בס"ד
Pour notre Mamine
Juillet 2009
אב תשס"ט
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בס"ד
Souvenirs, souvenirs...
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Mémoires de Mamine
INTRODUCTION Strasbourg où elle avait réservé une chambre.
Toutefois, pressée de voir le jour, je me suis
"Il était une fois …" manifestée un samedi soir, juste après la fin
C'est à la demande expresse de certains de mes de Shabbat, ne laissant pas à mes parents le
"descendants" que je livre ces quelques notes et temps de se rendre à Strasbourg … première
réflexions sur mon passé. désillusion liée à ma personne …
A vrai dire, j'avais tenu mon "journal" (comme Trêve de plaisanterie : j'ai vécu une enfance
beaucoup de jeunes filles de mon âge, à heureuse à Bouxwiller jusqu'à la déclaration de
l'époque) : j'y mêlais des faits réels "historiques" la guerre.
(je l'ai débuté en 1940, pendant la guerre) et J'allais au collège jusqu'à la 8e (cours moyen
des commentaires personnels, intimes, sur ma 1). J'étais une très bonne élève … mais déjà,
vie, mes pensées, mes amis, ma famille, mes paraît-il, trop bavarde. J'avais deux amies de
espoirs, mes illusions. C'est cette partie de mes "cœur" : Doris Hild et Liesel Meyer, des années
"écrits", mélangée au récit de faits avérés, que d'enfance dont il ne reste rien, bien entendu.
j'ai sciemment détruite d'une part par pudeur, J'étais bien dans ma peau, j'avais des parents
hésitant à montrer mes pensées intimes à aimants, qui nous ont donné, à Prosper et à moi,
autrui, d'autre part par peur de la réaction de tout leur amour et leur attention, nous montrant
mes descendants qui, j'imaginais, se seraient l'exemple d'une vie de famille et de travail, nous
moqués de moi … non pas que j'aie fait ou gâtant raisonnablement : bref, une vie normale.
pensé des choses répréhensibles mais chacun L'été, nous partions en vacances dans des hôtels
a droit à son univers secret, sans faire l'objet de cacher (en Suisse, en Belgique, en Hollande, en
commentaires qui méconnaîtraient - forcément Angleterre).
- la personnalité du rédacteur. Nous habitions une très belle maison (une
A présent, avec le recul, je ne relaterai que les plaque "historique" y est d'ailleurs toujours
faits importants de mon parcours (à près de apposée), avions une grande cour, un grand
80 ans, les détails peuvent m'échapper ou me jardin, outre deux bâtiments à deux étages et
paraître insignifiants). trois étages pour mon père (alimentation en
Si la lecture en devient ennuyeuse, qu'on brûle gros, import-export), une voiture (mon père était
à nouveau ces feuillets qui, je le répète, ne sont le 2e propriétaire d'une auto après le médecin
que l'expression d'une demande qui m'a été local, le Dr Hoeffel).
faite. Bref, j'ai eu une enfance heureuse et normale.
***
MON ENFANCE A BOUXWILLER Sur le plan religieux, nous avions des cours de
1928 -1940 "religion" les dimanches et jeudis matins à la
"Choule", très beau bâtiment qui existe encore
Je suis née le 9 juin 1928 à Bouxwiller. dans la Grand' Rue. Notre professeur était le
Il semblerait que le moment que j'ai choisi pour rabbin Max Guggenheim, père de feu Ernest
entrer dans ce monde a provoqué une première Guggenheim et beau-père de Claudie Dalsace.
déception chez ma mère : elle projetait, comme Nous achetions de la viande cacher tous les
pour la naissance de Prosper mon frère,
d'accoucher dans une clinique privée juive à
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jeudis après-midis, sous stricte surveillance, En ce qui concerne mes grands-parents
chez un boucher local. maternels, Abraham et Serette Gottlieb, ils
Nous avions notre Souccah personnelle. habitaient dans une maison, en haut de la
Bref,nousvivionspleinementnotrejudaïsme(tout Grand' Rue : lui était très strict et austère, elle
le judaïsme alsacien était très vivace) et quant très gaie et extravertie. J'ai su, par la suite, qu'il
à moi, je n'ai jamais souffert de l'antisémitisme y avait eu des problèmes lors de leur mariage
(j'étais très jeune et inconsciente). Par contre, : lui, simple Hazan, elle, fille du président de
mon frère se rappelle des insultes classiques la communauté, sont partis se marier … en
proférées, notamment de "Judenschtinker" (Juif Amérique. Ils se marièrent, eurent trois enfants
puant) et autres. J'ajoute, pour être complète (ma mère, Robert et Noé) et furent un couple
dans ce domaine, que la majorité de la population exemplaire.
était protestante. Bref, j'avais une enfance heureuse. J'étais liée
*** avec mes cousins (surtout Gilbert Weil, un
Sur le plan matériel, nous avions une bonne, peu moins avec sa sœur Colette, enfants de
outre une femme qui venait une fois par semaine Germaine et Maurice Weil, ce dernier étant le
faire la lessive dans notre "buanderie". demi-frère de papa, né d'un second mariage).
Ma grand-mère paternelle, qui habitait le rez- Il y avait également Léandre, Simon et Routh,
de-chaussée de notre maison, était tout à fait orphelins de père et de mère, enfants d'un
indépendante, avec sa propre bonne, mais nous demi-frère de papa, rabbin de son vivant. Ils ont
prenions les repas de Shabbat et fêtes ensemble été élevés à Strasbourg par leur grand-mère et
chez nous. leur oncle Joseph Weil. Et enfin, Pierrot (Pierre
A ce propos, j'ajoute que nous avions deux Weil), fils d'un autre demi-frère de papa, Simon
salles à manger, l'une pour les jours "ouvrables", Weil, magistrat à Strasbourg, et de Emma,
l'autre pour le Shabbat. convertie au judaïsme.
*** Tous ces cousins venaient à Bouxwiller pour
Un an ou deux avant la guerre, notre grand- les vacances: c'était la "Fête" et j'en ai gardé de
mère paternelle est tombée malade (paralysie) merveilleux souvenirs.
et maman l'a soignée. De mon grand-père, En résumé, je garde des ces premières 12
décédé quand j'étais toute petite, je n'ai qu'un années de ma vie le souvenir d'une famille
seul souvenir : des petites pastilles de menthe NORMALE, ayant une vie juive NORMALE, une
qu'il sortait d'une poche de son gilet. instruction et une éducation NORMALES. Bref,
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pour résumer, R.A.S. ne puis, depuis ce jour, manger des choux-fleurs
Cela a pris fin en 1939, au moment de la ou de la mousse au chocolat sans penser à
déclaration de guerre, et surtout en 1940, date ces mets que nous n'avions pas eu le temps de
de notre expulsion (et de celle de tous les Juifs consommer), deux soldats allemands sont venus
d'Alsace) par les Allemands. nous enjoindre de nous trouver une demi-heure
après devant la mairie avec "des provisions
L'EXPULSION pour trois jours" et une somme d'argent ne
pouvant excéder 5000 F. par personne et 2500
Les troupes allemandes approchant de l'Alsace, F. par enfant, sous peine d'être immédiatement
mes parents, comme des centaines d'autres fusillés.
personnes, décidèrent de quitter Bouxwiller. Ils Mon père n'a pu participer aux préparatifs,
envisageaient de rejoindre mes oncle et tante, devant expliquer le fonctionnement de la voiture
Robert Gottlieb, réfugiés à la Bourboule (Puy- aux Allemands; ma mère était terriblement
de-Dôme). affolée, envisageant même l'éventualité que
C'est ainsi qu'un dimanche matin, la voiture nous soyons fusillés; ma grand-mère Weil
de mes parents (une Juva) fut chargée, relevait d'une grave maladie et était paralysée
intérieurement et sur le toit, avec des bagages sur la moitié du corps, ce qui a fait dire à un
indispensables. Nous circulions avec d'autres soldat allemand qui pointait son arme sur elle :
voitures, à la queue leu-leu, en espérant "Vous voulez que je vous en débarrasse ?"
atteindre une zone non-occupée. Le soir, par Bref, c'est moi qui ai mis quelques provisions de
des informations diffusées sur les ondes, nous bouche dans ma valise (notamment des boites
comprenions tous que notre démarche était de conserves, lourdes … mais je n'avais que 12
vaine, les Allemands encerclant toute la région, ans!) et quelques vêtements.
et que nous serions pris comme des rats, où que Puis nous nous sommes rendus Place du
nous allions. Nous avons donc fait demi-tour, et Château, devant la Mairie, où nous attendait
sommes rentrés à Bouxwiller. une file de voitures militaires découvertes. Nous
Deux ou trois jours après, les Allemands ont, y avons tous pris place, et j'étais désespérée -
effectivement, fait leur entrée dans le patelin. en plus – par l'attitude d'un soldat allemand qui
Nous avons cohabité avec eux un mois repoussait à coups de pieds notre chien Bobby,
environ. Toutefois, chaque jour, des officiers qui tenait absolument à nous suivre (par la suite,
allemands sont venus chez mon père qui devait il fut adopté par le bijoutier Bleichert qui habitait
impérativement ravitailler l'armée, sous peine également notre rue).
de sanctions. Inutile de décrire ce que fut notre voyage vers
Puis, un lundi, alors que nous étions à table (je
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notre première nuit de captivité. Seul élément un petit coin à nous, formant un endroit
positif : ma grand-mère dit tout haut : "Nous "privé" avec nos bagages qui délimitaient notre
devrions remercier les Allemands de nous faire "demeure". J'ai le souvenir de cris perçants de
faire une si belle promenade". Même le soldat certains "prisonniers" qui étaient la proie de
qui nous accompagnait et qui pointait son fusil crises de nerfs.
sur nous a souri. Deux ou trois jours après, je ne me souviens
Nous sommes arrivés le soir dans un camp de plus exactement, nous fumes réunis dans la
concentration, à Schirmeck. Hommes et femmes cour de la "caserne" et on nous fit une étrange
furent cantonnés dans des baraquements proposition :
différents. Une fois de plus, ma grand-mère - soit nous acceptions d'être transférés à
Gottlieb a su détendre l'atmosphère en disant Paris (départ le jour même)
tout haut : "Toute ma vie, j'ai rêvé d'un lit à - soit nous attendions "quelques jours"
baldaquin et voilà qu'on me l'offre gratuitement!" et nous serons transférés de l'autre côté de la
(Il s'agissait d'une salle avec trois lits superposés ligne de démarcation (qui, je le rappelle, coupait
sur toute la surface). la France en deux : le Nord, occupé et le Sud,
J'ai omis de dire qu'à l'usine de mes parents, (provisoirement) libre.
j'avais glissé quelques billets de banque dans
des rouleaux métalliques de bonbons que Heureusement, mes parents ne sont pas tombés
j'avais mis dans ma poche. Toutefois, lorsque dans le piège et ont adopté la seconde option,
nous sommes arrivés à Schirmeck, on nous a ne voulant pas se précipiter "dans la gueule
fait mettre en rang, près d'une fosse septique, du loup". 24 heures ou 48 heures après (je ne
pour qu'il soit procédé à une fouille régulière me souviens plus), nous partîmes donc (tous
tendant à vérifier le montant des sommes ceux qui avaient choisi cette option), à pied, en
d'argent apportées. Ayant tous été menacés cortège, vers la liberté. En ce qui nous concerne,
d'être fusillés en cas d'excédent d'argent, j'ai vite il y avait, outre mes parents, Prosper et moi, nos
jeté les rouleaux contenant les billets excédents deux grands-mères, (Weil et Gottlieb).
dans la fosse. Après la fouille, j'ai récupéré mon
bien … au milieu des excréments. Après 8 km de marche dans la campagne
Nous sommes restés à Schirmeck trois jours, jurassienne, sous la garde de soldats allemands
puis, toujours dans les camions découverts, (qui menaçaient de leurs fusils les paysans qui
sous la menace des soldats armés, on nous a voulaient nous donner à boire), on nous libéra en
conduits dans un camp à Dole (Jura). On nous a pleine nature : c'était la ligne de démarcation.
"logés" dans un énorme bâtiment, (d'anciennes
écuries), et installés sur la paille. J'ai délimité Encore quelques centaines de mètres et nous
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trouvions une gare désaffectée avec des le premier trimestre. Je me souviens que les
voitures à bestiaux vides : tout le monde s'y autres élèves se moquaient de mon accent
ruait pour se reposer … à l'exception de maman alsacien prononcé.
et moi qui avons passé la nuit sur le ballast,
l'odeur de l'urine des bestiaux étant trop forte Nous vivotions comme nous pouvions mais
à l'intérieur. l'hiver approchait. Maman a eu l'idée géniale
de dire : "S'il faut être malheureux, autant l'être
Le lendemain, je ne me souviens plus avec dans un bel endroit", en suggérant de nous
quel moyen de locomotion nous nous sommes rendre sur la côte d'Azur où nous avions été en
rendus dans la ville la plus proche, Lons-le- vacances en 1936 !
Saulnier. Papa et moi sommes allés voir un des
fournisseurs de papa: le fabricant de fromage C'est ainsi que nous avons débarqué à Nice,
"La Vache sérieuse", pour lui demander de la trouvé dans une agence de la rue Pastorelli un
marchandise à vendre mais lui précisant qu'il appartement à louer au 12, avenue d'Anvers,
ne pourrait en encaisser le prix que lorsque le et que nous nous sommes installés pour des
fromage aurait été vendu. Le directeur de l'usine années … en tout cas, mes parents y restèrent
a ouvert son coffre-fort, proposant une aide jusqu'à leur décès.
financière que papa a refusée, se contentant
d'obtenir la livraison de fromages sans paiement NICE (décembre 1940 – 1945)
immédiat.
Nous voici donc à Nice, avenue d'Anvers. D'un
Puis nous sommes allés dans le Puy-de- côté de la rue, les immeubles dont le nôtre; de
Dôme avec les rares subsides que nous avions l'autre côté, des jardins potagers. LA LIBERTE.
emportés car mes oncle, tante et cousins Robert L'inscription de Prosper en 3e au lycée
Gottlieb étaient réfugiés à la Bourboule, ayant Masséna.
fui Paris lors de l'invasion par les Allemands. Mon inscription au Lycée de Jeunes Filles rue du
Maréchal Foch, en 5e. Début de la scolarité en
Nous y avons loué un petit appartement ; nous janvier 1941.
avons loué aussi une petite voiture à âne, et ***
avons fait le porte-à-porte des épiceries pour Avec l'aide d'anciens fournisseurs, papa reprend
vendre le fromage qui, bien entendu, était une une activité professionnelle.
marchandise rare en cette période de guerre. ***
Des offices "ashkénazes" sont programmés
Prosper et moi furent scolarisés à la Bourboule dans l'arrière-salle de la synagogue séfarade
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de la rue Deloye. - Au 3e étage du 16 avenue d'Anvers,
*** vivait une famille dont l'aîné des garçons (16
Je prends même des leçons de violon et Prosper ans) est allé sur le balcon (c'était au moment
fait du piano. des combats pour la Libération) : un soldat
Mais la guerre nous rattrape: les Allemands allemand l'a vu, du Boulevard de Cimiez, de la
envahissent la totalité de la France et comme station de bus, l'a visé et l'a tué. Personne de sa
beaucoup de personnes s'étaient réfugiées famille n'a même pu retirer le corps du balcon,
en zone sud, (encore libre), celle-ci devint une l'Allemand n'arrêtant pas de tirer.
vraie souricière … et les rafles de Juifs par les - Nous passions presque toutes les nuits,
Allemands devinrent très juteuses pours ces une ou deux heures, dans l'entrée de l'immeuble
derniers ! du 12 avenue d'Anvers, car toutes les nuits un
*** avion (surnommé Fantomas par la presse)
En ce qui nous concerne, notre existence à Nice bombardait l'aéroport, la gare SNCF, la Gare
et le fait d'avoir pu traverser cette période sans St Augustin, etc. Nous avons appris par la suite
avoir été arrêtés, tient du pur miracle. qu'il s'agissait d'un avion de la Résistance qui
Nous continuions notre scolarité: Prosper essayait de détruire des endroits stratégiques
était en 1e année de fac de Droit, avec un … mais les bombes sont aveugles et les civils
bibliothécaire milicien … mais qui ne l'a jamais "trinquaient" également.
dénoncé malgré l'apposition du nom de Weil - Le ravitaillement faisait totalement
dans l'entrée de la fac où sévissait comme défaut; heureusement, Ata avait pu avoir d'un
partout en France le "numerus clausus" : fournisseur une assez grande quantité de boites
"étudiant juif ayant le droit de faire des études : de flocons d'avoine très nourrissants pour des
P. Weil", et moi en seconde. enfants en pleine croissance (Prosper a d'ailleurs
Papa sortait rarement. Maman et moi faisions le fait une primo-infection du fait de la pénurie).
maximum de courses. Nous subissions, en outre, - J'allais en classe (en 2de) jusqu'au jour
d'incessantes alertes, les alliés bombardant où mon professeur de mathématiques (Melle
le port et les régions alentour. La résistance Grisotonir), qui habitait près de chez nous,
s'organisait. est venue rendre visite à mes parents, leur
*** conseillant de ne pas m'envoyer au lycée: la
Quelques "anecdotes" vécues : veille, en effet, la Gestapo est venue faire une
- En passant devant les Galeries Lafayette, rafle, en cherchant les "noms juifs" sur les
j'ai vu, pendus de part et d'autre de l'avenue Jean registres. Miracle: notre professeur de 15 à 17h
Médecin, à des réverbères, deux maquisards était absente; je suis donc rentrée plus tôt …
pris par les Allemands. Sinon, c'était la catastrophe.
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- La Gestapo avait son siège à l'Hôtel même 15-16 ans), je n'étais pas terrorisée
Hermitage et une annexe au coin de la rue (j'étais la seule de la famille à circuler librement
Villebois-Mareuil. Le facteur (qui était le leur et dans la ville, n'ayant pas le "type juif", et des
le nôtre) nous prévenait des allers-retours de nattes qui ont fait dire à un soldat dans le trolley,
ces "messieurs", nous exhortant à la prudence car je comprenais l'allemand, "elle ressemble à
… ou au soulagement quand ils s'absentaient. ma fille) car :
- Dans la villa derrière notre maison, a) j'avais une confiance aveugle en D.
avenue d'Alsace, les Allemands torturaient les b) la présence de mes parents (protecteurs)
maquisards qu'ils avaient arrêtés. me sécurisait.
- Notre concierge, qui habitait au 14 Le 15 juillet 1944, Nice fut libérée.
(Mme Meozzi) a reçu la visite de membres de la Le 8 mai 1945, ce fut l'armistice.
Gestapo, lui demandant s'il y avait des Juifs dans J'étais en 1e au lycée Calmette et je reçus de
trois immeubles où elle "officiait" (le 10, le 12 et Mme Patry, professeur principal, une lettre où
le 14). Elle a eu la présence d'esprit de répondre elle me demandait d'être l'interprète auprès de
: "Heureusement qu'il n'y a pas cette racaille ici mes coreligionnaires pour leur souhaiter une
!" alors qu'elle nous connaissait parfaitement. belle vie après la victoire, vantant mon courage
Je pourrais multiplier à l'infini les miracles dont et me citant en exemple (sic).
nous faisions l'objet et qui nous ont permis ***
de traverser cette horrible période indemnes. Résultat – ô combien futile – de la fin des
A la réflexion, je dois dire que nous étions hostilités : maman a consenti à me faire couper
souvent inconscients; nous ignorions d'ailleurs les tresses que je portais toujours; elle m'avait
la réalité des camps de concentration, pensant promis que ce serait fait à la fin de la guerre.
qu'il s'agissait de camps de travail. Papa nous Ce fut fait le premier jour après la Libération
disait souvent : "Si nous sommes pris par les (je les ai toujours dans du papier "sulfurisé", en
Allemands, il faudra travailler dans les camps et souvenir de mon enfance!)
nous nous retrouverons à la fin de la guerre". ***
Courage, ignorance, inconscience ? Un peu des LES ANNEES D'INSOUCIANCE : DE LA
trois. LIBERATION AU MARIAGE
*** 1944-1949
En ce qui me concerne, malgré l'horreur de la La vie a repris son cours normal. Prosper était en
situation, malgré la perspective de la possibilité Faculté de Droit. Après le bac, je me suis inscrite
d'une déportation, malgré tous les dangers et en Faculté de Lettres, Prosper me déconseillant
toutes les menaces qui pesaient sur nous et dont le droit "trop ennuyeux" (sic).
j'avais pleinement conscience (j'avais quand ***
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Nous faisions partie, tous les deux, d'un dimanche, du tennis en semaine, bref, nous
mouvement de jeunesse, le MJS (mouvement menions une vie normale de jeunes de notre
de la Jeunesse Sioniste) dont Prosper était le âge. Après ces années de danger permanent,
président. de risques continus, nous profitions de notre
*** jeunesse: études et distractions.
Petite anecdote amusante: il y avait, à l'époque, ***
à Nice un autre mouvement, la JIN (Jeunesse Sur le plan personnel, Roland et moi avons
Israélite de Nice) présidé par Roland Dana- décidé d'unir nos vies : fiançailles au printemps
Picard. 1949, mariage le 5 octobre 1949 à la Mairie de
Les deux présidents ayant trouvé qu'il aurait été Nice (Me Cotta, avocat, nous a mariés) et le 6
préférable de n'avoir qu'un seul mouvement de octobre 1949 à la synagogue de la rue Deloye
jeunesse, ils se sont réunis dans le local d'une par le Rabbin Scialtiel.
des associations, Bd Clémenceau. Cela m'aurait Puis il y a eu la naissance de nos trois enfants :
intéressé d'assister à la réunion mais mon Marc le 19 mars 1951
frère a trouvé que je n'avais rien à y faire. Par Thierry le 6 mai 1954
vengeance, avec deux amis, j'ai entassé devant Frédérique le 12 juillet 1957.
la salle où se trouvaient les présidents des deux Prosper a épousé une étudiante en droit qu'il a
mouvements (Prosper et Roland) nombre de connue à la Faculté : Viviane Alfandari. Ils ont
chaises, les empêchant de sortir … eu deux enfants : Lydie et Philippe.
Ce fut mon premier "contact" avec Roland … ***
qui s'amusa beaucoup de ma détermination à Nos descendants connaissant notre parcours
arriver à mes fins ! de leur naissance à ce jour, je leur laisse le soin
*** de continuer la saga familiale s'ils le souhaitent.
Par la suite, les deux mouvements de jeunesse
ont fusionné, sous la présidence de Roland,
sous le nom de la JIN.
Nous avions des cercles d'études tous les
mercredis soirs dans une salle de l'hôtel
Excelsior d'abord (l'hôtel d'où partaient les
personnes arrêtées par la Gestapo : curieuse
coïncidence), puis au 15, avenue de la Victoire,
dans un autre local.
Nous faisions également des excursions le
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Mamine L'avocate
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Les Enfants
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Chère Mamine,
Quelques points de repère. Tu nous as habitués à vivre debout, dans la ligne
Enfant, tu m'as appris à nager à l'Opéra Plage, de pensée de Papa. Au lendemain de Kippour,
à côté de la jetée. La semaine dernière, j'ai dans le carnet d'absence, tu écrivais "Fête du
participé au tournoi de tennis de Bet El. C'est Grand Pardon" et non "maux de ventre, maux
toi qui m'avais appris à jouer (bien avant que je de dents", encore que maux de ventre, cela eut
prenne des cours à Berkeley), on allait jouer au été possible.
Pré Catelan, à Cimiez. Et puis, tu nous a bien enfoncé dans la tête
Quand, à 7 ans, j'ai été hospitalisé à Lanval, Saul que "roux, c'est la plus belle couleur de cheveux
et Nicole Naouri t'ont convaincue de me changer et que ceux qui se moquent de nous sont
de cadre scolaire juif et de me mettre chez elle. simplement jaloux".
Un Chabbat, à l'entrée de Blacas, Nicole t'a dit En revanche, tu n'aimais pas me voir sortir dans
que j'avais été "ô Dieu" et je n'ai pas compris la rue la kippa sur la tête, parce que selon toi,
pourquoi je me suis fait "engueuler". du fait que j'avais peur qu'elle tombe, je plissais
"Engueuler" ? C'est un gros mot: et hop, 1 franc le front et "cela me faisait des rides". La kippa
dans la boîte bleu-blanc du KKL. noire et or (!) que Papa t'avait achetée pour aller
Bien sûr, les vacances: je me rappelle l'Ami 6 où à Deloye, elle, est restée "tiroir restant".
j'étais assis sur la batterie. Puis les deux 2CV aux Quand j'ai voulu faire les Prépas et être reçu
sièges si inconfortables, l'Ariane qui a chauffé en Math Sup, ni toi ni Papa, ni Clary (le Prof
à Abou Gosh, la tente puis les caravanes, sauf d'allemand) n'avez compris: quoi, je n'allais pas
l'année à Dompierre (peuheu peuheu pfun faire du droit, comme c'était la tradition d'une
pfun pfun), le vidage du poty (Thierry et moi seule génération dans la famille ?! Ben non.
seulement, ce n'était pas une corvée pour une N'empêche qu'aux Ponts, en droit administratif,
fille …), Dadoune, Tamba, le macaque (je l'ai je me payais des A alors que pendant tout
fait exprès), la Mer de Glace où tu as eu pour le cours, le mercredi matin, je lisais (assez
la première fois le vertige, les vaches qu'on te ostensiblement) le Canard Enchaîné.
présentait, les cahiers de vacances (je montrais Pour ma Bar Mitsva, j'ai eu un vélo (Peugeot),
déjà une nette propension à ne mentionner que pour mon bac, une Honda (pas une moto, une
l'essentiel: on était allé à tel endroit, on avait "mob" bridée à 45 km/h). Ca t'a plu, au point
mangé telle chose et on s'était couchés à telle que par la suite, c'est toi qui y es passée et ce,
heure – j'oublie quelque chose ?), le passage jusqu'aux abords de la retraite.
quasi-obligatoire à Bouxwiller chez Germaine C'est vrai que c'était plus facile pour se garer
et Gagarine et à Saverne chez les Gugenheim, devant le Lido – 894445.
souvent pour Ticha Beav – sauf bien sûr si on Ce qui me marquait, au "bureau" (on ne disait
était à Bayonne – en passant par la Broglie pas "au cabinet", va savoir pourquoi), c'était
Platz, la Broglie Platz, la Broglie Platz. d'une part les fauteuils en cuir rouge défoncés
Et puis, l'année scolaire reprenait. Départ pour et usés et d'autre part, le liftier, en uniforme au
le lycée à 7h45 par le petit bois pour arriver début.
juste à l'heure ou juste après, le repas à 12h15 La profession d'avocat(e) t'a bien servie par la
et le soir à 19 heures, le sifflet "Azlagueriche", les suite lorsque j'habitais/nous habitions à Paris
dimanches où on allait parfois à "La Madeleine" puisque cela t'a fourni plein d'occasions de venir
– enfin passons… me/nous voir, quand ce n’était pas pour une
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réunion du KKL. même. N'empêche qu'en compo, au bac et aux
Mais quand, après mes études, j'ai cherché du concours, je me suis payé toujours des notes
travail à Paris (tu avais bien proposé que je valables…
cherche à Nice et que vous louiez l'appart de A la fin de mes études et de mon séjour
Mme Moulin-Keller mais cela ne me semblait à Berkeley, (deux choses qui ne sont pas
pas une bonne idée), tu m'y as emmené totalement liées), je suis parti en voiture vers
spécialement en voiture et tu m'as conduit d'un New York où nous devions réembarquer pour la
rendez-vous à l'autre pour éviter perte de temps France. Comme nous n'avions pas de portables
et fatigue (on a eu un pneu qui s'est désagrégé (ça n'existait pas encore), je t'ai envoyé une
sur l'autoroute). liste de noms te permettant de savoir, lorsque
A ton grand dam, je ne lisais pas. Tu as pourtant je t'appellerais en PCV, où je me trouvais, et tout
essayé mais à part les Club des Cinq puis en refusant l'appel, d'entendre ma voix quelques
les Trois Mousquetaires vers mes 13 ans, je secondes. C'est ainsi que Pierre Cocu téléphona
n'ai à peu près pas ouvert un livre jusqu'à ce de Yellowstone, Chaflique de Minneapolis, et
qu'en Math Sup, je découvre Stendhal puis Mel Hershely de Montréal.
Pirandello puis Brecht (lectures obligatoires !) Au bout d'un périple de trois semaines – en
et après cela, j'ai descendu en quelques années motel pour l'essentiel parce que la pluie a rendu
pratiquement toute la littérature américaine, un l'utilisation de la tente presqu'impossible – nous
peu de l'allemande et une partie de la française sommes arrivés à New York où Minou et Ata,
(surtout Frédéric Dard et San Antonio) et surtout Papa et toi, et Bichou (…), étiez venus nous
presque toute la science-fiction existante. En attendre (nous, c'était Guy Marciano et moi).
anglais, bien sûr. Les vacances à Londres chez Quand je suis venu à l'hôtel Americana, monté
les Gittelmon avec le CAEJ, l'abonnement à Life à votre chambre, et ai frappé à la porte, tu as
et Radio Luxembourg en anglais m'avaient bien ouvert et tu t'es exclamée: "Oh, non!" Tu as
appris la langue – bien avant les études aux expliqué que c'était de me voir barbu, "l'homme
USA. des bois".
Je lisais bien autre chose mais cela, tu ne le Je me suis rasé. Ce que j'ai continué à faire
comprenais pas (Minou encore moins). Le pendant de longues années. J'explique.
mercredi, vous achetiez Tout l'Univers (ça, Lorsque nous avons fait notre Alya, un mardi,
c'était pour Thierry, déjà à l'époque l'intellectuel vous êtes venus le dimanche précédent, Minou
de notre génération), le journal de Mickey et et Ata, Papa et toi, à Paris nous dire au revoir.
Télé-Poche où il y avait aussi quelques bandes Tu as pleuré, disant : je ne sais pas quand on se
dessinées succinctes. C'était la compétition reverra", j'ai dit: l'été prochain, tu as dit: ne dis
avec Papa, à qui lirait quoi en premier. Les BD pas de bêtises, tu sais bien que Papa a besoin
de Télé-Poche figuraient à la fin du journal, c'est d'aller à la montagne, j'ai dit: Et bien, vous
de là que j'ai pris l'habitude de lire un journal par viendrez après la montagne, tu as dit que ce
la fin – j'ai mis des années à me défaire de cette n'était pas possible. Et bien entendu, vous êtes
habitude. Je parle de l'ordre de lecture, pas des venus tous les quatre l'été suivant, j'ai dit: tu
bandes dessinées. vois, tu as dit : cette année c'était possible mais
Et comme je ne lisais pas, je n'écrivais pas. cela n'est pas évident pour l'année prochaine.
Au lycée, Minou trouvait toujours que mes L'année prochaine, vous êtes venus, et l'année
rédactions ne valaient rien: elle me les déchirait suivante et ainsi de suite.
et me les réécrivait – partiellement – elle- Trois choses te tenaient à cœur ; nous avoir à
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proximité ("les oisillons" – n'empêche que par et Blacas et Voltaire, le grand chien que tu as
la suite, ta chanson préférée serait "taouf taouf trimballé en train, tout comme auparavant
taouf") mais nous sommes montés. Que nous le sombrero, la première petite-fille dont tu
ne changions pas notre nom, i.e ne pas enlever poussais la poussette à la fête aux Arènes,
Picard et nous n'avons pas enlevé Picard. Et me fière comme Artaban, et pour qui, à Paris, tu
voir imberbe. te mis à quatre pattes, les séances de mesure
Alors là, c'était un problème. Double. Pour toi, et d'essayage chez Thiéry avec un r, le PLM
les "barbus", c'est une caste d'intouchables. Pour et chez nous, au salon rue des Pyrénées, tes
moi, porter la barbe, c'est ne pas avoir à me quelques – rares – cigarettes, la Soucca dans le
raser tous les matins (la mode Arafat n'avait pas jardin, les discussions super animées à la table
encore acquis ses lettres de noblesse). Alors, à de Chabbat entre Ata et Papa (« le Juridique »)
chacun de vos voyages en Israël, je me la rasais sur la cacherout et tous les problèmes de la
avant votre arrivée. Admire Claire-Na qui m'a communauté, le roi Chou, le dîner – mortel – de
toujours préféré barbu. Bar Mitsva (heureusement que Daniel a raconté
Voilà, le temps a passé. Les oisillons ont grandi l'histoire du lion dans l'arène, c'est la seule
et ont quitté le nid (encore que Bichou ne se "droche" dont je me souvienne), Vence, le casino
soit pas trop éloignée), les oisillons des oisillons de Paris à Monte-Carlo ou à Monaco ( je n'ai
ont eux-mêmes des oisillons – quand on aime, jamais pu faire la différence), l'accord chapeau-
on compte pas – Papa, que tu as si longtemps alliance pour notre mariage, le pouce, le pain
soutenu (je me rappelle les ballons d'oxygène) perdu (berk, berk, berk), la purée de carottes du
a rejoint Minou et Ata et nous ne rajeunissons dimanche soir (mmm), les flans Oetker ou autres,
pas. C'est normal et c'est bien, parce que c'est la l'aéroport de Paris où je t'ai montré Claire-Na et
marche du monde. t'ai dit : c'est elle que je vais épouser, etc., etc.
La petite escapade en Alsace, tout récemment, Je n'en reviens pas d'avoir écrit autant.
avait du bon, même si elle avait pour but On t'aime Mamine, et si on te reprend parfois,
essentiel d'aller à Ettendorf sur les tombes comme tu l'aurais dit: c'est pour ton bien.
de Minou et Ata. Les choses changent: visiter Ad Mea VeEsrim Chana.
Bouxwiller sur fond de musique arabe avait
quelque chose d'intéressant. Tu vois, c'est ça Bolli alias le Pipla
qui est normal: eux là-bas et nous - toi - ici.
Depuis que tu es Ola Hadacha, il est normal que
tu sois davantage ici. D'ailleurs, la plupart de tes
descendants sont ici.
J'ai tout dit ? Mais non, impossible en quelques
mots de raconter ou de rappeler des milliers
de flashes ou de souvenirs, la kermesse de fin
d'année, le thé dansant de la WIZO, le Séder
avec Frédéric et Frédérique Schoenfeld et
Mme Alfandari, se moquant toujours de nous,
les distributions de prix à Roland Garros, les
sorties à la neige avec les parents d'élèves, le
foot rue d'Anvers, Gomel chez qui on entrait
par la fenêtre, Loulou et Vava, Lasch, Deloye
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Ma très chère Mamine,
C'est un grand jour pour toi, un jour où toute ta enfants, des petits-enfants et des arrière petits-
famille se réunit en ton honneur, pour te dire enfants qui t'aiment, qui t'entourent, et sur qui
combien on t'aime, combien tu nous es chère, et tu peux compter … même si tu ne veux jamais
combien on souhaite que tu profites encore très rien demander à personne.
très longtemps du bonheur d'être entourée. Ma très chère Mamine, je te souhaite tout le
Et comme chacun évoque ses souvenirs, bonheur possible avec ta famille.
j'aimerais moi aussi évoquer ma jeunesse et le Très affectueusement,
jour où j'ai fait ta connaissance. Nous n'étions
pas encore fiancés mais visiblement, mon futur Claire-Na
(et actuel) époux voulait avoir l'approbation de
sa mère avant de faire sa demande officielle. Dès
que nous avons décidé de nous marier, tu m'as
envoyé une lettre très gentille dans laquelle tu
me souhaitais avec chaleur la bienvenue dans la
famille Dana-Picard. Et je me souviens aussi de
la joie de Popy d'avoir une belle-fille rousse …
Les années ont passé et notre entente est telle
qu'au premier jour. Tu as toujours été une belle-
mère affectueuse, attentionnée et attentive. Nos
enfants attendaient, tous les ans, votre arrivée
en Israël avec impatience et nous avions la joie
de nous voir souvent.
Maintenant, les petits ont grandi mais les
liens sont restés aussi chaleureux. Et tout le
monde s'est mis à la tâche pour faire de cette
belle journée une fête inoubliable. Pour que
tu saches que malgré les moments difficiles
que tu passes, malgré les problèmes de santé
et de solitude qui te pèsent souvent, tu as des
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Je veux juste raconter quelque chose que m’a
raconté Lily Feiner il y a quelques jours.
“Après guerre, à Nice, on s’est adressé à Astrid
et à moi pour monter un mouvement de jeunesse
sioniste.
Mais Astrid venait de commencer à sortir avec
Roland qui n’était pas sioniste. Alors c’est moi
qui l’ai fait.
Et maintenant, je suis à Londres et elle est en
Israel.”
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Chère Mamine,
Tu sais à quel point je ne suis pas doué pour Il y a quelque temps, j’ai rencontré deux de tes
exprimer mes sentiments, déjà par oral, alors amies de jeunesse. Quel plaisir de les entendre
par écrit … Carole pourra te le confirmer. Aussi raconter des événements que je ne connaissais
ces mots viennent tout simplement du cœur. pas. Et de voir quelle amitié existe entre vous,
malgré le temps et la distance. Garder ses amis
Merci Mamine, merci pour ton amour que tu sur la durée est aussi une grande qualité.
nous a toujours accordé, pour ton soutien
indéfectible en toutes circonstances, pour ta Les années ont passé et nous voilà à notre
joie de vivre et ton punch! tour grand-parents. Nous avons toujours tenté
de donner à nos enfants ce que nous avons
Merci pour les années heureuse de l’enfance reçu de vous, toi et Papa, de les aider, de les
et de la jeunesse, pour les activités que nous pousser vers le bien et vers les grandes choses,
avons pu avoir, pour les livres et les revues qui de les soutenir et les gâter. Et maintenant nous
nous permis de bâtir curiosité et connaissances, faisons de même avec nos petits-enfants, vos
pour les voyages dont nous avons fait notre arrière-petits-enfants. Cela aussi, nous l'avons
profit et qui ont tellement agrandi notre vision appris de vous.
du monde. Sous la tente ou dans la caravane, à
la mer et à la montagne, et ailleurs encore. Merci de venir chez nous à la maison, ou avec
nous en promenade.
Merci pour les chabatot sans sieste afin de me
permettre de lire dans la Torah à la rue Deloyes Mazel tov, Mamine, et ad mea ve-essrim en
toutes les semaines. Pour les seder de Pessa’h bonne santé et toujours entourée de tous ceux
familiaux, pour les Chabatot et toutes les fêtes qui t'aiment.
en famille.
Je t'embrasse,
Merci de nous avoir appris que pour toute chose,
petite ou grande, il y a lieu de prier. Et dans la Boutchi.
caravane, même loin de toute communauté,
nous lisions tous ensemble la sidra de la semaine. PS Et puis, pas la peine de recommencer. Je l’ai
Et la Haftara avec Papa. déjà dit… :-)
Merci pour les cours de Torah que vous nous
avez fait donner, quand le Talmud Torah officiel
n’a plus eu quoi nous offrir.
Merci pour le soutien dans nos années d’études,
et après. Je sais très bien que si je suis arrivé
au poste que j'occupe actuellement, c'est grâce
à Popy et à toi, et aussi grâce à Minou et Ata,
qui avez toujours cru en moi et m'avez toujours
poussé pour aller plus haut.
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Chère Mamine,
Joyeux anniversaire et jusqu'à 120 ans en bonne aussi D. merci nous nous sommes toujours très
santé. bien entendues et dans beaucoup de domaines
je voulais te confier un secret, mais que faire, il nous avons souvent les mêmes idées.
va etre lu par toute la famille C'est pourquoi, lorsqu' Inbal est entrée dans
Bon tant pis, eh bien voilà: notre famille, je ne lui ai dit qu'une seule phrase
lorsque je suis entrée dans la famille Dana- sous forme de voeu:
Picard, et bien que la connaissant déjà par "Je nous souhaite d'avoir les mêmes rapports que
Bichou, j'étais très j'ai avec Mamine". D. merci j'ai été exaucée!
intimidée par Popy: résistant, médaillé, avocat, J'espère également qu'avec Inbal j'atteindrais le
responsable et actif dans la communauté... il y même niveau complicité que j'ai avec toi...
avait de quoi, non?
Si tu te souviens bien, je ne pouvais me résoudre Alors merci encore d' avoir été si accueillante,
à l'appeler (il n'etait pas encore Popy vu que merci d'avoir mis au monde mon mari et d'avoir
Moriah ne parlait pas encore) si grandement contribuée à ce qu'il soit ce qu'il
et je disais "le mari de Mamine". Quant à toi, tu est,
m'avais demandé de te tutoyer et cela ne m'était merci pour toutes ces années de soutien et
pas facile car d'attentions,
tu m'impressionnais beaucoup toi aussi; femme je t'en souhaite encore bien d'autres, toutes
engagée, mère de famille, et surtout TRES aussi pleines de vie, entourée de tous ceux qui
brillante avocate, tu représentais pour moi le t'aiment.
symbole Je t'embrasse bien fort,
de la femme moderne, je me sentais toute petite
à côté de toi (et je revais d'être moi aussi une Carole
femme active et qui réussit dans son travail),
mais c'était sans compter sur ta simplicité, ta
gentillesse, ta bonne humeur. Grâce à toi le
contact s'est établi tout de suite
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Joyeux anniversaire mamine
plein de bonnes choses jusq a 120 ans ou plus
ca ne te suffirait pas…
profite bien de ce moment la ,toi qui dit toujours
qu il faut profiter des bonnes choses et c en est
une.
tout le monde n a pas la chance de voir sa
"nombreuse" descendance se mobiliser pour ses
"tuitant" c est que tu le mérites…..on est la par
la pensée mais pas physiquement ,dommage
mais on a l’avantage sur les "israéliens" d’être
avec toi quand même chaque année a ta date
anniversaire….(on se console comme on
peut)…
on t’embrasse tres fort
Bichou ,JP Et les enfants
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Les Petits-Enfants
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Ma chère Mamine, mon amie,
Mamine, tu es plus une amie pour moi qu'une été, dans la moiteur terrible de la saison, on
grand-mère. Du plus loin que je me souvienne, se poussait sur les barrières et quand on vous
j'ai toujours eu un lien particulier avec toi, voyait arriver au bout de la piste, on courait et on
"special relationship". Nous pouvons parler des vous embrassait. Les rencontres familiales chez
heures entières, tu me racontes des histoires de vous à Guilo étaient toujours très joyeuses,
ton enfance, de ton travail, de ta vie. Je t'admire c'était l'occasion de retrouver toute la famille,
de pouvoir t'occuper de tant de choses à la fois, qui vivait dans la même ville mais que nous ne
de te soucier des autres, et de faire en sorte voyions que rarement. Comme vous habitiez à
que nous soyons à l'aise. Tu as souvent été Guilo, nous avons passé de nombreux Shabbat
avec moi très attentive, tu as toujours su me ensemble, nous mangions ensemble, et on se
conseiller, me soutenir et m'écouter, mais sans battait toujours pour s'asseoir à côté de toi. Et
jamais juger. Et tu as su voir les choses de mon l'après-midi de Shabbat, on jouait avec toi à la
point de vue. Chaque fois que nous sortons et Crapette.
que nous rencontrons des gens, je suis fière
de dire: "C'est ma grand-mère". Nos amis sont Mamine, grâce à toi et à Popy, notre famille est
toujours curieux de voir ma "grand-mère très unie. Tu peux être fière de l'œuvre de ta
épatante". vie, de la descendance Dana-Picard, il existe un
lien qu'on trouve rarement dans les familles. Je
Promenades dans le monde t'aime beaucoup, je n'aurais pas pu rêver d'une
De merveilleux souvenirs grand-mère meilleure que celle que j'ai.
d'enfance m'accompagnent Je te souhaite un joyeux anniversaire, une bonne
depuis des années. Lorsque santé et beaucoup de joie et de satisfaction.
j'avais 4 ans, papa et maman
m'ont envoyée seule en France: Ta petite Momo
Popy et toi m'attendiez à l'aéroport
et lorsque je suis arrivée, tu m'as dit qu'une
surprise m'attendait dans l'auto: c'était Momo,
mon nounours légendaire. Je me souviens
encore très bien de mon voyage à Megève,
comme si c'était hier, le voyage à Londres,
et nos promenades en France, à Monaco, en
Italie et bien sûr le voyage que nous avons fait
dernièrement Shira, toi et moi à New York.
Popy et Mamine arrivent en Israël
Je me souviens encore combien nous
étions excités pendant les quelques jours
qui précédaient votre arrivée en Israël. On
préparait des dessins, on courait à Beth
Roshtoum pour les coller sur la porte, et on
voulait absolument aller à l'aéroport, en plein
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Chere Mamine,
Quelle chance de t'avoir. Quelle chance que tu saches parler l'anglais.
Quelle chance que Popy ait été à tes côtés. Sinon, je n'aurais jamais rien compris de vos
Quelle chance de voir combien tes enfants ont conversations en français ! .
réussi. Ma chance à moi, c'est d'avoir Moriah et Nitsan.
Quelle chance pour toi d'avoir d'aussi bons Et j'ai aussi de la chance parce que tu es la
petits-enfants. grand-mère qui m'a toujours manqué .
Quelle chance pour toi d'avoir des arrière petits- Mazal Tov pour ton anniversaire .
enfants aussi beaux. Avec toute mon affection,
Quelle chance pour nous de pouvoir passer
avec toi des vendredis et des Shabbatot. Méir Bis
Quelle chance de pouvoir parler avec toi de tous
les sujets possibles.
Quelle chance que tu aies tant de sensibilité et
de compréhension .
Quelle chance que tu aies un cahier avec toutes
les dates .
Quelle chance que tu soies toujours disponible
pour parler avec tout le monde .
Quelle chance que tu t'intéresses à tout le
monde .
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Chere Mamine,
tu es une grand-mère merveilleuse, je suis fier
d'avoir une grand-mère comme ça qui m'apporte
des cadeaux et m'emmène au restaurant, une
grand-mère qui se promène dans le monde
entier comme j'aurais voulu le faire moi-même.
Et ce qui est le mieux, c'est que c'est ma grand-
mère. J'espère que je pourrais apprendre le
français pour pouvoir parler avec toi. J'aime
bien quand tu viens chez nous le Shabbat et
j'espère que tu le feras encore longtemps. Bon
anniversaire, ma chère (arrière) grand-mère,
Nitsan.
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CJdltotheteeToO'yèsarmnierèfiaeomuetsomormxMan,euaifSdsbfnaej,heoermtnecie,urqittuiavdrunubs,seeeeeirYique,ssepaaunssalaieatenrrsmieatsnûtoi!,uérreNOusenlajasoatros,ivdsuuaeeuesrncttnsvetSteolésaàa.oygfpSfaauuaoogmhimveuuaisvlriilltdieltoeeaonnqnies.sus-ti
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Souvenirs d'enfance avec Mamine / Shira
Mes souvenirs de Mamine me ramènent en
arrière (au moins autant que Méir et Moriah) et
me fait penser à nos voyages en France. Mon
premier voyage, je l'ai fait quand j'avais cinq
ans et ça a continué jusqu'à l'âge de 20 ans (au
moins..). Maintenant, je les paie moi-même.
Mes souvenirs :
- "Shishi", pour ceux qui ne connaissent pas... balançoire et on rentrait à la maison.
- Les restaurants: nous mangions souvent au - Maladies: je ne sais pas pourquoi, mais
restaurant et pour moi qui ne connaissais que chaque fois que je suis allée en France, je
les kiosques de Falafel de Gueoula, la veille suis tombée malade. A l'âge de cinq ans,
de Pessah, c'était pour moi formidable. c'était la varicelle qui m'a bloquée à la
- Télévision: dessins animés le matin, dessins maison pendant au moins une semaine. A
animés le soir, de quoi peut-on rêver de l'âge de 10 ans, j'ai attrapé une angine: le
plus ?! (Et la nuit, quand je n'arrivais pas à problème, c'est qu'en France, il n'y avait
m'endormir, je regardais discrètement par pas de sirop pour les enfants et j'étais donc
la porte de ma chambre et voyais des films obligée d'avaler des cachets et bien sûr, je
avec Popy et Mamine (qui ne s'en doutaient n'y arrivais pas. Finalement, Mamine me les
pas). écrasait dans un verre et les mélangeait
- Achats: Apparemment, c'est là-bas que avec de l'eau. Bien sûr que le goût était
tout a commencé (Ofer, ce n'est pas de ma épouvantable et c'est pourquoi, dès que
faute), on achète des vêtements et bien sûr Mamine sortait de la cuisine, je jetais tout
des souvenirs pour toute la famille et les dans l'évier et j'éliminais toute trace …
bons amis. Pardon, Mamine.
- L'architecture: je suis sûre que je ne l'appelais - Le soir du Séder: Deux fois !! Cela veut dire
pas comme ça à l'époque … mais j'admirais aussi: deux fois des cadeaux !! La table
les beaux immeubles, et le moment le plus était déjà prête la veille (dans ma chambre
émouvant était de monter au bureau de à coucher, bien sûr) et il y avait là dans un
Mamine dans un ascenseur ouvert, pas coin un sac remplis de cadeaux et il était
comme celui du Kenyon, en verre, mais un interdit de regarder ce qu'il y avait pour
vrai, avec des grillages, il n'y en a pas de tels nous.
en Israël.
- Les promenades du dimanche et si déjà,
comment ne pas évoquer la caravane. En
fait, je ne me souviens pas avoir jamais
circulé dedans, je me rappelle seulement
qu'elle était garée dans une sorte de parc
où nous allions en voiture, on arrivait, on
prenait le déjeuner, on se balançait sur la
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Mamine, chère grand-mère,
Chaque fois que je te vois, je suis
impressionnée par ta personnalité,
par tout ce que tu as pu faire dans
ta vie, par ton influence sur ton
entourage et par l'optimisme dont tu
rayonnes.
Depuis toujours, je t'ai considérée
comme ma grand-mère et je veux
te souhaiter une vie encore bien
remplie, riche et agréable. Que tu
continues à donner et à faire profiter
ton entourage.
J'apprends beaucoup de toi.
Mamine je t'aime (en français dans le
texte).
Ofer
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La Peluche / Méir
La fête de Pessah 5744 approche et c'est mon lui donner un nom pas très
tour d'aller à Nice pour un "retour aux sources" élégant, Mémé: avec un nom
dans la ville natale de la famille Dana-Picard. Je pareil, il vaudrait mieux que
vais aller faire des courses avec Mamine, aller ce soit un mouton, et pas
prier avec Popy et rencontrer les cousins qui un nounours ! Je suis un
ne sont pas encore montés en Israël et dont garçon, qu'est-ce que je
j'ai souvent entendu parler dans les histoires vais bien pouvoir faire
familiales. avec un nounours! Ces
questions ont préoccupé
La tension est grande: d'abord parce que je n'ai mes sœurs et moi aussi avant mon voyage en
que quatre ans et demi et que je n'ai jamais France. Et voilà qu'arrive le jour du départ et je
voyagé seul, pas même dans un autobus. Alors, me trouve dans un avion pour la première fois
vous pensez, un voyage de quatre heures en de ma vie. Le vol s'est très bien passé et je suis
avion ! (Ne croyez pas que mes parents étaient bien arrivé à Nice. Lorsque j'entre dans le salon
irresponsables, il y avait une hôtesse qui d'accueil des voyageurs, j'aperçois Mamine qui
s'occupait de moi bien entendu). me fait signe de la main et nous nous dirigeons
ensemble vers sa Citroën. Et devinez qui
Mais voilà pourquoi j'étais tendu: quand Moriah m'attend sur le siège ? Une peluche, mais pas
est allée en France, elle a reçu en cadeau un n'importe laquelle: le Grand Schtroumpf. Voilà
nounours qu'elle a appelé, d'après son propre comment, grâce au bon sens de Mamine, tous
nom, Momo. Ensuite, quand ce fut le tour de les problèmes ont été réglés:
Shirah de partir, elle a elle aussi eu un nounours
surnommé Shishi. Alors, est-ce que j'allais moi 1) L'habitude d'acheter une peluche a été
aussi recevoir un nounours ? Je devrais alors conservée
2) Etant donné que j'étais un grand garçon
n'ayant pas besoin de nounours, le
Schtroumpf me convenait parfaitement
3) Et pas besoin de l'appeler Mémé puisqu'il
avait déjà un nom.
Cette peluche a duré des années jusqu'à ce
que sa tête ait été ouverte et qu'on découvre,
avec surprise, qu'elle ne contenait que du coton.
Comment il arrive à diriger tout un village de
Schtroumpf et à gérer les combats contre
Gargamel alors qu'il n'a que du coton dans la
tête ?!
Merci beaucoup Mamine, nous avons eu
d'excellents moments lorsque nous étions
chez Popy et toi, une fois toutes les quelques
années.
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Encore une histoire ? Voilà … / Méir
Lorsque Popy et Mamine venaient en Israël, sortir avec des chaussures en été. Alors, ils
nous nous intéressions "un peu" à ce que ont trouvé la solution: des sandales avec des
contenaient leurs valises et si cela avait dépendu lanières en cuir très serrées qui ne laissent pas
de nous, nous aurions annulé la limite de poids les pieds respirer, pas comme les sandales dites
dans les vols pour pouvoir recevoir davantage "bibliques". Malgré cela, nous aimions beaucoup
encore de cadeaux venant de l'autre côté de la les sandales françaises. Bon, nous avons assez
Méditerranée. Et voilà mon histoire: attendu; voilà le grand jour: Popy et Mamine
Une année, j'avais absolument besoin d'une arrivent. Comme toujours, nous préparons des
paire de sandales; j'ai alors demandé à mes dessins que nous allons coller sur la porte de Bet
parents de m'en acheter mais ils m'ont répondu Roshtoum : on prend une feuille, on dessine un
que Mamine et Popy arrivaient quelques avion, un drapeau israélien, un drapeau français,
semaines plus tard avec dans leurs bagages des et on écrit "Bienvenus". Quelques heures plus
sandales pour moi et que je devais donc attendre tard, Popy et Mamine sont arrivés chez eux à
patiemment leur arrivée. Moi ? Attendre avec Guilo et j'ai couru pour leur dire bonjour: j'ai
patience ? frappé à la porte et Mamine a ouvert: grandes
embrassades, salutations et tout de suite la
J'ai donc attendu, et pendant que nous question m'est sortie: vous avez mes sandales
attendons, je voudrais juste préciser que les ? Je les ai eues, mes sandales, mais je me suis
sandales de France ne sont pas du tout comme aussi fait gronder par tous ceux qui étaient là,
celles de notre terre sainte, et cela pour une et je ne me suis pas trop senti à l'aise. Alors,
raison très simple : les Français ne supportent Mamine, je profite de cette occasion pour te dire
pas de voir les gens se promener pieds nus mais merci encore pour les sandales … et pardon
d'un autre côté, on ne peut quand même pas pour la Houtspa!!
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Jour de fête: Popy et Mamine arrivent / Méir
Cela arrivait plus ou moins deux fois par an: la et nous lançant sur nos grands parents pour les
date était fixée d'avance et tout ce qui nous restait embrassades, montant sur les chariots et ensuite
à faire, c'était d'attendre patiemment l'arrivée … retour à Jérusalem. La journée se terminait
de Mamine et Popy. D'abord, il fallait décider qui généralement par des photos de groupe prises
irait à l'aéroport et comment. Par chance, dans sur le muret, devant l'appartement de Guilo
notre enfance, les voitures étaient plus grandes (les photos en témoignent), et par nos regards
que celles que nous avons aujourd'hui et nous curieux sur les valises (mais nous attendrons
arrivions à rentrer à cinq à l'arrière de notre quelques jours avant la grande distribution de
Renault 9 de couleur bordeaux (étions-nous cadeaux).
plus minces que les enfants d'aujourd'hui ? Je Très affectueusement,
ne pense pas).
A l'époque, après l'hôtel Shalom, lorsqu'il y avait Adi, Méir, Reshit, Shahar, Binyamin,
déjà l'appartement de Guilo, portant le nom Amram et Guefen.
de code curieux de Beth Roshtoum, il fallait le
préparer. D'abord, des achats au supermarché
de quelques produits laitiers (mis à part bien
sûr les fromages qu'ils apportaient avec eux),
et le plus important bien sûr, les dessins à
coller sur la porte d'entrée. Généralement, ils
n'étaient pas très originaux: un grand avion,
le ciel, un drapeau d'Israël à la tête de l'avion,
et un drapeau français sur la queue (j'ai mis
du temps à comprendre que les bandes (du
drapeau français) devaient être verticales et
non horizontales et j'espère que le patriotisme
de Popy n'en a pas été heurté parce que je crois
que pendant des années, j'ai dessiné le drapeau
hollandais !!)
Le jour de l'arrivée, les heureux élus allaient à
l'aéroport et là, on devait attendre patiemment.
J'ai dit patiemment ?? Le seul qui devait avoir de
la patience, c'est le responsable de la sécurité,
qui surveillait la sortie des voyageurs là où tout
le monde attendait.
Il devait faire face à une horde de gamins
excités qui couraient tout le temps là où il
était interdit d'entrer comme s'ils étaient les
seuls à accueillir un proche parent. Dès que le
chariot apparaissait (on reconnaissait toujours
le chariot de Mamine, tant il était chargé), on
courait, poussant le responsable de la sécurité
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SLAshQeAedjmNvsAoueuveilDooeecenencuu,atotosnuostQeautelaiurc,stuss-eetoTtelPeeeocnenisthcnhutoffuaiaèaoisunlrirnpartdhueertueaeesMdii,tsstaepsEodafeefmmeRnsetsaicrpiotimntsrruui-oeeonane,fneteinatt,.Gfebdaranoenptnnes:noneYedutinasasnoarfrantniiètrdnéere,ereElipotrleeinnbtcgioetousar-me,uescNmnoafénuearnpnitaéot,dsei,se
42
"QAQOTurNubsueeT'osrouSsutupeuQonuted,lihArumvieeuaaeeaaetsrfsenisiéôfcntbetoereteletsrtèaDcu,nersddslter,q.aduTececcmcuahoeesvfhobneauoabufèdomstrnsiDlrtss'uenaeeeec,m.lbminaeeqTtMfluseeqaueoebmsnsssuaenucisuetame?oetejtc"cno,pururtqivHutonéilpuuoaeersueoisiesnl,là?rlsltarerstPsertaaioilQuaeeoeb,tiusctstssHluu-aéeetdprejceelaeeeaihs,ddtettotéUojaedleojebsnsosnnssievbàeia?eaabeooé,lnudranmviMarncedoitnorbi'orivQvaceuar?icevhevdupharoerisesuéteidsaoriioeesqtiretoteneulru,nauR.ivgmncsivocrooinéeietrèuaeniedrbssneeltdeedeDneen?.tsocndenoensmdtàoabtinreetsux
43
Yair
Elhananne
Abigayl
Elhananne
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La Jeune Mamine / Myriam
Après notre arrivée en Israël, je suis allée elle ne le peut plus, par contre elle peut regarder
passer Pessah en France, comme Mamine avait les autres danser, oui, oui, tous les dimanches
l'habitude de faire avec nous. Une surprise soir (et oui le soir), Mamine vient assister au
m'attendait sur une chaise chez elle: une cours de danses folkloriques avec moi pour
poupée et j'appelais de suite: Poussinette. La nous voir danser,et quelques fois y reste jusqu'à
poupée était bien habillée et était coiffée de une heure du matin.
deux tresses. Un jour je suis allée dormir chez
mes cousines qui habitaient à deux rues de là,
j'ai pris avec moi Poussinette, et bien sûr à nous
trois nous lui avons défait ses tresses, l'avons
déshabillée et nous pensions sincèrement que
nous pourrions la remettre en état.
Au milieu de la nuit, j'ai commencé à pleurer, et
qui vint à mon secours? Mamine, en peignoir de
nuit et elle me ramena chez eux.
Comme nous le savons tous, Mamine se sent très
jeune, et si elle le pouvait elle danserait comme
une jeune fille de 20 ans, mais malheureusement
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Chère Mamine,
Tous nos vœux de mazel tov à l'occasion de tes de nous avoir tous réunis près de toi, et d'avoir
80ans et plus. su également accueillir avec tant de chaleur nos
C'est avec beaucoup de joie que nous participons conjoints, ainsi avec Adi vous faites une sacrée
tous ensemble à cette grande occasion où tu te paire, (même s'il n'a pas les yeux bleus…).
retrouves auprès de tous ceux qui t'aiment. Merci aussi de nous avoir montré le chemin,
Grâce à D. nous avons eu la chance d'avoir une en étant à la fois une femme exerçant une
grand-mère exceptionnelle, pleine de joie de profession prenante mais aussi une femme
vivre, aimante et gratifiante. Je ne sais pas nous d'intérieur, proche de sa famille. Avec Popy
te l'avons dit mais lorsque nous étions petits, vous avez fait grandir une tribu exceptionnelle,
nos amis t'appelaient "la super grand-mère", car à laquelle nous sommes fiers d'appartenir.
tous n'ont pas eus une grand-mère avocate se
déplaçant à vélomoteur! Mazel tov encore et que D. te gratifie de
Lorsque que nous étions enfants nous avons pu nombreuses années et de beaucoup d'autres
bénéficier de rencontres avec tous nos cousins moments de bonheur!
chez toi à la maison, et nous chantions, nous
faisions des scénettes, des spectacles (parpar- Les Gadassi
parpar…) et bien sûr avons reçu des cadeaux
(tout le monde a eu un cadeau-deaudeau). Merci
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