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Magazine collaboratif d'Atypeek (Musique - Mode - Design - Tattoo - Cinéma - Geek - Sub Culture - Sexy - BD...) www.atypeek.fr

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Published by christopheferay, 2017-09-14 18:09:47

Atypeek Mag N°3

Magazine collaboratif d'Atypeek (Musique - Mode - Design - Tattoo - Cinéma - Geek - Sub Culture - Sexy - BD...) www.atypeek.fr

Keywords: Musique - Mode - Design - Tattoo - Cinéma - Geek - Sub Culture - Sexy - BD

ALBUMS

Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie :
10/04/2017 23/06/2017 2017

Nationalité : FR Nationalité : US Nationalité : DE
Styles : ELECTRO INDUS Styles : ELECTRO Styles : MUSIQUE
CONTEMPORAINE
EBM / INDUSTRIAL BODY MUSIC
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HORSKH HIGH-FUNCTIONING FLESH IRMLER / OESTERHELT
CULTURE CUT (DAIS RECORDS) DIE GESÄNGE DES MALDOROR (KLANGBAD)
GATE (AUDIOTRAUMA)
Cela faisait bien longtemps que nous n’avions L’adaptation du livre de Lautréamont, Les Chants de
Quand le radar annonce une nouvelle sortie en pas écouté de l’Electronic Body Music. Genre très Maldoror, par Hans Joachim Irmler (Faust) et Carl
provenance de Besançon, nos oreilles sont souvent codé qui connut son heure de gloire au milieu des Friedrich Oesterhelt en compagnie de la fanfare de
plus attentives… Quand les deux protagonistes du années 80, il faut dire qu’on ne pensait pas en la ville de Scheer et d’un orchestre à cordes, est
projet sont déjà connus de nos services pour ceux réentendre en 2017. tout simplement à couper le souffle. Le parti pris
rendus à d’autres groupes (Briou chez Black Code, de mélanger diverses influences, entre expérimenta-
Bastien chez Jack And The Bearded Fishermen), on Pourtant, le duo de Los Angeles High-Functioning tions subtiles et instruments traditionnels, le tout
essaye de rester calme mais à l’écoute de ce premier Flesh composé de Susan Subtract et Gregory Vand avec des influences surréalistes et dadaïstes, nous
véritable album de Horskh (leur EP Dawn même a décidé qu’il n’y avait pas meilleure musique pour plonge dans une machine à remonter le temps pris
rallongé avec des remixes ne faisant pas un album), faire vibrer le dance-floor, et il faut bien dire qu’ils dans de turbulences chaotiques. Die Gesänge des
difficile de rester impassible. Electro dansant (dans n’ont pas vraiment tort. Maldoror résonne fortement avec notre monde en
les années 80/90, on disait EBM et on pensait à déliquescence, où futur chaque jour plus incertain,
Front 242 ou Skinny Puppy) croisant le fer avec des Rythmiques rectilignes et martiales, chant agressif violence quotidienne et dérèglement climatique,
saturations et une puissance métallique, ce Gate est évoquant autant Portion Control que Skinny Puppy forment notre quotidien. Irmler et Oesterhelt ont
un recueil de bombes industrielles comme on n’en ou Nitzer Ebb, synthés et samples créant des ambi- su traduire magistralement la noirceur du recueil de
fait plus beaucoup. Quand le duo laisse respirer ances urbaines post-apocalyptiques quelque part poésie, en livrer une version musicale qui véhicule
ses titres et que Bass scande ses textes, l’ombre entre le funk froid du Cabaret Voltaire de la période l’acharnement et toute sa noirceur onirique, œuvre
d’un Alec Empire (Atari Teenage Riot) se dessine 83-87 et le Ministry de Twitch, les influences sont contemporaine faisant le lien entre le passé, le présent
(« Engaged and confused », « Trigger ») mais dans affirmées et la production impeccable et précise. et le futur, comme un unique tenant dont l’Homme
l’ensemble, c’est la partie électro qui domine cet ne semble pas prendre conscience pour évoluer.
opus avec des samples et des boucles qui vien- En effet, ce troisième album, qui fait suite à A À l’image de l’œuvre de Lautréamont, les titres se
nent danser avec la batterie pour nous éparpiller Unity of Miseries - A Misery of Unities (DKA, 2014) succèdent et changent de direction, accumulant
sur la piste. Intermittents des spectacles depuis et Definite Structures (Dais, 2015), a bénéficié à la les émotions et les sensations, tourbillons de la vie
2009, merci donc à Audiotrauma (nÄo, Sonic Area, fois de l’acquisition de nouveaux synthés vintage noyées dans la viscéralité et l’intellectualité, trou
Chrysalide…) de les héberger et de leur donner de (Roland, Oberheim…) et de la finalisation du home noir absorbant le début et la fin des temps. Vital.
studio du groupe où ils ont pu prendre le temps
Il’élan en propageant leurs ondes. de peaufiner chaque aspect de la production et I✎ Roland Torres www.silenceandsound.me
✎ Oli www.w-fenec.org du mixage, avec de nombreux samples qui nous
renvoient à la grande époque de la New Beat ou ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 51
même aux précurseurs de Front 242 (“Invoking
Phantoms”).

Marqué par la mort de proches à l’hiver 2016, ce
disque se révèle aussi leur plus personnel, toujours
marqué par des visions très sombres (“Suffered
Collapse”, “Provoke the Wound”).

La répétitivité des boîtes à rythmes et du chant
est d’une efficacité imparable, notamment sur le
tourbillonnant “Drawn Out”. Après, l’originalité
n’est pas le but de High-Functioning Flesh mais plus
l’hommage à un son qu’ils se sont incroyablement
bien approprié. Portion Control et consorts peuvent
se reposer tranquillement, la relève est assurée.

✎ Maxime Lachaud
HORSKH ©DR
IRMLER / OESTERHELT ©Manuel Wagner

ALBUMS

Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie :
04/11/2016 16/01/2017 07/07/2017

Durée : 39:40 min Durée : 21:27 min Durée : 1H 21 min
Nationalité : US Nationalité : FR Nationalité : US
Styles : GOTH Styles : ÉTHÉRÉ Styles : ROCK
POST-HARDCORE EXPÉRIMENTAL GRUNGE

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DEATH VALLEY HIGH LYNHOOD MELVINS
CVLT [AS FVK] (MINUS HEAD RECORDS) SEPTEMBRE (ATYPEEK MUSIC / REAFFØRESTS /) A WALK WITH LOVE & DEATH (IPECAC)

Le précédent opus de Death Valley High dépoussiérait Projet solo de la grenobloise Chloé Della Valle, A Walk With Love & Death n’est pas du tout un
avec pas mal de savoir faire et d’inspiration un néo- Lynhood propose avec Septembre un quatre titres concept album à la mords-moi-le-nœud, C’est deux
métal dont il faut bien l’avouer, plus personne ne impeccable, envoûtant, mystérieux et éthéré. La projets totalement à l’opposé l’un de l’autre. Mais vrai-
voulait ou pensait entendre parler (imagine le Songs voix, pure et délicate, quelque part entre Carla Dal ment à l’opposé. Mais c’est bien connu, les opposés
for the deaf des Queens Of The Stone Age repris par Forno, Paper Dollhouse et des réminiscences du s’attirent… Death, le premier disque, sonne comme
Orgy et tu auras une idée de ce que peut rendre label 4AD (This Mortal Coil, His Name is Alive, Piano un album classique des Melvins. Enfin, classique…
le groupe !). Toujours emmené par Reyka Osburn Magic) et du projet Vicious Circle/View, surnage J’me comprends. Dès “Black Health”, on sait où on
(Tinfeld, Ghostride, Will Haven) la formule des Cali- des ambiances sonores graves et inquiétantes, est. C’est lent, une rythmique presque bancale vient
forniens n’a pas changé depuis Positive euth mais construites autour d’une basse jouée à l’archet, de accompagner la voix de Buzz tout au long du titre de
s’est quelque peu radicalisée au profit de compos drones crépusculaires et de boucles obsédantes. plus de six minutes qui pose une ambiance glauque,
plus indus qu’hybride (Doom-pop c’est comme ça un peu flippante il faut bien le dire. Plus ça va plus on
qu’ils qualifient leur musique…), la présence d’Ulrich Du contraste entre la douceur du chant et le car- s’enfonce dans une espèce de doom irrespirable (le
Wild (White Zombie, Prong, Deftones, Static-X…) à actère granuleux et obscur des expérimentations suffocant “Flaming Creature”) avec quelques remontées
la production n’y est certainement pas étrangère ! musicales naît une émotion qui transporte loin vers la surface (“What’s Wrong With You”), mais ce
(“Tree”). Le tellurique et le céleste se mêlent. La premier disque ressemble bien à une irrémédiable
D’emblée « Sunshine cleaners » vient nous pilon- lourdeur des guitares confrontée aux incantations descente vers le fond, typiquement le genre de disque
ner et annonce la couleur du skeud : rythmiques enfantines faussement innocentes peut même rap- avec lequel vous aurez peur de votre propre ombre.
martiales, riffs tranchants, loops et beats électro, peler la dimension mystique de quelques-uns des Mais ce n’est que la première moitié ! Vous pensiez
ça gueule, ça scande et ça chante… Reyka is back! derniers titres de Father Murphy (“White Emperor”), pouvoir souffler un peu, retrouver un rythme cardiaque
Des titres de cette trempe, l’album n’en manque jusqu’à toucher à une sorte de grâce médiévale normal ? Ben c’est mal barré les copains. Love est la
pas : « Groei donker (Grow dark) » l’un des meil- (“The Master”) ou folk (“Qualm”). Insufflant tout bande originale d’un court-métrage de Jesse Nieminen.
leurs morceaux, « Tiptoe thru the 2 crypts » et « Ick un tas d’images à l’esprit, Septembre est surtout Le film n’a pas encore de date de sortie, mais quand
switch » très Marilyn Manson période Antichrist la découverte d’un univers addictif, personnel, on voit le trailer* de l’album illustré avec des images
superstar, « Merci (FVKT) », « Psalm bitch » et ses utilisant avec maîtrise le clair-obscur. À signaler du film, on se dit que finalement, on n’était pas si mal
touches électros très Skinny Puppy / Oghr partici- que Chloé a également fondé son label [reafforests]. avec Death. Un peu plus de quarante-trois minutes
pent eux aussi au rendu industriel de l’ensemble, d’un grand n’importe quoi. Un mélange de dialogue
cependant « Warm bodies », « Play dead », « The ✎ Maxime Lachaud sous couvert d’ambiance on ne peut plus macabre, de
bad book » et « Flowers for Amy Deville » moins sons qui vont qui viennent, qui reviennent en pleine
typés viendront rappeller davantage le travail fait LYNHOOD ©Chloé Della Valle gueule surtout. “On n’est pas bien là ?” Ben juste-
sur Positive euth. Les membres de Sacramento ment pas vraiment non, on serait mieux n’importe
livrent un album plus dense, moins varié (pas de où qu’ici. Mais ce second disque exerce une sorte de
titres instrumentaux ni atmosphériques comme fascination, impossible de se défaire de cet univers
« A little light conversation » ou « Not if I see you une sorte de musique étrange, psychobilly avec des
first »), CVLT [AS FVK] comme Doom, in full bloom plages sonores indescriptibles, et du noise plus que
il y a 6 ans est plus cohérent musicalement mais malaisant. “Queen Powder Party” & “Street Level St
elle éclipse la versatilité du groupe que l’on avait Paul” ne vous laisseront pas indemne, mais ce n’est
découvert avec The similarities of the loveless que la partie immergée de l’iceberg! Ce n’est pas un
and the undead et qui faisait leur singularité. Les grand trip, c’est plutôt un grand flip que nous offre
compos sont de qualité et l’ensemble très efficace là Dale Crover & ses compères.
sans parler des performances vocales de Reyka à
nous mettre la banane après avoir appuyé sur Play! I✎ X_Lok www.xsilence.net

I✎ Stéphan www.w-fenec.org

52 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

ALBUMS

Date de sortie : THURSTON MOORE ©DR
17/03/2017
Date de sortie : proche, la guitare grince et se distord pendant
Durée : 1H 16 min 28/94/2017 que le batteur frappe lentement mais sûrement.
Nationalité : UK Le rythme s’accélère et le chant fait surface après
Styles : SYNTHPOP Durée : 42:56 min huit minutes de musique. Il est serein, planant et
NEW WAVE Nationalité : US se pose à merveille sur les sonorités made in Sonic
Styles : ALTERNATIVE Youth que Moore a gardé pour ses compositions.
HTTP://URLZ.FR/5IWE ROCK / INDIE ROCK Quand « Cusp » rentre dans la danse, l’intensité
continue d’augmenter. Le chanteur lui garde la
DEPECHE MODE HTTP://URLZ.FR/5IWH même posture poussant un peu du pied le rebelle
SPIRIT - (COLUMBIA RECORDS) qu’il était. Si dans sa jeunesse une perceuse faisait
THURSTON MOORE l’affaire pour hurler dans les enregistrements,
Poids lourds, survivants et joyaux des années 80 ROCK’N’ROLL CONSCIOUSNESS (ECSTATIC PEACE!) Thurston Moore propose avec ce titre un rock pro-
qui ont su raccrocher brillamment les wagons de pre sans tomber dans ce qu’il a de plus classique.
leur synthpop au train du temps. Sur presque 40 Membre fondateur de Sonic Youth, Thurston Moore « Turn on » qui vient ensuite est changeante. Elle
ans de carrière, qui peut admettre n’avoir jamais a été également le chanteur/guitariste de la forma- possède en elle des passages excellents pour celui
été animé par la voix de crooner charismatique tion New Yorkaise. Trente années d’aventure ont qui aime « triper » les yeux fermés et les oreilles
de Dave Gahan, par la guitare de Martin L. Gore et fait du groupe une des figures de proue du rock ouvertes. Sans prévenir, Steve Shelley impose un
bien sûr, les synthés de Gore et d’Andrew Fletcher ? alternatif. En 2011, avec dix-huit albums studio rythme bien au dessus et Thurston Moore suit son
Une brassée de super tubes qui ont façonné les dans la boîte, Sonic Youth annonce sa séparation. vieux compère dans l’agitation sans se retourner.
eighties comme les eighties les ont façonnés, en Thurston Moore avait parallèlement commencé une L’ancien chanteur de Sonic Youth pose ensuite
intégrant ce son de métal froid de la new wave, carrière solo mais il choisit de monter sur pattes un solo propre plus destiné à faire voyager qu’à
cette mélancolie post rock britannique nuancée par un nouveau projet : Chelsea Light Moving. En 2014, balancer la sauce d’un coup. Pour faire la rupture,
la joyeuse simplicité de la pop. Mais si Depeche il reprend pied dans sa carrière solo avec la sortie le groupe rend une musique bruitiste avant de
Mode a su convaincre presque quatre générations de The best day. On retrouve sur cet album : James terminer plus calmement. « Smoke of dreams » est
d’auditeurs, ce n’est pas que grâce à leur sens du Sedwards à la guitare, Debbie Googe (My Bloody en fait une transition parfaite avec une intention à
hit. En effet, son engagement joue un rôle majeur Valentine) à la basse et Steve Shelley (Sonic Youth) nouveau planante. « Aphrodite » veut enfin rendre
dans sa pérennité et achève de le placer, avec Spirit, à la batterie. Trois années plus tard, la même bande hommage à la déesse de l’amour, de la beauté, du
dernier album en date, au rang des formations les remet le couvert avec Rock n roll consciousness. plaisir et de la procréation. Pour autant, le morceau
plus influentes. Dès la première track, Going Back- La pochette de l’album représente un portrait de possède son lot de distorsions et de grincements
wards et ses lyrics éloquentes : « Armed with new Thurston Moore pris dans un mélange rouge, jaune de guitare. C’est un peu la signature du musicien.
technology/Going backwards/To a caveman mentality » et orange. Au menu, six titres s’alignent pour une
lancent la charge. Un assaut contre l’indifférence durée totale de près de 45 minutes. Si « Exalted » Avec The best day, Thurston Moore avait retrouvé
(Scum) et contre le retour de flamme de l’ignorance et « Turn on » plafonnent à plus de 10 minutes une formation équilibrée. Rock n roll consciousness
(The Worst Crime). Tout comme l’indique le titre, chacune, les autres morceaux ne sont pas davan- n’est pas loin d’être un album concept avec des
l’album est parcouru par cet esprit d’inquiétude et tage taillés pour la radio. L’album démarre, le son titres longs et peu fournis en textes. Associé au
de colère envers la situation politique, sociale et est posé et répétitif : le batteur et le guitariste se producteur Paul Epworth (Adele, Paul McCartney,
économique qui caractérise notre ère. En réponse répondent en toute simplicité. Une belle mélodie U2…), le musicien dépose dans les bacs un enreg-
à ce marasme, Depeche Mode livre une prestation sort ensuite de la guitare de Thurston Moore puis istrement propice au voyage plein de maturité. Le
de très bonne qualité, étonnamment lumineuse au une autre. Un voyage sonore s’impose et l’absence tout sans se compromettre car ne vieillissant pas,
vu des thèmes traités. Les rythmes varient entre de voix permet d’ajuster à sa juste valeur toute Thurston Moore fait toujours hurler les guitares…
rock revendicateur et ballades bluesy venimeuses la dimension instrumentale. Perturbation en ap-
(Poison Heart, Poorman, No more). Les mixs de fin I✎ Julien www.w-fenec.org
d’album prolongent le plaisir d’écoute.

✎ Jonathan Allirand

DEPECHE MODE ©Anton Corbijn

ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 53

ALBUMS AT THE DRIVE-IN ©DR Date de sortie :
10/03/2017
Date de sortie :
05/05/2017 Nationalité : DE
Styles : HARDCORE
Durée : 41:05 min PUNK / MATHCORE
Nationalité : US
Styles : POST-HARDCORE NOISY

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AT THE DRIVE-IN HYENAS

*/t5&3"t-*t"(RISE RECORDS) DEADWEIGHTS (PELAGIC RECORDS)

Reprenant la plume plus de seize ans après un Complètement inconnus au bataillon avant de parvenir
Relationship of Command devenu quintessentiel jusqu’à la rédaction (et pour cause ils n’avaient
dans le post-hardcore, c’est au tour d’At the Drive- alors qu’une seule petite démo autoproduite – parue
In de faire tête à la démesure des attentes nées en 2014 – au compteur…), les Allemands de Hyenas
de leur dernier album. Malgré les années séparant n’en constituent pas moins l’une des (très) grosses
*OtUFSBtMJtB de son prédecesseur, c’est avec une sensations de ce printemps 2017 en matière de hard
vivacité étonnante qu’Omar et sa bande reprennent corrosif et démonte la gueule. On pense alors à un
leurs fonctions sur ce quatrième album. D’entrée crossover Converge vs Refused infusé au bon vieux
de jeu le groupe s’embrase, visiblement ranimé Dillinger Escape Plan des familles, en passant par
par la même énergie d’antan sur ‘No Wolf like un peu de Norma Jean assaisonné d’une grosse
the Present’ et ‘Continuum’. Ca groove, ca flambe louche d’Every Time I Die, de Poison The Well et
et ca ne laisse aucun doute possible; c’est bien autres The Chariot.
At de Drive-In à qui nous avons affaire. C’est un
album explosif et accrocheur dans la suite logique En clair, on a du lourd dans le background des
et directe de Relationship of Command que délivre musiciens dont les titres expulsent leurs riffs à
le groupe, fidèle quoi qu’un brin retenu dans ses la volée pendant que l’aboyeur en chef assure le
prises de risques pour des musiciens de la trempe show niveau charisme hardcore. Avec toujours en
d’Omar Rodríguez et Cedric Bixler. arrière-plan pourtant omniprésent, ce côté mil-
Ceci dit, on néanmoins éprouve un certain plaisir limétré et cette précision math-metal orientée noise
à écouter ce nouvel opus, notamment ses titres aux accents furieusement punk (« Crossbearer »,
phares comme ‘Call Broken Arrow’ ou l’excellent « Self-Adjusting ») qui fait la griffe de bûcheron
single ‘Incurably Innocent’. Puissante et maîtrisée, du groupe. On valide forcément d’autant que les
la voix versatile et flamboyante de Cedric trahit morceaux s’enchaînent à un rythme plutôt effréné,
toute trace du temps passé, ce dernier criant et et que – de l’efficace « Homeostasis » à un « Smooth
s’élevant dans les hauts registres avec grande talkers » qui accélère soudainement la cadence,
aisance sur les refrains et mélodies accrocheurs en passant par un titre plus rock’n’roll au milieu
dont regorge l’album. On note cependant quelques (« Verminious ») – Hyenas fait à peu près ce qu’il
leads approximatifs venant d’Omar, rendus d’autant veut et ne déçoit jamais.
plus apparents par la production. En effet, *OtUFS
BtMJtBsouffre regrettablement d’un mixage inégal, Tout en insufflant suffisamment de diversité stylis-
parsemé de maladresses qui portent préjudice à la tique à ce ‘Deadweights’ et en incorporant quelques
qualité d’écoute de certaines compositions comme changements de rythmes particulièrement bienvenus
‘Hostage Stamps’, single au riff entêtant souffrant (le ténébreux mais plus apaisé « Displaced », la
d’une voix surcompressée et surmixée. Ceci dit, furie de « Live // Live »), les Hyenas livrent ici un
une deuxième ou une troisième écoute de l’album album à la maturité détonante, toujours habité par
permet de passer par-delà ces quelques problèmes une passion des plus fougueuses et une envie d’en
de forme et apprécier le fond à sa juste valeur. A découdre qui ne se dément jamais.
défaut d’être triomphal, ce retour d’At the Drive-In
relance la carrière du groupe sur de bonnes bases Promettant ainsi une sérieuse dérouillée live, le
malgré ses défauts de production frustrants et ses groupe allemand s’offre un dernier tour de piste
légers égarements. avec le onzième et ultime titre de son opus avec
« Nothing », noir et intense, histoire de parachever
✎ Robin Ono comme il se doit cette première œuvre d’un groupe
qui a déjà tout compris. Classe (foudroyante).
54 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017
I✎ Aurelio www.scoreav.com

ALBUMS

Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie :
31/10/2016 2017 01/06/2017

Durée : 42:50 min Nationalité : BE Nationalité : IT
Nationalité : FR Styles : EXPÉRIMENTAL Styles : COLD WAVE
ÉLECTRONIQUE/MINIMAL SHOEGAZE / DARK POP
Styles : AVANTGARDE
ROCK JAZZ HTTP://URLZ.FR/5JLV HTTP://URLZ.FR/5JOD

HTTP://URLZ.FR/5JOL PSEUDO CODE SCHONWALD
A SOUNDTRACK FROM THE UNDERGROUND NIGHT IDYLL (MANIC DEPRESSION)
ALFIE RYNER - WHAT’S WRONG?
(EE TAPES) Un peu de rêverie et de douceur bien planante à
(ATYPEEK MUSIC / LES PRODUCTIONS DU VENDREDI) présent mais toujours avec les pieds bien postés
Formation culte s’il en est, Pseudo Code bénéficie sur le dance-floor en compagnie du duo italien
Qu’est-ce qui ne va pas ? Tout va bien ou du moins, depuis quelques années d’un travail de réédition Schonwald qui publie son quatrième album chez
tout semble aller dans le meilleur des mondes pour assez monumental de tout ce que le trio belge a les Français de Manic Depression. Dans la lignée
Alfie Ryner. Ce quatrième album suivant de près Brain produit pendant sa courte existence (1979-1982). de The Soft Moon ou The KVB, Alessandra Gismondi
Surgery sorti une année numérique avant, démontre Après Slaughter in a Tiny Place (Sub Rosa, 2010), (voix, basse) et Luca Bandini (guitare, synthétiseurs,
une détermination sans faille. On avance quelles que With Helpful Hands (Plinkity Plonk, 2012), The Radio’s boîte à rythmes) font le pont entre la cold wave des
soient les difficultés rencontrées et ça n’a pas vrai- On (EE Tapes, 2014) ou la réédition d’Europa (Sub années 80 et le shoegaze des années 90, explorant
ment l’air de perturber son équilibre. Avec Alfie Ryner, Rosa, 2013) et de Remains to be heard vol. 1 & 2 la veine la plus éthérée des deux genres, notam-
on est à la croisée des chemins entre rock et jazz. (EE Tapes, 2015), c’est à présent les différents titres ment avec le chant féminin réverbéré. On pense
L’alchimie entre acoustique et électrique est quasiment sortis sur des compilations qui bénéficient d’un bien sûr aux Cocteau Twins de par cette dimension
parfaite, les proportions harmonieuses dans tous les travail de remastering et qui sont rassemblés sur aérienne et atmosphérique soutenue par la pulsa-
choix opérés, et c’est probablement la raison pour ce double vinyle avec CD. On y retrouve tout ce qui tion des boîtes à rythmes. Parfois un côté goth très
laquelle ça coule de source. L’auditeur se laisse trans- fait le charme du groupe: des ambiances lancinantes réussi vient apporter plus de mélancolie (“Sleepy
porter dans un scénario où rien n’est couru d’avance et hypnotiques, la voix à la fois touchante et bien Destiny”, sûrement le meilleur titre du disque, ou
et où tout peut arriver au dernier moment. Alfie Ryner typée post-punk de Xavier S., les boîtes à rythmes “Oceans” et son chant de sirènes qui rappelle tant
noircit le trait encore plus sur ce nouvel album, les cheap et répétitives, les synthés et l’électronique Mephisto Walz) à ce monde brumeux et céleste.
ambiances peuvent être réellement intenses et anxi- en mode free, et toute une instrumentation traitée Toujours mélodiques, les dix pièces sonores ac-
ogènes comme sur le splendide « 3 Gin Tonics Please » avec tout un tas d’effets. Contemporains de Cabaret crochent, du minimalisme dansant d’ “A Secret”
et sa déclamation en japonais. Petit clin d’œil à Tool Voltaire, Tuxedomoon ou Throbbing Gristle, Pseudo au tube instantané (“Love Collides”) ou presque
dans le morceau éponyme, à Nine Inch Nails dans Code peut parfois évoquer ces autres formations orienté club (“Iridium”). Après Amplified Nature
« Some Black » avec cette particularité ultra-intéres- mais sans la noirceur, et avec un esprit plus dé- (2008), Dream for the Fall (2014) et Between Parallel
sante d’être toujours fondu dans ce jazz de cinéma noir lirant et névrotique. Chaque pièce musicale est une Lights (2015), le projet a trouvé un format efficace,
et torturé. La voix de Paco Serrano Pozo se fait plus progression narrative qui tire sa force de schémas simple et qui fonctionne, des pop songs soutenues
discrète mais toujours aussi efficace et pertinente, minimalistes où chaque nouveau son apporte son par des lignes de basse imparables, une voix qui
comme dans « I am a Mountain » où Alfie Ryner lot d’images et où la voix mène l’émotion. Certains flotte, des synthés et guitares qui se chargent du
se veut encore et encore dans l’exubérance et morceaux peuvent même atteindre une densité climat général porté sur l’onirisme et les beats qui,
l’impertinence sonores. Alors oui, tout va bien pour bruitiste qui ne déplaira pas aux amateurs de free eux, avancent toujours, imperturbables. Une recette
Alfie Ryner, même si… Mais ce What’s Wrong? est noise ou de musique industrielle de la première qui marche, souvent hypnotique mais qui peut aussi
encore une fois une réussite assez incontestable, heure (“Help!!”). D’autres plantent des atmosphères parfois tomber dans la monotonie, en raison de la
qui va peut-être plus directement au but. Trombone, recueillies et synthétiques, comme le fascinant ressemblance trop forte entre certains morceaux.
saxophone et machines se marient habilement avec “Le Gange” qui tout au long de ses vingt minutes
cette guitare électrique assoiffée de distorsion. Et au établit un décorum digne des incantations de Nico. ✎ Maxime Lachaud
final, on en redemande. Le terme de soundtrack se justifie encore avec un
titre comme “Tiny Delirium”, trip expressionniste ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 55
I✎ Aleksandr Lézy www.chromatique.net mené par un chant incontrôlable et ivre. Bien hal-
lucinées, les pièces rassemblées créent un univers
de psychédélisme malade revisité par l’électronique
lo-fi du début des années 80. Une imagerie fantas-
tique et cauchemardesque en ressort (“Forget all
those Monsters”, “Sphynx”) comme une véritable
musique psychologique. Puissante et addictive.

✎ Maxime Lachaud
ALFIE RYNER ©DR
SCHONWALD ©DR

VINyl - CD - DIGItAl
www.lesDIsquesDuhANGAR221.woRDPRess.Com soRtIe le 15 sePtemBRe 2017 www.AtyPeeKmusIC.Com

ALBUMS

Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie :
31/03/2017 27/04/2017 04/04/2017

Durée : 1H 18 min Durée : 19:22 min Durée : 43 min
Nationalité : US Nationalité : UK Nationalité : no
Styles : HIP HOP/GRIME Styles : POP/TRIP-HOP
Styles : EXPERIMENTAL
METAL / POST-ROCK HTTP://URLZ.FR/5IWP NEW WAVE

HTTP://URLZ.FR/5JOV LADY LESHURR HTTP://URLZ.FR/5IZJ
MODE - EP (RCA RECORDS)
ISIS - LIVE VII 02.25.10 (IPECAC REC.) ULVER
S’anoblir n’est pas s’assagir, ce qui va comme un THE ASSASSINATION OF JULIUS CAESAR
Ne vous réjouissez pas trop vite, il ne s’agit pas là gant (de velours déchiré!) à Lady Leshurr. Elle porte,
d’une reformation du groupe Isis, mais d’un live pour tout habit de parade, un larynx à résonances (HOUSE OF MYTHOLOGY)
sorti cette année sur le label de Mike Patton, Ipecac dédoublées. Les mots rappés semblent y séjourner
Recordings, enregistré lors de leur tournée d’adieu comme ils en fusent : pliés dans l’organe, déliés Fuyant encore et toujours le joug de la catégorisa-
en 2010. Isis n’est plus, mais comme chacun sait sur la langue et éjectés en trombe. Sa propension à tion, le troupeau de loups norvégien ne cessera a
les déesses ne meurent jamais. Souvent comparés laisser sa verve s’emparer de l’espace musical fait priori jamais de nous surprendre. Après le black
à leurs aînés Neurosis et Godflesh, Isis a su bâtir sa de son EP, Mode, un six titres blindés à craquer de metal, le trip-hop, le rock psychédélique et le
propre identité, et jouit aujourd’hui d’une réputation lyrics débordantes. En cohérence avec le travail de post-rock (pour ne citer que quelques exemples),
sans faille dans un milieu où les nouveaux arrivants loops vocales, Lady Leshurr donne l’impression de Ulver s’attaque cette fois-ci à la pop typée eighties
peinent à se frayer une place notable. Ce n’est donc se tenir un dialogue et laisse la parole rebondir sur avec un album rythmé par les batteries samplées
pas sans une certaine nostalgie qu’on parle de ce tous les murs invisibles que les beats construisent: et lignes de synthé de la trempe de New Order,
groupe qui a fait le choix d’arrêter d’en découdre. « open up my mind it will open like an umbrella ». Talk Talk et Depeche Mode. Vous l’aurez deviné,
Qu’on se le dise un split n’est jamais plaisant, mais Elles s’en emparent avec le même sens esthétique ce treizième album montre un groupe appliqué à
parfois nécessaire, un choix qui aura peut-être permis qu’aurait un grapheur sur son support urbain. Les déjouer les amalgames réducteurs à l’égard de la
d’éviter l’album de trop. Ce live n’en est pas moins murs comme les pulsations restent inflexibles mais pop, portant le genre à son paroxysme artistique
exaltant, d’une part par sa qualité d’enregistrement elle en modifie l’apparente stabilité en y injectant tout en rendant hommage à ses plus nobles
et de mixage, de l’autre pour la tracklist qui propose son flow jusqu’à implosion de toute matière solide. représentants. À l’instar d’un certain Kubrick, le
un condensé du meilleur de leur discographie, et pour Juice est un exemple édifiant de son inaltérable bagou groupe s’approprie, détourne les codes du genre
finir de l’incroyable performance d’Aaron Turner et couronnant l’un des beats les plus mémorables de avec des compositions qui mélangent modernité
de ses comparses. L’album Wavering Radiant est mis l’EP. Les titres comme F my Ex ou Trust Nobody la et sensibilité Romantique, y ajoutant une dimen-
à l’honneur en toute logique puisqu’il s’agit de leur rapproche moins de la dance de Dizzee Rascal que de sion mythique. ‘Rolling Stone’ et ‘So Falls the
dernier effort enregistré en studio. 5 de ses 7 titres l’eskibeat de Wiley, sous-catégorie du grime proche World’ montrent la dextérité du groupe à manier
y sont joués. Du haut de ses 10 Minutes, « Threshold du hip hop. Il y a quelque chose de fondamental et mêler des syntaxes musicales expérimentales
of Transformation » nous propulse dans l’univers dans sa manière de poser son flow, héritage d’une avec les codes de la dance music. Parmi les sec-
complexe de la musique d’Isis, le fracas alterne avec référence emblématique telle que Missy Elliott. Un tions les plus surprenantes de l’album on notera
des phases bien plus mélodieuses et apaisantes. Les hip hop de haute volée qui n’abandonne pas tout les breaks instrumentaux portés par les rythmes
hurlements/aboiements d’Aaron sous des montagnes à l’électronique et ménage de véritables moments dansants ou encore ‘Transverberation’, titre le plus
de guitares compressent vos méninges, le génie du de recherche musical comme sur Y R U Lying dans ‘pop’ de l’album. La voix de Kristoffer Rygg, mise
groupe s’y déploie à 100 %, le temps s’arrête sur laquelle s’opère une mémorable rencontre entre en avant sur l’album, se montre un peu réservée
un final majestueux qui repose enfin nos neurones le ragga et une mélodie tendant vers le classique. par instances mais nous offre également certains
médusés. Aaron chante bien, très bien même, on des moments forts de l’album (notamment sur
regrette même qu’il ne ménage pas ses cordes vo- ✎ Jonathan Allirand ’’Angelus Novus”). Avec son mélange de sonorités
cales plus souvent. La pièce maîtresse de ce Live VII, transcendant les époques, le groupe parvient à
est sans conteste, une version à rallonge de « Celestial », LADY LESHURR ©DR nous plonger dans son univers nocturne et à tis-
l’occasion pour le groupe de sortir de sa zone de ser une ambiance mélancolique qui n’est pas sans
confort et d’offrir au public un rappel hors norme de rappeler l’air Néo-Noir Jazzy de Perdition City. The
pas moins d’un quart d’heure. Je propose de laisser Assassination of Julius Caesar est un album concis
le soin à Mike Patton de conclure : « Isis (the band) à considérer de préférence dans sa globalité, cer-
are back with LIVE VII. A great reminder of one of my tains titres comme ‘Southern Gothic’ ne trouvant
favorite all time bands on top of their game. This leur sens que dans un contexte plus large. De par
is a REAL live record. They were one of those bands la maîtrise de leurs compositions dans un énième
that really delivered live and expanded what they ac- style, Ulver prouve de nouveau et de plus belle
complished in the studio. » Je n’aurais pas dit mieux. qu’aucun genre n’échappe à leur génie en nous
livrant pas moins d’un chef-d’œuvre.
I✎ JR www.exitmusik.fr
✎ Robin Ono

ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 57

ALBUMS

Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie :
01/01/2017 31/10/2016 15/08/2017

Durée : 31 min Nationalité : UK Durée : 56:35 min
Nationalité : GR Styles : DOOM Nationalité : FR
Style : MATHCORE EXPERIMENTAL ROCK
NOISE / PSYCHEDELIC Styles : AVANT-GARDE
HTTP://URLZ.FR/5IZL DANCE ELECTRONIC
HTTP://URLZ.FR/5KKX
BLAME KANDINSKY HTTP://URLZ.FR/5KKY
SPOTTING ELEGANCE IN CHAOS (CANNONBALL REC.) TERMINAL CHEESECAKE
CHEESE BRAIN FONDUE: LIVE IN MARSEILLE ALLISTER SINCLAIR
De sa nature déstructurée et dissonante, le Mathcore
compte parmi les styles nécessitant la plus stricte (ARTIFICIAL HEAD RECORDS / ATYPEEK MUSIC) MICROSOFT ERROR PICTURE SHOW
intransigeance. Par delà la dextérité exigée de ses (LINGE RECORDS / ATYPEEK MUSIC)
musiciens, la qualité de l’écriture, la production ainsi Groupe de vétérans londoniens formé en 1988
que leur capacité à maintenir la cohérence d’une et réactivé en 2013, Terminal Cheesecake qui a Allister Sinclair, c’est le mec qui m’a montré son logiciel
prose de semblance chaotique tranchent sans conces- fait paraître sur Artificial Head Records (Vinyl) et Pure Data, il paraît qu’il faisait beaucoup de musique
sion sur la qualité d’un album dans le genre. Pour Atypeek Music (Digital), un premier album depuis et d’install’ avec. Moi j’avais trouvé ça fou et gratuit,
l’essentiel, ce premier album du quintet Athénien se 1994 et c’est un album en spectacle, « Cheese Brain et puis j’ai abandonné. Lui, il a geeké des années
démarque assez bien de ses homologues avec une Fondue: Live In Marseille », qui mêle vieux succès entières dessus et il a construit sa propre interface
exécution solide épaulée par une production solide, comme « Johnny Town-Mouse », « Bladdersack », à son image ! Ce qui est génial et qu’il est difficile
sèche mais concise. Des leads sinueux et tranchants « Blow Hound » et des nouvelles compositions qui de trouver dans d’autres logiciels, c’est l’accès à des
au jeu rythmique qui contrebalance impulsions font partie de leur nouveau palmarès. Si vous avez modulateurs de hasard, des LFO aléatoires assignés à
saccadées Dillinger-esques et grooves bourrins et trippé sur le vieux stock de Butthole Surfers, vous tout plein de paramètres, et puis au final, ça devient
hystériques à la Every Time I Die, le groupe ouvre devriez être bien servi. un élément central de sa musique, la gestion du chaos
le bal sur un cocktail de titres survitaminés aux pour créer une symphonie électronique, débile profonde,
saveurs familières avant d’introduire des touches ✎ www.ondeschocs.com fun, classe et ultra efficace, avec un côté ambivalent
de variation. Blame Kandinsky laisse transparaître entre le fat et le nasal. Certains connaissent beaucoup
quelques accents sludge sur les titres et sections Date de sortie : son œuvre Midiocre, première grosse consécration de
aux tempos et rythmiques plus modérées, notam- 21/04/2017 son travail, une borne de Karaoké aux partitions MIDI
ment ‘Brenda’ et ‘Goya’s Polaroid’. Malgré ses riffs qui piochent automatiquement, à chaque morceau,
solides et une bonne exécution, Spotting Elegance Nationalité : FR et au hasard, dans une banque de samples géante.
in Chaos souffre d’un certain manque de cohésion Styles : PUNK ROCK La borne est reliée à un cubi de vin, dédié au public,
par moments. Certains riffs et cadences se jouxtent pour qu’il sirote son vin en écoutant les frasques de
de manière un peu décousue, notamment lorsque GARAGE la machine sur son morceau préféré, et plus le niveau
les titres reprennent après des instances d’accalmie de vin descend dans le cubi, plus les paramètres de
comme sur ‘Motivation’ et ‘Hope’. On regrettera HTTP://URLZ.FR/5JHH hasard et d’erreur de la machine (rythme, hauteur
ces quelques soucis de raccords auquel s’ajoute le de note) se voient déréglés. Avec l’échéance d’une
chant féminin qui vient perturber un album sinon LAME première date de concert en vue en mai 2016 pour le
impeccable dans ses performances. Ceci étant dit, CITIES (BEAST RECORDS / CASBAH RECORDS) festival synthétique et délicat, Allister compose 5 ou 6
le quintet Grec s’en sort plus qu’honorablement morceaux puissants, euphoriques et malins, qui nous
pour la majeure partie de l’album. Bien qu’étant Je ne sais pas si je suis le plus à même de chroniquer retournent tous. Allister avait vraiment réussi le pari,
encore un peu trop transparent sur ses influences, ce nouveau mini LP de Lame, Cities (coprod. avec c’est-à-dire de créer des morceaux expérimentaux, mais
Spotting Elegance in Chaos ne demeure pas moins Casbah)… Pour tout vous dire, j’y ai mis plus qu’un organisés et régulés par un beat binaire en 4/4, tout
un album jouissif et bien rythmé qui convainc à doigt et en plus ce sont de bons potes… Peut-être en gardant des sons hyper intéressants et surprenants
coup de crochets droits bien placés. En attendant que ceci explique cela, d’ailleurs, bref… Ce cinq titres (pas seulement des synthés et de la techno), avec une
un aboutissement de leur son sur leurs prochaines fait suite à leur album de 2016 chez Alien Snatch et richesse de texture et une variété de sons et de timbres
sorties, ce nouvel opus de Blame Kandinsky témoigne un split avec Big Mountain County sur Annibale… continuelle. Même si les morceaux étaient inachevés
un potentiel fort qui interpèlera les amateurs du et pas encore très aboutis, c’était peut-être les meil-
genre dès la première écoute. Les trois Turinois, dont Stefano des Movie Star leures versions: on avait l’impression d’assister à leur
Junkies, enfoncent leur clou rouillé avec un savant création, leurs démos, leur essence. Voilà, après une
✎ Robin Ono mix de garage blues minimal et de folk punk vel- moins d’une année passée à les triturer, les réarranger,
vetienne. Quatre compos de choix sur ce mini LP après de nombreuses prises de tests sur les bugs et
avec les déchirades de fuzz de Massimo Scocca, le optimisation de l’interface, des exports sur l’éditeur
beat ravageur de Maria et une fantastique cover du audio Audacity copié / collés, l’album est là.
non moins génial « Hologram » des Urinals. Bisou.
✎ Lühje
✎ www.digitfanzine.chez.com

58 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

ALBUMS AMANDA PALMER ©AFP shoot - kyoto - by Kambriel Date de sortie :
05/05/2017
Date de sortie :
14/04/2017 Nationalité : US
Styles : ELECTRONIQUE
Durée : 55:21 min
Nationalité : UK EXPÉRIMENTAL
Styles : ELECTRONIC,
EXPÉRIMENTAL HTTP://URLZ.FR/5JU0

HTTP://URLZ.FR/5JR5 AMANDA PALMER & E. KA SPEL
I CAN SPIN A RAINBOW (8FT RECORDS)
ACTRESS - AZD (NINJA TUNE)
La relation d’amour entre Amanda Palmer et Edward
Darren J. Cunningham alias Actress s’est forgé une Ka-Spel ne date pas d’hier. À quinze ans, le petit ami
réputation d’artiste complexe à l’univers difficile d’Amanda lui fait découvrir The Maria Dimension et
d’accès, de par ses propositions biscornues et in- d’emblée c’est le coup de foudre. Elle enregistre la
transigeantes. Avec son nouvel album AZD, il semble dizaine d’albums que son ami possède sur cassettes
être presque rentré dans le rang, quittant l’espace et les Legendary Pink Dots deviennent son groupe
qu’il s’était confectionné pour plonger sa musique fétiche au lycée. À 19 ans, alors qu’ils se produisent
dans un dancefloor avant-gardiste aux boucles moins à Boston, elle convainc sa mère de leur offrir le gîte.
abstraites et aux mélodies surgies d’un futur déjà bien Plus tard, elle les accompagnera en Allemagne pour
présent chez nombre d’autres artistes aujourd’hui. tenir le stand de merchandising. En 2006, alors que
Plus mélodique que tout ce qu’il a proposé jusqu’à les Dresden Dolls étaient très connus en Allemagne,
présent, AZD continue de jouer sur les contrastes, elle prendra les Legendary Pink Dots pour faire la
parsemé de brouillages sonores et de loops prenant première partie. C’est là que germe l’idée de faire
le temps de se décliner en comptines entêtantes. un disque ensemble avec le leader, Edward Ka Spel.
Actress n’est pas sans évoquer un sculpteur de Mais le projet mettra dix ans à se concrétiser. Cette
matière sonore, confectionnant et assemblant chaque attente en valait la peine. Les voix et intonations se
bribe pour offrir une sculpture musicale auréolée mêlent, s’interpénètrent et se révèlent incroyable-
de science-fiction et de rétro-futurisme, de culture ment proches, conférant une dimension d’étrangeté
urbaine et de plongée circulaire dans un demain déjà absolue à cet album, de loin ce qu’Amanda Palmer a
bien présent. Un album en forme de renouveau. Très fait de plus sombre à ce jour. Se partageant textes et
fortement conseillé. musiques, les musiciens/paroliers ont privilégié des
ambiances de comptine inquiétantes, définitivement
GHOSTPOET gothiques, appuyées par le violon inimitable de Patrick
DARK DAYS + CANAPÉS (PIAS) Q Paganini, les notes délicates de piano et les synthés
typés soundtracks horrifiques. C’est la grande époque
Plus que jamais Obaro Ejimiwe aka Ghostpoet délivre des Legendary Pink Dots qui est convoquée ici, celle
avec Dark Days + Canapés, un album emprunt de du milieu des années 80 qui avait donné naissance
lumière rasante et d’histoires humaines au bord du aux brillants Asylum (1985) et Any Day Now (1987).
gouffre, de volonté évaporée et de fêlures, d’obscurité Marqué par les nombreux tourments personnels, le
et de d’espoir. Depuis ses débuts, celui qui a été disque dégage à la fois quelque chose de poignant,
nommé deux fois au Mercury Prize, continue son presque funeste, mais aussi deux âmes en osmose
activité de chanteur à la prose poétique, délaissant absolue. Proche d’une fête triste ou de l’évocation d’un
la complexité électronique de ses débuts pour son- carnaval abandonné, il se dégage une spectralité et
ner de manière nettement plus accessible que par une irréalité de l’ensemble, avec un travail incroyable
le passé, mélangeant pop arty et trip hop, qui n’est sur les textures sonores. Poétique des premières notes
pas sans rappeler certaines œuvres de Tricky ou de jusqu’aux deux titres finaux instrumentaux totalement
Massive Attack, avec qui il a collaboré par le passé. hantés, I can spin a Rainbow est un voyage fait
Ghostpoet capte l’essence de notre monde en ébul- d’émotions (le bouleversant “The Shock of Kontakt”)
lition pour en offrir un album pris entre les remous et d’angoisses, un condensé d’histoires proche du
et les perturbations, ses instants de beauté et de recueil de nouvelles, un croisement entre néoclassique,
confusion, appuyé par des compositions fluides à cabaret et avant-garde enveloppant, homogène et
l’instrumentation subtile et ouvragée sur lesquelles réussi où chacun donne le meilleur de soi.
navigue sa voix grave aux mots directs et engagés.
Superbe. ✎ Maxime Lachaud

I✎ Roland Torres www.silenceandsound.me ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 59

VINyl - DIGItAl

ALBUMS

Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie :
14/07/2017 01/09/2017 26/05/2017

Durée : 52:17 min Nationalité : UK Durée : 24 min
Nationalité : US Styles : POST-ROCK Nationalité : EN
Styles : ELECTRO INSTRUMENTAL INDIE Styles : POST-PUNK
EXPERIMENTAL ROCK GOTHIQUE
HTTP://URLZ.FR/5JOS
HTTP://URLZ.FR/5JTW HTTP://URLZ.FR/5IZP
MOGWAI
ALAN VEGA - IT (FADER RECORDS) EVERY COUNTRY’S SUN (ROCK ACTION RECORDS) KASPAR HAUSER

Alan Vega fait partie des artistes cultes qui auront Quelques écoutes (nécessaires) du disque dans son KASPAR HAUSER (BOX RECORDS)
profondément marqué la musique, que ce soit intégralité auront raison des derniers doutes. Oui Réédité en piqure de rappel avant la sortie de leur
aux cotés de Martin Rev, son acolyte au sein de Every Country’s Sun replace Mogwai là où il se situe premier album, le premier EP de ce trio glaswégien
la turbulente formation Suicide, ou à travers ses le mieux : tout en haut de la pyramide post-rock. nous offre une introduction des plus honorables
albums solos, bousculant et repoussant les limites aux sonorités fantomatiques du groupe. C’est
des genres, faisant imploser le rock sous les assauts Mais ce disque ne s’apprivoise pas en un claquement un son déconcertant que nous présente Kaspar
de synthés indus, posant les bases du punk et de de doigts, il s’explore et se livre petit à petit, faisant Hauser, fermement enraciné par sa production
la techno, inventant un langage qui lui est propre d’abord son timide, planqué derrière des nuages lo-fi caverneuse, claustrophobe et ses résonances
et source d’inspiration pour les générations futures. récalcitrants avant de percer et nous illuminer de stridentes de guitares noyées de chorus. Animé
Quasiment un an après sa mort, son album post- chacun de ses rayons. L’attaque est trompeuse, tout par une esthétique post-punk, le chant torturé et
hume IT voit le jour, dernier effort sur lequel il aura paraît simple. « Coolverine » sonne comme du pur voix graves contribuent à l’ambiance glaçante. De
travaillé sans relâche pendant 6 ans, se nourrissant Mogwai intemporel, aucune révolution en vue mais son ambiance lugubre et ses titres féraux mais
de ses sorties nocturnes, enregistrant les bruits de une composition inspirée, maîtrisée et un voyage engageants, Kaspar Hauser s’avère séduisant et
la nuit et écrivant sur l’état de décomposition du garanti où les synthés le disputent aux guitares et prometteur en qualité mais nous laisse sur notre
monde.Alan Vega revient à ses premières amours, cohabitent à merveille. Que demande le peuple ? faim sur la quantité en attendant la suite. À suivre.
faites de bruit et de fureur, de mots scandés et de
be bop déjanté, de guitares distordues en boucles Puis vient l’incongruité de ce disque, « Party In The ✎ Robin Ono
et de matières piochées et retravaillées, offrant à Dark ». Dans un registre pop (!) presque dansant
l’ensemble une vision assez dark de notre quotidien, (ouh le vilain mot), Mogwai s’éclate sur une rythm- Date de sortie :
sur lequel l’Homme ne semble plus avoir d’influence ique post punk et Stuart Braithwaite se la donne au 30/05/2017
ou d’emprise, emporté par des dérives politiques, chant. L’exercice déroute mais ne déplaît pas. Après
économiques et écologiques vouées à nous entrainer cela, les Écossais repartent dans des contrées plus Durée : 18:53 min
dans leur chute. IT est un constat cinglant sur la familières en nous offrant quelques superbes plages Nationalité : FR
société qu’Alan Vega aura traversé, gardant tout atmosphériques avec des mélodies qui touchent au
du long un regard critique, cherchant à percevoir la cœur, à dominance synthétique et/ou électronique Styles : MATH-ROCK
lumière qui pourrait donner de l’espoir et qu’il n’a (« Crossing The Road », « Aka 47 » tout en retenue POST-HARDCORE
finalement jamais trouvé, nourrissant sa créativité downtempo, « 20 Size », « Don’t Believe The Fife »
et tenant en éveil sa plume acérée. Un album où qui semble échappé d’Atomic). HTTP://URLZ.FR/5IX8
expérimentations et rock indus se percutent, laissant
à travers ses sillons, les dernières pistes d’un Géant On pense alors que le groupe va tranquillement nous LYSISTRATA
qui continuera encore longtemps à nous hanter. indiquer le chemin de la sortie en nous berçant reli-
gieusement et c’est là qu’il nous expédie à coups de PALE BLUE SKIN (RICARD S.A LIVE MUSIC)
I✎ Roland Torres www.silenceandsound.me pied au cul, renouant en fin d’album avec les grosses Après un premier album modeste, le jeune power-trio
guitares saturées à mort et les déflagrations noisy de math rock Saintais refait ses présentations avec
ALAN VEGA ©JORDI VIDALL/REDFERNS d’antan (« Battered At A Scramble », « Old Poisons » un nouvel EP au son requinqué par la production.
et le morceau-titre en forme de conclusion épique Concis et efficace, Pale Blue Skin offre un condensé
magistrale). On n’avait rien vu venir et on l’a senti de compositions sophistiquées et pulsant de dyna-
passer ! Dense et varié, ce disque ne fera peut-être misme. Sous un ton léger, Pale Blue Skin surprend
pas tomber de la chaise les amateurs de longue date et séduit à coups de grooves syncopés et de riffs
du groupe écossais, préférant chérir leurs vieux clas- électrisants ponctués de hululements mignons sur des
siques, mais il les rassurera sur un point : le talent titres accrocheurs comme ‘Pantalon Pantacourt’ ou
est toujours là et cette belle éclaircie laisse augurer encore ‘Pierre Feuille Ciseaux’. Outre un chant parfois
un avenir radieux. Les héros ne meurent jamais. approximatif, c’est un groupe au talent indubitable
et à l’avenir prometteur que nous révèle cet EP ; un
I✎ JL www.exitmusik.fr groupe à surveiller de près.

✎ Robin Ono

ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 61

sur ‘BooMiVErsE’, Big Boi BIG BOI BOOMIVERSE (EPIC)
sE confronTE à sEs liMiTEs
Date de sortie :
16/06/2017

Durée : 00:45:28
Nationalité :
US
Styles : RAP

Selon les statistiques officielles, Après deux piges chez Def Jam, Big Boi a pris la TradiTions sans Trahison
BOOMIVERSE est le troisième album ferme décision de retourner chez sa première
solo de Big Boi. Techniquement par- major, Sony. Via la filiale Epic plus précisément, BOOMIVERSE tient son nom du studio de notre
lant, on devrait aussi considérer un et ce pour une excellente raison: suivre Antonio légende urbaine, la fameuse Boom Boom Room
disque du cinquième projet d’Outkast, L.A. Reid, l’homme qui a découvert, signé et dans laquelle il a conçu Speakerboxxx. Et qui
Speakerboxxx, en tant que tel. Mais permis aux Outkast de percer brillamment avec d’autre de mieux que le narrateur emblématique
trêve d’affaires de comptabilité. La leur classique Southernplayalisticadillacmuzik de la Dungeon Family, j’ai nommé Big Rube,
moitié la plus active du duo mythique en 1994 chez LaFace Records - et de connaître pour introniser cet album sur l’outro de sa
parvient-elle toujours à faire vivre la leur fantastique carrière pendant plus d’une “Da Next Day” : “We spit universes / Birthing
magie concrétisée sur son excellent incontournable décennie. worlds with words, from darkness came the
premier opus Sir Lucious Left Foot ? Big Boomiverse.”
Après un EP collaboratif Big Grams avec Que de chemin fait ensemble ! Reste à voir
Phantogram peu convainquant, on comment cela va perdurer vu que L.A. Reid a Sans transition, le sample japonais de “Kill
étudie à la loupe le pouvoir d’attraction récemment démissionné de son poste de CEO Jill” retient notre attention jusqu’à ce que
de ce nouvel objet circulaire créé par à cause d’une sombre histoire d’agression le vieil ami Killer Mike découpe tout sur son
la moitié des Outkast. sexuelle… passage et que Big Boi finisse le travail, reste
le refrain pour Jeezy.
62 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 Pendant que cette sale nouvelle faisait boum,
Daddy Fat Sax sortait son nouvel album. Celui qui a le vent en poupe avec les Run The
Jewels a un impact significatif sur BOOMIVERSE

L’ALBUM DE SURL Top 5 MDUORMCOEMAUEXNT

BIG BOI © DR en posant également sur le lancinant “Made pour le dancefloor, la basse infectieuse de By SURL, Bigger than hip-hop
Man”, ainsi que sur le douzième morceau “Chocolate” risque de faire un malheur avec
“Follow Deez”, avec cette bonne idée d’inviter son haut potentiel chorégraphique. Puis à COMMENT LIRE UN QR CODE ?
Kurupt tchatcher quelques mots sur “Made côté, des chansons qui n’apportent pas de Pour lire un QR Code, il suffit de télécharger une applica-
Man” et le pilote automatique Curren$y pour réelle plus-value, telles que l’hybride pop tion de lecture de QR Codes. D’ouvrir l’application et viser
le hook du titre final produit par le revenant “All Night” et sa ritournelle de piano bonne le QR Code avec l’appareil photo de son téléphone mobile
Mannie Fresh qui manie la trap à sa sauce. pour les fêtes d’anniversaires en famille. Et et l’application lance l’écoute de la playlist.
“Freakanomics” qui a vite fait d’agacer tandis
Cet opus contient son lot de tracks indis- que Sleepy Brown ne fait rien pour arranger les LIL WAYNE X JEEZY
pensables où l’expérience parle, en passant choses. Nos gars d’Atlanta nous ont habitué
évidemment par “In The South”, avec les rimes à bien mieux ! Reste une œuvre sympathique FIREWORKS
bleues-violettes de Gucci Mane et un Pimp C qui compte quelques beaux moments forts,
ressuscité sur le refrain de cet hymne bluesy au milieu d’autres bien plus anecdotiques. Voici donc l’EP In Tune We Trust, doté de
(co-produit par Cory Mo) qui fait la part belle Fallait-il en espérer davantage ? quatre morceaux qui devraient satisfaire les
au dialecte sudiste. Autre morceau d’intérêt fans n’ayant pas quitté le navire. On retiendra
général, “Order Of Operations” (avec du Scott Finalement, c’est du Big Boi tout craché, toujours en particulier ce “Fireworks” produit par Mike
Storch, amateurs réjouissez-vous) qui révèle les original qu’il est, virtuose du Flow (avec un “f” Will, sur lequel il recycle quelques lyrics de
clefs du succès du General Patton. L’alchimie majuscule), plaçant rimes et syllabes de ses “We Be Steady Mobbin”, le temps d’un feu
avec les Organized Noise est au rendez-vous lyrics perchés à des cadences surprenantes. d’artifice amorcé par Jeezy.
(“Overthunk”, la tuerie “Kill Jill”) mais il leur En parlant d’originalité, “Overthunk” évoque
manque cette étincelle de magie de la grande toutes ces milliers de pensées qui travail- TYGA X
époque. La machine funk spatiale, indissociable lent nos esprits et font crépiter les neurones TY DOLLA $IGN
de la musique du binôme Outkast, semble un comme des étoiles au point de s’isoler avec sa
peu grippée, pire, elle sonne creux sur “Get conscience. La vérité apparaît alors : vraiment MOVE TO L.A.
Wit It” avec son passage négligeable de Snoop BOOMIVERSE ne manque pas d’idées… quand
Dogg. Les conditions ne sont pas tout à fait d’autres tombent à plat. Pour la première fois, Les deux californiens nous servent ici une
remplies pour recréer cette atmosphère parfois et c’est quasi-gênant de le dire, Big Boi semble ballade romantique parfaitement calibrée
mystique propre à la Dungeon Family. Musicale- manquer d’un partenaire particulier - qui a dit pour l’été. Les jaloux vérifieront que leur
ment, on nage en univers connu, BOOMIVERSE Andre -, ce qui peut justifier la présence par conjointe ensorcelée ne soit pas en train de
se rapprochant de Sir Lucious Left Foot : Son trois fois de son vieil ami Killer Mike. D’ailleurs booker un aller simple pour L.A..
of Chico Dusty. En moins innovant, ou inspiré. on parle d’un projet commun entre les deux
bonshommes depuis un bon moment. Plus de HAMZA
unE galaxiE dix ans après le dernier album des Outkast -
à l’Expansion liMiTéE le film Idlewild et sa soundtrack qui n’a pas GODZILLA
convaincu tout le monde - Big Boi semble avoir
Pas si “big” mais avec des bangers universels, atteint les limites de sa galaxie. Produit par Ponko, qui est à l’origine de
incluant le single “Mic Jack” (co-produit par DJ ses plus gros bangers, le morceau est
Khalil et DJ Dahi) avec un Adam Levine facilement I I✎ Sagitarius www.surlmag.fr http://urlz.fr/5ATx hamzaesque à souhait: mi-trap, mi-dancehall,
supportable - une prouesse. Plus dangereux flow planant, de quoi ravir les auditeurs de
la première heure.

ROY WOOD$

SAY LESS (FREESTYLE)

Roy Wood$ prépare son deuxième album
prévu pour cette année et qui s’intitulera
« Say Less ». En attendant sa sortie, le
chanteur sur Beats 1 a dévoilé le freestyle
du même nom pendant l’épisode 47 d’OVO
Sound Radio diffusé samedi dernier.

HD BEEN DOPE

MIRROR

Le rookie qui n’en est plus vraiment un,
HDBeenDope, nous offre une pépite estivale
qui mériterait que tu prennes tes vacances
plus tôt que prévu, façon député Insoumis
du groove. Suave à souhait, on s’imagine
déjà écouter ce track allongé sur un transat
aux Seychelles.

http://www.surlmag.fr

ALBUMS LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI ©Potemkine

Date de sortie :
09/2017

Nationalité : JP
Styles : SOUNDTRACK

HTTP://URLZ.FR/5HXH

GEINOH YAMASHIROGUMI Date de sortie : hors du temps, qui colle parfaitement à cet éventail
06/06/2017 fascinant de couleurs, de décors peints, de rues qui
AKIRA: SYMPHONIC SUITE (MILAN MUSIC) zigzaguent et de structures obliques qui semblent
Durée : 77 min toutes prêtes à s’effondrer. Une des intentions de
Exemple d’une bande originale qui reste tout aussi culte Nationalité : UK l’expressionnisme était de rejeter le naturalisme
que le film qu’elle accompagne, Akira: Symphonic Suite Styles : SOUNDTRACK pour trouver des formes nouvelles plus en accord
a marqué toute une génération de par son mélange avec la subjectivité de l’esprit. Ici, les sons de la
de musiques orientales traditionnelles, de chants HTTP://URLZ.FR/5JMR fête foraine flottent comme en apesanteur. Tout
choraux étranges, de synthétiseurs atmosphériques devient instable, comme si nous assistions au
et de techniques studio high-tech. Aussi importantes ROBERT WIENE /IN THE NURSERY film dans un état de demi-sommeil. Effet d’autant
à ce classique du cinéma d’animation que pouvaient LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI (POTEMKINE) plus fascinant quant à l’histoire d’un somnambule
l’être les partitions de Popol Vuh pour Werner Herzog, manipulé par un hypnotiseur pour commettre des
ces pièces sonores apportaient une dimension très VERSION RESTAURÉE DU FILM EN BLU-RAY/DVD meurtres. Tout comme Cesare (joué par Conrad
singulière à l’œuvre futuriste et violente du réali- INCLUS ÉGALEMENT LE DOCUMENTAIRE INÉDIT DE CALIGARI À Veidt) qui nous regarde en gros plan pour nous
sateur Katsuhiro Otomo. Fait assez rare pour être HITLER (2015), CALIGARI OU L’INVENTION DU FILM D’HORREUR impliquer dans le film, nous devenons lui, victimes
remarqué, cette musique fut d’ailleurs créée avant manipulées, totalement immergées dans un réel
que le film ne soit terminé. Geinoh Yamashirogumi (2013), PRÉSENTATION DE PACÔME THIELLEMENT ET UNE distordu. Moderne dans ses différents niveaux de
est un collectif d’artistes actif depuis les années 1970, BANDE-SON DE HOCHSCHULE narration et de perception, fascinant dans son
regroupant des centaines de personnes du Japon. symbolisme et ses perspectives étranges, ce film
Sous la direction du compositeur Yamashiro Shoji, Œuvre-matrice, référence absolue de l’expressionnisme d’angoisse psychologique avait capté avec une
Akira: Symphonic Suite témoigne de l’ambition de allemand et considérée comme un des premiers justesse incroyable les tourments d’une Allemagne
cette entité sans réel équivalent, précurseur de la grands films d’épouvante, Le Cabinet du Dr Cali- tout juste sortie de la première guerre et prête à
world music à l’aide des nouvelles technologies. Très gari (1920) a profondément marqué un siècle de se laisser envoûter par une figure tyrannique. Le
réputé au Japon, Geinoh Yamashirogumi s’est fait cinéma, et avec cette version restaurée en 4K par fantastique devient prémonitoire au sein d’un film
connaître en Europe par cette BO qui bénéficie dès la fondation Murnau, le film se redécouvre dans tout simplement révolutionnaire. Musique, décors
ce 15 septembre d’une ressortie. Avec ses hymnes toute sa splendeur. Jamais film muet ne s’est donné et objets se trouvent alors investis d’une dimen-
d’apocalypse grandioses jusqu’à un final époustou- à voir avec une telle beauté. On parlerait presque sion mentale. Le monde se déstructure, sort de ses
flant et funèbre qui se compose de deux plages qui de renaissance. Ajoutez à cela la musique créée gonds, et les envolées mélancoliques et glacées
équivalent à elles deux à presque une demi-heure spécialement pour le film par In the Nursery en 1996, d’ITN maintiennent la tension jusqu’à faire exploser
(“Illusion”/”Requiem”), cette suite symphonique et vous obtenez un des plus troublants moments l’émotion par la juxtaposition de l’image et du son.
impressionne par sa richesse : chants bouddhistes, d’hallucination et de film-trip que l’on puisse rêver. L’artifice des maquillages et décors nous offre sa
bourrasques de percussions et gamelans, instru- En mêlant électronique spectrale, romantisme syn- force d’évocation, et on plonge dans cet univers
ments tibétains, guitares électriques, synthétiseurs thétique néoclassique et expérimentations sombres total dont on ne sort pas véritablement indemne.
glaçants, véritable orgue d’église, chorales, et surtout et oniriques, les jumeaux Humberstone avaient Une édition magistrale réalisée par les orfèvres de
de purs moments de musique traditionnelle mêlés totalement compris les enjeux de ce film-cauchemar, Potemkine (cf. Atypeek Mag #2) qui souligne la
à cet ensemble de sonorités en fusion. Le rendu histoire de fou racontée par un aliéné, largement force, l’inventivité et le caractère inspirant de ce
s’apparenterait aux architectures du film, à la fois inspirée par la littérature gothique du XIXe siècle et Cabinet du Dr Caligari, souvent imité jamais égalé.
grandiloquent, hautement dramatique. Shoji sublime par les avant-gardes de son époque. Avec son vieux
ainsi un film sombre et chaotique en jouant sur les vinyle qui craque et sa fantasmagorie enivrante, ✎ Maxime Lachaud
silences (“Winds over Neo-Tokyo”) et les explosions la BO d’In the Nursery crée un monde parallèle et
de rythmes (“Battle Against the Clown”), éveillant
l’imagination de l’auditeur en lui proposant un univers
sonore insolite qui fascine toujours autant trente ans
après. On retiendra également l’envoûtant “Tetsuo”
ou les chants rituels mystiques de “Shohmyoh”, un
grand moment de transe.

✎ Maxime Lachaud

64 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017



ALBUMS

Date de sortie : Date de sortie : AL’TARBA © Oliv Photographer
17/03/2017 07/10/2016

Durée : 52:18 min Durée : 32:45 min
Nationalité : FR Nationalité : FR

Styles : ELECTRONIQUE Styles : ALTERNATIVE
SYNTHPOP / AMBIENT & INDIE

HTTP://URLZ.FR/5JNF HTTP://URLZ.FR/5JNG

JOAKIM CLARA CLARA
SAMURAI (TIGER SUSHI) BUGARACH (CLAPPING MUSIC)

Joakim livre son œuvre la plus personnelle à ce jour mais « Attends, tu ne connaissais pas Clara Clara ? » /
aussi la plus libre et la plus passionnante. S’inspirant « Non, vite fait, de nom » / « Mais c’est le groupe
à la fois des thèmes de l’exil, de la métamorphose, de
la ville de New York et de la métaphore du samouraï, de François Virot! » / « À tes souhaits ». Voici grosso
ce nouveau disque est à la fois un tout et une quête. modo les propos tenus par une amie lorsqu’elle m’a
Un tout, car le compositeur y a mis tout son savoir-
faire, son amour des synthés old school et monopho- demandé mon album du moment l’hiver dernier.
niques, les influences qui l’ont marqué. Une quête,
car derrière les aspects autobiographiques. Samurai Pourtant, notre pote Rémiii, poète libertaire à ces
s’apparenterait à un idéal que l’on cherche à attein-
dre, une résistance qui évoque la position de l’artiste heures perdues mais surtout sur le W-Fenec à
dans le monde contemporain, un cheminement où le l’époque, avait déjà écrit d’une manière dont il a
processus aurait plus de sens que l’aboutissement en
lui-même. Le mélancolique “Hope/Patience”, suggère le secret sur ce groupe passionnant.
d’ailleurs les vertus de l’attente, ce que l’on cherche
à atteindre sans jamais vraiment y parvenir comme Leur dernier album Bugarach m’a rempli de joie à
une donnée métaphysique propre à l’humain. Cette
dimension passe donc par une réinvention. Très ou- son écoute car j’aime les groupes qui se défient
vertes dans leurs formes, les treize chansons brillent
de par leur éclectisme : electro-funk typé eighties eux-mêmes. Des formations capables de créer une
(“Numb”), évocation de l’univers de Haruomi Hosono
et du Yellow Magic Orchestra (“Samurai”), spirales pop a priori des plus simplistes en façade mais qui,
d’arpèges synthétiques envoûtants et lumineux (“In
the Beginning”), déambulations nocturnes et citadines prise dans son ensemble avec toutes les subtilités
teintées de kitsch (“Late Night New City”), hommage
un brin hystérique aux films Bis italiens (“Cannibale afférentes aux structures, aux arrangements et aux
Pastorale”), appropriation des codes new age (“Green
Echo Mecha”), minimalisme et émotions à nu (“Time détails, forme un tout intelligemment bien foutu et
is Wrong”), symphonie inquiétante pour gongs et
gamelans (“Jocho”), réminiscences kraftwerkiennes addictif. Le chant français de Charles est un bon
(“Not Because You’re Sad”)… On flotte ainsi d’une
ambiance à l’autre, avec la présence soutenue du exemple d’un album qui se dévoile peu à peu :
saxophone sur une bonne moitié des titres. Au bout
du compte, tout ce qui intéresse l’artiste est rassemblé potentiellement repoussant au début puis exquis
ici comme dans un patchwork teinté d’onirisme. En
juxtaposant percussions tribales, pianos romantiques une fois que l’enveloppe musicale prend forme à
ou musiques d’ascenseur parmi des centaines d’autres
sons, Joakim accouche d’un album incroyablement la mesure des écoutes. Autant à l’aise dans les
vivant, au son superbement spatialisé, peut-être pas
parfait mais en quête pour le devenir, notamment au chevauchées mélodiques (guitare et clavier) que
travers d’une réécriture de soi. Un pari courageux qui
a la vertu de se bonifier à chaque écoute. dans la mesure et le chant (aussi en anglais), Clara

✎ Maxime Lachaud Clara est comme sa pochette : plein de couleurs,

66 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 vif, et nous cache bien des choses, comme ce Félix

le chat tout rouge. I✎ Ted www.w-fenec.org

CLARA CLARA ©DR

ALBUMS

Date de sortie : AL’TARBA ©DR Date de sortie :
03/03/2017 31/08/2017
Le problème de ce type de city c’est qu’il vaut
Durée : 47:25 min mieux se protéger et on va vite comprendre Durée : 06:41 min
Nationalité : FR pourquoi. Mais en attendant on va se chercher Nationalité : FR
Styles : RAP un grigri porte-bonheur tel que Ripped eyes où la
transe purificatrice d’un abstract hip-hop fait danser Styles : HARDCORE
HTTP://URLZ.FR/53NZ les âmes à travers le « son d’un œil déchiré » les FUSION
samples rendent le truc purement spirituel.
AL’TARBA HTTP://URLZ.FR/5JU9
Ah ! No more fighting, c’est un hymne aux droogz
LA NUIT SE LÈVE (I.O.T. RECORDS / ATYPEEK MUSIC) du turfu d’la street, un tube qui pourrait rivaliser COSMIC WURST
avec la trap d’aujourd’hui bien que son originalité
« LEFT(L)OVER CITY 23 NOVEMBRE, 21H37… THE et son obscurité ne peuvent la rendre comparable et CARLOS RODRIGUEZ IS BACK / DIRTY RIVER /
STORY BEGINS » est inscrit sur la 1re page intérieur sont au-delà de tout. Tout en restant dans la trap (si NO REFUSE ( ATYPEEK MUSIC)
du livret de la nuit se lève. Ainsi s’entame l’album l’on veut) mais avec un son parfaitement fabriqué Avec Cosmic Wurst, GI Love et autres Witches Valley,
concept d’Al’Tarba. pour une scène de film (comme le démontre le clip) on touche le cœur de la scène hardcore parisienne.
Infected streets bouffe ton cerveau dès le premier Celle de l’underground où se marie vitesse, intran-
Rappelez-moi qui aujourd’hui à l’audace de se beat ! Les « living dead » réveillent l’angoisse et sigeance, humour et bidouillages électroniques en
donner du mal dans le but d’aboutir à un concept la violence urbaine. Si on peut parler de concept ce qui concerne Cosmic Wurst.
album bourré de référence comme sin city, Taxi album ce n’est pas pour rien ! Les interludes en Leur unique album regorge de guitares wah-wah,
Driver, Gotham ou encore Orange Mécanique ? sont certainement la cause. Écrites par Virus du de rythmique expérimentale, de tempo dance et
Gouffre, on suit comme convenu le droog nihiliste de punk rigolo. A n’en pas douter, le groupe phare
À part Al’Tarba ? Personne… Et cet enfoiré de droog et misanthrope de la cover dans lesquelles on ne de cette scène éphémère. Sortie à l’origine chez
nous plonge direct dans ce genre de métropole en sait pourquoi il vadrouille. Ce qui est sur c’est Autodafé et réédité digital en 2017 par Atypeek.
perdition. Quand tu pénètres dans cette ville c’est qu’on voit vite le personnage par ses altercations
que tu cherches quelque chose, soit ce que tu as avec : « un taco », un épicier, une pute et un videur. ✎ www.rockmadeinfrance.com
toujours souhaité, soit un rien, un néant parce que
toi-même tu ne sais pas ce que tu es ni ce que tu Les scènes elles-mêmes dessinées en format BD Date de sortie :
cherches ou ce que tu fous dans ce bourbier de par le fameux Shalik complète le livret et te plonge 30/11/2013
timbré qu’on appelle monde. Alors tu viens voir encore plus dans ce décor fictif de déglingué d’la
cette merde de plus près et en extirpes quelques street nuptiale. Mais dans l’album se côtoie autant de Durée : 17:05 min
restants de réponses à se mettre sous la dent. titres ravageurs, obscures et conceptuels que fidèles Nationalité : FR
au bon trip hop/hip-hop sonnant à la Wax Tailor.
Cela me parait être la bio imaginable de notre Styles : HARDCORE
antagoniste (que l’on aura l’honneur de suivre tout Starship loopers avec son fidèle compère au scratch METAL NOISE
le long de l’écoute) présent sur la jaquette muni dit Dj Nixon en est un parfait exemple et est de
d’un cuir avec patch Orange Mécanique et d’une plus très efficace. Dans le même lot on retrouve HTTP://URLZ.FR/5JUC
batte ficelé de barbelés. L’Univers s’impose et en Bonni Li sur She’s endorphine. Quitte à parler duo
dit long avec ses immeubles à la new yorkaise on peut en citer d’autres tel que : Guillotine ft Vic TIME TO BURN
noyés dans la pénombre où la lune commence et On the prowl ft Steavie Raytan. Mais sans con-
son service de parrain de la nuit. Celle-ci, bad ass texte nous oublierons d’émettre le nom de Virus B SIDES ( ATYPEEK MUSIC)
et cartoonesque, rappelant celle du film culte Le qui signe de sa griffe (de la nuit) sur une instru Originaire de Clermont-Ferrand, Eddy et Julien mi-
Voyage Dans La Lune de Georges Méliès, s’agrippe melanco-fantomas d’Al’Tarba, le morceau éponyme grent à Paris en 2000 pour une classique histoire
vicieusement aux buildings. de l’album. La nuit se lève c’est une pierre deux de boulot. Une occupation bassement mercantile
coups : le bon rap français y est représenté et des qui ne leur fait pas oublier leurs premières amours
Cette pochette est une merveille cauchemardesque lyrics qui ferment très bien les portes de Left(l)over : la musique. Naturellement, ils remontent un
qui nous envoie direct dans cette imaginaire et très city laissant éveiller son état d’âme dans la nuit. groupe avec deux locaux de l’étape : Christophe
réaliste que nous ont concoctée Al’Tarba, Shalik et (Basse) et Sébastien (Guit). Time to Burn est né.
Virus. Ça confirme les dires lors de l’écoute: Welcome ✎ Locust Le nouveau siècle aussi. Résultat : trois albums :
to fear city c’est le morceau qui défile dans l’auto Burn The Lie Down, Starting Point, Is.Land. Un
radio d’ta caisse au moment où t’es aux abords vrai hardcore violent et ténébreux destinés aux
d’cette putain d’métropole. « You’re a sick » une amateurs de Cult of Luna, Overmars ou Neurosis.
pure intro instaurant avec rapidité le paysage doté à noter que l’ensemble de leur discographie et un
de basse de samples macabres baladés par un beat EP B Sides inédit a été réédité digitalement sur
à base hip-hop, bien qu’il soit indescriptible il ne les plateformes numériques en 2015 par Atypeek
reste pas moins entraînant, dans le dessein de Music. Une reformation est envisagée.
marcher sur le rythme des habitants de la crasse !
✎ www.rockmadeinfrance.com

ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 67



ALBUMS divers et toujours la voix d’Eugene qui râle, qui crie, Date de sortie :
murmure, caresse, balance ses coups et feule. Une 14/07/2017
Date de sortie : orchestration dense, riche et raffinée (Joe Chicarrelli
19/05/2017 à la production fait une nouvelle fois des merveilles) Nationalité : FR
habille désormais leur blues personnel, toujours des Styles : COLD WAVE
Nationalité : US plus singuliers. Oxbow suit de loin la voie de The
Styles : NOISE ROCK Narcotic Story, celle d’un rock sombre et élégant qui POST-PUNK
EXPERIMENTAL JAZZ n’en demeure pas moins infiniment fracturé.
HTTP://URLZ.FR/5JLT
HTTP://URLZ.FR/5JOM Chaleureux et accueillant tout autant que baroque,
Cold & Well Lit Place plante immédiatement le décor THE BONAPARTE’S
OXBOW et s’il rappelle évidemment l’album précédent, on voit SHINY BATTLES (ROTORELIEF)
THIN BLACK DUKE (HYDRA HEAD INDUSTRIES) bien vite que cette fois-ci encore, ça sera différent.
Oxbow ose le rutilant, le très produit et pourtant, Retour en plein milieu des années 80 quand les
Déjà presque trente ans qu’Oxbow traîne ses guêtres ça ne sonne jamais vulgaire. C’est au contraire très grandes heures de la cold wave n’étaient pas encore
dans le milieu de la musique underground. Nous pur et très beau. Ecce Homo fait de même, ça feule, mortes, bien que le succès commercial commence à
sommes quelques-uns à nous souvenir de la sortie c’est disloqué mais les cordes apportent leurs strates faire virer les grandes figures vers un son plus pop.
des explosifs Fuckfest ou King Of The Jews et de leurs à l’écorché et on reste complètement captivé. Les Dans ce contexte, une formation avec un nom fort
accents typés America’s HxC. Sublimés par la sauvagerie plaintes mi-susurrées mi-crachées qui habitent la voix singulier sort un premier mini album qui fit vite date :
d’Eugene S. Robinson, ces deux premiers opus lais- se transmettent au cortex et on vibre avec elles. Juste The Bonaparte’s avec Shiny Battles. Reprenant une
saient pourtant présager de choses plus complexes, après, A Gentleman’s Gentleman, derrière son ossature peinture du XIXe siècle pour sa couverture comme
sortant des limites dans lesquelles nous les avions binaire et trop carrée, se révèle lui aussi complètement le faisaient la plupart des groupes gothiques de
paresseusement trop tôt enfermés. On sentait bien alors déviant. Vers la fin le piano s’échappe et en casse toute l’époque (Christian Death, Fra Lippo Lippi…), le groupe
que la férocité allait muter, qu’il en sortirait quelque l’orthogonalité. Trois titres à peine qui laissent pantois développe une étrange fascination pour l’empereur
chose d’indéfinissable parce que leurs morceaux et subjuguent fatalement. Le reste est à l’avenant. français, mais à ne pas prendre au premier degré: le
bileux cachaient des trucs surprenants, fuyants et Letter Of Note, Host et surtout The Hupper, diamant disque se termine par une reprise du délirant “They’re
déviants qui appelaient forcément l’exploration future brut parfaitement dosé aux arrangements exubérants, coming to take me away, ha-haaa!” de Napoleon
des chemins de traverse bien plus que des grands au texte magnifique et au parterre complètement sec. XIV, de son vrai nom Jerry Samuels. Et c’est là aussi
boulevards. On ne se trompait pas puisqu’au fur et à Idem avec Other People, son « It’s so cold in here la force de ce trio qui eut une existence très brève
mesure des sorties, la rébellion punk et primale des It’s so cold in here it seems hot in here » résumant (un second album verra le jour en 1986, …To the Isle
débuts a laissé la place à une énergie plus cérébrale parfaitement la teneur du morceau et par extension, of Dogs puis le groupe se dissoudra en 1987), un
mais toujours aussi fiévreuse, faisant doucement entrer celle du disque tout entier. Thin Black Duke souffle le sens de l’humour teinté de psychédélisme, qui ne
Oxbow dans la légende. Doucement, parce qu’avec chaud et le froid, parfois à la même seconde et fait les cantonne pas à un son très codé. Bien sûr, dès
sept galettes en trente ans, on peut dire qu’Oxbow transparaître dans sa musique un nombre infini de le premier titre, le classique “The Battle of Iena”, on
prend son temps. Mais qu’importe, de notre côté, nuances. Simple et complexe, très court mais très long ne peut s’empêcher de penser à The Cure, Siouxsie
on ne s’en est jamais lassé. Après le phénoménal eu égard aux échos qui peuplent la boîte crânienne & the Banshees. Il faut préciser l’excellente maîtrise
The Narcotic Story de 2007, place aujourd’hui donc à bien longtemps après son achèvement, on sent bien des instruments, certains membres ayant fait leurs
Thin Black Duke, un album absolument pas concept que celui-là aussi va durer. armes chez 23 Skidoo ou Baroque Bordello. Avec
sur pas du tout David Bowie (enfin, si, concept sur ses dissonances de sax, ses percus guerrières et
le « Thin Black Duke » en question tout du moins). Ce n’est pas The Finished Line qui démentira tout guitares menaçantes, “Waterloo’s Front” instaure une
Un disque suintant la douleur et à la bestialité domp- ce par quoi le disque nous a fait passer. Même mé- tension plus palpable, avec un chant plus hargneux
tée. Un disque aux relents de sécrétions corporelles lange mystico-joyeux-triste très habité qui électrise ou désabusé. “Shiny Light” revient, quant à lui, à
et d’hémoglobine. Un disque Janus où le moindre l’épiderme, il termine Thin Black Duke de la plus belle une cold/gothique mélancolique, presque éthérée,
adoucissement mène au combat, où les coups dans la des manières avec ses cuivres tour à tour majestueux moment d’accalmie avant la bourrasque “Women
gueule se transforment en gros câlins. Un disque aussi et à l’agonie. Oxbow n’a jamais paru aussi domestiqué in Light”, peut-être le meilleur morceau des Bona-
dont les sonorités suspectes participent à l’édification de mais dans le même temps, la puissance perdure là parte’s, son groove déstructuré et des incantations
grands morceaux. Un putain de chef-d’œuvre. L’écoute où on ne l’attend pas. . Même quand il se met en de sax qui offrent une dynamique incroyable de ce
de Thin Black Duke est une expérience quelque part tête d’étoffer son squelette, le groupe le fait avec funk psychiatrique digne des meilleurs A Certain
entre la partie d’échecs contre Kasparov et le combat l’énergie du désespoir. Jusque-là, Oxbow sentait la Ratio/23 Skidoo/Hula. Fourmillant d’idées et trouvant
de free-fight. Difficile de ne pas faire d’association rue, le cloaque et plantait ses crocs dans la jugulaire équilibre entre mélodies et ambiances, Shiny Battles
entre son contenu et la personnalité d’Eugene S. urbaine, désormais, il opte pour un intérieur cosy est agrémenté de six versions alternatives et sera
Robinson. Comme le bonhomme, la musique est à la avec fauteuil en velours et beau parquet. Qu’importe, suivi de la réédition du second album, là encore
fois nettement intellectuelle et complètement brutale… là aussi, il reste cet animal aux aguets prêt à vous avec des suppléments, mais aussi des titres d’un
Un mélange dangereux. Alors, c’est vrai qu’il file vite sauter à la gueule. Derrière l’apparent apaisement, troisième opus enregistré avant le split du groupe.
mais voilà, les morceaux sont ahurissants. Basse fret- les lames de fond électriques et sombres perdurent, Un bon moyen de se replonger dans l’univers de ces
less en avant, riffs biscornus à tous les étages, piano, la dangerosité aussi. Grand. figures injustement oubliées du post-punk hexagonal.
sifflements, cordes vibrantes et pizzicatos, cuivres
I✎ Leoluce www.indierockmag.com ✎ Maxime Lachaud

ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 69

ALBUMS

Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie :
1978/2017 31/03/2017 31/03/2017

Nationalité : UK Durée : X32 min Durée : 18:03 min
Styles : PUNK Nationalité : US Nationalité : FR
Styles : INDUSTRIEL
HTTP://URLZ.FR/5JHM NOISE / EXPERIMENTAL Styles : POST-ROCK
EXPÉRIMENTAL
SLIME HTTP://URLZ.FR/5IXK
CONTROVERSIAL / LOONY (DAMAGED GOODS) HTTP://URLZ.FR/5IWA
PHARMAKON
Damaged Goods poursuit sa série de rééditions punks CONTACT (SACRED BONES RECORDS) PÙ
avec l’unique 45t de Slime, gang formé par Slimey TUNGUSKA : LAST TRANSMISSION (ATYPEEK MUSIC)
Toad, un Johnny Moped en goguette, et trois potes Après l’excellent Bestial Burden de 2014, Margaret
prénommés Jock, paru à l’origine en 78. Du punk Chardiet revient ici avec un nouvel album présentant De la brèche ouverte d’un monde brisé jaillit un
british millésimé, aguicheur et tendu sur « Contro- l’envers du thème de son prédécesseur. Passant dernier signal de vie. Intervention radiophonique
versial », gentiment déjanté pour « Loony », sur un du thème de la périssabilité du corps humain à entrecoupée de violoncelle et d’arpèges traînants
vinyle vert translucide. (http://damagedgoods.co.uk) sa transcendance, Contact voit l’artiste explorer donnant toute la mesure du vide. Du vide et du
et accentuer la dimension tribale de ses composi- froid soulignés par les martèlements percussifs
✎ www.digitfanzine.chez.com tions férales et oppressantes. C’est une musique secs et irréguliers. Ils enveloppent la fin d’une ère
cauchemardesque que nous délivre une fois de civilisationnelle dans une gangue inconfortable,
Date de sortie : plus Pharmakon ; malsaine mais terriblement hérissée de pics. Le scénario catastrophe en quatre
15/07/2016 engageante, dense de son atmosphère torturée tableaux instrumentaux dépeints par Pù, dans son
mêlant l’animalité la plus crue de l’être humain Tunguska-Last-Transmission, commence par la mise
Nationalité : US avec la froideur des arrangements électroniques. en scène tragique d’un deuil du monde. La linéarité
Styles : PSYCHEDELIC Singulière et maîtrisée, on qualifierait presque de des basses de la chanson éponyme et le ton solen-
cyberpunk cet hybride esthétique qui règne sur le nel et grandiloquent de Radio Prologue font peser
HTTP://URLZ.FR/5JI1 chaos ambiant des circuits électroniques et des la menace dans toute sa lourdeur. Disturbances
sonorités métalliques. La jeune artiste se languit renforce la tension en la drapant de mystères. Ceux
WILLIAM S. BURROUGHS et hurle à se déchirer la voix dans certaines de encore irrésolus de l’évènement de la Toungouska,
LET ME HANG YOU (KHANNIBALISM) ses performances les plus terrifiantes et féroces en 1908, durant lequel la Sibérie centrale a été souf-
de sa carrière. L’intensité des cris et l’atmosphère flée sur 20 kilomètres par ce qu’on a supposé être
Hein quoi ?! Burroughs l’écrivain beat sous influence, suffocante des titres produit une réaction physique l’impact d’un objet cosmique. Plus généralement, les
le roi du cut-up, prince de mandragore… Figurez-vous chez l’auditeur. L’artiste se lâche totalement à incertitudes autour de l’évènement choisi comme
qu’il y a plus de vingt ans il était question de faire chaque instant, la physicalité de la performance fil directeur de l’opus font état de la complexité et
un disque avec sa voix récitant quelques passages nous renvoyant au thème central transparaissant de la fragilité de la vérité. Pù en fait résonner les
du Festin Nu et de la musique derrière. Ce sont les son œuvre, à savoir le corps humain. Sous ses zones d’ombres dans les réverbérations étranges
producteurs Hal Willner et James Grauerholz qui couleurs sombres et sanguinaires, Contact est un des instruments, échos d’une frappe insistante sur
s’occupèrent des sessions et recrutèrent entre au- album marqué par sa thématique de transcendance du métal froid. Mais voilà que soudain, les nappes
tres Bill Frisell et Wayne Horvitz de Naked City et le de l’esprit par-delà le corps auquel il est fatalement de synthé réinventent le goût oublié de la douceur
violoniste Eyvind Kang (Mr Bungle, Blonde Redhead…). rattaché. Les éléments percussifs sur ‘Transmission’ et, avec lui, celui de la nostalgie qui éblouit l’ultime
Mais tout cela tourna court et l’enregistrement dut maintiennent une cadence répétitive et entraînante, oreille errante à l’écoute de Eastern Western. À
être stoppé. En 2015 Hal Willner ressort les bandes comme une musique tribale destinée à mettre travers cette mélodie épilogue, la vacillation des
et demande à King Khan (???) de lui filer un coup de l’auditeur et l’artiste dans une transe. Ceci étant sens face à l’opacité des énigmes apparaît alors
main. Ce dernier convoque un aéropage de dégéné- dit, l’aspect remarquable de l’artiste se remarque comme un rapport au monde empreint d’une
rés dont les Australiens tic, M Lamar et complète par son sens du rythme en l’absence de percus- beauté ineffaçable.
les pistes déjà enregistrées. Il en résulte cet objet sions, établi par l’usage rythmique de nappes de
insolite, Let Me Hang You, transpercé par la voix si bruit et de boucles de samples ambiants. Contact ✎ Jonathan Allirand
caractéristique de Burroughs… est la manifestation de nos instincts primaux pous-
sés jusqu’à leurs incarnations les plus bestiales, PÙ ©DR
✎ www.digitfanzine.chez.com présentée sous la forme d’une œuvre puissante.
Vouée d’une maîtrise et d’une symbiose entre corps
70 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 et machines, Pharmakon incarne entièrement et
brillamment le propos de son œuvre avec Contact.

✎ Robin Ono

ALBUMS

Date de sortie : P38PUNK ©DR Date de sortie :
05/05/2017 16/02/2017
Date de sortie :
Durée : 56:37 min 2017 Durée : 57:51 min
Nationalité : AR Nationalité : FR
Styles : EXPERIMENTAL Nationalité : IT
Styles : PUNK Styles : NOISE ROCK
ROCK LATIN POST-PUNK / SHOEGAZE
HTTP://URLZ.FR/5JSX
HTTP://URLZ.FR/5JOO HTTP://URLZ.FR/5JOX
P38PUNK
JUANA MOLINA - HALO (CRAMMED) LA MORTE DELLE NAZIONI OWUN - 2.5 (ATYPEEK / REAFFØRESTS)

Dès les premières mesures de Paraguaya, l’Argentine Découverte pour votre serviteur et dénicheur de Si Owun demeure encore aujourd’hui trop méconnu,
donne le ton. Entre des percussions sommaires pépites musicales, car P38punk n’a jamais vraiment ce même dans nos contrées, son histoire ne date
que l’on imagine presque conçues maison et qui dépassé ses frontières préférant la persévérance de pas vraiment d’hier. Et pour cause, fondé en 1992 du
rappellent forcément Orka, quelques synthétiseurs leur combat dans l’underground et leur musique côté de Grenoble, alors remarqué sur la scène indie
mélanco-cinématographiques à la Hku et cet éternel de rue qu’un contrat avec un substitut de Malcom avec son mélange de noise teintée de hardcore et de
chant voilé mais malicieux qui domine une instru- Mc Laren. new-wave. Le groupe n’est plus avant de furtivement
mentation épurée, le charme opère déjà. La pression Après 25 années d’existence ils reviennent avec un revenir aux affaires courant 2007 avec les auteurs de
semble d’emblée à son firmament, et Juana Molina ep/compile 6 titres, regroupant l’essentiel de leur l’album ‘Ostensible?’ aux commandes pour se lancer
réalise l’exploit de la maintenir telle quelle sur un carrière. Chanté dans la langue de « l’amour » col- dans un projet d’enregistrement qui donnera naissance
Sin Dones moins rythmé mais plus riche sur le plan lectif italien qui nous braille plutôt sur le sujet de à ‘Le Fantôme de Gustav’ qui sort finalement en 2011
harmonique. Et l’ensemble est à l’avenant. Halo fait la mort des nations (ou plus précisément en VO : La et ne manque pas de se rappeler au bon souvenir de
partie de ces œuvres tant il dépasse le simple recueil morte delle nazioni) antifasciste et politiquement la scène indie/noise/new-wave avec un soupçon de
de compositions musicales pour transcender l’esprit engagé, leur punk rock reste simple mais n’a jamais shoegaze en sus. Car l’univers d’Owun a, au fil des
de celui qui parvient à s’abandonner à l’univers de changé de fusil d’épaule. années – ne ressemble plus tout à fait à ce qu’il était
la Sud-Américaine, qui fonctionnent sur un fil ténu Depuis 25 ans leurs lacets rouges n’ont pas eu le au départ. Il n’est donc pas étonnant que le groupe,
entre cohérence et hétérogénéité. À vrai dire, il ne temps de prendre la poussière ! prenant comme toujours son temps, ait pris la peine
reste plus grand-chose de la folk avec laquelle Juana Cette compile est divisée en trois parties : deux de confectionner dans son coin et ce, sur une période
Molina avait pris l’habitude de nous hypnotiser. Et covers, deux reboot et deux nouvelles créations. s’étendant de 2014 à 2017 un cinquième opus long
tant mieux. Il n’est jamais trop tard pour défricher de format qui voit le jour par le biais du label indépendant
nouveaux horizons et la quinquagénaire l’a compris ✎ Locust local [reafførests] fondé par la jeune Chloée Della Valle
depuis bien longtemps sans qu’il ne s’agisse là d’une (Lynhood…) et le distributeur digital pointu qu’est
simple pose. Voici pourquoi quelques réminiscences Atypeek Music, sous le titre ‘2,5’.
de ses productions précédentes apparaissent avec
parcimonie et en ce sens, le point culminant semble Un disque, qui voit le temps de quelque neuf pistes
coïncider avec le point final sur un Al Oeste qui se audio ambitieuses, les membres d’Owun déployer
rappelle au bon souvenir des guitares en bois dont le un substrat indie-rock noisy, nappé de shoegaze aux
gimmick répétitif semble se dédoubler pour soutenir accents post-punk et à la personnalité plutôt très af-
une voix plus désemparée que jamais sur ce disque. firmé (à l’image de l’excellent prédecesseur qu’était ‘Le
La suite de l’album marie alternativement les sonorités Fantôme de Gustav’). L’œuvre est plutôt ambitieuse et
andines (Andol) aux froides syncopes électroniques surtout particulièrement racée, témoignant du talent
rappelant Björk, que ce soit celle de Post sur la candeur indéniable de musiciens qui ont trouvé avec ‘2,5’ une
enfantine de A00 B01, ou celle de Volta sur le plus seconde jeunesse et une dynamique qui donne tout
sombre In The Lassa où les différentes couches sonores son pouvoir de fascination à un album dopé à la noise
s’unissent pour des digressions auditives rebelles. Les musculeuse mais volubile et à la mixture new-wave/
déambulations dans un labyrinthe glacial promises shoegaze/punk à la fois anguleuse et magnétique. Tout
par un Lentilsimo Halo épuré, la course minérale Owun est dans ces neuf titres plutôt froids mais pas
effrénée d’un Cosoco sec et vaporeux à la fois ou la pour autant totalement déshumanisés, au contraire,
rétention forcée d’un Estalacticas aux audacieuses exigeants mais ne versant jamais dans l’hermétisme
cascades électroniques pourront néanmoins illustrer, élitiste, pointu mais nullement abscons. Parce que le
en plus des titres déjà mis en avant, l’ampleur de la groupe a – un quart de siècle après ses débuts – encore
créativité de Juana Molina qui n’a finalement d’égal des choses à dire, tout en maîtrisant parfaitement son
sujet en décloisonnant son travail pour le rendre à la
Ique son insouciante ambition artistique. fois intelligible et recherché. Obsédant.
✎ Elnorton www.indierockmag.com
I✎ Aurelio www.scoreav.com

ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 71



ALBUMS

Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie :
23/03/2017 25/08/2017 24/02/2017

Durée : 47:41 min Durée : 37:50 min Durée : 39:03 min
Nationalité : FR Nationalité : US Nationalité : FR
Styles : ALTERNATIF
Styles : EXPÉRIMENTAL Styles : POST-ROCK
DRONE ET INDÉ ELECTRO

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CANTENAC DAGAR LIARS - TFCF (MUTE) ULAN BATOR
STILLETONNE (ATYPEEK MUSIC/SKRECODS/ISOLA RECORDS) STEREOLITH (BUREAU B)
C’est assez étrange comme avec rien, il arrive à nous
Incroyables sur scène où ils arrivent à créer des faire entrer dans son monde chelou, à l’image de Présents depuis 1993… 1993, les frenchies du
ambiances de transe enivrantes, les deux musiciens “Cliche Suite” ou des mariachis bourrés semblent avoir post-rock baroque et immersif, avec un turn over
de Cantenac Dagar ont fait le choix d’explorer un pris le contrôle du début du titre, avant de s’envoler de musiciens aussi long que leur discographie. Un
folklore qui n’appartient qu’à eux. Mêlant banjo, vers une sorte de (tr)hip hop boiteux. Grâce aux beats parcours de formation-reformation sans déforma-
parfois joué à l’archet, human beatbox, dictaphones somme toute classique dans leur façon d’arriver, on tion de leur son racleur retournant le sol du rock
et samples diffusés sur lecteurs cassette, Stéphane peut facilement se raccrocher à eux pour vivre ce pour mieux le soulever et l’exposer à l’air libre,
Barascud et Aymeric Hainaux sont des plasticiens TFCF, qui l’air de rien n’est pas non plus très facile à époussetant sa traîne terreuse au vent d’une
du son pour qui chaque performance s’offre comme appréhender. Mais grâce à cette rythmique continue transe électronique. Ulan Bator se montre tout
un rituel. Dans la démarche, on pense beaucoup et hypnotique, voire rebondissante par moment, on aussi solide dans son dernier album, Stereolith,
aux Déficit des Années Antérieures et ce Stilletonne peut facilement se faire avoir et trouver ça classique, bloc hétérogène mais dense réservant des réus-
n’est pas sans rappeler le Cabaret Voltaire de « The voire accessible. C’est un peu comme si Angus se sites exceptionnelles. La track ayant cédé son titre
Damage is done », période The Voice of America refusait à faire de la pop, pourtant les squelettes à l’album est un grand moment d’oldies hard rock
(1980), surtout en raison de la rythmique, des voix de titres coin du feu comme je vous disais au début défibrillé par un chant majestueux et une ambiance
échantillonnées et de la masse grouillante qui sont facilement identifiables, mais il prend un malin caverneuse. Tout comme Interpol, le son d’Ulan
convergent en une mélopée tragique et profondé- plaisir à rendre tout ça crade, les machines suintent, Bator est un process constant et, cohérence de
ment belle. Malgré la restriction instrumentale et une lenteur permanente, comme une léthargie de style mise à part, aucun album ne ressemble au
le minimalisme apparent des mises en scène, la tous les instants, avec pour seul sursaut “No Tree No précédent. L’opus actuel se coupe en deux parties,
musique de Cantenac Dagar est puissante, dense, Branch” qui vient nous donner un sérieux coup de la première plus nerveuse, plus audacieuse, voit
brute et fourmillante. Composée d’un unique morceau fouet bienfaisant. Il continue sur sa lancée, donnant le planeur Blue Girl s’orienter au cœur d’un nuage
de plus d’une vingtaine de minutes, ce premier presque un second souffle à l’album avec le géniale- de jazz instrumental, tout comme celui d’On Fire
vinyle présente sur la face A un enregistrement ment pupute “Cred Woes”, branleur comme on l’aime s’élance dans un a capella brut. La seconde partie
effectué à Dunkerque en février 2016, alors que avec ces trouvailles sonores auxquelles lui seul peut glisse vers des balades imbibées de dance, de pop
la face B reprend le pièce sonore dans sa version penser. Pourtant le morceau tient en beaucoup de (Ego Trip) et de variété française (Spinach Can).
originale, avec une plus longue introduction qui pistes, mais il a le talent pour aller droit au but, avec Le chant alterne toujours entre français et anglais
permet une douce mise en hypnose, là aussi dans lui les fioritures ne sont jamais superflues. Jamais. et bien que le feeling anglo-saxon sied si bien au
un esprit live et spontané, sans mix, mastering et Il rend l’accessoire indispensable. Cette fin d’album groupe, la french touch est loin d’être désagréable.
autres boulots de post-production. Du coup, ils donne un peu l’impression du mec qui glande sur son Après un départ d’opus canon, il faut accepter de
parviennent à chaque réinterprétation à trouver canapé toute l’aprèm, et qui, sur les coups de 18h, se laisser porter sur ce tempo en dessous mais la
cette émotion première, spontanée, magique. Un se prend un sursaut de motivation pour faire trente- diversité des inspirations du groupe contourne les
projet à découvrir d’urgence. six trucs en même temps. Mais fatalement, quand lassitudes inopportunes. Les claviers l’emportent sur
le coup de bourre est trop violent, il retombe aussi No Book et Lost, les guitares s’élèvent sur Icarus et
✎ Maxime Lachaud vite qu’il est arrivé. Le sublime “Ripe Ripe Rot” met l’orgue ferme admirablement la marche sur Dust.
en musique la chute sur le canapé en slow-motion,
suivi par le final “Crying Fountain” comme une douce ✎ Jonathan Allirand
invitation au sommeil. Encore un album pas comme
les autres, même si on y retrouve quelques accoint- ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 73
ances et tics de fabriques, et sans doute très éloigné
du prochain. Cette tête chercheuse qu’est Liars n’en
finit pas de déstabiliser son monde, de faire vraiment
ce qu’il veut, quand il veut. Et c’est aussi pour ça
qu’on l’aime ce groupe, ou ce bonhomme un peu
bizarre, mais tellement attachant au final.

I✎ X_Lok www.xsilence.net
CANTENAC DAGAR ©Fluc-Vienna
ULAN BATOR ©Fradib

ALBUMS

Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie :
14/03/2017 19/05/2017 10/05/2017

Durée : 30 min Durée : 46 min Durée : 01h 15 min
Nationalité : FR Nationalité : JP Nationalité : FR
Styles : MATH-ROCK Styles : MATH-ROCK
Styles : ALTERNATIF
NOISE POP-ROCK ET INDÉ

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CHAMAN CHÔMEUR TRICOT OISEAUX-TEMPÊTE
18759 (ATYPEEK MUSIC / BECOQ RECORDS) 3 (BIG SCARE MONSTERS RECORDS) AL-’AN! (SUB ROSA)

Au vu du nom de leur groupe et des titres des pistes, il Pour un pays retenu principalement pour son caractère Par son nom, Oiseaux-Tempête soulève deux idées. La
est facile de catégoriser Chaman Chômeur comme une décalé et “délirant”, la percée d’un groupe du calibre première suggère que la musique ne connaît pas de
espèce de blague. C’est loin d’en être une. À l’écoute de de tricot à l’international marque une victoire contre frontières. Elle vit sur toutes les parties du globe en
cet album constitué de 3 étapes (oui ça peut sembler la caricaturisation frustrante d’une scène musicale tout instant. Les grands voyagent sont pour Frédéric
petit-bras comme ça mais non), on sent aisément les japonaise aussi riche que talentueuse. Le trio féminin D.Oberland et Stéphane Pigneul une source intariss-
heures passées en répétition à parfaire une formule Kyotoïte nous livre un troisième album qui est enfin able pour la création de leur musique. La seconde
qui n’en est pas réellement une puisque le groupe distribué en Europe, treize titres mêlant adroitement approche le concept que la vie est un cycle; derrière
semble s’amuser à la maltraiter, à l’étirer, la concasser, sensibilité pop avec la sophistication et dextérité du les orages se cachent les plus beaux jours. Formé
la raccourcir pour aboutir à un résultat singulier. On math rock à la Drive Like Jehu. en 2012, le groupe voyage l’année suivante dans
les catégorise noise et free. Noise, évidemment. Mais la péninsule grecque avec le sentiment que « les
l’étiquette la plus importante, c’est free. Car l’adepte Le groupe marque un retour haut en couleur à coups de crises qui secouent le vieux monde méditerranéen
du chaman est aussi avide de liberté. Constitué de décharges survitaminées de compositions électrisantes, sont le prisme à travers lequel se lisent au mieux
deux Meurs ! + Apolune (basse et guitare) et d’un régies par des cadences syncopées et des polyrythmies les enjeux contemporains ». La Grèce en pleine
batteur fougueux mais polyvalent dont la multiplica- à se retourner le cerveau. Armé de riffs sinueux et crise économique et sociale donne de l’idée aux
tion des projets rend difficile à suivre, le groupe va imprévisibles, la grande force du groupe réside dans musiciens qui accouchent d’un post rock qui est le
durant 3 titres dévoiler une demi-heure de musique sa capacité à nous scotcher dans nos sièges avec terreau du premier essai d’Oiseaux-Tempête. Deux
enthousiasmante et aventureuse. À ce titre, “Nostalgie ses compositions à la rythmique (paradoxalement) ans plus tard, Utopiya ? est l’expression urgente
du RMI” est une des plus belles déclarations d’amour déstabilisante mais prenante. d’un travail différent.
faite à l’ancêtre du RSA: le morceau prolonge les free
noise-stilités durant 15 minutes et en fait voir de toutes CHAMAN CHÔMEUR ©DRL’exécution est chirurgicale, dirigée par une batteuse
les couleurs à l’auditeur. Toutes les couleurs parce que OISEAUX-TEMPÊTE ©Pamela Maddalenode session au jeu à couper le souffle. Le savoir-faire
c’est sur cette piste (et sur les autres aussi hein mais du groupe ne s’aventure pas dans des démonstra-
c’est moins flagrant…) que l’on ressent la méticulosité tions superflues mais reste le plus souvent tapi sous
et le besoin omniscient de décloisonner, de défoncer le chant, au service du morceau et du propos global.
des portes. Le groupe s’approprie les codes pour les Toujours aussi pêchu sur les titres les plus énergiques
recracher dans les enceintes à la manière du Chaman. (‘Tokyo Vampire Hotel’, ‘18,19’), le groupe nous révèle
C’est-à-dire à la fois saignante, saillante et avec un également un registre dynamique étendu à travers des
sens de la “popote” mystique affinée. ballades et titres plus “vococentrés” (‘Sukima’, ‘Echo’).

Et comme ils abordent le live couteau entre les dents, Ceci dit, on retrouve tout de même quelques mé-
on ne peut que t’inciter à aller les voir. Ces trois titres lodies accrocheuses sur des titres comme ‘Tokyo
Vampire Hotel’ ou encore ‘Yosoiki’ qui témoignent
Igéniaux sont sublimés. Longue vie au Chaman! d’un progrès sur le plan mélodique. La production de
✎ Cactus www.w-fenec.org ‘3’ se ré-axe en conséquence en direction d’un son
plus “pop”, plus propre mais sans ajustements trop
sévères. Avec une sensibilité mélodique typiquement
japonaise, tricot avance le son du rock indépendant
japonais dans sa forme la plus aboutie, à l’écart de
tout exotisme ostentatoire et superficiel. ‘3’ marque
une franche réussite pour le groupe et une belle mise
en œuvre de ce que le groupe a à offrir en termes de
talent et créativité.

✎ Robin Ono

74 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

ALBUMS moments les plus agités la guitare électrique et les Top 5 dAelbsummesilJlaezuzrs
beats électroniques. Sans effacer une certaine tension,
Enregistré en trois jours, Oiseaux-Tempête s’entoure les cuivres en viennent presque à l’improvisation. By CITIZEN JAZZ, le mag de Jazz
d’un tas de musiciens pour livrer un son improvisé, Oiseaux-Tempête sort du titre en visant le chaos.
brut et électrique. En 2016, c’est le Liban et ses L’hypnotique et planant « I don’t know what or COMMENT LIRE UN QR CODE ?
sonorités orientales qui vont donner du grain à why » chanté par Tamer Abu Ghazaleh ressemble Pour lire un QR Code, il suffit de télécharger une applica-
moudre à Frédéric et Stéphane. Là-bas, ils trouvent bien à la perle de l’album. tion de lecture de QR Codes. D’ouvrir l’application et viser
toute la matière pour sortir un nouvel album : Al- le QR Code avec l’appareil photo de son téléphone mobile
’An! (And your night is your shadow - A fairy tale Toute la dimension free-jazz s’impose sur « The et l’application lance l’écoute de la playlist.
of piece of land to make our dreams). offering » qui est agrémenté par la voix du poète
palestinien Mahmoud Darwich décédé en 2008. ELIOTT SHARP
Sur cet album, le binôme parisien s’entoure de Après un « Carnaval » où une electro en folie WITH MARY
nombreux musiciens… Serait-il possible d’en con- domine, « Trought the speech of stars » est d’un HALVORSON
naître au moins un ? Toutes les cartes sont sur la tout autre caractère. & MARC RIBOT
table avec la participation de G.W.Sock (ex-The
Ex, Cannibales & Vahinés, The And). Alors que Elle culmine en temps avec ses 17:29’ dans lesquelles ERR GUITAR
Oiseaux-Tempête prend les allures d’un collectif, la G.W.Sok nous livre un chant parlé, poétique et © Intakt CD 281 / 2017
musique s’annonce prête à nous rendre d’humeur incandescent. Comme pour fermer la boucle « A
contemplative. l’aube » - soutenu par les percussions rappelant BILL FRISELL/
un cœur qui bât - nous ramène un peu à la mer THOMAS
« Notes from mediterranean sea » déroute par son dans un élan tranquille et majestueux. MORGAN
mélange de sonorités. Tandis que les instruments
à vent posent un décor paisible, les notes electro Dans Al-’An! Oiseaux-Tempête est à la croisée des SMALL TOWN
font entendre les rouleaux de la mer. mondes. En bordure de rêve, la musique milite pour © ECM
des paysages où rien ne se ressemble.
Quatre minutes loin du monde qui gronde, quatre KINTSUGI
minutes qui passent en un éclair. Les percussions Pourtant tout semble suspendre le temps et le faire
entrent dans la danse sur le morceau suivant. filer entre nos doigts. Où est le début ? Y a-t-il une Serge Teyssot-Gay (g),
fin ? Espérons que Oiseaux-Tempête continue de Gaspar Claus (cello),
C’est au tour du Oud qui complète à merveille une nous emporter dans les limbes tantôt pour craqueler Kakushin Nishihara
guitare électrique qui mène sa mélodie accrocheuse. les limites de l’univers tantôt pour les survoler. (satsuma biwa)
Le oud continue sa belle aventure dans « Feu au YOSHITSUNE
Frontières » qui fait entendre au second plan des I✎ Julien www.w-fenec.org ©Intervalle triton
chants orientaux. « Baalshamin » oppose dans ses
AFRICA EXPRESS

Jacques Ponzio (p),
Jean-François Merlin (b),
Patrick Gavard-Bondet (g),
Alain Venditti (ts, ss),
Nicolas Aureille (dm)
EXPÉRIENCE
© ACM Jazz Label

UENO PARK -
MANUEL ADNOT
SOLO

DIX-MILLE YEUX / FEU CLAIR
©Atypeek Music

www.citizenjazz.com/





Le choix de la rédaction

sélection non exhaustive des prochaines sortie d’albums qui ont éveillé notre curiosité, ou albums tout fraîchement sorties.

heaven Upside Down 27 sterilize 29 strange Peace 22 villains 25
MARilyn MAnsOn UnsAnE METZ QUEEns Of
sEPT. sEPT. sEPT. ThE sTOnE AgE AOûT

ROck le prochain album studio ROck unsane sortira son nouvel et huitième ROck le trio de toronto sortira ROck « Villains », septième album des
de marilyn manson « Heaven Upside Down », album Sterilize chez southern lord. « Strange Peace » le 22 septembre chez queens of the stone Age, sortira le 25 août
dixième album studio est provisoirement l’album a été produit par Dave Curran, sub Pop. enregistré par steve Albini, en 2017. Cet album à la particularité de n’avoir
programmé pour être diffusé le le bassiste au Gatos trail studios (yucca studio en conditions live et en quatre jours. aucuns musiciens invités contrairement aux
29 septembre 2017. l’album est produit Valley), mixé par Andrew schneider à Acre les 11 titres de « Strange Peace » – plus albums précédents du groupe. qotsA se
par marilyn manson, twiggy Ramirez (New York City), et masterisé par Carl Saff variés que ceux des précédents albums selon produira le 7 novembre à Paris, à l’Accorho-
et tyler Bates. une tournée us démarre à Saff Mastering (Chicago). En tournée Alex edkins (chanteur et guitariste). tels Arena. le 16 novembre à Anvers.
le 27 septembre. française à partir du 15 octobre.

seismic 6 Uncut 31 shotgunz in hell 15 Microsoft Error 15
sPOTlighTs TABlE Onyx & DOPE D.O.D. Picture show
OcT. OcT. JUil. AllisTER sinclAiR AOûT

ROck le groupe de Brooklyn produit par le ROck Réédition digitale du premier groupe RAP Onyx qui sort son nouvel album en ElEcTRO Il y a dans « Microsoft Error Picture
batteur d’Isis Aaron harris a signé sur le label de warren Fischer des Fischerspooner, Uncut collaboration avec le groupe néerlandais Show » - serait-ce les reverbs utilisées - une
Ipecac Recordings de mike Patton. l’album a été en partie produit par steve Albini et Dope D.O.D. 8e album au compteur les impression de profondeur qui pousse
« Seismic » sortira cet automne. Ce deuxième regroupe plusieurs 45t + un inédit live légendaires rappeurs du queens nous l’auditeur à s’imaginer un espace.
album, sera défendu sur les scènes en « M.E.G.O. (WNUR session) ». si l’on peut proposent “Shotgunz in Hell”. Comme toujours C’est comme si on flottait dans un espace
Amérique du Nord, notamment en première déplorer cette carrière d’étoile filante, ils débarquent beat en main sur un flow très très grand mais indéfini, dont on ne
partie des Melvins - Peut-être bientôt L’Europe ? il ne dépareillera pas dans votre discothèque agressif et une hargne non simulée. verrait pas les limites…
entre the Jesus lizard, Big Black et metz.

78 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

The Black Box session 30 spotlight 25 The Desaturating seven 29 Buzzing but not hung 14
by Peter Deimel shARDik PRiMUs sEPT. up on hip
sEPT. AOûT PhiliPPE PETiT JUin

cUT ThE nAvEl sTRing JAZZ Chez tzadik, un nouveau projet de trio ROck « The Desaturating Seven » sortira le
instrumental de matt hollenberg, guitariste 29 septembre sur Ato Records. le premier
ROck Cut the Navel string est un groupe de Cleric. mêlant Jazz traditionnel, Free Jazz, album de studio de Primus en six ans ElEcTROAcOUsTic « Buzzing but Not Hung up
culte des 90, ils ont côtoyé des groupes math-Rock, Noise, musique Ambiante et et est composé des musiciens d’origine : on Hip » est une compilation qui expose un
comme Pitch Shifter, Killing Joke, Godflesh, musique du monde. une musique d’avant- les Claypool (voix, basse), larry lalonde ensemble de collaborations fièrement assu-
« The Black Box Session by Peter Deimel » est en garde dans un condensé puissant. Ces pièces (guitare) et tim Alexander (batterie). l’album mées par Philippe aux côtés de personnalités
fait leur véritable premier album, première complexes et passionnantes devraient vous est basé sur un livre pour enfants des années aussi diverses que lydia lunch, e. Robinson,
session également pour le studio Black Box faire vriller le cerveau. 1970, c’est l’histoire de sept gobelins… AsVA, simon Fisher turner, Cosey Fanni tutti
qui ouvrait ses portes sous l’aile de Peter. ou murcof. un excellent condensé.

luciferian Towers 22 Endangered Philosophies 1 ATlAs 25 Ununiform 22
gODsPEED yOU! BlAck DÄlEk sEPT. MilkilO TRicky
EMPEROR sEPT. nOv. sEPT.

ROck troisième sortie depuis sa refor- ROck Nouvelle signature chez Ipecac ROck Après avoir passé 7 ans sur les routes ROck tricky revient avec son 13e album,
mation en 2010 et 7e album de Godspeed, Recordings. l’album fait suite à Asphalt d’Europe à peaufiner leur style dans l’exer- « Ununiform », en septembre sur son propre
intitulé « Luciferian Towers », sortira sur le For Eden sur Profond lore et Deadverse cice exigeant du duo basse/batterie, mIlKIlo label False Idols via K7 music. en 13 titres
label Constellation. Composé de quatre Recordings. «Endangered Philosophies» sera sortira « Atlas » cet Automne. Plus réfléchit tricky parle de son héritage, son histoire, sa
titres, pour une durée de 44:54. Une tournée disponible le 1er septembre. et construit, « Atlas » ne délaisse pas pour famille - la mort. et dans tout cela, il trouve la
française démarrera le 16 octobre à toulouse le titre «Echoes Of...» est disponible sur autant les accès de rage qui ont fait la répu- chose la plus étrange, la moins familière, la
et finira le 7 novembre à Paris. youtube. tation scénique du Duo. milkilo démarrera la paix. Avec martina topley-Bird, mina Rose, Asia
tournée d’« Atlas » en Décembre 2017. Argento, scriptonite, Francesca Belmonte…

ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 79

COMING SOON

sélection non exhaustive des prochaines sortie d’albums qui ont éveillé notre curiosité, ou albums tout fraîchement sorties.

American Dream O1 Add violence EP O1 Outrage! is now O8 Twin Peaks : OS O8
lcD sOUnDsysTEM sEPT. ninE inch nAils sEPT. DEATh fROM ABOvE sEPT. cOMPilATiOn
sEPT.

Aléa Deluxe 15 Electric Trim 15 Order Disorder 15 Ecce homo 15
EMBOE sEPT. lEE RAnAlDO sEPT. OBlik sEPT. hEliOgABAlE
sEPT.

souvenirs, souvenirs 15 The Vietnam War : OS 15 hiss spun 22 cold Dark Places EP 22
ThE Wøøøh TREnT REZnOR sEPT. chElsEA WOlfE sEPT. MAsTODOn
sEPT. AnD ATTicUs ROss sEPT.

80 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

siR 22 v 22 The Meadow Under 30 live 30
fischERsPOOnER sEPT. ThE hORRORs sEPT. MEMBRAnE
sEPT. a golden sun sEPT.
TiM

colors 13 The saga continues 13 Anthology: 20 Triptyque 31
BEck OcAT. WU-TAng clAn OcT. Movie Themes 1974-1998 OcT. AchWghâ nEy WODEi OcT.
JOhn cARPEnTER

Mental Experiments 31 The Dusk in Us 03 U-Men (Anthology) 03 Memory of a Cut Off Head 17
for Missile sensations OcT. cOnvERgE nOv. U-MEn nOv. Ocs (ThEE Oh sEEs) nOv.
cOsMic WURsT

ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 81

Le choix jazz de la rédaction

la france a toujours été une terre d’asile pour le free-Jazz, gérard Terronès de futura Marge en se plaçant sur tout les fronts y contribua largement.
voici donc une sélection spéciale du catalogue jazz de futura Marge. Atypeek Music gère la partie digitale de futura Marge, disponible sur Bandcamp.

Quand le son devient aigu, Parisian solos My Man / Tribute to sidney haptein
jeter la girafe à la mer JAki ByARD Bechet Archie shepp quintet RichARD BOnnET /
JAcQUEs ThOllOT ARchiE shEPP QUinTET TOny MAlABy
JAZZ la participation de Jaki Byard au sextet
JAZZ une grande partie des titres présentés de Charles Mingus à partir de 1964 le fera JAZZ Ce My Man est dédié à l’un des plus JAZZ haptein a été enregistré le 17 avril
ici demeurent une opportunité unique pour connaître d’un large public. il dirigera dès emblématiques saxophonistes et clarinet- 2012 au John Kilgore Sound & Recording
le batteur de démontrer tout son savoir-faire la fin des années 1970 un grand orchestre à tistes américains : Sidney Bechet. Archie Shepp studio à New york (usA) avec Richard Bonnet
derrière fûts et cymbales, armés de balais ou New york. Pianiste s’exprimant entre la tra- interprète essentiellement des compositions (guitare électrique 7 cordes) & Tony Malaby
de baguettes. un disque proprement inclas- dition stride, le style be-bop et le free-jazz, il de Sidney Bechet et utilise comme celui-ci le (saxophones ténor & soprano).
sable, qui doit autant au jazz qu’à la musique enregistra en 1971 ce piano solo pour Futura saxophone soprano, avec une introduction
contemporaine ou électronique… à la manière du grand maître Fats Waller. particulière de Petite Fleur à la flûte.

Painted lady Aigu-grave live At The Riverbop Alors!!!
ABBEy lincOln QUinTET sUnny MURRAy QUinTET ROy hAynEs QUARTET MichEl PORTAl / JOhn
sURMAn / BARRE PhilliPs /
JAZZ « Freedom Now Suite » rendra célèbre JAZZ Aigu-Grave a été enregistré le 1er avril JAZZ le batteur américain Roy Haynes s’est sTU MARTin / J.P. DROUET
Abbey Lincoln auprès du grand public. Vingt 1979 au Studio Ramsès à Paris. fait connaître sur les scènes du jazz en jouant
ans plus tard, associée à Paris à un autre Avec Richard Raux (saxophone ténor), pour des musiciens comme John Coltrane, JAZZ Ce disque enregistré sur le label
très grand contestataire afro-américain, le Bobby Few (piano), Alan Silva (contrebasse), Chick Corea ou Pat Metheny. Parallèlement il Futura en 1970 est devenu historique, car
saxophoniste Archie Shepp, elle réalisera pour Sunny Murray (batterie), Pablo Sauvage recrute Marvin Peterson et Georges Adams, et il restera éternellement la première trace
le label Marge cet album historique, l’une (percussions) sur deux titres. en 1979 il enregistrera en public à Paris, en discographique de ce fameux « Trio » de John
des plus belles rencontres entre deux figures quartet avec de jeunes musiciens américains, Sûrement, Barre Phillips et Stu Martin.
légendaires du jazz contemporain. cet album pour le label Blue Marge.

82 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

fUTURA MARgE PARteNAIRe D’AtyPeeK musIC

With (Junk-saucepan) live At The Totem volume i horde catalytique Pour la fin solos
When (spoon-Trigger) ARchiE shEPP QUARTET hORDE cATAlyTiQUE JOAchiM kühn
MAhOgAny BRAin POUR lA fin
JAZZ enregistré le 1er janvier 1979. JAZZ enregistré le 19 mars 1971 au studio
JAZZ enregistré le 15 décembre 1970 au Avec aux : Congas - Cheikh Tidiane Fall JAZZ enregistré le 26 février 1971 à Nice Europasonor à Paris.
Gill’s Club. Avec Michel Bulteau (direction, Contrebasse - Bob Cunningham (France). Avec Richard Accart (saxophone Joachim Kühn (piano).
flûte, harmonica, textes & voix), Benoît Holliger Batterie - Clifford Jarvis ténor & flûtes), Francky Bourlier (harpe de
(guitare), Patrick Géoffrois (guitare basse), Piano - Siegfried Kessler verre, flûte, vibraphone & percussions),
Gilles Mézière (piano), Yves Berg (percussions), saxophone tenor - Archie Shepp Jacques Fassola (contrebasse, guitare, banjo
Zéno Bianu (flûte, guitare basse & voix), Mine Vocal - Cheikh Tidiane Fall. & orgue à bouche) & Gil Sterg (drums
(thumping guitare) & Claude Talvat (violon). & percussions).

Abide With Me What Matter now? la guêpe Vega (Jeff Parker, Bernard
iRAkli QUARTET JEAn-PhiliPPE Blin TRiO BERnARD viTET santacruz, Michael Zerang)
vEgA
JAZZ enregistré le 6 juillet 1971 au studio JAZZ enregistré en public le 17 décembre JAZZ Bernard Vitet (trompette, violon, cor,
Europasonor à Paris. 1970 au Centre Culturel Américain à Paris. piano & vibraphone), J.P. Rondepierre (trom- JAZZ enregistré en public les 2 et 3
Avec Irakli de Davrichewy (trompette), Jean-Philippe Blin (piano), François Méchali pette & marimba), Jouk Minor (saxophones, décembre 2001 au 7 Lézards à Paris.
Marc Richard (clarinette & saxophones alto (contrebasse) & Jean-Jacques Schnell (drums). violon & clarinette traversière), François Avec Jeff Parker (guitare), Bernard Santacruz
et ténor), Goran Eriksson (banjo & saxophone Tusques (piano), Beb Guérin (contrebasse & (basse) & Michael Zerang (batterie).
alto) & Bert Jouis (sousaphone). piano), Jean Guérin (Percussions, vibraphone,
marimba & saxophone), Françoise Achard (voix)
& Dominique Dalmasso (magnétophones).

Retrouvez les albums Futura Marge sur : www.futuramarge.bandcamp.com ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 83

« Son nom claque et bave l’atteste : Schlaasss
est punk, dans la lignée des Bérus et de l’alternatif

le plus déjanté voir psychotique… »

Les Inrockuptibles

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86 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017



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VIDÉOCLIPS PAR LÉA VINCE

ARTISTE : SCHLAASSS RÉALISATEUR : MEKKI ”PHILIPE LE DAUPHIN” - LIEN CLIP : http://urlz.fr/5D1z

STUPEFLIP - UNDERSTUP ALLTTA (20SYL + MR. J. MEDEIROS) GORILLAZ - SATURNZ BARNZ (360)
BREAK THE SILENCE
HTTP://URLZ.FR/5D36 HTTP://URLZ.FR/5D4O
HTTP://URLZ.FR/5D7E
Wah c’est le grand retour des terroristes bienveil- Mon plus gros coup de cœur de ce mois-ci reste tout de
lant du Stup crou avec l’album « Stup Virus » sorti Alltta c’est l’association de 20Syl, membre éminent des même l’un des derniers clip de Gorillaz, Saturnz Barnz.
sur Youtube en mars dernier, ouais vous avez ô combien connus Hocus Pocus et C2C avec J.Medeiros, Le groupe virtuel britannique nous gratifie non pas d’un,
donc zéro raison de pas aller l’écouter. Un album rappeur et producteur US, un duo inattendu qui s’est mais bien de deux clips pour le titre Saturn Barnz. Pu-
authentique qui décape tout en restant une petite formé en 2015. Pour le clip de Break the silence, Ils isant toujours leurs inspirations et collaborations là où
bombe d’hétéroclisme musical. L’extrait Understup réalisent un court-métrage mêlant musique et skate- on ne les imagine jamais, tout en gardant cette identité
représente bien l’univers du crou, mélange rap board dans les rues de Saint-Nazaire. Pour y avoir musicale. Il existe donc une version normale du clip de
corrosif et engagé avec un clip bien pété. King Ju vécu 3 ans, disons que c’est pas folichon folichon Saturnz Barnz ainsi qu’une version en 360°, ce nouvel
et son crou nous parachute dans leur petit monde, là-bas. Par là j’entends esthétiquement mais ici a outil relativement récent sur Youtube. Le clip est de base
tantôt teletubbies, tantôt apocalyptique. Stup c’est été réalisé l’impossible. Saint-Nazaire comme vous ne complètement cool mais l’option en 360° amène le tout
de la drogue. l’avez jamais vu, ville déserte et muette, air d’un ville à un tout autre niveau. Une véritable expérience psyché
abandonné de toute civilisation, un brin irréel même. et interactive qui nous permet d’être en immersion dans
Spoiler, le mystère au chocolat restera entier. l’univers du groupe. Bref, un rendu fascinant.
✎ Léa Vince
✎ Léa Vince ✎ Léa Vince

90 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

VIDÉOCLIPS PAR LÉA VINCE

XXX - LIQUOR DJ SHADOW / RUN THE JEWELS RED HOT CHILI PEPPERS
NOBODY SPEAK - HTTP://URLZ.FR/5D2D
HTTP://URLZ.FR/5D2T GOODBYE ANGELS- HTTP://URLZ.FR/5D2K
N’étant pas la plus grande experte concernant le
Beat puissant sur fond de retro gaming et d’animation rap et le hip-hop, qu’elle n’a pas été ma surprise Les red hot… partenaire officiel de mes bandes-son
asiatique des années 80. en découvrant cette collaboration entre DJ Shadow
et Run The Jewels pour « Nobody Speak ». Déjà la estivale depuis mes 18 ans. J’avais été TRÈS agréa-
XXX, jeune groupe de hip-hop coréen originaire de qualité musicale est plus qu’au rendez-vous, on
Séoul, encore peu connu sur notre continent, sort est ici sur un petit mélange détonnant, rap, hip- blement surprise lors de la sortie du premier single
un tout nouveau clip tant étrange qu’hypnotisant hop, électro, jazz, tout ceci agrémenté de quelques
pour le morceau « Liquor ». Le clip réalisé par riffs efficaces, de quoi contenter tout le monde. Ce « Dark necessities » de leur précédent album « The
l’artiste français Mattis Dovier a utilisé un aspect qui m’a finalement le plus marqué c’est tout de
« dotwork » à savoir un dessin à points où l’univers même le clip ; tellement bien réalisé qu’on pourrait Gateway » sorti en 2016. Chanson dont j’ai allégre-
manga est extrêmement ressenti. Cela donne un croire à un film d’action. Lors d’une assemblée
esthétisme sombre mais délicieusement envoûtant. réunissant d’éminents personnages politiques, le ment abusé en replay sur Youtube l’été dernier. Ils
Le son permet d’introduire une atmosphère tantôt ton monte, la colère s’en suit et ça commence à
agressive tantôt rêveuse et aérienne. Sur fond de chahuter sévèrement entre tout ce petit monde, viennent tout juste de sortir le clip de ‘Goodbye
meurtre, alcool et drogues, nous suivons les déboires on part sur une bonne ambiance fight club / guerre
du protagoniste au long d’une soirée agitée. Une de sécession. Drôle et complètement déchaîné. Angels’ et sans surprise c’est du RHCP à 389 %, ça
réflexion sordide de la culture de l’alcool et d’une
réalité sociale trop oublié en Corée du sud. ✎ Léa Vince fleure bon l’été californien et l’allégresse d’une

✎ Léa Vince jeunesse américaine. Je ressens comme une pointe

de nostalgie en regardant cette vidéo, comme un

clip référence à la carrière du groupe mythique et

à sa communauté de fans à travers les déambula-

tions d’une jeune fan dans le clip. Sûrement pas

le clip le plus mémorable de leur carrière mais cela

reste une belle vidéo ou quelques extraits live du

groupe pourront vous ravir. ✎ Léa Vince

LITTLE BIG - BIG DICK AWKWAFINA X MARGARET CHO MR OIZO – HAM
GREEN TEA - HTTP://URLZ.FR/5D7I
HTTP://URLZ.FR/3CVR HTTP://URLZ.FR/5D4L
Première artiste féminine de cette rubrique...smiley
On connaît tous, ou presque, Little BIG pour leur triste. Qu’est ce que c’est que cette parité de merde... Quentin Dupieux aka Mr Oizo est un peu la carte trash
style unique, déjanté, un peu trash, subtilement smiley énervée envers moi même. Je suis choquée de l’écurie Ed Banger Records et il le prouve avec son
gore mais complètement cool. Le groupe d’origine et déçue. Duo imprévisible et intergénérationnel clip pour « Ham ». Encore un beau clip bien dérangeant,
russe se distingue pour leur absurdité, et le clip entre Awkwafina, rappeuse américaine et l’actrice et ou le malaise s’abat sur toi alors que toi t’avais rien
de Big Dick est là pour l’affirmer. Niveau musique, humoriste Margaret Cho âgée de 48 ans. Awkwafina demandé le petit cul devant ton écran. Musicalement
ce morceau est un peu moins énergique que les balance un clip détonant et satyrique pour le titre parlant c’est du Mr Oizo, ce petit beat sec, vigoureux
précédents mais AVERTISSEMENT vidéo NSFW (Not safe Green Tea, hymne féministe engagé. La chanson détruit et agressif qui te fait frénétiquement bouger la tête.
for work, N.D.L.R.). Vous attendiez à quoi? Clip coloré, les nombreux stéréotypes offensants projetés sur les Le clip est complètement taré et présente une vision
inventif et très visuel ou les membres du groupe femmes asiatiques prône une certaine fierté ethnique glauquissime d’une société américaine poussée dans
s’épanchent en long, en large et en travers autour ainsi que d’assumer son originalité, sa créativité ainsi ses retranchements les plus stéréotypés; personnages
du sexe du chanteur, qui est… spoiler alert… BIG. que sa sexualité avec passion. C’est beau putain. obsédés par la bouffe, les armes et atteignant un
J’ai bien rigolé et j’espère que vous rigolerez aussi ! point de non-retour. Soyez prêt pour ce clip, conseil!
✎ Léa Vince
✎ Léa Vince ✎ Léa Vince

ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 91

VIDÉOCLIPS PAR LÉA VINCE

ARTISTE : RICHARD GOTAINER RÉALISATEUR : LÉO GOTAINER “Les Moutons” - LIEN CLIP : http://urlz.fr/5dfQ

AL’TARBA - INFECTED STREETS BUSY P – GENIE F. M. HAWTHORNE ROMANO - KLAPS AUF DEN PO

HTTP://URLZ.FR/5D3P HTTP://URLZ.FR/5D77 HTTP://URLZ.FR/5D42

Al’Tarba, rappeur et beatmaker français, vient de sortir Le big boss d’Ed Banger records is back. Derrière le Romano, ovni du milieu du rap allemand fait déjà
son album La nuit se lève et nous propose une vidéo label, ô combien glorieux, Ed Banger revient avec le des remous. Le style vestimentaire du chanteur
pour le titre Infected Streets. Bienvenue à Leftover City, un titre Genie sur des sonorités plus funk et résolument ou sa musique décalée l’ont fait se démarquer.
futur dystopique et infecté, peuplé d’humains, mutants pop. Pour le clip il nous propose quelque chose de Mélange total des styles musicaux et un tantinet
et androïdes. 23 novembre 2030, il est 22h45 dans les plutôt amusant, on suit la nuit plus ou moins mou- schlager musik, qui en Allemagne correspond à notre
rues désertes de Leftover City, on sent l’atmosphère vementé d’une jeune femme prise d’une crise de variétoche. Le blondinet aux tresses indiennes est
crasseuse et pesante qui envahit la scène progressive- somnambulisme se retrouve à déambuler dans les bien décidé à ébranler les codes du game. Romano
ment. Un homme est présent, accompagné d’un bien rues en sweat, culottes et chausson moumoute. Pas la n’est pas des plus à l’aise avec les salutations
étrange compagnon qui semble lui obéir au doigts et à plus cool des soirées en soi, mais hey, sans mensonge, quotidiennes, il préfère gratifier ses amis les plus
l’œil. Réalisé par Yoann Vellaud, ce clip, est un hommage qui n’est jamais parti de chez soi en chausson? J’aime proches d’une tape sur les fesses *Klaps auf den
au cinéma, le clip est extrêmement bien réalisé et colle beaucoup l’esthétique du clip, avec les néons bleus Po*. La vie serait terriblement plus fun si on se
à la perfection le beat électro rétro futuriste d’Al’Tarba. et rouges réussissent toujours à créer un effet stylé. claquait tous le cul en signe de bonjour.

✎ Léa Vince ✎ Léa Vince ✎ Léa Vince

92 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

VIDÉOCLIPS PAR LÉA VINCE Top 5 dqeusi pViIqDuÉeOnCtLIlP’œS il

SCHLAASSS - THUG LILITH DATA - DON’T SING COMMENT LIRE UN QR CODE ?
Pour lire un QR Code, il suffit de télécharger une
HTTP://URLZ.FR/5D1E HTTP://URLZ.FR/1YSV application de lecture de QR Codes. D’ouvrir
l’application et viser le QR Code avec l’appareil
Message à caractère informatif; cessez le visionnage Le producteur français David Guillon aka datA a photo de son téléphone mobile et l’application lance
immédiatement et consultez un médecin si des effets sorti l’année dernière ce clip bien foufou pour le l’écoute de la playlist.
secondaires de type étourdissement, vomissement, morceau Don’t sing. On se retrouve dans un joli
etc. se manifestent. Schlaasss ne fait jamais dans petit quartier résidentiel, un peu à la Desperate “POST-PUNK”
la dentelle, plutôt l’inverse même, partenariat dé- Housewives, ou tout est bien ordonné et propret
tonnant et plus ou moins pixélisé avec SYSTAIME. pour un morceau électro pop très énergique. AGAPES
Mélange d’images ondulantes et clignotantes, le
tout rendant une esthétique folle, pour faire simple Un sentiment de déjà-vu? C’est probable je crois que ‘Haiku’
Windows 95 sous LSD. Schlass nous propose pas la musique a été utilisé pour une pub de voiture.
moins de 12 clips différents pour le morceau Thug Un clip un brin irréaliste, mêlant et confrontant http://urlz.fr/5D7w
Lilith, soit accessible sur en vidéos unique sur You- les relations entre plusieurs membre de ce même
tube soit accessible sur le site de SYSTAIME avec une voisinage, des relations entre les personnages y “ELECTRO PUNK QUEER”
expérience interactive dingue. Sur un fond de rap sont malsaines et terriblement hypocrites.
bon marché et voix autotuné, on pourrait presque CHRISTEENE
se croire sur une mauvaise découverte de Skyrock, Je trouve le scénario et la réalisation de cette vidéo
mais non c’est bel et bien cet ovni de schlaasss qui extrêmement bien faite . Entre fantaisies haineuses ‘FUK V29’
s’arrêtera jamais de nous étonner. et rêves érotico-zoophile, un clip plus ou moins
décontenancent mais terriblement drôle. http://urlz.fr/5D7y
✎ Léa Vince
✎ Léa Vince “ELECTRO INDUS”

SUZANNE’SILVER – PAPER OF THE WAY HAPPY HIPPIE - TRUE TRANS SOUL HORSKH
REBEL (MILEY CYRUS & LAURA JANE GRACE)
HTTP://URLZ.FR/5D7T ‘Engaged and
HTTP://URLZ.FR/5D4E confused’
Le groupe sicilien de SUZANNE’SILVER, presque 20 ans
d’activité au compteur tout de même, est ici pour J’aimerais finir cette rubrique par une pointe d’amour, de http://urlz.fr/5D7A
une session musicale toute douce. La musique de douceur et d’espoir. Vous avez bien lu Miley Cyrus. Petite
Suzanne’Silver est la rencontre entre l’esprit du Seattle session acoustique pour la fondation Happy Hippie, une “SOUNDTRACK”
des années 90 et l’indie rock de Louisville. Créé en 98 association crée en 2014 par la célébrissime Miley Cyrus.
à Syracuse, le groupe n’a jamais cessé de parcourir le Elle a pour mission de rassembler et d’unir les jeunes KAADA/PATTON
monde en affinant son art de la composition qui allie pour lutter contre l’injustice face aux jeunes sans-abri,
finesse, qualité du songwriting et explosions soniques aux membres de la communauté LGBTQ ainsi qu’aux ‘Red Rainbow’
inlassablement reconduites, le groupe mélange rock droits des femmes. Miley et Laura, elle-même membre
lancinant et blues expérimental dans l’extrait Paper de la communauté LGBTQ, interprètent une reprise de http://urlz.fr/53oo
of the way, c’est simplement beau et sincère. On se True Trans Soul Rebel, véritable hymne qui sensibilise
met à l’aise et on se laisse surprendre lentement. à la dure réalité a laquelle sont confrontés les jeunes “ELECTRO DANCE”
personnes transsexuelles dans nos sociétés.
✎ Léa Vince VITALIC
✎ Léa Vince
‘Sweet Cigarette’

http://urlz.fr/53q6





96 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

LE

MR. PROPRE

IArticle Kiblind Magazine,
J. Tourette

fêTE DEs lUMièREs 2016

QUATRE ARTisTEs
À sUivRE

IArticle Manifest XXI,
Salvade Castera

Le Design
et plus encore…

TRIANNUEL 2017

© DR

Chris Coppola - Journaliste

CAHIER DU DESIGN

LiFestYLe tattooÏsMe n°1

sneakeRs coLLection Jean-Luc navette

IReportage Star Wax, IArticle Tattooïsme,
Anne-Claire Gatel Chris Coppola

inteRvieW DiRecteuR aRtistiQue La GaLeRie
De GiRL skateboaRDs
anne HoReL
nick ZeGeL
La GaLeRie
IReportage The Daily Board
toine.
L’été PLaisiRs
Dans La cuisine De cHa
IMode Le Village des Créateurs
IInterview AAARG !
venDReDis Pierrick starsky

IArticle Le Village des Créateurs

LaisseZ Les MuRs PRoPRes

IArticle Quincaillerie Moderne

ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 97

RÉCLAME MR. PROPRE TOUJOURS
IMPECCABLE,
SOURIANT
ET MUSCLÉ,
MR. PROPRE FAIT
FIGURE DE
CHAMPION
INCONTESTÉ DU
MÉNAGE DEPUIS
59 ANS.
UNE BONNE
RAISON POUR
CHANTONNER
ENCORE UN
MOMENT DANS
LA CUISINE.

01

MR. PROPRE

98 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

ARTICLE PAR :

03 04

VISUELS : © PROCTER & GAMBLE Il serait connu par 95 % des Français (étude Procter & Gamble). Et en musique: presque naturellement. Sans compter que l’idée de faire entrer un homme dans
« Mr. Propre rend tout 01 si propre, que l’on peut se voir dedans (bis) ». Mais plutôt la cuisine des ménagères américaines des Trente Glorieuses était, à bien des
que d’interroger son essence « propre », rechercher ses origines ou analyser égards, révolutionnaire. Restait à lui trouver une silhouette. P&G se tourna vers
les raisons de ce succès d’estime (et commercial), la question lancinante qui l’agence Tatham-Laird & Kudner pour imaginer à quoi pourrait ressembler
hante les forums et échauffe le bout des doigts est davantage orientée sur… son ce personnage, dont le nom et les exigences sémiotiques liées à la propreté
identité sexuelle : « Mr. Propre est-il gay ? » La base de l’enquête est très mince étaient imposés. Chargés de l’affaire, Harry Barnhart et Ernie Allen trouvèrent
et la liste de ses attributs semble suffire à pousser massivement les détectives un modèle adéquat en la figure d’un marin de L’U.S. Navy basé à Pensacola: ce
vers l’affirmative : un grand garçon bodybuildé, entièrement glabre (si l’on type de caractère combinait à la fois des compétences athlétiques avantageuses
exclut ses sourcils bien apparents), une boucle à l’oreille, bien moulé dans et un idéal de blancheur attesté par une tenue immaculée.
son petit tee-shirt blanc nickel, et qui respire la propreté et le soin de soi… Parallèlement, P&G sollicita des artistes pour explorer une autre piste, afin
CQFD, en somme. À plus forte raison quand la légende veut que Mr. Propre d’affirmer le côté « magique » de son produit. Le brief présenté était clair et
trouve ses origines dans un univers de voile ou de vapeur. Encore une fois, précis : M. Clean devrait ressembler à un génie, posture et attirail populaire
une logique implacable et une argumentation minutieuse auront permis de compris, complètement chauve et avec trois boucles dans le nez (pour le côté
résoudre l’une des plus grandes questions depuis la controverse sur le sexe exotique), tout en étant entièrement vêtu de blanc (pour le côté impeccable).
des anges. Comme si l’on ne pouvait se baser que sur ce que l’on voit ; ou pas ! Richard Black, un artiste de Dayton, releva le dé en suivant ces indications
Surtout dans la publicité. à la lettre ; mais il ne fut pas très convaincu du résultat. Il proposa alors une
Mister Clean 01 – ou encore Maestro Limpio (au Mexique), Don Limpio (en variante, en atténuant l’aspect « génie » et en limitant les boucles à une seule
Espagne), Mastro Lindo (en Italie), M. Proper (en Allemagne), Mister Proper dans l’oreille gauche… Le résultat plut à P&G.
(dans les pays de l’Est et au Moyen-Orient), Monsieur Net (au Canada) – est Un marin génie était né, en même temps qu’une icône mondiale de la pub-
apparu à Cincinnati à la fin des années 50, dans les laboratoires de produits licité dont les traits devaient se fixer durablement dans le temps. En 1958, la
nettoyants Procter & Gamble (P&G). À cette époque, le préfixe « Mister » première apparition sur affiche de M. Clean dévoila un homme grand, fort
était très en vogue pour caractériser un talent ou un trait de personnalité, tels et souriant, caricature de l’homme de ménage idéal 02 pour lequel récurer la
que « M. Muscle », « M. Baseball », voire « M. Republican », et son utilisation maison de la cave au grenier peut sembler aussi simple que de briquer le pont
pour décrire un produit capable de nettoyer n’importe quelle surface a surgi d’un navire, ou de formuler un vœu.

Kiblind N°46 - Découvrez plus d’articles sur : www.kiblind.com ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 99

02 encore aujourd’hui inséparable du personnage, bien que revisité dans toutes
les langues : « M. Clean gets rid of dirt and grime and grease in just a minute ».
« MR. PROPRE REND TOUT SI PROPRE, Chose étonnante pour une première mise en mouvement, le M. Clean de Cad-
QUE L’ON PEUT S—E VOIR DEDANS » den a délaissé sa tenue blanche pour lui préférer un costume noir : incarné par
le comédien House Peters Jr. 03 , c’est en véritable représentant de commerce
Le résultat commercial fut à la hauteur des ambitions de communication et qu’il vient vanter les mérites de son produit à une ménagère fatiguée. Sans
dès la première année M. Clean rafla 14 % de parts de marché aux États-Unis. pour autant avoir ôté sa boucle d’oreille ! L’effet est immédiat. Et en six mois
Évidemment, P&G ne s’arrêta pas à ce succès et s’intéressa à un medium par- M. Clean devient le favori des ménagères. Mr. Propre arrive en France en
ticulièrement efficace pour rentrer dans les foyers américains : la télévision. 1966 04 . Face à lui, un concurrent de taille : Ajax.
Thomas Scott Cadden fut le premier réalisateur à donner vie à M. Clean sur
le petit écran. Il est aussi l’auteur de la musique et du jingle entêtant qui reste

100 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017


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