Pourquoi avait-il accepté cette invitation ? Pourquoi s'imposait-il
cette souffrance ?
Pendant longtemps, Evie et lui avaient été très complices puis, ces
derniers temps, Connor s'était éloigné, multipliant les conférences à
l'étranger et ne la prenant plus au téléphone. Pourquoi ? Parce qu'il
s'était rendu compte qu'il était tombé amoureux de la jeune femme
et qu'il ne se sentait plus capable de maquiller son amour en simple
affection. Il aimait tout chez elle : sa voix, ses gestes, son sourire, le
grain de sa peau, et elle savait tout sur lui. Lorsqu'il était avec elle,
Connor sentait se réveiller ce qu'il avait enfoui au fond de lui-même
: l'espérance, l'envie de s'ouvrir aux autres et la foi en l'avenir. En
tant que neurologue, il savait bien que le processus amoureux
n'était rien d'autre qu'une affaire de biologie, d'hormones et de
neurotransmetteurs. Mais cela ne changeait rien à son problème : il
fallait qu'il s'arrache à l'emprise de cet amour.
Même s'il gagnait le cœur d'Evie, la perspective de la perdre un
jour suffisait à le faire renoncer. Il venait d'avoir quarante-cinq ans.
Il était au sommet de sa carrière et de sa popularité. Pour l'instant,
il était encore séduisant et attractif.
Mais demain ? Dans dix ans, quinze ans, vingt ans ?
Soudain, n'y tenant plus, il se leva brusquement. Qu'est-ce qu'il
foutait dans ce restaurant pour touristes, à attendre une femme qu'il
ne pourrait jamais aimer