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IDEFI-CréaTIC
Bilan pédagogique 2014 - 2015

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Published by IDEFI-CréaTIC, 2016-12-06 04:41:18

Bilan pédagogique 2014 - 2015

IDEFI-CréaTIC
Bilan pédagogique 2014 - 2015

ou en construction au service de l’édition ? Le livre numérique et son devenir, les
éditeurs le construisent dès à présent.

n Article : « Pourquoi Hachette participe au groupe Open Web Platform ? »
http://www.crossmedias.fr/fr/2015/03/pourquoi-hachette-participe-au-groupe-
open-web-platform%E2%80%AF/

4 | Nouvelles interfaces de création  : présentation de la «  leap motion  »,
quels usages pour l’inauguration de la MSH PN ?
Conférence par Laure Leroy, maître de conférences, Université Paris 8

À l’issue de cette intervention, Laure Leroy a animé un atelier de création pour que les
étudiants puissent expérimenter cette technologie.

5 | Présentation du Labo de l’édition, économie de l’édition numérique et
écosystème de l’innovation
Nicolas Rodelet, responsable de l’incubateur du labo de l’édition chez Laboratoire
Paris Région Innovation

À l’occasion de cette intervention fut fait un bilan du « bookathon » organisé au sein
du Labo de l’édition sur « Les nouveaux usages du livre  » et présenté les projets
réalisés par les étudiants du Master CEN.

Pour favoriser l’immersion des étudiants dans l’écosystème des professionnels du
numérique, IDEFI-CréaTIC est partenaire du Labo de l’édition, un des incubateurs
de la ville de Paris. Imaginer, le temps d’un week-end, de nouvelles représentations
du contenu, échafauder de nouveaux usages, hacker le livre numérique et pousser
les limites de la lecture : tels furent les enjeux du hackaton du livre qui s’est tenu
au Labo de l’édition les 12-14 décembre 2014, en partenariat avec Paris&Co, Digital
Publishing Institute, Cap Digital, MO3T et IDEFI-CréaTIC.

Des étudiants de nos masters et ateliers-laboratoires se sont impliqués
dans l’événement avec l’accompagnement de nos équipes pédagogiques et

Rencontres crossmédia 49

professionnelles. Développeurs, auteurs, concepteurs et graphistes ont ainsi appris
à collaborer pendant 48h intenses d’expérimentations techniques, éditoriales et
créatives : https://www.youtube.com/watch?v=rSu9rIDKlcw
Réunis en équipes, une trentaine de participants ont conçu des formes innovantes
à partir d’ouvrages mis à disposition par les éditeurs partenaires de l’événement :
La Martinière, Bayard, Albin Michel, Le Robert, Autrement. Pour cela, ils ont
expérimenté de nouvelles solutions logicielles d’édition numérique (PandaSuite,
Aquafadas, Racont’r).
Deux projets ont ainsi été développé par les étudiants :
n Dinosaures, une adaptation narrative et ludo-éducative du livre Expédition au pays
des dinosaures publié chez La Martinière Jeunesse :
https://www.youtube.com/watch?v=gPPO0vlRTC8&index=4&list=PLfonjwbWNGuD8
GMDSYOty3Aef9CwTNdNb
n La Cantoche, une bande dessinée interactive adaptée d’un titre J’aime Lire (Bayard)
pour les 6-10 ans :
https://www.youtube.com/watch?v=tNe1cNez4bk&index=3&list=PLfonjwbWNGuD8
GMDSYOty3Aef9CwTNdNb

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6 | Agence numérique La Fonderie
Jean-Baptiste Roger, directeur de la Fonderie

À l’occasion de cette intervention fut lancé «  un appel à projets innovants  »  : les
étudiants ont répondu à celui de la « bibliothèque du futur » dans le cadre d’un projet
tutoré au second semestre, « Vidya » : http://vidya.fr

7 | Présentation de projets des ateliers de création numérique

n «  Atelier Livre numérique  », animé par Arnaud Laborderie, chef de projet
multimédia à la Bibliothèque nationale de France avec les étudiants du Master CEN

- Projets présentés : « La France romantique », « Découverte de l’Islam », « Catalogue de luxe
John Lobb », « Le mythe de Prométhée », « Surréalisme », « Les comptines » et « Peau d’âne »

n «  Atelier Crossmedias  », animé par Michel Agnola et Hélène Desprez, enseignants-
chercheurs, conception multimédia et direction artistique, avec les étudiants du master CEN

- Projets présentés : « Pan », « Revue Contre temps », « Livre Mairie de Saint Denis »,
« Holly », « Tabl’us », « Grizz »

n «  Atelier Audiovisuel  », animé par Renan Mouren, producteur audiovisuel et
éditeur numérique, chercheur au laboratoire Leden, Université de Paris 8

- Projets présentés : « Pauvre de nous », « Journal de sans papier », « Le roi des singes contre
le palais céleste », « La gueule de l’emploi », « Dog Town », « Takeshi Kitano », « Pina Bausch »

n « Atelier Design », animé par John Motta, graphiste et concepteur web, autour des
100 notions pour le crossmédia.

Les modélisations vidéos des travaux des étudiants sur le livre augmenté sont
consultables sur la chaîne YouTube d’IDEFI-CréaTic, dont un rubrique spéciale a été
créée « Livre numérique - Livre augmenté » :
https://www.youtube.com/playlist?list=PLfonjwbWNGuD8GMDSYOty3Aef9CwTNdNb

Tous ces travaux ont été présentés au salon du livre, du 20 au 23 mars 2015, sur le stand CréaTIC.

Rencontres crossmédia 51

Web doc :
le développement transmédia
d’un projet documentaire

par Didier Zyserman et Louis-Michel Désert

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L’atelier-laboratoire « Webdoc : le développement transmédia d’un
projet documentaire  » propose aux étudiants, dans le cadre du réseau
IDEFI CréaTIC, d’initier et de développer un projet de web documentaire,
encadrés par une équipe de professionnels du web sous la direction
de Louis-Michel Désert. Les étudiants du master Concepteur audiovisuel
développent en binôme un projet de webdoc, lors d’ateliers programmés
entre mars et juin 2015, à raison de dix séances de 6 heures, soit 60 heures
au total, à un rythme d’environ une fois par semaine. Ils bénéficient lors
de l’atelier-laboratoire de la mise à disposition d’une salle informatique
équipée d’ordinateurs, avec les suites Adobe et le logiciel de création de
webdoc Klynt.

Les séances, qui se déroulent à l’Ina sur le site de Bry-sur-Marne (94), portent
à la fois sur les aspects organisationnels, scénaristiques, ergonomiques,
esthétiques et techniques, ainsi que sur l’approche marketing, le community
management et la mise en place d’expériences transmedia.

L’atelier a été consacré à l’accompagnement de projets et la mise en place
d’actions dédiées à la réalisation des webdoc. 5 projets ont été développés en
binôme par les 10 étudiants du master ; l’un des projets ayant reçu l’aide d’un
étudiant du master CEN de Paris 8.

L’accompagnement s’est fait selon deux axes distincts et complémentaires :

n Développement d’un projet multimédia lié au projet filmique : ce projet peut
être complémentaire ou indépendant du projet de film mené dans le cadre du
master. Il consiste à l’élaboration d’un projet délinéarisé reposant sur le corpus
média rassemblé dans le cadre du projet filmique. Ce projet multimédia s’est
concrétisé par la réalisation d’une maquette en ligne incorporant des séquences
vidéo.

n Concevoir et mettre en œuvre une stratégie de communication digitale autour
d’un projet de webdoc en exploitant au mieux les outils dédiés à la présence
numérique et au «  personnal branding  »  : réseaux sociaux, e-mailing, micro-

Web doc : le développement transmédia d’un projet documentaire 53

blogging… Cette stratégie a pour finalité d’organiser la promotion et la mise en
avant de l’œuvre produite dans le cadre du projet de Master.

quelle pédagogie ?

Les étudiants développent à chaque séance leur webdoc, sous forme d’ateliers
pratiques, en passant par les différentes étapes de la création artistique et
technologique d’un projet non linéaire : conception de la scénarisation interactive,
écriture non linéaire, création d’une structure narrative fonctionnelle, connaissance
de l’environnement transmedia, utilisation des outils techniques et informatiques
appropriés, conception de la maquette avec le logiciel Klynt, analyse de la stratégie
à mettre en place pour déterminer les actions à mener, écriture d’un dossier
d’accompagnement du projet.

Le déroulement de l’atelier

À chaque étape du projet, depuis sa conception jusqu’à sa réalisation finale, les
étudiants étaient encadrés et tutorés par des professionnels (concepteur, designer,
graphiste, web marketteur) qui les aidaient à construire leur récit non linéaire, à
choisir les outils techniques les mieux adaptés à leur projet, et à finaliser sous forme
de web doc accessible en ligne leurs réalisations. Les intervenants alternaient selon
l’état d’avancement des projets. L’échange entre professionnels et étudiants a été
fluide et bénéfique.

Bilan pédagogique

Le bilan de cette 1re année d’atelier-laboratoire est très positif. L’appui du réseau
IDEFI CréaTIC a permis pour la première fois d’aboutir à des projets concrets
et montrables sur les différentes plateformes. Les étudiants ont pu réaliser
en binôme leurs projets de webdoc, les mettre en ligne et créer un dossier
d’accompagnement, nécessaire aux recherches éventuelles de financement.

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Si la qualité n’est pas encore tout à fait au niveau attendu et fixé par l’équipe
pédagogique, une réflexion est en cours sur une possible réduction du nombre
de projet de webdoc à produire, de manière à renforcer les équipes et de
faire travailler les étudiants en mode «agence»  : 2 équipes de 5 étudiants du
master concepteur, renforcées par les étudiants du réseau IDEFI (environ 4
supplémentaires).

Lors du prochain atelier-laboratoire, nous souhaitons renforcer les échanges inter
étudiants et favoriser l’interdisciplinarité entre ateliers. D’une part, nous avons
prévu de faire participer les étudiants du master à l’un des ateliers du réseau
(atelier Cross media) afin de favoriser en amont la connaissance inter-étudiante,
et renforcer l’implication des étudiants dans d’autres ateliers, mais également
faire venir des étudiants sur les projets webdoc. Nous voulons également, dans la
prolongation de ces échanges organiser un séminaire sur la thématique « Enjeux
et perspectives du transmedia en documentaire ». Lors de cette journée d’études,
organisée dans les locaux de l’Ina et ouverte aux étudiants du réseau IDEFI, seront
invités les professionnels du secteur pour venir échanger avec les étudiants sur
l’avenir d’un secteur en pleine évolution.

Les productions de l’atelier et leur valorisation

5 projets ont été développés en binôme par les étudiants, dont voici les liens :

n Les pierres qui chantent
http://pierres-sonnantes.mastercav.fr/

n Coiffure et confidences
http://tif-folie.mastercav.fr/

n Justice autrement
http://justice-restaurative.mastercav.fr/

n Des barils et des hommes
http://des-barils-et-des-hommes.mastercav.fr/

Web doc : le développement transmédia d’un projet documentaire 55

n L’Exale
http://anosmie.mastercav.fr/

Ils ont été présentés au festival Cross Video Days et lors d’une journée de
présentation pour le jury final.

Un site dédié, fabriqué par les étudiants, est en cours de construction et doit
permettre de valoriser les projets.

Justice autrement

Les pierres qui chantent

Coiffure et confidences

Des barils et des hommes L’Exale

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Atelier d’écriture
au Théâtre Gérard Philipe

par Olivia Rosenthal

Cet atelier-laboratoire, rattaché au master de création littéraire de
Paris 8, avait lieu au théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis (TGP) et se déroulait
sur 7 journées complètes au cours du premier semestre. Il s’agissait de proposer
aux étudiants un cadre réel (en l’occurrence un lieu avec son fonctionnement
spécifique, ses personnels, ses spectacles etc.) pour écrire de la fiction.

L’atelier s’est déroulé selon deux perspectives complémentaires. D’une part, les
étudiants ont été amenés à découvrir le fonctionnement du TGP grâce à des visites et
des rencontres sur le site (visite des salles, rencontre avec les personnels, discussion
autour des spectacles programmés, de leur fabrication à leur diffusion etc.). D’autre
part, les étudiants ont été conduits à écrire une fiction collective dont ils ont choisi la
forme et le sujet, fiction qui devait se nourrir de tout ce qu’ils avaient vu et appris lors
de ces journées. Il s’agissait ainsi de lier l’invention littéraire au fonctionnement réel
d’un lieu et à ses contraintes (Écrire in situ) et de s’atteler à l’écriture collective. Ou
comment inventer, à partir d’un lieu donné et des idées de chacun sur une expérience
partagée de ce lieu, un objet collectif de fiction.

Cet atelier a réuni 12 étudiants. Certains venaient des masters de Création littéraire
et Coopération artistique internationale de Paris 8 et d’autres du master Théâtre :
mise en scène et dramaturgie de Paris Nanterre.

quelle pédagogie ?

Pédagogie fondée essentiellement sur les discussions en commun et exigeant de
chacun des initiatives et des propositions permettant au groupe de construire un
objet de fiction dans lequel chacun puisse se reconnaître.

Ce travail fondé sur la rencontre était complété par un dossier de textes (exemples
possibles de textes écrits à partir du lieu qu’est le théâtre) et donnait lieu à des
séances qui fonctionnaient sur le modèle de l’atelier d’écriture (lecture de textes en
cours de rédaction et discussion sur ces textes).

Le déroulement de l’atelier

Les séances s’organisaient en demi-journées selon quatre axes :

1 | Les rencontres avec des professionnels (toute la chaîne des professionnels
qui participent à l’élaboration d’un spectacle  : les artistes, les techniciens, le
directeur du TGP, les personnels qui s’occupent des relations avec le public, de la

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communication, la secrétaire générale, le cuisinier qui assure le choix des menus au
bar etc.)

2 | Les discussions autour des travaux d’écriture en cours. En tant qu’animatrice
de l’atelier, j’avais pour charge de réfléchir avec les étudiants aux formes que pouvaient
prendre leur texte et de leur donner des pistes sur les moyens de composer ce texte.
Je les orientais aussi sur le travail qui fait passer du document à la fiction afin de les
préparer à écrire à partir des expériences qu’ils faisaient au TGP.

3 | Les spectacles. Certains spectacles ont été accompagnés de rencontres
avec l’équipe artistique (Julie Deliquet). Nous avons également assisté à un travail de
préparation et de répétition réalisé par un collectif dans la salle du Terrier. L’objectif
était, pour les étudiants, de découvrir la genèse d’un travail collectif et de donner leur
avis sur ce travail.

4 | Enfin, deux journées ont été consacrées à la mise en forme concrète (avec
le graphiste du TGP) de la brochure que les étudiants ont inventée et écrite.

Bilan pédagogique

Travail de groupe. Discussions diverses et fructueuses. Découverte de la manière de
construire de la fiction à partir d’une expérience commune d’un lieu. En revanche,
lors de la discussion autour des textes réalisés, les étudiants ont été parfois réticents
à accepter les critiques et à modifier leurs textes en conséquence, en particulier parce
qu’ils n’étaient pas toujours familiers de la forme atelier que peut prendre l’écriture
de création.

Les productions de l’atelier et leur valorisation

Production d’une brochure fantôme, sorte de double de la brochure de saison du
TGP. Cette brochure a été largement diffusée aux spectateurs du TGP et insérée sur
le site du TGP.

Atelier d’écriture au Théâtre Gérard Philipe 59

UNE SAISON

FANTÔMERéalisation d’une performance collective durant laquelle les étudiants ont lu et
mis en espace les textes qu’ils avaient produits. Cette soirée a eu lieu juste avant
un spectacle dans la salle du Terrier et a donc été assez largement suivie par les
spectateurs du TGP.

UNE SAISON

FANTÔME

LE LOBBY LA FAÇADE

Un jour, je me suis réveillée dans une maison, éclatante Mon précieux ballon blanc voyage dans l’espace jusqu’à
Je suis sortie pour contempler sa façade, ravissante toucher la vitre.
Et sans me rendre compte La femme derrière le comptoir
Je suis tombée amoureuse, de façon inquiétante Lâche ses grosses lunettes et me regarde avec des yeux
« La maison est à moi, pas à quelqu’un d’autre » chargés de haine.
Je suis rentrée et je me suis allongée sur le sol Doucement,
Je me sentais comme un poisson seul dans la rivière, libre Je rapproche mon visage
J’ai pris mon couteau pour arracher les écailles qui se sont En respirant compulsivement tout près de leur fameuse vitre
collées à ma peau et pouvoir ainsi Mais,
Devenir rouge comme ma maison Comme elle semble drôlement tourmentée
Je prends mon ballon et je m’en vais.

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29 L’ESPACE

Les ateliers
de la mémoire au Rwanda

par Olivia Rosenthal

Ce projet fait suite à un ambitieux programme mené entre 2009 et 2013
au Cambodge initié et dirigé par notre collègue Soko Phay Vakalis (MCF HDR,
Paris 8) associant Paris 8, le 104, l’Université Columbia et le Centre Bophana
dirigé par le cinéaste Rithy Panh. L’idée était de mener à Pnom Phen des ateliers
de la post-mémoire consistant à faire créer des œuvres (peintures, sculptures,
photographies, etc.) par de jeunes artistes cambodgiens, sous la direction
d’artistes expérimentés, à partir d’archives préalablement étudiées au Centre.
Chaque atelier articulait donc trois activités :

n la recherche et l’étude des archives ;

n la réflexion théorique ;

n la création d’œuvres.

Notre idée a été de transposer notre expérience du Cambodge au Rwanda, en
réfléchissant sur les ressemblances et les différences entre les deux situations. Une
différence tient aux pratiques artistiques en cours. La culture rwandaise est moins
sensible aux arts plastiques qu’aux arts de l’écriture et du verbe. Une transposition
du dispositif des ateliers de la mémoire impliquait donc de ne pas recourir à la
même activité artistique et de privilégier des modes d’expression plus littéraires.

Atelier Les ateliers de la mémoire au Rwanda 61

L’atelier-laboratoire que nous avons proposé, rattaché au master de création littéraire
de Paris 8, avait lieu au Centre IRIBA de Kigali (Rwanda). La première phase s’est
déroulée sur 15 journées complètes en février 2015. Il s’agissait de faire travailler
4 étudiants français (M1 et M2 création littéraire) et 12 étudiants rwandais sur les
archives du centre et d’utiliser ces archives comme support de fiction. L’un des
étudiants français avait également pour rôle de proposer une approche audiovisuelle
de l’atelier (à mi-chemin entre le reportage et le documentaire d’auteur).

Objectifs en création et création littéraires :

n travailler sur l’écriture de fiction à partir d’un ancrage précis : ici un pays
traversé par la tragédie de l’histoire ;

n travailler littérairement à partir d’archives audiovisuelles ;

n réfléchir à la manière dont l’écriture peut se frayer un chemin parmi les discours
idéologiques ;

n voir comment on peut écrire un témoignage et comment ce témoignage entre
en résonance avec les méthodes d’écriture propres à la fiction.

Quelle pédagogie ?

Pédagogie fondée essentiellement sur les discussions en commun. Le travail faisait
alterner des phases d’écriture avec des phases de réflexion sur les mécanismes
propres aux génocides (rencontres, intervention de chercheurs, visionnage en
commun de films). Le tout était complété par un dossier de textes (exemples
de textes écrits à partir de documents et de témoignages) et donnait lieu à des
séances qui fonctionnaient sur le modèle de l’atelier d’écriture (lecture de textes
en cours de rédaction et discussion sur ces textes).

Ce travail reposait sur une expérience artistique et humaine unique puisqu’il
s’agissait de faire travailler ensemble des rwandais et des français, au croisement
d’enjeux esthétiques, culturels et politiques très différents.

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Le déroulement de l’atelier 

Les séances s’organisaient en journées complètes selon trois axes :

n Les rencontres avec des chercheurs qui travaillent sur les génocides et les
massacres de masse ;

n Les discussions autour de la manière dont la littérature peut rendre compte
d’expériences traumatiques : lecture de textes, exercices d’écriture, récits par les
participants de leur propre histoire etc ;

n Les travaux d’écriture proprement dits. En tant qu’animatrice de l’atelier, j’avais
pour charge de réfléchir avec les étudiants aux formes que pouvaient prendre
leur texte et de leur donner des pistes sur les moyens de composer ce texte. Je les
orientais aussi sur le travail qui fait passer du document à la fiction.

Bilan pédagogique

Un travail extrêmement intense de rencontres et d’échanges autour d’expériences
limites. Une manière de questionner la littérature en tant qu’elle peut apporter une
réponse à des questions de vie ou de mort. Niveau des étudiants très hétérogène.
Problème des traductions entre le français et le kinyarwanda (et vice versa)

Les productions de l’atelier et leur valorisation

Production de textes prévue lors de la seconde session (octobre 2015) qui devrait être
suivie par le travail de valorisation et de restitution à Paris, à Bruxelles et à Kigali en 2016.

Atelier Les ateliers de la mémoire au Rwanda 63

Les archives en Italie :
l’exemple romain

par Marie-Cécile Bouju

Cet atelier-laboratoire avait pour finalité de sensibiliser de futurs
professionnels des archives à une autre organisation des archives, en l’occurrence
l’organisation des archives en Italie, à Rome. De plus, ils devaient rendre un travail
sur la situation des archives à Rome, sous la forme de leur choix, montrant leur
capacité d’analyse et rédactionnelle et de travail en groupe.
Pour y parvenir, l’atelier a consisté en :
n 4 séances de travail sur l’Italie ;
n Une formation sur les outils web ;
n Un voyage de 5 jours à Rome, 20-24 octobre 2014 : visites des principaux centres
d’archives publiques et privées de Rome (voir programme ci-dessous).
Les étudiants ont présenté leurs textes, photos, entretiens et films sur un site web qu’ils
ont conçus de bout en bout, devant un jury. Ce site avait pour le but de présenter
l’organisation et le travail des archives à Rome.
11 étudiants en M2 se sont inscrits : 10 du master Archives et 1 du master NET
Responsables : Marie-Anne Matard-Bonucci et Marie-Cécile Bouju

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Quelle pédagogie ?

n Projet collectif tutoré

n Rencontre avec des archivistes professionnels étrangers

n Un voyage à Rome pendant 5 jours :
Lundi 20 octobre 2014 : Istituto romano per la storia d’Italia dal fascismo alla
Resistenza, Casa della Memoria e della Storia Via S.Francesco di Sale
Mardi 21 octobre : Archivio storico della Presidenza della Repubblica ;
Mercredi 22 octobre : Archivio Storico Luce ; Cinecittà studio
Jeudi 23 : Archivio Centrale dello Stato ; Archivio Segreto Vaticano
Vendredi 24 octobre : Archivio di Stato di Roma, Corso del Rinascimento ; École
française de Rome

Atelier Les archives en Italie 65

Le déroulement de l’atelier

n 1re étape : 4 journées d’études sur l’histoire de l’Italie contemporaine et ses archives
n 2e étape : voyage à Rome, 20-24 octobre 2014
n 3e étape : travail de groupe (octobre - janvier)
n 4e étape : présentation du projet devant un jury (6 mars), composé d’enseignants
de Paris 8 et d’une personnalité extérieure.

Bilan pédagogique

Les étudiants ont dit être satisfaits et intéressés par cette expérience. Certains
ont trouvé un vrai intérêt par la mise en valeur en ligne de leur production,
d’autres ont une attitude plus scolaire.
Une étudiante de M1, qui a participé à ce voyage a fait finalement son stage de
fin d’année à Rome.

Les productions de l’atelier et leur valorisation

Le site web sera référencé par le département d’histoire. Il n’est pour le moment
pas accessible au public.

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Muséologie numérique

par Bernadette Dufrêne

Organisé à la fois avec le Musée du Bardo (Tunis), l‘université de la
Manouba, l’atelier-laboratoire «  muséologie numérique  » avait en 2014-
2015 pour objectifs l’acquisition d’une méthodologie de la conduite de
projets appliquée à une forme de médiation du patrimoine, la création
d’un site de vulgarisation savante Patrimoines du Maghreb à l’époque
ottomane. Il s’agit d’un inventaire des principaux palais de cette époque,
inventaire articulé à une frise chronologique. L’atelier avait d’abord pour but
de familiariser les étudiants aux différentes étapes d’un projet de médiation
numérique, du concept de médiation et de la recherche documentaire à
la valorisation des sources. Le deuxième objectif était de confronter leurs
productions à celles des étudiants tunisiens.

Quelle pédagogie ?

L’atelier-laboratoire s’est appuyé sur la recherche documentaire en groupes dans
différentes institutions patrimoniales parisiennes et surtout sur l’acquisition
de méthodes professionnelles sous la conduite à la fois d’une géographe
pour l’aspect cartographie et d’un professionnel pour la conception d’un
site répondant à deux impératifs : l’ergonomie et l’attractivité. L’apport des
professionnels a été décisif pour parvenir à un résultat tout à fait satisfaisant

Atelier Muséologie numérique 67

Le déroulement de l’atelier

Les différentes étapes (recherche, voyage à Tunis et acquisition de méthodes) ont
été toutes productives. Les étudiants ont notamment été attentifs aux questions
de médiation (constituer une information à partir de différentes sources, la
contextualiser, réfléchir aux questions d’accès), de droit (notamment du droit des
images) de design (ergonomie et identité visuelle).

Bilan pédagogique

En créant les conditions d’un travail en équipes réellement fructueux, d’une
découverte des méthodes professionnelles, en se déplaçant in situ, l’atelier-
laboratoire a à la fois favorisé une excellente atmosphère et renforcé les
compétences professionnelles des étudiants.
La seule difficulté a été la gestion du calendrier pour l’initiation à la cartographie
numérique ; le temps d’apprentissage a été sous-estimé mais les étudiants ont
apprécié d’en connaître les bases.

Les productions de l’atelier et leur valorisation

L’atelier-laboratoire a débouché sur la création d’un site web Palais du Maghreb
à l’époque ottomane qui sera bientôt en ligne.
Les recherches menées à cette occasion et complétées en dehors de l’atelier
donneront lieu à une publication imprimée (aux éditions Hermann).

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Atelier Muséologie numérique 69

Rencontres littéraires

par Vincent Message

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Les Rencontres littéraires sont suivies par l’ensemble des étudiants
du master Création littéraire et par les étudiants d’autres masters CréaTIC
intéressés. En 2014-2015, elles ont réuni 40 étudiants. Il s’agit à la fois de
découvrir les différentes tendances esthétiques de la littérature contemporaine
et de dialoguer avec les acteurs de la chaîne du livre, éditeurs, critiques, etc.
L’atelier comprend 13 séances de 3 heures sur l’année. L’objectif est de permettre
aux étudiants d’envisager la place qu’occupera l’écriture pour eux, alors que les
écrivains dans leur très grande majorité ont deux métiers.

quelle pédagogie ?

Les rencontres avec auteurs sont préparées par la lecture, par petits groupes, de
plusieurs de leurs œuvres. Celles avec des éditeurs ou critiques par une enquête
que les étudiants doivent faire sur leur secteur, leur maison ou leurs médias de
publication. Lors des rencontres, l’enseignant fixe le cadre général en lançant
les premières questions, les étudiants interviennent ensuite autant qu’ils le
souhaitent.

Le déroulement de l’atelier

L’année dernière, nous avons reçu 8 professionnels : Carole Zalberg (secrétaire
générale de la Société des gens de lettres), Hélène Fiamma (éditrice) Sika
Fakambi (traductrice), Pascal Rambert (directeur de Centre dramatique
national et dramaturge), Patrick Deville (écrivain), Emily Barnett (critique),
Benoît Peeters (biographe et bédéaste), Linda Lê (écrivain). Nous avons par
ailleurs organisé une sortie au Théâtre de Gennevilliers pour voir Répétition
de Pascal Rambert.

Bilan pédagogique

Les étudiants et les professionnels se disent généralement très heureux de ces
rencontres qui sont denses et enrichissantes.

Atelier Rencontres littéraires 71

La nature et le degré d’interactivité des échanges sont fonction de la rigueur
du travail de préparation des étudiants et du rapport à la parole publique de
l’invité (est-il bavard ou pas, attentif aux signes qu’envoient les étudiants ou non,
accessible ou pas, etc.).
Les étudiants demandent à être impliqués dans le choix des invités, ce qui est
possible (et a été fait) pour l’année suivante. Mais cela reste difficile au cours
d’une même année car les invitations sont lancées assez largement en avance.

Les productions de l’atelier et leur valorisation

Les étudiants de M1 rédigent des comptes-rendus analytiques de rencontres
suivis de billets plus subjectifs. Les étudiants de M2 réalisaient des recensions de
livres qui portent sur le domaine du livre et le champ littéraire.
Ces comptes-rendus sont accessibles en ligne et sont relayés sur la page Facebook
du master. Ils touchent donc, outre l’ensemble des étudiants en lettres de Paris 8,
un certain nombre d’internautes intéressés par la chose littéraire et contribuent
au rayonnement de l’université.
http://www.master-creation-litteraire.univ-paris8.fr/spip.php?rubrique338

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Hélène Fiamma

Carole Zalberg

Pascal Rambert

Sika Fakambi

Benoît Peeters
Emily Barnett

Linda Lê Patrick Deville

Atelier Rencontres littéraires 73

Scénario transmédia :
l’écriture multi-écrans

par Fabien Boully

A | Présentation et perspectives
de l’atelier-laboratoire :

n Intervenant et chronologie de l’atelier :

L’atelier a été conduit par Cédric Magnien, réalisateur et scénariste, passionné
d’objets artistiques protéiformes à la frontière des différentes disciplines
artistiques. Après avoir étudié dès 2002 les multiples possibilités narratives
offertes par les « Nouveaux Médias  », il a été un des premiers scénaristes
à développer une série nativement multiplateforme, Le Onzième Invité.
Cette série, conçue pour être à la fois immersive et interactive, a ouvert la
voie à des projets reposant non pas sur un média en particulier, mais sur
une combinaison de médias. Il a également réalisé une douzaine de courts-
métrages traditionnels, et vient d’achever le tournage de son premier long-
métrage.

L’atelier-laboratoire s’est déroulé sur 3 semaines de 4 jours chacune, du
26 mai au 12 juin 2015. Les deux premières, plus théoriques, ont eu lieu
sur le campus de l’Université Paris Ouest Nanterre. La dernière semaine,
résolument pratique et créative, s’est déroulée dans le cadre du MédiaLab.

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n Perspectives et enjeux :

Avec l’avènement d’Internet et le développement récent des médias mobiles, la
collecte d’information et les échanges entre individus sont devenus partiellement
dépendants des plateformes électroniques dématérialisées qui les véhiculent, et
nécessitent la maîtrise de processus interactifs plus ou moins complexes.

Néanmoins, quand on parle aujourd’hui de «  narration interactive  », on en limite
souvent le champ d’application au jeu vidéo, devenu récemment un secteur d’activité
plus important et plus rentable que l’audiovisuel.

Or, la multiplication et la diversification des plateformes dédiées à la circulation
d’informations et aux échanges entre individus a engendré un immense territoire
narratif aujourd’hui encore presque parfaitement vierge et inexploré. Si Facebook
sert d’abord à communiquer avec ses «  proches  », on peut par exemple très
facilement y faire circuler des informations purement fictionnelles, et donc utiliser
cette plateforme pour y raconter des histoires.

De même, on peut tout à fait faire circuler des éléments de fictions sur de faux sites
d’«  informations», ou même via de simples SMS  : comme ces différents mediums
électroniques sont habituellement utilisés pour véhiculer des éléments purement
informatifs et a priori non-fictionnels, en les détournant à des fins de fictions, il est possible
de brouiller la frontière entre réalité et fiction, et donc d’immerger le spectateur dans une
histoire dont il devient également – via la possibilité de réagir aux informations reçues, voire
la possibilité d’en engendrer de nouvelles – un personnage ou, au pire, un « participant ».

Ceci peut s’élaborer tout en conservant une narration qui ne nécessite aucune
technologie autre que les plateformes pré-existantes et qui n’a pas forcément
besoin d’une interface particulière, contrairement au jeu vidéo : dans un bon projet
transmedia, le participant «joue», mais en tant que lui-même, et sans la distance
créée par la limitation du terrain de jeu à la largeur d’un écran.

D’où la création d’un secteur de création à part entière, le domaine « Transmedia »,
dont le Graal, sorte de Sainte-Trinité de la narration multiplateformes, est d’associer
dans un même projet «interactivité», «immersion» et «collaboration».

Atelier Scénario transmédia : l’écriture multi-écrans 75

L’écriture transmédia peut alors être définie comme une écriture racontant une
histoire à travers une multiplicité de médias. La participation du public y est active
et l’interaction entre les différents supports peut éventuellement entrainer une
modification du récit. Le but est d’avoir une histoire globale évolutive plongeant
les participants en situation d’immersion.

Comment penser un univers fictionnel quand il se décline à la fois dans le cadre
d’un scénario de court-métrage filmique, sur un site web interactif et via Twitter ou
Facebook ? Qu’est-ce qu’un personnage de fiction quand il est amené à se décliner
dans diverses formes fictives et sur une multiplicité écrans ? Ces questions, parmi
d’autres, sont au cœur de toute réflexion sur l’écriture transmédiatique, qui est
sans conteste l’un des principaux champs ouverts à la création scénaristique dans
les années à venir. Il est à noter que le secteur audiovisuel est particulièrement
attentif à l’heure actuelle à l’émergence des projets transmédia.

Cet atelier-laboratoire visait donc à amener les étudiants à développer des projets
d’écriture scénaristique fictionnelle transmédiatique. L’atelier-laboratoire avait
un double enjeu. Sur le plan de la recherche, le but était d’interroger le concept
d’écriture transmédiatique dans ses dimensions créatrices, narratives, ludiques
mais aussi sur le plan de son usage politique. Sur le plan de la création, il s’est agi
d’inventer et de commencer à concevoir des objets fictionnels transmédia.

Cet atelier a proposé ainsi une approche globale du secteur :

n Un récapitulatif des expériences qui ont déjà été menées à ce jour proposant
une dimension transmedia.

n Une étude de cas sur un projet spécifique soutenu en 2011 par la Commission
Nouveaux Médias du CNC.

n Une réflexion sur les implications esthétiques, narratives mais aussi
déontologiques de la création transmedia, qui sont très différentes de celles de
l’écriture linéaire traditionnelle.

n L’acquisition de méthodes de création transmedia spécifiques, avec un

76

panorama complet des outils aujourd’hui disponibles pour les « story architects ».

n Une session de création encadrée en groupes, avec comme finalité la conception
de projets potentiellement réalisables. Sur ce plan, son but pratique était triple :
1. élaborer les pré-bibles d’écriture de projets de fiction multi-écrans
(cinéma, télé, web…) ;
2. concevoir les diagrammes complexes du schéma narratif et du game-
play de chaque projet. Ces diagrammes ont été réalisés via le logiciel libre XMind
(http://www.xmind.net/) ;
3. réaliser (tournage visuel et sonore, montage) le teaser vidéo d’un des projets.

Cet atelier-laboratoire a réuni 4 étudiants, ce qui a permis de créer 2 binômes afin
d’élaborer deux projets.

B | Présentation du premier projet : TERRAFORMA

Terraforma est une chronique d’anticipation dont l’objet est d’éveiller de façon récréative
la conscience environnementale du specta-acteur. La trame narrative est la suivante :

« Sous les chocs écologiques que nous lui infligeons, la terre périclite. Le professeur
Pleksy- Gladz est l’un des lanceurs d’alerte les plus connus. Grâce à une source proche
d’un consortium industrialo-économique, nommé la SPACE CORP, le professeur
Pleksy-Gladz récupère les plans top secrets d’une navette destinée à acheminer 150
privilégiés vers une nouvelle planète habitable. L’enjeu des participants sera donc de
faire partie des heureux élus qui pourront terraformer la nouvelle planète. »

Terraforma est ainsi un jeu transmédia qui prend la forme d’une enquête en temps
réel et d’une compétition entre joueurs à l’échelle nationale. À travers la forme de ce
jeu de réalité alternative, le but est de créer des réflexes écologiques via des actions
didactiques et ludiques qui vont amener le joueur à s’impliquer pour la bonne réussite
de ses objectifs du jeu dans son mode de vie quotidienne.

Voici le mode d’emploi du jeu, tel qu’il pourrait accompagner le jeu entièrement réalisé :

Atelier Scénario transmédia : l’écriture multi-écrans 77

Après la disparition annoncée aux infos d’un professeur reconnu, vous recevez
par mail une vidéo étrange de ce même professeur, vous expliquant qu’il a choisi
d’envoyer au parfait inconnu que vous êtes un courrier top secret.
Ce courrier reçu par la poste contient les plans « top secret » d’une navette en
cours de construction par la SPACE CORP.

Aussitôt ce courrier reçu, vous êtes contacté par deux camps antagonistes :
n les responsables de la Space Corp qui veulent récupérer les plans
n les leaders de l’association écologique P-VERT qui tentent de faire pression sur
la Space Corp et prouver leur culpabilité dans l’assassinat du Professeur Kryzynski.

Tous deux veulent récupérer les plans, mais il faut être pragmatique dans le choix
de son camp :
n Choisir de rendre les plans à la Space Corp vous amène à un bras de fer avec eux :
ils veulent vous éliminer, mais vous pouvez toujours rejoindre le groupe P-Vert
ou bien vous engager en tant qu’agent officiel de l’entreprise en promettant de
contrecarrer les joueurs du camp adverse ;
n Choisir le groupe P-Vert vous amène à résoudre l’enquête du Professeur
Kryzynski pour dénoncer la Space Corp et ses projets de conquête spatiale.

Une fois ce choix et les premières missions accomplis, vous découvrez l’existence
de tickets déjà distribués en vue du départ de la navette. La Terre sera inhabitable
d’ici une dizaine d’années et si personne ne fait rien, quitter la terre sera la seule
solution.

Les joueurs doivent à présent se battre pour récupérer ces fameux tickets :
n Ne pas choisir de camp fait de vous un Non-Aligné et vous amène directement à
la recherche des tickets de la navette dont vous pourrez choisir de détruire pour le
simple plaisir de bloquer les autres joueurs ou bien de les revendre au prix fort sur
un marché noir accessible via Ebay que vous alimenterez.
Seuls les plus méritants qui sauront éviter les erreurs du passé seront les
bienvenus à bord de la navette pour coloniser cette nouvelle planète.

Mais pour récupérer ces tickets, il faut être en mesure :

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n de gagner son ticket suite à diverses actions enregistrées et relayées par des
applications smartphones via des missions pour réduire la dette écologique de
chacun (prendre le vélo, marcher, trier ses poubelles, acheter bio, renseigner sa
consommation d’eau, éteindre la lumière, etc) ;
n d’avoir assez de « crédits » gagnés grâce aux missions écologiques pour acheter
un ticket au marché noir sur Ebay ou payer des tueurs à gage localisables via
Facebook pour engager des contrats sur la tête des autres joueurs qui possèdent
déjà un ticket.

Il faut rester attentif aux actions des Non-Alignés qui s’accaparent et réduisent la
disponibilité des tickets. Il faut aussi veiller sur ceux, qui en désespoir de cause,
préfèrent détruire une bonne fois pour toute la navette. Avoir un ticket sera alors
inutile.

La possibilité sera offerte aux joueurs de se géolocaliser et de se connecter
aux résultats de leurs actions écologiques via les comptes des applications
smartphones s’ils réussissent à récupérer assez d’informations sur un autre
joueur où s’ils sont simplement dans le même camp pour observer ses faits et
gestes. L’un pourra ainsi dénoncer un autre au groupe P-Vert si ce dernier ne
réalise pas assez d’actions écologiques et lui voler des crédits, ou pire un ticket !

Pour faire parti des gagnants, il faudra donc assurer ses arrières :
n s’assurer de sauver la planète par ses actions écologiques de tous les jours ;
n trouver un ticket et le garder ;
n empêcher la destruction de la navette ou s’assurer de son possible départ.

L’avenir de notre planète, et potentiellement d’une nouvelle terre promise, est vôtre.

Le teaser du projet est visible via ce lien :

https://www.youtube.com/watch?v=EFTfUjPO_f4&feature=youtu.be

Cette réalisation a été possible grâce au matériel exhaustif fourni par le
programme IDEFI, aussi bien pour le tournage que pour le montage.

Atelier Scénario transmédia : l’écriture multi-écrans 79

Le Schéma narratif ci-dessous détaille le déroulement des événements :

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Atelier Scénario transmédia : l’écriture multi-écrans 81

Sur Youtube, Facebook ou par mail, les joueurs sont amenés à travers des
missions réelles (prendre des douches plutôt que des bains, éteindre les lumières
dans les pièces vides, suivre des colloques environnementaux...) à faire des choix
écologiques, individualistes ou nihilistes.

Le souhait des étudiants qui ont créé les principes de ce jeu est ainsi, à travers
ces choix et leurs conséquences (obtention ou non du ticket), d’encourager de
manière ludique le public à avoir des modes de consommation bénéfiques pour
notre seule et unique planète.

C | Présentation du second projet :
LE RASSEMBLEMENT FRANCAIS

Le Rassemblement français se veut une expérience transmédia qui utilise tous les
supports de communication actuels afin que nous percevions plus précisément
l’importance de nos choix politiques à la fois au sein du giron national et dans
notre vie personnelle. Il s’agit ainsi d’un exercice de vigilance pour que jamais
notre parole nous échappe, et que toujours nous décidions de notre destin
collectif.

Avertissement  : ce projet n’est ni un jeu, ni une fiction, mais une expérience
immersive dont le but est d’éveiller nos consciences aux enjeux politiques majeurs
qui nous concernent tous.

En 2027, la France est devenue un pays totalitaire. La résistance parvient à percer
le temps et nous envoie en 2015 un de ses leaders. Celui-ci a pour objectif de nous
alerter afin que dès maintenant nous puissions changer le cours de l’Histoire. Les
évènements suivants, de 2016 à 2027, sont ceux qui ont permis la prise de pouvoir
du parti extrémiste Le Rassemblement français :
1. Courant 2016 : la guerre en Afrique du Nord mène à la multiplication des camps
d’accueil de réfugiés au sein de l’Union Européenne
Début 2017 : éclatement du parti « Les Républicains », Michel Fitoussi déborde
Sarkozy par la droite

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2017 : avant les élections, le principal opposant de gauche au FN est pris dans un
scandale sexuel
2. 2017 : le FN gagne les présidentielles
3. 2019 : les Français votent pour une sortie de la France de l’Union Européenne
via un référendum.
4. 2019 : le festival d’Avignon est supprimé
2020 : l’économie française s’effondre
5. 2021 : les partisans de Fitoussi font scission avec le FN pour tenter leur chance
aux élections présidentielles
15 mai 2022 : la petite victoire du FN aux élections présidentielles est fortement
contestée.
6. 18 mai 2022 : Le chef de l’État Major, proche de la famille présidentielle,
prend le pouvoir avec le soutien de l’armée. Il interrompt la première séance
parlementaire et assassine Michel Fitoussi, alors ministre de l’intérieur. Les
chefs de l’opposition sont emprisonnés et la France est transformée en régime
totalitaire.
7. 2022-2027 : la France se meurt, la Résistance s’organise.

La chronologie de ces évènements n’est heureusement pas figée. Le résistant
du futur nous l’assure, en agissant dès maintenant, il est possible de modifier
ces faits. Par les mailing listes d’associations politiques, de syndicats d’étudiants
ou lycéens, les participants sont interpellés de manière massive et virale. Ils
remplissent un questionnaire qui définit leur orientation politique et en fonction
des résultats, sont répartis entre deux camps : ceux qui prônent une vision ultra-
nationaliste du pays et ceux qui résistent.

Une fois cette division effectuée, les participants accèdent à internet de 2027. Ils
peuvent y voir la situation générale du pays, en débattre sur les forums, et ont
également la possibilité de se connecter sur leur page Facebook du futur.

Qu’ils soient fascistes ou résistants, un ensemble de missions leur sont alors
proposées, telles que:
n Fournir aux internautes une liste d’associations qui prennent en charge les
populations réfugiées et les inviter à liker leurs pages facebook, mettre des liens

Atelier Scénario transmédia : l’écriture multi-écrans 83

vidéos montrant leur travail sur Youtube…
Ou
Créer une page facebook à liker pour promouvoir la fermeture des frontières
n Mettre en place une application SMS qui permette de prévenir le candidat
de gauche sur le point de se discréditer par un scandale sexuel («  Fais gaffe
Dominique, cette gâterie va te coûter vraiment cher… le sort de la France est
entre tes jambes… »)
Ou
Organiser sur Twitter un concours pour choisir le nom du parti extrémiste de
Michel Fitoussi, nom du parti qui changera aussi dans le wikipédia de 2027.
n etc, etc…

Pour que ces faits aient un impact réel sur l’Histoire, la communauté doit atteindre
pour chaque action une masse critique avec un nombre minimum de participants.
Les répercussions de ces missions modifient également l’histoire personnelle du
participant sur sa page Facebook du futur (sa date de mort, l’existence de ses
proches, la place qu’il occupe dans la hiérarchie de son camp…).

Chronologie détaillée des évènements politiques :
1. Courant 2016 : la guerre en Afrique du Nord mène à la multiplication des camps
d’accueil de réfugiés au sein de l’Union Européenne
2. Fin 2016 : épidémie d’une variante particulièrement virulente de la lèpre en
Europe
3. Début 2017 : éclatement du parti « Les Républicains », Michel Fitoussi déborde
Sarkozy par la droite
4. 2017 : avant les élections, le principal opposant de gauche au FN est pris dans
un scandale sexuel
5. 2017 : le FN gagne les présidentielles, mais perd les législatives
6. 2017 : le Président de la République dissout l’Assemblée Nationale, son parti fait
alliance avec celui de Fitoussi, et le Président obtient la majorité parlementaire
aux élections législatives
7. Fin 2017 : tous les policiers municipaux sont armés, ce qui augmente le nombre
de bavures impliquant des personnes d’origine étrangère.

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8. 2019 : les Français votent pour une sortie de la France de l’Union Européenne
via un référendum.
9. 2019 : le festival d’Avignon est supprimé
2020 : effondrement de l’économie française
10. 2021 : les partisans de Fitoussi font scission avec le FN pour tenter leur chance
aux élections présidentielles
11. 2019 – 2022 : ensemble de mesures visant à affaiblir les institutions au profit
d’un régime centralisé
12. 15 mai 2022 : la petite victoire du FN aux élections présidentielles est
fortement contestée.
13. 18 mai 2022 : Le chef de l’État Major, proche de la famille présidentielle,
prend le pouvoir avec le soutien de l’armée. Il interrompt la première séance
parlementaire et assassine le chef du gouvernement ainsi que Michel Fitoussi,
alors ministre de l’intérieur. Il fait également prisonniers les chefs de l’opposition
et transforme la France en régime totalitaire.
14. 18 mai 2022 : dans la nuit des élections, des milices d’extrême droite
perpétuent des actes racistes et exproprient des familles françaises issues des
dernières vagues d’immigration.
15. 2022-2027 : la France se meurt, la Résistance s’organise.

Liste exhaustive des missions à accomplir en fonction des différents évènements :

1. Courant 2016 : la guerre en Afrique du Nord mène à la multiplication des camps
d’accueil de réfugiés au sein de l’Union Européenne.
1.1. Fournir aux internautes une liste d’associations qui prennent en charge
les populations réfugiées et les inviter à liker leurs pages facebook, à s’engager, à
faire des dons, à accueillir des réfugiés, etc.
1.2. Créer une page facebook à liker pour promouvoir la fermeture des
frontières
2. Fin 2016 : épidémie d’une variante particulièrement virulente de la lèpre en
Europe
2.1. Sensibilisation autour de la lèpre
2.2. Sensibilisation autour des conditions de vie et des problèmes sanitaires
dans les camps de réfugiés (Sangatte)

Atelier Scénario transmédia : l’écriture multi-écrans 85

2.3. Mini jeu qui permet d’inventer un vaccin
3. Début 2017 : éclatement du parti « Les Républicains », Michel Fitoussi déborde
Sarko par la droite
3.1. Organiser un vote pour choisir le nom du parti de Michel Fitoussi qui
change le nom de ce parti dans le wikipédia de 2027
4. 2017 : avant les élections, le principal opposant de gauche au FN est pris dans
un scandale sexuel
4.1. Mise en place d’une application SMS qui permette de prévenir le
candidat et de déjouer les événements s’il y a un nombre suffisant d’envois
5. 2017 : le FN gagne les présidentielles, mais perd les législatives
5.1. Twitter (Metatwitt) du futur qui permet de twitter en 2017 depuis
2015 : le candidat qui a le plus de retweet gagne les élections
5.2. Concours de création d’affiches électorales pour soutenir l’opposant
du FN par l’intermédiaire d’une application où il est possible d’importer son
affiche et de la poser virtuellement sur un mur
5.3. Offrir un espace de discussion pour remettre en cause le programme
des candidats (via un forum)
6. 2017 : le Président de la République dissout l’Assemblée Nationale, son parti fait
alliance avec celui de Fitoussi, et le Président obtient la majorité parlementaire
aux élections législatives
6.1. Concours de tag et de caricature dénonçant l’alliance entre le FN et
« Pinard et Sifflard » via une application qui permet de créer des photos en réalité
augmentée rassemblées sur un tumblr (cf. 5.2.)
7. Fin 2017 : tous les policiers municipaux sont armés qui augmentent le nombre
de bavures impliquant de la racaille magueule
7.1. Organisation d’une manifestation réelle contre le port d’armes dans la
police municipale
8. 2019 : les Français votent pour une sortie de la France de l’Union Européenne
via un référendum.
8.1. Organiser un faux référendum
9. 2019 : le festival d’Avignon est supprimé
9.1. Installation d’un studio au festival d’Avignon où les participants
peuvent interpréter des scénettes contre le fascisme qui se matérialisent dans les

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rues vides d’Avignon en 2019
10. 2020 : effondrement de l’économie française
11. 2021 : les partisans de Fitoussi font scission avec le FN pour tenter leur chance
aux élections présidentielles
12. 2019 – 2022 : ensemble de mesures visant à affaiblir les institutions au profit
d’un régime centralisé
13. 15 mai 2022 : la petite victoire du FN aux élections présidentielles est
fortement contestée.
14. 18 mai 2022 : Le chef de l’État Major, proche de la famille présidentielle,
prend le pouvoir avec le soutien de l’armée. Il interrompt la première séance
parlementaire et assassine le chef du gouvernement ainsi que Michel Fitoussi,
alors ministre de l’intérieur. Il fait également prisonniers les chefs de l’opposition
et transforme la France en régime totalitaire.
14.1. Création d’une carte des endroits où le putsch a lieu, il s’agit de se
rassembler succinctement devant ces lieux et d’activer la géolocalisation pour
gonfler virtuellement les rangs de ceux qui protestent en 2027 et désorganiser le
déroulement du putsch
15. 18 mai 2022 : dans la nuit des élections, des milices d’extrême droite
perpètrent des actes racistes et exproprient des familles française issues
des dernières vagues d’immigration. Un groupuscule ultra violent composé
d’immigrés assimilés assassine de sang froid.
15.1. Création d’une application de réalité augmentée pour repérer et
effacer les marques, se trouvant sur les portes d’immeuble, qui indiquent le lieu
des pogroms

Atelier Scénario transmédia : l’écriture multi-écrans 87

Le Schéma narratif ci-dessous détaille le déroulement des événements :

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Textualités augmentées

par Philippe Bootz

Cet atelier-laboratiore proposait une dizaine de sessions de trois heures
se déroulant dans les locaux de l’université Paris 8, entre octobre 2014 et janvier
2015. Rattaché au Master 2 « Pratiques textuelles numériques » de l’UFR MITSIC,
il regroupait une dizaine d’étudiants provenant de formations diverses : master
CEN, master NET, master Arts et technologies de l’image virtuelle.
L’atelier était orienté autour de trois objectifs principaux :
n Découverte par les étudiants des enjeux actuels du secteur émergent de
l’édition numérique ;
n Initiation aux outils et formats d’édition (epub, Unity, Processing) ;
n Réalisation d’un livre numérique enrichi.

Quelle pédagogie ?

Interventions de professionnels de l’édition et de designers-plasticiens numérique
Travail individuel tutoré d’un projet d’écriture et de réalisation d’un livre
numérique enrichi

Atelier Textualités augmentées 89

Le déroulement de l’atelier

Les échanges entre les étudiants et les professionnels intervenants ont été très
enrichissants, et ont permis à certains d’entre eux de trouver un stage de Master.
Les étudiants ont pu prendre en main et apprendre à maîtriser différents outils et logiciels
de conception afin de réaliser par eux-mêmes des projets de création littéraire numérique.

Bilan pédagogique

Le bilan pédagogique s’est avéré très positif quant aux différentes sessions de cours
organisés avec les divers intervenants : les interventions des professionnels ont donc
été conservées pour le renouvellement de l’atelier.
Nous avons souhaité néanmoins proposer une organisation différente pour 2015-
2016 afin de créer des conditions plus intensives et plus collaboratives de conception
de projet : nous avons regroupé plusieurs sessions de cours sous la forme d’un
workshop continu de plusieurs jours, mettant les étudiants en situation de réalisation

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intensive. Nous avons également remplacé la réalisation d’un projet individuel par un
projet collectif afin de regrouper sur un même projet des étudiants aux formations
et aux compétences complémentaires (littéraire, ergonomie, création graphique,
développement d’interface). Cette nouvelle organisation vise à favoriser la création
collaborative et à tirer parti des nouveaux locaux de la MSH.

Les productions de l’atelier et leur valorisation

Les productions de l’atelier ont été valorisées à un niveau international dans les
principales manifestations de littérature numérique. À Buenos-Aires en juin tout
d’abord. Certaines réalisations ont été exposées du 9 juin au 5 juillet 2015 au musée
de l’immigration dans la toute première exposition de poésie numérique : « El tiempo
de la literatura digital » qui s’est tenue en marge du festival international e-poetry et
qui a été l’occasion de la création du réseau sud-américain de littérature numérique.
C’est donc une exposition fondatrice en amérique latine.

La seconde occasion fût le festival ELO à Bergen en août 2015. Des travaux d’étudiants
(Ex : The tower of Jesik d’Emilie Barbier) ont été acceptés dans l’exposition de littérature
numérique destinée aux enfants. Cette exposition, montrée durant tout le mois d’août
à la bibliothèque de Bergen, circulera ensuite dans plusieurs pays d’Europe du Nord.

Atelier Textualités augmentées 91

La troisième occasion a été le campus exhibition au festival Ars Electronica à
Linz en septembre. Ce fut l’occasion d’exposer des œuvres présentes dans l’une
des deux expositions précédentes, voire les deux, et d’y ajouter de nouvelles
œuvres qui n’avaient pas été terminées pour les précédentes. Deux étudiantes
ont fait le déplacement à Linz et ont pu entrer en contact avec des personnes
intéressées.

Enfin, les œuvres présentables sur PC seront exposées à la BU de Paris 8 durant
tout le mois d’octobre à l’occasion de la reprise de l’exposition «les littératures
numériques d’hier à demain».

La valorisation ne s’arrête pas là car l’exposition est constituée de disques
virtuels  : elle est flexible, mobile, facile à installer dans n’importe quel contexte
et sur n’importe quelle machine. Elle est amenée à voyager, les prochaines étapes
devant être St Pétersbourg, Londres, Barcelone. Elle s’enrichira au fur du temps de
nouveaux travaux d’étudiants

Autres

L’atelier a également permis de financer le déplacement au festival ELO de
plusieurs étudiants et accompagnateurs et de permettre à une étudiante de
participer à un workshop international à Bergen. Cette expérience, rare au niveau
master, a été très bénéfique pour nos étudiants. Pour l’un d’entre eux, Baptiste
Ingrand, obligé à présenter son travail en anglais dans un cadre international,
cela l’a confirmé dans sa maîtrise de la langue et l’a sans doute aidé à trouver
en quelques semaines un emploi en Angleterre. Pour l’autre, Émilie Barbier, ce
fût l’occasion de faire une présentation en colloque et de présenter le travail
de traduction numérique d’œuvres de poésie numérique française qu’elle avait
faite durant son stage. Ce travail ne concernait pas l’atelier mais était en relation
par les préoccupations traitées. Elle a été remarquée par un Professeur du MIT
qui souhaiterait l’inclure dans les projets de traduction numérique d’œuvres
françaises vers l’anglais.

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Art et intervention
sociale

par Martine Bodineau

Cet atelier se proposait de prolonger l’expérience réalisée au cours
de l’édition précédente, qui avait donné lieu à la réalisation d’une enquête
socianalytique sur le thème : « Les artistes dans la Cité ». Celle-ci explorait
la question de la « place de l’artiste » (du chercheur ou de tout acteur social)
au travers de la question du « mélange », ou de l’articulation entre différentes
« casquettes » : professionnelle, militante, personnelle. L’atelier s’était conclu
par le désir de poursuivre la collaboration avec les artistes des Fabriques de
sociologie 93, commanditaires de l’enquête. D’où l’idée de s’engager en commun
dans un travail «  artistico-sociologique  », visant à élaborer une présentation
artistique des conclusions de l’enquête.

Intitulée «  Divagations sociologiques et poétiques  », la présentation a
eu lieu le 30 janvier 2015, devant une soixantaine de personnes. Elle
a été organisée, en collaboration avec la compagnie Jolie Môme, à la
salle de spectacle La Belle Étoile du quartier de La Plaine-Saint-Denis
(http://www.cie-joliemome.org/)

Atelier Art et intervention sociale 93

le Déroulement de l’atelier

Le travail s’est déroulé à la MSH Paris-Nord, ainsi que dans une salle associative
du centre-ville de Saint-Denis, au cours de 12 journées réparties entre le 12
et le 30 janvier 2015. L’atelier a réuni 19 étudiants, dont 17 du Master EFIS (14
M1 et 3 M2) ; et 2 du Master Coopération artistique internationale. L’équipe
des Fabriques de sociologie était composée de 5 comédien(ne)s, 1 musicien, 1
danseuse, 1 artiste plasticien.

O b j ectif

L’objectif général de l’approche non directive et du travail d’analyse est la transmission
de capacités à faire émerger les principales « clés de lecture » d’une problématique
étudiée, de modifier l’interprétation « usuelle » de la situation afin de dégager des
perspectives d’action. La recherche en situation de commande réelle vise à permettre
aux étudiants de percevoir les enjeux et la complexité d’une situation sociale réelle.
L’élaboration de la restitution artistique visait plus particulièrement à favoriser
l’apprentissage des pratiques pluridisciplinaires et des pratiques mettant en
résonnance divers modes de description de la société. Il s’agissait également
d’explorer les questions suivantes  : les formes artistiques sont-elles capables de

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favoriser la diffusion des travaux sociologiques ? Peut-on faire usage des pratiques
de la création artistique en tant qu’outil d’analyse sociologique ?

La réalisation

Le déroulement de l’atelier était initialement prévu selon 4 phases. Les phases 1
et 2 étant consacrées à la poursuite de l’analyse des entretiens, réalisés au cours
de l’année précédente, ainsi qu’au développement des conclusions de l’enquête.
Les phases 3 et 4 étant consacrées à la mise en forme artistique des résultats.
La mise en œuvre du travail nous a rapidement conduits à modifier le programme
et à mêler, dès la seconde phase, les approches sociologiques et artistiques
pour exploiter nos «  matériaux  ». Les conclusions synthétiques de l’enquête
n’offraient pas aux artistes une matière immédiatement transposable, ceux-ci
n’était donc pas en mesure de proposer, en amont, l’ossature d’une construction
artistique. Nous avons dû élaborer au jour le jour notre méthode de travail et
construire dans le même temps la dynamique du groupe, les étudiants éprouvant
quelques difficultés à saisir, dans ce contexte, les attendus de l’expérience.

Atelier Art et intervention sociale 95

Dans un premier temps, nous avons alterné des séances animées par les artistes
proposant des exercices de travail vocal, rythmique, corporel, et des séances
d’analyse des résultats de l’enquête, permettant à l’ensemble des participants de
se les approprier. Puis, nous avons entamé un travail d’improvisation théâtrale et
musicale à partir des pistes qui se dégageaient, réunissant artistes, enseignants
et étudiants. Les artistes ont également proposé des textes d’auteurs, ou de leur
composition, qui leur semblaient pouvoir alimenter le propos.

Les difficultés

Des questions, faisant débat entre les artistes et les sociologues, se sont posées
tout au long des séances, et ressurgissaient dans toutes les circonstances du travail
commun qui s’élaborait difficilement. Les premiers posaient l’exigence d’une qualité
artistique et poétique du rendu final, et les seconds défendaient l’objectif qui leur
paraissait central, celui de la restitution des résultats sociologiques. La question
de savoir, si l’on présenterait plutôt une conférence sociologique ou plutôt un
spectacle, soulevait des polémiques au point que des tensions sont apparues au sein
de l’équipe. S’ajoutaient à cela les difficultés d’organisation, dues aux disponibilités
des uns et des autres, qui compromettaient la continuité du travail.

Le « retournement » de la situation

C’est en mettant en pratique les principes de l’ « intervention socianalytique », que
nous sommes parvenus à « retourner » la situation et à transformer les difficultés
en ressources pour le travail. Ces principes consistent à considérer les difficultés
qui surviennent, non pas comme des anomalies, mais comme des « analyseurs »
de la situation sociale constituée par l’activité en cours. Ces « analyseurs » sont
mis au jour et soumis à l’analyse collective. Les membres du groupe sont ainsi
à même d’appréhender la globalité de la situation et de se situer, de manière
réflexive, en tension entre les enjeux individuels et ceux de l’entreprise commune.
Nous avons pu ainsi réaliser que se jouaient, au sein de notre groupe, les questions
révélées par les résultats de l’enquête, en particulier celle de « la place » de chacun

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des participants. Comme nous l’avons écrit (voir le flyer ci-après) : le propos de notre
travail « renvoie chacun à sa propre existence, entre Moi et Moi, et Moi et le Monde ».
L’objet de notre présentation s’est ainsi déplacé, celui-ci n’étant plus formé par
la restitution des résultats de l’enquête, mais par la restitution de l’expérience
que nous étions en train de vivre. Les objectifs de l’atelier ont également subi
un déplacement : l’attention étant centrée, non plus sur la mise en œuvre du
travail commun (niveau 1), mais sur les conditions de réalisation de ce travail
lui-même (niveau 2). Cette expérience a montré que la capacité à intervenir au
second niveau est une condition nécessaire, dans des situations complexes, à
l’aboutissement de l’activité située au premier niveau. L’atelier permet également
de conclure que la rencontre entre les approches sociologiques et artistiques,
la confrontation entre les divers attendus, pratiques et formes d’expression,
impose à chacun un « déplacement » et un « dérangement » perturbants, mais
extrêmement constructif.

Les « divagations sociologiques et poétiques »

Nous avons mis, au centre de notre jeu théâtral, la question de « la place », celle
de l’hésitation entre spectacle et conférence, et le thème de la « dispute ». Une
des séances conflictuelle avait été enregistrée par une étudiante, si bien que
nous l’avons rejouée sous forme d’improvisation, puis intégrée, avec une note
d’humour, dans notre présentation.

L’aboutissement de notre travail a consisté à fixer le déroulé des différentes
scènes et des textes retenus, à écrire et mettre en scène le préambule et les
divers enchaînements. L’entreprise est toutefois restée périlleuse jusqu’à
la répétition générale, achevée quelques minutes avant l’arrivée du public.
L’accueil, que nous ont réservé les équipes artistiques et techniques de la
salle de spectacle La Belle Étoile, a grandement facilité la réussite de la soirée.
Les étudiants se sont mobilisés d’une façon remarquable. Dès les premières
minutes, la « magie du spectacle » était à l’œuvre, effaçant les hésitations et les
divers « cafouillages » de la répétition. La représentation, d’environ 45 mn, s’est
prolongée par un repas, préparé par l’équipe de la compagnie Jolie Môme, et

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réunissant le groupe et le public dans une ambiance chaleureuse. Les retours des
spectateurs ont été largement positifs.

Bilan pédagogique

Points positifs

La difficulté à réunir l’ensemble des participants, au cours des différentes séances,
a empêché la constitution de sous-groupes, qui aurait permis de mieux mettre à
profit le temps imparti à l’atelier, et aux étudiants de travailler de manière plus
autonome. Certains d’entre eux ont estimé que l’enjeu de la présentation finale
avait été trop présent. Ils auraient souhaité que celle-ci fasse davantage appel à
l’improvisation, laissant ainsi le champ plus libre à l’expérimentation des étudiants.

Points négatifs

Malgré la difficulté des étudiants à s’impliquer, dans un premier temps, dans
cette situation quelque peu complexe, ceux-ci se sont finalement mobilisés pour
réussir une belle entreprise collective. Les difficultés rencontrées ont pu justifier
leurs hésitations et leur inquiétude. Mais la capacité des animateurs à y faire face,
à engager le groupe dans une réflexion collective, appuyée sur des méthodes
explicitées et théorisées, ainsi que le profond engagement des intervenants
artistiques, ont permis de lever l’essentiel des obstacles. Ces difficultés auront,
au final, formé le socle de la dynamique et de la mobilisation du groupe.

Les Productions

L’atelier a donné lieu à la réalisation d’un film, dont le montage est en
cours de finalisation. Celui-ci montre des séances de travail artistique,
des séances de réflexion et de construction du propos, des interviews des
étudiants et des intervenants, et des extraits de la représentation publique.
Un film de quelques minutes, sous forme de « bande annonce », a également été
réalisé et projeté en ouverture de la représentation.

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