TR 539

Grand entretien

PHILIPPE GLOAGUEN

Cofondateur du

No 539

Versailles «Le réseau
Bruno Aussant est une vitrine
inégalable»
dépositaire

Des scores de ventes
supérieurs à
la moyenne nationale

FNPS
Laurent Bérard-Quélin

président

Presse spécialisée,
presse généraliste :
même combat

FDJ
Les paris sportifs
portés par l’actualité

DR

LES TITRES DU GROUPE VALMONDE DANS VOS RAYONS PRESSE

Valeurs actuelles - Hebdomadaire

SCHISME MONARCHIE OSS 117 VÉGANISME
LA DROITE DANS QUEL AVENIR POUR ANTIDOTE À L’AIR RÉSISTER À LA FOLIE
TOUS SES ÉTATS LES WINDSOR ? DU TEMPS ANTISPÉCISTE

3 NEWSe DOM : 6,50 € - BEL/LUX/ITA/GR : 6,50 € - D : 7,10 € - ESP : 6,50 € N° 4408 DU 20 AU 26 MAI 2021 - 5,50 €
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L’armée peut-elle Le phénomène DOM : 6,50 € - BEL/LUX/ITA/GR : 6,50 € - D : 7,10 € - ESP : 6,50 €
sauver la France ? CNews PORTUGAL : 6,50 € - SUISSE : 8,90 CHF - MAROC : 62,00 DH
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Ce que révèle l’hystérie autour de “la tribune des généraux” Enquête sur la chaîne qui dit non
Autorité, ordre, modèle : mythes et réalités au politiquement correct L 15667 - 4408 - F: 5,50 €
sur le rôle des militaires
Le Spectacle du monde
ENTRETIEN EXCLUSIF : “COMMENT EN EST-ON ARRIVÉ LÀ ?”
PATRICK BUISSON DISSÈQUE LA DÉCADENCE FRANÇAISE LES NOUVEAUX MAÎTRES
DU MONDE
Valeurs actuelles - Hors-série
George Soros, Klaus Schwab et Bill Gates,
VALEURS ACTUELLES – HORS-SÉRIE NO 27 VALEURSACTUELLES.COM LE SPECTACLE DU MONDE comment ils veulent révolutionner l’humanité
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BOURSE Budget
Le vrai coût
Immobilier Pourquoi il faut d’une résidence
S’installer s’y intéresser secondaire
à l’étranger
LES RÈGLES D’OR Placements
Vins POUR RÉUSSIR 5 pistes pour faire
Les bonnes fructifier votre cash
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NOS SÉLECTIONS Automobile la finance
DE PORTEFEUILLES Misez sur les responsable
championnes
Or L'ANALYSE ET LES du design
Quel potentiel pour CHOIX DE NOS
Finances
le métal jaune? EXPERTS d’une famille
Préparer sa retraite
Finances avec la pierre papier ASSURANCE BOURSE
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Éditorial

Sommaire otre réseau aux dix millions d’actes d’achat par jour constitue
toujours un formidable vecteur de lancement de nouveaux
Coup de cœur marchés – à condition, bien sûr, de saisir les opportunités quand
La loi Darcos elles se présentent. Car, si vos commerces constituent un lieu de
destination, que le consommateur identifie bien comme un commerce de
presse, notre réseau a toujours construit son modèle économique sur la
coexistence de multiples marchés autour du triptyque presse, jeux et
tabac (pour la moitié d’entre vous).

4

Coup de griffe 6 L’opportunité du moment, c’est le CBD, autant pour les librairies presse
Le rendez-vous raté que pour les tabacs presse. S’il est un peu compliqué de s’y retrouver – les
des centres commerciaux autorités françaises et l’Europe semblent en désaccord sur le sujet –, il
semble bien que la France puisse interdire la production de ces produits
Le saviez-vous ? 7 sur son territoire mais qu’elle ne pourrait s’opposer à leur importation. Le
consommateur, lui, a déjà emboîté le pas et des boutiques spécialisées se
En vitrine 9 sont érigées au coin de nos rues, partout dans l’Hexagone. Il y a en tout
cas une fenêtre de tir pour se tailler une bonne part de ce marché et ne
Territoires 10 pas regretter ensuite de l’avoir laissé préempter par d’autres. De
Versailles nombreux produits sont aujourd’hui légaux chez nous et, en cas
d’évolution de la législation nationale, les fabricants s’adapteront. Mais,
Tableau de bord 16 qu’on se le dise, le cannabis reste interdit à la vente et à la consommation.

Grand Entretien 18 Tout ceci met en lumière le formidable potentiel commercial d’un réseau
Philippe Gloaguen qui doit capitaliser sur ses nombreux atouts. Le consommateur a retrouvé
le goût de la proximité, tant mieux. Et l’on ne boudera pas notre plaisir en
Focus savourant l’initiative de Laure Darcos, sénatrice LR de l’Essonne, qui a
porté une loi fixant un minimum de frais de port pour l’envoi de livres. De
Presse – Le Point 22 quoi embarrasser Amazon qui facture les frais de port 1 centime, en
profitant d’une imperfection de la loi Filipetti. Un sujet à découvrir dans
Édition – Interforum 24 notre parution de ce mois.

FDJ – Les paris de l’été 26

Diversification – Une plateforme CBD 28

Balise 30

Instances Bonnes ventes et bon été ! A
Laurent Berard-Quelin, directeur général
de la Société Générale de Presse 32 Philippe di Marzio

Échos de la capitale 35 Directeur de la rédaction

Conseils 36 La Tribune du Réseau Presse – 16, place de la République, 75010 Paris – Tél. 01 81 70 86 70. – Directeur de la publication : Daniel Panetto.
Directeur de la rédaction, éditeur : Philippe di Marzio. – Directeur délégué de la rédaction : Alain Scemama
Coup de crayon 40 ([email protected]). – Direction de la publicité : Arnaud Beuvin (Tél. : 01 42 01 00 45 – [email protected]).
Ventes et abonnements : https://latribunepresse.fr – Édition : ADC Communication – Direction artistique : ADC Communication.
Notre histoire 41 Imprimeur : Daneels Media Group (Dennenlaen 5-6, 2340 Beerse, Belgique). Mensuel édité par la SARL Union Presse (16, place de
Le Figaro la République, 75010 Paris – Tél. : 01 42 40 27 15). Ont collaboré à ce numéro : Pierre Blast, Charlotte Denis,Quentin Dunoguier,
Jean-Pascal Grosso, Jean-Pierre Saccani, Sophie Stadler, Céline Vuillet. Photo de couverture : Francesca Montovani © Gallimard.
Copyright : La Tribune du Réseau Presse 2021. Dépôt légal à parution. ISSN : 0397-5258 – Commission paritaire : 0125 T 86185

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 3

BCoup de cœur

La loi Darcos défend
les libraires face aux
plateformes numériques

Votée par le Sénat le 8 juin dernier, la proposition de loi portée par la sénatrice Laure Darcos devrait limiter
la distorsion de concurrence subie par les libraires face aux géants du numérique, notamment Amazon.

PHOTOS DR En 2014, Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture, des coûts supérieurs et ne permet pas le même niveau de
avait déjà tenté de faire plier les géants du numérique en rentabilité que la vente en magasin ». Bel euphémisme !
les obligeant à facturer les frais de port, mais sans imposer Pendant la crise de la Covid, la livraison à domicile est pas-
de montant minimum. S’engouffrant dans la brèche, Amazon sée de 19 à 29 % du chiffre d’affaires du groupe Fnac / Darty,
a créé les frais de port à 0,01 centime, autant dire le maintien chiffre peu significatif puisqu’il englobe l’ensemble des pro-
de la gratuité assorti d’un pied de nez au gouvernement. duits, y compris l’électroménager et l’audiovisuel.

Conçue pour améliorer l’économie du livre dans son ensem- La fin d’une alternative invivable
ble, la proposition de loi portée par Laure Darcos va beau-
coup plus loin. Dans son article 1, elle propose que des frais Cet embrouillamini devrait bientôt être derrière nous, comme
de port minimum soient facturés, contrairement à la loi Fi- l’apprécie le bordelais Denis Mollat, premier libraire indé-
lippetti : « Il serait ainsi mis fin à l’avantage concurrentiel le pendant de France hors Paris, dont la vente sur internet a
plus évident d’Amazon, qui pèse également sur les autres augmenté de 400 % pendant le premier confinement alors
distributeurs en ligne, contraints de s’aligner », dit le texte. que les librairies étaient fermées : « Cette proposition de loi
est un grand soulagement, reconnaît-il. Devenu une se-
Un modèle unique au monde menacé par Amazon
Denis Mollat.
La sénatrice LR est soutenue par le gouvernement. Quarante
ans après la loi Lang instituant le prix unique du livre, Em- conde librairie, le site Mollat.fr se classe au trentième rang
manuel Macron, de passage à Nevers le vendredi 21 mai, a des librairies indépendantes selon le classement de Livres
rappelé que ce prix unique a permis « d’avoir une littérature, Hebdo. » Soit un chiffre d’affaires qui dépasse les 4 M€ pour
un tissu de libraires indépendants extrêmement forts ». Or un chiffre d’affaires global supérieur à 23 M €. Pour obtenir
le dumping d’Amazon menace ce modèle unique au monde. ce résultat, Mollat a lui aussi dû s’aligner sur Amazon, bien
Déjà, en novembre dernier, Roselyne Bachelot avait dit avec que mettant la barre plus haut que la Fnac avec des frais de
son franc-parler habituel « Amazon se gave, à nous de ne port à 2 € jusqu’à 20 € d’achat, 0,01 centime au-dessus.
pas le gaver », soulignant plus tard que « le livre n’est pas
un bien comme les autres » et qualifiant la proposition de loi « Actuellement, la Poste facture 7 € l’envoi de livres, sauf
de « texte bienvenu ». S’aligner, c’est ce qu’a été obligée de pour les plateformes qui ont de fortes capacités de négo-
faire la Fnac, comme l’explique Stéphanie Laurent, directrice
des produits culturels : « Nous favorisons la vente en maga-
sin, mais nous offrons plusieurs propositions pour les clients
qui préfèrent la livraison à domicile : soit ils prennent un
abonnement annuel de 14,99 € qui leur donne droit à la gra-
tuité des frais de port, soit ils paient 1,99 € par livraison si
elle est inférieure à 7 €. Au-delà, nous facturons 1 centime
les frais de port. » Si elle refuse de parler de vente à perte,
Stéphanie Laurent reconnaît que « l’e-commerce implique

4 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

Laure Darcos.

ciations, regrette Guillaume Husson, l’année, les tarifs de livraison préconi-
délégué général du Syndicat de la li- Je demande une véritable sés seront envoyés à l’ARCEP qui devra

brairie française. Les 1500 librairies in- équité dans les frais statuer.
dépendantes qui vendent sur internet

ont le choix entre répercuter ces 7 € Des arguments fallacieux rejetés
sur leurs clients ou les prendre sur d’expédition, c’est-à-dire

leur marge, c’est-à-dire vendre à Premier concerné, Amazon a tenté d’ar-
perte. C’est une alternative invivable. que ce ne soit gratuit pour gumenter, mais sans succès, comme le

En imposant un tarif minimum qui de- personne, Amazon rappelle Laure Darcos : « Ils ont dit que
vrait tourner entre 2 et 3 €, l’écart nous allions pénaliser les territoires

entre Amazon et les librairies sera for- compris. reculés, mais c’est faux : une note du
tement réduit. ça ne règle pas tout ministère de la Culture montre que ce

mais c’est un premier pas important. » sont les métropolitains qui achètent sur

Une procédure accélérée, à la mesure de l’enjeu Amazon, pas les habitants des territoires excentrés qui pré-
fèrent aller dans les hypermarchés. Bercy et la Commission

des affaires économiques étaient également réticents,

Vu l’importance de l’enjeu, la proposition de loi de Laure arguant qu’on allait faire payer le consommateur final, ce

Darcos a bénéficié d’une procédure accélérée et d’une sai- qui serait mal vu en période de crise économique. La décla-

sine du Conseil d’État avant d’être discutée au Sénat, ce qui ration d’Emmanuel Macron à

est rarissime. « Ce qui a fait tilt dans ma tête, précise la Nevers a fait plier les oppo-

sénatrice, c’est de voir que fin 2020 le gouvernement s’est sants. Dernier élément qui a

engagé à rembourser au centime près l’ensemble des frais joué en ma faveur : dans le

d’expéditions des librairies indépendantes liés à la crise de plan de relance voté l’an der-

la Covid. La distorsion de concurrence m’a sauté aux yeux. nier, plus de 10 M € vont être

Je demande une véritable équité dans les frais d’expédition, injectés via le Centre national

c’est-à-dire que ce ne soit gratuit pour personne, Amazon du livre pour aider les libraires

compris. Si les gens n’ont pas les moyens d’aller chercher indépendants à moderniser

leur livre en magasin, cela leur coûtera un peu de se le faire leur plateforme de vente sur

envoyer. On s’est dit que la mesure la plus simple serait internet. L’ensemble de ces

d’établir des grilles tarifaires au poids en accord avec la Di- mesures leur donne la possi-

rection du livre. Un livre en format nouveauté pèse environ bilité de s’armer pour rivaliser

500 grammes, ce qui correspond à 2 à 3 € de frais de port. ». un tant soit peu avec les

Quand la loi sera votée par l’Assemblée nationale, a priori géants de l’e-commerce. » A

en septembre pour une mise en application avant la fin de Guillaume Husson. Céline Vuillet

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – jullet-août 2021 5

BCoup de griFfe

Centres commerciaux : le rendez-vous raté

Le 19 mai dernier était une étape attendue par tous les marchands de presse situés dans les galeries
et centres commerciaux fermés : celle de la réouverture de leur commerce. Un rendez-vous
malheureusement raté ! Si les magasins ont pu rouvrir comme prévu, la presse était en grande partie
absente des linéaires, faute de livraison par la filière.

Chacun sait que les magasins de l’offre de mon activité de spécialiste. De
presse ont obtenu dès le début du plus, à l’absence générale de papier, se
confinement une autorisation sont ajoutées des ruptures de stock sur
d’ouverture en leur qualité de certains titres, servis sur des
commerces essentiels à la vie de la statistiques de ventes complètement
Nation. Une dérogation obtenue grâce à faussées par la durée exceptionnelle de
Culture Presse et accueillie avec fermeture.
soulagement par ma profession : il est
en effet toujours douloureux pour un J’ai bien essayé d’obtenir du réassort
commerçant de ne pas pouvoir servir sa par d’autres voies, mais ce fut peine
clientèle. perdue, le système d’information
montrant ses limites. Les quinze jours
Cette dérogation a toutefois souffert qui ont suivi le 19 mai, mon linéaire est
resté vide, m’obligeant à masquer les
une exception puisque les commerces trous en présentant en pleine page les
magazines disponibles. Mes confrères
de presse n’ont pas pu ouvrir quand ils ont vécu la même situation et aucune
action ultérieure n’a tenté de corriger ce
étaient situés dans des galeries dysfonctionnement.

marchandes ou des centres Stéphane Giraldi. Il faut neutraliser ces onze semaines de fermeture

commerciaux eux-mêmes fermés par arrêté préfectoral. Plus de six semaines après, l’effet de traîne se fait encore
sentir : tous les jours, des clients me réclament un titre dont
C’est donc avec impatience que mes confrères et moi je n’ai pas été livré.
attendions l’étape du 19 mai marquant la réouverture de nos Nous sommes une dizaine de marchands de presse dans
commerces. Une étape que nous avions anticipée en ma situation en Moselle, et environ 200 au niveau national.
contactant les acteurs de la filière pour prévoir la livraison Ce fiasco illustre le manque d’agilité de la filière presse qui
des titres qui ne nous avaient pas été fournis pendant la ne sait pas apporter des réponses à des problèmes pourtant
fermeture : je parle ici des magazines comme les hors- identifiés bien en amont.
séries, les mensuels et les trimestriels mis en vente sur des
périodicités longues. En leur absence, notre linéaire presse
risquait en effet de rester clairsemé, pour ne pas dire vide.

Échec du réamorçage

PHOTO DR Malgré les contacts et les réunions que nous avons eus Un rendez-vous raté pour nos commerces et nos clients.
avec les sociétés agréées de distribution de la presse, C’est dommage pour des spécialistes de la presse qui
cette opération dite de « réamorçage » ne s’est pas doivent par ailleurs faire face à une baisse de fréquentation
correctement déroulée. et à de lourdes charges de centre commercial, toujours
appelées par les bailleurs malgré une fermeture
À l’exception des titres de la semaine et des encyclopédies administrative !
qui ont été – dans une très grande proportion –
parfaitement livrées, mon magasin n’a reçu pour son Dans cette situation, j’espère que ces onze semaines de
ouverture qu’une centaine de titres des semaines fermeture seront neutralisées afin qu’elles n’impactent
précédentes (en quantités par ailleurs trop faibles). C’est pas négativement le calcul de notre complément de
bien simple : 80 % de mes volumes habituels manquaient à
l’appel ! Mensuels et trimestriels étaient pour la plupart rémunération à venir.A
absents : des titres qui font pourtant toute la richesse de
Stéphane Giraldi
Maison de la Presse (Centre commercial à Thionville – Moselle –)

6 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

BBrèves de réseau

LE SAVIEZ-VOUS ?

Un de plus ! La nouvelle bataille de L’Obs Tanin : nouveau magazine
Jean-Pierre Pernaut lance sur le vin
Au cœur des régions Le magazine publie un hors-série
baptisé La bataille de la biodiversité.
Les stars et leurs magazines… Après 100 pages, rédigées sous la direction
Sophie Davant ou Stéphane Plaza, du journaliste Éric Aeschimann, qui
c’est au tour de l’ancienne icône du reflètent la réalité et la diversité du
13 heures de TF1, Jean-Pierre Pernaut, vivant. Paru le 24 juin, prix
de lancer un bimestriel sur son thème
fétiche : les régions et leurs savoir- 7,90 euros.A S.S.
faire. Le premier numéro, tiré à 200 000
exemplaires, est édité par Burda Bleu,
Media 5 et TF1 Licences. Prix :

3,95 euros.A S.S.

La formule Auto Plus Après le lancement de Gueuleton,
Reworld Media a lancé le 9 juin dernier
Auto Plus (Reworld Media) a revisité un magazine dédié au vin, baptisé
sa formule le 11 juin dernier avec une Tanin. Destiné aux femmes et aux
ambition : proposer un contenu « plus hommes qui aiment le bon vin, la bière
consumériste autour de la vie de et les spiritueux, le magazine adopte
l’automobiliste ». « Outre une un ton direct pour s’adresser à un
modernisation de la mise en page avec lecteur connaisseur, qui veut en savoir
une maquette plus épurée, les lecteurs plus sur l’écosystème du vin. Avec une
trouveront une nouvelle organisation trentaine de rubriques, le magazine
des contenus et des rubriques plus en met en lumière les initiatives du
phase avec les attentes d’aujourd’hui : secteur, dévoile les préférences de
nouvelles mobilités, l’électrique, personnalités, parcourt les vignobles
l’hydrogène… », annonce français, partage ses bons plans, etc.
l’hebdomadaire. Auto Plus affiche Le nouveau trimestriel, vendu
une diffusion France payée de 251 186 6,90 euros, cible les hommes et
exemplaires, en baisse de 2, 6 %,
dont 76 041 ex. vendus au numéro femmes de 25/45 ans.A Q.D.

ILLUSTRATIONS DR (-13,1 %).A Q.D.

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 7

BBrèves de réseau

France Football revient Un trimestriel Live Magazine Le retour de Métal Hurlant
en kiosque
Disparu depuis 15 ans des linéaires, le
France Football est à nouveau présent magazine emblématique de la BD de
dans les linéaires depuis le 12 juin. Le science-fiction, Métal Hurlant, créé en
supplément de L’Équipe, dont les 1975 revient dans les linéaires de
ventes étaient en baisse de 15,7 % en presse dès septembre prochain. Le
2020 (à 57 077 ex. en DFP), adopte trimestriel de 228 pages proposera non
désormais une périodicité mensuelle seulement des histoires en BD courtes
et revisite sa formule de fond en mais aussi des articles et interviews.
comble. Pour mémoire, ce Pour conserver les anciens lecteurs et
changement de cap avait été décidé en conquérir de nouveaux, le titre,
l’an dernier par les dirigeants de édité par Les Humanoïdes associés,
L’Équipe dans le cadre d’un plan alternera des rééditions cultes de
d’économies, ce qui avait entraîné l’ancien magazine et des créations

d’importants remous en interne.A Q.D. inédites de nouveaux talents.A Q.D.

60 millions de consommateurs Live Magazine a lancé le 6 juillet
se réorganise dernier, avec le groupe Bayard, un
magazine trimestriel proposant douze
L’Institut national de la consommation récits, sous différents formats (écrit,
(INC), propriétaire de 60 millions de BD, photographie), qui sont des
consommateurs, prévoit de supprimer « histoires enquêtées mêlant l’émotion
une dizaine de postes au sein du au récit ». Selon l’éditeur, c’est un
magazine dans le cadre d’un plan de produit haut de gamme de 116 pages,
réorganisation. Selon la direction de avec une attention particulière portée
l’INC, ce plan s’explique par la à « la maquette, l’éditing et l’écriture ».
contraction du marché de la presse Tiré à 36 000 exemplaires pour son
écrite et par la diminution des premier numéro, le magazine est
subventions étatiques, avec un recul
de 38 % entre 2016 et 2020 (1,84 million vendu 7,95 euros.A Q.D.
d’euros en 2021). Outre les
suppressions de postes, le plan de Alain Weill quitte Altice Média
transformation prévoit également la
Alain Weill, fondateur du groupe
relance commerciale du titre.A Q.D. NextRadio TV, a quitté le 1er juillet
dernier le groupe Altice, créé par
ILLUSTRATIONS DR Patrick Drahi, où il cumulait le poste de
président-directeur général d’Altice
France et de SFR et celui de président
d’Altice Media. Alain Weill est
remplacé en tant que PDG d’Altice
France par l’actuel directeur général
de SFR, Grégory Rabuel, tandis
qu’Arthur Dreyfuss, actuellement
directeur général d’Altice Média,
devient le président-directeur général
d’Altice Média. Pour mémoire, Alain
Weill avait cédé son groupe médias
(RMC, BFMTV) au milliardaire des

télécoms en 2015.A Q.D.

8 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

BBrèves de réseau

EN VITRINE

Sophie Stadler

Les oursons Cémoi
en format mini…

Le célèbre petit ourson au chocolat
et à la guimauve de Cémoi se décline
désormais en version mini. L’ourson
sera accompagné dans ce nouveau
format par un mini-hérisson aux
céréales et cœur caramel. Prix de

vente conseillé 1,79 € le sachet.A

… et défiés par Carambar Vache à boire : santé ! recettes baptisées Super car enrichies
de fruits et de vitamines : Boost
L’ourson Cémoi va devoir faire face Le trublion Michel & Augustin ne (orange sanguine-citron-curcuma),
aux assauts d’un nouveau venu sur le cesse d’étendre ses gammes et gagne Garde (du) Corps (pomme-kiwi-
marché de la guimauve au chocolat : peu à peu tous les linéaires, du frais gingembre) ou Anti-Rouille
Carambar lance cet été ses nouveaux aux biscuits secs, en passant (mûre-citron vert-baie d’açaï). Toute la
Caramoellow, une guimauve au goût désormais par le bien-être. Son produit gamme Vache à boire en profite pour
star, la Vache à boire (yaourts à boire se refaire une santé en passant au lait
caramel. Prix conseillé : NC.A vendus en formats mini et classique)
se décline sous trois nouvelles écrémé et au nutriscore B. Prix : NC.A

Les goûters Whaou ! Fortes Têtes brûlées

Les enfants les aiment déjà sous Pour fêter l’Euro de football, les
forme de briochettes, de goûters bonbons Têtes brûlées inaugurent cet
fourrés, de crêpes, de madeleines ou été un nouveau packaging XXL,
de donuts. Ils devraient donc apprécier Goooal !, en forme de maillot avec un
la nouvelle recette de Whaou ! : les cadeau à l’intérieur : des claps aux
pancakes au chocolat. D’autant qu’elle couleurs de la marque pour aider les
revendique des ingrédients de qualité : petits fans de foot à encourager leurs
œufs de plein air, farine de blés équipes préférées. Dans ces paquets
certifiés et cultivés en France, lait frais, événementiels on trouve les fameuses
sans colorant, sans huile de palme, Paint billes (fraise et framboise) et les
sans conservateurs. Prix conseillé barres Kitache Ki (cola et framboise),
les bonbons favoris des enfants.
du paquet 2,19 €.A
Prix conseillé 3,99 €.A

ILLUSTRATIONS DR

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 9

BTerritoires

VERSAILLES
Une vie de château ?

Être situé dans une ville touristique de premier plan n’est pas nécessairement une rente de situation
pour les marchands de presse. Analyse d’un paradoxe avec Eva Saint-Arroman, animatrice du réseau
nord-ouest de Culture Presse et Charles Sater, délégué local à Versailles.

PHOTOS DÉPOSITPHOTOS – DR « Il est vrai que les Versaillais sont une Charles Sater et Eva Saint-Arroman.
clientèle d’un certain âge, aisée, plutôt poli-
tiquement marquée à droite. Mais cela est sion. « L’avantage, à Versailles, confie-t-il, c’est que vous avez
en train de changer. Beaucoup de couples une clientèle à la fois aisée et intellectuelle. Elle privilégie la
et de familles se sont tournés vers l’ouest presse quotidienne nationale (Le Figaro, Le Monde…), la
parisien pour trouver plus de place, des presse magazine et financière (Le Point, L’Obs, Capital…) et
loyers moins exorbitants et la tranquillité. » se régale de mooks au prix souvent élevé. Ça ne dérange pas
Eva Saint-Arroman connaît bien les Yvelines mes clients de mettre 15 € dans une revue de qualité comme
qu’elle parcourt pour le compte de Culture L’Éléphant. Ils sont aussi friands des séries éditées par Le
Presse. Ses points de vente, ses marchands Monde comme la récente collection Arsène Lupin. » Égale-
de presse, le chaland croisé dans un dépar- ment point de vente FDJ et PMU, il voit non sans jubilation
tement qui mêle ruralité et centres urbains, les joueurs et parieurs venir à son kiosque pour miser jusqu’à
quartiers populaires ou huppés. « Les points
de vente versaillais ont vu la baisse de fré- « 1000, 1200 euros » sur une course. « On as-
quentation due à la Covid compensée par siste également à un transfert de clientèle, note
l’apparition d’une clientèle locale qui avait Eva Saint-Arroman. Les personnes âgées se
modifié son parcours d’achat. Elle n’achète sont faites plus rares, peut-être par crainte de
plus désormais sur Paris ou ailleurs, c’est-à- sortir à cause du virus, mais ont été remplacées
dire près de son lieu de travail, mais chez les marchands de par les familles ou les jeunes couples récem-
journaux du quartier ou dans les kiosques situés près de ment installés à Versailles et dans sa périphé-
leur résidence. » Sur la distribution et les ventes, les chiffres rie. C’est un pôle dynamique. »
semblent aujourd’hui stabilisés. Pour Charles Sater, délégué
local de Culture Presse à Versailles : « Depuis le déconfine- Une profession exigeante
ment, la baisse n’a été que légère du fait du retour de nom-
breux Versaillais à leur lieu de travail. Mais, en général, les « Je suis au courant de fermetures faute de
points de vente presse ont vu le panier de leurs clients aug- repreneurs », assume néanmoins l’animatrice
menter : des magazines, de la presse enfant, des jeux… » nord-ouest de Culture Presse, soucieuse de ne

Les touristes?

« Chez moi, les touristes ne représentent que
0,001 % de ma clientèle… » Charles Sater,
dont le kiosque de 20 m2 trône avenue de
Saint-Cloud, à quelques encablures du Châ-
teau de Versailles, brise d’office un mythe: la
manne touristique, question achat de presse,
n’a quasiment aucun impact sur son chiffre
d’affaires. « Ce sont surtout des familles qui
viennent chez moi. Parents comme enfants et
grands-parents sont friands de presse papier
et de beaux magazines. » Charles Sater
connaît bien son métier qu’il fait avec pas-

10 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

BTerritoires
Versailles

pas dépeindre un tableau trop idéal du quotidien des mar- Kiosque à Versailles.
chands de presse dans le 78. « C’est un réseau assez ancien
avec des départs à la retraite. Il arrive aussi que les nou-
veaux propriétaires ne reprennent pas la presse et privilé-
gient d’autres activités. » Cette situation ne se cantonne
évidemment pas aux Yvelines. Elle est symptomatique d’une
profession « exigeante, avec des horaires très souvent
contraignants et pas ou peu de vacances. » Mais les Yve-
lines demeurent un département aisé avec une constellation
de petites boutiques à la clientèle fidélisée. « Des diffuseurs
ont vu leurs chiffres de vente augmenter de 30 % », clôt M.
Sater sur une note d’optimisme. « Avec le confinement, il
semblerait que les gens aient repris le goût de lire. Et c’est
une clientèle large, qui va de la jeunesse aux seniors, mais

qui toujours est en demande de beaux contenus. » A

Jean-Pascal Grosso

Trois questions à Benoît Barthe, responsable de l’agence FDJ des Yvelines.

La Tribune du Réseau Presse : Quels sont les jeux les plus prisés des Versaillais ?

Benoît Barthe : Versailles est plutôt une ville de « tirage » avec une forte appétence pour les jeux du Loto et de
l’Euro Millions. Mais ce sont les jeux de grattage qui dominent plus généralement sur le département des Yve-
lines.

Avec un calendrier sportif riche d’événements, sentez-vous une hausse concrète du pari sportif à la FDJ ?

En effet, nous sommes très heureux de l’engouement de la clientèle présente dans nos points de vente pour l’Euro. Mais
l’ensemble des gammes de jeux sont dynamiques en ce moment dans tous les points de vente sur le secteur couvert par
l’agence.

Combien de points de vente FDJ comptez-vous sur Versailles ? Et dans les Yvelines plus généralement ?

Nous avons 33 points de vente à Versailles et plus de 422 sur le département des Yvelines.A

Propos recueillis par P.B.

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 11

BTerritoires
Versailles

Bruno Aussant : « Les municipalités
doivent nous aider à protéger
les marchands de presse »

Pour Bruno Aussant, PDG d’Yvelines Distribution Services et président du SNDP, il existe une alternative
à la fermeture des points de vente presse.

PHOTOS DR Cela fera bientôt trois ans que Bruno Aussant est à la Bruno Aussant.
tête d’Yvelines Distribution Service, dépôt en charge des ditionnels. La raison, au-delà de la crise Covid ? L’absence
Yvelines et d’une partie des Hauts-de-Seine (plus quelques de reprise de fonds de commerce, tout comme les change-
adresses dans le Val d’Oise). Avec 25 employés et 458 points
de vente approvisionnés – dont 355 indépendants – c’est ments d’enseigne. Il ajoute : « Nous avons des repreneurs
l’un dépôts les plus importants de France. Bruno Aussant qui ne sont intéressés que par le tabac, les jeux, voire le bar.
fait brièvement le bilan de la crise conjuguée de Presstalis, La culture de la presse est moins prépondérante chez eux. »
dont il est un ancien cadre dirigeant, et de la Covid : « Au Si les PVC (points de vente complémentaires) se dévelop-
niveau de Presstalis, nous avons été beaucoup moins tou- pent, ils n’offrent qu’un panel de produits réduit. La solution
chés que la province malgré une baisse des fournis, voire serait donc à voir du côté des kiosques : « Encore faut-il que
la cessation de parution de certains titres. La première crise les municipalités soient intéressées par l’installation d’un
Covid nous a davantage pénalisés. Durant cette période, point de vente sur la voie publique. À ce sujet, il reste d’im-
plus de 150 points de vente ont fermé, dont les bars-tabac- portantes discussions à avoir. »
presse, les points de vente en galeries marchandes, la tota-
lité des Relay que nous livrons. » Appel aux municipalités

Versailles, rive presse Toujours optimiste quant à la qualité de la presse et de ses
nouveaux produits, Bruno Aussant ne peut que constater une
« La population du 78 et du 92 est plus aisée que la moyenne raréfaction des points de vente dans certaines zones du 78.
nationale : nous avons 19,9 % de cadres alors que la moyenne Et pas uniquement dans les plus rurales. « J’ai, conclut M.
nationale est de 9,2 % », note Bruno Aussant. D’où de beaux Aussant, plusieurs communes dans les Yvelines qui n’ont plus
scores en termes de volume d’affaires sur des produits haut- de point de presse. Peut-être que nous, les dépositaires,
de-gamme, que ce soit en information générale (Le Point, Paris n’agissons pas suffisamment en profondeur. Et pourtant, nous
Match…) ou dans le registre encyclopédique (Les Voitures de prospectons, nous échangeons avec Culture Presse et les
Tintin). En ce qui concerne Versailles et sa périphérie, le dé- élus, avec la confédération des tabacs, le PMU, la Française
positaire souligne « un intérêt pour la presse écrite et pour l’in- des Jeux… Les municipalités, elles, n’agissent pas suffisam-
formation en général si on suit les bons chiffres de la presse ment pour protéger leurs marchands de presse. Peut-être fau-
quotidienne ». Dans le dépôt d’Yvelines Distribution Services, drait-il s’inspirer des expériences passées pour pouvoir ouvrir,
la presse quotidienne (parisienne) représente 21 % du volume
d’affaires. Un chiffre relativement important et supérieur à la avec les pouvoirs publics, de nouveaux points de ventes. »A
moyenne nationale (entre 12 et 13 %). La presse étrangère est
également plébiscitée du fait du Château de Versailles, qui, en Jean-Pascal Grosso
temps normal, attire des milliers de touristes : « Une population
étrangère friande d’information comme de produits dérivés
qualitatifs sur Versailles et son histoire. »

Les kiosques à la rescousse

« Nous avons deux concurrents objectifs aujourd’hui : le nu-
mérique et le portage. » Pour Bruno Aussant, l’inquiétude
majeure tient surtout à la disparition des points de vente tra-

12 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

BTerritoires
Versailles

Toutes les Nouvelles
« Un terrain de jeu magnifique »

Garder son lectorat d’âge mûr, tout en essayant d’en attirer un plus jeune, c’est le défi de l’hebdomadaire
historique des Yvelines. Rencontre avec Michel Seimando, son directeur.

La Tribune du Réseau Presse: Combien comptez- Peut-on parler d’un lecteur type
vous d’éditions de Toutes les Nouvelles dans votre dé- pour Toutes les nouvelles de
partement ? Versailles ?

Michel Seimando : Nous avons l’édition de Versailles, celle de Oui, c’est d’abord un lectorat fi-
Rambouillet. Nous avons aussi Le Courrier des Yvelines et Le dèle. Nous sommes à 3 000
Courrier de Mantes. Tous ces titres sont publiés par le Groupe abonnés. C’est aussi un lectorat
Publihebdos, lui-même rattaché à la maison mère Sipa-Ouest- d’âge mûr, qui privilégie l’infor-
France. Chaque semaine, Toutes les nouvelles de Versailles mation locale et est intéressé
est tiré à 11 000 exemplaires. par la vie pratique, les informa-
tions culturelles et la valorisa-
Peut-on dire de vous : « heureux comme un éditeur à tion du patrimoine de la ville.
Versailles » ?
Percevez-vous un changement
Totalement. Déjà parce que le terrain de jeu est magnifique : Michel Seimando. dans ce lectorat ?
nous ne sommes pas loin du château. Ensuite, parce que
Versailles est riche de sujets intéressants autour de la Le changement s’est intensifié avec la crise mais nous le
culture, du patrimoine. Il y a une spécificité de l’information percevons depuis une dizaine d’années. Avec « l’année
en ce qui concerne la ville. Covid », des Parisiens à fort pouvoir d’achat ont préféré se
déplacer vers l’ouest de la capitale, s’éloigner en grande
Comment définiriez-vous cette information locale ? couronne. La ville de Versailles est très bien desservie par
les gares et offre, selon moi, une qualité de vie largement
C’est la richesse de notre culture et du patrimoine qui est au supérieure à celle de Paris intra-muros. Versailles possède
cœur des sujets prisés par notre lectorat. Nos lecteurs également une tradition historique importante, de bonnes
apprécient leur cadre de vie et ils souhaitent que nous le valo- écoles, ce qui a fait grossir la demande.
risions dans nos pages. Il y a bien sûr le château, mais je pense
également au « Mois Molière », une opération couronnée de
succès, que nous relayons bien volontiers. Évidemment, nous
retrouvons aussi une problématique liée à toutes les grandes
villes de la région parisienne : le transport, la circulation, le
commerce de proximité, les questions de santé…

Comment une des villes touristiques les plus célèbres au
monde a-t-elle vécu le confinement ?

Il faut différencier le château et ses touristes du reste de
l’économie de la ville. Bien sûr, au début, comme partout, ça
a été la sidération : les rues, le parc, le château totalement
vides, immobiles… Et puis, à Versailles, très vite, est appa-
rue une solidarité envers le personnel soignant et les
commerçants. On l’oublie aujourd’hui mais, ici, les coutu-
rières se sont attelées à fabriquer masques, blouses, sur-
blouses pour les hôpitaux. Il y a eu un véritable élan, une
force qui a aidé à réactiver la machine.

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – jullet-août 2021 13

BTerritoires
Versailles

Une évolution sociologique qui se l’école ou la culture. L’évolution dont vous parlez se fait
retrouve dans Toutes les nouvelles
de Versailles ? d’elle-même, naturellement. Reste à savoir pour nous quels

À Versailles, vous avez également de sujets seront les plus accrocheurs. Un article sur le maire
l’art urbain, des concerts de musique
électronique… rien n’est figé. Lorsqu’il de Versailles, par exemple, fait vendre…A
y a des événements, nous en parlons.
Mais c’est toute la difficulté de la Propos recueillis par Jean-Pascal Grosso
presse papier d’aujourd’hui : garder un
lectorat âgé, tout en tentant d’attirer les
plus jeunes, happés par le web. Nous sommes confrontés,
comme la presse nationale, à un développement du numé-
rique. Alors, nous nous adaptons à travers nos articles. Le
lectorat jeune est tout autant affecté par les problèmes de
transport ou la réforme des retraites, il suit les sujets sur

Trois questions à Sylvain Dominé, directeur d’agence PMU dans les Yvelines et les Hauts-de-Seine.

PHOTOS DR – ADOBESTOCK La Tribune du Réseau Presse : La ville de Versailles ché. Avec le Couplé, il s’agit des paris les plus prisés pour le
a-t-elle le goût du pari hippique ? Course par course, durant lequel les parieurs suivent les
courses en direct l’après-midi via la chaîne Equidia. Le
Sylvain Dominé: La ville de Versailles a réalisé, en 2019, Quinté + est le pari du matin qui permet de toucher les plus
4,6 % du chiffre d’affaires du PMU dans les Yvelines. Avec gros gains, il représente près de 18 % des enjeux à Versailles
un montant d’enjeux par habitant de 63 €/an, à comparer et près de 23 % chez les distributeurs de presse. Enfin, les
aux 102 € par habitant dans l’ensemble du département des enjeux sont faits principalement dans la tranche allant de 1 €
Yvelines, on peut dire que la culture du pari hippique à à 20 €. La pratique de jeu des Versaillais est donc très rai-
Versailles peut encore être développée. Cela passe par la sonnable.
stratégie de transmission du PMU, mise en place autour du
L’Euro de football a-t-il été une belle opportunité pour
plaisir de jouer ensemble l’activité de vos points de vente ?
et de se retrouver pour un
spectacle vivant unique Dans le cadre de la relance, au fur et à mesure des levées
que sont les courses hip- des restrictions sanitaires, nous avons mis en place des opé-
piques. À ce titre, les hip- rations de dynamisation de l’activité pour les mois de juin et
podromes sont bien évi- juillet. En tant que partenaire majeur de l’équipe de France
demment un lieu majeur de football, le PMU a déployé un dispositif exceptionnel pour
pour découvrir l’univers hip- soutenir les Bleus et célébrer le lien social commun aux paris
pique. La ville de Versailles hippiques et au football. Ce dispositif marketing d’envergure
dispose d’une situation géo- a été activé durant toute la durée de la compétition, avec
Sylvain Dominé. graphique unique: située à pour objectif d’animer la communauté des parieurs hippiques
25 minutes des hippodromes de Saint Cloud et de Paris Long- en créant l’événement dans chacun des 13 200 points de
champ pour les galopeurs et à moins d’une heure de l’hippo- vente. Chaque jour de match de l’équipe de France, la course
drome de Rambouillet qui accueille les trotteurs. La proximité du Quinté + devenait « La Course des Bleus », dotée d’une
du centre d’entraînement de Maisons-Laffitte permet également Tirelire exceptionnelle : d’un montant de 500 000 € à chaque
de développer cette passion de l’hippisme et du pari. match de phase de poule, elle accompagnait la progression
de l’équipe nationale et augmentait progressivement à partir
Combien la ville compte-t-elle de points de vente PMU ? des 8e de finale. Elle aurait pu monter jusqu’à 4 millions
d’euros si les Bleus étaient parvenus en finale. Pendant toute
Les Yvelines comptent en tout 265 points de vente parte- la compétition, les points de vente PMU étaient décorés aux
naires. Notre réseau dans la ville de Versailles compte 15 couleurs de l’équipe de France avec une PLV évènementielle
points de vente, soit environ 1 établissement pour 5 700 ha- et proposaient 3 000 animations afin que parieurs et suppor-
bitants, ce qui est dans la moyenne nationale. En regard de
la typologie du réseau versaillais composé à 53 % de bars, ters partagent le meilleur de l’hippisme et du football.A
le pari le plus joué reste le Simple avec 40 % de parts de mar-
Propos recueillis par P.B.

14 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

UN PARTENAIRE ESSENTIEL
POUR ÊTRE INFORMÉ SUR SON
ACTIVITÉ COMMERCIALE !

Le magazine professionnel
LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE
accompagne le commerçant de
presse dans son point de vente.
Il lui apporte une information claire
et complète sur tous les marchés à
travers des rubriques variées.
Il l’éclaire sur les enjeux liés à sa profession
en donnant la parole à de nombreux experts
(politiques, sociologues, urbanistes…) et
met l’accent sur les acteurs locaux de son
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LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE est
reconnue par l’administration fiscale comme
documentation professionnelle. À ce titre,
le prix de vos magazines est intégralement
déductible de vos revenus professionnels !

N’hésitez pas,
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ne vous coûte donc rien !

Chaque année, et sur simple demande sur le site internet
latribunepresse.fr, nous établissons pour vous un justificatif fiscal pour
faciliter l’enregistrement comptable et fiscal de cette déduction.

BTableau de bord

Bilan tabac
Premier quadrimestre 2021

Source : Revue des tabacs

Livraisons de janvier à avril 2021 (Écarts par rapport à la même période de l’année précédente)

Cigarettes Tabacs Tabacs à pipe/ Cigares/ Tabacs Tabacs
à rouler/tuber chicha/chauffer cigarillos à mâcher à priser

10 889,1 2 512,0 EN VOLUME (TONNES) 133,7 3,7
- 3,5 % + 0,4 % + 39,1 % - 3,5 %
279,7 374,2
+ 32,2 % + 4,0 %

Total : 14 192,4
- 1,8 %

Cigarettes Tabacs Tabacs à pipe/ Cigares/ Tabacs Tabacs
à rouler/tuber chicha/chauffer cigarillos à mâcher à priser
5 560,9
+ 4,8 % EN VALEUR (MILLIONS D’EUROS TTC) 2,1
+ 1,1 %
1194,5 96,7 228,7 22,8

+ 10,9 % + 46,2 % + 17,4 % + 38,5 %

Total : 7 105,7
+ 6,7 %

Sur les quatre premiers mois cumulés de 2021,
la situation est un peu mieux orientée. Avec une
période qui compte un jour de moins de livraison
(84) que l’an dernier (85), les volumes cèdent
1,8 %, portés par les tabacs à rouler, à pipe et à
mâcher. Même le tonnage des cigares-cigarillos
gagne 4 % par rapport au premier quadrimestre
de 2020.

16 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

La Quotidienne Union Presse /LUH HW DJLUȷ
votre newsletter

MARCHANDS, RESTEZ INFORMÉS

AU QUOTIDIEN !

Culture Presse a fait appel à CB Média (éditeur
de CB News) et Direct-Réseau pour lancer de
nouveaux services autour d’Union Presse.

Le but ? Moderniser l’offre d’information des
marchandsdejournaux,larendrelisible,dynamique,
pratique, et résolument tournée vers le service.

Vous recevez chaque jour à 17 heures la newsletter « La Quotidienne Union Presse »,
qui vous informe sur les enjeux du secteur et vous épaule dans votre quotidien face à votre
clientèle. Actualité des groupes et des titres, nouveautés presse et hors média, couvertures de la
semaine, informations des messageries, conseils, services, tout y est !

Cette newsletter est la vôtre : totalement évolutive, elle s’adapte à vos remarques et à vos
besoins. Elle est également là pour relayer toutes les informations pertinentes concernant vos
pointsdeventeetvotreactivité.N’hésitezpasàenvoyerastuces,bonnespratiques,photographies
insolites, opérations spéciales, à la rédaction, à l’adresse [email protected].

Pour ceux qui ne reçoivent pas encore la newsletter, rien de plus simple :
un formulaire d’inscription vous attend sur le site d’Union Presse (unionpresse.fr).

N’hésitez pas à vous inscrire, et à faire circuler ces informations autour de vous.

DR

18 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

BGrand Entretien

Philippe Gloaguen
« J’aime le réseau,
qui me le rend bien ! »

Le Guide du Routard, l’un des vingt livres les plus vendus au monde, lance sa version magazine.
Rencontre avec son cofondateur, Philippe Gloaguen.

La Tribune du Réseau Presse: Le guide du court, dans la presse, c’est une têtière. Nous avons
Routard est un énorme succès d’édition. Pourquoi donc appris tous ces termes. Enfin, je dois souligner
avoir lancé une version magazine ? que Claire possède deux avantages : elle est bigou-
dène comme moi (rires) et HEC, tout est donc pensé
Philippe Gloaguen : Ce magazine, c’est avant tout côté marketing. Une réflexion facilitée par nos
l’idée de la directrice générale du groupe CMI, études sur le lecteur du Routard car n’oublions pas
Claire Leost. Elle m’a proposé il y a quelques mois que nous naviguons sur une clientèle de 2,5 millions
de le réaliser ensemble. Une idée qui tombait à point de guides vendus chaque année.
nommé et qui m’intéressait pour une raison toute
simple : avec la Covid, la moitié de mes équipes était Combien publiez-vous de titres du
clouée au sol, au chômage technique, car personne guide aujourd’hui ?
ne pouvait partir à l’étranger. Contrairement aux col-
laborateurs qui œuvraient en France. En règle générale, mis à part cet annus
horribilis, nous sortons environ 180 guides
Comment s’est passée cette rencontre entre ces par an, soit un tous les deux jours. Heu-
deux mondes différents à bien des égards ?
reusement, nous sommes très organi-
Nous sommes tombés sur une équipe ultra-compé- sés et bénéficions des compétences
tente, très dynamique. À leur côté nous avons appris
un nouveau métier. La presse n’a pas grand-chose de Hachette qui a non seule-
à voir avec l’édition. C’est un traitement et des mots ment un réseau de distribution
différents. Je vous donne un exemple : dans les hors pair mais aussi des édi-
guides, un titre en haut de page s’appelle un titre teurs spécialisés. Nous for-
mons un couple qui fonctionne
depuis plus de quarante ans !

LE GUIDE DU ROUTARD D’APRÈS JEAN SOLÉ Philippe Gloaguen

Quelle route !

Fils d’instituteur, Philippe Gloaguen passe son bac scientifique à 16 ans avant de préparer HEC pour finalement intégrer
Sup de Co dont il sort dans les dix premiers. Déjà titillé par le démon du voyage, il pige dans les magazines Pilote et
Actuel, le légendaire magazine lancé par Jean-François Bizot pour qui il écrit un récit sur la route des Indes, une
expédition en stop dont la Porte Dorée (75012) est le point de départ.
Un périple duquel il revient bardé d’une multitude d’adresses qu’il souhaite publier pour ses congénères routards. Il
essuie de multiples refus avant qu’un minuscule éditeur ne l’accepte avant de passer sous les roues d’un autobus.
Hachette reprend ainsi l’édition en 1975, la suite est plus connue… Depuis, il s’achète un Routard toutes les huit
secondes, plus de 55 millions de guides ont été écoulés, des chiffres étourdissants qui placent l’œuvre de Philippe
Gloaguen dans les vingt livres les plus vendus au monde. Quelle route ! J.-P.S.

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 19

DÉPOSITPHOTOS BGrand Entretien Portugal, la Croatie. Ces destinations qui ont rouvert
Philippe Gloaguen leurs portes figurent parmi nos plus grosses ventes.
Bref, nous n’allons pas retrouver la jauge 2019 mais
Combien de personnes travaillent pour le guide ? nous allons tout de même réaliser 70 % de notre
La rédaction en chef compte à peu près 19 membres chiffre d’affaires, nous en sommes déjà à 65 %.
auxquels il convient de rajouter une quarantaine de
pigistes très spécialisés. Chez Hachette, les édi- C’est une belle performance mais, de manière
teurs, iconographes, maquettistes et les personnels globale, l’édition a finalement bien tiré son épin-
marketing-communication représentent également gle du jeu…
une quarantaine de personnes La force du Routard
est d’avoir le même entraîneur depuis 40 ans qui fé- C’est vrai, mais pas forcément les guides. En France,
dère une équipe de fidèles ; la moyenne d’ancien- les deux leaders sont le Routard et Michelin. Nous
neté y est de 20 ans, comme chez Hachette. Une avons peu de concurrence sur ce marché car c’est
maison compétente en qui on peut avoir confiance, un secteur très compliqué, très dur. Vous faites une
la crise l’a prouvé. Avec ces livres qui ne se ven- erreur sur le Népal, les lecteurs vous le pardonnent ;
daient plus, nous avions du surstockage, notre édi- en revanche indiquer une adresse de proximité qui
teur n’a pas hésité à pilonner 200 000 exemplaires. a fermé depuis se transforme en catastrophe ! Il faut
C’est considérable ! Une preuve d’amour, à mon par conséquent être à jour en permanence. Pour ce
avis. faire, nous disposons d’une informatique très per-
formante et, sur le terrain, d’une armée de critiques
Alors qu’une sortie de crise se profile, comment gastronomiques qui vérifient toutes les adresses,
envisagez-vous le proche avenir ? surtout en cette année où nombreux sont les res-
Nous constatons un nouveau départ. Nous avons taurateurs qui en ont profité pour modifier leur style.
lancé seize réimpressions la semaine passée [cet Prenez l’exemple du Plaza Athénée qui a remplacé
entretien s’est déroulé le 22 juin, NDLR] qui concer- l’institution Ducasse par Jean Imbert, un jeune bran-
nent la France et, à la différence de l’année der- ché, issu de Top Chef…
nière, l’Europe avec l’Italie, la Grèce, l’Espagne, le
Le Routard est également distribué par le réseau
20 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 presse. Combien de temps avez-vous mis pour
y parvenir ?

20 ans. C’est plus dur que le bac !

Quels sont les atouts de ce réseau selon vous ?

Il représente une vitrine promotionnelle inégalable, sy-
nonyme d’accessibilité et de notoriété, d’autant que
peu de titres ont la chance d’être mis en valeur ainsi.
Je pense également aux Relay qui ont beaucoup souf-
fert de la fermeture des aéroports. Leur travail sur le
Routard est remarquable avec une distribution ciblée
en fonction de l’endroit où vous trouvez. Les guides
que vous trouverez Gare Montparnasse ne sont pas
les mêmes que ceux proposés Gare de Lyon et c’est
ainsi sur toute la France qui est partagée en une quin-
zaine de zones. C’est un maillage exceptionnel.

Êtes-vous souvent en contact direct avec le
réseau ?

Côté maisons de la presse, j’ai eu la chance de ren-
contrer les 81 représentants régionaux du réseau.
Une Légion d’honneur à mes yeux ! J’aime le réseau

BGrand Entretien monstres des mers que l’on a pu voir accoster dans
la lagune de Venise ou ailleurs. Ces symboles de
Philippe Gloaguen pollution terrible devraient revenir à des tailles plus
humaines. Mais au Routard, nous ne connaissons
qui me le rend bien. Je tiens à rendre hommage à pas ce type de clientèle.
cette profession qui pratique un métier difficile, en
termes d’horaires et surtout de rémunération. Les Et les voyages au long cours, ceux que prati-
marchands de presse défendent aussi le droit à l’in- quaient les routards originels ?
formation. Le jour où il n’y en aura plus marquera la
fin des journaux en France. Miser sur le numérique Ils ne concernent plus que 5 % des destinations. Au-
n’est pas une solution de substitution, je ne crois pas jourd’hui, 40 % de la clientèle globale reste en
au tout internet. France, 40 % va en Europe, et 15 % au Maghreb. Le

Un guide peut désormais s’emporter et se lire reste c’est l’élite. A
sur un smartphone. Comment expliquez-vous la
supériorité du papier ? Propos recueillis par Jean-Pierre Saccani

Cela part d’un constat. Nos applis marchent très fort
comme notre site routard.com, leader en France
avec ses sept millions de visiteurs uniques par mois.
Il est vrai que lorsqu’internet a pris le pouvoir, le livre
a baissé pendant deux ans. Mais aujourd’hui, nous
constatons que les lecteurs restent passionnés par
le papier, un support sur lequel on peut griffonner,
mettre des post-it, arracher la page éventuellement.
Il n’a pas besoin de batterie, il supporte très bien le
sable et dans une chambre d’hôtel, un guide papier
s’avère bien plus efficace qu’une tablette pour écra-
ser un moustique ! (rires).

Comment voyez-vous l’avenir du voyage ?

On prendra des trains de nuit pour des destinations
courtes et des vols low cost pour des séjours de
quatre ou cinq jours, pour obtenir une empreinte
carbone plus respectueuse. Je pense que nous al-
lons assister également à une remise en cause des

Trimestriel, le premier numéro du Routard Magazine un regard décalé
s’avère un vrai succès avec plus de 100 000 exemplaires
vendus. Une réussite que l’on peut expliquer par une France toujours, mais loin des foules avec des sujets
belle mise en place (120 000 exemplaires) mais aussi par consacrés au Pays basque, à quelques spots
une formule qui se différencie clairement de la collection incontournables du chemin des douaniers bretons, le
des guides tout en conservant son ADN : dévoiler les tout enrichi d’expériences vécues comme celle d’un
bons plans d’une équipe aguerrie et toujours sur le voyage en âne dans le Vercors ou d’un très actuel
terrain comme le soulignent Amanda Keravel et Gavin’s « retour » à la terre avec l’histoire de deux femmes
Clemente-Ruiz, le tandem à la tête de la rédaction. reconverties dans la permaculture en Normandie. Mais
Au sommaire du deuxième numéro (sortie 29 juillet), la promis, après ces deux numéros, Le Routard Magazine
sortira aussi des frontières de l’Hexagone. Toujours avec
un regard décalé. J. -P.S.

DR

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 21

BFocus presse

Le Point passe
à l’offensive

Étienne Gernelle, PDG de l’hebdomadaire d’actualité, refuse les discours déclinistes sur la presse écrite.

Malgré la période de pandémie Étienne Gernelle. des sujets originaux qui attirent un
et de confinement, Le Point, fondé en public nombreux, souligne-t-il. Nous
1972 par des dissidents de L’Express, d’actualité reste prestigieux pour les bénéficions maintenant d’une bonne
ne s’en sort pas si mal avec une personnalités du monde entier. Les réputation en la matière. Pour les
diffusion France payée de 279 032 discours déclinistes sur la presse élaborer, nous mobilisons une équipe
exemplaires en 2020, en légère baisse écrite n’ont pas lieu d’être. » Le rédactionnelle engagée, réactive et
de 4,9 %. C’est ce que confirme le dirigeant du Point mise aussi sur des créative autour de Sébastien Le Fol,
dirigeant de l’hebdomadaire publications complémentaires pour directeur de la rédaction. Lors de la
d’actualité, Étienne Gernelle : « Lors de dynamiser les ventes de création de hors-séries, nous prenons
la première pandémie en 2020, nous l’hebdomadaire, notamment sur des souvent l’avantage sur un éditeur de
avons tous craint un véritable hors-séries. « Nous publions chaque livre qui peut traiter du même sujet : à
cataclysme. Cela n’a pas été le cas et année de nombreux hors-séries sur la différence d’un auteur qui travaille
nous avons été surpris par notre seul et met donc du temps à produire
propre capacité de résilience. Même si un contenu, nous bénéficions d’une
les recettes publicitaires se sont force de frappe avec la possibilité de
effondrées lors du premier réunir très rapidement une équipe
confinement, les ventes ont, pour leur d’experts. Nous pouvons mobiliser
part, bien résisté. La publicité est l’intelligence collective pour créer
repartie par la suite. Nous avons même rapidement un produit de qualité. »
absorbé la faillite de Presstalis, sans
trop de casse. Si le début de l’année Cap sur les présidentielles
2021 a été un peu mou en termes de
ventes, l’actualité politique a fait Le patron du Point compte aussi se
repartir les ventes et nous devons sans refaire une santé avec les élections
cesse gérer des pics d’actualités. » présidentielles. « Lors de cette élection
majeure, nous ferons tout pour détenir
Tous les dirigeants se battent un coup d’avance, faire des scoops,
pour « faire la couv »

PHOTOS LE POINT Pour Étienne Gernelle, le papier est
loin d’être mort et le dirigeant reste
convaincu que c’est l’un des meilleurs
canaux de diffusion, si ce n’est le
meilleur. Pour preuve, tous les
dirigeants se battent pour passer dans
la presse papier : « Comment se fait-il
que les leaders mondiaux, y compris
ceux dont le cœur de business se
trouve dans les nouvelles technologies
comme Bill Gates, Mark Zuckerberg ou
encore le patron d’Uber, veulent tous
réaliser de grandes interviews dans la
presse écrite ? Être affiché en
couverture d’un hebdomadaire

22 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

traiter des angles originaux pour diffusion, notamment le digital. « À mon champignon, remettre de la voilure
susciter l’intérêt des lecteurs. Toutes sens, le digital ne cannibalise pas le dans ce réseau ». Cela signifie qu’il
nos équipes seront fortement papier, martèle-t-il. Chaque canal de faut moderniser les magasins afin de
mobilisées autour de cette élection : diffusion présente des avantages aux
toujours attentives, réactives, prêtes à yeux des lecteurs. Leur addition ne fait les rendre plus attrayants,
l’offensive. Dernièrement, nous avons qu’accroître la notoriété du titre. En rechercher des moyens
eu la chance que Xavier Bertrand tant qu’éditeur, nous avons toujours pour mieux vendre la
déclare sa candidature à la présidence intérêt à être présents sur l’ensemble presse, être dans les points
dans Le Point. Ce n’est pas anodin des canaux de diffusion. Tout le monde de passage stratégiques,
qu’un homme politique de ce niveau, y gagne. Mais il est certain que ma rechercher de nouveaux
pragmatique, s’adresse à la presse préférence va toujours au papier. » clients ou encore
écrite pour toucher un public s’intéresser aux nouveaux
nombreux. Il ne faut pas sous-estimer « Il faut maintenant appuyer sur modes de vente. « Bref, il
la valeur symbolique de ce genre de le champignon! » faut partir à l’offensive
choses. La force du papier est toujours et réaffirmer l’utilité de la
là. Elle a beaucoup de valeur. » Mais alors comment arrêter la baisse lecture du papier pour
des volumes dans le réseau de la mobiliser les énergies. » Les
Pour Étienne Gernelle, la presse écrite vente au numéro ? Si Étienne Gernelle pouvoirs publics doivent
papier détient un rôle majeur dans le avoue humblement qu’il n’a pas la être aussi impliqués dans ce
débat démocratique en assurant à la solution miracle pour relancer les
fois une mission informative, ventes du papier, il reste convaincu processus. « Les
pédagogique voire éducative : que, pour y arriver, il faut remettre « de messageries et les
« L’information de qualité que l’on l’argent dans le réseau, adopter une dépositaires doivent
produit, qui est vérifiée, a une valeur posture de conquête et non plus de être moteurs pour
forte. » Mais pas question de négliger préservation de ce qui est. Il faut renforcer la
pour autant les autres canaux de maintenant appuyer sur le commercialité de ce
réseau », souligne-t-il.
Le dirigeant pense
également qu’il faut
accroître la
rémunération des
marchands de
journaux, augmenter
leur marge afin de
dynamiser leur développement, rendre
le métier plus attrayant, plus
motivant. Pour le dirigeant du Point, le
papier a de l’avenir à condition d’y
croire. Il affirme que les éditeurs de
presse doivent collaborer avec les
marchands de presse : « Nous sommes
dans le même bateau. On compte sur
eux, comme ils comptent sur nous. Il
faut s’unir pour réfléchir ensemble,
prendre des initiatives. Je suis
convaincu qu’on est dans le sens de
l’histoire pour redonner au papier le

rôle fondamental qui est le sien. » A

Quentin Dunoguier

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 23

BFocus édition

Interforum-Editis,
pour vous servir

Intermédiaire entre les éditeurs et les libraires, l’entreprise distribue 120 millions de livres par an.
Radiographie d’un géant.

PHOTOS EDITIS – DÉPOSITPHOTS Voilà 60 ans qu’Interforum-Editis Marie-Pierre Sangouard. Nathan, Bordas, l’Archipel,
assure la délicate mission de La Découverte, Le Cherche
« rapprocher le livre de son lecteur ». C’est un peu comme si Midi, XO, Le Robert, Lonely
Créé en 1961, ce distributeur joue les subitement, la France Planet, Plon, Pocket ou
intermédiaires entre les éditeurs et les avait redécouvert le encore Les Presses de la Cité
librairies, tous points de vente livre et que les lecteurs, ou Robert Laffont… « Toutes
confondus, depuis les commerces de fidèles ou nouveaux, rassemblées au sein d’un
proximité, en passant par les étaient tous devenus même groupe, chacune de
indépendants et jusqu’aux GMS. Ce ces maisons garde sa ligne
géant du secteur compte aujourd’hui épris de lecture. et son indépendance
plus de 1 200 salariés. Il permet la éditoriales », poursuit
diffusion commerciale des livres des Marie-Pierre Sangouard.
150 maisons d’édition et collections du Parmi les dernières arrivées
groupe Editis ou d’éditeurs au sein du groupe, Les
partenaires, dans plus de 180 pays Arènes. En janvier 2022,
(France, Belgique, Suisse, Canada, l’éditeur Lefebvre Sarrut,
etc.). Interforum fournit actuellement leader européen des codes
plus de 17 000 points de vente en juridiques (tels Dalloz) et
France et distribue un total de ouvrages professionnels,
120 millions de livres chaque année. rejoindra également le
Autant dire que sa mission permet de groupe Editis. Et Interforum
largement diffuser la culture. distribuera dès le début
d’année prochaine les livres de la
Les maisons d’Editis nouvelle maison fondée par l’un des
auteurs les plus lus en France, Joël
« Depuis sa création, Interforum-Editis Dicker, après son départ des Éditions
a toujours eu pour vocation d’être à la de Fallois.
pointe de la diffusion et de la
distribution des livres, explique Marie- Des ventes records
Pierre Sangouard, codirectrice
générale d’Interforum-Editis, en L’année 2020 aurait pu entamer la belle
charge du développement commercial. dynamique qui anime depuis plusieurs
L’entreprise a toujours su initier les mois le groupe (désormais propriété du
tendances et être à l’avant-garde de la groupe Vivendi, donc de Vincent
distribution. » Parmi les innovations Bolloré), mais il n’en fut – presque –
récentes, le lancement, dès 2017, de rien. « Dès le printemps l’année a été
l’impression à la commande qui permet bouleversante, explique Marie-Pierre
d’éviter les ruptures de stocks, de Sangouard. Nous naviguions alors
limiter les invendus, etc. Le groupe dans l’inconnu, dans une crise jamais
Editis rassemble de très nombreux vécue auparavant et nous ne savions
petits et très grands éditeurs pas comment le marché allait se
généralistes et spécialisés comme comporter, ni comment les lecteurs
10-18, Fleuve Éditions, Gründ, First,

24 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

allaient réagir face à la fermeture des distribution sont en hausse, bien qu’il y et de proximité avec les libraires,
points de vente. Il nous a fallu être très ait une légère décélération en ajoute Marie-Pierre Sangouard.
agiles et nous adapter rapidement. » hypermarchés, note la DG Les relations humaines et
Puis, suite au premier confinement, les d’Interforum. Les paniers moyens l’expertise du libraire retrouvent
lecteurs se sont rués tout l’été et d’achats de livres sont quant à eux leurs lettres de noblesse. Cette
jusqu’à la fin de l’année sur les aussi en hausse. » La question est crise a aussi suscité des vocations
romans, les BD, les livres pratiques. désormais de savoir si cette et de nombreux libraires
« Le marché n’a reculé que de 2 % en dynamique va se poursuivre et si les s’installent via la reconversion
2020 et nous a montré toute sa force points de vente vont pouvoir fidéliser professionnelle ou les reprises de
de résilience », ajoute la directrice ces milliers de lecteurs revenus aux points de vente. » Enfin, les lecteurs
générale. Jamais les Français n’ont livres. ont aussi découvert d’autres horizons
autant parlé de livres, de maisons de lecture pendant la crise. Peut-être
d’édition et surtout des libraires. Ils Un été bien préparé un peu lassés de leurs écrans, les
sont redevenus des commerces jeunes plébiscitent aujourd’hui les BD
essentiels aux yeux de tous. « C’est un Dès cet été, promotions, événements, et les mangas, sans doute incités à le
peu comme si subitement, la France signatures, débats et autres faire par le « pass-culture » et ses
avait redécouvert le livre et que les visioconférences avec des auteurs avantages. Mais les ouvrages sur le
lecteurs, fidèles ou nouveaux, étaient peuvent être des clés pour conserver jardin, la nature, la déco, le bricolage,
tous devenus épris de lecture », se et renforcer ces liens. « Cette crise a la cuisine enregistrent aussi des
réjouit Marie-Pierre Sangouard. Les marqué et renforcé depuis un an une ventes records. Bref, cette crise a
libraires se sont aussi très vite adaptés dynamique de consommation nouvelle profité, dans le monde du livre et de
et ont mis en place le click and collect, l’édition à tous : lecteurs, distributeurs
ont lancé leurs propres sites Internet, et éditeurs. Seul, le secteur du
recréé des liens forts avec leurs tourisme a un peu plus souffert mais
clients. semble redécoller à l’approche des
vacances d’été et de nouveautés
Résultat, des ventes records en 2020, axées autour des régions françaises et
qui semblent se poursuivre en 2021. Le du tourisme local. « Dans nos multiples
chiffre d’affaires du premier trimestre nouveautés (120 000 lancées par an au
2021 d’Editis s’est établi à 163 millions total), le second opus de la série Néo
d’euros avec une croissance record, de Michel Bussi continue aussi de
en progression de 40,1 % (à taux de séduire les jeunes lecteurs, souligne
change et périmètre constants par Marie-Pierre Sangouard. Les ventes
rapport à la même période de 2020). de 1991 de Franck Thilliez ne font que
« Tous les circuits de vente et de grimper depuis sa sortie. Nous
poursuivons cette année notre
opération commerciale estivale sur les
livres de poche. Et nous prévoyons une
rentrée littéraire très riche avec 50
titres proposés dans toutes nos
maisons d’éditions, dont 12 qui seront
des premiers romans. » De quoi
fidéliser un lectorat très demandeur

d’actualités et de nouveautés. A

Charlotte Denis

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 25

BFocus FDJ

Les paris de l’été

Avec l’Euro de foot, Roland Garros et les JO de Tokyo, l’été 2021 est une manne pour les paris sportifs.

Depuis 2010 et l’ouverture à la Patrick Buffard. jeux de tirage comme le Loto, mais il
concurrence du marché des paris tend à se populariser, même si le cœur
sportifs en ligne, de nombreux acteurs sportifs n’a cessé de croître, explique de cible est toujours constitué
se partagent le gâteau comme c’est le dirigeant de FDJ. La clientèle s’est d’hommes âgés de 18 à 40 ans,
aussi le cas du poker et des courses fortement développée, y compris dans majoritairement urbains.
hippiques sur Internet. Toutefois, FDJ les points de vente. Les paris sportifs
reste incontournable en France dans restent un vecteur de trafic très L’impact de la Covid
les points de vente physiques. important et intéressant pour les
commerces. Et le buzz médiatique Des années de croissance constante
« Nous conservons le monopole des généré par l’ouverture en 2010, puis taclées par la Covid ? « L’année 2020 a
paris sportifs avec notre marque par les nombreuses campagnes été très contrastée, souligne Patrick
Parions Sport point de vente dédiée publicitaires de tous les acteurs, a Buffard. De mars à mai ce fut l’arrêt
aux seuls points de vente, commente contribué au développement et à la simultané de quasiment toutes les
Patrick Buffard, directeur général démocratisation de tous les paris, en compétitions sportives, donc 80 % du
adjoint de FDJ. Il faut savoir que La ligne comme en points de vente. » marché a été stoppé net. Quelques
Française des Jeux a créé le marché Certes, ce marché reste plus modeste championnats ou compétitions ont
des paris sportifs en France avec le que celui des jeux de grattage ou des subsisté en Corée ou en Biélorussie,
lancement en 1985 du Loto Sportif, qui nous permettant de maintenir une
était au départ une forme de “paris Depuis 1985, et encore petite activité. » Heureusement, l’été et
mutuels” consacrés à plusieurs sports surtout la rentrée 2020 ont connu un
et qui s’est vite concentré autour du plus depuis 2010, fort rebond, notamment grâce au
football. » Aujourd’hui encore, le report de certaines compétitions
football représente plus de la moitié le marché des paris d’envergure comme Roland Garros ou
des paris enregistrés par FDJ. Puis, en la Ligue des Champions de Football. En
2003, FDJ élargit son offre en lançant sportifs n’a cessé de
PHOTOS FDJ – ADOBESTOCK – DÉPOSITPHOTOS les paris à cotes qui sont aujourd’hui la
forme de paris la plus populaire. croître.

Paris en ligne et paris en points de vente

« Ces deux formes de paris ne sont pas
encadrées ni régulées par les autorités
de la même manière, précise Patrick
Buffard. Par exemple, si les mises en
direct faites pendant les matches sont
autorisées pour les paris en ligne, c’est
strictement interdit dans les points de
vente physiques, où les joueurs
doivent miser uniquement avant le
match. » Autre particularité méconnue
du grand public : alors que les paris en
ligne auraient pu cannibaliser les
enjeux enregistrés dans les points de
vente et rafler le marché, l’ouverture à
la concurrence a au contraire plutôt
permis de démocratiser les paris
sportifs et de rajeunir la cible des
parieurs. « Depuis 1985, et encore plus
depuis 2010, le marché des paris

26 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

2020, les paris sportifs ont représenté
3,2 milliards d’euros de mises pour
FDJ, soit 20 % des mises totales du
groupe. « Le second semestre 2020 a
été très satisfaisant même s’il n’a pas
permis de rattraper totalement le
chiffre d’affaires du début d’année,
poursuit Patrick Buffard. Puis, l’année
2021 a très bien débuté et l’activité
s’accélère encore avec un été riche
en événements sportifs. »

Rendez-vous à Tokyo

Depuis mai, les rendez-vous mythiques d’opérateur responsable, en mettant principaux partenaires historiques et
s’enchaînent et avec eux les paris en place un dispositif de prévention du que cette année encore elle y engage
sportifs. Il y a eu Roland Garros et jeu excessif et du jeu des mineurs, une équipe cycliste à ses couleurs.
notamment le duel quasi historique avec une campagne en télévision Déontologie et régulation obligent, elle
opposant Djokovic à Nadal en demi- dédiée et notamment un format vidéo ne peut donc encourager les paris sur
finale. Suivi de l’Euro de football et des diffusé sur la chaîne Youtube “Dans cette compétition. En revanche, les JO
JO de Tokyo. De quoi passionner et ton corps”. » qui ont lieu au Japon du 23 juillet au
survolter les amateurs de compétitions 8 août, seront à l’honneur après l’Euro
comme les parieurs. « Nous avons Les différentes campagnes de de foot. FDJ sera en mesure de couvrir
décidé d’être présents de manière prévention diffusées jusqu’à fin juillet toutes les disciplines autorisées par
exceptionnelle, via une grande en télévision, radio, dans les points de l’ANJ (Autorité Nationale des Jeux)
campagne promotionnelle en vente, mais aussi sur les réseaux soit 28 sur les 47 proposées au
télévision et affichage, des visuels sociaux font appel au spécialiste du programme des JO. De nombreux
impactants ou encore par la mise en football Thomas Thouroude ou à « nouveaux sports » seront ainsi
place d’un Super Pactole Loto Foot dès l’influenceur Julien Ménielle (suivi par proposés aux paris par Parions Sport,
le démarrage de l’Euro dans les points 750 000 followers). Seul le Tour de tels le taekwondo, l’haltérophilie, le
de vente afin que les commerçants France restera un brin sur la touche du
puissent faire de cet événement un côté des paris, car FDJ en est l’un des hockey sur gazon ou le triathlon. A
rendez-vous important, ajoute Patrick
Buffard. Mais nous avons aussi choisi Charlotte Denis
de maintenir notre positionnement

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juin 2021 27

BFocus diversification

CBD : une plateforme pour
les marchands de presse

CBD click propose des produits à base de CBD, le fameux cannabis légal, à la mode depuis plusieurs
mois. C’est la première plateforme réservée aux diffuseurs de presse et buralistes.

Un marché prometteur qui autorités françaises ne veulent pas l’heure, la fleur de CBD est donc
pourrait atteindre le milliard d’euros de laisser proliférer les produits à base de surtout utilisée comme ingrédient
chiffre d’affaires en France d’ici 2026. cannabis, même « light », et peinent de produits dérivés estampillés
Depuis quelques mois tout le monde sans doute à faire la distinction lors « bien-être » ou « détente » et dans des
s’arrache le cannabidiol, ou CBD, cette des contrôles entre les produits légaux produits de relaxation. Signalons que
molécule extraite du cannabis mais qui et ceux qui ne le sont pas. Autre souci : sur le marché de la vape au CBD
n’a pas d’effet psychotrope, la dimension d’incitation ou d’initiation (e-liquides) qui ne cesse de s’étendre,
contrairement à l’autre molécule via le CBD réputé « relaxant » à des les buralistes pourraient être
contenue dans la plante, le THC substances psychotropes plus fortes,
(tétrahydrocannabinol). Plus de 500 illégales et addictives, notamment
boutiques spécialisées seraient chez les plus jeunes. Toutefois,
actuellement ouvertes sur le territoire l’Europe a rendu une décision qui a
et des milliers de points de vente littéralement fait exploser ce marché
proposent déjà des produits à base de en France. Le 19 novembre 2020, la
CBD, ou « cannabis light » : bougies, Cour de Justice de l’Union européenne
boissons, tisanes, cosmétiques, etc. a en effet rendu « illégale » la décision
par l’Hexagone d’interdire la vente de
Que dit la loi? produits à base de CBD.

Le CBD, à condition qu’il ne contienne
pas plus de 0,2 % de résidus de THC,
est théoriquement légal en France
d’après une loi de 1990. Mais les

PHOTOS CDB CLICK Les fabricants, importateurs et autres
commerces, se sont donc lancés sur
ce marché, même s’il reste un peu
risqué puisque la France tient toujours
à encadrer plus strictement la
commercialisation du CBD (une
décision doit être rendue très
prochainement) et vise à interdire
définitivement la vente des fleurs. Pour

28 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

directement associés par la mission quatre marques. Mais CBD Click n’en a marché est tout nouveau et les
d’information parlementaire dans le pas fini avec les innovations. D’autres commerçants doivent bien maîtriser le
projet de nouvelle régulation de la marques et produits devraient être sujet pour pouvoir expliquer les
vente de CBD. lancés pour la rentrée prochaine, produits à leurs clients, lever les
comme des gummies (gommes à doutes et faire connaître le CBD,
Le choix du réseau mâcher relaxantes ou anti-insomnies), ajoute le directeur associé. Mais pour
d’autres produits de vape avec ou sans mieux les vendre, comme pour la vape,
Jean David Moraly, ancien directeur nicotine, etc. « Le point fort de tous nos nous leur conseillons vivement de
commercial de la marque de vape produits c’est qu’ils sont contrôlés et créer des corners dédiés au CBD dans
Nhoss, a vite compris le potentiel de ce vérifiés et que les commerces peuvent leur point de vente. »
nouveau marché du CBD. Il est donc les vendre sans aucune crainte,
aujourd’hui directeur associé de CBD ajoute Jean David Moraly. Ils sont L’intérêt étant alors de mettre en valeur
Click (cbdclick.eu), la première livrés avec des certificats d’analyses les différents produits déclinés du
plateforme entièrement dédiée aux et nous contre-analysons aussi ces CBD, de créer un îlot « bien-être » ou
professionnels du réseau des tabacs et certificats en interne. Les taux de nos « détente » et de cibler une très large
presse. « Nous proposons à ces produits sont donc toujours légaux. » palette de clients potentiels. « Car le
commerçants des produits certifiés, CBD ne s’adresse pas qu’aux fumeurs,
testés (avec des taux légaux de CBD), Des corners pour théâtraliser l’espace ajoute Jean David Moraly. La cible est
de grande qualité et dont nous avons très large depuis ceux qui cherchent
soigneusement sélectionné les La plateforme fournit aussi aux des produits apaisants, des
producteurs », explique-t-il. « Nous commerçants des outils de PLV, cosmétiques, des huiles et baumes
avons aussi été les premiers à lancer à vitrines et autres argumentaires de pour le sport (aux vertus antidouleurs),
la rentrée 2020 les premières fleurs à vente. « C’est indispensable car le des pots-pourris, etc. Bien sûr les
brûler ou à utiliser comme pot-pourri, vapoteurs pourront aussi trouver leurs
présentées en flacons de verre e-liquides au CBD ou nos nouveaux
premium et à ne pas les commercialiser vaporiseurs ou nos wax (résines), mais
en sachets plastiques, contrairement à ils ne sont pas les seuls
nos concurrents. » Ce qui a directement consommateurs du CBD ! »
hissé la jeune marque Satyva au rang Actuellement, 60 % des produits au
des spécialistes premium du CBD en CBD seraient en effet des produits
France. cosmétiques, des boissons ou des
produits « bien-être ». L’atout d’un
« Puis, face à l’engouement des corner dédié c’est qu’il permet de
consommateurs, nous avons très vite prendre le temps de présenter les
élargi nos gammes et décidé de lancer produits, de théâtraliser l’espace, de
d’autres marques comme Beness qui proposer de la documentation et
propose des produits fabriqués en éventuellement de les faire sentir et
Italie et sous label bio. Ou Supweed tester par les clients. Attention
une marque premium lancée en cependant certains produits restent
juin 2021 avec un influenceur de la télé strictement interdits, comme la vente
réalité. Ou encore Happease une de fleurs de CBD et de produits à
nouvelle marque de produits de vape à vapoter aux moins de 18 ans. Ou les
forte teneur en CBD. » À ce jour, la produits vantant le THC illégal sur
plateforme propose déjà plus d’une
soixantaine de références sous ces leur packaging.A

Charlotte Denis

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 29

BBalise

Baromètre des encaissements

mai 2021/mai 2019

Source : Culture Presse – Devlyx, mai 2021

Mai s’inscrit dans la tendance positive déjà constatée sur nos balises précédentes. La comparaison se réalise désormais
avec 2019, afin de proposer une donnée réellement significative. Là encore les encaissements moyens des spécialistes sont
au vert sauf, malheureusement, en termes de fréquentation !

Fréquentation : - 6,6 %

La fréquentation peine décidément à retrouver les niveaux de 2109, les clients n’ayant pas encore retrouvé leurs
habitudes d’avant crise. Le nombre de tickets caisse est toutefois en nette augmentation par rapport à 2020 et la tendance
est encourageante.

Presse nationale : + 7,3 %

Comparée à mai 2019, une bonne performance de l’encaissement presse moyen pour les spécialistes indépendants.
Ainsi, l’intermède des deux crises subies l’an passé semble oublié. Cette bonne performance cache toutefois des réussites
très diverses selon les produits. L’encyclopédie n’a pas retrouvé son niveau d’activité de 2019, mais l’été arrive avec, en
perspective, de nombreux lancements qui devraient soutenir la croissance. Les quotidiens nationaux restent en décrochage
et semblent esquisser une tendance durable.

Encaissements presse nationale des spécialistes
mai 2021/mai 2019

14,6 %

7,3 %

- 11,5 % - 9,6 %

Publications Encyclopédies Quotidiens nationaux Total presse

30 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

Les quotidiens nationaux dans le détail

Sur deux ans, l’encaissement moyen des spécialistes sur les quotidiens nationaux reste malheureusement en baisse
sensible, même si la tendance est à l’amélioration sous l’effet d’une nette amélioration des scores de L’Équipe. Toutes les
catégories de PQN sont en baisse.

- 7,3 % - 4,4 % - 9,6 %

- 25,3 %

Information générale Sport Hippiques Total PQN

Les magazines dans le détail (2021/2020)

Retour, pour cette analyse, à une évolution comparée par rapport à mai 2020, plus significative. Dix univers merchandising
magazines sur treize sont en évolution positive d’une année sur l’autre. Il semble que l’attrait pour la lecture des magazines
de culture et de loisirs, retrouvé pendant le confinement, ne se soit pas démenti. On nuancera pourtant en relevant que trois
univers seulement du top 5 enregistrent de bonnes performances: la presse enfants d’abord, dont le dynamisme ne se dément
pas, les féminins et la presse télé. En revanche, la presse d’actualité générale et les ludiques continuent à souffrir . C’est une
tendance continue depuis le début de l’année. Toutefois, en ce qui concerne les ludiques, les performances restent
supérieures si l’on compare à mai 2019.

72,8 %

24,6 %

19,1 % 18,9 %

16,8 % 15,5 % 11,1 % 10,1%

8,1 % Actualité géLnuédriaqluees Pipcetuorpele

3,4 % - 9,5 %
- 11 %
et Nvoaytaugrees Sports laouistoirs Adultes Enfants FémiAnidnos et musique TélévisioAnrts et cultureInforMmaaitsioqnueet art de vivre - 14,9 %

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 31

BInstances

Laurent Bérard-Quélin,
l’éditeur engagé

Quinquagénaire dynamique, ponctuel et décontracté, Laurent Bérard-Quélin reçoit La Tribune du Réseau
Presse dans un immeuble cossu de l’avenue de l’Opéra à Paris, au siège historique de la Société
Générale de Presse (SGP) dont il est le directeur général.

La Société Générale de Presse a été créée
en 1944 par Georges Bérard-Quélin (décédé en
1990), dont le portrait accueille les visiteurs dès
l’entrée. Homme d’action et d’influence, ce natif
de Villeurbanne qui entra dans la résistance dès
1942 était un journaliste avant la guerre, notam-
ment au quotidien Lyon Républicain. En 1944, il
reprend ses activités et lance La Correspondance
de la Presse, lettre d’information spécialisée « et
non pas lettre confidentielle car, à partir du moment
où vous êtes vendu, vous n’êtes plus dans le confi-
dentiel », précise Laurent Bérard-Quélin. Devenue
peu à peu incontournable, elle sera suivie quelques
années plus tard par d’autres titres spécialisés:
La Correspondance de la publicité, La Correspon-
dance économique et enfin Le Bulletin Quotidien
(BQ) qui succédera à L’Index en 1973.

Des générations entières de patrons de presse, Laurent Bérard-Quélin.
de journalistes, de publicitaires, de chefs d’entre-
prise, de hauts fonctionnaires et de politiques presse, en commençant par la FNPF au sein de la
s’abonneront pour suivre chaque matin La Cor- commission télématique et jusqu’à la présidence
respondance, qu’elle soit de la presse, de la pu- de la FNPS aujourd’hui », déclare celui qui jongle
blicité ou de l’économie. Parallèlement, toujours dorénavant avec deux agendas, celui d’éditeur et
dans cette période tourbillonnante et dynami- celui de responsable d’une grande organisation
sante de l’après-guerre, Georges Bérard-Quélin professionnelle.
créé Le Siècle et ses fameux dîners du dernier
mercredi du mois, un club qui réunit des person- L’éditeur de presse professionnelle
nalités de premier plan de tous horizons « attentifs
à la vie publique, au-dessus des clivages poli- Au fil des années, la SGP a externalisé la produc-
tiques ». Près de quatre-vingts ans plus tard, La tion de ses supports chez l’un des leaders de
SGP et Le Siècle sont toujours bien là. l’impression numérique (DupliPrint-Jouve) et le
portage de ses abonnements chez Proximy. Ceci
« Nous avons été élevés dans la culture du bien afin de se focaliser sur la production éditoriale de
commun et de la collectivité. C’est pour cela que ses lettres quotidiennes d’information spéciali-
nous avons pris la suite de notre père après son sées dans les quatre secteurs historiquement
décès en 1990, avec ma sœur Marianne qui est couverts par la maison : la communication, l’éco-
présidente de la SGP, et aux côtés de ma mère. nomie, la politique et la haute administration.
C’est aussi ce qui m’a poussé à m’impliquer un 45 salariés dont 27 journalistes (y compris une
peu plus tard dans les organisations profession- correspondante permanente à Bruxelles) ont la
nelles pour défendre les intérêts des éditeurs de charge de sortir quatre quotidiens en version
papier et en version numérique. Sans compter le

32 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

site lesbiographies.com, service payant avec Le président de la FNPS
accès à la base de données du groupe.
Étant donné son parcours familial, professionnel
« Je crois au support papier car nous délivrons et son engagement auprès des instances de la
une information de qualité que nous vendons à filière presse, c’est très logiquement que l’éditeur
nos abonnés à un tarif élevé : 4 990 euros/an pour de La Correspondance a été élu à la présidence
le Bulletin Quotidien et 3 050 euros pour La Cor- de la puissante FNPS en 2017 qui regroupe sept
respondance. À ce prix, nous devons proposer à syndicats de presse spécialisée. Au total, la FNPS
nos lecteurs deux supports avec des différences rassemble 477 sociétés adhérentes qui éditent
d’usage. Nos grands dossiers techniques ou juri- 1 759 titres de presse imprimée et en ligne. Plus
diques demandent une lecture attentive et pré- de 13 000 salariés (dont 4 800 journalistes) sont
cise pour laquelle le papier est mieux adapté. On directement concernés par l’activité de cette
doit donc veiller à l’équilibre papier/numérique famille de presse qui diffuse plus de 270 millions
dans notre offre. En fait, le papier est une motiva- d’exemplaires par an (source FNPS).
tion supplémentaire de réabonnement : le lecteur
comprend pourquoi il doit se réabonner quand il La FNPS est une structure agile, disposant d’ex-
visualise le support. C’est ce que nous avons perts, qui accompagne ses membres dans l’évo-
constaté. Ceci dit, on ne sait pas où nous en lution de leur métier. Priorité est accordée aux
serons dans dix ans ! », tempère Laurent Bérard- services aux adhérents et à la défense de leurs
Quélin, confiant dans l’avenir d’une information intérêts auprès des pouvoirs publics et dans les
fiable, vérifiée et produite par de vrais journalistes instances professionnelles afin d’adapter le
sur des supports complémentaires. contexte législatif et réglementaire à un environ-

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 33

BInstances

nement en pleine mutation. Les sujets ne man- fique et professionnel qui permettra de rendre éli-
quent pas: social, fiscal, commission paritaire, dis- gible un plus grand nombre de magazines. Mais
tribution, gestion des données personnelles… les supports d’information politique et générale
« Avec, entre autres, une montée en puissance sont à la manœuvre afin de préserver pour eux
des questions environnementales. Ainsi, nous ai- seuls ce « label » et ont bénéficié d’une certaine
dons les éditeurs à réduire leur empreinte carbone complaisance de la part des pouvoirs publics qui
et nous les accompagnons sur la connaissance sont leurs interlocuteurs médiatiques habituels.
d’une réglementation qui évolue rapidement », Bien qu’efficace, ce lobbying n’a pas empêché
souligne le Président de la FNPS. Un exemple Franck Riester, ministre de la Culture à l’époque,
concret: l’usage du blister sera interdit à compter de faire passer un amendement indiquant claire-
du 1er janvier prochain pour tout ce qui est posté ment l’éligibilité de l’ensemble de la presse au
(donc les abonnements) et cela pourrait être bien- droit voisin. Toutefois, la mise en œuvre a abouti
tôt le cas pour la vente au numéro. Quelles sont à un échec, dû en grande partie à la désunion des
les alternatives? Quelles solutions techniques sont éditeurs, Google négociant à prix réel avec la
possibles? C’est là qu’interviennent les experts de presse d’information politique et générale… et à
la FNPS qui informent les adhérents. prix nul avec les autres ! Il en fallait plus pour dé-
courager le président de la FNPS : « On travaille
Autre dossier récurrent : La Poste et les abonne- maintenant avec Roselyne Bachelot pour faire ap-
ments. En dix ans, les tarifs postaux ont augmenté pliquer la loi, et Google est revenu vers nous ! On
de 77 % ! Ce poste de charges est dorénavant le attend la décision de l’Autorité de la Concurrence
deuxième derrière la masse salariale pour les dans les jours qui viennent. Rien n’est fait. On est
éditeurs concernés. « Nous montons au créneau sur la même longueur d’onde avec le SEPM, c’est
auprès de La Poste et des pouvoirs publics afin plus compliqué avec l’Alliance. Toute division est
de ramener la hausse annuelle des tarifs au ni- regrettable car l’union fait la force face à de tels
veau de l’inflation et pour adapter l’outil postal à interlocuteurs… »
nos contraintes », déclare Laurent Bérard-Quélin.
Les subventions et le financement avec le fonds La distribution et le réseau presse, enfin, sont au
stratégique pour le développement de la presse cœur des préoccupations. « Avec l’ARCEP, le
sont aussi un sujet sensible. Les équipes de la dialogue est parfois difficile », regrette Laurent
FNPS avec Catherine Chagniot, directrice géné- Bérard-Quélin en pointant le nouveau cahier des
rale, et dix permanents, sont aux côtés des mem- charges rédigé par l’Autorité qui remet en cause
bres afin de les conseiller dans le montage de le droit de 1re présentation: un dispositif obtenu par
demandes d’aides pour leurs projets d’innovation la FNPS et Culture presse au Parlement dans le but
et de développement. de permettre aux marchands d’adapter en perma-
nence l’offre. Les éditeurs de la FNPS tiennent au
Des dossiers en tension support papier et à la vente au numéro avec ce
qu’elle apporte en termes de visibilité pour les
Mais le dossier politique d’actualité qui mobilise titres, les annonceurs et la presse en général. D’où
la FNPS est celui du droit voisin des éditeurs et le suivi très attentif de questions techniques telles
agences de presse. Cela anime particulièrement que l’assortiment et le plafonnement qui doivent
son président: « Déclarer que seule la presse d’in- permettre de préserver le réseau, tout donnant aux
formation politique et générale doit être concer- éditeurs une accessibilité aux lecteurs.
née par la négociation avec les plates-formes
(Google, LInkedin, Twitter…) en vue de rémunérer Malgré ce contexte tendu où il faut sans cesse
les contenus est une exception française! Le lec- s’adapter, créer et innover après dix-huit mois de
teur citoyen s’informe autant en lisant la presse crise sanitaire, le patron de la FNPS (dont le
généraliste qu’en lisant la presse spécialisée ou deuxième et dernier mandat s’achève en 2023) est
professionnelle. Nous ne voulons pas de cette lucide mais reste confiant car « jamais on a autant
discrimination qui conduit à une distorsion de consommé d’écrits (sur différents supports) que
concurrence. Nous devons être éligibles et faire durant cette période. L’appétence pour la presse et
partie du tour de table », affirme Laurent Bérard- l’édition n’a jamais été aussi forte! C’est essentiel ».
Quélin qui porte le fer à Bruxelles, dans les minis- Il s’agit maintenant de mettre en place les condi-
tères, à Paris et dans les instances concernées. tions économiques, commerciales et techniques
À l’initiative de la FNPS, a été créée une nouvelle afin de maintenir durablement cette tendance po-
catégorie : la presse de la connaissance et du
savoir regroupant les secteurs culture, scienti- sitive. C’est l’enjeu de ces prochains mois.A

Alain Scemama

34 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

B Instances
Échos de la capitale

José Ferreira réélu à Le détail des aides à la presse France Messagerie rénove son
la présidence des MLP site web

L’assemblée générale annuelle de la En avril dernier, une mission En juin dernier, France Messagerie a
coopérative MLP a procédé le 29 juin parlementaire avait appelé les inauguré un nouveau site internet dont
dernier au renouvellement de son pouvoirs publics à plus de l’ambition est de donner aux acteurs
conseil d’administration dont la quasi- transparence sur les aides à la presse. de la filière « un accès simple et direct
totalité des mandats (11 sur 12) Comme les dernières données dataient aux outils et informations qui leur sont
arrivaient à échéance, dont celui du de 2017, le ministère de la Culture a utiles au quotidien ». Chacun dispose
président, José Ferreira. donc publié, en juin de cette année, le ainsi d’un espace dédié qui veut être
La coopérative MLP a reçu détail des aides 2019 et la liste des un « véritable outil de dialogue au
17 candidatures. Sur 586 coopérateurs, titres en ayant bénéficié. Pour service des éditeurs, dépositaires et
350 présents ou représentés ont pris mémoire, les différentes aides
part au vote. Quatre nouveaux éditeurs regroupent les aides directes marchands de presse ». A Q.D.
ont fait leur entrée au conseil (pluralisme, portage, investissement),
d’administration : Jean-Marie les aides à la filière qui sont perçues Daniel Panetto interviewé
Archereau, directeur général délégué par des titres mais reversées à la par l’UNIIC
des Editions Dipa Burda SAS ; Clotilde messagerie distributrice et les aides à
Bednarek, directrice marketing et la modernisation sociale (bénéficiant à Dans une interview accordée
commercial d’Artclair Éditions ; Alain d’anciens salariés des titres dernièrement à l’UNIIC (Union
Guerrini, président-directeur général concernés). En 2019, 411 titres ont nationale des industries de
de Panini France et Patrick bénéficié des aides de l’État. Parmi les l’impression et de la communication),
Casasnovas, président du conseil de titres ayant reçu les plus fortes Daniel Panetto, président de Culture
surveillance des Éditions Larivière. allocations, on trouve Aujourd’hui en Presse, dresse un premier bilan de
Six membres sortants ont été réélus. France (12,7 millions d’euros), l’état du réseau des marchands de
Le seul mandat qui n’arrivait pas à Libération (5,9 millions), Le Figaro journaux. Il y félicite notamment
échéance est celui de François (5,7 millions), Le Monde (5,2 millions), l’action de Culture Presse qui a permis
Claverie, vice-président et directeur La Croix (4 millions d’euros), d’obtenir, auprès du ministre de la
général délégué de la société L’Humanité (3,3 millions d’euros), Culture, la qualification des points de
d’exploitation de l’hebdomadaire Ouest-France (2,6 millions d’euros), vente presse en commerces
Le Point. Le nouveau conseil essentiels. Il souligne également la
d’administration s’est tenu dans L’Opinion (1,8 million d’euros).A Q.D. forte résilience de ce réseau malgré
la foulée et a réélu José les deux crises de 2020, celle de la
Ferreira à la présidence des distribution et la crise sanitaire. Selon
Messageries Lyonnaises de lui, le réseau des marchands de
journaux résiste mieux que les autres
Presse.A Q.D. commerces de détail (- 4,2 % en valeur
en 2020 contre - 18 %) grâce à une
ADOBESTOCK activité presse significative, couplée à
des activités de diversification
(librairie, papeterie, jeux, tabac).
Interrogé sur le dispositif de
l’assortiment qui devrait bientôt voir le
jour et que redoutent de nombreux
petits éditeurs, Daniel Panetto indique
que cette « réforme n’est pas contraire
aux intérêts des petits éditeurs, mais
rendra plus difficiles les abus de

quelques-uns ».A Q.D.

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 35

BConseils
Quentin Dunoguier

SOCIAL

Convention collective

A La mention d’une convention collective sur une fiche de paye rend-elle obligatoire son application ?

Toute entreprise qui applique une convention collective doit obligatoirement mentionner celle-ci sur les bulletins
de salaire (art. R. 3243-1 du Code du travail). En principe, pour l’activité presse ou tabac exercé à titre principal,
il n’existe pas de convention collective applicable au niveau national. C’est donc généralement le Code du travail
qui régit les relations de travail entre les salariés et l’employeur (sauf s’il existe une convention collective appli-
cable au niveau local). Dans le cas où l’entreprise n’applique aucune convention collective, le bulletin de salaire
remis au salarié doit simplement indiquer les articles du Code du travail pour les règles relatives à la durée des
congés payés ainsi qu’à la durée des délais de préavis de fin du contrat de travail. Par méconnaissance, il peut
toutefois arriver que l’employeur mentionne l’intitulé d’une convention collective sur les bulletins de salaire.
Cette mention peut alors engager l’employeur, même s’il s’agit d’une convention qui ne s’applique pas à titre
obligatoire (Cass. soc. 10 décembre 2002). Toutefois, dans un arrêt du 12 juillet 2018, la Cour de cassation a admis
que l’employeur peut se soustraire à l’application de la convention collective mentionnée sur le bulletin de salaire
s’il peut apporter la preuve que cette indication est une erreur manifeste et qu’elle n’a jamais été appliquée aux
salariés de l’entreprise.

Art. R. 3243-1 du Code du travail ; Cass. soc. 10 décembre 2002, n° 00-44260 ; Cass. soc.12 juillet 2018, n° 17-14699

DROIT DE LA FAMILLE

Adoption

A Est-il possible d’adopter l’enfant de son conjoint afin que celui-ci bénéficie des mêmes droits de

succession que ses propres enfants ?

Les droits de succession sont taxés à 60 % pour toute personne sans lien de parenté avec un défunt. Ces droits
sont donc appliqués lorsque l’enfant du conjoint hérite d’une partie des biens de son beau-père ou de sa belle-
mère. Pour éviter le paiement de ces droits très onéreux, la solution peut être l’adoption simple de l’enfant de
son conjoint. Pour bénéficier de cette forme d’adoption plusieurs conditions sont requises : Tout d’abord, l’adop-
tant doit être marié avec la mère ou le père de l’adopté, avoir au moins 10 ans de différence avec l’adopté et bé-
néficier du consentement de la mère ou du père de l’adopté. Il n’existe aucune condition concernant l’adopté.
Cependant, s’il est âgé de plus de 13 ans, il devra donner son accord pour être adopté. Si l’enfant est majeur au
moment de l’adoption, il pourra aussi bénéficier des mêmes droits que les enfants de l’adoptant à la condition
d’avoir reçu des soins ininterrompus par celui-ci pendant au moins 5 ans durant sa minorité ou 10 ans pendant
sa majorité. L’adoption simple ne coupe pas les liens entre l’adopté et sa famille d’origine. L’adopté peut aussi
hériter de sa famille biologique. Le nom de l’adoptant s’ajoute au nom de l’adopté mais peut aussi le remplacer.

DROIT DES SOCIÉTÉS

Renforcement de la trésorerie

A Pour renforcer la trésorerie de son entreprise, est-il plus intéressant d’opter pour une avance en compte

courant ou une augmentation du capital ?

Lorsque le commerçant exerce son activité en société, que son entreprise nécessite de la trésorerie et qu’il ne
souhaite pas emprunter auprès des banques, il peut faire appel à ses associés en optant, soit pour une aug-
mentation de capital, soit pour une avance en compte courant. Une avance en compte courant est un prêt
consenti à l’entreprise par un des associés, alors qu’un apport en capital est l’octroi de nouvelles parts sociales

36 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

B Conseils

(un nouvel associé peut entrer alors au capital).

Le recours au compte courant est adapté si l’entreprise nécessite seulement un besoin momentané en trésorerie.
Ce dispositif ne nécessite aucune modification statutaire, ni aucune démarche administrative. Pour l’associé
prêteur, ce peut être aussi le moyen de percevoir des intérêts. En outre, l’associé préteur peut être remboursé à
tout moment, sauf à rédiger une convention contraire.

L’apport en capital peut lui être préféré lorsque l’entreprise souffre d’un besoin récurrent de trésorerie. En amé-
liorant la confiance des banques, la société pourra alors plus facilement ouvrir une ligne de crédit. En revanche,
l’apport en capital demandera plus de formalisme et nécessitera une modification statutaire et une nouvelle ré-
partition du capital. Pour maximiser les leviers financiers, il est possible de panacher apport en capital et avance
en compte courant.

Art. 39 et 212 du Code général des impôts ; Art. 786, 3° du Code général des impôts

FISCAL

Acte anormal de gestion

A Comment se définit l’acte anormal de gestion ?

Selon l’article 39-1 du Code général des impôts, le bénéfice net est établi sous déduction de toutes charges.
Pour être admis en déduction des bénéfices imposables, les frais et charges doivent se rattacher à la gestion
normale de l’entreprise et être exposés dans l’intérêt direct de l’exploitation. L’acte anormal de gestion est
donc celui qui met une dépense ou une perte à la charge de l’entreprise ou qui la prive d’une recette sans
être justifié par les intérêts de l’exploitation. La déduction d’une charge peut donc devenir un acte anormal
de gestion, si celle-ci est accomplie dans l’intérêt d’un tiers ou du dirigeant au détriment de l’entreprise (pres-
tations fictives, prises en charge de frais incombant à des entreprises tierces sans contrepartie, dépenses
excessives, cession d’un élément d’actif à un prix minoré…) C’est à l’administration fiscale de prouver l’acte
anormal de gestion.

Art. 39-1 du Code général des impôts ; CE 21 décembre 2018 n° 402006

DROIT COMMERCIAL

Revente à perte

A La revente à perte est-elle autorisée ?

L’article L. 442-5 du Code de commerce interdit la revente à perte (ou son annonce) c’est-à-dire à un prix inférieur

à son prix d’achat, par une personne physique ou une société, sous peine d’amendes. Le prix d’achat effectif

est le prix unitaire net figurant sur la facture d’achat, minoré du montant des remises consenties par le vendeur

et majoré des taxes sur le chiffre d’affaires, des taxes spécifiques afférentes à cette revente et du prix du trans-

port. La revente à perte est assimilée à du commerce déloyal. Il existe toutefois 7 exceptions à l’interdiction de

la revente à perte, prévues expressément par l’article L. 442-5 II du Code de commerce :
ventes dues à la cessation ou au changement d’une activité commerciale ;

fins de saisons ou entre deux saisons de vente ;

obsolescence technique ou produits démodés ;

réapprovisionnement à la baisse ;

alignement sur un prix plus bas légalement pratiqué dans la même zone d’activité par les magasins dont la

surface de vente n’excède pas 300 m2 pour les produits alimentaires et 1 000 m2 pour les produits non

alimentaires ;

produits périssables menacés d’altération rapide ;
produits soldés mentionnés à l’article L. 310-3 du Code de commerce.

À l’exception de ces cas, la revente à perte est un délit puni d’une amende de 75 000 euros maximum pour une

personne physique et de 375 000 euros maximum pour une personne morale.

Art. L. 442-5 et L. 442-5 II du Code de commerce

BAIL COMMERCIAL

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 37

B Conseils

Saisine de la commission de conciliation

A Comment saisir la Commission départementale de conciliation pour contester le montant d’un loyer

commercial ?

Lors du renouvellement du bail, la valeur locative réelle est prise en compte pour déterminer le nouveau loyer
mais la loi impose un plafonnement du loyer qui ne pourra être supérieur à la variation de l’indice des loyers
commerciaux. Toutefois, le propriétaire peut invoquer un déplafonnement en cas de modification notable de la
valeur locative ou en raison de la durée du bail. En cas de désaccord, le locataire ou le propriétaire peuvent,
préalablement à un recours contentieux, saisir la Commission départementale de conciliation en matière de
baux commerciaux.

Lettre recommandée avec avis de réception

Objet : Demande de conciliation relative à un loyer de bail commercial

Madame, Monsieur,
Aux termes d’un acte sous seing privé (ou notarié) en date du…, M… demeurant…, propriétaire du local, nous
a consenti un bail commercial, pour une durée de neuf ans à compter du… qui expire le…, pour un local situé
à…
Le loyer annuel a été fixé à la somme de… euros hors charges, révisable conformément à la réglementation
en vigueur (copie du contrat de bail ci-joint).
Conformément aux dispositions du Code de commerce, nous avons demandé le renouvellement du bail pour
une durée de neuf années par courrier recommandé avec avis de réception (copie de la demande de renou-
vellement ci-joint).
Le bailleur a consenti au principe du renouvellement en proposant de porter le prix du loyer à la somme annuelle
de… euros (copie de sa proposition ci-jointe), proposition que nous nous refusons compte tenu des éléments
suivants : …
Dans l’impossibilité de nous entendre sur ce montant, nous vous saisissons par la présente afin de bien vouloir
arbitrer ce litige, conformément à l’article L 145-35 du Code de commerce.
Dans l’attente d’une convocation de votre part, nous vous prions de recevoir, Madame, Monsieur, nos salutations
distinguées.

MARKETING

A Comment bien choisir ses fournisseurs ?

Pour beaucoup de commerçants obtenir le meilleur prix pour des produits ou des services est le critère es-
sentiel du choix des fournisseurs ou prestataires. Bien entendu, le rapport qualité/prix des produits ou des
prestations ainsi que les conditions d’achat et les facilités de paiement sont des indices importants, mais la
performance des fournisseurs ne se mesure pas seulement à l’aune du prix. Le bon choix dépend de nombreux
autres critères comme la qualité des produits ou des prestations fournies, les délais de livraison et de réas-
sortiment ainsi que leurs coûts. Autre indication essentielle : la solidité financière des fournisseurs. En effet,
il est important d’assurer la continuité de la vente de produits et services sur le long terme, vecteur de fidé-
lisation de la clientèle. Enfin, la réputation du fournisseur dans le secteur d’activité, sa réactivité et son sens
du service devront être pris en compte. Ces critères se mesureront dans le temps et sur le long terme, d’où
l’intérêt de tenir un cahier de suivi pour chaque fournisseur (historique des commandes, respect des délais
de livraison, énumération des incidents, etc.). Trouver de bons fournisseurs et tisser avec eux des relations
de confiance prend du temps, mais c’est un investissement qui en vaut la peine : le portefeuille de ses four-
nisseurs peut conférer de la valeur à son fonds de commerce et assurer la satisfaction de sa clientèle. Il est
toutefois recommandé de faire de la prospection de nouveaux fournisseurs en permanence, notamment lors
des salons professionnels, pour permettre de réduire sa dépendance, de faire jouer la concurrence en matière
de prix et de produits et de diversifier son offre.

38 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

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40 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

BNotre histoire

Le Figaro : deux siècles
de presse

Depuis sa création, le plus ancien quotidien français a toujours su innover sans se renier. Conservateur
et visionnaire ?

Lorsque Robert Hersant achète Le Figaro mais il sait également que l’écrit reste l’ADN du
en 1975, le titre, né en 1826 sous le règne de Figaro. Si le quotidien a épousé son époque, il ne
Charles X, s’apprête à fêter ses 150 ans. À la mort l’a pas toujours fait dans le sens attendu, notamment
du « papivore » en 1996, Yves de Chaisemartin, grâce à ses grandes plumes qui faisaient preuve
directeur général de la Socpresse, société éditrice d’une véritable indépendance d’esprit : en 1897,
du Figaro et de ses dérivés, est nommé président Le Figaro est dreyfusard ; plus tard Raymond Aron
du directoire par ses héritiers. La période est et François Mauriac prônent l’indépendance de
difficile avec une récession du marché publicitaire, l’Indochine et de l’Algérie, n’hésitant pas à choquer
un fort endettement et les balbutiements d’Internet leur famille politique.
dont les développements restent encore du do-
maine du fantasme pour la plupart des opérateurs. Sans papier, pas de digital
« Pour les héritiers Hersant, la priorité c’était le
désendettement, ils n’avaient pas les moyens Concernant le digital, le groupe Figaro a fait ca-
d’investir dans le numérique pour moderniser le valier seul, sans s’inscrire dans le sillage du
journal », confirme « Chaise » comme le surnom- Monde, de Libération ou des Échos, préférant
ment ses collaborateurs. Cet ancien avocat que suivre sa propre route et capitaliser sur ses
rien ne prédestinait à devenir patron de presse atouts : un très large spectre de centres d’intérêt
pressent qu’Internet va devenir un passage obligé, développés dans ses différentes publications,
qu’il s’agisse du quotidien ou des magazines du
week-end, et des suppléments thématiques lui
permettant d’aborder pratiquement tous les sujets
intéressant les CSP +. Leader pour le tourisme, le
vin, l’art de vivre, le golf, le patrimoine, l’immobilier,
la culture, Le Figaro occupe le terrain grâce à des
passerelles mix média. En effet, les dirigeants qui
ont succédé à Yves de Chaisemartin n’ont jamais
sacrifié le papier sur l’autel d’Internet, étant
parfaitement conscients que le digital ne pourrait
prospérer qu’en s’appuyant sur des supports
écrits à forte notoriété.

Opinion et opinions

DR Yves de Chaisemartin. Malgré les idées reçues, et pas seulement sur le
plan technologique, tout au long de l’histoire du
journal, les dirigeants du Figaro se sont montrés
visionnaires, même s’ils sont catalogués de droite,
adeptes d’un libéralisme classique sur le plan
économique, et conservateurs sur le plan socié-
tal. Ils ont revendiqué la liberté éditoriale, y
compris dans les périodes plus radicales du jour-
nal, comme le rappelle Yves de Chaisemartin :
« Quand je suis arrivé en 1986, Le Figaro était très

LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021 41

BNotre histoire

DR

à droite. Il était considéré comme le journal de mettre de la nuance là où il n’y en a pas », comme
Max Clos qui dirigeait la page « Opinion » (au sin- on peut le lire dans les dernières livraisons de ses
gulier), située juste après la Une, et corrigeait le magazines, Le Figaro se présente comme le gar-
courrier des lecteurs lorsque certains commen- dien de l’antitotalitarisme intellectuel.
taires lui déplaisaient. J’ai décidé de créer une
page « Débats et Opinions » (au pluriel), située au L’actualité Dassault
milieu du journal, et je l’ai confiée à Joseph Macé-
Scaron qui avait une image plus consensuelle. De En 2004, les héritiers Hersant vendent la Socpresse
nombreuses plumes de gauche s’y sont expri- au groupe Dassault. Yves de Chaisemartin cède
mées. Je ne voulais pas que ce journal nous la place au tandem Francis Morel et Nicolas
cache ce qui se passe de l’autre côté. » Beytout. L’arrivée de l’avionneur booste l’activité
numérique du Figaro, sans négliger le papier,
L’art de la nuance socle fondamental sur lequel repose l’image de la
marque : un grand journal de droite, humaniste,
Dès 1988, Yves de Chaisemartin confiait la direc- conservateur et libéral sur le plan économique,
tion des rédactions à Franz-Olivier Giesbert, issu moins sur le plan sociétal. À l’époque, il n’était pas
du Nouvel Observateur. Le bras droit de Robert question de mélanger les rédactions, celle du
Hersant n’était pas rancunier et peu lui importait print représentait l’aristocratie. Elles ne font plus
que FOG ait traité son patron d’« homme dange- qu’une aujourd’hui, réunies dans une rédaction
reux… ancien d’un mouvement antijuifs et anti- qui compte 800 personnes dont 450 journalistes
maçonnique » (N.O. 12 juillet 1976). L’arrivée du sur un total de 2000 salariés.
loup dans la bergerie fit grincer bien des dents et
provoqua quelques désabonnements sans consé- Après avoir fléchi entre 2004 et 2016, la diffusion
quence. Mais la période FOG fut bénéfique au payante du quotidien affiche une hausse régu-
quotidien dont les ventes augmentèrent de façon lière ces dernières années, passant de 312 994
significative. Le nouveau directeur des rédactions exemplaires en 2017 à 334 295 en 2020. Concer-
était en phase avec Chaise : « J’ai toujours veillé nant internet, la plus ancienne marque de presse
à ce que s’expriment des gens pensant le française est devenue la première marque média
contraire de la ligne du journal, le contraire de avec plus de 40 millions de visiteurs uniques
moi-même, il y a toujours une part de vérité chez chaque mois sur ses différents sites. Le site
les autres », affirme ce journaliste atypique qui re- lefigaro.fr dépasse à lui seul les 25 millions de
vendique volontiers une forme de marginalité. Cet visiteurs uniques, loin devant ses concurrents,
état d’esprit perdure avec d’autant plus de perti- mais ce résultat n’a été rendu possible que grâce
nence que l’époque actuelle est peu portée sur
les débats d’idées. En affirmant « la liberté, c’est à la puissance des supports papier de la marque.A

Céline Vuillet

42 LA TRIBUNE DU RÉSEAU PRESSE – juillet-août 2021

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