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Concours de la nouvelle fantastique 2019b

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Published by pboue, 2019-07-06 17:18:18

Concours de la nouvelle fantastique 2019b

Concours de la nouvelle fantastique 2019b

EPI, Ecritures numériques - « Les Dernières nouvelles », Concours de la nouvelle fantastique en 4e, collège Pierre Suc, Saint-Sulpice-la-Pointe, juin 2019.

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EPI, Ecritures numériques - « Les Dernières nouvelles », Concours de la nouvelle fantastique en 4e, collège Pierre Suc, Saint-Sulpice-la-Pointe, juin 2019.

Jury : M.Boué, Mme Hounkpatin, Mme Robert.

PALMARES
4A - Maddly B . et Thylia V.: Mathias (Prix des élèves).
4A - Mathis P.: Le château penseur (Prix spécial du jury ).
4A - Adrien B.et Lou : La Peur de l’ombre ( Mention spéciale)
4B - Jeanne F., Le baiser (Prix des élèves).
4B - Corentin D., Étrange trajet. (Prix spécial du jury ).
4B : Mimmo C. « Je rentrais d’une visite... »(Prix spécial du jury ).
4C - Marie E.: Superstition, cauchemar ou réalité? (Prix des élèves).
4C - Robine A. : De l'autre côté, (Prix spécial du jury ).
4C - Joana B.: Le Renard ( Mention spéciale)
4C - Lola et Louna : La Broche ( Mention spéciale)
4C - Nathan A et Enzo : Le mystère de la forêt enneigée ( Mention spéciale)
4D - Margaux R. Le parc (Prix des élèves).
4D - Marie-Charlotte C., Le Chat noir porte malheur (Prix spécial du
jury ).
4D - Romain L., « Le petit bruit d’une porte... »(Prix spécial du jury ).
4E - « Le Reflet d'or», Sofia et Lola, ( Prix des élèves)
4E - Sofia et Ilona, « La Chute », ( Prix du jury)
4E - Héloïse, Mathilde, Florine, « V....... », ( Mention spéciale)
4F - Louane, Zélia , « Doute d'esprit », , ( Prix des élèves)
4F - Emile, Jules, Erwan, Quentin « Vallée sanglante» ( Prix du jury)
4F - Wendi, Noémie, Carla, Anaïs , « Contes mortels », ( Mention spéciale)

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EPI, Ecritures numériques - « Les Dernières nouvelles », Concours de la nouvelle fantastique en 4e, collège Pierre Suc, Saint-Sulpice-la-Pointe, juin 2019.

SOMMAIRE

Textes du Prix Les Dernières nouvelles, édition 2019.
Maddly B. et Thylia V.: Mathias (Prix des élèves).
Mathis P.: Le château penseur: (Prix spécial du jury).
Marie E. : Superstition, cauchemar ou réalité? (Prix des élèves).
Robine A. : De l'autre côté, (Prix spécial du jury).
Joana B.: Le Renard (Mention spéciale).
Adrien B.et Lou : La Peur de l’ombre (Mention spéciale).
Lola et Louna : La Broche (Mention spéciale).
Nathan A et Enzo : Le mystère de la forêt enneigée (Mention spéciale).
Margaux R., Le parc (Prix des élèves).
Jeanne F. Le baiser (Prix des élèves).
Corentin D., Étrange trajet. (Prix spécial du jury ).
Mimmo C. « Je rentrais d’une visite... »(Prix spécial du jury ).
Marie-Charlotte C., Le Chat noir porte malheur (Prix spécial du jury ).
Romain L., « Le petit bruit d’une porte... » (Prix spécial du jury ).

Sofia, La Chute (Prix du jury).

Lola et Sofia Le reflet d'or (Prix des élèves).

Louane et Zélia, Doute d'esprit (Prix des élèves).

Wendi, Noémie, Carla, Anaïs, Contes mortels (Mention spéciale).
Émile, Jules, Erwan, Quentin Vallée sanglante (Prix du jury).
Héloïse, Mathilde et Florine. (Mention spéciale).

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EPI, Ecritures numériques - « Les Dernières nouvelles », Concours de la nouvelle fantastique en 4e, collège Pierre Suc, Saint-Sulpice-la-Pointe, juin 2019.

Maddly et Thylia :  MATHIAS

 Je claquai la porte de la voiture, et entrepris de me dégourdir les
jambes après cinq heures de routes dans un mini van étroit. Devant moi
se dressait un gigantesque château de pierre où du lierre grimpait
jusqu’au sommet des quatre tours de la forteresse. Celle-ci se trouvait
au centre d’une immense forêt épaisse et la seule lumière provenant de
la pleine lune rendait ce domaine encore plus magistral. Des lucioles
volaient tout autour du chemin menant au château comme des lueurs
menant vers le paradis. Je levai mon appareil photo et immortalisai ce
moment magique.
   «Clem ! Appela ma mère, ce qui me fit sursauter. Viens prendre ta
valise, elle ne va pas se porter toute seule. »
  Je me retournai vers le mini van et attrapai dans le coffre la dernière
valise restante. Je fermai celui-ci et commençai à marcher le long du
chemin de terre menant au château. Arrivé devant la grande porte de
chêne au-dessus de laquelle trônaient deux têtes de lions sculptées,
mon père inséra une grosse clef rouillée dans la serrure tout aussi
abîmée. Les battants s’ouvrirent dans un grincement sur un immense
salon. Un énorme lustre, se trouvait en son centre et éclairait un grand
piano. La vue de ce salon raviva des souvenirs enterrés et les larmes
me montèrent aux yeux.
 C’est dans ce salon que j’ai marché pour la première fois, mon frère
me tendant les bras. C’est ici qu’il m’a appris à jouer du piano, ici encore
qu’il me défendait devant mes parents quand on faisait une bêtise. J’ai
grandi dans ce château avec mon grand frère, ma petite sœur et mes
parents. Mais il y a maintenant un an, l’homme que j’aimais plus que tout
au monde, mon frère, Mathias, a disparu. On a alors déménagé en ville
au milieu de la pollution, ce château ravivant trop de souvenirs.
J’essuyai mes yeux et me tournai vers mes parents : « Je vais monter
mes affaires, dis-je en attrapant ma valise.

 J’entrepris de monter les escaliers et d’aller ranger mes affaires dans
ma chambre. Une fois les vêtements empilés dans mon placard, je sortis
mon appareil photo pour regarder les photos prises pendant le trajet. Je
fis défiler les photos des paysages, passant de la ville à la campagne, et
je stoppai sur la dernière photo que j’avais prise en arrivant. Quelque
chose me dérangeait sans que je comprenne ce que c’était. Quand,
soudain, je remarquai qu’une des fenêtres du château était éclairée.
Derrière la fenêtre, une silhouette noire nous observait. Comment
était-ce possible ? Il n’y avait personne dans ce château depuis plus

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d’un an. A moins que mes parents aient engagé une nouvelle femme de
ménage ? Mais elle ne serait pas venue à une heure aussi tardive. Je
me levai et attrapai une lampe torche dans le tiroir de ma table de nuit
puis m’enfonçai dans les couloirs, sinistres du château.


 Arrivée devant la pièce correspondant à la photo, j’ouvris la porte dans
un grincement aigu. Je m’avançais doucement dans la pièce sombre
quand une grande silhouette surgit devant moi. La peur montant en moi,
je partis en courant m’enfermer à double tour dans ma chambre.

 Le lendemain, je décidai de retourner voir dans la pièce avec mon
appareil photo pour trouver des indices. Quand j’arrivai devant la
chambre la porte était fermée. C’était bizarre, je n’avais pas le souvenir
de l’avoir fermée quand j'étais partie en courant. La lumière entrait par la
fenêtre et éclairait le grand lit situé au milieu de la pièce. Au fond, dans
l’angle, un mannequin de couture était installé au même endroit où
j’avais vu la silhouette la veille. J’avais finalement eu peur pour rien, ce
n’était qu’un simple objet sans vie. Je redescendis dans le salon avec
ma famille en ayant un peu honte d’avoir eu peur sans raison. Mais
quelque chose me tracassait. Il y avait toujours cette porte que j’étais
certaine d’avoir laissée ouverte. Mais, après tout, c’était un vieux
château...des courants d’air avaient sûrement claqué la porte cette nuit.

 Dans le salon j’allai chercher mon téléphone qui était branché sur une
prise mais seul le câble pendait du mur.
   «Laura ! Tu as encore touché à mon téléphone ! Je t’ai déjà dit cent
fois de me demander avant de le prendre !
- Arrête de crier, je suis là ! dit ma petite sœur en laissant sa tête
dépasser du canapé. Et puis, c’est pas moi qui ai touché à ton téléphone
donc arrête de m’accuser. »

 Je partis en soufflant vers ma chambre quand j’entendis un bruit sourd
derrière ma porte. Je l’ouvris en grand mais personne ne s'y trouvait.
Mon appareil photo était sorti de son étui alors que je faisais toujours
attention à le ranger à chaque fois. Je le ramassais quand un courant
d’air me glaça la nuque. Je me redressai et vis ma fenêtre grande
ouverte. Je me penchai par dessus le rebord et regardai en bas. Ma
chambre se trouvait au 1er étage, il était impossible que quelqu’un
puisse sauter de cette hauteur. Soudain je sentis quelque chose me
frôler et ma porte claqua. Dans un sursaut, je me retournai et allai ouvrir

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la porte. Je passai la tête dans le couloir mais je ne vis personne.
"Encore un coup de vent", me dis-je.

 Pour me changer les idées, j’attrapai mon appareil et sortis dans le
jardin pour prendre quelques photos. Quelques fleurs par ici, un écureuil
par là, la rosée du matin… Toutes ces photos m’occupèrent durant une
heure puis je rentrai pour aller manger. Autour de la table, mes parents
et ma petite sœur riaient gaiement. Moi, je restai préoccupée par tout
ces événements étranges. A la fin du repas, je pris mon appareil et me
posai dans un fauteuil. J’observai la première photo, une fleur violette
que je trouvais très jolie. Dans l’angle je vis un bout de chaussure
comme si quelqu’un se tenait devant moi quand j’avais pris la photo. Je
réfléchis mais je n’eus pas le souvenir que mon père était venu me voir.
Sur les photos de fleurs suivantes, la même chaussure était visible. Je
frissonnai mais continuai de regarder les images.Un écureuil perché sur
un arbre grignotait une noisette. Quand je la vis là, sur une des branches
en hauteur... cette silhouette perchée qui m’observait... Je lâchai mon
appareil, prise de peur, et regardai tout autour de moi mais je ne vis
personne, hormis ma petite sœur jouant au sol. Je courus montrer les
photos à mon père qui était dans le jardin. Après lui avoir écouté toute
mon histoire avec les preuves en photos, mon père me regarda d’un air
inquiet.

  «Écoute ma puce, il n’y a rien d’étrange sur ces photos. Pas de
lumière allumée, pas de chaussure ni de silhouette…
  - Mais si regarde là, lui dis-je en tendant mon appareil, tu vois bien
la lumière, et là les chaussures. Regarde les chaussures, on dirait celles
de Mathias. Écoute, je ne sais pas ce qui ce passe mais je pense que
l’esprit de Mathias erre encore dans ce château.
  - Clem, je pense que la m… la mort de ton frère t’as beaucoup
affecté comme nous tous. Mais il est temps de passer à autre chose. Je
pense que tu devrais aller voir quelqu’un qui t’aidera à l’accepter…
 - Quoi !? Tu veux que j’aille voir un psy !? Mais je ne suis pas folle,
regarde les photos ! Mathias est là, je suis sûre qu’il nous écoute à ce
moment même. Je… je… Il me manque tellement…
  J’éclatai en sanglot et mon père me prit dans ses bras.
  « Écoute je pense que tu as besoin de dormir un peu. Ta mère va
arriver et on va en discuter. »

 Le lendemain, je me retrouvai allongée sur un divan à raconter toute
l’histoire à une personne que je ne connaissais pas. Mes parents avaient

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absolument voulu m’emmener voir un psychologue. A la fin de la séance
la psy fit entrer mes parents dans la pièce et dit :
   « Bien, je pense que votre fille a besoin de continuer ces séances,
cela lui fera du bien et l’aidera à accepter la mort de son frère.
  - Mais puisque je vous dis qu’il n’est pas complètement mort !
m’écriai-je, son esprit est toujours là et je suis sûre que c’était lui dans la
maison, c’étaient ses chaussures, c’est lui qui se cachait dans la
chambre, lui qui m’a pris mon téléphone ! Je ne suis pas folle regardez
les photos ! »

 Mes parents me regardaient d’un air désolé pendant que la
psychologue reprenait :

  «Clémentine, ce que vous voyez sur ces photos c’est simplement le
fruit de votre imagination. Je pense que ces séances vous feront
vraiment du bien…
  - Vous racontez n’importe quoi ! Je ne suis pas du genre de vos
patients complètements fous qui perdent la tête ! Je sais ce que je dis !
Mathias est encore présent ! »

 Je pris le vase placé sur un meuble et le jetai au sol, j’étais prise d’une
colère incontrôlable et j’attrapai un autre vase pour le briser. Mon père
m’attrapa par la taille pour m’en empêcher et je commençai à le griffer
pour me libérer.
   « Je ne suis pas folle ! hurlai-je tandis que des hommes entraient
dans la pièce pour m’attraper. MATHIAS ! AIDE MOI ! LAISSEZ MOI
PARTIR, JE NE SUIS PAS FOLLE ! NON ! Criais-je quand un des
hommes planta une seringue dans mon cou. MATHIAS ! Mathias !
Mathias… » appelai-je de moins en moins fort, le sédatif faisant effet.

 Les dernières images avant que je perde connaissance furent celles
de ma mère en sanglots et de mon père que j’avais griffé, le sang
coulant le long de la moitié de son visage.

  Aujourd’hui, cela fait un an jour pour jour que je suis dans cet
hôpital psychiatrique. J’ai maintenant accepté la mort de mon frère
même si cela a été compliqué. Les premiers jours j’avais hurlé et frappé
la porte pour qu’on me laisse sortir jusqu’à avoir les mains en sang.
Maintenant que tout cela est terminé, je vais bientôt rentrer chez moi et
ma vie reprendra son cours normal.
 Quelqu’un frappa à ma porte.

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  « Oui entrez, dis-je en me levant de mon lit. »
  Mes parents entrèrent dans la pièce et me prirent dans leurs bras.
   « Prête à sortir ? » me demanda ma mère.
  Je hochai la tête tandis que mon père sortait un appareil photo neuf
de son sac et me le tendit.
 «Pour un nouveau départ un nouvel appareil. »Dit-il.

 Je le remerciai et pointai l’appareil sur ma chambre d’hôpital pour
observer la qualité quand à travers l’objectif je le vis. Là, assis sur mon
lit, mon frère me souriait tristement.

*****

Mathis P.G :  Le château penseur


 Je m’appelle Louis. Mon histoire incroyable se déroule dans le nord de la
France, dans un château à côté de Lille.

Je me rendais en vacances dans un château entouré d’une forêt qu’on disait
magnifique en hiver car la neige recouvrait les arbres et lui donnait un aspect
vivant. J’avais loué ce château pour y passer mes vacances. J’arrivais au
château, après sept heures de route. J'entrais dans la cour du château quand
je crus apercevoir une ombre au niveau du deuxième étage qui disparut
aussitôt. Je m’immobilisai, me dis que c’était sûrement le trajet qui avait dû
me fatiguer et me faisait voir des illusions. Je me rendis dans la chambre en
emportant mes affaires et en même temps, je passai devant le salon,la
cuisine et la salle de bains. Je m’engageai dans l’escalier et rentrai dans la
chambre.

 Le lendemain, après le petit déjeuner, je commençai l’exploration du
château qui était composé de trois chambres, de deux salles de bains et de
deux cabinets de toilettes. Je rentrai dans la cuisine puis trouvai un chemin
menant à ce qui me semblait être la cave. Je m’avançais dans la pénombre,
trouvai l’interrupteur. Toute la cave s’éclaira et je pus apercevoir des
bouteilles de vin. Je m’avançais pour en choisir une que je pourrais boire le
midi. La cave était silencieuse, la lumière l’éclairant était faible et la cave ne
devait pas être souvent visitée étant donné l’épaisse couche de poussière. Je
remarquais seulement les traces de pas présentes sur le sol, alors que le
château était sensé ne pas avoir été loué depuis deux ans, m’avait dit le
propriétaire!

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 Soudain, le bruit d’une bouteille de vin tombant au sol rompit le silence de
la cave. Je me retournai, ne vis personne, seulement du vin et des morceaux
de verre éparpillés.

 Après avoir nettoyé la cave et choisi ma bouteille de vin, je sortis du
château pour faire une balade en forêt et en profitai pour couper du bois afin
d'alimenter le feu de la cheminée. De retour au château, après avoir pris mon
repas, j'entendis des bruits sourds et graves qui semblaient provenir du
grenier. Ces bruits étaient métalliques et, en les entendant, je me rendis
compte que j’avais oublié la hache dans la forêt. Je montai au grenier mais la
trappe était fermée de l’extérieur. Je remarquai le verrou qui fermait la trappe
et grâce à la forme et aux traces de rouilles présentes dans la serrure, j’en
déduisis que c’était une petite clé. Je visitai les autres chambres et je trouvai
une clé, accrochée à un volet, qui avait l’air d’être la clé du grenier. Je
m’empressai de la décrocher et me dirigeai vers le grenier tout en me
demandant que pouvait faire cette clé à un tel endroit. J’ouvris la trappe et
me promenai dans le grenier. Il y avait de vieilles photos du château, des
anciens propriétaires, des bibelots en tous genres, des meubles et des
fauteuils.Une vitrine avec, à l’intérieur une vieille partition de musique:
 il n’y avait que la clé de sol: ré, sol, sol, si, la, sol, sol, sol, la, si, si, la, la, si,
do, do,si,si,sol,si,la,ré,sol. Je pouvais lire et mémoriser ces notes car, dans
ma jeunesse, j'avais pratiqué le piano.

 Je redescendis, me dirigeai dans le salon, m’installai au piano et jouai la
partition.Cette partition m’intrigua car je crus me rappeler que, plus jeune,
j’avais déjà joué ce morceau.Je commençais à le jouer et à peine eus-je
terminé que le piano commença à s’enfoncer dans le sol. Après dix minutes
de descente, je vis une lumière et me dirigeai vers elle. Autour de moi se
trouvait une étendue de ce qui me semblait être du sable, du sable noir! Je
me demandais ce qu’il faisait là et à quoi il pouvait servir. Soudain, un point
d’interrogation apparut devant moi. Je m’immobilisais, effrayé par ce qui
venait de surgir devant moi. Je voulus fuir et pensai à ma voiture pour
m’enfuir vite, très vite de ce château. C'est alors que ma voiture apparut
devant moi, d'abord en noir, de la couleur du sable, puis en blanc comme le
mien. Je voulus ouvrir la portière quand je reçus un violent coup sur la tête
qui m’assomma sur le coup.

 Je me réveillai avec mal de tête épouvantable. Je regardais autour de moi,
je n’étais plus dans le château. En face de moi il y avait ma voiture ainsi
qu’un bout de route s’arrêtant net.Il y avait toujours la forêt mais le château
n’était plus là! J’étais maintenant dans une clairière, j’étais à l’ancien

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emplacement du château! Au sol, il y avait le manche de la hache, ce qui
avait servi à m’assommer?

Depuis ce jour je me pose cette question lancinante: "Était-ce un rêve
ou bien la réalité?". Peut-être m’étais-je endormi dans cette clairière mais
alors, qu’est-ce que je faisais là-bas? Moi qui habite dans le sud de la
France...

*****

Marie E . :  SUPERSTITION, CAUCHEMAR OU RÉALITÉ ?


  Je m’appelle Anthony et j’ai 13 ans. Je vais vous raconter ce qui m’est
arrivé ce soir -là. Je m’en souviendrai toujours. C’était un vendredi 13. Vous
savez, pour certains, cela porte malheur et pour d’autres, c’est l’inverse!

  Comme chaque soir, je rentrais du collège et je passais, comme à mon
habitude, devant le café. C’était un soir d’hiver, il faisait froid et déjà nuit et
plus personne n’était dans la rue. Un homme était là, tout seul, dehors sur la
terrasse du café, fumant la pipe en lisant son journal. Il portait un chapeau
rouge, il me faisait vraiment très peur et il ne semblait pas très sympathique
et méchant. Il me regardait fixement quand, d’un seul coup, il se leva
violemment en attrapant son parapluie. Il se mit à me suivre en accélérant le
pas. Plus je marchais vite, plus il accélérait. J’avais peur et je me mis à courir.
A l’angle de la rue, je pris à droite pour essayer de semer cet homme étrange
et effrayant. Ouf !!! J’y étais arrivé. Il avait disparu. J’essayai de me calmer et
je repris mon chemin pour rentrer chez moi, et là…

  J’entendis des bruits de pas derrière moi, alors je continuais à courir, plus
je l’entendais derrière moi plus j’allais vite. Je n’arrivais plus à m’arrêter, mes
jambes couraient toutes seules, mon corps était contrôlé par la peur. J’allais
tout droit et, d’un seul coup, des arbres commencèrent à surgir de terre...Ils
étaient effrayants et gigantesques. Ils n’avaient pas de feuilles et ils étaient
tout noirs. Ils avaient tous leurs regards furieux plantés sur moi. J’avais très
peur quand…

  Je me retrouvai cette fois face à cet homme très grand et imposant avec
ses grands yeux terrifiants. Il laissa tomber son parapluie. Alors, une chose
inimaginable se produisit : une forte lueur apparut derrière lui. Au même
moment, on entendit un grand bruit, comme un coup de tonnerre. Mais ce
n’était pas un orage car on voyait les étoiles dans le ciel. C’était un

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cauchemar. La lueur devenait de plus en plus forte et fit apparaître une pierre
sur laquelle était écrit en lettres rouges : "Tu dois mourir".C’était du sang…



  Je me mis à courir encore plus vite, tellement vite… Je traversais la ville

sombre et terrifiante qui semblait abandonnée. Je voulais crier, appeler au

secours mais je n’y arrivais pas. Aucun son ne sortait de ma bouche. Et cette

lueur, de plus en plus forte, me donnait mal au yeux ! Je ne savais plus où

j’étais ! Je ne voyais plus rien avec cette lumière tellement intense! J’étais

perdu ! L’homme me fixait et ses yeux perçants semblaient cracher du feu. Je

n’arrivais plus à courir… Il fallait que je coure mais je n’avais plus de force. Il

fallait que je me sauve mais j’étais si fatigué ! "Qui êtes-vous ? Que me

voulez-vous ?"



  Soudain, la lumière sembla me toucher et me transpercer le corps. Je

tombai au sol…



  "Anthony, Anthony, réveille-toi. C’est l’heure de passer à table, " disait une

petite voix toute douce. J’ouvris les yeux. C’était maman. Que s’était-il

passé ? Et cet homme, il ne m’avait pas tué ? J’étais vivant…



  "Mais maman, où suis-je ? Quel jour sommes-nous ?"  

"Tu es à la maison, Anthony. Tu es rentré du collège tout à l’heure et tu avais

l’air effrayé. Je crois que nous sommes vendredi 13, mais de quel homme

parles-tu ? Ah, nous sommes vendredi 13… On dit que cela porte malheur…"

   Pourtant, j’avais eu de la chance. J’étais vivant !
   Le lundi 16 en rentrant du collège. Devant le café, le monsieur au
chapeau rouge n’était plus là, mais son parapluie était ouvert et posé sur la
table. En rentrant chez moi je passai par la ville abandonnée pour voir s’il n’y
avait pas quelque chose d’étrange, mais rien.. Tout était comme avant. La
lumière qui envahissait la ville le vendredi 13 n’était plus là et le ciel était tout
noir.
 La seule chose qui avait changé c’était la forêt à proximité. Les arbres ne
regardaient plus et des feuilles poussaient sur leurs branches. C’était
vraiment très étrange.
 Mais qui était cet homme ? Que me voulait-il ? Était-est-ce un cauchemar
ou une réalité ?

*****

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Joana B. : Le Renard


 Comme chaque soir, après une longue journée de travail passée à mon
entreprise d’assurance, je me faisais un cappuccino rempli de chantilly,
saupoudré de cacao, m’asseyais devant la télé sur ce canapé en cuir et
regardais ce dessin animé « Le monde incroyable de Gumball », comme une
enfant.
 Malgré le fait que j’avais cet air sérieux devant les autres, personnellement,
je trouvais que j’en étais très loin ! J’adorais tout ce qui était mignon, coloré et
me comportais parfois encore comme une gamine. Mais bon, l’habit ne fait
pas le moine et je restais qui j’étais !

 J’avais mal aux yeux et il faisait bien sombre dans cette pièce, mais cela
faisait depuis combien d’heures que je regardais la télé ? Ma tasse orange
préférée était vide, bizarre… 22 heures 54 ?! Oh lala, il fallait vraiment que
j’aille me coucher dans mon lit !
 Mais avant tout, mon histoire ! Oui, mon histoire, SON histoire… l’histoire
que ma maman me racontait chaque soir, à partir d'un livre hélas égaré, avec
amour et douceur, ma maman… mère… Hum, il n’était plus l’heure de pleurer
pour elle, elle était partie depuis bien longtemps et maintenant je me devais
de faire vivre sa mémoire par tous les moyens !
 Je ferais mieux de me dépêcher et de trouver ce livre, demain serait aussi
une longue journée de travail. Alors, où était-il ? Dans le salon ? Non je
l’aurais vite remarqué, mon salon était petit et rangé … Dans la cuisine ?
Pourquoi l’aurais-je mis là, ce n’était pas un livre de recettes ! Non, non,
non… Ah ! mais oui ! c’est vrai, dans ma chambre ! Sur ma petite table de
chevet en bois, suis-je bête. Ce livre, il était si petit et si vieux, amoché dans
les angles et quelques pages étaient pliées. Mais pourtant, il restait mon livre
préféré. Mais dites-moi, j’ai oublié de vous dire quel était ce livre, je suis
étourdie!
 C’est « Le Petit Prince » de Saint-Exupéry.
 Mes passages préférés étaient ceux du renard. Je m’en souvenais comme
si c’était hier, quand ma mère me contait encore et encore ces passages.
 Tiens, tout en papotant avec vous, j’avais déjà fini de lire tous les
passages. J’étais fatiguée, très fatiguée…j’allais me coucher, je ne voulais
pas rester debout plus longtemps, ça met ma santé en danger !

 Je me réveillais et me rendormais sans cesse, pour des raisons futiles par-
dessus le marché ! Je n’avais plus mal à la tête, c’était déjà ça, mais je me
sentais oppressée, observée et puis il y avait trop de lumière qui traversait les

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rideaux, ma colère augmentait progressivement, mon stress aussi, je voulais
dormir… dormir...

 Il y avait un problème, je n’arrivais pas à m'endormir, ma tête me faisait
atrocement mal, j’avais froid, mon téléphone était déchargé, le chauffage
cessait de fonctionner et j’avais bien l’impression qu’il y avait une panne de
courant. Que se passait-il ? Je me devais de dormir et tout de suite ! Mais je
n'allais pas bien, vraiment pas bien... Si j’allais bien, tout allait s'arranger, il ne
fallait pas s’inquiéter…

 Pourquoi ne pas s’inquiéter, pourquoi ? J'étais stupide, je devais
m’inquiéter ! J’avais l’impression que l’on me torturait psychologiquement,
indéfiniment. Les bruits de pas, la respiration des personnes et tout le reste
allaient me rendre folle !

 C’est la fin... je n’en pouvais plus, c’était la fin pour moi, j’allais mourir
d’angoisse ! Le robinet coulait interminablement, les canalisations faisaient
des bruits étranges, j’entendais le bruit des voitures et des passants
assourdissant non loin de là et surtout, je n’avais plus l’impression que j’étais
seule, il y avait quelqu’un chez moi ! Il y aurait un voleur dans mon
appartement ? J’avais faim, je voulais aller aux toilettes, vomir, crier de toutes
mes forces, m’enfuir, tout détruire, tuer des personnes, répandre une
maladie, dominer le monde, mourir…

 Plus rien, je n’entendais plus rien, rien du tout, absolument rien. Étais-je
devenue folle ? Je m’étais peut-être monté la tête pour rien, qui sait ? Je ne
savais pas et je ne voulais pas savoir. Que m’arrivait-il ? Où étais-je ? Dans
un rêve, la réalité ? Pourquoi cela m’arrivait-il ? Que devais-je faire ? Je
criais : « S’il vous plaît, j’ai besoin d’aide ! Sauvez-moi !
 — Ophélie ? Ophélie ! Tu es réveillée ?
 — Quoi ?!
 — Tu as du passer une sacrée nuit dis donc, ton lit est tout défait !
 — Je ne comprends pas... Qu’est-ce qu’il se passe ?
 — Bien, je suis venue te rendre ton courrier car ils se sont encore
trompés, et comme tu ne répondais pas, je me suis permise d’entrer,
désolée... Comme tu dormais et qu’il était midi j’ai pensé qu’il fallait te
réveiller et…
 — Quoi ! Midi ! Il faut vite que j’aille au travail…
 — Attention ! Tu vas abîmer ton livre ! Quand je suis arrivée tu le tenais
fermement, tiens.
 — Mon livre… «Le Petit Prince ».

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EPI, Ecritures numériques - « Les Dernières nouvelles », Concours de la nouvelle fantastique en 4e, collège Pierre Suc, Saint-Sulpice-la-Pointe, juin 2019.

 — Mais dis-moi, tu connais la nouvelle ? Il paraît qu’un renard a été
aperçu par ici et d’après les dires de la vieille Capiaux, il se serait faufilé ici,
dans notre immeuble !
 — Hum… d'accord, les ragots ne m’intéressent pas trop mais merci. Je te
dis à plus tard, il faut que je parte ! Ferme bien la porte en partant !
 — Oui !

 Là, c’était la fin pour moi ! J’étais en retard ! Vraiment en retard !
 Je ne savais même pas s’ils allaient accepter de me laisser rentrer…
 Et mais, j'y songe...ma mère m’avait parlé d’un renard… « Mes passages
préférés étaient ceux du renard, je m’en souvenais comme si c’était hier », «
je n’avais plus l’impression que j’étais seule », « il paraît qu’un renard aurait
été aperçu par ici et d’après le dire la vieille Capiaux, il se serait faufilé ici,
dans notre immeuble ! »…
 Qu’est-ce que cela voulait dire ?

*****

Robine : De l'autre côté

 Il était 22h00. Je venais tout juste de rentrer chez moi, dans mon petit
appartement d’étudiant. C’était l’heure pour moi d’aller dans les bras de
Morphée…Je me dirigeai vers ma chambre. J’avais eu une dure journée.
Conrad, mon petit ami, m’avait quittée depuis maintenant deux jours.J’étais
déprimée, j’avais envie de m’enfouir sous terre… Il était toute ma vie ! Je
l’avais aperçu la veille avec une autre femme. Il était passé à autre chose,
alors que moi, idiote comme je suis,je ne parvenais pas à me décoller des
albums photos que nous avions prises ensemble. Cela ne m’aidait guère à
me changer les idées.
 Le cœur lourd,je me dirigeai vers ma chambre lorsque j’aperçus le tableau
que mon Conrad m’avait offert il y a quelque temps. Cela raviva encore plus
de souvenirs…Il me l’avait offert pour mon anniversaire. Tout en me tendant
son cadeau, il m’avait avoué qu’il m’aimait de tout son cœur. Il avait osé, ce
charlatan !
 Cette peinture était étrange. Je n’arrivais toujours pas à comprendre
pourquoi il me l’avait offerte. Sur la toile était peinte une personne. Cette
peinture m’intriguait toujours un peu. Le personnage dégageait une certaine
prestance, mais il avait toutefois un air effrayant. Ce qui attirait le plus mon

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regard c'étaient ses yeux. Ils brillaient, d’une couleur verdâtre flamboyante.

 Il était temps pour moi de m’assoupir. Je tendis mon bras vers ma lampe
de chevet lorsqu’un éclair apparut. Je pris peur, bien évidemment. Je fermai
les yeux et les rouvris comme pour m’assurer que ce que je voyais n’était pas
seulement le fruit de mon imagination. Il y avait un petit objet lumineux sur le
sol. Cette chose, dont j’ignorais la source, perdit peu à peu de son intensité,
mais continua néanmoins à scintiller faiblement. Je fus frappée d’effroi mais
une part de moi était curieuse de découvrir ce que c’était.
 Je m’approchai donc de cet objet brillant. Je crus que c’était un haricot. Du
moins, il avait la forme d’un haricot selon moi… Celui-ci n’était pas comme
les autres, il était comme ciselé et il était aussi étincelant qu’un saphir. Je le
pris dans mes mains et une sorte de portail de feu s’ouvrit devant moi…
 Je fus impressionnée. Ma curiosité débordante me poussa alors à passer
de l’autre côté.
 Un éclat de lumière m’éblouit soudain le visage. J’étais aveuglée. A l’aide
de mes mains, j’essayais de me repérer mais en vain. Des vibrations
commencèrent à envahir tout mon corps. Elles se faisaient de plus en plus
fortes et de plus en plus fréquentes. J’entendis une musique stridente et
désagréable, elle augmentait petit à petit. J’étais prise de convulsions
répétées et je ne pouvais bientôt plus tenir debout. Je tombai alors sur mes
genoux et fermais les yeux, pour ne pas voir ce qu’il se passait.

 En les rouvrant j’aperçus un paysage désertique, en plein jour. J’entrepris
alors d’essayer de trouver un point de repère. J’étais épuisée, je n’avais pas
dormi, la température de ce lieu était terriblement torride. Tandis que je
marchais, je vis avec stupéfaction des enfants qui rigolaient et jouaient au
ballon, semblant ignorer dans quel lieu ils se trouvaient. Ces enfants n’étaient
pas normaux, j’en étais persuadée, ils faisaient rebondir leur ballon en
rythme, le regard vide d’émotion. Ils se mirent à chanter, je reconnus la
mélodie…C’était celle que j’avais entendue un peu plus tôt. Ils crièrent en
même temps, en rythme avec le bruit des ballons rebondissants. Je me
bouchai les oreilles car cette musique était vraiment insupportable.
 Ils s’arrêtèrent net. Un des enfants, une petite fille,s’approcha de moi. Sans
un mot, elle me tendit une clé. Les corps des enfants devinrent des masses
informes et s’envolèrent au gré du vent qui s’élevait de l’ouest. La clé que
j’avais dans ma main n’était plus qu’une poignée de sable. Cette légère brise
devint bientôt quelque chose de comparable à une tempête.
 En un clin d’œil, je me retrouvai dans une forêt verdoyante. Il pleuvait.
Quelqu’un ou quelque chose m’observait. Je me retournai aussitôt. Il était là
devant moi. Je n’étais plus sûre de ce que je voyais. Il avait l’apparence d’un

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jeune homme, mais cependant n’avait pas tout à fait l’air humain.
 Remarquant mon désarroi, il me demanda :
 — Comment t’appelles-tu ?
  J’entrouvris la bouche pour lui répondre, puis me rendis compte que je
ne savais plus mon prénom. Je n’étais pas non plus sûre de pouvoir parler,
j’avais perdu la notion du temps, je ne savais pas depuis combien de temps
j’étais dans cet endroit. Des larmes perlaient sur mes joues, j’étais
complètement égarée, je ne savais pas à qui me fier. Allais-je un jour
retrouver mon chez moi ?
 — Ne t’inquiète pas, tu n’as pas de souci à te faire, je suis avec toi, me
dit-il comme s’il savait exactement à quoi je pensais.
 Je fis une nouvelle tentative pour lui répondre mais, hélas, aucun son ne
sortait de ma bouche.
 — Pour ce qui est de parler, ne t’inquiète pas, me dit-il, je suis empathique
et télépathe.
 J’avais envie de partir en courant. Je n’étais pas sûre de lui faire confiance,
je ne le connaissais même pas. Cependant je me sentais en sécurité en sa
présence. Au point où j’en étais, je n’avais pas le choix.
 — Je ne peux pas te donner plus d’informations sur ce que je suis. Ce que
je représente va bien au-delà de ce que tu considères comme concret… Tu
as l’air perdue, je vais t’aider à t’en sortir.Et tu as raison, il est préférable que
tu me suives si tu veux rester en vie.
 Il me tendit alors sa main. J’hésitai un instant, avant de lui tendre la mienne
à mon tour.

 Nous arrivâmes dans un lieu qui ressemblait fortement à une maison. Le
décor était rustique et très chaleureux. Une odeur mielleuse flottait dans l’air.
 J’avais une multitude de questions à poser. Comment arrivions-nous à
passer d’un endroit à un autre ? L ’étrange monde dans lequel j’avais atterri,
était-il un rêve ? Si oui, comment se faisait-il que je n’en avais toujours pas
trouvé l’issue ? Le jeune homme se mit à rire.
  -Ne m’assaille avec autant de question !! Je vais t’expliquer. Ce lieu n’est
pas le fruit de ton imagination. C’est un lieu qui pourrait s’approcher par ce
que tu appelles la magie. Ici les choses qui te paraissent familières ne le sont
pas. Tu dois agir avec prudence.

 J’étais désemparée. Ces explications douteuses ne m’aidaient pas. J’étais
atrocement fatiguée. Il me dévisagea puis se mit à sourire.
 — Tu peux aller te reposer, si tu veux…me dit-il. Son sourire n’était pas
apaisant, plutôt effrayant. Il m’indiqua le chemin vers la chambre.Je
m’approchais du lit. Il était là sur le seuil de la porte attendant que je me

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couche et que je m’endorme. Il me fixait des yeux avec intensité. La lumière
de la chambre s’éteignit. Je ne voyais plus rien. Je ne voyais plus que ses
yeux qui luisaient dans la pénombre.

 Je reconnaîtrais ces yeux parmi des milliers d’autres. Ces yeux de couleur
verdâtre et flamboyante.
 Lorsque cette pensée traversa mon esprit, il se jeta sur moi. Ses dents
ressemblaient à des sabres, il me frappa et me balança sur le sol. J’essayais
de me débattre mais il était plus fort que moi. Je n’étais plus sur le lit. C’était
une salle vide et ténébreuse. Une musique stridente se fit entendre. Je me
mis à crier, puis fermai mes yeux.

 Je les rouvris et, avec surprise, me rendis compte que j’étais de retour
dans ma chambre. Ce n’était qu’un cauchemar.
 Je me précipitai alors vers la salle de bains. Je passai un peu d’eau sur
mon visage puis me regardai dans le miroir.
 J’étais méconnaissable, mes yeux étaient rouges et ma peau luisante de
transpiration. On pouvait me comparer à un zombie.

 Je décidai alors d’ouvrir ma fenêtre pour prendre l’air.
 Je regardais les voitures défiler, lorsque je le perçus.
 Je n’étais pas certaine, je ne voulais pas me résoudre à croire ce que je
voyais, cela était invraisemblable.
 Le jeune homme de mon cauchemar était bien là, affichant un rictus
satisfait et déstabilisant, l’air de me dire qu’il ne tarderait pas à venir me
chercher.

*****

Adrien et Lou : La peur de l’ombre

  
 Ce soir là, je me promenais dans l’ancien Coron où j’avais élu domicile.
Petit à petit, le village s’était vidé car l’exploitation minière avait été
démantelée . J’avais eu une longue journée et, tôt le matin , j’étais allé
travailler avec peu de temps pour déjeuner ou pour lire le journal. Donc, bien
que ce fut une froide soirée de décembre, je revêtis mon manteau d’hiver
pour sortir prendre l’air . Je ne sais plus bien si c’est en rentrant ou en sortant
du bar où j’étais allé boire un coup, que j’aperçus quelque chose de bizarre.

 Je me baladais donc dans le village , quelques réverbères bordant le

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trottoir éclairaient mon chemin. Des nuages noirs au clair de lune
s’amoncelaient au dessus de ma tête, menaçants .Un vieillard portant un
béret s’avança et m’interpella .
 — Et bonsoir jeune homme, me dit-il.
 — Bonsoir, répondis-je en reconnaissant le vieux Bernard, un des derniers
habitants de notre petit village.
 — Va pleuvoir ce soir, continua-t-il d’un air soucieux .
 — Et pis , j’crois qu'ça affole les rats .Sont agressifs ces rats ,rien qu’tout à
l’heure, deux d’entre eux m’ont mordu la bottine, ils ont plus peur d’nous .
 — Vous devriez faire attention me conseilla-t-il ,c'truc là amène la peste .
 Puis il continua son chemin .

 Par peur d’une averse , je me redirigeai vers la maison, tout en hâtant mes
pas. Les premières gouttes tombèrent, et ce fut vite le déluge .
 Le tabac dans ma pipe ne se consumait plus. Dehors, le silence régnait,
seules les gouttes résonnaient sur la toiture des maisons où les gens
dormaient paisiblement. J’étais seul dans la nuit noire, j’empruntai une petite
rue étroite sans la moindre lumière. Seule la foudre éclairait mon chemin
accompagné par le son tonitruant du tonnerre. L’eau ruisselait sur le chemin
pavé avant de disparaître dans la bouche d’égout, comme avalée. C’est à ce
moment-là que je sentis quelque chose passer entre mes jambes.


 Cette petite masse noire poursuivit son chemin et tourna à l’angle de la
ruelle. Un être poisseux qui poussait des petits couinements aigus dans sa
course effrénée. Ma première réaction fut de penser à un rat, ils avaient élu
domicile dans les mines abandonnées.
 Sûrement avait-il été effrayé par la foudre qui grondait au dessus de la
ville. Néanmoins il avait disparu. Mais , une seconde plus tard , un cri strident
se mélangea au bruit assourdissant des éclairs . Sur le mur blanc d’une des
maisons se dessina l’ombre d’un homme , son corps se tordant de douleur.
Mais ce ne fut point le fait le plus étonnant car, par le biais du mur, je vis
l’ombre grandir. Quelques petits gémissements étouffés accompagnaient le
tambourinement de la pluie sur la pierre. Cependant, la masse sombre et
mouvante continuait à croître. Alors je décidai de me saisir d’une planche de
bois qui se décrochait d’un volet. Toujours dans l’angle mort, je m’avançai
pour apercevoir cette bestiole à l’odeur fétide. Mais au moment où je me
trouvai devant elle, une giclée de sang me couvrit le visage. Alors, jetant ma
pipe sur le sol je courus dans la direction inverse, le sang tiède dégoulinant le
long de mes joues.


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 Le lendemain, tout le village s’était réuni sur la place. Des ossements
avaient été découverts non loin dans une petite ruelle. On les avait trouvés
étalés sur le sol, accompagnés d’une tache de sang sur le mur d’en face. On
me prit pour le tueur car j’avais laissé tomber ma pipe sur le lieu du crime. Je
leur donnai ma version de l’histoire, mais ils furent intransigeants. Je fus
incarcéré pour meurtre dans la prison d’une commune voisine. Et pourtant ,le
soir qui vint , cette monstruosité se trouvait dans les rues. De la fenêtre de
ma cellule , je pouvais entendre les cris de peur des habitants . Je devins
pâle jusqu’au moment où j’aperçus une nouvelle fois cette ombre
gigantesque sur le mur .

*****

Lola et Louna :  LA BROCHE

  Bonjour, je me présente. Je m’appelle Nelly, j’ai 50 ans et, au moment où
je vous parle, je suis tranquillement installée dans mon canapé, mais l’histoire
que je vais vous raconter se passe en 1989, à l’époque où j’étais encore de
service dans l’archéologie.
  Mon aventure commence un mardi soir dans l’aéroport de Toulouse. Je
m’apprêtais à prendre l’avion pour partir en Égypte, mais avant de monter à
bord il fallait que je me rende aux toilettes. En traversant le couloir, tout à
coup, une inscription Égyptienne apparut sur le mur. Elle disait: « Un conseil
n’y va pas. Te voilà prévenue ».

  Avant que j’aie le temps de réaliser, un appel micro annonça: « Tous les
passagers du vol Toulouse – Gizeh sont priés de se rendre à la porte C4 ».
En arrivant devant la porte C4, je me rendis compte que je n’avais plus ma
broche dans mes cheveux bruns.
  Je fis demi-tour et je la retrouvai devant le couloir où j’avais aperçu
l’inscription. Une fois la broche récupérée, je courus vers la porte de
l’embarquement. Une hôtesse de l’air m’adressa la parole :
 — Bonjour, votre passeport, s’il vous plaît.
 — Bonjour, le voici.
 — Votre broche bleue est magnifique, où l’avez-vous achetée ?
 — Je ne l’ai pas achetée, je l’ai trouvée lors d’une de mes fouilles. J’ai pu
la garder car on m’a dit que c’était un bibelot.

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 — Ah,vous êtes archéologue ! Je suis fascinée par ce métier, toute cette
patience, cette délicatesse…
 — Merci beaucoup, je le trouve fascinant moi aussi. C’est pour cette
raison que je l’exerce. Au revoir , bonne soirée.
 — Au revoir, bon vol.

  J’entrai dans l’avion et puis je m’assis à ma place. Au bout de dix minutes,
je m’endormis. Je fis un cauchemar étrange, qui me parut être une vision du
futur. C’était à Gizeh, une énorme tempête s’abattit sur le lieu d’une fouille
archéologique. Devant moi, une grande pierre avec des inscriptions
égyptiennes. Dans mon sommeil je ne pus les décrypter, mais cela me
rappelait étrangement les écritures que j’avais aperçues sur le mur dans le
couloir de l’aéroport. D’un coup, une envie folle de boire un café me traversa
l’esprit, j’appelai une hôtesse:
 — Bonjour mademoiselle, que désirez-vous?
 — Bonjour, je souhaiterais un café s’il vous plaît.
 — Très bien, je vous apporte cela dans cinq minutes, veuillez patienter
quelques instants, je vous prie.
 — D’accord, pas de souci.

  Quatre minutes plus tard :
 — Et voici votre café, mademoiselle. Désirez-vous un sachet de sucre?
 — Oui, je voudrais bien, merci.
 — Tenez!
 — Merci.
 — Bon vol.
 — Merci, à vous aussi.

  Ma tasse de café était tellement chaude que je dus souffler dessus, avant
d’y mettre mon sachet de sucre. En le versant dans ma tasse, je vis des
bulles remonter à la surface, le sucre remonta avec les bulles, les deux
assemblés affichaient encore le même message. Cela commençait à devenir
sérieusement effrayant. A ce moment-là, ma main se mit à trembler et je
laissai tomber ma tasse par terre. J’appelai immédiatement une hôtesse.

 — Désolé de ce petit incident mais j’ai eu très peur de l’éternuement de la
personne qui se trouve derrière moi.
 — Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas grave, cela arrive à tout le monde,
reposez-vous.
 — Merci.
 Elle rammassait ma tasse de café renversée sous mes pieds. Pendant

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qu’elle faisait cela, je commençais à me demander si cela était vraiment réel
ou si c'était seulement le fruit de mon imagination. Sur ces pensées, je fermai
les yeux et m’endormis.
  Quand je me réveillai, nous étions arrivés et une hôtesse de l’air
m’adressa la parole:  

— Madame, excusez moi de vous déranger mais il faut que vous descendiez
de l’avion, nous sommes arrivés à Gizeh.
 — Euh... oui, excusez-moi, je me dépêche.
 Une fois descendue de l’avion, j’attendis mes valises qui étaient en soute.
Par la suite je pris un bus, qui me conduisit à mon hôtel à côté du site
archéologique que je devais étudier. Fatiguée, je me couchai dans mon lit
douillet et je m’endormis immédiatement.
  Le lendemain, réveillé de bonheur, je me hâtais de me rendre sur le site.
J’étais tellement enthousiaste que je ne pris même pas la peine de me
présenter à mes nouveaux collègues.
  Tout à coup, ma broche tomba sur le sol. Je m’aperçus qu'elle avait
changé de couleur. Elle était devenue rouge alors qu’avant elle était bleue.
  A peine eus-je le temps de réaliser ce qu’il se passait qu’une tornade de
sable se forma sous mes yeux. La broche s’envola à l’intérieur mais,
bizarrement, elle restait sur place, intacte. On aurait dit que c’était cette
dernière qui contrôlait la tornade. Stupéfait, je reculais devant ce phénomène
qui me paraissait étrange. Mais après cela, plus rien... le vide complet.
  Après ce vide, je me réveillai dans un lit d’hôpital complètement
abasourdie , je ne me rappelais plus de rien. En fait, je venais de passer plus
de deux mois dans un coma profond , c’est ce qu’une infirmière m’apprit un
jour après mon réveil, puis elle poursuivit en me disant:
 — Désirez-vous que je vous raconte ce qu’il s’est passé?
 — Oui oui, je veux bien.
 — Vous avez survécu à une grande tornade de sable, vous êtes une
miraculée, cela vous revient?
 — Non, je ne me souviens plus de rien.

  Pendant 30 ans, je vécus dans l’oubli de ce passage de ma vie. Mais hier
en allumant la télévision, un journaliste interviewait un jeune homme dans un
hôpital psychiatrique. II racontait avoir trouvé une broche en fouillant dans le
sable. Une tornade apparut, avec en son cœur la broche. Et c’est à ce
moment-là, que tout m'est revenu d’un coup et la suite vous la connaissez.

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Nathan A et Enzo : Le mystère de la forêt enneigée

  Je m’appelle Darek. Je suis un mentaliste retraité. Je travaillais dans la
police de la banlieue parisienne que j'ai quittée il n’y a pas longtemps de ça.
Je suis grand de taille, j’ai les cheveux bruns et les yeux vert grisâtre.
 J’habite dans une ville où, tous les étés,une partie de la forêt du village est
enneigée. Tout le monde trouve cela bizarre d’avoir de la neige en plein mois
de juillet mais les gens du village, eux, ne s’y attardent pas plus que ça.

 Moi, je savais que cette forêt allait nous causer des malheurs tôt ou tard.
Étant mentaliste, je vois les choses avant tout le monde. Mais les gens du
village ne veulent pas m’écouter car ils me croient un peu bizarre.

  Pourtant, je m’en souviens comme si c’était hier, le vendredi 13 Juillet
1995, un homme partit dans la forêt couper du bois. Hélas, il ne revînt
jamais.
 Je l’ai vu comme si j’étais à côté. Une chose obscure sortit de l’ombre et
l’emporta dans la pénombre. J'allai le dire à sa femme et ses enfants, mais
comme d’habitude, personne ne m’écouta et la femme dit à qui voulait
l’entendre que j’étais fou…
 Je pensais qu’avec des preuves, je pourrais les convaincre. Mais il était
trop tard pour aller chercher des indices car la nuit était déjà tombée et la
forêt était inquiétante…

  Le lendemain matin, je m’enfonçai dans la forêt pour trouver des habits ou
le corps, quelque chose qui me permettrait de prouver mes dires. C’est à ce
moment-là que je vis une tâche de sang près de l’arbre où je l’avais vu se
faire enlever. Je suivis les traces de sang qui me conduisirent à une pierre où
j’aperçus quelque chose de gravé…
 « Je suis ton pire cauchemar ».
 A côté de la pierre, il y avait le corps du bûcheron, sans la main gauche. Il
avait des entailles très profondes, on aurait dit que le tueur avait utilisé une
hache… celle du bûcheron peut-être… Déterminé à faire entendre raison à
tous ceux qui m’ignoraient, je transportai le corps au village.
 Je me présentai à sa famille.
 — Je vous avais dit qu’une chose anormale se passait. Je l’ai vu mais
vous ne m’avez pas écouté…et maintenant…
 — Taisez-vous ! Cria sa femme. Mon mari était un brave, rien ni personne
ne lui voulait du mal. Retournez dans vos mensonges et vos histoires
ridicules.

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  Le vendredi suivant, une femme alla dans la forêt pour ramasser des
champignons pour le souper. Peu de temps après, elle disparut aussi sans
raison…
 Je savais que tous les vendredis, une personne mourait dans la forêt. Je
devais prendre l’enquête en main, la police n’avançait pas assez vite.

  A l’aube, je pris le chemin vers la forêt. Tout d’un coup, un bruit cassant…
une pierre non loin…la même inscription :
 « Je suis ton pire cauchemar ».
  Alors que je cherchais le corps de la femme disparue, j’entendis une voix
sourde :
 « Sauve-moi ! Viens me retrouver…Écoute ma voix ».
 Les yeux fermés, ma tête se mit à tourner, j’avais l’impression de tomber
sans fin dans le néant, l’obscurité.
 « MON DIEU ! Une main aussi monstrueuse qu’indescriptible... je savais
que c’était la main du bûcheron ».
 Je ne pouvais pas lui échapper, elle me maintenait dans l’obscurité. Je
décidai de lâcher prise et de me laisser porter sans résistance.

 Subitement, le vide. Tout s’éclaircit autour de moi, il ne restait plus que moi
et la main de ce pauvre bûcheron, sortie de nulle part. Fermant les yeux à
nouveau…
 « Maintenant je suis à toi. Tu m’as libéré ».
 Alors que je me réveillai au milieu de la forêt, les habitants du village
étaient tous rassemblés autour de moi…

  Ils me racontèrent alors une histoire incroyable et surréaliste…l’histoire
d’une main monstrueuse, surgissant de l’ombre, au-dessus de la forêt et d’un
homme que tout le monde croyait fou.

4E B

Jeanne F. Le baiser

Ce fut par une nuit d’orage que cette histoire commença. Rupert Smith,
honorable professeur à l’académie d’Oxford, avançait tant bien que mal face
au vent pour essayer d’atteindre sa maison. En temps normal il n’aurait pas
pris le risque de braver la nuit, mais aujourd’hui il était mu par une force

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nouvelle qui le poussait à continuer à marcher.Quand enfin il arriva sous le
porche de sa maison, il était trempé et grelottait de froid. Il frappa lourdement
sur la porte avec le heurtoir et attendit que l’on vienne lui ouvrir.

Au bout de quelques secondes, il lui sembla entendre des bruits de pas
à l’intérieur mais il n’en était pas sûr à cause du vacarme ambiant. Puis la
porte s’entrebâilla laissant apparaître une belle femme d’une quarantaine
d’années qui n’était autre que son assistante. Il rentra en la saluant d’un petit
mouvement de tête.Quand la porte fut fermée il se tourna vers la femme.  

« Bonsoir, Elizabeth.

- Bonsoir, professeur. »
Il ôta son manteau et elle le récupéra puis l’accrocha à une patère de

portemanteau.
« Elizabeth, Il faut que je vous raconte quelque chose d’incroyable !
- Je voudrais bien écouter plus tard, mais pour le moment il faut que vous
vous changiez. Vous êtes trempé, et si vous restez comme ça trop
longtemps, vous allez tomber malade. Pendant que vous faites cela, je vais
vous préparer du thé. »

Rupert ne répondit pas mais il hocha la tête. Pendant qu’il partait vers
sa chambre, la femme se dirigea vers la cuisine et commença à faire bouillir
de l’eau. Au bout de quelques minutes, ils se retrouvèrent dans le salon. Le
professeur s’assit dans son fauteuil de prédilection en croisant les jambes
tandis que son assistante lui donnait une tasse de thé. Elle s’installa ensuite
gracieusement sur le sofa à droite de la cheminée.

« Alors, quelle était cette chose incroyable que vous deviez me raconter ?
- Ah oui, c’est vrai ! Eh bien, j’étais à l’académie et je flânais à la bibliothèque
car mon travail était fini depuis un bon moment et que je n’osais pas sortir à
cause du temps. Comme vous le savez, je m’intéresse de près au surnaturel.
Il se trouve que, lorsque j’étais là-bas, un garçon qui m’assiste à l’académie
est venu me porter un rapport vieux de trente ans. L’histoire qui y était
racontée s’est déroulée dans une région sur laquelle je m’étais déjà
renseigné. En effet, des événements étranges s’y étaient produits lorsque
j’étais plus jeune. C’est là que les choses deviennent intrigantes. J’ai lu le
rapport rapidement car il était en fait assez court. Il traitait d’un jeune homme
qui aurait un jour été retrouvé privé de sa voix dans une grotte près de son
village. Il aurait par la suite tenté d’expliquer ce qui lui était arrivé en écrivant
une histoire complètement folle. Une femme qu’il pensait avoir séduite au bal
du village l’avait ensuite conduit à la grotte. Là-bas, après l’avoir embrassé,
elle lui aurait volé sa voix.
- Je dois avouer que je ne comprends pas très bien ce que vous me

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racontez… Elle l’aurait… dépouillé de sa voix ? Par quels moyens aurait-elle
pu s’y prendre ?
- Eh bien justement, en l’embrassant. Quand j’étais enfant, il y avait cette
légende sur une créature qui voyagerait de villages en villages pour séduire
les jeunes gens et leur voler leur voix. Ce rapport me fait grandement penser
à ça. Cette légende m’avait réellement marqué, si bien que j’y pensais encore
des années plus tard. Tout dans cette histoire me fascinait. On racontait que
cette créature vivait depuis que les Hommes sont apparus sur Terre, se
nourrissant donc en quelque sorte des voix qu’elle leur vole. On disait aussi
qu’elle pouvait passer des dizaines d’années sans en voler une seule.
Cependant, on disait aussi que si elle jeûnait trop longtemps, elle finirait par
vieillir et mourir comme une simple humaine. À cause de cette légende,
j’avais peur, quand j’étais jeune, de tomber amoureux d’une femme, car je ne
voulais pas qu’elle m’embrasse et me prive de la parole. C’est une des
raisons pour lesquelles j’ai fini célibataire et professeur à Oxford. » Rupert rit
doucement de ses propres aveux.

Le silence s’installa ensuite. Ils regardèrent le feu un moment puis
Elizabeth prit la parole :
« Vous voulez y aller, n’est-ce pas ?
- Vous me connaissez bien.
- Au bout de dix ans à vos côtés, j’ai commencé à m’habituer à vos petits
voyages pour traquer les êtres surnaturels. Le jour où je serai réellement
surprise sera celui où nous en trouverons un vrai. » À ces mots, elle eut un
sourire en coin et le regarda.
« Alors ?
- Euh… Que voulez-vous dire par « alors » ?
- Quand partons-nous ?
- Vous venez avec moi ?
- Eh bien, ma foi, je dois avouer que ces petits voyages m’avaient un peu
manqué. De plus, votre histoire a piqué ma curiosité.

- Alors, allez préparer vos affaires. Nous partons demain matin vers sept
heures, en sautant dans le premier train. Nous n’avons pas de temps à
perdre.

 Comment allez-vous faire pour l’académie ?

 Je les ai déjà prévenus que j’avais des problèmes familiaux à régler et
que je ne serais pas là pendant plusieurs jours.

- Et encore une fois, vous avez pensé à tout. »

À ces mots, Elizabeth se leva et lissa les plis de sa robe : « Je vais

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préparer mes affaires. Je doute que nous nous recroisions ce soir, je vous
souhaite donc une bonne nuit.
- Bonne nuit à vous aussi. »

Elle s’éclipsa du salon et Rupert l’entendit monter les escaliers.

Le lendemain matin, ils se rendirent à la gare et montèrent dans un
train. Elizabeth s’était occupée de tout, des correspondances jusqu’aux
étapes pour se rendre sur les lieux, car il se trouvait qu’elle connaissait, pour
y avoir vécu enfant, la région où ils voulaient se rendre. Le voyage dura toute
la journée et ils eurent donc tout loisir de s’ennuyer, sommeiller et parler de
ce qu’ils allaient faire une fois arrivés à destination. Rupert ajouta encore une
précision par rapport à ce qu’il avait dit du rapport : apparemment la victime
avait un frère plus âgé. Ils décidèrent par conséquent d’aller l’interroger car
ce serait plus simple que de parler à quelqu’un qui ne pouvait pas répondre,
en souhaitant bien sûr qu’il soit toujours en vie.

Quand Rupert et Elizabeth arrivèrent enfin, la nuit commençait à
tomber. Ils se rendirent au village et virent qu’un bar était ouvert. Ce fut là
qu’ils allèrent en premier. Ils s’installèrent à une table et recommencèrent à
parler de leur projet. Un vieil homme accoudé au comptoir se dirigea vers
eux : « Bonjour, dit-il.
- Hum… Bonjour ?
- Je vous ai entendu discuter de ce qui s’est passé ici y a trente ans. Si vous
voulez parler à mon frère, ça sert à rien.
- Vous êtes le frère du jeune homme qui a perdu sa voix ?!
- Euh… Ouais.
- Est-ce que vous accepteriez de nous parler de ce qui s’est passé quand
vous étiez plus jeune ? »
L’homme sembla hésiter.
« Oui.
- Si cela n’est pas trop indiscret, pouvez-vous me dire comment votre frère
s’est retrouvé dans cet état ? Privé de sa voix, je veux dire. »

Les yeux du vieil homme étaient fuyants. Il s’assit cependant à la table
et commença à chuchoter.
« Les gens l’ont pris pour un fou quand il a expliqué ce qui lui était arrivé…
Mais je sais que tout ce qu’il avait écrit était vrai. Mon frère était pas assez
malin pour inventer une histoire pareille.
- Vous pensez donc qu’il a été agressé par cette femme dont il était question
dans le rapport ?
- Pas agressé. Je pense vraiment que cette femme lui avait volé sa voix ou
alors qu’il avait vu quelque chose de tellement fou que ça lui a fait perdre la

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tête. Ce qui est sûr c’est qu’il était terrifié et qu’il a préféré se suicider plutôt
que risquer de recroiser ce qui l’avait mis dans cet état.

- Il s’est suicidé ?
- Quelques semaines après l’incident. Je suis rentré tard chez moi et quand
j’ai voulu voir comment il allait, je l’ai retrouvé pendu dans sa chambre.
- Oh… Je suis vraiment désolé…
- Ça fait trente ans maintenant. Ça fait encore un peu mal d’en parler, mais
l’eau a coulé sous les ponts comme on dit.
- Je suis vraiment navré de vous poser cette question alors que vous venez
juste de nous dire cela mais… savez-vous où se situe la grotte ?
- Vous voulez y aller ?
- Nous aimerions bien, en effet.
- Pourquoi ? Y’a vraiment rien à y voir.
- À vrai dire, nous enquêtons sur la créature qui a volé la voix de votre frère.»

L’homme le regarda en silence un moment, essayant de savoir si
Rupert se moquait de lui. Quand il comprit que ce n’était pas le cas, il soupira
en secouant la tête.
« La grotte est à l’extérieur du village…
- Où exactement ?
- En fait, j’y suis jamais allé. Y’a que les jeunes qui y vont pour se faire peur
ou faire d’autres trucs. L’endroit m’avait jamais réellement intéressé quand
j’étais gosse et, depuis que mon frère a eu son « accident » là-bas, je préfère
m’en tenir loin. Je sais juste que c’est vers le Nord.
- C’est plutôt vague comme indication… »
Elizabeth prit alors timidement la parole : « Si vous me le permettez, je crois
pouvoir nous y mener. » Rupert et le vieil homme se tournèrent tous les deux
vers elle. le professeur lui demanda :
« Comment ça ?
- Souvenez-vous, Professeur, j’ai vécu dans le coin quand j’étais jeune. À
revenir sur les lieux, des images ressurgissent, et je me rappelle notamment
d’un endroit où il nous était formellement interdit d’aller. Il s’agissait d’une
grotte, peut-être celle-là. Les jeunes disaient qu’un homme s’y était pendu…
» Elle se retourna, l’air désolé, vers leur interlocuteur. « J’ai peur que la
tragique aventure de votre frère n’ait excité l’imagination des gens à l’époque.
» Et s’adressant à Rupert : « Il est fort probable qu’il y ait eu un amalgame
entre le lieu de l’agression et celui du suicide. Mais si c’est bien ça, je crois
que je sais où nous devons nous rendre !
- Élisabeth, vous êtes vraiment formidable ! Allons-y dès maintenant ! »

Rupert se leva d’un bond de sa chaise, se tourna vers le vieil homme et
le salua. « Je suis vraiment heureux que nous ayons pu discuter. J’espère

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vous revoir quand nous rentrerons de la grotte. » L’homme hocha la tête et fit
un vague signe d’adieu de la main. Le professeur et son assistante sortirent
du bar et se retrouvèrent dans le froid de la nuit. Ils se dirigèrent en silence
vers le nord du village et s’arrêtèrent quand ils eurent atteint la dernière
maison.

« Vous vous sentez réellement capable de nous y conduire ?
- Je pense.

- Je vous fais confiance. Depuis que vous travaillez pour moi, je ne vous ai
jamais vue vous tromper une seule fois. »
Elizabeth lui sourit, puis il fouilla dans son sac pour en sortir une lampe à
huile qu’il alluma. Ils se jetèrent un regard en hochant la tête et s’enfoncèrent
dans les ténèbres.

Ils marchèrent ainsi pendant de longues minutes puis il commença à
pleuvoir. Ce fut Elizabeth qui sentit la première goutte et ce devint rapidement
un véritable déluge. Ils se mirent à courir pour trouver un endroit où s’abriter,
mais il n’y avait même pas un arbre pour les protéger. Maintenant gênée par
le rideau de pluie, Elizabeth affirmait ne plus reconnaître les paysages et être
dans l’incapacité de trouver le chemin. Le sol étant glissant, ils étaient obligés
de faire attention à chacun de leurs pas pour ne pas tomber et risquer de se
blesser par accident.
Rupert se disait que la situation ne pouvait pas empirer, mais un éclair
zébrant le ciel lui prouva le contraire. Elizabeth, en entendant le grand fracas
du tonnerre, poussa un cri et se pressa contre le professeur, faisant trébucher
celui-ci. S’il était seulement tombé sur le sol, il n’y aurait pas eu de réel
problème, quelques égratignures et des vêtements sales tout au plus, mais,
là, ce fut dans un trou qu’il tomba.Il poussa un cri de surprise avant que sa
jambe gauche ne heurte violemment un rocher qui se trouvait au fond,
émettant un craquement sinistre. La douleur qu’il ressentit le fit presque
pleurer. Les éclats de verre avaient volé un peu partout lorsque la lampe à
huile s’était brisée sur le sol. Un gros morceau s’était planté profondément
dans son épaule droite et il sentait déjà que sa chemise s’imbibait de son
sang.

« Rupert ! Où êtes-vous ?! Que s’est-il passé ?!
- Je suis tombé dans un trou… Ma jambe est probablement cassée et j’ai du
verre planté dans l’épaule.
- Je vais vous sortir de là ! »
Rupert tenta de se relever mais sa tête tourna d’un coup, le faisant retomber
en arrière. Son crâne frappa le sol et du sang commença à en couler, se
mélangeant avec l’eau et la boue. Sa vision s’assombrit et il s’évanouit.

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Quand Elizabeth arriva au fond du trou qui n’était d’ailleurs pas très grand,
elle trouva Rupert inanimé sur le sol. Elle attrapa les bras du professeur
qu’elle fit passer par-dessus ses propres épaules. Elle le souleva et le porta
sur son dos. La surface n’était vraiment pas très loin au-dessus de leur tête,
mais elle eut du mal à remonter ainsi chargée.

Tout était noir ; il ne voyait rien, ne sentait rien. Puis, tout à coup une
douleur aiguë s’éveilla dans sa jambe gauche et son épaule droite. Son corps
entier le torturait et il n’arrivait plus à respirer. Pourtant, ce qui l’entourait
commença à s’éclaircir et il parvint à distinguer des parois rocheuses autour
de lui. Tout baignait dans une lumière orangée réconfortante. Rupert ouvrit
les yeux lentement et tout ce qu’il put voir fut le plafond de la grotte où l’avait
porté Elizabeth. Il écouta les bruits qui l’entouraient : les crépitements d’un
feu, quelqu’un qui s’affairait dans la grotte, probablement la femme, et la
tempête qui s’était levée à l’extérieur. Il voulut ensuite voir dans quel état il se
trouvait mais il avait bien trop mal pour se redresser. Il pouvait néanmoins
sentir qu’on lui avait fait un bandage à l’épaule et que sa jambe cassée était
coincée entre deux bouts de bois et emballée avec des bandes de tissu. La
douleur qu’il ressentait le fit siffler entre ses dents mais il savait que ce n’était
pas vraiment le moment de se plaindre. Essayant de trouver une position
plus confortable, il roula sur le dos et tourna ensuite sa tête vers le feu
qu’avait allumé Elizabeth.

Rupert ne put s’empêcher de remarquer à quel point elle était belle, son
visage ainsi éclairé par la lumière des flammes. Il ne s’était jamais permis de
la regarder de la sorte jusqu’à présent. Elle était son assistante et, par
conséquent, ce n’était pas correct. Mais il était fatigué de se voiler la face sur
ce qu’il ressentait, fatigué par les événements qui l’avaient mis dans cet état,
fatigué car il avait perdu trop de sang et qu’il continuait d’en perdre. Son
assistante, sentant qu’il la regardait, se retourna et lui offrit un doux sourire
qu’il lui rendit. Puis elle se leva et marcha dans sa direction, s’accroupissant
quand elle fut à côté de lui.  
« Comment vous sentez-vous ?
- Je dois admettre que j’ai déjà connu mieux…
- Je suis vraiment désolée… Tout est de ma faute…
- Mais non, c’est moi qui suis tombé dans ce trou.
- À cause de moi… Si je n’avais pas cédé à la panique, je ne vous aurais
jamais fait trébucher de la sorte et nous n’en serions pas là ! »

Rupert la regarda alors qu’elle détournait les yeux.
« Je ne vous en veux pas, et puis c’est vous qui m’avez sorti du trou, soigné
et amené ici. D’ailleurs, serait-ce la grotte ?
- Pour tout vous dire, je ne sais pas vraiment. Mais je pense que oui car il ne

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doit pas y en avoir des dizaines dans le coin. »
L’assistante cessa de fuir le regard de Rupert et le fixa à son tour. Mon

dieu, elle était vraiment belle !
« Elizabeth ?
- Oui ?
- Je viens de résoudre un des plus grands problèmes auxquels j’ai pu faire
face dans ma vie. »
Une expression intriguée se dessina sur le visage de la femme.
« Ah bon ? Lequel ?
- Vous.
- Que voulez-vous dire par là ?
- Enfin pas exactement vous… Ce que je ressens pour vous. »
Un petit sourire apparut sur les lèvres d’Elizabeth.
« Et quelle est donc la réponse ?
- Je vous aime. »

Le regard qu’ils échangèrent fit comprendre à Rupert que ses
sentiments étaient partagés. Il se releva doucement pendant qu’elle se
penchait vers lui, puis ils s’embrassèrent. Un baiser d’abord doux et tendre.
Puis il commença à ressentir une sensation étrange au plus profond de ses
entrailles, comme si on lui arrachait quelque chose de précieux qu’il avait
toujours eu et dont il pensait ne jamais se séparer. Cette sensation
s’intensifia encore et devint une nouvelle douleur dans son corps déjà
meurtri. Elizabeth s’éloigna de lui en souriant, mais ce n’était plus le sourire
qu’il lui connaissait, non, c’était un sourire mauvais et satisfait. Le genre de
sourire qui vous fait comprendre que vous avez perdu et que vous êtes la
cause de votre propre défaite. Il essaya de lui demander pourquoi elle le
regardait de la sorte mais aucun son ne put sortir de sa gorge.

Alors il réalisa ce qui c’était passé. Elizabeth, ou plutôt la créature,
commença à se métamorphoser. Son visage s’amincit. Les rares cheveux
blancs qui avaient commencés à faire leur apparition redevinrent noirs. Ses
cernes disparurent ainsi que les légères rides qui s’étaient formées au coin
de ses yeux. Quand cela fut fini, elle avait retrouvé l’apparence dont elle était
dotée une vingtaine d’années auparavant. « Tu t’es enfin décidé à
m’embrasser, Rupert ! Je me disais vraiment qu’à ce rythme-là j’allais finir ma
vie en étant vieille et ridée. Tu ne peux même pas imaginer à quel point cela
fait du bien d’être jeune à nouveau ! »

Elle tourna gracieusement sur elle-même en se tenant le visage entre
les mains et en riant. Elle s’arrêta et se retourna vers l’homme qui la regardait
abasourdi. « Tu étais vraiment un mauvais parti. On m’avait pourtant dit que
ce serait facile de séduire un professeur d’université, mais tu étais beaucoup

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trop prude. Te rends-tu compte que cela t’aura pris dix ans pour enfin me
laisser te voler ta voix ? Mais, maintenant que c’est fait, je me sens si
légère !»

Elle se remit à rire et se pencha vers lui avec un sourire sadique, elle lui
attrapa ensuite le menton et l’obligea à la regarder dans les yeux.« J’aimerais
tellement te demander ce que ça fait de réaliser que la chose qui t’avait
terrorisée quand tu étais plus jeune et t’a poussée à craindre les relations
amoureuse, se trouvait en fait à tes côtés depuis si longtemps, mais tu ne
peux plus me répondre maintenant. »
Elle repoussa son visage après lui avoir donné une petite tape sur la joue
avec amusement.

Elle défit ensuite légèrement le bandage du professeur pour que le
sang puisse à nouveau s’échapper de la plaie puis elle se dirigea vers sa
jambe gauche brisée et l’écrasa violemment sans la moindre hésitation, avec
un visage dur.

Rupert voulut crier mais il se retrouva juste à s’étouffer sans produire le
moindre son.

« Tu sais, cette douleur n’est rien par rapport à celle de vieillir. Vous, les
humains, êtes faits pour cela. Quand vous naissez, vous êtes déjà
condamnés à mourir, et on vous l’apprend dès votre plus jeune âge. Ce n’est
pas mon cas. Je ne suis pas faite pour ça. Mon rôle est de rester en vie et de
vous torturer jusqu’à ce que vous ayez tous disparus. Si tu savais à quel
point je vous hais, vous et toutes ces choses stupides que vous faites ! La
première année où j’ai travaillé pour toi était amusante. Trouver de quelle
manière j’allais te séduire. M’adapter à tes envies subites de voyages. Mais,
dès la deuxième année à tes côtés, j’ai commencé à m’ennuyer, plus rien
n’arrivait à me surprendre chez toi. Et puis, quand hier tu m’as parlé de ton
envie de me capturer, tu ne peux pas savoir à quel point cela m’a agacée et
amusée. Je t’ai trouvé terriblement orgueilleux de même imaginer que tu
pourrais me vaincre ! À ton avis, depuis que je suis sur cette Terre combien
de personnes ont tenté de m’attraper et ont échoué ? Te croyais-tu
différent ?» Elle marcha vers le feu et se mit à le fixer. « Tout était tellement
plus facile avant, les gens ne voyageaient pas et ne savaient pas écrire. Les
humains étaient encore plus bêtes qu’ils ne le sont maintenant. Quand je
volais une voix, il n’y avait aucun risque de me faire attraper, personne ne
pouvait dire à quoi je ressemblais, mais maintenant je risque un procès dès
que je me nourris. Le seul avantage est que les gens sont moins
superstitieux de nos jours. Il y a encore trente ans, j’avais été obligée de tuer
ce jeune homme… »

Rupert ne comprenait plus ce qu’il se passait. Il tenta de se relever et

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de s’enfuir mais, en l’entendant faire du bruit, Elizabeth se retourna vers lui
en se moquant. Elle lui envoya un grand coup de pied dans le ventre, le
faisant se recroqueviller sur le sol. « Je suis rentrée dans sa chambre une
nuit, il m’a immédiatement reconnue. Jamais je n’oublierai l’expression de
terreur sur son visage quand il a tenté de m’échapper et que je l’ai attrapé. Je
vais t’épargner les détails, vu que je sais que tu n’aimes pas trop ces
histoires de meurtres, mais je l’ai étranglé et pendu au-dessus de son lit. Tu
comprends, j’aurais vraiment préféré le laisser en vie, c’est ce que je faisais il
y a encore quelques siècles, mais il avait déjà commencé à me décrire par
écrit. Il aurait pu devenir encore plus dangereux avec le temps. »

Rupert était terrifié ; cette folle allait le tuer, elle allait le torturer,
l’éventrer, le massacrer. La créature comprit de suite ce à quoi il pensait et
reprit la parole « Oh non, ne t’inquiètes pas. Je ne vais pas te tuer. Ce n’est
pas la peine. De toute façon, tu es déjà presque mort. Je ne sais pas si tu as
réalisé les quantités de sang que tu as perdues depuis que je t’ai amené ici,
mais il est assez facile de juger que tu ne passeras pas la nuit quand on
regarde l’état du sol où tu reposes. » En effet, le sol était presque
entièrement rouge à cet endroit-là. « Les villageois te trouveront sûrement
demain ou après demain. Ils me soupçonneront sûrement, mais ils n’auront
aucune chance de me retrouver. Après tout, la seule description qu’ils auront
sera celle de la vieille peau que j’étais il y a quelques minutes à peine. » La
créature revint ensuite une dernière fois vers le feu et l’étouffa avec de la
terre. Elle marcha ensuite jusqu’à l’entrée de la grotte et lança sans se
retourner : « Tu aurais vraiment dû te marier Rupert. Tu embrasses bien. »
Elle disparut dans les ténèbres laissant derrière elle un homme désespéré et
mourant ainsi qu’un chapitre particulièrement ennuyeux de sa vie.

*****

4E D

Margaux R.  Le parc

Fabrice est un homme d’affaires qui a déménagé dans un petit village
calme et très peu peuplé. Alors qu’il vient de finir d’emménager, à la nuit
tombée, il décide de partir courir dans le parc à côté de chez lui.

Pendant qu’il court, il bouscule un homme. Fabrice se retourne pour
s’excuser mais le parc est désert derrière lui. Étonné, il finit son footing et
retourne chez lui.

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Les jours passent et la course dans le parc devient sa routine
quotidienne. Et, comme à chaque fois, il croise la même personne. Un jour, il
décide de lui parler mais l’homme avec un regard sombre lui répond
froidement. Lors de cette discussion, Fabrice s’aperçoit que celui-ci a des
yeux de reptile. De jour en jour, pendant sa routine du soir, Fabrice remarque
que l’homme au regard sombre a une apparence de moins en moins
humaine.

Le soir suivant, Fabrice suit l’individu jusqu’à chez lui pour pouvoir s’y
introduire la nuit suivante. Le lendemain soir, il attend que cet homme sorte
de chez lui pour y entrer à son tour. Pendant ce temps, l’homme du parc
attend de croiser Fabrice comme tous les soirs. Ne le voyant pas arriver, il
retourne chez lui. Il voit Fabrice dans sa maison et se rend compte que son
secret est en danger.

Fabrice entend du bruit et voit la porte d’entrée entrouverte. Par peur, il
se dirige vers celle-ci mais une main lui coupe le passage. Il comprend que
l’homme du parc est revenu. Il se retourne pour partir en courant, mais un
couteau surgit de la cuisine et lui transperce le corps. Il voit le temps s’arrêter,
il entend son cœur palpiter et il sent la lame froide et tranchante transpercer
son cœur.

À ce moment, il commence à voir trouble et à distinguer une lueur
blanchâtre qui lui fait penser au paradis. Mais il distingue des visages
familiers autour de lui. On lui explique qu’il vient de sortir d’un coma qui a
duré trois mois.

*****

4E B

Corentin D. Étrange trajet

 Mr Peter, un homme d’environ cinquante ans, était dans le train qui le
menait à Paris où habitait son fils.Sa femme, qui n’avait pas pu avoir de
vacances, était restée chez eux.

Il lisait son journal comme tous les matins lorsque le train s ‘arrêta dans
une gare. Il regarda par la fenêtre et il vit sa grand-mère sur le quai en face.
Sa grand-mère qui était décédée il y a dix ans... Elle lui disait bonjour avec un
grand sourire. Il resta stupéfait de surprise et pétrifié sur son siège. Le train
repartit en laissant sa grand-mère sur le quai. Il se dit que cette femme ne

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pouvait pas être sa grand-mère et qu’elle devait être quelqu’un qui lui
ressemblait.

Trente minutes plus tard, le train s’arrêta de nouveau dans une gare. En
regardant par la fenêtre, Mr Peter vit son grand-père sur un quai au loin, qui
le regardait en souriant. Après avoir été surpris par ce qu’il voyait, il eut tout à
coup peur. Son grand-père était mort depuis cinq ans... Le train repartit. Il se
mit à douter de ce qu’il avait vu. Comment était-ce possible ? Avait-il rêvé ?
Deux sosies à la suite, ça faisait beaucoup.

Quand le train s ‘arrêta encore, il regarda dans tous les coins de la
gare, avec la peur au ventre. Ne voyant rien d’anormal, il se sentit
soulagé. Un train passa dans l’autre sens au ralenti et, à l’intérieur, il vit sa
mère qui lui faisait un signe de la main. Sa chère mère, décédée un an plus
tôt des suites d’une longue maladie...

Cette fois-ci la panique le gagna et de grosses gouttes de sueur
commencèrent à perler sur son front.Qu’est-ce que cela voulait dire ?
Perdait-il la tête ? Était-il mort ? Ne se sentant pas bien, il décida d’appeler sa
femme pour tout lui raconter. Mais elle ne répondit pas. Mr Peter était content
de constater que son train allait bientôt arriver à destination.

Un dernier arrêt arriva . Il avait peur de regarder par la fenêtre. Mais il le
fit quand même. Là, sur le quai, se trouvait sa femme qui lui disait quelque
chose. Au début, il ne comprit pas, puis il réussit à lire sur ses lèvres « Au
revoir, je t’aime ». Il se leva et voulut descendre du train pour la rejoindre.
Mais le contrôleur venait de siffler le départ du train et les portes se
fermaient…

  Quelques minutes plus tard, le train de Mr Peter arriva enfin à Paris.
Son fils l’attendait sur le quai, les yeux tout rouges. Lorsqu’il s’approcha de
lui, son fils lui dit :
« Papa, assieds-toi, j’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer. L’hôpital vient
de m’appeler. Maman a fait une crise cardiaque il y a une heure. Elle est
décédée… »

*****

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4E D

Marie-Charlotte C. :   Le Chat noir porte malheur


J’arrive dans les escaliers une valise à la main. Je dois aller au
troisième étage à la chambre 61 215, celle avec une porte verte. Je
commence à monter les escaliers quand, soudain, une vieille dame aux yeux
vert jaune et avec la peau sur les os arrive à l’entrée. Elle porte un manteau
de fourrure noire, des collants violets et des talons aiguilles noirs. Je me dis
que c’est juste une autre cliente.

Je monte une marche quand je sens mes pieds fixés au sol par une
force extérieure. Je me tourne pour regarder le réceptionniste et je me rends
compte que la vieille dame a disparu : à mes pieds se trouve un chat noir aux
yeux perçants.

Un claquement de doigts se fait entendre. Le petit chat se transforme
alors en la vieille dame ! Elle met un couteau sous ma gorge. J’ai peur, je
ferme les yeux. J’entends une sorte d’aboiement. Une minute, ça fait une
minute que j’attends, et l’aboiement se fait toujours entendre.

Je décide enfin d’ouvrir les yeux et je découvre que l’aboiement vient
de mon réveil, et que tout ce qu’il s’est passé était un rêve. Je me lève et me
regarde dans la glace. Dans le miroir, je vois un chat noir aux yeux
perçants….

*****

Mimmo C.

Je rentrais d’une visite chez le docteur pour une vilaine grippe qui
s’éternisait, quand sur le chemin du retour, je croisai la route d’un groupe
d’hommes, tous vêtus de la même manière, avec une toge noire et un
capuchon en pointe. Ils devaient être une dizaine, non, une vingtaine, à se
suivre et à entrer un par un dans un bâtiment que je croyais abandonné
depuis bien longtemps. Pas un ne me fit un signe quand je leur adressai un
bonjour amical, à croire que, pour eux, je n’avais jamais croisé leur route.

Je continuais à sillonner les ruelles avant de finalement rentrer chez
moi. J’entrai, et posai ma veste dans l’entrée. Il y régnait toujours une
atmosphère étrange, peut-être même malsaine, surtout depuis que je m’étais

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fait voler une photographie. Elle représentait un lac, sur lequel naviguait une
barge. Malgré le fait que je n’aie jamais aimé cette chose, je laissais son
cadre vide, béant, lorgner mon salon de son noir sombre. Sur mon buffet se
trouvait une balle de tennis que les cambrioleurs avaient laissée comme
preuve de leur passage, probablement, et que j’avais placée sur un
présentoir à vin, sous cloche. J’avais cette obsession pour la propreté et la
clarté : j’avais horreur d’avoir plus d’une douzaine d’objets en même temps
sur un même meuble. Étais-je maniaque ?

Plus tard dans la soirée, je passais le temps du dîner seul, une nouvelle
fois, cela depuis la rupture avec ma femme. Le repas avait un goût encore
plus fade que d’habitude. Dehors, le temps avait tourné à l’orage sans même
que je ne m’en rende compte. La foudre frappait avec une telle ténacité qu’on
aurait pu croire que Zeus lui-même la lançait dans un excès de colère. Une
fois mon repas terminé, je m’installai face à l’orage, pour le contempler, tout
en réfléchissant. Les ramifications, les branchages de la foudre, avaient
quelque chose de vivant, tel un arbre éphémère, traversant les cieux,
éclairant les alentours, puis s’évanouissant dans la nature. Quel beau
spectacle c’était !

Le lendemain, je me levai à l’aube. En sortant, je constatai que l’orage
de la veille avait fait s’écrouler le clocher de l’église ; quel dommage pour un
dimanche ! En arrivant sur les lieux, je fus surpris d’y trouver le maire parmi
les bénévoles qui retiraient les pierres de l’entrée du bâtiment. Je me joignis
à eux et entamai une conversation : « Je vois que l’église se sentait trop près
de Dieu ! Commençai-je.

- Ah, vous savez, moi et les croyances, ça fait deux, je n’ai jamais cru
en rien ! me répondit le maire. Tout ce qui m’inquiète c’est de trouver les
fonds nécessaires à la reconstruction de notre patrimoine. »

Je finis par laisser le maire et les bénévoles à leur tâche et par
reprendre la route. Je repassai encore une fois devant le bâtiment
prétendument abandonné où des hommes mystérieux étaient entrés la veille.
Je crus apercevoir une lueur au premier étage, je l’observai, me demandai si
je devais aller en informer le maire, puis finalement, passai mon chemin. Je
fus arrêté quelques mètres plus loin quand j’entendis une porte s’ouvrir
derrière moi. Je me retournai et vis un homme, dont le visage m’était
étrangement familier, se faire jeter hors du bâtiment.
« J’aurais quand même votre peau ! leur adressa-t-il.
- Qui êtes-vous ? Vous me rappelez quelqu’un, mais je ne parviens pas à
savoir qui, lui demandai-je.

- Je vous connais. Vous ne me connaissez pas, enfin, plus exactement, vous

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ne me connaissez PLUS, me répondit-il.

- Je ne vous suis pas... Je ne vous connaîtrais PLUS ?

- C’est exact, je vous ai déjà croisé, mais vous avez perdu la mémoire.

- Et comment vous appelez-vous ?

- J’ai beaucoup de noms : l’Alchimiste, Nicolas, ... Mais celui que je
préfère, c’est l’Immortel. »

Cet homme, bien que sorti de nulle part, me rappelait quelqu’un que
j’avais connu, et me mettait en confiance.

« Vous enquêtiez sur les hommes dans ce bâtiment ? lui demandai-je.

 Ces hommes ? Voyons, ce n’en sont pas, ils ont plutôt l’odeur du
mal… »

Je n’étais pas d’humeur à le contredire dans ses convictions, mais tout
ça n’avait aucun sens, je le laissai donc poursuivre : « Suivez-moi, je vais
vous montrer ce qu’ils font ! ». Il m’emmena dans la cour arrière du bâtiment,
puis chercha une fenêtre qu’aucun rideau ne cachait pour y regarder.
L’intérieur faisait penser à celui d’une église : il y avait deux rangées, un autel
derrière lequel se trouvait un homme s’apparentant à un prêtre, qui lisait à
voix haute un livre orné d’un heptagramme doré. La langue employée ne
m’évoquait aucune langue que je connaissais ; peut-être était-ce du latin ?
Puis, quand il sembla avoir fini de lire, tous les autres se levèrent. Le prêtre
leur dit : « fratribus meus », ceux des rangées répondirent « patrem »,
l’homme derrière l’autel adressa aux autres « avolavimus », tous répétèrent.

Puis il se produisit une chose que je ne pourrais pas décrire
précisément : on aurait dit qu’ils s’étaient tous métamorphosés en créatures
de la taille d’un homme, un mélange de corbeau, d’aigle et de serpent. Je
n’avais jamais vu des créatures aussi effrayantes. Je reculai de terreur tant
l’horreur de ces monstres m’impressionnait. Toutes ces créatures
monstrueuses s’envolèrent dans le ciel en passant par des vitraux détruits
dont les morceaux de verre restants n’égratignèrent pas même leur peau.
Nous suivîmes ces êtres volants démoniaques du regard jusqu’à ce qu’ils
disparaissent dans le soleil. Ils volaient vers les ruines abandonnées du
château. « Suivons-les ! » me dit l’Immortel en partant en courant vers les
monstres. Je fis de même et me mis à le suivre. Nous montâmes dans sa
voiture. Les chemins qui menaient jusqu’aux ruines étaient cahoteux, ou alors
était-ce sa voiture qui était en mauvais état ?

Quand nous arrivâmes aux ruines, nous arrêtâmes la voiture dans la

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forêt les précédant pour ne pas être entendus. Je demandais à l’Immortel :

« Tant que j’y pense, comment comptez-vous arrêter ces monstres ?

 Oh, pour ça, ne vous inquiétez pas, j’ai mes moyens !

- Je me demande vraiment pourquoi je vous fais confiance…

- Parce que vous savez qui est digne de confiance ?

- J’espère le savoir, en tous cas. »

Quand nous entrâmes dans les ruines, les créatures n’y étaient pas,
mais elles avaient laissé des traces d’un festin bestial récent : des ossements
d’animaux mi-couverts de chair jonchaient le sol. Certains os étaient couverts
de griffures et de morsures, ce qui renforçait l’atmosphère effrayante de ce
lieu étrange. Nous nous dirigions maintenant vers le deuxième bâtiment des
ruines de ce château médiéval. Les murs étaient eux-aussi marqués de
griffures. Je m’assis derrière un tas de roche, qui faisait sûrement partie d’un
mur autrefois. J’entendis des voix, enfin, plutôt des grognements. J’eus
l’impression qu’ils discutaient, mais le fait que ce soit avec autre chose que
des mots me dérangeait. Et puis, de quoi pourraient-ils discuter ? Peut-être
de détruire le monde ? Ou alors de le conquérir ?

« Maintenant, il va falloir que je sache ce qu’ils veulent sans se faire
prendre », me dit l’Immortel. Je lui demandai : « Vous ne le savez pas ? » À
cette question, il ne répondit pas. Je redoublai maintenant de prudence
lorsque nous approchions de l’endroit où se trouvaient les créatures.
L’Immortel, lui, ne semblait pas plus effrayé. Puis, sans doutes dans un élan
de stupidité, il s’avança vers les créatures et se mit à crier : « Venez à moi,
créatures, n’ayez pas peur ». Les grognements cessèrent et toutes les
choses se tournèrent vers lui. Moi, bien sûr, je restai caché. Il continuait : « Je
suis juste venu pour discuter, et vous demander une chose, que faîtes-vous
ici ? ». Une des créatures se changea en homme, s’approcha de
l’autoproclamé Immortel, et elle lui dit d’une voix rauque presque humaine :

« Je pourrais vous retourner la question. Je me souviens de vous.
Vous êtes venu nous déranger tout-à l’heure, c’est moi qui vous ai jeté
dehors. Que faites-vous ici ?

 Moi, je suis simplement venu visiter les ruines.

- Et l’autre ?
- Quel autre ?
- Le peureux qui se cache derrière la roche, là-bas. Je

connais l’odeur d’un humain, même si la vôtre est légèrement différente.

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- L’autre, il est aussi avec moi. Maintenant, je pourrais savoir ce que
vous et vos amis volants êtes venus faire ici ? »

La voix de la créature changea brusquement et sembla plus humaine,
trop humaine.

« La même chose que vous ! Visiter, un petit pique-nique…

- Et qu’êtes-vous comme créatures, des serpent ailés ?

 Nous sommes des descendants de Quetzacoalt. » Ils
continuèrent à parler, et je sortis de ma cachette. Quand ils eurent fini,
l’Immortel me récapitula la situation : des créatures descendant du serpent à
plume d’Amérique du sud Quetzacoalt se trouvaient en France, pas pour faire
du tourisme ni pour terroriser la population, mais pour y vivre paisiblement en
décimant peu à peu la faune du lieu. Ils y vivaient depuis quatre ans et
n’avaient pas approché les habitants de la ville avant une nuit, quelques
semaines auparavant, où un homme avec des pouvoirs conférés par une
luisante couleur or leur avait donné la possibilité de se changer à volonté
entre humain et lézard ailé. Sa version n’était pas exactement ce que j’avais
compris de leur discussion, mais c’était probablement parce que je ne savais
pas même ce qu’était Quetzacoalt.

« Donc si j’ai bien compris, ce sont des créatures amicales ? lui
demandai-je. - Exact ! me répondit-il. J’ai quelques conseils à leur donner,
mais après, nous pourrons repartir. »

Il retourna dans sa voiture chercher un livre et un petit objet composé
d’un anneau et d’arcs de cercles reliant des points opposés sur celui-ci.

« Que leur avez-vous donné ?

 Une sorte de guide pour imiter les comportements humains, et un
charme d’occultation.

- Un... charme ? -

Une sorte d’objet possédant une propriété magique qui déforme la réalité. Un

charme d’occultation va rendre difficile la perception d’une chose : s’il est

appliqué à un livre, les pages seront illisible. Des charmes plus puissants

comme un charme de projection par exemple vont agrandir l’objet en

question. - Donc c’est ensorcelé ?

- Je ne parlerais pas d’ensorcellement, mais oui, c’est l’idée. »

Nous retournions maintenant en ville à bord de la voiture de l’Immortel.
En regardant par le rétroviseur, je vis les ruines peu à peu disparaître et se
confondre aux bois jusqu’à être invisibles. Je supposai que les

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hommes-lézards avaient utilisé le charme d’occultation, ou alors qu’il fallait
que je retourne voir un docteur comme la veille, un ophtalmologue, cette fois.

Quand nous fûmes arrivés en ville, les ruines étaient de nouveau
visibles, mais je n’arrivais pas à les situer précisément. Le clocher avait été
dégagé et le soleil était au zénith. Je rentrai chez moi. Après avoir pris mon
déjeuner, comme tous les midis, je regagnai mon salon, et de nouveau,
comme quand je m’étais fait cambrioler un mois auparavant, une chose avait
changé. Cette fois, je me souvenais d’où venait la balle de tennis et comment
avait disparu le tableau.

*****

Romain L.

Le petit bruit d’une porte qui se déverrouille retentit dans la pièce.
Encore une infiltration qui se déroulait à la perfection. La porte donnait sur un
long couloir avec de longues rangées de portes de chaque côté du couloir.
Soudain, la porte se ferma brusquement derrière lui. Notre héros, Mr
Deplatine, tenta de l’ouvrir, mais elle était verrouillée.

Les lumières s’éteignirent et une silhouette se matérialisa dans la
pénombre, entourée d’un faible halo de lumière rouge. De ce qu’il put
observer, ce n’était pas un humain qui se trouvait en face de lui : c’était un
être beaucoup plus mystérieux. Il n’avait aucune idée de ce que cela pouvait
être. Cet être semblait être divin.


Les portes semblèrent se fondre dans le décor, ne laissant que deux
longs murs. La créature ouvrit sa bouche et un cri continu jaillit de sa bouche.
Les questions se bousculaient dans sa tête : " Qu’est ce qui avait mal
tourné ? ", " Quelle était cette créature ? ".

La voix se faisait oppressante, le murmure montait dans la tête de Mr
Deplatine. Sa vision devint floue. Et puis le noir complet…

 (Deux mois plus tard)


En creusant pour construire une ligne de métro, un ouvrier buta contre
une paroi qui céda immédiatement sous le coup de pioche. L’intérieur de la
cavité était une sorte de long couloir. Cependant, un détail intrigua l’ouvrier.
Après vérification, il fut prouvé qu’il n’y avait jamais eu aucune entrée menant

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à ce "couloir".

Lorsqu’il repartit, son pied droit heurta une chose qu’il n’avait pas
remarqué : un squelette !

*****

4E Sofia : LA CHUTE

 La fête peut commencer!

 La nuit commençait à tomber, je me préparais pour la fête. Mon costume,
mon pantalon, mes cheveux, tout était impeccable. Mes invités allaient arriver
vingt minutes plus tard, tout était prêt, la fête pouvait commencer. Au bout
d’une heure, mon appartement de luxe était bondé comme une boite de nuit
lors d’une bagarre.

 Mes amis me souhaitèrent joyeux anniversaire, dix-neuf ans déjà! Pour
fêter tout de même cela, j’ai bu un verre avec chacun de mes invités que je
connaissais. Puis j’ai rejoint Marc qui s’amusait dans un coin avec d’autres
personnes que je ne connaissais même pas. Ce délinquant avait encore
trafiqué, mais je ne lui fis pas de remarque, car après tout, c'était mon
anniversaire.
 "Ah! Voilà mon gros!" Il m’appelait toujours comme ça quand il était sous
l’effet des psychotropes.
 "Rejoins-nous dans le pays des rêves!" ajouta-il.
 J’ai pris un moment de réflexion, était-ce le bon jour…
 "Tu sais, les étoiles peuvent apparaître à tout moment!"
 J’ai entendu sa phrase clairement, mais il l’a prononcée avec une telle
frayeur que j’en ai eu la chair de poule. Peut-être avais-je mal compris à
cause de la musique?
 "T’as dit quoi, Marc?"
 "Viens avec nous!" dit-il en me forçant à m’asseoir.
 Sans me faire inviter une deuxième fois, je continuais à profiter de ma
soirée.

 Dans la salle étouffante de monde et de musique, je commençais à me
sentir mal. Brusquement, en regardant le plafond, j’ai vu des étoiles, pas mon
plafond gris habituel,mais des étoiles qui semblaient être bien réelles. Mon
cœur se serra, j’ai commencé à paniquer. Pour prendre l’air, je suis monté sur

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le toit-terrasse, mon endroit préféré du bâtiment, qui se trouvait deux étages
plus haut. Enfin seule, j’eus l’impression de voler, d’être libre, j’étais bien. Une
bouteille de vin qu’on venait de m’offrir, dans une main et l’autre main tendue
pour me permettre de tenir en équilibre. Je m’amusais à marcher sur le
rebord tout en faisant attention à ne pas tomber. Une gorgée de vin et un
autre pas devant. Je mis un pied devant l’autre, puis, je me tordis le pied et
vacillai sur le coté du vide. Je compris que j’étais dans une situation risquée
et rude, conscient que si je tombais du trente-huitième étage, je ne survivrais
pas. J’essayai de me rattraper tout en lâchant la bouteille, mais je n’y parvins
pas et chutai.

  J’avais l’impression de rêver: au lieu de tomber vers le bas, je tombai vers
le haut. Au lieu de voir la route et la circulation, je voyais le ciel noir, des
étoiles. Peut-être étais-je déjà mort? Pourtant je sentais toujours l’air et le ciel
se rapprochait de plus en plus. Je continuais à avancer tout en me
rapprochant d’une étoile. Quand je m’apprêtai à la percuter, je fermai les yeux
d’épouvante. Soudain, je sentis une chaleur terrible comme si je cramais au
soleil, j’étais paralysé. Puis plus rien…

  Je me réveillai au matin dans une voiture vide, personne sauf moi. Où
est-ce que j’étais? Au paradis? Je ne pensais pas pourtant qu’au paradis, il y
avait des voitures. J’ai eu comme une crise d’anxiété, de terreur, j’étais
confus. L’effroi remplissait mon corps quand je repensais aux événements de
la veille. Quand je parvins à sortir de l’automobile, j’observai le bâtiment
devant moi. Ses trente huit étages s’élevaient, si familiers, c’est bien là que
j’habitais. Soudain, j’aperçus Marc qui se dirigeait vers moi, c’est là que j’ai
reconnu que c’était sa voiture.
 "Alors ça va le réveil à onze heures? Tu n’as pas l’air en forme, pire que
moi!"
 Je ne comprenais pas… c’était un cauchemar? Après un moment
d’hésitation, je commençai à tout raconter à Marc. Ça ne pouvait pas être
qu’un cauchemar! Après m’avoir écouté attentivement il m’assura.
 "On t’a retrouvé dans les escaliers devant ta porte dans un sale état. On
voulait t’amener à l’ambulance mais tu t’es endormi dans la voiture. Ce n’était
qu’un rêve."
 Dès qu’il eut terminé sa phrase, d’autres personnes de la fête nous ont
rejoints. Après leur avoir confié mon récit, j’ai attendu leur réaction. Je n’ai eu
droit qu’à quelques rires, des sourires narquois et des ripostes que c’était
juste un rêve.

  Pour confirmer mes soupçons, je suis monté sur le toit. J’ai de suite

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aperçu quelque chose qui se baignait sous la lueur du soleil et m’aveuglait, la
bouteille, dont je buvais le vin la veille. Je l’ai pris craintivement dans les
mains, j’ai aperçu mon prénom écrit délicatement avec un beau violet.
Maintenant plus aucun doute…

*****

4E Lola et Sofia : LE REFLET D’OR


  J’observais mes parents, nous sommes une famille simple. Eux et moi.
Durant le repas, nous n’avions échangé aucune parole, c’était un repas aussi
morne que ma vie. Nous vivions dans un petit village de montagne où il n’y
avait rien à faire, rien qui ne changeait jamais et rien tout simplement.
  « Si tu continues à haïr la réalité comme tu le fais si bien tu la perdras… »
 C’était bien ma mère qui parlait mais je n’entendais pas cette petite
intonation joyeuse qui la caractérisait tant. Ayant fini sa sentence, elle quitta
la pièce, les yeux dans le vague.

  Un peu plus tard, bien que je n’eus rien à faire ce jour-là, je décidai de
prendre l’air. J’ouvris la porte, le ciel me parut jaune. Je restai bouche bée un
moment puis je fis un pas en arrière, comme en transe, pour rentrer chez
moi. Ce que j’y ai vu était impensable.
  « Le soleil a dû m’éblouir. » Avais-je dit en haussant ma tête dans un signe
d’affirmation, comme pour m’en convaincre. Je me suis dirigé vers la cuisine
pour aller me rafraîchir les idées. J’ouvris le robinet pour me remplir un verre
d’eau mais au lieu de couler dans mon verre l’eau rebiqua et alla presque
jusqu’au plafond. Ça n’allait pas, je n’allais pas bien. Je ressentis un poids
sur ma poitrine, je fermai les yeux pour ne plus voir le monde qui m’entourait.
Puis je rejoignis ainsi le bureau de mon père. J’ouvris les yeux sur mon
géniteur en pleine action quotidienne : remplir des rapports. Mais quand il
m’aperçut il se mit à hurler :
  « Ta faute, tout ça c’est de ta faute, de ta faute »
 Je sentis ma vue se troubler, je manquai d’air. Alors, pris de panique, je
courus dehors. Une fois sur le perron, je m’effondrai, le cœur au bord des
lèvres. Mes vêtements me collaient à la peau et j’allai tomber dans les
pommes quand tout à coup une main entra dans mon champ de vision. J’eus
un mouvement de recul et me retrouvai acculé contre le mur, mon cœur
battant la chamade.

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  « N’aie pas peur je ne te veux pas de mal. » Me disait une voix douce que
j’avais l’impression de connaître. Ma main attrapa la sienne comme mue de
sa propre volonté. Le contact de sa main chaude eut le don de me calmer. Je
me sentais étrangement en sécurité. Je levai mes yeux vers une chevelure
rouge qui volait comme des flammes autour de son visage aux traits fins
pleins de taches de rousseur. Puis mes yeux se perdirent dans les
émeraudes des siens.
  « Tu es en état de te lever ? »
 Et je me levai. Je ne l’avais jamais vue pourtant elle avait toute ma
confiance. Nous commençâmes à marcher d’un même mouvement et
allâmes comme cela jusqu’à une maison que je n’avais encore jamais
remarquée.
  « C’est notre maison. » Me dit-elle, et nous entrâmes, toujours main dans
la main. Dans cette maison, je me sentis pour la première fois chez moi.
Nous passâmes la journée ensemble, la plus belle journée de ma vie.
« Je suis fatiguée, je pense que nous devrions aller dormir. »
 Je fis « oui » de la tête et me laissai entraîner jusqu’à la chambre de notre
maison. Elle me prit la main et glissa sur mon index une bague en forme de
dragon et me dit :
  « Pour notre amour, pour ne pas m’oublier, pour ne pas nous oublier et
pour vivre. »

 Je la pris, enfin, dans mes bras et nous nous endormîmes ainsi. J’ouvris
les yeux et je vis que j’étais couché dans la forêt. Je regardai autour de moi.
La maison avait disparu et la fille aussi. Je me levai d’un coup et me mis à
courir. Finalement, après une heure à la chercher, je perdis courage et rentrai
chez moi en pleurs. Mes parents étaient dans le salon, en pleurs eux aussi,
et, quand ils me virent, ils me prirent dans leurs bras. Mais je me dégageai de
leur étreinte et je courus jusqu’à ma chambre. Comment avais-je pu imaginer
une telle histoire ? Comment avais-je pu tomber si bas ? Étais-je fou ? Toutes
ces questions me torturaient l’esprit. Je me remis les cheveux en place et tout
à coup, un reflet d’or parvint à mon regard. Je fixai ma main choqué par ce
que je vis. Un dragon, sa bague.

*****

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Louane et Zélia : DOUTE D’ESPRIT



 Il était dix neuf heures. Après onze heures de route, Annaé et moi étions
enfin arrivées. Nous logions à Sorbey dans la Meuse, chez ma grand-tante,
où nous allions passer trois semaines de vacances qui s’annonçaient
prometteuses. Pour nous dégourdir les jambes, ma meilleure amie et moi
allions nous promener dans le vieux village si étonnamment silencieux ce
soir- là.

  Tout à coup, prise d’un sursaut, Annaé recula en disant avoir vu un
fantôme dans la grange sombre où un panneau interdisait d’entrer. N’y
croyant pas, je l’ai rassurée en lui disant que ça n’existait pas. Mais au fond
je me demandais: « Et si c’était vrai…? ». Après avoir insisté, Annaé m’avait
persuadée d’entrer dans la grange où elle avait cru voir quelque chose
d’étrange.

  Une fois à l’intérieur, nous nous dirigeâmes vers la pièce du fond. Cette
habitation était vraisemblablement abandonnée. Là, j’entendis un drôle de
bruit, surprise et effrayée, je criai : « Stop! Arrête-toi! J’ai entendu quelque
chose… ». Nous sentions une présence, alors nous nous retournâmes et
vîmes une simple vache. « Tu vois, je te l’avais dit, il n’y a rien, ce n’était
qu’une vache!
 – Mais je te jure, j’ai vu quelque chose ». Prises d’un fou rire, nous
rentrâmes nous coucher mais Annaé restait tout de même persuadée de ce
qu’elle avait vu.

  Le lendemain, nous allions retrouver nos amis Gabriel, Mathis, Lorine et
Oriane. Durant cette journée, nous observâmes beaucoup de phénomènes
étranges. Malgré tout, nous nous croyions ivres de grand air. « Voulez vous
dormir chez nous? » demanda Annaé. Pendant ce temps j’aperçus
soudainement une ombre qui me fit froid dans le dos. "C’est sûrement une
personne qui vient de passer…fin…je crois". Je jetais un coup d’œil à
l’horloge machinalement, il était vingt trois heures trente neuf quand Gabriel
proposa de jouer à Ouija, le jeu qui nous permet de parler aux esprits. C’est à
minuit que nos ennuis avaient commencé : le jeu prêt, les bougies allumées,
tous en cercle nous nous tînmes la main.

  Mathis posa la première question: « Esprit es-tu là? Si oui, manifeste-toi »

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L’esprit était bien là et venait de déplacer le verre. Tellement intriguées et
terrifiées, Annaé et moi posâmes les questions suivantes: « Comment
t’appelles tu? » demanda Annaé. « J – E – A – N – P – A – U – L » répondit
l’esprit en déplaçant lentement le verre. Qu’est-ce qui nous arrivait? Était-ce
un cauchemar?

  Annaé, à la fois stressée et excitée continua: « Nous as-tu déjà vues?»,
 — Oui, répondit-il.
 Sans attendre je lui demandai : « Nous veux-tu du mal? » Le verre
commençait à aller vers le « oui ». Alors, apeurées, nous le jetâmes et
celui-ci, au lieu de se briser directement, rebondit dans notre direction et se
cassa à nos pieds en se transformant en une fraîche flaque de sang.

*****

4F Wendi, Noémie, Carla, Anaïs : CONTES MORTELS

 James, du haut de ses dix ans, assis dans le bureau de l’avocat, sent
couler ses larmes sur son visage. La semaine dernière, à la même heure il
apprenait l’accident de voiture de ses parents. Maintenant, il doit partir vivre
chez ses grands-parents. Il sait qu’il y sera bien mais cela ne calme pas son
chagrin.

  Deux jours plus tard, il s’installe chez Huguette et Georges dans la vieille
ferme du côté de Baraqueville. Il partage son temps avec l’école et les visites
au cimetière. James est entouré à l’école, il s’est déjà fait un bon copain.
Tous les soirs, sa grand-mère Huguette lui raconte des histoires à faire frémir.
D’ailleurs, elle le regretta après lui avoir révélé que la maison a été construite
sur un ancien cimetière. Un soir, pendant que les grands-parents travaillent
encore, James repense à l’histoire qu’Huguette lui a racontée.
" Est-ce vraiment réel ? " se demande-t-il.

  Juste à ce moment, il entend un bruit étrange à l’étage, pourtant il est
seul.
" Cela doit provenir de ma chambre " dit-il un peu inquiet.
 Il se précipite à l’étage pour aller voir mais, dans sa course, il trébuche
dans les escaliers. Puis, un courant d’air froid passe en lui. Dans sa chambre,
rien n’a pourtant bougé. Une porte grince : ce sont sans doute les
grands-parents qui rentrent de la traite.

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"Oui, ce sont eux " remarque James.
 Il est impatient de leur raconter les événements de sa journée en insistant
sur le bruit mystère. Les grands-parents le rassurent car pour eux ce n’est
pas grave. Le lendemain soir, quelques minutes après s’être couché, il
entend l’orage gronder et il se blottit dans ses draps. Mais tout d’un coup, la
fenêtre s’ouvre toute seule et le vent s’engouffre dans sa chambre.

 Plusieurs jours passent… Un jeudi, en fin d’après-midi, il revient à la ferme
un peu tourmenté par sa visite au cimetière. En allant se détendre dans sa
chambre, il entend des bruits de pas le long du couloir.
"C’est sûrement papy" suppose-t-il.
 Mais, en sortant, il remarque que Georges est dehors et qu’il n’y a encore
une fois personne.
 Il décide donc de passer la nuit dans l’étable avec les vaches car là-bas il
se croit en sécurité. La nuit venue, il commence à s’endormir quand il pense
avoir entendu des paroles de personnes avec des voix graves.
" Cela est impossible… " dit-il angoissé.
 Il se rendormit mais sur les coups de quatre heures du matin, le rire d’une
petite fille le réveille en sursaut. Tout ça lui faisait tellement peur qu’il retourne
dans sa chambre en courant très vite.

 Le lendemain matin, au petit déjeuner, il raconte sa nuit mouvementée à sa
grand-mère. Celle-ci le rassure et lui dit : « Tu as peut-être juste fait un
cauchemar. »
 La nuit suivante, les grands-parents entendent aussi le rire de la petite fille
provenant du fond du couloir. Au matin, Huguette et Georges en parle à
James.
"Je ne suis pas fou, alors" dit-il en s’interrogeant.
 Pendant les nuits de la semaine, Huguette cherche éperdument d’où
provient le bruit mais, un jour, elle écoute à la porte de son petit-fils. Et là, très
effrayée, elle remarque qu’il parle, crie tout au long de la nuit. Elle s’interroge
sur le fait qu’elle lui ait raconté que la maison a été construite sur un
cimetière.

 Elle pense immédiatement que James est possédé par une petite fille
morte et enterrée dessous. En pleine nuit, elle va devant sa chambre, elle
l’entend encore une fois crier et là, elle hésite beaucoup avant d’essayer
d’ouvrir la porte. Huguette appuie légèrement sur la poignée, elle enlève sa
main et réfléchit. Mais elle décide d’entrer pour voir son petit-fils car cela
l’inquiète énormément. Au moment où Huguette ouvre doucement la porte qui
grince, James est déjà mort dans son sommeil. La tristesse l’envahit tout de

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EPI, Ecritures numériques - « Les Dernières nouvelles », Concours de la nouvelle fantastique en 4e, collège Pierre Suc, Saint-Sulpice-la-Pointe, juin 2019.

suite et ce fut la fin pour ce petit James qui part rejoindre ses parents.

*****

Émile, Jules, Erwan, Quentin : « VALLÉE SANGLANTE »

 Il avait fait un temps merveilleux la veille, et c’était incroyable qu’il ait
changé aussi subitement à Caen. "Pas de partie de pêche alors !" déplora
Julien pendant qu’Alexa se levait pour fermer la porte qui venait de s’ouvrir
sous l’effet (sans doute) de la violence du vent. Ce 6 juin allait être bien
morne.

  En nous promenant avec un parapluie noir, Julien et moi-même croisâmes
un vieil homme, il avait l’air sans abri au vu de ses habits et à son odeur de
poisson. Tout à coup, il dit : "A la vallée sanglante si vous allez, vous
resterez" puis il s’enfuit en courant. Julien et moi tressaillîmes. Des frissons
me glacèrent l’échine mais Julien me rassura : "Sûrement un alcoolique, il ne
faut pas s’inquiéter…

 Tu dois avoir raison" rétorquai-je.

  Cela va faire huit jours que nous sommes à Caen et après quatre
jours de pluie incessante, il fit enfin beau ! Nous allâmes donc nous
promener vers la côte Julien et moi puis soudainement un nouvel orage
éclata. Notre première élan fut de courir et nous abriter afin de trouver
un refuge. C’est alors que nous passâmes à côté d’un panneau portant
l’inscription "Vallée sanglante". Après quinze minutes de recherche
nous trouvâmes une maison abandonnée et nous nous réfugiâmes
dedans, puis je fis remarquer à Julien : "Nous sommes dans la vallée
sanglante", il répondit d’une voix incertaine "Je sais, mais ce vieil
homme qui nous a avertis n’est qu’un alcoolique fou".  
 Cela va faire trois heures que l’orage continue. Tout à coup Julien
cria : "J’en ai marre on ne capte même pas ici!" Je répondis : "Il va
falloir dormir ici je pense, il est déjà 20 heures. » Nous commencions à
enlever les débris de construction, sur le lit à deux places poussiéreux
qui était là. Couchés dessus nous nous endormîmes. Durant la nuit le
sol grinça et cela me réveilla beaucoup mais sans m’angoisser pour

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autant, jusqu’à ce qu’un verre tombe. Je sautais alors du lit et je
regardais autour de moi. Je vis une fenêtre ouverte. C’était sûrement le
vent le fautif, mais je n’étais pas sûr. J’allais me recoucher puis une
heure plus tard, la porte d’entrée en bois n’arrêtait pas de claquer. Pris
d’angoisse, je criai et elle s’arrêta de claquer. Je n’arrivais plus à dormir
mais ce qui me perturbait c’était Julien qui dormait encore. "Il a
vraiment le sommeil lourd", pensais-je, puis je m’assoupis.

Le lendemain matin, je me réveillais. Il était 9 heures mais j’étais seul! Je
cherchais dans la petite maison mais Julien n’y était plus. Je retournai à
l’hôtel il n’y avait personne. Je ne savais plus quoi faire, j’avais beau chercher
et appeler Julien, je ne le retrouvais pas. Au bout de quatre heures de
recherches je prévins la police de sa disparition et ils commencèrent la
fouille.

 Cela va faire quatre ans que cette histoire s’est passée et toujours aucune
trace de Julien. Juste son téléphone a été retrouvé avec marqué dessus "Je
vous avais prévenu".

*****

4E Héloïse, Mathilde, Florine

La v...

Je me réveillai de très bonne heure, me dépêchai de me préparer puis
descendis rejoindre mes parents et Justine, ma sœur, dans notre belle
voiture rouge qui démarra aussitôt. C’était une belle journée de janvier et je
me demandais ce que mes parents m’avaient réservé pour mes huit ans. Au
bout de quelques heures, la lassitude commença à m’envahir. Alors que
j’étais perdue dans mes pensées, ma sœur m’interrompit pour me proposer
de faire un jeu. Quand je joue avec elle, je ne me rends jamais compte du
temps qui passe et nous arrivons donc très vite à notre destination.

En sortant de la voiture, ma mère s’empressa de m’interroger :

« Ma chérie, as-tu pensé à ta ventoline ?

- Oui, bien sûr maman, je l’ai mise dans le sac de Julie ! Alors, c’est quoi
ma surprise ? ». Tout en me tendant des chaussures de marche, mon
père m’annonça : « Nous t’avons préparé une superbe randonnée
comme tu les adores ! ».En hâte, je chaussai mon cadeau et nous voilà

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EPI, Ecritures numériques - « Les Dernières nouvelles », Concours de la nouvelle fantastique en 4e, collège Pierre Suc, Saint-Sulpice-la-Pointe, juin 2019.

partis pour une randonnée d’enfer !

Le ciel, pourtant bien dégagé au départ, se mit brusquement à s’assombrir.
Et alors que la promenade venait à peine de débuter, mes parents décidèrent
par précaution de l’écourter. « Le temps commence à m’inquiéter, avoua ma
mère, et avec ton asthme, il serait préférable de se mettre à l’abri au plus
vite. » Un peu déçus, nous rebroussâmes chemin. Nous nous retrouvâmes
face à un petit hôtel à l’apparence déserte. A l’entrée, une vieille femme se
tenait derrière le comptoir vers lequel mon père s’avança pour demander : «
Auriez-vous une chambre disponible pour quatre, s’il vous plaît ? » Cette
femme nous tendit les clés sans un mot et je crus remarquer qu’elle
m’observait froidement.

Mes parents avaient décidé de faire un tour non loin de l’hôtel pendant que
nous prenions une douche, ma sœur et moi. Or, à peine avais-je tourné le
robinet qu’une sueur froide m’envahit : du sang en jaillissait ! En suffoquant,
je me précipitai hors de la douche en m’enroulant dans un peignoir, cherchai
fébrilement ma ventoline et me rendis vite compte qu’elle était restée dans la
voiture. Simultanément, une alarme retentit comme un coup de klaxon qui
n’en finissait plus. Apeurée, je courus vers ma sœur qui me réconforta et
m’entraîna au rez-de-chaussée pour retrouver nos parents à l’accueil. Ils
n’étaient pas revenus. J’avais toujours un peu de mal à respirer mais étais
parvenue à me calmer un peu.

Nous cherchâmes en vain aux abords de la bâtisse puis décidâmes de
patienter. Papa et maman ne devaient pas être bien loin. L’alarme s’était tue.
Nous restâmes assises à attendre, blotties dans l’unique sofa du hall. Minuit,
toujours aucun signe des parents, je luttais contre le sommeil. Des bruits de
pas me firent soudain tourner la tête : un homme venait d’entrer et se
présenta comme le factotum de l’hôtel qui venait s’assurer que tout allait
bien. Il me fixa étrangement du même regard insistant que celui de la vieille.
Il s’approchait de plus en plus de moi mais ma sœur s’interposa : « S’il vous
plaît, dit-elle, aidez-nous car nous sommes mortes d’angoisse, nos parents
n’ont pas reparu depuis la fin de l’après-midi, il a pu leur arriver quelque
chose…nous n’osons pas nous aventurer seules...

- Oui, je vais vous aider, dit-il sans hésiter. Venez, nous allons chercher.
- Non, non, surtout pas ! Montez dans votre chambre vous deux, nous on

va s’en occuper » s’écria tout à coup la vieille femme qui venait de
surgir de nulle part. Nous fûmes saisies de stupeur mais préférâmes
obéir par épuisement et crainte de nous aventurer dehors où régnait
une nuit d’encre trop silencieuse.
Nous nous couchâmes pourtant mais sans pouvoir fermer l’œil ni échanger
une parole. Après une heure ou deux, des voix venant du couloir
interrompirent notre silence. Les parents ? Je décidais par prudence de coller

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