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loanpleoumr ampaadses.é.. édito
m&adi«sédoslianernsapsulcla’fleéoissmcsiarienlpsieieansrgt»e « Comment se faire faire un peu
de pub sans dépenser un rond ? »
6 5pcohuarmtpouagsn!e page
9page C’est là la problématique qui se posa à notre responsable
marketing durant tous ces derniers jours.
Hhiobresrdseuqruleesstiponanpnoeuaruxluui rdbeaninosusstvaonirdasr’edxs-,
envahir les pages des magazines sponsorisés ou les ondes des
radios locales ; pas une question d’argent, nous expliquaitil
pàarceaisllemurés,d«iaosn va quand même pas s’adonner
sursaturés d’informations, il y
a belle lurette que le cerveau des gens a ap-
pris à ne plus y prêter la moindre attention ».
Alors, pour lui faire plaisir, nous avons dû rivaliser d’ingé-
Pnioosittés,et dp’iminagcineaatiuonx. , bombes, pochoirs,
c’est avec tout un attirail de peintre en bâtiment que nous
avons redonné tout son lustre à certains pans de murs de la
cité rose. Ce mois-ci, pour la plus grande curiosité des rive-
rrauien,sRqueiidmécosuvératieantitnosceoxpulolitesuaurdéPtouormd’umn acodined.e
a lu’ivnovmiytaaantgiseoarna, Ces petits tubes roses que vous avez pu adorer sur la fontaine
Subé, la bibliothèque Carnegie, la Porte de Mars en restau-
ration... oui c’était bien de notre initiative cette grande chasse
au trésor familiale et improvisée dans toute la ville.
Pour d’évidentes questions de respect des règles de la démo-
cratie, nous avons laissé la Cathédrale immaculée.
Car là sera notre chef d’œuvre collectif !
En effet, chers lecteurs, vous avez jusqu’à la fin du mois pour
nous communiquer sur la page Facebook de la Pommade
quelle aile du plus célèbre des monuments rémois vous vou-
driez voir ornée de notre sympathique emblème à l’acrylique.
ElslLeiésanscéhPppecoearormresnlsometsnrreaenisdmelesedpsruaéétdrmtqaéeuotiminiovsatteeeinmdsegiesdeetnnaeut.igsnàDéolnmvoéostcétoodrepnetihcseoaleenbimsltiloeeépu.nerpttauoitguteeirs-.
les éditions dithyrambiques
association 1901
direction artistique : justine maillard
comité de rédaction : léo, enid, salamaleck, erwin
www.lapommaderemoise.fr - [email protected]
imprimé à reims - ne pas jeter sur la voie publique, grrrrrrrr !
du bonheur dans 3
notre malheur Le Club de haïkus de la rue du Barbâtre a rouvert le
sainte-anne mois dernier dans l’humeur conviviale et bon enfant qu’on
lui connaissait. Petit florilège de la session du 4/11 qui avait
Si l’on excepte les parapluies de pour thème « personnages célèbres »
sortie, le cortège en l’honneur de
la petite fille écrasée s’est globale- Je me Reims
L’œil et le doigt
gastronomiement bien déroulé. Au jet du Robinet
Vos latrines
On dit que nos restos rémois sont Ne valent l’arrière-train
surcotés. C’était avant la lecture du de Catherine Vautrin
petit guide sponsorisé « invitez-moi Jean-Paul Bachy
à votre table, j’en dirai que du bien » Jean-Pierre Bacri
aux éditions Pulshit. Deux sourires dans la vie
jean jaurès Les nouvelles propositions économiques du Cercle des amis de Colbert
Les compagnies d’assurance dé- (rue Colbert) seront – on l’espère – examinées avec le soin qu’elles méritent par
plorent peu de dégâts matériels dans l’équipe municipale, voire le Conseil général :
l’incendie qui décima la famille
Bertin. Le Pleyel quart de queue - Augmenter les taxes dans les zones commerciales
1930 devrait être restauré à peu de
périphériques qui ne font que tirer profit de leur proximité avantageuse avec
troisfrais. piliers Reims (ex : Cormontreuil et Tinqueux)
Confirmation, il n’y aura pas de - Remplacer les champs de betterave par de la vigne
rétrospective Picasso en 2016 à la
maison de quartier. À la place les (plus de valeur ajoutée)
enfants de l’école Émile Zola ré-
aliseront une frise géante dans la - Inciter l’État à rapatrier les usines automobiles
grande salle.
et agroalimentaires délocalisées en Chine et en Pologne dans le parc d’activités
croix rouge Witry-Caurel, quitte à rémunérer les futurs ex-30 000 chômeurs marnais un
peu en dessous du Smic
Malgré l’invective «je vais te tran-
cher fils de pute», le jeune Dylan - Instaurer des droits d’entrée payants
sut rester digne et placide avant de
succomber à 27 coups de lame. en différents points de la ville (résidents et travailleurs exonérés) comme Reims
est l’une des villes françaises les plus visitées par les touristes (et 8ème plus
cathédrale endettée)
Pour pallier l’absence de bornes - Encourager la fermeture du cabinet du docteur Fouquet
Wi-Fi dans la nef et de codes QR
sur les vitraux le staff clérical s’en- (quartier Saint-Rémi)
gage à répondre à toutes vos ques-
murignytions, même les plus impénétrables.
Le délégué du personnel de l’entre-
prise V., en arrêt maladie, ne put
représenter la jeune femme à son
entretien de licenciement. Il devrait
toutefois reprendre ses fonctions
dans les prochains jours.
prospecteurs, de l’oseille dans le gaz4
De 2007 à aujourd’hui (loi Hamon du 14/03/2014), les différentes lois
sur la déréglementation du gaz ont permis en France l’émergence de nombreux fournisseurs alternatifs,
avides de s’accaparer un juteux marché de vingt millions de foyers jusqu’alors propriété exclusive de GDF.
Tout a été dit sur cette nouvelle relation gagnant-gagnant entre des producteurs qui peuvent accroître leurs
profits sans la main intermédiaire de l’État et le consommateur, qui, – d’après un aperçu sommaire du
contrat – voit sa facture énergétique à la baisse. Pourtant, cette formidable révolution en cours ne serait rien
sans son maillon essentiel, le prospecteur, qui, de porte en porte, de jour en jour, se fait le trait d’union
entre des consommateurs mal informés et des multinationales qui aspirent à leur bien. Omniprésent mais
courtois et bienveillant, très apprécié des riverains, il a aujourd’hui une place à part entière dans notre pay-
sage urbain. Plongée à l’intérieur du métier le plus hype du moment.
Au chevet du client non mentionnées. Du coup Pour en savoir davantage, Source : gallica.bnf.fr parence, un marché du gaz
on se sent parfois un peu in- nous nous sommes infiltrés en pleine vitalité depuis sa
Dans le quartier de la Neuvil- compris, comme Jésus à ses à la session de recrutement récente libéralisation – qui
lette c’est jour de prospection. débuts. Mais je ne m’en fais d’une boîte qui œuvre pour douterait d’ailleurs que l’ave-
Pour Germaine, résidente de pas trop, ils verront bien vite un important groupe gazier nir est le fossile ? -, 20 mil-
74 ans (une charte éthique qu’on est capables de multi- italien. Le local vétuste, situé lions de contrats potentiels à
minutieusement respectée Croix-Rouge, ne paie pas for- renégocier rien que sur notre
interdit de démarcher au-de- plier des pains nous aussi ». cément de mine. Rien n’invite territoire. Ramenée à l’échelle
là), qui n’a pas les moyens de Tantôt dans un rôle humain à vrai dire à imaginer une de Reims, la statistique a de
s’offrir une aide à domicile, la et social, tantôt messie des telle émulation de l’autre côté quoi donner le tournis aux
venue bénévole des « docteurs temps modernes, il faudrait des murs. A l’intérieur nous aspirants prospecteurs. Jugez
du gaz » est toujours un au- être sot pour continuer de retrouvons Frédéric, l’ave- plutôt : plus de 50 000 foyers
thentique moment de partage. considérer le prospecteur nant directeur de l’antenne équipés au gaz qui ne de-
Elle nous confie : « D’habi- comme un simple agent com- rémoise, 35 ans max, qui mandent qu’à succomber à ce
tude on parle cinq bonnes mercial. porte un costard-cravate fine nouvel eldorado du discount.
minutes de ma vieille col- et un pantalon slim façon an- Sachant que l’entreprise
lection de poupées. Oh vous Un métier en plein essor née 2006. L’actualité de son prospecte pour le gaz depuis
savez c’est pas grand-chose discours est en revanche on maintenant 2 ans, 6 jours par
mais certaines appartenaient Mais d’où viennent ces in- ne peut plus brûlante, pour semaine, à raison d’une dou-
à mon arrière grand-mère. nombrables héros du pou- ne pas dire avant-gardiste. zaine d’employés permanents
Puis, pendant que je fais in- voir d’achat qui peuplent Il nous dresse, en toute trans- et de 50 démarchages quoti-
fuser le thé, la jeune personne aujourd’hui notre ville ? diens par personne, je vous
me demande si je n’ai pas par laisse calculer l’immense part
hasard ma dernière facture du gâteau qu’il reste à saisir
de gaz avec moi. Et un RIB. pour le néophyte qui entrerait
Une chance qu’elle ait pensé en jeu. Qu’importe l’absence
à me demander ça car appa- de salaire fixe, avec de telles
remment je paie beaucoup garanties ça ne doit pas être
trop cher par rapport à ce que si sorcier de toucher une com-
je devrais. Elle a un papier à mission par-ci par-là ! Mais
me faire signer pour stopper Frédéric n’en a pas fini de
cette gabegie, ce que je fais nous vendre du rêve. La boite
de bon cœur, mais quand je propose, outre des primes très
reviens avec la théière elle est avantageuses, un challenge
déjà partie. C’est fou comme annuel pour récompenser
les gens les plus attentionnés les prospecteurs les plus ha-
sont souvent les plus timides biles (ils sont environ 250 un
! ». Du côté de Karen, qui peu partout en France). Et
prospecte dans le bloc d’en- le jeune chef d’entreprise de
face, l’heure n’est pourtant nous narrer la succes story
pas à la réussite ce matin. du cru, un de ses gars qui a
Beaucoup d’habitants croient déjà remporté une Jaguar
à un canular lorsqu’elle leur XF - 17 litres aux 100 - qu’il
annonce l’opportunité d’éco- sort parfois le dimanche, ain-
nomiser de l’argent juste en si que trois voyages de deux
claquant des doigts et lui re- semaines au Maroc, dont il
ferment, non sans égards, la n’a pas encore profité. « Il vit
porte au nez. De nature opti- toujours chez ses parents et
miste, elle ne veut surtout pas n’a pas pris de vacances de-
se laisser abattre : « Les gens puis qu’il travaille chez nous
ne se rendent pas tous encore car il a peur du fis… des im-
compte de ce qu’on peut leur pôts », explique t-il, achevant
faire gagner, jusqu’à 3 % par de créer quelques heureuses
kilowatt-heure, hors clauses vocations dans la salle.
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i«mil epstensable
qu’un rémois n’ait pas au moins
une bouteille de champagne dans son frigo !»
La petite phrase, prononcée par le député-maire Arnaud Robinet
lors du discours inaugural au Vino Bravo 2015 (Hôtel de ville, 16/10), n’est pas passée inaperçue. Des mots
emplis de bon sens et d’évidence auxquels lesdits Rémois, de tout âge, ont voulu apporter leur approbation.
Alexia (étudiante) Joseph (faussaire) «RVeneréseu(nreertèrgaleimtéeen)tation ? »
« Se moquer de la crise » « Une véritable demande »
« J’entends les propos d’Arnaud Robi-
« De mon point de vue, boire du cham- « Fut un temps où les bourses modestes net, ils me paraissent aller dans la bonne
pagne en temps de crise n’est pas une me commandaient des faux polos Lacoste direction. Mais à ce jour, justement, ce
aberration. A l’époque, si on rouvre nos ou des faux Rembrandt. Aujourd’hui ces ne sont que des mots, aucune mesure n’a
livres d’histoire, les Français mangeaient signes de richesse traditionnels, l’art et encore été prise. En tant qu’ancienne
bien de la brioche quand le pain venait à les fringues, sont un peu tombés en dé- agente immobilière, combien d’apparte-
manquer. Aujourd’hui c’est pareil, on se suétude ; on est revenu à une certaine ments ai-je pu visiter dans la région où le
serre un peu la ceinture mais il ne faut simplicité, la bonne chère et les plaisirs frigo et la cave – quand il y en avait une
pas non plus déroger à certains prin- de la table. Je me félicite d’avoir réussi à – étaient dépourvus de la moindre petite
cipes. Comme j’ai l’habitude de dire à m’adapter à ce nouveau marché et, à pré- bouteille de champ’ ? Reims pourra se
mes amis, dans mon frigo c’est « mousse sent, le plus gros de mon activité consiste targuer autant qu’elle veut d’être la ville
de canard et Canard-Duchêne ». Eux- en la reproduction d’étiquettes et de cap- des petites bulles, tant que ses habitants
mêmes en soirée se pointent souvent avec sules de champagnes millésimés. Les continueront à la dénigrer de la sorte
des Curly et des quarts de champagne clients n’ont plus qu’à m’apporter leur c’est cause perdue. Il faudrait carrément
(20 cl) et on se fait des shooters de Rui- bouteille de Pol Rémy ou de mousseux un arrêté municipal qui stipule l’obliga-
nart ou de Pommery. En fait, à Reims, je ordinaire et je la leur customise en cuvée tion de posséder chez soi au minimum un
crois qu’on est pleinement l’incarnation de prestige pour les grandes occasions. La carton de six bouteilles, quitte à subven-
de la devise que Jean-Louis Debré rap- phrase d’Arnaud Robinet s’inscrit dans tionner les ménages les plus réfractaires
pelait fort à propos lors du dernier Vino ce contexte d’une fierté et d’une identité dans un premier temps. »
Bravo, boire moins mais boire mieux ! » rémoises fortes. »
escapades gourmandes 6
d«Lanes pl’laesicsailrieerst»
dbaonusdleosirtesnrtuorseessdreésmpeotiitss
Reims, ville rose… à l’image des biscuits de la mère Fossier, incontournables petits
boudoirs à savourer coquinement mouillés dans une coupe de champagne. rose à l’image de Notre Dame,
qui surplombe fièrement la ville des Sacres de sa couleur poudrée. Mais surtout rose, à l’image des
pommettes de ces jeunes bordelières qui font fleurir l’âge d’or du marché des plaisirs. Bien loin des bords
d’eau où Saint-Louis cachait selon la tradition populaire les femmes de « petite vertu », ici c’est au cœur de
la belle Rose – à l’angle de la rue Bacquenois et de la rue de la Madeleine - que le fleuron des maison closes fait
luire son petit croissant de lune chaque soir : « Le Palais Oriental ». Ou le P.O., le « Palais » pour les intimes.
Edgar Faure, ajueupnaleaaisvo»c.aNt se’élfaaniçsaait ndtes nqui auisndee lna igadreeudexR,eidmisr,epclotniogenaitledanPsalelapirsemOierriteanxita– l«.
conduisez-moi
« vous êtes de reims ? ah,le palais oriental... ! »
devDxoéaoslnitcipsqelsuuu,esnsoeprrnaroemaffoieebnrnimdatsnadcideeeénsvoti,éprrsiai.mtcaDéébeetla,epgsdrheacohnrldeeofsuessrdddtee’’snuœtnpuuevorrreetbses,osîadtdue’eaxrdbpteioasitrsefPsusaomcnmodslboldrereeecss,-
tionnés du monde entier pour la plus belle invitation au voyage.
Lascives et nues, ingénues drapées et telles. Les fourrures ornent sa gorge s’élancent vers l’escalier des convoitises.
voilées, ce sont les palais des mille et parfumée aux essences boisées, des Ici, le plaisir de pâlir est le plus beau
une nuits qui laissent la beauté moite oasis prennent vie sur une peau aride des désirs.
et encore brûlante sacraliser la finesse comme un désert de désirs où naissent Les « bouteilles bijoux » sont magnifi-
des par-dessus en satin brodés de scé- les mirages. quement présentées le long du comptoir.
nettes exotiques… ces tableaux vivants Les voiles se jouent de l’intimité pour On imagine quelque Colette, Laurette,
et éthérés s’enchaînent comme dans mieux faire fleurir le mystère et le se- Sara… habiller ces merveilles uniques,
une rêverie dépaysante. Mille et une cret, la peau ornée de bijoux comme sculptées par des artistes locaux, déco-
nuits, reflets infinis, de grands miroirs écrin de projections fantasmatiques se rées de petits cadenas.
teints et fumés s’élancent à travers les pare d’atours ingénus comme un pa- Plaisirs éphémères pour les filles,
courbes de quelques arches, de jeux de ravent de nudité où l’absence comble le chaque bijou œnologique ne contenant
lourds rideaux tissés de fils d’or, pour plaisir. que deux coupettes d’une cuvée excep-
mieux dévoiler les secrets… tionnelle, représentait surtout la nais-
Secrets qui ne l’étaient pourtant pour Toutes les nuits, sance du pourboire.
personne. Le Palais Oriental, lieu de
jouvence et de plaisirs intergénération- j’effleure les fleurs du mal La fleur de paradis s’ancre dans les
nels offre derrière ses grands éventails lourds encens de patchouli et la lune
de plumes et ses cocasses petits fau- Le palais des tensions d’un désir in- rousse plonge le petit salon dans une
teuils Courtisanes de merveilleux et ô tergénérationnel, le lieu de tous les fan- intimité étouffée.
combien convoités après-midis fami- tasmes à la croisée primitive. Bien plus élégant qu’un billet de dix
liaux où quelques Fleurs de Chine – ou Il est de très bon ton de s’y montrer en dollars glissé dans le string d’une call-
plutôt abatteuses – endossaient parfois famille, comme nous le souligne l’écri- girl bombée au silicone dans un Peep-
une tenue de cirque. Les belles familles vain Michelle Roy, à travers son roman show sur un grand axe de la côte Amé-
de la bourgeoisie rémoise y glanaient Chronique d’une maison close aux édi- ricaine, au Palais chaque petit bouchon
des orangeades et autres friandises… tions Thélès. était collecté dans une jolie corbeille au
Non loin, de petites portes dérobées nom de la fille… dont 80% étaient re-
pouvaient se réserver pour la soirée. « L’envers de ce grand théâtre du monde, versés à la maquerelle de la maison.
Ce soir je ne veux pas de toi au lit. » où les désirs de l’humanité se voyaient
Mais ce soir, la nuit tombée, les doigts projetés à travers quelques lourdes ta- Cd’hAaqnuteoinsoeitrt,e LBæotiutidaoisrou, sjoulee nom
délicatement recourbés, Lætitia plonge pisseries, est tout autre. et se
ses caresses au creux de ses bas de soie. Un immense bar, aux boiseries tropi- joue des codes d’une époque à présent
La couture s’élance le long de ses cales rares ornées de fleurons aux par- libérée, de l’héritage interculturel de
cuisses, poudrées au riz et galbées de fums presque enchanteurs berce une mouvances artistiques pour se mou-
crèmes pailletées, se noue aux jarre- intime lueur de somptueuses verreries voir et émouvoir les quêtes existentielles
peintes à la main, aux ombres florales d’un corps fantasmagorique.
projetées sur les longs corridors qui
«Le plaisir est 7
dans l’escalier»
A l’étage, sept petits salons aux habillages les plus
originaux et modulables selon bon désir sont les écrins d’éternité de
trente petits cœurs à louer… ou de gros Messieurs barbus.
Poudre de riz, parfumeries, lingeries fines et coquetteries utilitaires
étaient sous la réserve de la mère tenancière, qui chaque mois offrait
la visite d’un médecin exceptionnel leur délivrant l’ordonnance de
quelques pommades pour la passer au plus grand plaisir de leurs clients.
Pour l’exercice de ce métier dont les trois-quarts des établissements
appartenaient au Clergé et étaient sous le regard bienveillant de ministres
et autres politiques, chaque fine fleur devait s’acquérir d’une carte :
« la brème ». Dans cette carte de parenté, au nom de poisson : couleur
de cheveux, grains de beauté, tour de taille et bonnet…
Elles pouvaient ainsi tourner parmi les trois lupanars de Reims.
Et pour s’offrir ces luxes qui sauront ros de cirque sont les plus convoités - passible des tribunaux ou de la pendai-
attirer les convoitises de ces Messieurs on y présente des chanteurs, danseurs, son.
de la Haute naît la jalousie. Les « gants jongleurs et clowns mais l’audience Le Palais devenait le QG des officiers,
», piécettes collectées religieusement s’accroît par la soif de sensationna- les petits soldats devaient se contenter
par leurs habitués ne parvenaient pas lisme quand le danger explose ou de la petite marchandise refoulée du
à sauver la mise de ces fleurs qui com- quelques lions éventrent le dresseur. fleuron au Parisiana ou à la Renais-
mençaient à pâmer. Parmi les clients, des flâneurs qui ren- sance.
daient visite à quelques prostituées… Perçus comme des trous à rats de-
Les maisons closes n’ont jamais été si La Haute se sentait libre, pouvait gar- puis la Première Guerre Mondiale,
bien perçues dans la haute société. Les der le chapeau et fumer en toute impu- les bordels se doivent de mêler plai-
femmes voient en ces gourgandines une nité. Aux cabarets, à la porte nous lais- sir physique et nouvelles formes de
certaine tendresse voire reconnais- sions la bienséance et les conventions stimulation : l’élitisme franchit les
sance. sociales. portes des petits cabarets parisiens ;
Car bien de tenir les pulsions de leurs La première guerre mondiale marque au parfum de poudres de riz s’entre-
maris en laisse, Madame s’offre le thé le premier tournant des cabarets et des mêlent dès à présent la voix charnelle
avec ses compagnes et se garde d’une lieux de plaisirs. et rauque de Dietrich ou la présence
grossesse non désirée. mystique de Colette, pour les beaux
L’État privilégie les plaisirs pour gar- yeux d’un Jean Gabin et autres Sacha
Les maisons d’abattage, reconnues à der le moral des troupes et les abat- Guitry qui deviennent des habitués
l’époque comme nécessité d’État ont teuses maintiennent les pulsions dans d’un pensionnaire de 22 chambres.
connu leur âge d’or pour libérer les les bonnes mœurs, loin des tranchées Mais quand ce One-Two-Two s’es-
tensions de la première guerre mon- et des carnages de guerre. soufle, Le Sphinx renaît de ces cendres
diale lors des permissions des poilus. Ici, la chair est parfumée et poudrée… et ce sont les immenses plumes d’au-
mais pas des moins écartelée. truches et d’oiseaux rares de Mistin-
Même si les plus grands Maharadjahs, Les écartées vivent une véritable ré- guett que nous pouvons caresser, des
les Princes et élus du monde entier ap- volution sanitaire dès l’arrivée des yeux et du bord du cœur pour la plus
portaient les parfums d’une grande troupes nazies et de la Wehrmacht belle invitation au voyage…
noblesse orientale pour faire vivre la qui marquait l’une des pages les plus
splendeur du P.O., les maisons closes sombres de Reims et sonnait l’époque Alors qu’à Paris Edith
n’ont jamais connu leur essor que dans la plus rayonnante des maisons closes. Piaf devenait l’étoile du
la crise d’un contexte économique dé- Plus d’encartées : mises au camp ou boulevard à l’Etoile de
vastateur. définitivement chassées du territoire. Kléber sous l’Occupation,
On dit qu’elles étaient jetées dans les à l’étage sept salons abat-
Dà le’él’tooimlebdreebdoeullaevraured quartiers glauques de Saint-Denis où tent les dernières chairs
elles disparaissaient du paysage. humaines de 1943 à 1946.
A Paris, l’âge d’or des cabarets éclate De la nouvelle marchandise alsacienne
à chaque crise économique, sociale, était importée dans les bordels, des
des mœurs. Les plus belles roses fleu- plans sanitaires étaient rigoureusement
rissent dans la fange. appliqués et chaque hémorragique était
Dans les cabarets les plus huppés
comme Les Folies Bergère, les numé-
&Lleavcirnisgetièidmenetistiaèicrlee 8
Junk Food, terrorisme, théories du complot, Nostradamus, fin du monde, ré-
chauffement climatique, plans de crises, tensions politiques, « guerres froides
» : le corps explose et implose. Face à une société sur-consumériste et capita-
liste, la convoitise du désir reste encore la monnaie la plus rare.
L’explosion des premiers riffs du Rock’n’roll font l’effet d’une
salvation libératrice qui se substitue parfaitement aux rythmes enfié-
vrants du swing. Le rockabilly, marqué par le suave déhanché d’Elvis
Presley censuré des écrans de télévision en aura échauffé plus d’un, faisant
naître plus tard d’autres dérivés tels que le psychobilly, dont les Cramps de-
viendraient l’égérie de cette scène interculturelle nouvelle entre performing
aLrats emt onuesmiqanusheownm’auspicaal.ise-t-elle pas les mœurs ?
Les corps effrontés se livrent à travers un nouveau genre, le burlesque, où la
femme – maître de ses moeurs – offre son corps en théâtre du monde.
Les boiseries tropicales du Palais Oriental ont troqué leurs envolées lyriques d’oiseaux du paradis et de
fleurs suaves contre des revêtements métalliques et des boules à facettes. Les bals deviennent des dance-
floors et certains cabarets ont pour seul décor une rampe de lampes halogènes, exhibant toujours plus la
chair et l’essence des désirs.
Immodesty Blaze, Tempest jeunettes de douces vertus se pa- Louise de Ville ou Louis de Ville, Pape, poupée gonflable, vieux à
Storm, Satan Angel deviennent vanent et ondulent, bercées par chaque soir dresse ses faux cils barbe... à l’image des fantaisies
les amazones d’un monde mo- les cuivres d’un jazz band sur de biche ou de Queer. Entre les du Palais Oriental ?
derne où les chairs se déchaînent d’immenses toiles qui recouvrent deux, il n’y a qu’un pas. Elle Minnie Valentine deviendra Va-
et leurs noms évoquent les les sols d’un hôtel particulier oc- farcit ses strings à paillette pour lentin Crève Coeur et Antoinette
champs de bataille dantesques casionnellement privatisé pour devenir fleur du mâle et imposer Boudoir se jouera des clichés
de l’art du paraître. Dans leur le bonheur de quelques rêveurs. son autorité dominatrice. Entre et des paradoxes d’une histoire
tensions les plus primitives, les Carolee Schneemann offre une deux danses d’éventails dans croustillante, qui amusera sur
cache-tétons collés à la sève à performance où elle déroule de les ombres lunaires, elle balaie le ton d’une coquine légèreté
postiches vibrent et ondulent au son vagin ses mémoires à la ma- son corps orné de cristaux et de une audience aux joues pâmées
rythme des guitares électriques. nière d’un testament d’une vie plumes d’oiseaux exotiques de et qui pourtant ouvrira un mi-
Betty Page s’exhibe rutilante intra-utérine sur les rituels et perles de feu pour susciter les dé- roir à travers le temps sur notre
de latex noir huilé, l’impeccable passages de transformations du sirs des idylles fantasmagoriques. société...
frange d’une rigueur étour- corps féminin et Shigeko Kubo- Et bien loin des candeurs fan- Ce soir, au sein des petits salons
dissante et le fouet à la main, ta peint des natures mortes avec tasques d’un public émerveillé, de l’ancien palace rémois Deger-
perchée sur ses aiguilles d’une son intimité pour mieux s’appro- on retrouve une certaine triviali- mann, où les plus beaux bals des
dizaine de centimètres. Finis les prier son corps. té d’antan projetée sur un corps bourgeois endimanchés se fai-
corsets, finis les jupons et autres 1980, le burlesque s’essouffle monétisé : les crèmes à paillettes, saient la cour, non loin du Palais
petites coquetteries des bonnes et le côté libertaire laisse place les poudres, les peaux fardées et Oriental.
mœurs. à la légalisation aux Etats-Unis étouffées sous les covers et les Les estampes tropicales du fleu-
Le Palais oriental de ses cendres des revues pornographiques et la colles à postiches, des perruques ron rémois semblent renaître de
voit naître la scène BDSM, la den- libération sur les ondes de la télé- asiatiques aussi brillantes que du leurs cendres, et la féminité s’in-
telle se défroque pour le latex, la vision. Et pourtant l’art contem- plastique... carne au cœur de codes sociaux
peau de panthère synthétique, porain ne cesse de repousser les Pourtant, Louise s’épile – ou et esthétiques d’un temps pour-
des cristaux de plastique ornent limites du possible dans le per- pas – mais chaque poil religieu- tant aboli qui a marqué une page
les cache-tétons modernes. forming art. sement collecté devient acteur de des plus sombres de l’Histoire de
L’art de la représentation qui Face à la crise identitaire de sa vie d’artiste, qu’elle dépose la France. Espoirs de libérations
tisse un lien intime entre le corps l’anorexie, des scandales du du bout de ses ongles fins sous sa ou candide naïveté d’une nostal-
mis en scène, la performance et monde de la mode et des in- gorge parfumée pour devenir un gie bienheureuse... ?
la prestation est sans doute incar- dustries cosmétiques, orches- «vrai» bonhomme. Etrange paradoxe, ou cercle ver-
née à travers Andy Warhol, qui, trées par des diktats machistes Elle vit d’ailleurs chaque « act » tueux, de ces pages d’histoire
en 1960, créait des vidéos pour et poussées à tendre vers une comme un rituel. Le burlesque, qui se réécrivent mais ne se res-
les Velvet Underground et de image masculine et androgyne, c’est sa religion à l’Américaine, semblent pas, entre phénomènes
nombreux artistes, en héritage le corps féminin est plus que ja- loin de ses tracteurs et chemises de modes, crises sociales et infi-
de l’Histoire. Gina Pane, Michel mais mercantile. Tout commence à carreaux fétiches du Kentucky. nies quêtes existentielles.
Journiac repoussaient les limites sur les tapis rouges, les tailles 36 Depuis des années, sur les Bien que ce soit le parfum d’un
de l’enveloppe corporelle offrant n’existent pas sur les catwalk. planches du théâtre comme sur Orient fantasmé que Lætitia in-
la chair comme toile de repré- Le féminisme en prend un coup. la scène d’un bar bien éméché, suffle au sein de ses dentelles,
sentations et d’expérimentations Et face à ce désert de lamenta- Louise est activiste. Elle met en aux allures d’un oiseau de pa-
poétiques et politiques, enfants tion humaines, en poupe des scène Les Monologues du Vagin radis perdu des années folles,
de l’Actionnisme Viennois qui mouvements LGBT, et bien loin et participe régulièrement au fes- l’allégorie d’un temps révolu.
banalisait la violence des corps de dormir sur leurs deux oreilles tival rémois les Bisqueers roses. Laetitia écrit sa propre révolu-
pour la libération des moeurs depuis la loi Simon Veil ou du Parfois elle s’habille en vagin où tion entre les lignes déjà jaunies
d’après-guerre. droit de vote des Femmes, Louise un inconnu du public est invité de l’histoire. Jeu de rôles ou
Chair à canon ou chair à po- de Ville, Minnie Valentine ou à endosser un costume de doigt jeux d’une vie, entre rêveries
gnon, Klein de sa poésie azur Antoinette Boudoir se jouent des géant ; parfois elle endosse les tics et fantasmagories, à vous aussi
saute dans le vide pour une per- codes et des héritages historiques et le visage d’une personnalité d’effeuiller à travers ces voilages
formance époustouflante de lé- pour saupoudrer leurs petites politique qui a le vent en poupe,.. éthérés la grande aventure de
gèreté et nous offre les fameuses marmites de femmes au foyer Toute la poésie du quotidien or- l’égalité des sexes.
Anthropomorphies où de belles de piments électriques, en quête dinaire prend vie dans ses mille
d’égalité des sexes. et uns personnages.
ml’ainnvistaatriaonlauumvoièyarege 9
Vous l’avez peut-être déjà croisée à se faufiler au détour d’une
scène d’un film, dans quelques gravures d’histoires ou entre
deux vers luisants de fine poésie... Sa silhouette corsetée en tail-
leur impeccable virevolte dans chaque flottement du Temps,
ornée d’un haut de forme de velours d’où sautillent joyeusement
quelques petites tresses ondulées.
Hors du Temps, Mansara est l’invitation au voyage, des suaves
élancées lyriques ethniques à l’image de grands balais de pa-
radisiers, sa voix comme du miel vernis et acidule des siècles
d’histoires perdues, sur le fil du temps ou d’une scie musicale...
Telle une rencontre avec Jules Verne, elle porte en ses veines
et sur la soie de ses corsets l’âge de la Révolution : celle d’un
rétro-futurisme, une poétique steampunk qui nous invite à
porter un regard sur l’évolution de la société contemporaine.
Des rouages d’horloges s’ancrent dans crée, je ne sais jamais où je vais, mais mais ce n’est pas un passe-temps.
ses clips vidéos et se marient à l’âge j’y vais et cela donne ce que ça donne. Mais je suis curieuse du fonctionne-
d’or des Lumières, dont Mansara et les Vient le temps ensuite pour celui qui ment de l’être humain et je retranscris
Orphelins Lumières arborent fière- écoute de donner son avis, d’interpré- ce que je vois au plus près, et le plus
ment, comme une religion, les reliques ter et d’en faire ce qu’il veut. Je n’ai pas près c’est « moi ». Et le « moi » est le
d’un temps perdu. Poésie, carpe diem, de méthode pour créer, cela revient à temps. Le temps est une chimère.
invitation au voyage et synesthésie... dire que j’ai une infinité de méthodes.
entre lyrisme d’un autre temps et Et je suis parfois surprise de certaines Je suis une chimère.
ébauche d’un roman fantastique d’an- interprétations parce que je n’y avais
ticipation dans lequel la courtisane pas pensé et qu’elles sont criantes de Je m’orne d’accessoires qui viennent
flirterait avec le geek. Les machines vérité lorsqu’on me les expose. Su- de tous les temps comme je choisis une
à vapeurs deviennent des machines à zanne par exemple? Je l’ai écrite au paire de chaussure qui va bien avec ma
nuages, les sonorités des contrées exo- premier degré à la base et on m’a gen- tenue. Et parfois ce sont d’autres qui
tiques une douce uchronie, et sa valise timent fait remarquer avec beaucoup m’ornent d’accessoires au fil des ren-
le théâtre d’improvisation d’univers de véracité que ce texte était plus subtil contres, musiciens, graphistes, réalisa-
parallèles... Embarquement pour la et osé qu’il ne le prétend. L’esprit est teurs.
nouvelle cité de nos âmes d’enfants rusé ! Agnibilekro, c’est le conditionne-
perdus. ment, la peur de l’inconnu, le plaisir, Lfuetupraessstéuenste milloursti,onle,
l’attachement à ses racines et la joie de
agnibilekro « les fantômes du passé » : les survoler comme si on regardait sa nous faisons du présent une passerelle
je me métamorphose en oiseau virtuose, propre beauté et sa propre laideur en entre les deux et rarement nous regar-
pour fuir la Métropole j’emprunte les face, sans jamais y succomber et cela dons ce qui se passe vraiment autour
ailes d’une luciole... sans aucun effort. Agnibilekro, c’est de nous car nous sommes trop absor-
toute l’histoire d’une vie, l’essence de abandonner tout ce qu’on croit être bés par notre devenir. Débrancher le
tes aspirations et de tes inspirations. je SOI pour être libre de rire et danser présent, c’est mourir au passé et au
suppose que c’est Agnibilekro que tu simplement avec celui qui le veut bien. futur, et c’est cela être l’instant !
transportes comme une boîte de pandore quel est ton rapport au temps ? « j’ai bu le ciel et caressé le vent, sau-
machines à vapeurs, usines à nuages, poudré de miel un soleil vieillissant [...]
à l’image de la philosophie païenne, dans j’ai même croqué un morceau de lune »
ta valise, dont mansara lumière serait tu te métamorphoses en libellule sur « un monde se cache derrière la raison,
l’anésidora, la femme qui fait sortir derrière la ligne de l’horizon je t’y
les présents des profondeurs ? scène, jamais sans ton immense valise... emmène »... tu nous y emmènes ?
souvent sur tes affiches, tu t’ornes ca a quel goût, un croissant delune
Ne dit-on pas que la conscience est col- de bras de pieuvres, à l’image d’une d’ailleurs ?
lective et que notre partie inconsciente chimère qui réveille des siècles de fas-
est chargée de tous ces mythes ? Je me cinations mythologiques et mythiques... çUanaclerogiosûstadnet ld’Ae mluonuer,.
retrouve bien dans celui-là, je suis très « j’ai bâti un abri dans la pendule de
habile pour me mentir à moi-même mes cauchemars. les engrenages se dé- Pas celui de la sensualité, du désir ou
et me persuader de certaines choses. hanchent, l’électricité s’enchante, du plaisir. Insaisissable à vrai dire. In-
Je suis faite d’argile tous les matins le présent se débranche. [...] l’instant descriptible. Incompréhensible.
grâce à un masque désincrustant, j’ai est ma demeure, Chronos est mon souf- Quelque chose qui envahit tout, une
un diplôme de styliste/modéliste, on fleur. » tu serais la première histo- énergie sans fin, sans début. L’esprit
peut associer cela au tissage si l’on rienne musicale ? qui cherche à l’atteindre, à l’analyser,
veut. Le don de la musique? J’ai su à le disséquer, à le capturer se torture
que je serai chanteuse avant de savoir Je suis tout sauf historienne. Cela ne lui-même. Ma fille s’appelle Lüne.
chanter, ce doit êtreun don (rires). Et veut pas dire que je ne vais pas à des ex-
je suis très curieuse, c’est vrai, mais je positions (quoique pas assez peut-être)
me modère. Vous savez, lorsque que je ou que je ne vais jamais à des concerts,
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Ton rapport au temps, aux symboles interculturels, aux pages de l’histoire,
aux codes graphiques riches de l’histoire de l’art, ton rapport au corps...
Finalement Mansara, c’est un peu l’allégorie du cycle de la vie ?
C’est tout à fait exact. Changer le décor, changer les mots, faites des pseudos
révolutions, faites la guerre ou la paix, identifiez-vous aux frontières de votre
pays, ou à la couleur de votre peau, soyez ronde, maigre, barbu, rasé, musul-
man, juif ou chrétien, rien de change fondamentalement.
Toujours aussi violent, égoïste, manipulateur, ambitieux, nous ne changeons
qqunueoileeusstsdédtecasioslusnsmtpaeoinsutarueprrfeonndddreneosucasepdléaqsciueroo’nuosngbaiernadenreontoutrcserténrôoonnue sosulfd’oéitrlrçlôunoesnricsoenluà.i
Que de violence. Et dire que certains prônent fièrement leur titre de préda-
teur. Quel gâchis !
dans cette édition spéciale, on va tâcher de parler de ton rapport à ton propre corps, en poésie...
et pour faire monter la température à l’heure d’hiver, je t’emmène chez ta vieille amie suzie. la suzanne de léonard
cohen l’emmène écouter les sirènes, pour passer une nuit sans fin. et quand il voudra lui dire qu’il n’a pas d’amour pour
elle, elle l’appelle dans ses ondes et laisse la mer répondre, que depuis toujours il l’aime. ta suzie, elle, façonne la flat-
terie, lit dans les yeux de ses amants comme dans un livre pour enfants, pour être aimée d’un homme qui restera le tien.
a travers cette chanson, la sirène c’est mansara, on se laisse glisser sur ses ondes, sur son corps voilé de fines dentelles.
quel est ton rapport à suzanne ?
quel est ton rapport à cette page sombre de l’histoire qui pourtant a le vent en poupe alors que le corps féminin n’a
jamais autant été contraint par les diktats de la mode et de l’industrie cosmétique depuis la fin de l’ère du corset début
des années 1920 ?
J’ai une « certaine » fascination pour les geishas et les courtisanes.
Elles ont été brimées, éduquées dans un but : satisfaire les appétits sexuels de l’homme, satisfaire l’homme.
Mon rapport avec Suzanne ? J’ai grandi avec cette idée aussi. Ma généalogie et mon histoire familiale y sont pour quelque
chose. Inconsciemment bien sûr, et cela m’a valu quelques pépins. Je ne voulais pas être une femme parce qu’une femme
devait se taire, trimer pour nourrir sa famille, étais prise pour une sotte et un objet sexuel ; pourtant je voulais être
respectable et admirée alors je m’efforçais d’être jolie et polie.
Quelle belle image de la femme avais-je, n’est ce pas ?
Alors imaginez l’image que j’avais de moi. Je me suis pliée aux diktats imposés par la société et la suprématie de
l’homme. Des diktats, ce sont des diktats, que ce soit en 1920 ou aujourd’hui, c’est toujours la même histoire, sauf qu’au-
jourd’hui les médias et Internet n’arrangent rien. Les révolutions sont de la poudre aux yeux, des illusions passagères
et on finit par se retrouver toujours au même point et à se battre pour les mêmes choses. Je n’ai pas compris l’intérêt du
sexe pendant longtemps, jusqu’à ce que je comprenne qu’il n’y avait pas d’intérêt mais que c’était juste « communion »
profonde de deux êtres qui s’attirent mutuellement.
Mais ce qu’on fait du sexe est dénué d’amour.
C’est triste, voir sordide. C’est le reflet d’un conflit intérieur tenace qui nous ronge.
Nous séparons le corps de l’esprit, mais prendre soin de son corps, c’est prendre soin de son esprit et vice versa.
et si aujourd’hui tu pouvais voyager dans le temps, dans l’histoire, tu nous emmènerais où dans ta montgolfière à réaction
? tu nous fais une petite impro ?
Je vous emmènerais dans un univers parallèle teinté de cuivre et d’apocalypse.
Dans un Paris, à la veille d’une révolution steampunk, je retracerai mon enfance en chanson, le jour zéro, mes premiers
amours, mon tour du monde et le jour où la mort m’a surprise.
J’allumerai le feu au Johnny’s Club. Bientôt les dates...
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non,
nleessobntispcasuciatnscérroigsèneess
La rumeur est née sur le site hoaxfood.net, rapidement relayée par le blog Les Conspirations
de l’assiette (aujourd’hui – à cause de pressions ? - tous deux fermés).
Il y était fait mention des travaux du Professeur Hennes Weisweiler, du laboratoire agro-alimentaire
dcroaesneMcséördneecuhRseeensimgclhase.dzUbunacnéhcche(rRatnhatiéinnlloannnomi(ed-bdornuen-dNéeeorsradetxs-aqcWute’esisltmapvhaaanitlqienu)oa,unrrtérevissé)ldsauunfrtfailns’aatmpspimxarmeintotioisrneapudrxeéscceéenllèltuabtlreiefssssbeoliousnccuhliuetssi
pour alerter l’opinion publique et mettre en garde nos tentations gourmandes.
Bien loin de prendre à la légère cette étude choc, nous avons décidé de mener notre contre-enquête.
Des chiffres inquiétants, vraiment ? dodus enfants malades n’aurait-elle pas été bienve-
nue pour se faire une idée moins partiale ? Aussi,
Le Professeur Hennes Weisweiler, respecté par l’en- comment mettre dans un même panier un consom-
semble de la communauté scientifique, ne s’est certes mateur journalier invétéré et un retraité désœuvré,
pas contenté de ces maigres expériences de labora- qui, une fois à l’occasion d’un voyage organisé à la
toire. Il a évidemment essayé de vérifier ses premiers Cathédrale de Reims par son amicale philatélique
résultats, de manière inductive, auprès des patients put humecter de ses lèvres desséchées le sucre glace
de l’hôpital Maria-Hilf, à quelques encablures de desdits biscuits après la traditionnelle halte de cinq
son domicile. Parmi l’ensemble des malades diagnos- minutes à la boutique souvenir de la place du parvis,
tiqués souffrant du cancer du pancréas (dont serait puis faire tourner le paquet à son voisin de bus et ne
plus jamais en revoir la couleur d’un ? Il est un peu
rcdeoésnpjsàtoanteseanrbtqleeunleed9bui0scpu%iat rroldseer’),edinletprulateàfesaoumnxgeruaanvsdaeeisfefunrot-i regrettable à notre sens d’éluder autant de nuances
capruluemrsieod,ienes7tu,2np%elufosyisaaacvucaaicbeonluatnrmst dêpemelueetu-grêotvûrieteé,. et de détails pour une étude d’une telle ampleur.
Et, cette fois-ci, de conclure son rapport par des mots Une image écornée mais pas détruite
ne laissant place au doute : « parmi les onze malades
du pancréas enregistrés à l’hôpital maria-hilf, seul Une rumeur, aussi infondée soit-elle, a toujours le
un sujet, présentant par ailleurs des signes d’alzhei- don d’ébranler nos certitudes, mêmes les plus an-
mer, ne permit de confirmer entièrement mes tra- crées. Alors quand elle émane de l’émérite Pr.
Weisweiler, vous pouvez imaginer notre embarras
vaux relatifs aux effets néfastes du biscuit rose sur en dépit de quelques réserves (légitimes) sur ses tra-
vaux. Pour en avoir le cœur net, nous avons décidé
la santé. je laisse le soin aux autorités médico-sani- de contacter la Maison F., spécialisée dans la fabri-
taires compétentes d’en tirer les actions et les plans cation de biscuits roses dans le bassin rémois, avec
d’urgence qui s’imposent ». Vu comme ça, la démons- cette question simple : «vous utilisez le colorant E
tration du Pr. Hennes Weisweiler est implacable. 120, potentiellement cancérigène, pour la pigmen-
Pourtant, dans les détails, sa libre interprétation de tation rose de vos biscuits. Devons-nous avoir peur ?».
certains résultats nous laisse un peu songeurs, pour
ne pas dire sarcastiques. Quelle valeur et quel degré Face aux réponses balbutiantes de la jeune personne
d’exactitude accorder au témoignage et aux souve- en charge du standard téléphonique et à notre re-
nirs d’individus parfois proches de la sénilité comme fus d’entrer en relation avec le siège par manque
ceux qu’il a pu interroger ? La mention de quelques
addeuvotdeoimurptesp,:nenouuosrnpdr,éefnésroobnusisslecunur eiatcscdorredoveroslenessbé!npéfaicse
les chroniques 12
de salamaleck
dubhau khaal Notre journaliste et voyageur à travers le temps, le fameux Salamaleck Dubhau Khaal
se souvient de tout mais ne vous dira rien (ou presque). Dans cette nouvelle chronique, il a
décidé de vous faire partager un souvenir moqueur et un poil sexuel concernant l’un des
illustres écrivains ayant foulé notre bonne ville de Reims : Totor. Notre cher Victor Hugo
posa ces valises dans la cité des sacres en l’an 1830 tentant de trouver l’inspiration. Le jeune
homme alors âgé de 28 ans tomba fou amoureux d’une jeune gourgandine résidant proche de
la rue Folle Peine où il avait temporairement décidé de vivre. Nous connaissons sa passion
pour les jeunes filles, qu’il consommait avec passion. Lors d’une rencontre alcoolisée avec
Salamaleck, le bougre lui donna l’adresse d’une belle prépubère de 14 ans nommée Esméral-
da qui était fille de Gitans. Dès lors, le cœur du romancier libidineux n’eut de cesse de battre
pour cette chair fraiche qui élevait une chèvre et jouait du tambourin à deux pas de chez lui.
Le poète lubrique ne savait pas que la jeune donzelle était courtisée par le sonneur de cloche
de la cathédrale, bossu et borgne ainsi que par l’archevêque aux tendances douteuses. Le chef
de la police rémoise, qui par la suite prit le nom d’emprunt de Phoebus, ne perdit guerre de
temps pour lui rappeler sa méprise. Notre bon Totor noircit alors de nombreuses pages l’ame-
nant un jour à publier un bouquin payé au mot, surnomé Notre Dame de Paris, mais n’ou-
blia jamais son attirance pour la petite pépé, qui, avec ces larges sourires, lui passait de la
mpoéme mavaedcelapoguirtafnaiereqtuainngueerfustonjavmieauixsc«œfuurmdé’ea»ig,rmi laititsélr’aéicrleo.pLé ’qiduy’lélteaintelefufuttpuarsfacmonesuoxm«-
quasimodo » lui en voulut à sonner les cloches d’une manière frénétique à en faire rire jaune
un certain ange au sourire. Salamaleck ne détient pas la vérité sur cette histoire mais peut
vous dire que tout est vrai. Totor, lui, se barra vite fait bien fait pour rejoindre Paris afin de
en’têtrre peosutrseurivai . Cleottenhigsttoieremrémposise destabinensconlneuse daesnpluns agrilveoiss delsiRtétméorisahiistroreiesns.
j’en pince pour reims neconovpueemptubitrreeess
feat. mansara
à qui le portefeuille ?
l’adresse pour voyager dans le temps ?
L’Opéra de Reims. Je suis montée sur scène la première fois Un portefeuille contenant une certaine somme et di-
sur les planches dans ce lieu empreint de magie. vers papiers a été trouvé dans la cour de la gare de
Reims par Mlle Alice Baudesson, 54, rue de Vesle,
playlist pour s’envoler sur le parvis qui s’est empressée de le déposer au Commissariat
Bjork / Homogenic de la rue des Capucins, où il est tenu à la disposition
Agnès Obel / Words are dead du propriétaire. Nos félicitations à Mlle Alice Bau-
Sade / No ordinary love desson. (L’Eclaireur de l’Est, 28/11/1919)
Smashing Pumpkins / Tonight, tonight
Yael Naim / Coward une tempête à epernay
Kate Bush / This woman’s work
The Positronic Cats / Cosmonauts A la suite de fortes rafales provoquées par un vent du
Bastien Picot / Stardust sud, l’arbre de la liberté inauguré le 9 avril 1848, sur
Mos Def / The Boogie Man Song la place de Notre-Dame, à Epernay, a été déraciné
Nina Simone / Love me or leave me et jeté à terre. (L’Indutriel républicain, 29/11/1850)
El-P / Tasmanian Pain Coaster
t’en pinces pour reims ? un mariage libre-penseur
J’en pince pour Reims comme quelqu’un qui y est née, y a
vécu 15 ans et qui y repense tantôt avec une certaine ten- Le sénateur Vieu, anti-clérical enragé, ancien rédac-
dresse, tantôt avec une certaine angoisse parce qu’elle est teur à la Lanterne, vient de marier sa fille avec un
le reflet du passé à mes yeux. Reims est comme un tatouage anti-clérical aussi endiablé que lui, M. Marchandeau,
sur l’histoire de ma vie... avocat, rédacteur en chef de l’Eclaireur de l’Est, jour-
nal des libres penseurs radicaux socialistes de Reims.
ta pommade préférée c’est quoi ? Le mariage, cela va de soi, n’a pas eu lieu qu’à la mai-
Le Silence qui englobe tout. Le silence qui abolit tout. rie, il a aussi été célébré en grande pompe à l’église
La contestation, la religion, la jalousie, l’ambition, mon ! Eh oui ! Eh oui ! Braves gens, travailleurs naïfs…
reflet dans le miroir, le conformisme, le mysticisme, le ma- à l’é-gli-se ! Oh ! Pas à Reims, bien sûr… à Paris,
térialisme, le mot. Alors là, le rêve prend tout son sens. dans un cadre aristocratique, en l’église St Sulpice,
les libres penseurs ne font jamais les choses à demi
lorsqu’il s’agit de cérémonies religieuses.
(La Cravache, 29/11/1913)