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Published by Groupe LREM, 2019-12-17 02:43:40

ITW GLG _Libération_17122019_retraites

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Gilles Le Gendre : «Nous avons dit notre intérêt
pour l’âge d’équilibre, mais nous n’excluons rien»

Par Laure Equy — 16 décembre 2019 à 20:31

S’il faut assurer «l’équilibre financier» du système, la manière d’atteindre
cet objectif «relève des négociations», estime le patron des députés LREM.

Pour le président du groupe LREM à l’Assemblée, Gilles Le Gendre, «alors que CFDT, CFTC
et Unsa sont acquises à la réforme des retraites, ce serait un paradoxe que celle-ci
trébuche» sur la mesure de l’âge d’équilibre.

A la suite des révélations sur ses mandats non déclarés, Jean-Paul Delevoye a
démissionné de son poste de haut-commissaire aux retraites. Quelle est votre
réaction ?
C’est lui qui a jugé que la situation n’était pas tenable et notre groupe respecte sa décision.
Nous perdons un partenaire de jeu de premier plan qui avait associé les députés LREM dès la
genèse de la réforme. Maintenant, la réforme existe, elle est lancée. Nous allons la mener à bien
avec le gouvernement et la personne qui sera bientôt nommée pour le remplacer.

Pour renouer le dialogue avec les syndicats réformistes, dont la CFDT qui
demande le retrait d’un âge d’équilibre à 64 ans, quel geste faut-il faire ?
L’équilibre financier du système universel par points à partir de 2025 ou 2027 est une
condition nécessaire des futures retraites. Mais la façon d’assurer cet équilibre relève des
négociations. Pour que ces discussions reprennent et soient fructueuses, nous devons sortir de
la confrontation binaire sur l’âge d’équilibre et le bonus-malus. Il y a effectivement ce point de
fixation, mais ne butons pas dessus et élargissons la discussion pour englober les sujets qui lui
sont liés. Et ils sont nombreux : la pénibilité, les carrières longues, l’emploi des seniors. Il y a
de la matière à négociation et les marges de manœuvre pour les syndicats sont importantes.

La concertation sur la réforme des retraites a débuté il y a plus d’un an. Tout cela
n’a-t-il pas déjà été évoqué ?
Il était surtout question, jusqu’ici, d’aborder l’architecture du nouveau système de retraites
dans ses grands axes. La semaine dernière, nous avons dévoilé nos cartes, mais il reste une
multitude de détails techniques à régler. C’est tout ce travail de finition qu’il faut désormais
mener avec les syndicats. La question épineuse de l’équilibre financier ne doit pas nous
empêcher de nous mettre autour d’une table.

Leur cadre est très contraint sur l’aspect budgétaire. N’est-ce pas un jeu de dupes
de suggérer aux syndicats de trouver une solution, tout en laissant planer la
création de l’âge d’équilibre ?
Nous avons dit notre intérêt pour l’âge d’équilibre, mais nous n’excluons rien. Je distingue la
sécurisation financière du régime, sur lequel le gouvernement est d’une très grande fermeté,
et les modalités pour l’obtenir, sur lesquelles nous sommes ouverts. Dans notre projet, nous
confions aux syndicats une grande responsabilité en créant une gouvernance originale chargée

de piloter le nouveau système. Cette gouvernance peut servir de laboratoire à une refondation
de la démocratie sociale et permettre ainsi de restaurer cette confiance qui fait aujourd’hui si
cruellement défaut dans notre pays.

Après la présentation de la réforme, les députés LREM se sont montrés très
inquiets de la réaction hostile de la CFDT. Soutiennent-ils toujours l’idée d’un âge
d’équilibre ou pourraient-ils eux aussi demander une concession sur ce point ?
Certains députés ont leur propre position sur l’âge d’équilibre, ce qui est normal dans le débat
actuel. Mais dans sa très grande majorité, le groupe considère que la solidité financière du
nouveau régime est une condition de son succès et nous sommes tous déterminés à surmonter
la seule vraie divergence qui nous différencie des syndicats réformistes : la mesure d’âge
comme outil de régulation financière. Alors que ces trois syndicats (CFDT, CFTC, Unsa) sont
acquis à notre réforme, ce serait un paradoxe que celle-ci trébuche sur cette seule question. Les
Français ne le comprendraient pas. Aussi, tous les efforts doivent être faits pour retrouver le
chemin du dialogue.

Des députés LREM ont pris l’initiative de rencontrer Laurent Berger lundi… Quel
rôle votre groupe entend-il jouer ?
Nous avons toute confiance dans le gouvernement, il est le seul négociateur et nous ne nous
posons en aucun cas en instance de négociation parallèle. Mais nous entendons jouer notre
rôle de parlementaires pour trouver une issue à cette crise sociale. Nous avons vocation à parler
à tout le monde. Certains de mes collègues entretiennent des contacts informels avec la CFDT.
Pour ma part, au nom du groupe, j’ai invité les syndicats réformistes à rencontrer officiellement
une délégation de députés LREM. Ces rencontres auront lieu une fois que les discussions entre
les syndicats et le gouvernement auront repris.


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