les soixante-dix dessins découpés de
Yannick Vey pouvaient être par multiplication à l’origine des parois et revêtements ajourés
échasAlain Séchas, grâce à la rapidité et au décalage induits par le dessin, joue entre la représentation remarqués à la Biennale pour leurs motifs sexués inhabituels. Nous retrouvions la relation
en deux dimensions et la figuration en trois dimensions ; Les Fleurs carnivores datant de féconde établie par Bertrand Voiron et Alexandra Audry, entre les codes du dessin et
1991 en est particulièrement exemplaire. À plat, en deux dimensions sur papier ou sur toile, ou l’espace à trois dimensions, déjà à l’origine de la table aux pieds présentés à la fois en
en volume, en résine blanche ou peinte, ses créations demeurent des dessins. coupe et de profil ; face au pseudo-radiateur généré par le déroulement parallélépipèdique
Des dessins, oui, mais souvent des dessins animés, en mouvement, car pour autant qu’elle soit d’un tuyau de cuivre, nous suivions la malicieuse filière du dessin qui se fait volume et
proche de la bande dessinée, l’œuvre d’Alain Séchas est également très proche du cinéma et espace. Mais la synthèse de cette confrontation, c’est le designer Philippe Million2, qui
beaucoup de ses saynètes, de ses histoires, font référence au temps et à la séquence l’opérait avec des propositions fonctionnelles, réalisées au moyen d’objets détournés de
cinématographiques. Comme le confie l’artiste, son travail s’inspire de la « dynamique de l’arrêt façon ludique, jouant avec les références avec humour et légèreté. Nous avions pu
sur image » ; en effet ses personnages sont comme figés dans un gel cinématographique ou apprécier à la Biennale la barrière de sécurité déformée en banc de jardin, nous ne
vidéo. Lors d’un entretien, l’artiste a déclaré que : « C’est un mouvement où tout s’est ossifié, pouvions que sourire devant les quatre panneaux laqués appuyés obliquement au mur,
concrétisé, solidifié, glacé. Une pause mortelle mais pas morbide »3. Ses œuvres peuvent parfois portant à différentes hauteurs des dispositifs lumineux sous des demi-corbeilles à papier en
être lues comme un court-métrage, le récit filmique ou plus exactement, le récit dessiné se plastique translucide servant d’abat-jours ; une banale chaise de cuisine en Formica était
trouve ramené à une ou deux images. métamorphosée par la réduction de son dossier à une taille embryonnaire ; grâce à des
Conscient du pouvoir visuel et parfois tactile du dessin, Alain Séchas élabore une œuvre consoles métalliques fixées dissymétriquement, les petites étagères dessinaient des
résolument originale, séduisante et cultivée, unie autour d’un médium traditionnel, qu’il décline graphismes inhabituels sur le mur ; sous la table laquée rouge, sur le panneau de gauche
servant de piètement, se cachait discrètement dans l’ombre le grand portrait
sans hiérarchie de valeurs dans des variations inépuisables : la série de dessins, le dessin-film (2 photographique d’une femme.
Dans cette intelligente confrontation se dissout la frontière conceptuelle entre objet d’art et
+ 1 dessins), le dessin-sculpture. objet fonctionnel : en effet, ici, le « dessein du design » est bien de reconstruire entre
l’homme et son environnement quotidien une relation symbolique et affective excédant
Astrid Gagnard largement la simple fonction utilitaire. Theodor Adorno explicite de façon claire le champ
de cette passionnante recherche dans le monde contemporain : « s’il y a dépérissement de
1.2.3. Voir www.strasbourg.fr/F/ligneb/art/sechas.htm l’expérience acquise, la faute en revient pour une très large part au fait que les choses étant
et www.strasbourg.fr/F/ligneb/art/dessins.htm, soumises à des impératifs purement utilitaires, leur forme exclut qu’on en fasse autre chose
Conversation avec Alain Séchas, Strasbourg, juin 1999. que s’en servir ; il n’y est plus toléré le moindre superflu, ni dans la liberté des
comportements, ni dans l’autonomie des choses, or c’est ce superflu qui peut survivre comme
têtes en plâtre, chacune un noyau d’expériences car il ne s’épuise pas dans l’instant de l’action. »3.

accompagnée d’un groupe Marie-France Vo

de dessins. Les caractères 1. Depuis plusieurs années, la galerie lyonnaise développe un programme très intéressant visant à interroger les
nouvelles dimensions du design : en octobre-novembre 1998, l’artiste Veit Stratman reculait la vitrine sur rue
« psychologiques » de dégageant un nouvel espace intermédiaire et ambivalent, une espèce de « virus » dans l’espace urbain ; en décembre
2001 et 2002, dans le cadre des illuminations monumentales de la ville, les artistes de Super-flux, sont intervenus à
chacun des membres sont l’échelle du quartier pour des interventions-lumière à échelle humaine et de caractère souvent intimiste.
2. Philippe Million a montré son travail à la Biennale de Saint-Etienne 2000 et 2002, à la galerie Roger Tator en
énoncés par des signes. octobre 1999. Il a présenté un ensemble de propositions à la galerie Alain Gutharc, 47 rue de Lappe, 75001 Paris
du 1er février au 22 mars 2003.
Par exemple, la figure 3. Ce passage, extrait de Theodor W. Adorno, « Do not Knock », Minima moralia, London,1974, p.40 est cité par
François Piron dans son analyse du travail de Franck Scurti, Artpress, n° 286, janvier 2003. Il nous paraît encore plus
paternelle, représentant de pertinent vis-à-vis de travaux qui conjuguent les dimensions du poétique et de l’utile.

l’autorité, est signifiée

uniquement par une

barbe. Ce thème autobio-

graphique traite de la

famille comme noyau des

conflits personnels, écho à

la pensée d’Hélène Cixous :

« …L’enfant est redevable

à ses parents de la vie et

son problème est de la leur

rendre… »4. Les névroses

qui ont leur origine dans la

Rosemarie Trockel : Kevin at Noon, 2000 structure familiale se révèlent ici par l’extériorisation
Crayon de couleur sur papier graphique. Le dessin prend une valeur thérapeutique,
70,5 x 100 cm devient l’enclave des « troubles » de l’artiste et le
Courtesy galerie Monika Sprüth, Cologne

support de l’expérience de soi.

Réalisés à partir de photographies prises par Rosemarie Trockel, ses derniers dessins, de

grand format, ont pour thème le sommeil et la rêverie. Des hommes sont surpris endormis

dans des lieux publics, des trains, des avions, des parcs. Situation contre nature où la

passivité et l’inactivité masculines se trouvent confrontées à une société qui prône le travail,

l’efficacité et l’action. Moyen d’exploration subjective de la réalité, mais aussi lieu

d’expérience intime, le dessin au même titre que la vidéo, la photo… dans la démarche

artistique de Rosemarie Trockel cherche à interroger les comportements sociaux, à

déterminer les modèles de pensée ou de conscience établis dans notre société. Cette oeuvre

polysémique, ironique parfois, propose de nombreuses entrées et sorties, mais jamais de

vérité définitive. Rosemarie Trockel déclare : « …Découvrir des brèches, ça m’intéresse (…).

Vue sous cet angle la découverte de hasards est une affaire passionnante...»5.

Marlène Gossmann

1. Propos de Rosemarie Trockel, cité dans De Beuys à Trockel : dessins contemporains du Kunstmuseum de Bâle, Paris,
Edition du Centre George Pompidou, 1996.
2. Rosemarie Trockel conçoit entre autre une vidéo, Fan Fini : trois « fans », maquillées et portant des perruques
blondes comme Brigitte Bardot, sont interviewées. Ainsi que trois photographies scannées puis reportées sur toile, Fan
I, Fan II et Fan III : R. Trockel utilise une photo d’elle-même adolescente dans une chambre devant un mur couvert
d’images de vedettes dont celle de la comédienne.
3. Simone de Beauvoir, dans ce texte, juge positivement Brigitte Bardot ; elle voit représenter et réaliser en elle
l’autonomie sexuelle de la femme ; texte reproduit dans Rosemarie Trockel, Groupements d’œuvres 1986-1998, mac,
Marseille, 1999, p. 54-57.
4. Texte cité in Rosemarie Trockel, Groupements d’œuvres 1986-1998, mac, Marseille, 1999, p. 12
5. Propos cités in Kunstforum, vol. 93, 1988

7

belfort HORSD’ŒUVRE n° 12 Marc Couturier chez
édité par l’association Interface
École d’art Gérard Jacot INTERFACE
2 Avenue de l’Espérance 12 rue Chancelier de l’Hospital « L’embarquement pour s’y taire »
90000 Belfort 21000 Dijon ou
tél. 03 84 36 62 10 tél. / fax : 03 80 67 13 86 « Veux-tu monter dans mon Watteau
ouvert de 10 h à 12 h et e-mail : [email protected]
de 14 h à 18 h du lun. au sam. http://www.interface-art.com
® « Parcours 1980-2002 » : Un bateau à demi pris dans la glace,
09/05 - 15/06/03 Comité de rédaction : flottant des deux côtés du miroir
Laurence Cyrot, Valérie Dupont,
besançon Astrid Gagnard, Marlène genève nancy st sauveur en puisaye troyes
Gossmann, Guillaume Mansart,
Le Pavé dans la Mare (Org.) Michel Rose, Marie-France Vo MAMCO Galerie Art Atttitude Hervé Bize Crac - Château du Tremblay CAC - Passages
6 rue de la Madeleine 10, Rue des Vieux Grenadiers
25000 Besançon Coordination et mise en page : 1205 Genève - Suisse 17-19 Rue Gambetta 89520 Fontenoy-en-Puisaye 9 rue Jeanne d’Arc - 10000 Troyes
tél. 03 81 81 91 57 Frédéric Buisson tél. 00 41 22 320 61 22 54000 Nancy ouvert de 14 h à 19 h sauf lun. ouvert de 14 h à 18 h, mer. 14 h à 20 h
Lieux : la Gare d’eau / ouvert de 12 h à 18 h, du mar. au ouvert du mar. au sam. tél. 03 86 44 02 18 sauf dim. et jours fériés
Esplanade de la Grette/ Place Risler Ont participé à ce numéro : ven., de 11 h à 18 h les sam. et dim. de 14 h à 18 h et sur rdv ® « Artistes contemporains icaunais » : tél. 03 25 73 28 27
ouvert tous les jours de 14 h à 18 h 30 Renaud Diligent, ® « Fragments d’un discours italien » tél. 03 83 30 17 31 30/03 - 11/05/03 ® « Attitude d’artistes » Louis Couturier,
nocturne les ven. et sam. jusqu’à 21 h Astrid Gagnard, Jérôme Giller, B. e Bruno, P. Gilardi, E. Marisaldi, ® « Morellet (encore ?) » François ® J.-L. Vetter, J. Chantarel, F. Rolland, Jacky Georges Lafargue :
® « Import/Export - L’art dans la ville Marlène Gossmann, Éric Laniol, M. Nannucci, G. Piacentino, M. Zaza ; Morellet : 10/04 - 14/06/03 G. Morel, A. Girard : 16/05 - 10/04 - 23/05/03
des containers martimes investis par Guillaume Mansart, « Isola (Art) Project » ; ® « Morellet (encore ?) » François 25/06/03 ® « Comment s'y retrouver » Ivan
des artistes » S. Decker, N. van de Valérie Pugin, Michel Rose, « Art, architecture, utopie en Toscane Morellet : 10/04 - 14/06/03 ® Armand Avril : 01/07 - 31/10/03 Messac : 04/06 – 14/08/03
Steeg, PAC (coll. d’artistes suisse), ALP Marie-France Vo (60-70) ; « Architecture radicale,
(Collectif d’artistes de Toulouse) : Schema, Zona » : 28/05 - 21/09/03 nantes sélestat turin - italie
26/05 - 21/06/03 Couverture :
IDA TURSIC & WILFRIED MILLE gray Ipso Facto Frac Alsace Galerie d’Art Moderne
bourbon lancy Lolo Ferrari, 2003 56 Bd Saint-Aignan - 44100 Nantes 1, Espace Gilbert Estève La Promotrice
fusain sur papier Musée Baron Martin tél. 02 40 69 62 35 67600 Sélestat Viale Balsamo Crivelli 11
Pour l’art contemporain © I. Tursic & W. Mille tél. 03 84 64 83 46 ouvert le sam. de 14 h à 18 h et sur rdv tél. 03 88 58 87 55 Parc Valentino - Turin
4 rue Pingré ouvert de 14 h à 17 h sauf mar. ® Carl Hurtin, Carole Douillard : Ouvert du mer. au sam. de 14 h à 18 h ouvert du ven. de 15 h à 19 h, sam. et
71140 Bourbon Lancy Double page intérieure : ® Michel Paysant, Longissima Via : 18/04/03 - 10/05/03 le dim. de 11 h à 18 h dim. de 10 h à 13 h et de 15 h à 19 h
tél. 03 81 81 91 57 MARC COUTURIER 22/03 - 04/05/03 ® « Juste pour un soir » Damien ® « Un peu d’incertitude » Etienne tél. 03 25 73 28 27
® Édition : « Les yeux d’Elsa » Les Pointe d’argent, 2003 Bourdeau : 07/06/03 Bossut : 21/05 - 31/08/03 ® « Collections sans frontières » Coll.
Riches Douaniers (25 photos n & bl., © M. Couturier grenoble ® « Carte blanche » Strcuture AA (Le ® « Le jardin du Frac 2002-2003 » Frac Alsace, Bourgogne, Champagne-
13 x 18 cm + coffret bois noir, tirage Havre) : 03/05/03 - 17/05/03 Michel Aubry & Sébastien Argant : Ardenne, Franche-Comté, Lorraine :
20 ex.) : 200 Euros Remerciement : Bruno Voidey Magasin / Cnac inauguration le 20/05/03 à 18 h 17/04 - 08/06/03
Site Bouchayer-Viallet paris
bourges Publié avec le soutien de la 155, Cours Berriat sotteville-lès-rouen publications
Direction régionale des affaires 38028 Grenoble Cedex 1 Palais de Tokyo
Emmetrop / Le Transpalette culturelles de Bourgogne, du tél. 04 76 21 95 84 Trafic, Frac Haute-Normandie L’Office - ENSBA de Dijon
26 Route de la Chapelle Conseil régional de Bourgogne, ouvert de 12 h à 19 h, sauf lun. Site de création contemporaine 3, place des Martyrs-de-la-Résistance 3, Rue Michelet - 21000 Dijon
18000 Bourges de la Ville de Dijon et de ® « Œuvres o-istes » Jim Shaw : 13 avenue du Président Wilson 76300 Sotteville-lès-Rouen tél. 03 80 30 21 27
tél. 02 48 50 38 61 l’ensemble des structures 14/06 - 14/09/03 75116 Paris tél. 02 35 72 27 51 ® Lilian Bourgeat, Cat. d’expo. /
ouvert de 15 h à 19 h du mar. au ven. annoncées dans l’agenda M° Iéna ou Alma-Marceau ouvert du me. au dim. de 13 h à 18 h Coprod. Centre d’art de Castres,
et de 14 h à 18 h les sam. et dim. limoges ouvert tous les jours de 12 h fermé les jours fériés Le Consortium (Dijon)
® Bertrand Lamarche : Impression : ICO Dijon à minuit sauf lun. ® « L'esprit du lieux » Suzanne Lafont, ® Gerald Petit - out of nowhere, Cat.
15/03 - 27/04/03 Tirage 5 000 exemplaires Frac Limousin ® « The Wide Show » Kyupi Kyupi : Ken Lum, Yvan Salomone, mono. / Coprod. Atheneum (Dijon),
® « Le Temps d’un Week-End n°5 » « Les Coopérateurs » jusqu’au 11/05/03 Franck Scurti, Frédéric Vaesen, Niek Caisse des Dépôts et Consignations
Étudiants du Collège M. Duchamp Atheneum - Centre culturel Impasse des Charentes ® « We Are the World » Guillaume Van de Steeg, Stephen Willats... : (Paris), Elmlalfructidor
(Châteauroux) : 09 - 11/05/03 87100 Limoges Paris : 17/04 - 25/05/03 23/05 - 27/07/03 ® 104 MURS (C. Brand, E. Régent, Y.
® Jean-Michel Sanejouand : de l’université de Bourgogne tél. 05 55 77 08 98 ® « Game is over » Lars Nilsson : Robuschi), Cat. d’expo. /
31/05 -13/07/03 1 Rue Edgar faure ouvert de 10 h à 18 h du mar. au ven. / 06/05 - 29/06/03 tanlay Coprod. Galerie éof & Ensba (Paris)
21000 Dijon de 14 h à 18 h le sam., ® Daniel Pflumm : 05/06 - 24/08/03 ® François Pluchart - L’Art ; un acte
La Box tél 03 80 39 52 20 fermé dim. lun. et jours fériés Centre d’art de l’Yonne de participation au monde, Anthologie
9 rue Edouard Branly 18006 Bourges ouvert de 10 h à 17 h du lun. au jeu., ® « Musique pour les yeux » pougues-les-eaux Château de Tanlay / Coprod. CNAP, Les Archives de la
tél. 02 48 24 78 70 de 10 h à 12 h le ven., fermé le 09/05 Rolf Julius : 11/04 - 21/06/03 89430 Tanlay critique d’art (Châteaugiron), Ed. J.
ouvert de 15 h à 19 h sauf dim. ® « À quoi servent les miroirs ? » Centre d’Art Contemporain ouvert tous les jours. de 11 h à 18 h 30 Chambon (Paris)
et jours fériés Bruno Girard : 05 - 28/05/03 mâcon Parc Saint-Léger tél. 03 86 72 85 31 ® Blondasses - Alexandre Périgot,
® « Low-thèque » Bruno Peinado : ® « Résidence d’artiste - Performance » Avenue Conti ® « Qui a peur, du rouge, du jaune et Cat. d’expo / Coprod. Artémis,
09 - 27/04/03 Lilian Bourgeat : courant 05/03... Musée des Ursulines 58320 Pougues-les-Eaux du bleu » : 02/06 - 28/09/03 Champs d’art, Ecole des BA
® Éric Maillet : 07/05 - 04/06/03 20 Rue des Ursulines tél. 03 86 90 96 60 (Montpellier), Frac Languedoc-
® « Festival Synthèse » Peter Bosch : Galerie Interface 71000 Mâcon ouvert de 14 h à 18 h sauf lun. et mar. Abbaye Notre-Dame de Quincy Roussillon, Galerie Maisonneuve,
07 - 14/06/03 12 rue Chancelier de l’Hospital tél. 03 85 39 90 38 ® James Hyde : 29/03 - 07/06/03 89430 Tanlay Mairie de Castelnaudary
® David Rych : 19/06 - 09/07/03 21000 Dijon ouvert de 10 à 12 h et de 14 h à 18 h ® « La grille n°2 » Frédéric Lormeau : org. Centre d’art de l’Yonne ® WITH - A. Czifra, C. Debeaumarché,
tél. 03 80 67 13 86 sauf lun., dim. matin et le 14/07 21/06/03 ouvert tous les jours de 10 h à 12 h et
chatou ouvert de 15 h à 19 h ® « Lamartine et le paysage ® Gina Pane : 05/07 - 05/10/03 de 14 h à 17 h sauf le mar. M. Malthet, O. Lecreux, H. Iodrschin,
le mer., ven. et sam. et sur rdv romantique autour de Paul Huet » : ® « Sculptures » Vincent Barré :
Centre national de l'estampe ® « Ainsi sont les uns » Sung-Soo Kim, 23/05 - 31/08/03 reims 12/07 - 15/10/03 A. Castelle, F. d’Alessandro, H. Dodet,
Jérôme Chazeix, Jihane El Meddeb :
et de l'art imprimé - cneai 30/04 - 31/05/03 Musée Lamartine Frac Champagne-Ardenne thiers T. Baudouin, A. Sanchez, D. Cazé, S.
Maison Levanneur ® Emmanuelle Jardinot : 41 Rue Sigorgne - 71000 Mâcon 1, Place Museux Todorovicz, Cat. Coll. / Coprod.
Île des impressionnistes 14/06 - ?/09/03 ouvert de 10 à 12 h et de 14 h à 18 h 51100 Reims Centre d’art - Le Creux de l’Enfer Onestarpress (Paris)
78400 Chatou sauf lun. et dim. matin tél. 03 26 05 78 32 Vallée des Usines à paraître :
tél. 01 39 52 45 35 dole ® « Marianne de Lamartine » : ouvert de 14 h à 18 h le mar., jeu. 63300 Thiers ® Poncif habitable et autres
ouvert de 10 h à 18 h, du mer. au ven. 23/05 - 31/08/03 sam. et dim., de 12 h à 18 h le mer. tél. 04 73 80 26 56 chambres - Denis Pondruel, Cat.
et de 12 h à 18 le sam. et dim. Frac Franche-Comté / et ven., fermé le lun. et jours fériés ouvert de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h mono. / Coprod. Afaa, Frac
® Kyoichi Tsuzuki : 09/03 - 18/05/03 metz ® « Jeunisme 1 » : 11/04 - 06/07/03 les sam. et dim. de 14 h à 19 h, sauf mar. Bourgogne, Maison de la culture
Musée des Beaux-Arts ® « Alchimique Cinéma » : 06/05/03 ® Xavier Zimmerman : (Amiens), Centre d’art A. Malraux
delme 85 rue des Arènes Faux Mouvement ® « Rencontre avec jean-Baptiste 15/03 - 18/05/03 (Colmar), Passages (Troyes)
39100 Dole 4 rue du change André » : 180/05/03 à 17 h ® Le paysage dans l’art
Synagogue de Delme / tél. 03 84 79 25 85 Place Saint-Louis contemporain, Cat. d’expo. / Coprod.
Centre d’art contemporain ouvert de 10 h à 12 h et 57000 Metz roubaix Maison de la culture (Bourges)
33 rue Raymond Poincaré de 14 h à18 h, sauf lun. tél. 03 87 37 38 29 ® Laure Tixier - Marie Malthet, D.
57590 Delme ® « Le culte de la ligne » ouvert de 13 h 30 à 18 h 30 Espace Croisé Poissenot, 3 Cat. d’expo. / Coprod.
tél. 03 87 01 35 61 Jules Machard : 04/04 - 15/06/03 sauf dim. et lun. Grande Place Atheneum (Dijon)
ouvert de 14 h à 18 h, du mer. au ven. ® Eric Poitevin : 27/06 - 28/09/03 ® « Tu, sempre#4 » Yann Beauvais : BP 40534 ® François Giraud, Cat. d’expo. /
et de 11 h à 18 h le sam. et dim. 03/04 - 17/05/03 59059 Roubaix Cedex 1 Coprod. Drac Réunion
® « New barroco » Delphine Coindet : ézanville tél : 03 20 66 46 93
02/03 - 11/05/03 montbéliard ouvert du mar. au sam. de 14 h à 18 h Bon de commande
Sémiose Éditions ® Saverio Lucariello : 28/09 - 16/11/02
dijon 66 Ter Route de Domont Le 10 Neuf
95460 Ézanville 19 Avenue des Alliés Réglement par chèque ÉditionsINTERFACE
Frac Bourgogne tél. 06 70 77 13 46 25200 Montbéliard bancaire ou postal à l’ordre de : 12 RUE CHANCELIER DE L’HOSPITAL
49 rue de Longvic ® « 38 artistes x 2 projets = tél. 03 81 94 43 68 INTERFACE 21000 DIJON - tél/fax : 03 80 67 13 86
21000 Dijon 76 autocollants » Dégé, Tom de Pékin, ouvert de 14 h à 18 h du mar. au sam.
tél. 03 80 67 18 18 Mrzyk & Moriceau, Hubaut, le dim. de 15 h à 18 h ORLAN/HORSD’ŒUVRE N°11 ® MARC COUTURIER / HORSD’ŒUVRE N°12
ouvert du lun. au sam. de 14 h à 18 h Madeleine, Lecarpentier, Julliard, ® Jean-François Maurige, François Catharsis - Générique imaginaire n°27 Pointe d’argent, 2003
® « Gazes découpées et peintes - Pétrovitch, Taroop & Glabel, Familiari, Perrodin : 15/03 - 11/05/03 Corporis Fabrica - Générique imaginaire n°26 , 2001-2002 600 x 420 mm
(une sélection) œuvres 1977-1981 » Unglee, Quéméner, Steins, Pine ® Didier Demozay, Christine quadri - Tirage : 200 exemplaires numérotés Impression Offset sur Couché 250 Gr
Daniel Dezeuze : 18/04 - /06/03 Carrington, Brégeaut, Cussol, Pradel- O’Loughlin : 24/05 - 30/08/03 et signés par l’artiste Tirage : 99 exemplaires numérotés
® « Ordre et désordre du monde - Fraysse, Quily, Le bozec, Lacoudre, Prix : 100 Euros (+ 3 Euros de frais d’envoi) et signés par l’artiste
œuvres 1967-1990 » Alighiero e Boetti : Duval, Villeglé, Willem, Boudier, montpellier Peter DOWNSBROUGH/HORSD’ŒUVRE N°9 Prix : 75 Euros (+ 3 Euros de frais d’envoi)
20/06 - 30/08/03 Pouvreau, Ferrer, Puente, Zunino, AND, ET, ICI, 2001
Mailhes, Aballéa, Cox, François, Made Frac Languedoc-Roussillon bichromie - Tirage : 100 ex. tamponnés option encadrement : + 56 Euros (+ frais d’envoi)
Galerie Barnoud in Éric, La Police, Sorbelli, Sandillon, 4 Rue Rambaud par l’artiste au dos
27 rue Berlier - 21000 Dijon Magnin, Hulaut : 20 Euros 34000 Montpellier Prix : 46 Euros (+ 3 Euros d’envoi) ® PUBLICATION
tél. 03 80 66 23 26 ® « livre d’artiste » Dominique tél. 04 99 74 20 35 Jochen GERZ/HORSD’ŒUVRE N°8 catalogue rétrospectif INTERFACE 1995-2001
ouvert de 15 h à 19 h Lacoudre (16 pages, 15 x 21 cm, ouvert du mar. au sam. de 14 h à 18 h YOUR.ART, 1991/2001 coprod. L’Office / Ensba (Dijon)
le mer., ven. et sam. et sur rdv impression offset 2 coul. - coprod. ® Jean-Claude Ruggirello : bichromie - Tirage : 200 ex. numérotés 17 x 21 cm, 96 p., ill. n & bl et coul.
® Gottfried Honegger : interface - dijon , abbaye sainte 13/05 - 21/06/03 et signés par l’artiste Prix : 15 Euros (+ 3 Euros de frais d’envoi)
30/04 - 31/05/03 croix - sables d’olonnes) : ® « Farniente (le Travail c’est la Prix : 31 Euros (+ 3 Euros d’envoi)
9 Euros + 3 Euros frais de port santé !) » : 05/07 - 13/09/03 Ernest T./HORSD’ŒUVRE N°7
Peinture sur palette, détail, 2000
forbach Tirage : 50 ex. numérotés et signés
par l’artiste + 20 E.A.
Galerie Œil ERA Prix : 46 Euros (+ 3 Euros d’envoi)
Lycée Jean Moulin
Rue Maurice Barrès - BP 50058
57601 Forbach Cedex
tél. 03 87 87 76 91
ouvert du lun. au ven. 8 h à 18 h
et le sam. matin de 8 h à 12 h
® « Portrait paysage » Philippe Jacq :
25/05 - 05/06/03

Si vous souhaitez que vos manifestations soient
annoncées dans l’agenda du prochain numéro,
une participation de 30 Euros minimum est demandée.

8


Click to View FlipBook Version