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Pour ce numéro, Philippe Ramette a investi la double-page centrale. Ce fut l’occasion d’aborder la question du « point de vue » (présent aussi dans son œuvre) que l’on porte sur l’art contemporain et de la place qu’on attribue à l’art dans la société, de sa relation au monde ou de son détachement par rapport à celui-ci.

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Published by interface.art, 2017-07-03 10:48:31

Point de vue - Images du monde de l'Art

Pour ce numéro, Philippe Ramette a investi la double-page centrale. Ce fut l’occasion d’aborder la question du « point de vue » (présent aussi dans son œuvre) que l’on porte sur l’art contemporain et de la place qu’on attribue à l’art dans la société, de sa relation au monde ou de son détachement par rapport à celui-ci.

Keywords: point de vue sur l'image du monde de l'art, Frédéric Buisson, pour un art socialisé, Ghislain Mollet-Viéville, Enrico Lunghi, Jérôme Giller, la crise du Lard, Robert Milin, définir l'art, Hubert Besacier, Françoise et Jean Phili^^e Billarant, portrait, Sophie Costes, Jochen Gerz, Paul Ardenne Emmanuel Latreille, Thomas Hirchhorn, Septembre Tiberhiem, Joël Hubaut, ke syndrome du réplicant, Guillaume Mansart, Jean Daniel Berclaz, Claude Closky, Mathilde Villeneuve

le journal de l’art contemporain, juin - nov. 2017
dijon ➤ bourgogne ➤ france ➤ europe ...

39n° www.interface-horsdoeuvre.com Point de vue
Images du monde
de l’Art

couverture : Piero Manzoni

Socle du monde, hommage à Galilée (Base del mondo), 1961

1 fer, 82 x 100 x 100 cm
Collection HEART Herning Museum of Contemporary Art, Danemark

© Piero Manzoni - © Photo : Gunnar Merrild

Édito

Quʼest-ce quʼun « horsdʼoeuvre », le savons-nous vraiment après 20 ans de recette ?
Une initiative dijonnaise Interfacienne qui a su sʼentourer de rédacteurs bénévoles pour
concocter des menus souvent thématiques, évitant lʼécueil des brèves dʼexpositions collant
trop ou pas assez à lʼactualité. Réactiver un artiste, un mouvement, une exposition qui a fait
date, au service dʼune réflexion commune menée en comité de rédaction ou pilotée par un
rédacteur en chef. Que tous ici soient chaleureusement remerciés pour leur investissement
et disponibilité afin de faire vivre ce support papier gratuit.

Lʼoriginalité de ce journal passe aussi dès lʼorigine, par la page centrale offerte comme
carte blanche à un artiste. Le long de ces 40 numéros, de belles rencontres et au final une
collection dʼéditions qui vient sʼenrichir aujourdʼhui par celle de Philippe Ramette. 20 ans
sépare justement notre première rencontre et cette invitation est venue comme une évidence
afin dʼévoquer des « points de vue » sur lʼart contemporain, la place de la création dans
notre société et ce quʼelle engendre comme enjeux parfois éphémères, spéculatifs, etc.
Une (re)définition de lʼArt serait parfois à questionner auprès des acteurs qui font et défont
lʼhistoire en marche : artistes, galeristes, collectionneurs, journalistes, curators, directeurs
dʼinstitution, critiques dʼart… Quelques personnalités sollicitées ont répondu présentes pour
ce numéro spécial, permettant un télescopage de regards, de points de vue sur une question
volontairement très ouverte. Un « Socle du monde » 1 portant notre planète comme vivier à nos
interrogations, réflexions. Sans aucune préméditation, ni commande, Philippe Ramette réactive
ce socle commun magnifique mais parfois renversant à travers un dessin, un motif ironique tout
en points de suspension…

Frédéric BUISSON - Co-responsable d’Interface/horsd’oeuvre, Dijon 2005 : En attendant l’exposition du Frac Bourgogne (49 rue de Longvic, Dijon) © Photo : Michel Rose

1. Piero Manzoni, Socle du monde, hommage à Galilée (Base del mondo), 1961

La photo a été prise à la fin des années 1990 au Frac Bourgogne à Dijon, où Jean-Baptiste Farkas, IKHÉA©SERVICES - Photo : Sylvie Chan Liat  
je me rendais régulièrement à l’invitation d’Emmanuel Latreille, pour participer
aux réunions du comité technique. On y voit Hubert Besacier, Philippe Hardy, Pour un art socialisé
Marc-Olivier Wahler et moi-même attachés à un siège en bois au milieu duquel
se dresse un paratonnerre. L’œuvre est de Philippe Ramette et le message est Personnellement, je m’intéresse à l’art au niveau de tout ce qui constitue ses contours et
clair : au premier orage, la foudre réduira les membres du comité en poussière ! j’entends par là, tout ce qui va pouvoir être généré comme relations au sein de notre société
  au point de voir l’œuvre devenir secondaire face aux comportements qu’elle induit.
Pleine d’humour, la photo a touché un point essentiel du rapport entre l’art, les L’art, c’est un état d’esprit c’est pourquoi je ne suis pas concerné par les œuvres qui sont des
artistes, les curateurs et l’institution : en fin de compte, c’est le premier qui est objets finis sur lesquels on ne pourrait pas intervenir. Mon attention n’est retenue que par les
censé durer, abrité par la dernière, les autres n’étant que des acteurs temporaires, œuvres qui correspondent à la première définition qu’en donne le dictionnaire : une œuvre
condamnés à disparaître. Évidemment, ceci n’est pas une interprétation tout à comme activité, travail. Par exemple « être à l’œuvre » ne signifie pas produire un objet
fait aboutie de l’image, puisque le cliché a été pris dans les locaux du Frac et d’art. Je me sens proche de ce qu’avance Paul Valéry quand il écrit en 1935 : « Et pourquoi
que nous étions donc protégés des intempéries. Mais bon, la mise en scène est ne pas concevoir comme une œuvre d’art l’exécution d’une œuvre d’art » 1.
évidente et puis, il nous reste le plaisir de discourir.  Les artistes que j’associe à mes réflexions, sont donc ceux qui me proposent des protocoles
  m’invitant à réaliser leurs œuvres en les vivant. Idéalement ce seront ceux qui me feront agir
Mais beaucoup de choses ont changé depuis dans le monde de l’art. Il me dans la vie réelle et dont les œuvres varieront au cours du temps en fonction de l’idéologie
semble qu’aujourd’hui, ni les artistes, ni les curateurs, ni même les institutions de leur époque.
n’ont plus grande voix au chapitre. Un peu comme si leur rôle s’était pulvérisé Aujourd’hui il n’est pas question d’avoir pour but de remettre en question l’art, cela a été
face à la puissance foudroyante du marché qui soumet tout à ses règles. Quel est fait trop systématiquement et finalement c’est devenu une sorte de leitmotiv qu’il est temps de
le poids réel de l’artiste individuel, du curateur et même de l’institution (lorsqu’elle dépasser. Il faut plutôt procéder plus radicalement en se déportant hors des lieux de l’art et
n’appartient pas au cercle restreint des grands mastodontes) dans le jeu actuel libérer l’art de l’idée de l’art (et cela c’est déjà tout un art !).
dominé par des collectionneurs milliardaires et des galeries multinationales ? Et Ainsi procède Jean-Baptiste Farkas avec son entreprise IKHÉA©SERVICES qui propose à titre
que compte – ou dure – encore l’art lui-même dans tout ça ? d’œuvres, des conduites nous éloignant de la routine 2.
  L’objectif de Jean-Baptiste est de créer des anomalies dans l’univers normé de nos existences.
Avec le recul et avec un certain amusement, cette photo m’apparaît aujourd’hui Ce sont donc à de véritables défis auxquels il nous invite afin d’expérimenter des situations
comme une métaphore prémonitoire : il faudrait simplement y placer d’autres dont les issues souvent imprévisibles, sont toujours riches d’enseignements.
personnes et, comme alors, attendre l’orage. La foudre fera le reste. Il fait partie de ces auteurs qui privilégient des actions pour lesquelles il n’y a pas un concepteur
Enrico LUNGHI - Commissaire d’expositions et des spectateurs pour une œuvre unique, mais de multiples acteurs qui participent à des
manœuvres collectives dont les artistes sont à l’origine.
Philippe Ramette, Objet cynique, 1996, bois, corde, métal, 246 x 150 x 150 cm, collection Frac Bourgogne En conséquences, avec l’art qui a pour postulat la sociabilité, nous assistons à une mutation
culturelle où l’expérimentation, l’échange ainsi que le partage s’opposent au principe d’une
propriété exclusive de l’œuvre. Je pense en effet que l’art (comme la culture), doit pouvoir
être transmissible de manière illimitée et se fortifier dans la mesure où il est partagé et
exploité par tous.

Enfin activer l’art plutôt que de l’accrocher comme un trophée au dessus de sa cheminée,
voilà qui nous exhorte à devenir les initiateurs d’un certain « art de vivre » décalé et c’est ce
que je souhaite à tous ceux qui viennent de me lire.

Ghislain MOLLET-VIÉVILLE - Agent d’art

1. Paul Valéry, « Mon buste » [1935], Œuvres II, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1960, p. 1362. Je me sens proche
de cette phrase, étant moins attaché au résultat formel donné à l’œuvre, qu’aux expériences qu’elle suscite lors de sa
réalisation et de son exploitation.
2. Jean-Baptiste Farkas, Des modes d’emploi et des passages à l’acte, éditions Mix, Paris, 2010

2

Jérôme Giller : La Crise de Lard

La Crise de Lard est une série vidéographique pensée comme un petit théâtre SAISON 3
satirique et pamphlétaire, dans laquelle Jérôme Giller commente sur un ton absurde L’artiste est un entrepreneur comme les autres. Le modèle de l’économie capitaliste
et volontairement polémique, des œuvres d’art historiques, le fonctionnement et le et les conditions du marché s’imposent à la création artistique. En guise d’Ereignis
milieu artistiques. (Heidegger), les artistes répètent indéfiniment les mêmes gestes éculés, déguisés
Le bavardage et les faits médiatiques autour des œuvres d’art tendent à faire sous la forme de l’innovation. La troisième et dernière saison de La Crise de Lard
disparaître les œuvres au profit de leurs commentaires (qu’ils soient avisés ou montre la répétition des formes plastiques et les stratégies mises en œuvre par les
non). C’est comme si la critique d’art devenait aujourd’hui art elle-même. L’art s’est artistes pour s’adapter à l’économie de marché. Parfois la glorifier !
transformé en industrie culturelle, et le « regardeur » de Duchamp en un simple
consommateur qu’il faut persuader de la pertinence et de la qualité de ce qu’il voit, Leur pays natal : Quelle différence y a-t-il entre Jeff Koons et Walt Disney ? Aucune, les deux ont ouvert un
absolument. Le regardeur est dépossédé de tout sens critique, poussé qu’il est à parc d’attractions en région parisienne !
« hyperconsommer » l’art d’aujourd’hui. Délit d’initié : Quelle différence y a-t-il entre Composition 1, 1931 de Piet Mondrian et Drum and Bass, 2003
En endossant le rôle d’un spectateur polémique, l’artiste propose un essai de de Mathieu Mercier ? L’un est un tableau historique révolutionnaire, l’autre une fourniture historique pour
libération du regard et du sens critique. golden boy célibataire.
SAISON 1 Tous concurrents : Quelle différence y a-t-il entre cette radiographie, cette radiographie, cette radiographie
Les objets sont perçus d’abord et avant tout en termes de valeurs instrumentales. et cette radiographie ? L’une n’est pas à vendre, quoi que !
L’utilité de l’objet est le principe gouvernant dans la consommation. Coaching : Une amie artiste m’a dit : « Un jour, tout artiste d’art contemporain doit avoir réalisé un néon. »...
Partant du présupposé que l’œuvre d’art est un objet comme les autres (c’est- Un néon, un néon, un néon, un néon, etc.
à-dire de consommation), dans la première saison de La Crise de Lard, Jérôme Les fous du Roi : Quel point commun y a-t-il entre les néons de Bruce Nauman, les sculptures de Ugo
Giller décortique les mécanismes attachés à l’économie politique des œuvres d’art. Il Rondinone, les performances de Maurizio Cattelan, les vidéos de Peter Lanz et Jacques Lizène ? En art
compare leur utilité / inutilité face aux objets de consommation courante. Il pointe du contemporain, il faut s’inventer son alter ego, idiot de préférence !
doigt les valeurs symboliques attachées à leur possession. Il analyse les mécanismes Avant-garde : Quelle différence y a-t-il entre par exemple, One and two, 1973 de Charles Ray et Freud
invisibles de leur économie libidinale. rectification, 2004 de Erwin Wurm ou encore Untitled, Providence 1976 de Francesca Woodman et Sans
titre, 1993 de Natacha Lesueur ? En art contemporain, c’est avoir tort que d’avoir raison trop tôt.
La Crise : Quelle différence y a-t-il entre La diagonale du 25 mai de Dan Flavin et ma liseuse ? L’une m’est Ritournelle : Quel lien y a-t-il entre Fontaine de R. Mutt et Mademoiselle Gauducheau de B. Lavier ?
bien utile, l’autre pas. Le déplacement du champ.
La représentation : Quelle différence y a-t-il entre le voler Pierre pour payer Paul de Cosima Von Bonin et ce © Jérôme Giller, La Crise de Lard, 2007-2009, captures d’écran
champignon ? L’un aurait bien servi à Paul, l’autre pas.
L’économie : Quelle différence y a-t-il entre ce Specific object de Donald Judd et ma bibliothèque Ikéa ? Le prix.
Diplomatie : Quelle différence y a-t-il entre The Big One World de Bruno Peinado et le logo Michelin ? L’un est
noir l’autre est blanc, l’un est noir, l’autre est blanc, l’un est noir, l’autre est blanc,etc.
Dans l’intimité : Quelle différence y a-t-il entre 81 rectangles d’acier de Carl André et ma descente de bain ?
L’un est chaud, l’autre est froid.
Mass media : Quelle différence y a-t-il entre l’artiste Pierre Joseph et l’artiste Jérôme Giller ? L’un a vu son
C.V. publié dans la presse, l’autre pas.
L’industrialisation : Quelle différence y a-t-il entre ce tableau peint de Peter Halley peint par Peter Halley et
ce tableau de Peter Halley peint par un assistant de Peter Halley ? L’artiste aurait préféré ne pas avoir posé
la question… il s’abstiendra de toute réponse en s’excusant auprès de l’auditeur attentif…
Le pouvoir symbolique  : Quelle différence y a-t-il entre le bronze peint de Jasper Johns et ces deux
Piedboeuf ? François Pinaud, lui, le sait. À ta santé, François !

SAISON 2
Jean-François Lyotard, dans un article intitulé « Le sublime et l’avant-garde », notait
que « la sublimité n’est plus [aujourd’hui] dans l’art, mais dans la spéculation sur
l’art ». Autrement dit, Jean-François Lyotard faisait le constat d’une mutation du
sublime, de son déplacement de la valeur transcendantale vers la valeur argent.
La seconde saison de La Crise de Lard met en lumière les idéologies souterraines
de la société capitaliste : religiosité et financiarisation de l’art, et glorification de
l’individu-artiste-égotique.

Fétichisme : Quelle différence y a-t-il entre un collectionneur d’œuvres d’art et un collectionneur de bas
résille ? Aucune.
Alléluia : Quelle différence y a-t-il entre cette manifestation et cette manifestation ? L’une est due à un
éclairage public, l’autre est signée Daniel Buren !
Idolâtrie : Quelle différence y a-t-il entre cette foule et cette foule ? Aucune, les deux sont venues adorer le
créateur !
Phynance : Quelle différence y a-t-il entre les clowns de Bernard Buffet et les clowns de Cindy Sherman ?
Les uns ont la cote, les autres pas.
Golden Art : Quelle différence y a-t-il entre le Saint Jérôme écrivant de Michelangelo Merisi dit Le Caravage
et For the Love of God de Damien Hirst ? 4 siècles de capitalisme.
Charité : Pourquoi Wim Delvoye produit-il ses porcs en Chine plutôt qu’en Flandre ? Parce que les éleveurs
chinois les engraissent mieux que les éleveurs allemands, n’est-ce pas Wim !
Catéchisme : Quelle différence y a-t-il entre une performance de Michel Journiac et une vente aux enchères
chez Christie’s ? Aucune, les deux nous enseignent le mystère de la transsubstantiation.

L’art est dans le monde et je dirais même  «  pour le monde  », c’est-à-dire
pour notre humanité sans cesse à créer. Comme il se trouve que je travaille
le plus souvent avec des collaborations de gens, je reçois à l’instant plus de
200 questions et remarques de collégiens au sujet d’une œuvre récemment
placée dans un collège de la région parisienne. Dans cette œuvre j’ai placé des
phrases ordinaires d’élèves – longtemps recherchées par entretiens –, dans
des enseignes lumineuses assez basiques. Aussi je décide ici de leur laisser
la parole sur l’art, avec ce court extrait de leurs multiples interrogations. Je
trouve qu’ils disent beaucoup de choses sur l’art, sur ceux qui font l’art et
sur ceux que l’art ignore.

Robert MILIN - Artiste

Grâce : pourquoi vous avez exposé les émotions des gens ? Philippe : êtes-vous joyeux en faisant votre
travail ? Océane : pouvez-vous nous faire une œuvre pour que nous puissions l’étudier ? Enzo : est-ce
que vous avez le temps d’être avec vos proches ou alors êtes-vous toujours en train de travailler ?
Hortensia : voulez-vous être connu ? Janna : passeriez-vous l’art avant tout ? Lucile : quels mots
voulez-vous transmettre sur cette œuvre ? Aliou : dormez-vous la nuit ? Assoumani : pourquoi trouve-t-
on ce genre de panneaux dans le collège alors qu’on les trouve particulièrement dans les hôpitaux et les
pharmacies ? Jordon : pourquoi peut-on dire que c’est de l’art moderne ? Antonin : certaines paroles
font réfléchir à leur sens. Que pensez-vous que cela puisse apporter aux élèves ? Naura : je ne vois pas
l’utilité de cette œuvre. A quoi sert-elle ? Justine : les phrases ne sont pas trop dans le contexte et sont
étranges. Sirine : pourquoi aviez-vous choisi de prendre les pensées d’un adolescent ? Maëva : est-ce
que vous aimez lire ? Anissa : pourquoi avez-vous posé des questions à des élèves ? Pina : dans quel
sens avez-vous essayé de dire « comment devenir un être humain » ? Amazight : comment trouvez-
vous toute cette imagination ? Lina : pourquoi avez-vous pris des paroles d’élèves et pas directement
des citations ? Edwina : c’est quoi l’art ? Les phrases ont rapport avec quoi ? Namizat : et pourquoi
des mots comme ça ? Erwan : pourquoi avez-vous eu l’idée de prendre des phrases d’élèves au lieu
de prendre vos propres phrases ? Morgane : que fait de « nous », la personne que l’on est ? Comment
améliorer notre vie avec l’art ? Barbara : je veux bien savoir ce qui vous a inspiré d’écrire les paroles des
élèves ? Maëlys : pour vous quel art représente le mieux « l’amour » ? Subhan : est-ce que vous aimez
votre vie ? Qui vous a influencé de devenir artiste ? Léa : pourquoi avez-vous repris des phrases d’élèves
plutôt que les vôtres ? Ralph : si vous aviez le choix entre le métier d’artiste et le métier de philosophe
que choisiriez-vous ? Et pourquoi ? Brandon : pourquoi toutes ces phrases ? En quoi ça va nous aider ?
Yacine : pourquoi avoir choisi des collégiens ? Pourquoi n’avez-vous pas pris de « vrais » artistes ?

Robert Milin, Des reflets émeraude, 2017, enseignes lumineuses recto verso avec textes, Collège Lucie Aubrac,
Champigny (commande publique du MacVal et du Département du Val de Marne)

3

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© philippe ramette - édition interface, dijon - 2017

Définir l’art ?

Pour une définition de l’art, inutile de chercher la énième
formule lapidaire. Si c’est suffisamment malin, ça tourne au
slogan, repris sans fin jusqu’à perdre tout sens.
Et ça sombre dans le ridicule lorsque le énième magazine
people finit par l’attribuer à une vedette de son pitoyable
panthéon.

Ceci dit, sans entreprendre un cours d’esthétique, il n’est
pas interdit de tenter des approches partielles, susceptibles
de changer d’une époque à l’autre, et surtout de changer en
cours de route dans notre conception intime, en fonction de
notre propre évolution.

Puisque cette question sera posée à d’autres, autant adopter
une position résolument subjective. Et tant pis pour le retour
à l’aura.

D’un point de vue pragmatique, l’art est une activité le plus © Fujiko Nakaya, Foggy wake in a desert: An ecosphere, 1976 (Fog sculpture #94925), vapeur d’eau, National Gallery of Australia, Canberra
souvent gratuite, mue par une pulsion profonde inhérente à
la nature humaine. Ce qui se produit lorsque, de la créativité Du point de vue du récepteur, une rencontre avec l’altérité d’un corps maniériste, la profondeur pigmentaire d’un
qui agite chacun de nous, on passe à l’acte, lorsque la qui nous bouleverse ou change notre vision du temps, notre monochrome, le moment d’acmé dans une performance
créativité débouche sur la création. vision du monde. Ce qui, comme le dit Huysmans, « déplace pianistique de Nam June Paik, la chute d’Agnetti les bras
Quels que soient les prétextes invoqués au cours des âges : nos pantoufles ». chargés de lettres, la grâce d’une aile de papier huilé rêvée
chasse, cultes, magie, célébration de la nature, du corps, de par Panamarenko, un trait à la plume de Jan Schoonhoven...
l’amour... Derrière toutes ces motivations on décèle un élan D’abord le plaisir de l’énigmatique qui nous lance à la
de la vie, le désir d’inscrire sa propre présence au monde, recherche d’un sens. Ce qui interroge le sens et les sens. Le Une énigme, un instant de grâce, la satisfaction optique d’un
une projection de soi mais aussi et surtout une volupté plaisir donc de ne pas tout saisir d’emblée (ce qui relèverait équilibre, la rémanence d’un sourire de chat, la tragédie
d’accomplir. de l’ennui le plus fade). cousue d’humour, l’inattendu, l’ineffable.
Du côté du créateur ou du côté de celui qui regarde ou écoute,
c’est avant tout une formidable source d’interrogation, de
doute et, somme toute, de satisfaction.

« Il y a art » – pour reprendre la formule de Jean-Marc Poinsot – Souvent enfin la délectation d’une expérience esthétique qui Hubert BESACIER - Critique d’art & Commissaire d’expositions
lorsque se produit devant la proposition d’autrui, un moment advient face à l’impondérable : la transparence d’une voix
de connivence. Une coïncidence dans l’intersubjectivité : dans un lied, la lumière bleutée qui imprègne la coiffe de
l’instant où le singulier rencontre le singulier. la jeune fille au pichet du Metropolitan, la torsion élancée

© Lise Duclaux le lointain nous ne à regarder la pensée sauvage on
sommes calme la colère a tous
clôt l’espace visuel et inaugure rdieepnrès besoin de
qauuetrleess conditions
l’horizon ne se ressemble jamais favorables

Nous sommes devenus assez réticents à évoquer l’art
contemporain dans notre société car il prend maintenant
la figure de Janus : une face qui montre des artistes
magnifiques, des responsables de musées et centres d’art,
des galeristes pleinement engagés et suivis par des amateurs
enthousiastes, mais dont, à part quelques critiques sérieux,
on ne parle pas assez et une autre face avec des artistes
businessmen, des marchands et des «  collectionneurs  »
spéculateurs, mondains ou à la recherche d’un passeport
social, dont certains journalistes font leurs choux gras.

Le phénomène de mode qui s’est emparé du monde de l’art
contemporain ces vingt dernières années fait croire qu’il est
accessible et vient à chacun comme un spectacle alors qu’il
exige une approche, un apprentissage et un engagement
personnel.

Nous devons à l’art et aux artistes beaucoup des plus
beaux moments de notre vie et notre façon d’exprimer notre
gratitude est d’offrir au regard les œuvres que nous aimons
et de partager avec tous ceux qui le souhaitent notre passion.

Françoise & Jean-Philippe BILLARANT - Collectionneurs

Le Silo, Marines (95) : Lawrence Weiner, François Morellet © André Morin, Paris

6

Philippe Ramette, Os Homini Dublime Dedit Caelumque Tueri Iussit et Erectos Ad Écoutez le poème de Li Po : « Je pose mon instrument à
Sidera Tollere Uultus - Ovide - Les Métamorphoses, 1992, collection Mamco, Genève cordes sur la table ronde ; pourquoi devrais-je jouer ?
Un vent va venir pour le faire. » Je crois que c’est ce
Philippe Ramette, L'ombre (de moi-même), 2007, Courtesy Galerie Xippas, Paris genre de musique qui fait dire à La Monte Young :
« Si on regarde un orchestre symphonique en action,
Martin Veyron, Bernard Lermite, le Semeur d’orages, Les Éditions du Fromage, 1981 il est permis de penser au rassemblement annuel du
parti nazi, même si Mozart est au programme. » Li
Portrait : bien fait, mal fait, pas fait Po et La Monte Young parlent de deux façons de faire
de la musique. L’une est celle que nous connaissons
Os Homini Dublime Dedit Caelumque Tueri Iussit et tous. L’autre ne se réfère pas au faire : c’est celle du
Erectos Ad Sidera Tollere Uultus, 1992 vent. Li Po lui propose l’instrument, il le lui tend, il le
Pouvoir regarder le ciel en face - Arpenter le monde lui prête, il le lui rend. Quel musicien, quel amant.
dans une vision panoramique à 360°.
Mais vous, vous voulez écouter Mozart. Vous ne
L’Ombre (de moi-même), 2007 voulez pas écouter le vent. Vous écoutez Mozart, et
Lors de son dernier passage au Mamco, Philippe Ramette Mozart écoute le vent. Li Po, lui, a tout son temps,
nous a décrit l’application qu’il mettait à choisir ses il n’attend pas le vent, il n’attend rien de lui  : il
costumes  : suffisamment seyant pour pouvoir tenir sans est là, l’instrument est là, la table ronde est là, et
effort une heure les bras en l’air… en cas de hold-up. le vent va venir faire de la musique. Le vent n’est
pas un fonctionnaire doté d’un numéro de Sécurité
La première fois que j’ai vu Philippe Ramette, j’ai pensé Sociale  ; il n’est pas non plus un premier violon
au personnage de Martin Veyron, Bernard Lermite dans avec un répertoire, il n’est même pas musicien. Il n’a
le Semeur d’orages 1, la blondeur, le regard et cette pas d’opinion ni de profession, mais il peut noyer
flamboyance mâtinée de gaucherie. les bateaux, nous faire peur et faire de la musique.
Mais alors qui fait la musique  ? Un peu Li Po, un
Sophie COSTES - Conservateur de la collection du Mamco, Genève peu la table, un peu l’instrument et un peu le vent.
Ce n’est pas tout, il y a aussi les nuages qui font
1. Les Éditions du Fromage, 1981 venir le vent et la colline qui le brise. Demandez
à un physicien, il ne saurait mettre un point final à
la liste des musiciens. Demandez à Eliade. Posez-
vous la question. On ne peut dissocier « faire  » et
«  être  ». Si je fais de la musique, c’est que je suis
moi-même aussi la musique  ; et au départ nous ne
pouvons dissocier non plus : faire, voir et écouter. Si
je regarde, si j’écoute, c’est que je fais aussi, c’est
que je suis aussi. C’est peut-être pourquoi Dürer écrit
que, pour dessiner un arbre, il faut être un arbre.

Jochen GERZ - Artiste

Extrait de Image de la nature-nature des images (1984) dans Jochen
Gerz, De l’Art, textes depuis 1969, École nationale supérieure des
beaux-arts, collection Écrits d’artistes, Paris, 1994 (pp 209-210)

Toute l’histoire de la culture est perspectiviste : elle s’organise en fonction de l’affirmation d’un point de vue. Loin de
constituer une vérité, ce point de vue relève de l’opinion : point de vue religieux, politique, moral, symbolique. Il n’y a guère
à dire de plus, sinon cette évidence, mille fois constatée : les guerres du sens sont des guerres des points de vue, la victoire
étant pour finir l’imposition du point de vue du plus fort. Il reste à espérer, du moins, que le point de vue qui l’emporte
complaise au plus grand nombre. Sinon, la frustration, l’envie de recommencer la guerre.

Paul ARDENNE - Historien de l’art et Écrivain

Chère Nadège, chère Siloé, cher Fred,

Ah  ! mais pour un peu j’allais vous oublier… INTERFACE
À peine rentré d’Athènes (il y a des tas de Journal HORSD’ŒUVRE
choses intéressantes qui interrogent le monde, 12 rue Chancelier de l’Hospital
sans oublier l’art), en passant par Venise (cette 21000 DIJON
année, beaucoup d’art venu des profondeurs du
monde), il a fallu que je fasse un saut à Paris, (amenez les hors d’œuvres et quelques quilles
via New York, et me voilà, dimanche, à tirer des de Bourgogne, le Picpoul me lasse). Et puis on
bords sur l’étang de Thau, avec Cédric et Eric, remontera le Canal du Midi : au Somail, Jimmy
à la recherche de Philippe Ramette qui, d’après Richer a fait une très jolie boîte à musique pour
un message de Noëlle, s’y est immergé plusieurs les oiseaux, et les touristes. Et, jusqu’à Toulouse,
semaines pour de nouvelles images avec les on a fait un joli programme…
hippocampes  ! On ne le voit pas remonter. On Des bises.
s’inquiète. On lui envoie des messages. Rien
n’y fait, il ne répond plus. Pour peu qu’il se Emmanuel LATREILLE
soit positionné à l’endroit (pour une fois), il est
probable qu’il ne comprenne plus nos signaux. Directeur du Frac Occitanie Montpellier
Comment savoir ?
Venez quand vous pouvez  (avec Clairelle et
Gaspard, qui doit aller sur ses 11 ans) : on le
cherchera ensemble. Le Midjet-La prairie de Torne
glisse à merveille et, si on a de la chance, on
retrouvera notre ami au milieu des tables à huitres,
à lécher les couteaux et glouglouter des encornés

Eric Watier, Sans titre, Autocollant sur croiseur Midjet-La Prairie, visible au port de Tabarka à Marseillan et en
navigation sur l’étang de Thau. Une proposition de Cédric Torne. © Photo : PepitPictures.com

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Pourquoi je pense intellectuelles et à faire preuve de ténacité. Je conçois l’art – une forme d’égalité – à l’affirmation : l’Autre est inclus
ce que je pense ? comme une mission, la mission d’accomplir – en dépit du dans « moi » et dans « je ». Comme Édouard Glissant
succès et en dépit de l’échec. Considérer l’art en termes l’a exprimé magnifiquement, puissamment : « L’Autre est
Je pense que l’art est universel. L’universalité signifie de « succès » ou d’ « échec » est insensé, l’art peut être en moi, parce que je suis moi. De même, le Je périt, dont
l’Égalité, la Justice, la Vérité, l’Autre, le Monde Unique. L’art une expérience qui ne fonctionne pas, qui ne marche pas. l’Autre est absent. » 1 C’est le problème, le défi, la mission,
– parce que c’est de l’art – peut provoquer un dialogue ou J’ai appris, en faisant des œuvres, que je ne peux pas et la raison pour laquelle j’aime tant faire des œuvres d’art.
une confrontation directement, de un à un. C’est pourquoi être le « déçu », et n’ai en aucun cas le droit de l’être, et L’art est un outil qui me permet de rester concentré sur ce
je pense que tout être humain peut entrer en contact avec qu’accepter un raisonnement aussi peu convaincant est qui compte pour moi, sur ce qui est essentiel, la Forme.
l’art, tout être humain peut être transformé par la puissance évidemment et assurément trop facile. La réalité est bien trop
de l’art. Je crois que l’art est le moyen de réinventer le inattendue, imprévisible et surprenante pour une déception Pourquoi je donne la forme
monde. L’art est autonome. L’autonomie, c’est ce qui donne qui, par son luxe et son égoïsme, ne remplit d’autres buts que je donne ?
à une œuvre sa beauté et son caractère absolu. L’art – que l’auto-exonération et la déresponsabilisation. Il n’y a
parce que c’est de l’art – peut créer les conditions d’une et ne peut y avoir de contrôle face à la réalité. L’accepter, La forme est la question la plus importante et cruciale
implication, au-delà de tout. L’art est résistance. L’art résiste c’est faire le premier pas vers l’absence de déception. Se en art, car elle interroge : Comment puis-je prendre
aux faits. L’art résiste aux habitudes politiques, esthétiques, sentir déçu, c’est une posture narcissique pour éviter la position ? Comment puis-je donner une forme à cette
culturelles. L’art est Positivité et Intensité. L’art, parce que véritable déception : la déception envers moi-même, au cas prise de position ? Et comment cette forme peut-elle créer
c’est de l’art, exige l’égalité. Il n’y a pas d’autre précepte, il où je ne donne pas tout ce que je peux et devrais donner une Vérité ? Une Vérité universelle ? Le problème, c’est
n’y a pas d’autre mission. L’affirmation absolue de l’Égalité – ce qui est le risque face à la réalité. C’est pourquoi la de donner une forme, ma forme à moi, quelque chose
est le lien, la connexion cachée et invisible qui donne son déception est le dernier refuge de l’ « âme merveilleuse » qui n’appartient qu’à moi, que je suis seul à voir et
unité à une œuvre. Précisément parce que ce n’est pas un fait, déconnectée de la réalité. Faire une œuvre, ce n’est ni fuir appréhender comme telle, quelque chose que je suis le
l’égalité pure nécessite un combat de chaque instant. ni rêver. Si mon travail est intense, chargé et dense, il a une seul à pouvoir donner. Je veux faire une œuvre d’art tout
Je veux être aux prises avec la réalité factuelle qui me touche, chance de percer, d’ouvrir une brèche dans les dilemmes, en exagération et en précision, une œuvre qui – dans
je veux résister à la tendance qui consiste à me réduire, moi – problématiques, et culs-de-sac actuels, de faire sauter le sa charge et son intensité – représente une forme neuve.
et nous tous –, au rôle d’objet dans notre monde inégal. verrou de la résignation et du cynisme. L’Égalité n’est pas Donner forme est un acte décisif. J’utilise l’expression
Je refuse le rôle de commentateur ou d’observateur qui donnée : je dois me battre pour et je ne peux esquiver la « donner forme » parce que cela veut dire donner une
ne profite pas de la moindre occasion d’affirmer l’Égalité. confrontation en invoquant l’excuse des circonstances ou forme qui vient de moi, donner forme ce n’est pas « faire »
C’est ma conviction et ce en quoi je crois. Oui, je crois du contexte actuel. Afin de résister à l’inégalité, je dois ou « créer » une forme. C’est pourquoi j’ai inventé mon
en l’art et j’ai confiance en l’art. Je pense que l’art est un m’autoriser l’Égalité, je dois m’autoriser à revendiquer le propre « champ de Forme et de Force » pour inclure les
mouvement inclusif, l’art devrait inclure « le public non- fait d’être égal. L’art me permet de revendiquer ma propre notions d’Amour, de Philosophie, d’Esthétique et de Politique.
exclusif », L’Autre, l’indifférent. C’est une richesse commune. logique et de lui donner une forme dans un acte d’auto- Je veux constamment incorporer ces quatre notions dans mon
L’art ne peut jamais agir par ressentiment ou esprit négatif, autorisation. C’est pourquoi pour moi, faire une œuvre est un travail. J’ai déjà exposé l’importance cruciale de la Forme
l’art est toujours et en toutes circonstances opposé à la acte d’émancipation et, à ce titre, une nécessité. pour moi. Dans le champ de Forme et de Force, il y a aussi
discrimination, au racisme et à l’exclusion ; il n’y a pas de la « force », et en mettant en avant la forme en tant que
place pour l’anti-Sémitisme ou pour l’Islamophobie dans Pourquoi j’utilise l’outil ou l’instrument force, je renforce mon travail. Il est nécessaire d’appréhender
l’art. L’art affirme la Vérité, la Vérité créée par chaque que j’utilise ? la Forme comme non-divisible, non-négociable et même –
forme, chaque assertion et chaque conviction. La vérité non-discutable. La forme existe seulement en tant que tout,
n’est pas un fait vérifiable ou une « information vraie ». Travailler en tant qu’artiste signifie appréhender l’art indivisible et complet, en tant qu’atome ou noyau – noyau
Croire en la Vérité est quelque chose d’essentiel. Je place comme un outil, un instrument ou une arme. J’appréhende dur – et ce noyau dur c’est la Forme. La Forme et l’Esthétique
la Vérité sur le même plan que l’Universalité, l’Égalité et la l’art comme outil pour me confronter à la réalité. J’utilise sont interdépendantes, mais il ne faut pas les confondre.
Justice. La vérité est de l’Énergie pure, la Vérité n’a rien à l’outil « art » pour aller à la rencontre du monde dans La Forme est ce qui met de l’éthique et de la clarté dans le
voir avec la « qualité ». J’insiste et je crois que : lequel je vis. J’utilise l’outil « art » pour habiter l’époque monde incommensurable, complexe et chaotique dans lequel
« Énergie = Oui ! Qualité = Non ! » à laquelle je vis. Je veux utiliser l’outil « art » parce qu’il nous vivons aujourd’hui. L’Esthétique répond à la question : À
permet de résister au fait historique. Je veux utiliser l’outil quoi ressemble cette forme ? Comment est-elle faite ? Quels
Pourquoi je fais ou l’instrument « art » afin que mon travail aille au-delà de matériaux ont été utilisés ? La Forme ne cherche jamais
ce que je fais (de l’art) ? l’histoire, au-delà de l’histoire dans laquelle je vis. Je veux une fonction, la Forme n’est pas réductrice, la Forme n’est
utiliser l’outil « art » précisément parce qu’il me permet de jamais exclusive et la Forme ne peut jamais être qualifiée,
Je fais des œuvres parce que j’aime faire cela. J’aime faire un travail anhistorique au sein même du chaos et de la par exemple, de « bonne forme ». Donner Forme, c’est une
travailler, j’aime travailler dans un élan enthousiaste qui se complexité du moment. Donc l’art est un outil pour résister déclaration et une affirmation que je dois défendre. Donner
réinvente. Faire des œuvres, c’est une folle manifestation aux faits d’aujourd’hui, à l’actualité, à l’opinion, au sens, Forme est un acte d’émancipation, c’est une résolution et une
d’amour, l’amour comme conviction et passion. Ce à l’information et à la dictature des commentaires. Je veux décision que moi, tout seul, dois prendre. C’est pourquoi je
n’est pas un amour égoïste, narcissique ou imbu de lui- utiliser l’art comme outil pour établir le contact avec l’Autre dois donner Forme – donner.
même, mais un mode d’émancipation. L’art me pousse à – c’est une nécessité – et je suis convaincu que le seul
résister, me pousse à user de mes capacités physiques et contact possible avec l’Autre se produit « Un à Un », sur un Thomas HIRSCHHORN - Artiste (trad. Laurence Nerry)
pied d’égalité. Je veux faire une œuvre qui donne forme
1. Édouard Glissant, L’intention poétique, Éd. du Seuil, Paris, 1969, p.101

© Jean Dupuy La question du point de vue implique d’être voyant (ou voyeur, c’est selon), voire d’être doué
d’une vision. Or, souvent l’art contemporain me rend aveugle autant qu’il m’éclaircit l’horizon.
À force de trop en voir, on finit par n’être surpris de rien, mais simplement blasé. Le désir
s’émousse. On perd le goût de l’autre, de la rencontre avec l’objet ou de son corollaire invisible :
la pensée. Mais il suffit qu’une œuvre se fasse rare et attire notre attention d’une manière plus
subtile ou simplement décalée, pour que l’appétit revienne ! Alors, c’est la fête, tous nos sens
sont en émois et notre esprit tourne à plein régime, stimulé par cette nouvelle nourriture terrestre
et spirituelle. On devrait parler davantage de ce processus d’ingestion et de digestion vital
aux artistes aussi bien qu’aux critiques d’art et aux curateurs. Le phénomène d’absorption
est de loin le facteur principal qui structure et conditionne notre rapport à l’art et au monde,
encore plus que la vision selon moi. Absorber, s’absorber, être absorbé… Action passive, mais
néanmoins essentielle à l’apprentissage, tout comme l’expérience de la contemplation. Faire
corps commun avec la vie, n’est-ce pas au fond le plus grand fantasme de l’art ?

Septembre TIBERGHIEN - Critique d’art & Commissaire d’expositions

Le pouvoir c’est le cannibalisme monstrueux et vorace. Heureusement de nombreuses personnes prennent le risque de
s’opposer à l’autorité suprême, ce sont les anti-cannibalistes, ils luttent contre toute domination. Ces anti-cannibalistes sont
évidemment sympathiques et semblent complices puisqu’ils se battent contre toutes les formes d’asservissement. Mais l’artiste
comme je l’entends, celui qui réagit au milieu dans lequel il vit et qui tente de lutter contre toute forme d’uniformité et de
formatage en pratiquant l’expérience en permanence, n’est jamais le bienvenu, car il dérange autant le cannibalisme que
l’anti-cannibalisme. Alors que l’artiste souhaite échanger, donner et partager ses expériences et son point de vue sur sa
relation au monde, le monde ne tient pas du tout à cet échange, ce don, ce partage tant qu’il n’est pas rentable et totalement
soumis et domestiqué. Dans ce sens, l’artiste est vraiment auto-cannibale et ses principaux ennemis sont le cannibalisme
évidement mais hélas aussi l’anti-cannibalisme. L’auto-cannibale vit par conséquent dans un milieu hostile en permanence et
ses deux ennemis principaux sont le cannibale et l’anti-cannibale. Vive l’auto-cannibale épidémik !

On est dans la panse de notre pensée, on rumine, on a le transit expansé bio-bio par effluves primordiales pour l’énergie

vitale, la pensée est macérée, c’est l’alchimie active de l’esprit qu’on triture en s’avalant, c’est notre auto-nourriture spirituelle

par pulsion dévorante, on a tellement mâché, avalé, sniffé. On s’auto-cannibalise, on est la substance de nous-mêmes dans

les flux. On s’auto-ré-génère en pensant, et plus on pense, et plus on est auto-ré-généré pour se vider pour mieux se remplir.

Notre cerveau est l’alambic de notre auto-créativité dans le méta-aggloméré de nos digestions. Il n’y a pas d’inspiration mais

seulement de la trans-mue digestive. On se digère pour muter et échanger en se ravalant pour déglutir l’esprit... On est le

process même de notre pensée dans la digestion fermentée. On est l’alambic suprême de nos déjections transmises dans les

sécrétions mentales de nos désirs mastiqués. Hiouppie ! Joël Hubaut, Pulsion de vie dans stabulation dévote, 2017
Joël HUBAUT - Artiste prod. 14 secondes. le 116, Montreuil

Co-curators : Marie Deparis-Yafil & Corine Borgnet

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Le syndrome du réplicant Marc Quer, Les confins de l’univers, 2005, chaussures, craie

Se confronter à l’art contemporain peut appeler un préalable, non pas un pré-requis, une première
concession, non pas une croyance, un accord tacite, entre l’œuvre et celui qui lui fait face : accepter
la mutation d’un objet ordinaire en objet esthétique. C’est ce que Marc-Olivier Wahler aurait pu appeler
le «  syndrome du réplicant  »  : dans Blade Runner, le film de Ridley Scott, rien ne distingue les
êtres synthétiques des êtres humains, ils ne sont démasqués qu’à la faveur d’un test qui joue sur le
langage. L’analogie est tentante, les œuvres d’art comme des êtres de synthèse, et la vieille paire de
chaussures se transforme. Les objets ont muté, ontologiquement ils se sont redéfinis. C’est le point de
vue qui permet la mutation désignant l’œuvre d’art. Dès lors, une faille cognitive s’ouvre dans la réalité
et une nouvelle lecture peut advenir.
Après avoir fait entrer le réel dans le musée avec le ready-made en cheval de Troie, c’est l’art qui
cette fois peut ré-initialiser quotidiennement notre manière d’interpréter le monde. À propos du projet
After 1 qu’il a réalisé avec Thomas Lélu, Jean-Max Colard déclare : « il s’agit de montrer comment
notre regard sur le monde, notre expérience du monde, est informé, travaillé, enrichi, aiguisé, amusé,
parasité, influencé par toutes les œuvres dont chacun de nous porte le souvenir ». Vu d’ici, l’art peut
transfigurer le réel !
Guillaume MANSART - Critique d art & Co-responsable de documents d’artistes PACA

1. After de Thomas Lélu et Jean-Max Colard est un projet d’échange photographique prenant pour sujet une re-interprétation de
situations pouvant se référer à des œuvres d’art (After Bertrand Lavier, After Richard Prince...).

le temps se vit açallevar les c’est dans
grâce aux mouvements certitudes le désordre
à vouloir tout avaler des formes © Lise Duclaux
on s’étouffe sont que demeure
toujours l’intelligence
temporaires
du monde

Il y a des mots qu’on a trop dits. Qu’on a asséchés à force de les convoquer et de les

prendre pour ce qu’ils ne sont pas (...). Il ne reste alors plus qu’à en inventer des nouveaux

et avec eux se demander ce qui a bien pu déglinguer à ce point les anciens. C’est le cas de

l’expression « communautés d’intérêts partagés » qui a fini par gagner un trop grand nombre

de bouches d’acteurs de l’art et d’institutions artistiques. Si l’on peut se dire de prime abord

que c’est bon signe, que ça tente de faire la nique au caractère élitiste dont s’est tellement

vu taxé l’art contemporain, à y tendre l’oreille de plus près, on décèle dans le meilleur des

cas une croyance naïve en la toute puissance de l’art, l’espéré grand sauveur d’une société

fragmentée, et dans le pire, un populisme abruti qui n’a pour seule idée en tête que de faire

cracher sa billetterie. Certes, c’est un portrait un tantinet caricatural que je vous fais là mais

je le dis avec d’autant plus de calme que j’ai moi-même usé de ce terme avant de prendre la

mesure du flou de mes projections.

(…)  À trop vouloir faire de l’art l’endroit par excellence de production de ces «  communautés

d’intérêts partagés  » on a oublié la délicatesse et la durée de transformation nécessaire à la

Jean-Daniel Berclaz, Vernissage de point de vue, août 2015 fabrication de ces regroupements humains escomptés. On en a tout autant oublié le caractère

Jean-Daniel Berclaz essentiellement désintéressé de l’art, qui résiste à l’avalement d’une société happée par ses seuls
intérêts à consommer. (…) À trop croire que les artistes en quelques coups de pédale surhumains
seraient capables de rassembler les troupes et de produire du « commun », on en omet l’importance
du comment faire ce commun, de ses méthodes, de ses stratégies et de ses finalités.

Vernissage de point de vue  (…) Évidemment qu’il n’y a pas de société sans désir de fabrique de communs, et que
l’acte de création peut s’avérer un formidable canal de constitution d’une pensée collective,
d’un équipement renouvelé de nos cerveaux par perforation de nos réflexes rabougris et
conservateurs, que l’infiltration d’une explosion poétique étend sa zone de déflagration dans

nos âmes endurcies, et ainsi nourrit l’espoir de construire une société plus juste, plus ouverte,

Le vernissage, ce moment crucial pour l’artiste où son œuvre se confronte au public pour la première inventive et égalitaire, à rebours du système de marchandage de la peur et de repli sur soi

fois. L’instant où chacun échange son point de vue, souvent un verre à la main. En quelques minutes, qu’on nous vend toute la sainte journée.

l’exposition est consommée, critiquée, digérée. Jean-Daniel Berclaz a fait de ce moment unique et (…)  Mais il ne suffit pas de revendiquer une volonté d’engager des pratiques artistiques

parfois fatidique l’œuvre en elle-même. Le carton d’invitation propose le point de vue panoramique capables de générer des expériences collectives, ni de l’inscrire sur un support de

sur un lieu prédéfini ; les invités qui échangent leurs points de vue constituent les personnages du communication pour que cela ait lieu. C’est dans le détail de chaque projet, dans le quotidien

second tableau. des rencontres que font les artistes, dans le déploiement d’une recherche qui rallie théorie et

pratique, intentions et prises de risque, préférence pour les trépas contradictoires de l’âme

Jean-Paul FELLEY - Co-directeur du Centre culturel suisse de Paris plutôt que pour les bons sentiments de surface, qui est capable de faire de la place aux

formes de savoirs intuitifs et de prendre le temps de l’expérimentation (et donc du lâcher

prise) qu’une poésie pleine d’un potentiel d’altération du monde a une chance d’émerger.

C’est aussi dans la manière dont l’équipe d’une institution s’engage auprès des artistes, dans

Le point de vue omniscient, aussi appelé focalisation zéro, permet au lecteur une le dialogue que chacun de ses membres est prêt personnellement à nouer avec eux, et leurs
désirs à se laisser choir par le processus artistique en cours, par les perspectives communes

connaissance complète de tous les ingrédients de l’action. L’épineux problème que nous (artistes, équipe) nous serons dictés et dans l’effort commun à trouver les moyens

de la focalisation et de la priorisation demeure. La stratégie consiste à maintenir de nos ambitions, que l’invention d’une forme peut avoir lieu.
(…)  Ce n’est pas la déclaration du caractère contestataire de l’œuvre qui en garantit son

les services existants et à appliquer les critères de priorisation seulement aux efficacité, ce n’est pas non plus le sujet social avancé qui en assure la portée sociale. L’art

nouveaux services. Le service de recherche et développement de notre entreprise doit ouvrir sur ce qui nous dépasse et se dégager d’une bienséance collective. Il nous faut
est excellent. Les intermédiaires ont aidé l’entreprise à parvenir à un accord. trouer, trouer des trouées paradoxales puisqu’elles ne peuvent échapper au présent qu’elles
traversent, tout en faisant le pari, plein de doutes et d’ambitions cumulés, d’entraîner avec

Nous nous sommes rencontrés par l’intermédiaire d’un ami de la mère d’Isabelle. une transformation dont on ne pourra mesurer l’impact qu’ultérieurement et partiellement. La
Mon ami avait soif et a demandé un verre d’eau. L’eau tombe en cascade dans communauté qui émerge d’une œuvre d’art est de nature toute particulière, elle est de surface
discrète et resserrée, elle aménage l’espace pour la surprise. (…) C’est en prenant le risque de la

un bassin au pied de la falaise. Le bord de la falaise était un bon point de vue. chute, de l’éclatement et de la dispersion, qu’une pensée critique, qui se distingue foncièrement

du discours politique et peut ainsi le mettre en branle, jaillit. Comme le dit l’écrivaine Noemi

Lefebvre, il est important de faire moins de mondes mais des mondes véritables.

Claude CLOSKY - Artiste

Mathilde VILLENEUVE - Co-directrice des Laboratoires d’Aubervilliers, Commissaire d’expositions & Critique d’art

Extrait de « Les communautés mineures » paru en oct. 2016 dans le Journal de Paris (www.journaldeparis.fr)

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angers HORSD’ŒUVRE n°39 dijon mulhouse RDV T&G
édité par l’association
Collégiale Saint Martin INTERFACE appartement/galerie Interface La Kunsthalle Mulhouse © Taroop & Glabel - Courtesy Semiose galerie, Paris
(org. Frac des Pays de la Loire) 12 rue Chancelier de l’Hospital 12 rue Chancelier de l’Hospital La Fonderie
23 rue Saint-Martin F - 21000 Dijon 21000 Dijon 16 rue de la Fonderie tél. 05 55 77 08 98 ➤ « Neptune » Claire Tabouret :
49000 Angers t. : +33 (0)3 80 67 13 86 tél. 03 80 67 13 86 68100 Mulhouse ouvert les mar. et jeu. jusqu’au 17/09/17
tél. 02 28 01 57 77 [email protected] ouvert du mer. au sam. de 14h à 19h tél. 03 69 77 66 47 de 9h à 12h et de 14h à 17h ➤ « Fabrique nationale »
ouvert de 13h à 18h, ts les jrs sauf www.interface-horsdoeuvre.com ou sur rdv, fermé les jours fériés ouvert du mer. au ven. ➤ « Collection en mouvement » Marc Lathuillière :
le lun. Fermé le 1er et 11/11/17 www.interface-art.com ➤ « Mute » Pierre Labat : de 12h à 18h (jeu. jusqu’à 20h), C. Manaranche, D. Marcel, 11/10/17 - 28/01/18
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de la collection du Frac des Pays Numéro sous la direction de : ➤ Marie-Jeanne Hoffner : de 14h à 18h varennes-sous-dun
de la Loire : 16/09 - 31/12/17 Frédéric Buisson 16/09 - 04/11/17 ➤ « A World Not Ours » thiers
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fermé les jours fériés ont participé à ce numéro : puis du 13 au 22/08/17 M. Hansen, L. Kurgan, B. Rubin
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➤ Danilo Dueñas : Lise Duclaux, Jean Dupuy, jusqu’au 27/08/17 21000 DIJON
16/09 - 22/12/17 Jean-Paul Felley, Jochen Gerz, Musée des Beaux-Arts de Dole ➤ « Quand tout s’éparpille, il tél. : 03 80 67 13 86
Jérôme Giller, Thomas 85 rue des Arènes - 39100 Dole faut rassembler les pièces… [email protected]
belfort Hirschhorn, Joël Hubaut, tél. 03 84 79 25 85 différemment. » Steve Roden :
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Le Granit Enrico Lunghi, Guillaume matin, de 10h à 12h et de 14h à 18h ➤ « Régionale 18 » : Diffusion R-Diffusion : http://www.r-diffusion.org
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90000 Belfort Ghislain Mollet-Viéville, Gianakos ? » Steve Gianakos : Philippe RAMETTE
tél. 03 84 58 67 50 Michel Rose, Taroop & Glabel, jusqu’au 24/09/17 orthez [horsd’oeuvre n°39- 2017]
ouvert du lun. au sam. de 13h à 18h Septembre Tiberghien, Tirage : 50 ex. signés par l’artiste
et les soirs de spectacles Mathilde Villeneuve foncquevillers Centre d’art image-imatge Prix unitaire : 100 € + 8 € de frais d’envoi
« Et, toujours, ils tiennent le (org. Le Bel Ordinaire)
monde » saison 2017 / 2018 – Couverture : La Brasserie 3 rue de Billère Ida TURSIC & Wilfried MILLE
commissariat associé : Mickaël Roy Piero MANZONI 5 rue Basse 64300 Orthez [horsd’oeuvre n°38 - 2016]
➤ « Brouhaha » exposition Socle du monde, hommage à 62111 Foncquevillers tél. 05 59 69 41 12 Tirage : 100 ex. signés par les artistes
collective : 16/9 - 19/12/17 Galilée (Base del mondo), 1961 tél. 06 87 91 57 82 ouvert les mar., ven. et sam. de Prix unitaire : 50 € + 8 € de frais d’envoi
➤ « L’extension du plancher est fer, 82 x 100 x 100 cm ouvert les sam. & dim. 14h à 18h30, le mer. de 10h à 12h
une lutte (la rumeur) » : 13-15/10 Collection HEART Herning Mu- de 11h à 18h et sur rdv. et de 14h à 18h30 Alain DELLA NEGRA & Kaori KINOSHITA
seum of Contemporary Art (dk) ➤  « L’écriture des choses » ➤ « Pavillon avec vue » [horsd’oeuvre n°37 - 2016]
besançon © Piero Manzoni Samuel Buckman : Julien Crépieux : Tirage : 100 ex. signés par les artistes
© Photo : Gunnar Merrild jusqu’au 30/07/17 06/10/17 - 13/01/18 Prix unitaire : 30 € + 8 € de frais d’envoi
FRAC Franche-Comté
Cité des arts - 2 passage des arts Double page intérieure : la clayette pau Erwin WURM [horsd’oeuvre n°35 - 2015]
25000 Besançon Philippe RAMETTE Tirage : 50 ex. signés par l’artiste
tél. 03 81 87 87 40 Sculpteur allant travailler sur le motif, Espace Sainte Avoye Le Bel Ordinaire Prix unitaire : 50 € + 8 € de frais d’envoi
ouvert du mer. au ven. de 14h à 18h 2017, encre sur papier (org. Esox Lucius) Espace d’art contemporain /
et sam., dim. de 14h à 19h © P. Ramette 71800 La Clayette Pau Béarn Pyrénées Didier TRENET [horsd’oeuvre n°34 - 2014]
➤ « The Fairytale Recordings » tél. 06 89 17 76 83 Allée Montesquieu Tirage : 100 ex. signés par l’artiste
Saâdane Afif : jusqu’au 24/09/17 Impression : ICO ➤  « Duo Nicolas Thirion - 64140 Billère Prix unitaire : 50 € + 8 € de frais d’envoi
➤ « Hello. Come here. I want you. » 17 rue des Corroyeurs - Dijon Stéphane Mulet » : tél. 05 59 72 25 85
Georgina Starr : jusqu’au 24/09/17 Tirage 5000 exemplaires 01/07/17 à 20h30 ouvert du mer. au sam.
➤ « Montag ou la bibliothèque ISSN : 1289-9518 - semestriel de 15h à 19h
à venir » exposition collective : Dépôt légal : juin 2017 landerneau ➤ « Typoéticatrac, les mots
15/10/17 - 14/01/18 pour le faire » Pierre di Sciullo
➤ « Coréaniser Corbu » KVM Publié avec le soutien de Fonds Hélène & Édouard Leclerc Commissariat Francesca Cozzolino
- Ju Hyun Lee & Ludovic Burel : l’ensemble des structures pour la culture Une exposition du 40è anniversaire
19/10/17 - 14/01/18 annoncées dans l’agenda et de : Aux Capucins du Centre Pompidou :
29800 Landerneau jusqu’au 01/07/17
bignan carquefou tél. 02 29 62 47 78 ➤ « La conquête du pain oublié »
ouvert tlj de 10h à 19h Luke James et Elvia Teotski :
Domaine de Kerguéhennec FRAC des Pays de la Loire à partir du 01/09 jusqu’à 18h jusqu’au 01/07/17
Propriété du département du Morbihan La Fleuriaye ➤ Picasso : jusqu’au 01/11/17 ➤ « Enchanter le réel »
56500 Bignan 44470 Carquefou commissariat Claire Lambert -
tél. 02 97 60 31 84 tél. 02 28 01 57 77 laval conseil scientifique Lucia Leistner :
ouvert du mer. au sam. de 14h à 18h, ouvert du mer. au dim. 13/09 - 18/11/17
dim. de 11h à 13h et de 14h à 18h de 14h à 18h, fermé les jours fériés 6PAR4 ➤ « Machines sensibles »
➤ « Dispersion » Bernard Pagès : ➤ Raphaël Ilias et Julien Laforge : (org. Chapelle du Geneteil) commissariat Christian Delécluse :
➤ « La chambre des ombres » 25/10/17 - 21/01/18 177 rue du vieux Saint Louis 11/10 - 09/12/17
Jocelyne Alloucherie : ➤ « Année de la Colombie 53000 Laval
➤ création in-situ de Yang Jung-Uk : en France - XXXIe Ateliers tél. 02 43 07 88 96 pougues-les-eaux
➤ « Tal Coat, Guillevic et la Internationaux du Frac » : les 5, 6, 11, 12 et 13/10/17
préhistoire » : jusqu’au 05/11/17 18/11/17 - 28/01/18 de 17h à 20h Centre d’art contemporain
➤ « WEFRAC » week-end national ➤ « 576° Nord » Romain Parc Saint-Léger
bourges des Frac : 04 - 05/11/17 de 11h Rambaud : 30/09 - 15/11/17 Avenue Conti
à 19h 58320 Pougues-les-Eaux
Le Transpalette le havre tél. 03 86 90 96 60
Friche l’Antre-peaux château-gontier ouvert du mer. au dim.
26 route de la Chapelle Le Portique de 14h à 18h ou sur rdv., fermé
18000 Bourges Chapelle du Genêteil 30 rue Gabriel Péri les jours fériés
tél. 02 48 50 38 61 rue du Général Lemonnier 76600 Le Havre ➤ « Paysage Anthropique »
ouvert du mer. au sam. de 14h à 53200 Château-Gontier tél. 09 80 85 67 82 A. Aycock, J. Charrière,
19h, sauf les jours fériés tél. 02 43 07 88 96 ouvert du mar. au dim. T. Johannessen, Z. Košek,
➤ « Rétrospective » Thierry-Loïc ouvert du mer. au dim. de 11h à 19h, sauf jours fériés K. Paterson, M. Vélardi,
Boussard : 01/07 - 17/09/17 de 14h à 19h, fermé le 28/07/17 R. Zaugg : jusqu’au 27/08/17
➤ « Silo » Vincent Ganivet : limoges ➤ « Theatrum Botanicum: The
brest jusqu’au 27/08/17 Memory of Trees » Uriel Orlow :
➤ Gaëlle Chotard : FRAC-Artothèque du Limousin 23/09 - 10/12/17
Passerelle 16/09 - 12/11/17 « Les Coopérateurs »
41 Rue Charles Berthelot impasse des Charentes royère-de-vassivière
29200 Brest châteaugiron 87100 Limoges
tél. 02 98 43 34 95 tél. 05 55 77 08 98 Commune de Royère-de-Vassivière
ouvert le mar. de 14h à 20h Centre d’art Les 3 CHA ouvert du mar. au sam. (org. FRAC-Artothèque
et du mer. au sam. de 14h à 18h30 Le Château de 14h à 18h, fermé les jours fériés du Limousin)
fermé dim., lun. et jours fériés Bd J. et P. Gourdel ➤ « À l’aide des étoiles et du soleil » Mairie, rue Camille Bénassy
➤ « La Période brune (Origines 35410 Châteaugiron F. Basthier, G. Kohler, J.-J. Ney, 23460 Royère de Vassivière
moqueuses et scepticisme du tél. 02 99 37 08 24 C. Masson, E. Sadowska et tél. 05 55 77 08 98
doute) » Steinar Haga Kristensen ouvert mer. et ven. de 14h à 17h, A. Godard : jusqu’au 17/09/17 dans divers lieux de la commune
➤ « Zefiro Torna » Ola Vasiljeva sam. de 10h à 12h et de 14h à 18h ➤ « La beauté de la copie » Sarah de Royère de Vassivière
➤ « Les vedettes, on ne s’en et le 1er dim. du mois de 10h à 13h Tritz : 06/10/17 - 06/01/18 ➤ « Art en lieux : Si tu étais … »
sépare pas » Clémence Estève fermé jours fériés K. Appel, F. Daireaux, A. Doret,
➤ « Allegro, largo, triste » Aurélien ➤ « Graffiti végétal » festival P. Faigenbaum, C. Fischer,
Froment : jusqu’au 02/09/17 Passez à l’art d’été #1 : T. Fontaine, B. Hochart, J. Hodany,
06/07 - 17/09/17 N. Maurel, C. Saint-Jacques,
Si vous souhaitez que ➤ « HOPE » Duy Anh Nhan Duc : Taroop & Glabel, L. Terras,
12/07 - 17/09/17 G. Traquandi, J. Bonichon :
vos manifestations ➤ « Serre Divine » jusqu’au 05/11/17
Emmanuelle Radzyner :
soient annoncées 28/10 - 23/12/17 saint-fréjoux

dans l’agenda Église et Salle de la mairie
de Saint-Fréjoux
du prochain numéro, (org. FRAC-Artothèque
du Limousin)
une participation de Le bourg
19200 Saint-Fréjoux
30 Euros minimum

est demandée.

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