J’ai rêvé qu’Edvard Munch dEssinait la JocondE
GillEs richard & FaBricE Zoll (lEs richEs douaniErs)
En couverture: « J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°54 » (détail)
Encre de chine et encre argentée sur papier - 152 x 200 cm - 2013
cet ouvrage édité par EsoX lucius a été réalisé à l’occasion de l’exposition personnelle des riches douaniers « J’ai rêvé
qu’Edvard Munch dessinait la Joconde », présentée à la clayette par EsoX lucius de juillet à septembre 2014.
Photographies et conception graphique : les riches douaniers
EsoX lucius remercie pour cette exposition la drac Bourgogne, le conseil régional de Bourgogne, le conseil Général de
saône et loire et la Banque Populaire Bourgogne Franche comté.
EsoX lucius remercie particulièrement les riches douaniers, Fabian stech, Eric laniol, Jehanne lazaj, Jean-Paul Guy, laura
Burdin, ludovic Guériaud, louis Jugnet, anne Plassard et Jean denis aznard.
« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde »
Encre de chine et encre argentée sur toile - 80 x 50 cm - 2014
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J’ai rêvé qu’Edward Munch dessinait la Mona Lisa
« Il sole non si move »
Leonardo da Vinci
« voilà quatre siècles bientôt que Mona lisa fait perdre la tête à tous ceux qui parlent d’elle, après
l’avoir longtemps regardée »1. Freud cite cette phrase dans son livre sur léonard de vinci considérant
qu’aucune interprétation du sourire de Mona lisa n’est satisfaisante. il en donne sa propre interpréta-
tion : on peut lire dans ce sourire l’amour charnel et fusionnel que la mère de léonard de vinci lui pro-
cura dès le plus jeune âge et du blocage que cela a engendré. ce qui aurait finalement déclenché sa
vocation de peintre.
après Freud et tant d’autres, Mona lisa fait perdre la tête aux riches douaniers ; ils rêvent qu’Edward
Munch la dessine. d’où vient ce rêve ? se projette-t-il vraiment dans la tête de Gilles richard et Fabrice
Zoll comme dans une salle cinématographique ? ou guide-t-il leurs mains ? le spectateur est-il hypnotisé
quand il suit les traces de l’encre de chine sur le papier ? le rêve est-il issu de la machine à l’aide de la-
quelle le modèle de Mona lisa est transformé ? la plume peut-elle rêver ?
dessiner semble pour les riches douaniers une sorte d’acte magique. les artistes se projettent par cet
acte social dans le monde. chaque dessin devient un agent social qui crée un lien entre l'artiste et son
public. il sort du champ de l’interprétation des artistes qui ne souhaitent pas pasticher le plus célèbre
sourire et du spectateur qui n’est plus obligé d’inventer une histoire pour le comprendre. ainsi, ces
dessins dans leur autonomie, ne nous livrent pas de réponses à la question : qui rêve ? ils créent une
réalité sur le papier.
l’acte de dessiner est pour les riches douaniers, dans la continuité de leurs prédécesseurs, un acte
manuel et un acte machinal. léonard de vinci a décrit et certainement utilisé la camera obscura2 et Ed-
ward Munch réalisait souvent ses toiles en de multiples variations, d’après ses propres photographies.
traités à l’ordinateur, les lignes du motif de léonard de vinci sont extraites du modèle comme dans
une broyeuse. Projetée dans la pénombre sur un support, l’action de dessiner devient pour les riches
douaniers un acte d’écriture semi-automatique entre liberté de l’individu et déterminisme de la ma-
chine. le dessinateur, machine libre, donne-t-il dans ce processus une aura à l’image technique, trait
après trait, coulure après coulure ? léonard de vinci mettait en garde, dans ses traités, contre un
contour entourant la forme3. l’historien d’art heinrich Wölfflin affirme que le style de léonard de vinci
était cependant relativement linéaire, s’adressant d’abord au sens tactile4. Pour lui, le style pictural a
tendance à uniformiser l’image qui se perçoit dans sa totalité à une distance donnée. Pour le style li-
néaire, c’est l’inverse : il y a différentes distances de perception de l’image et de ses détails. Wölfflin
défend le style linéaire et l’image tactile contre une perception purement optique qui ne serait qu’une
possibilité de voir le monde.5 En ce sens, le travail des riches douaniers traverse la frontière donnée
par l’analyse formaliste d’heinrich Wölfflin. uniquement constitués par des traits, leurs dessins n’en
sont pas moins picturaux. la ligne construit l’espace du dessin comme une peinture. le regard n’analyse
pas l’image d’une manière tactile en longeant les contours mais il perçoit une unité. les dessins des
riches douaniers se regardent de loin, une vue de près révèle des détails mais ne donne pas d’infor-
mations supplémentaires. c’est comme dans un rêve, plus le spectateur regarde leurs dessins pour les
analyser, plus ils lui font perdre la tête.
dr. Fabian stech
Kunstforum international
1 : sigmund Freud, Eine Kindheitserinnerung des leonardo da vinci. dans: studienausgabe tome X. p. 133. Freud cite en
français a.Gruyer d’après Woldemar von seidlitz, leonardo da vinci, Berlin 1909.
2 : la description de la camera obscura dans son codex atlanticus est une première pour un artiste de la renaissance.
3 : voir: léonard de vinci, traité de la peinture. traduit et présenté par andré chastel. Paris 1987. 83 c.u. 46 r.- v.
4 : heinrich Wölfflin, Kunstgeschichtliche Grundbegriffe, München 1915. p. 34 et p. 45.
5 : idem, p. 33.
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°54 »
152 x 200 cm - Encre de chine et encre argentée sur papier - 2013
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J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde
ou quand de fortunés employés des douanes (richard et Zoll) font leur Au trot pour trait et le signent Edvard da vinci
il semblait logique que les riches douaniers (richard & Zoll) s’emparent un jour de la Joconde (en un
rapt de plus, elle qui déjà en connut de retentissants par le passé), objet de tous les fantasmes, de
toutes les digressions, et de tous les artefacts marchands imaginables.
En tant que passeurs avisés d’une histoire jamais figée, les deux compères savent que léonard lui-
même est sans doute à l’origine de l’énigme de cette œuvre désormais bunkerisée : « Pas la moindre al-
lusion à cette peinture, ou à son éventuel commanditaire, dans tous les écrits de l’artiste ; pas même un
dessin préparatoire dans ses cartons. Force est de reconnaître que le mystère reste intact. A vrai dire, le
brouillard épais qui pèse sur sa genèse convient à merveille à la sibylline Joconde. Léonard emploie le sfu-
mato aussi bien en peinture que dans ses écrits et dans la façon qu’il a d’obscurcir à volonté, dirait-on, cer-
taines circonstances de sa vie ; il déroule derrière lui un voile de fumée ; c’est là son style, sa manière – son
tour d’esprit »1. Entretenir le doute aura pour conséquence d’autoriser les plasticiens à s’emparer de
l’icône pour en faire une sorte de mètre-étalon factice de la réception artistique aujourd’hui, paradigme
intranquille et constamment mis à mal, notamment par les angoisses pathologiques d’un Edvard Munch
lui-aussi parodié dans sa touche visqueuse et anxiogène.
Pour un duo il semblait tout aussi logique de convoquer une œuvre dans le sillage inconvenant d’une
autre, telle une citation biaisée, un dialogue impossible, un croisement involontaire, une hybridation
contre nature.
on remarquera qu’il s’agit bien de mettre en forme une sorte de relecture trans-historique par l’exclu-
sive du trait, je dirai même d’établir la correspondance par une constante autopsie linéaire, ce qui im-
plique aussi les traits les plus grossiers, c’est à dire entendus comme des gestes contraires à la
bienséance, rudimentaires et par là-même actifs et efficients.
car si le trait est ce qui, dans le langage courant, permet de distinguer, de caractériser (il est alors ré-
vélateur et significatif), en tant que modalité graphique immédiate il permet à l’inverse d’éviter une
clarification trop évidente des données, et d’échapper ainsi à un message univoque.
la trace implique donc un rapport paradoxal de désignation et de mise à distance, rappelant l’évocation
première d’une forme comme sa potentielle esquive – et c’est bien ce qui, de la vanité crânienne à
Mona lisa, de l’image surmédiatisée à sa disparition tendue, se joue dans les dessins et peintures des-
sinées des riches douaniers.
les enchevêtrements de touches linéaires obscurcissent autant qu’elles révèlent l’image, dans certains
dessins la ligne se fait liane, si bien que l’on ne sait si c’est cette dernière qui façonne le portrait ou si
c’est le portrait qui sert de soutien à la croissance quasi-biologique de ce que l’on peut par moment
qualifier de filins, de nervures, voire de veinules. on peut alors à cet égard se souvenir de toute l’an-
goisse organique métaphorisée dans les toiles du peintre norvégien, où une vigne vierge comme une
chevelure2 peuvent de manière égale se transformer en un corps sanguin et souffrant par l’usage li-
quoreux de serpentins picturaux : « La touche, en s’allongeant, devient veine, rigole, drain »3.
les douaniers semblent, en bons contrôleurs de l’histoire, avoir autorisé le trait dramaturge à permet-
tre le passage, presque fortuitement, en filigrane, d’une représentation à l’autre, moteur d’un glisse-
ment sans cesse opéré entre le réel et ses doubles, bruissement constant d’une palpitation d’image
possible, à moins qu’il ne s’agisse des derniers soubresauts d’une croyance en l’aura des œuvres convo-
quées.
il fallait bien un trait spectral4, sondeur et résistant, pour rendre possible le rêve, autant dire l’utopie,
d’une rencontre par-delà les époques – à travers les frontières diraient les douaniers - entre deux ar-
tistes majeurs que tout semble a priori opposer : équilibre des compositions contre frontalité et déca-
lages assumés, jeu subtil des lumières contre une obscurité aussi pesante que récurrente,
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adoucissement des contours contre touches de couleurs salies, chargées, pâteuses, délicatesse des
nuances contre traînées pigmentaires volontairement inabouties, sujets en dialogues émouvants contre
motifs angoissés et morbides.
Etymologiquement, il est intéressant de rappeler que le trait est d’abord l’action d’envoyer, un geste
entraînant une traction, en un mot un projectile. or c’est bien de ce vif mouvement de projection qu’il
est question dans les dessins des riches douaniers, pulsions d’apparitions sommaires et intempestives
qui croisent – entre autres après celles de van Gogh, de Goya ou de courbet5 - les figures de vinci et de
Munch.
conventionnellement ancrées dans l’histoire, ces références tutélaires sont rendues à l’animation la
plus soudaine, que celles-ci soit réduites à une seule ligne (le Tableau sisyphéen, 2014), ou littéralement
bousculées à grands traits. c’est un peu comme si les réverbérations convulsives du Cri de 1893 s’étaient
invitées dans la perspective atmosphérique du tableau de vinci, et avaient fait fuir toutes les sensibles
attaches au réel imagé : giclures, jets, biffures, scories, sismographies glissantes sur fonds d’aluminium
ou d’argent sont autant d’imprécisions voulues qui constituent alors abruptement le souvenir décharné
- mais pas encore désincarné – de l’icône la plus connue de l’histoire artistique. Munch disait vouloir
transcrire le « réalisme de l’âme »6, et frappait ses figures comme ses paysages de déliquescences infi-
nies. les douaniers paraissent hériter de ce souci résiduel à l’heure du « virtualisme du corps », entéri-
nant la Joconde comme être numérique, entre résolution et dissolution, déclinant les fragiles et graciles
squelettes de la mémoire visuelle.
Eric laniol, mai 2014
Ecrivain, critique d’art et enseignant-chercheur en arts plastiques à l'université Marc Bloch de strasbourg
1 : serge Bramly, Léonard De Vinci, Editions J.c. lattès, 1988, p.399
2 : dans la Vigne vierge, 1898 (120x120cm) et dans Vampire la même année (86x68cm) par exemple
3 : Jean clay, De l’impressionnisme à l’art moderne, hachette réalités, 1975, p.103
4 : on rappellera ici que les riches douaniers fonctionnent à partir d’une image codée dont l’analyse spectrale définit les li-
mites et contours, ce qui leur permet, par succession de calques, de décliner à l’envi la référence choisie
5 : voir à ce sujet le site des artistes : www.lesrichesdouaniers.org
6 : Jean clay, op.cit., p.103
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vue de l’exposition « J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde »
Esox lucius - la clayette (71)
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°19 »
152 x 200 cm - Encre de chine et encre argentée sur papier - 2013
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°50 »
152 x 200 cm - Encre de chine, encre argentée et aquarelle sur papier - 2013
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°49 »
152 x 200 cm - Encre de chine, encre argentée et aquarelle sur papier - 2014
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°49 » (détail)
152 x 200 cm - Encre de chine, encre argentée et aquarelle sur papier - 2014
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De gribouillis en bouillie grise
ou la clairvoyance du trait
Mieux vaut un livre monstrueux
qu'une vie monstrueuse. L'art est
chose pénible, fastidieuse, épuisante.
Henry Miller, Sexus.
si la Joconde n'est qu'un prétexte à la reconnaissance des traits, ceux-ci justement, restent le
sujet de l’œuvre des riches douaniers. quelle que soit leur technique d'apparition, numérique par
l'étude spectrale (p.35) tout d'abord ou manuelle ensuite, les lignes dessinées, sinueuses et de prime
abord, si informelles, formalisent et façonnent pourtant, lorsqu’elles sont envisagées dans leur globa-
lité, le visage, le bras, le corps, soit l'humain ou le dieu incarné par la chair, fait de veines et d'os.
avec les riches douaniers, le geste est là, sous nos yeux, presque pénible car trop évident. le trait est
son expression. l'abstraction devient formelle, à son corps défendant, happée par un clair-obscur qui
impose les repères d'un motif connu, si connu, la Joconde. les coulures de l'encre de chine, consé-
quences d'une fluidité choisie, ne sont que les larmes de cette femme au sourire énigmatique. Et si
Mona lisa pleurait... ces coulures, finalement, forêt du dessin, qui se font touffues ou discrètes selon
l'inspiration de la main, rappellent les dripping de Jackson Pollock, soit la libération créatrice d'après-
guerre, la libération maîtrisée de tous les possibles. l'artiste ou, ici, l'association d'artistes, creuset du
défouloir de ses contemporains, redevient artisan, maître de la matière ondoyante par le trait, binaire
par la ligne noire sur fond blanc ou coloré. Et, lorsque la dramatisation est à son comble, le crâne ap-
paraît (p.16, 23, etc). la limite est atteinte. comme elle se couche alors sur la toile, elle s'agrippe éga-
lement au tissu ; de fil d'or en broderie, elle court sur la nappe (p.31). la farandole des danses macabres
du Xve siècle prend alors vie dans l'exposition, grâce aux doigts de la femme à l'aiguille.
si les thèmes du combat et de l'errance voire de la quête de sens étaient centraux dès les premiers tra-
vaux des riches douaniers, à travers les jeux vidéo triturés, détournés, scénarisés, ceux-ci s'incarnent
aujourd'hui dans l'action elle-même des créateurs. le combat se joue maintenant avec la toile, la surface
picturale. l'errance est celle d'un geste, en passe de devenir lucide. la quête de sens n'est elle aussi
qu'une tentative réussie d'inscription d'une création contemporaine efficace, dans une histoire plus
large voire élargie, à travers la pratique ancestrale du dessin ou de l'encre de chine. le trait des riches
douaniers, expression artistique réduite à son plus simple énoncé, devient manifeste car clairvoyant.
les maîtres anciens, dont la renaissance a libéré la force, s’échinaient à esquisser sur de petits vélins
ou cansons, en concentrant en quelques filins dynamiques mus par une force centripète, une esthé-
tique, un motif, une histoire... Parfois sur la toile, sous-jacent à l’œuvre finale, le dessin se libérait du
carcan de la feuille, tout en se laissant emprisonner ensuite, par la peinture. les riches douaniers, à
travers la main habile et folle de Gilles richard, pulvérisent ces codes, tout en s'inscrivant dans une
même énergie, mais centrifuge cette fois. l’œuvre déborde de ses contours pour occuper l'espace phy-
sique, mental et rétinien. Elle ne concentre plus, elle déconcentre. le changement d'échelle et de tech-
nique libère la pulsion. léonard n'a qu'à bien se tenir, Munch a bel et bien ingéré son œuvre pour la
régurgiter dans un Cri, à la fois muet et assourdissant. Bref résumé d'une histoire de l'art en tension
face au génie. l'art n'a donc pas perdu le sens de l'histoire comme l'affirmait Gilles richard, il y a
quelques années, car grâce à lui, il l'a désormais retrouvé.
Jehanne lazaj, conservateur du patrimoine, inspectrice des collections au Mobilier national
30/04/2015
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°58 »
152 x 200 cm - Encre de chine, encre argentée et aquarelle sur papier - 2014
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tremblement, énergie, destruction, coulure, rature, retour ;
les yeux me fixent dans l’obscurité du désordre.
tremblement, regard, absence de lumière, éblouissement,
désordre de l’obscurité.
le dessin dégouline de mes doigts, le rêve s’en va, Edvard
Munch me regarde, et Mona lisa pleure.
J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde.
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°3 »
152 x 200 cm - Encre de chine et aquarelle sur papier - 2013
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°21 »
152 x 200 cm - Encre de chine et aquarelle sur papier - 2014
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°21 » (détail)
152 x 200 cm - Encre de chine et aquarelle sur papier - 2014
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde - Mona lisa is not Black » - vitrine sur rue - 10 x 2 m - 2014
Esox lucius - la clayette (71)
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°67 »
152 x 200 cm - Encre de chine et aquarelle sur papier - 2014
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°66 »
152 x 200 cm - Encre de chine et aquarelle sur papier - 2014
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°65 »
152 x 200 cm - Encre de chine et aquarelle sur papier - 2014
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°65 » (détail)
152 x 200 cm - Encre de chine et aquarelle sur papier - 2014
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vue de l’exposition « J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde », Esox lucius - la clayette (71)
Premier plan : « Edvard Munch n°1 »
100 x 70 cm - Graphite et aquarelle sur papier - 2014
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« Edvard Munch n°2 »
100 x 70 cm - Graphite et aquarelle sur papier - 2014
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°79 »
150 x 150 cm - acrylique et encre de chine sur toile - 2013
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°79 » (détail)
150 x 150 cm - acrylique et encre de chine sur toile - 2013
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°78 »
150 x 150 cm - acrylique et encre de chine sur toile - 2013
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« J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde n°78 » (détail)
150 x 150 cm - acrylique et encre de chine sur toile - 2013
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installation « la mort est un regard singulier et l’oubli est une vérité de l’homme », 2013-2014
43 crânes sur calque - 21 x 29,7 cm chaque
soie brodée au fil d’or - 200 cm de diamètre
lys blancs
Esox lucius - la clayette (71)
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« la parole du crâne » (détails)
43 dessins sur papier calque (21 x 29,7 cm par dessin) - 2013
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« la parole du crâne » (détails)
43 dessins sur papier calque (21 x 29,7 cm par dessin) - 2013
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NOTE HISTORIQUE SUR LES TABLEAUX ET DESSINS
les riches douaniers ont d’abord réalisé des tableaux à la tablette graphique en utilisant les études
spectrales du sujet (comme la « Joconde à étude spectrale », reproduite ci-contre). Puis, à partir de ces
études, ils ont tiré des traits de construction, ont extrait des lignes, la ligne étant la préoccupation
constante des travaux des riches douaniers, tant dans les films (p.54) que dans les œuvres statiques.
ils ont réalisé tout d’abord de grandes peintures dessinées. ils traçaient la ligne, argentée ou dorée,
sur fond monochrome le plus souvent noir ou rouge. l’étude spectrale disparaissait devant une exé-
cution manuelle, fragile, rapide, tremblée et poétique. avec ce système, ils ont surtout réalisé des pièces
sur le monde du jeu vidéo (p.38 et 39), mais aussi du cinéma (p.37) et sur les grands mythes.
Puis ils ont réalisé de grands dessins à l’encre de chine et aquarelle (p.40 à 43). si l’étude spectrale
existe, elle n’est plus là que préliminaire. Elle n’est plus modèle mais s’est installée comme une nouvelle
manière de regarder le sujet, sans même l’assistance de l’ordinateur. Et ce système numérique, com-
plètement digéré, permet de remplacer la représentation classique du dessin (ombres et lumières). de
plus l’exécution devient complètement libre. ici, l’exécutant (Gilles richard) travaille dans une sorte
de demi-obscurité, ne regardant plus l’effet du trait qu’il trace, son esthétisme, son impact sur la re-
présentation, mais lui imprime une expression. c’est cette qualité d’oublier le sujet qu’on retrouve dans
les esquisses rapides de Fragonard ou delacroix. ici l’expression fabrique l’œuvre, échappe à la forme
et emprunte les chemins de la présence, au-delà de sa représentation. l’œuvre perd l’anecdote tem-
porelle pour s’inscrire dans un temps historique et se révèle une grande œuvre. les riches douaniers
inventent ainsi une nouvelle déconstruction de la forme, installant des promenades dans l’arabesque
révélatrice de sens. la répétition du sujet crée d’impressionnantes séries, comme la série « J’ai rêvé
qu’Edvard Munch dessinait la Joconde », et vient surligner la différence et la liberté du dessin.
les sujets traités sont aussi bien le monde des jeux vidéo que les grands mythes, comme dans l’expo-
sition « J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde ». les héros virtuels 3d désincarnés des jeux,
comme celui de Gta (Grand theft auto), prennent vie dans leurs œuvres dessinées et deviennent cou-
sins des héros de Goya (p.44-45). sur leurs dessins, ils inscrivent le plus souvent la phrase qui est prélude
à l’exécution, comme « J’ai rêvé qu’Edvard Munch dessinait la Joconde » ou dans la série de dessins
sur le film « the hustler » (p.43). ils y reproduisent Paul newman et inscrivent l’une de ses dernières
phrases du film, qui en détermine tout le sens, dans une interrogation philosophique : « she lived and
she died ».
ils intègrent aussi leurs œuvres graphiques dans des installations, comme dans l’exposition « the hus-
tler » : autour de deux billards se trouvaient des peintures dessinées et un dessin. dans l’exposition
pour Esox lucius à la clayette, au centre d’une pièce, se trouvait une table ronde recouverte de soie
brodée de crânes au fil d’or, et sur les murs, 43 crânes dessinés sur calque (p.32-33). l’énergie des
crânes dessinés se répercute sur les crânes brodés, tout en créant une atmosphère de silence dans l’es-
pace d’exposition.
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« Joconde à étude spectrale »
144 x 152 cm - 9 élements - Encre ultrachrome sur papier - 2009
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« death is not defeat 3 »
130 x 195 cm - acrylique et encre argentée sur toile - 2011
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« Metropolis »
130 x 195 cm - acrylique et encre argentée sur toile - 2011
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« Gta Elizabeta »
195 x 130 cm - acrylique et encre argentée sur toile - 2011
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« Gta dimitri »
195 x 130 cm - acrylique et encre argentée sur toile - 2012
39
« vlad 1 »
152 x 200 cm - Encre de chine sur papier - 2013
40
« deimos »
210 x 150 cm - Encre de chine sur papier - 2012
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« courbet n°1 », détail d’une série de 7
150 x 150 cm - Encre de chine sur papier - 2012
42
« she lived and she died n°6 », détail d’une série de 7
150 x 150 cm - Encre de chine sur papier - 2012
43
« vlad 4 »
100 x 150 cm - Encre de chine sur papier - 2013
44
« Goya 4 »
200 x 133 cm - Encre de chine sur papier - 2013
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la main du dessin est celle de la caresse,
mais elle peut s’enivrer de violence et devenir celle de l’assassin.
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« the Battle of the dreamer »
100 x 130 cm - Encre de chine sur papier - 2015
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« tuer ou mourir »
100 x 150 cm - Encre de chine sur papier - 2015
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