HDO_19

HORSD’OEUVRE le journal de l’art contemporain, nov. 2006 - mars 2007
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19n° art
&
graphisme

Couverture : OARISTYS
© Deux pièces cuisine,
Interface, Dijon, 2006 F antasme issu de l'œu F F rayant avec le cer F
© EDITION DASEIN
hors série n°2, 2005 E lle prend et nous aim E E t va battant de l'ail E
Sans titre
Plinio-Natale Cemento-Müller M ouvante comme un dai M M i r a g e d u q u i d a M

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Michel Rose

à Claude Gagnière

© Deux pièces cuisine : Les Requins Marteaux, Supermarché ferraille
Interface, Dijon, 18.11.06 - 13.01.07

« C’est gentil chez vous » le quotidien visuel interroge cependant la notion de la
signature formelle qui régit, aujourd’hui peut-être plus que
« Le pop art c’est aimer les choses » disait Armelder, combinant un élément de mobilier avec une jadis, la scène artistique contemporaine. Le sceau d’un
Warhol ; et c’est aussi les consommer pourrait-on peinture abstraite est la parfaite illustration des déclarations auteur estampille chaque forme comme un brevet, fruit des
ajouter. Avant que Warhol ne dépoussière le de Warhol 2, qui ne s’étonnait plus du nombre de recherches d’un inventeur. Ce dogme, aussi absolutiste que
monde de l’art de ses mystifications, la nature collectionneurs rêvant d’avoir une Electric Chair qui critiquable dans un contexte mondialisant et dynamique où
marchande de l’œuvre restait honteusement s’accorderait avec les couleurs de leur salon…Dans l’espace les attitudes dit-on seraient devenues formes, confine in fine
cachée et sa signature relevait de l’évidence. public et du point de vue de l’entreprise, le même la création dans une surprenante et frénétique quête de
À la différence de l’œuvre d’art traditionnelle, le mouvement de recouvrement est à l’œuvre : ainsi que le l’apparente nouveauté. L’artiste empruntant à un de ses
graphisme n’a jamais été complexé par pointent Pflumm et Baudevin, le modernisme qui se croyait confrères une expression pour la dépasser ou la questionner
l’association du goût esthétique et du le plus autonome a habillé de ses formes le capitalisme est immédiatement repéré et taxé de plagiat, d’imposture ou
consumérisme. Dans sa jeune histoire, il s’est contemporain et recouvert les esplanades des sièges des pire de « déjà vu ». Ainsi, les visiteurs de la FIAC 2005 se
toujours défini par son intégration au système de grandes sociétés 3. Les graphistes ont accompagné cette souviendront certainement du petit tollé provoqué par
production et aux mass-médias. L’idéal logique, la communication trouvant dans l’esthétique abstraite Olivier Babin présentant une tranche de pastèque
constructiviste qui inspirait cependant aux avant- et géométrique la belle forme ; sa forme la plus efficace. étrangement ressemblante à une cible d’Ugo Rondinone
gardes d’accompagner l’émergence de la société Mais à la différence de l’art, le graphisme est cheap et présentée à quelques mètres de là. Il est évident que le
industrielle s’est rapidement galvaudé au profit abondant. S’il s’agit pour lui d’un potentiel démocratique, le scandale qui convoqua alors toutes les justifications
d’un système qui pousse à l’extrême la logique de la risque est que dans l’espace privé, l’objet culturel oscille esthétiques nécessaires à grand renfort de bouche-à-oreille
consommation de l’esthétique. Une forme de « démocratie dangereusement entre l’exubérance et la disparition, entre malveillant, ne résidait pas tant dans le fait que le jeune
de standing » 1 s’est imposée, pour reprendre une la tentation décorative d’un make up généralisé et le risque français eut usurpé un quelconque concept à la méga star
expression de Jean Baudrillard, avec le façonnage visuel de l’affaissement de l’œuvre dans le quotidien des objets suisse mais bien qu’il mettait alors en exergue avec un
des domaines publics et privés. Un monde où les affiches, produits en série. Ce qui rapproche alors l’art du cynisme pour le moins efficace les failles de tout un système
les packagings, les clips, jingles et identités visuelles graphisme, c’est ce que l’on pourrait nommer « l’effet marchand.
assurent l’ergonomie de notre quotidien. Notre tapisserie » – le mélange explosif d’un ensemble de Pour le graphisme, il n’en est rien. Loin des problématiques
environnement y gagne indéniablement en confort visuel, paradoxes propres à la création, qui permet en même temps inhérentes au marché de l’art, il procède au contraire de la
mais c’est au prix du devenir décoratif des formes et du de débrouiller le mode sur lequel se joue une partie de l’art forme quotidienne et vernaculaire, à laquelle on ne prête
marquage de l’espace en une société du branding. actuel. Autour de la tapisserie, du wall-paper et du papier que rarement attention. La notion d’auteur, si elle existe, n’a
Faire partie du décorum. Est-ce le destin social de l’art ? peint se dessine une notion contrastée : conservatrice, pas été développée dans l’optique de prévenir une
Sans doute. Après tout, du point de vue du spectateur- branchée, vieux-jeu, exubérante et périphérique, flirtant appropriation des formes par autrui mais pour revendiquer
consommateur, l’art est un processus d’appropriation et de avec l’hédonisme fait maison, l’environnement et la une approche intellectuelle de la communication visuelle. Le
reconnaissance qui sert aussi à décorer les murs du salon. gesamtkunstwerk. Le graphisme est ainsi ; il dessine à la graphiste auteur est celui qui tente d’apporter un regard
Le pragmatisme affiché dans les Furniture sculptures de John manière d’un wall-paper notre chez soi en s’y installant critique et analytique à sa sphère d’intervention pour la
comme une muzak 4 visuelle, pour redéfinir nos comportements. dépasser. La forme ne s’offre pas en soi, elle s’attache au
© Deux pièces cuisine : Interface, Dijon, 18.11.06 - 13.01.07 Cette manière qu’a la création graphique de se fondre dans contraire à servir le propos signifié et le cachet de son
auteur se révèle alors une bouée nécessaire voire salutaire
dans un océan de communication aride. Ce qui est usuel et
vernaculaire n’implique pas forcément d’être médiocre mais
peut aussi faire sens et coloniser un environnement quotidien
comme une œuvre transfigure un espace. L’exposition Deux
pièces cuisine se veut ainsi un manifeste pour une signature
de la forme graphique, l’intelligence de la communication
publique au cœur de la sphère privée.

Arnaud Fourrier & Etienne Bernard

1. Dans La société de consommation, l’expression désigne le confort apporté
par la société d’abondance, dont le confort visuel fait partie prenante.
2. Warhol, faut-il le rappeler, fut dessinateur publicitaire avant de devenir
artiste, et suivit une formation de graphiste.
3. Cf. « Couleurs primaires, marché secondaire », Vincent Pécoil, in 02
n°38, été 2006
4. La firme Muzak® produisait dès l’après guerre des bandes sons destinées
aux lieux de travail et de consommation. Parente commerciale de la «
musique d’ameublement » d’Erik Satie, son nom désigne par extension toutes
les musiques de fond qui s’en approchent.

« Art & Graphisme » Un couple exemplaire…

Si l’on évoque la calligraphie chinoise et japonaise, les papyrus égyptiens et C’est la référence à une économie américaine puissante ainsi que la fusion de la
éthiopiens, les miniatures persanes et les manuscrits médiévaux français tel les Très société de consommation et d’une réalité vécue et assumée par les artistes.
Riches Heures du Duc de Berry, écrire et peindre ont longtemps été des activités Avec le Pop Art, l’art et la vie se rejoignent ou pour le formuler autrement, le monde
et des gestes confondus. esthétique autrefois exclusif et élitiste ne fait plus qu’un avec le quotidien et le banal.
Au début du XX ème siècle, les artistes d’avant-garde regroupés à Paris introduisent À la même époque en France, sous l’impulsion du critique Pierre Restany, se crée
dans leur travail des éléments graphiques et ce, uniquement pour leurs qualités en 1960 le mouvement du nouveau réalisme. Dans un manifeste, les artistes
esthétiques et sociologiques. déclarent : « Notre nature contemporaine, industrielle, mécanique, publicitaire est
Dans les collections du Musée National d’Art Moderne – Centre Georges Pompidou à un réservoir d’images ».
Paris on peut voir une peinture de Raoul Dufy datée 1906 que l’artiste titra : Les Raymond Hains et Jacques Mahé de La Villeglé, déjà depuis 1949, réalisent des
affiches à Trouville. Le choix de ce titre nous renseigne sur la nature graphique du œuvres en décollant des affiches dans la rue. Les arts graphiques et les jeux du
sujet : de grands panneaux publicitaires livrés à la curiosité des passants. langage suscitent pour eux un réel intérêt.
Le graphisme – système rationnel de signes qui permet aux hommes de Poussés par la volonté de fusionner l’art et la vie, George Maciunas et George Brecht
communiquer – est volontairement inséré dans une peinture moderne en raison de créent Fluxus en 1961 à New York. Le mouvement a des ramifications en Europe et se
ses qualités plastiques, chromatiques et de sa transposition du réel. caractérise par des performances et des œuvres picturales. Benjamin Vautier, qui
En 1912, une rupture se produit avec Georges Braque et Pablo Picasso qui participe aux actions du groupe, utilise dès ses débuts comme un slogan le diminutif
travaillent de concert et introduisent des fragments de réalité dans leurs œuvres. Ben qu’il peint en blanc sur fond noir d’une manière scolaire. Aujourd’hui, les maximes
Pour la première fois dans l’histoire de l’art, un matériau industriel prend la place signées Ben ont largement imprégné les produits de consommation courante.
du trompe-l’œil habituel. Picasso est le plus catégorique des deux car il colle Toujours à New York, l’artiste Joseph Kosuth présente en 1965 une installation
directement sur la toile étiquettes de verres et de bouteilles, planches d’horticulture, composée d’une chaise, de sa photographie et de la définition agrandie du mot chaise
feuilles de journaux qu’il découpe et sur lesquelles il dessine. dans le dictionnaire. La pièce intitulée One and three chairs questionne le spectateur
Une brèche est ouverte dans laquelle vont s’engouffrer de très nombreux artistes, sur le décalage entre la définition d’un objet et sa représentation concrète.
toutes écoles internationales confondues. Avec l’Art conceptuel, c’est l’idée qui prime par rapport à la forme matérielle. La
Dans la première moitié du XX ème siècle, les mouvements cubiste, futuriste, dada, plupart de ses artistes considèrent que l’art obéit à un modèle linguistique et ils s’y
merz, surréaliste exploitent et systématisent le recours aux arts graphiques, référent explicitement.
littérature, ouvrages scientifiques, presse, en copiant ou en collant des fragments C’est le cas à partir des années soixante de Douglas Huebler qui accompagne ses
écrits à leurs œuvres d’art. œuvres de documents écrits, également des Date Paintings d’On Kawara, des mots
Après la Seconde Guerre mondiale, l’abstraction va immédiatement triompher et peints sur monochromes de Robert Barry, des agrandissements de diagrammes
éloigner un temps le graphisme du tableau. Il faudra attendre la fin des années mathématiques par l’artiste français Bernar Venet qui est installé à New York, des
cinquante et la naissance du mouvement Pop aux Etats-Unis pour retrouver dans les Statements de Lawrence Weiner et des phrases qu’expose le groupe anglais Art &
beaux-arts des emprunts au quotidien et à la culture de masse. Robert Rauschenberg, Language.
Andy Warhol, Roy Lichtenstein, d’autres encore, dans leurs travaux, agrandissent des Pierre Alechinsky, qui appartint au groupe Cobra et qui étudia la calligraphie au
bandes dessinées (Comics), empruntent à la peinture d’enseigne, aux catalogues Japon, développe une œuvre autour du graphisme. Il réalise des aquarelles sur des
d’objets, aux pochettes de disques, à la publicité et aux logos des entreprises. lettres anciennes qu’il définit comme des peintures-mots, des gouaches-proses.

2

Joy Division : Unknown Pleasures, 1979
Design : Joy Divison & Peter Saville - Courtesy Peter Saville

Factory Records It won’t happen twice

4 juin 1976. Tony Wilson, présentateur de la chaîne La collaboration de Factory Records avec des graphistes ne Parmi les collaborations importantes, celle entamée en
indépendante britannique Granada TV, et l’acteur Alan se résume cependant pas au seul Peter Saville, qui 1985 avec Central Station Design peut surprendre. Si la
Erasmus se croisent lors d’un des premiers concerts des Sex développe parallèlement d’autres activités dans les plupart des graphistes qui ont travaillé avec Factory
Pistols au Lesser Free Trade Hall de Manchester. De cette années 80 (avec Din Disc, une division de Virgin, s’inscrivent dans la lignée de Peter Saville, les membres de
rencontre va naître l’une des plus créatrices aventures Pentagram, Yohji Yamamoto) et ne travaille d’ailleurs Central Station Design (Matt & Patt Caroll, cousins du leader
artistiques de la fin du 20 ème siècle. Rejoints quelques mois quasiment plus que pour New Order. des Happy Mondays, et Karen Jackson) divergent
plus tard par le producteur Martin Hannett et le graphiste Le studio Ben Kelly Design 7, s’il a réalisé quelques pochettes radicalement. Leur travail a priori naïf et enfantin impose un
Peter Saville, et poussés par l’énergie DIY alors insufflée par d’albums, est surtout connu pour le design intérieur de nouveau langage visuel, caractéristique du son Madchester.
le punk, ils créent en janvier 1978 Factory Records qui sera l’Haçienda, du New Factory HQ (nouveau siège de Factory Entre rock indépendant et musique électronique, ce courant
durant 14 ans l’un des labels les plus innovants de la scène Records à partir de 1988, dans un ancien entrepôt textile) de la fin 1980’s, découvert à Manchester avant d’envahir
indépendante européenne. En soutenant des groupes et du Dry (un bar situé sur Oldham Street, ouvert en 1989). toute l’Angleterre, est intimement lié à l’explosion de la
comme Joy Division (devenu New Order après le suicide de Mais c’est l’Haçienda qui reste le plus emblématique de consommation d’ecstasy. Le but de la démarche de Central
son chanteur Ian Curtis), The Durutti Column ou Happy l’esprit Factory. Dans cet ancien entrepôt pour bateaux, on Station Design est de « rendre reconnaissable une pochette
Mondays, Tony Wilson et ses acolytes vont faire de invite Ben Kelly à créer un lieu qui puisse réunir à la fois un des Happy Mondays à 50 yards ». Pour ce faire, ils
Manchester un lieu majeur de la scène musicale mondiale. club, un bar et une salle de concert. Fidèle à l’image travaillent la couleur et le lettrage réalisé à la main, dans un
Factory Records voue, dès ses premières sorties, une industrielle des premières références du label, Kelly combine style qui rappelle les grandes heures du mouvement
importance toute particulière au design des disques. Alors couleurs et matériaux évoquant le modernisme architectural psychédélique des années 60.
que pour beaucoup de labels, le graphisme ne signifie des 1920. L’Haçienda – dont le nom est emprunté aux
guère plus que le packaging « classique », le label annales de l’Internationale Situationniste – démarre Factory Records aura été un fabuleux point de jonction entre
mancunien mettra un point d’honneur à faire de chaque lentement pour compter à la fin des 1980 parmi les endroits graphisme et musique, espace de liberté de création totale
pochette une œuvre, le contenant devenant aussi important les plus hypes de la planète, véritable temple voué aux pour ses protagonistes. L’aventure aura malheureusement
que la musique 1. Jusqu’en 1992, la structure va travailler raves, rendez-vous des plus importants DJ de l’époque. une durée de vie limitée. Entre autres frasques, une gestion
avec les plus grands graphistes anglo-saxons. Les pochettes de The Durutti Column sont pour leur part aussi atypique que les groupes en faisant partie, un voyage
principalement confiées au studio 8vo (Mark Holt, Simon dantesque des Happy Mondays aux Bahamas pour
La collaboration la plus emblématique fut entamée en 1978 Johnston & Hamish Muir). Ses premiers travaux sont très enregistrer leur dernier album, conduiront à la vente du
avec Peter Saville, alors encore étudiant. Si, à ses débuts, sa référencés (Apollinaire, Joyce, le design typographique label à Polygram en 1992.
référence principale est le traité Die neue Typographie 2 de suisse…), mais la vulgarisation de l’informatique oriente plus
Jan Tschichold, il développe dès ses premiers travaux un formellement ses recherches jusqu’aux limites de la Reste de ce moment l’une des dernières utopies
nouveau langage visuel qui marquera profondément toute communication typographique. À travers ses créations, 8vo contemporaines qui aura marqué les esprits grâce à son
une génération et continue d’influencer de nombreux aura fait évoluer la perception de la relation texte/image fonctionnement unique, sans compromis.
graphistes contemporains. Durant sa collaboration avec chez nombre de graphistes anglais, jusque-là plus intéressés
Factory Records, il va réaliser parmi les pochettes les plus par l’illustration. Antoine Marchand
connues de l’histoire de la musique indépendante. Alternant
entre une pratique très proche de l’Appropriation Art 3 et la 1. Le seul autre label à avoir adopté une démarche similaire dans les années
création de nouveaux codes visuels, ses travaux de l’époque 80 est le label 4AD, qui a collaboré avec Vaughan Oliver, pour les pochettes
font preuve d’une créativité sans cesse renouvelée. La notamment des Cocteau Twins, de Dead Can Dance et des Pixies.
pochette de Unknown Pleasures (1979, FACT 10 4), premier 2. Publié à Berlin en 1928, cet ouvrage jette les bases de toute la
album de Joy Division, est à ce titre emblématique du post- typographie moderne.
punk 5, austère et minimaliste, exempte de toute indication 3. Courant artistique né à la fin des années 70 aux Etats-Unis, qui repose sur
de titre ou même d’artiste. l’emprunt d’éléments pour créer une nouvelle oeuvre. Les éléments empruntés
Pour Power, Corruption & Lies (New Order, 1983, FACT peuvent être des images ou des formes de l’histoire de l’art, mais peuvent
75), le graphiste associe la reproduction d’un Henri Fantin- également provenir d’autres contextes, comme la publicité. Les principaux
Latour à une barre de contrôle des couleurs utilisée pour les représentants de ce mouvement sont Sherrie Levine, Richard Prince ou Louise
reproductions d’images. Code chromatique que Peter Saville Lawler.
réutilisera à plusieurs reprises par la suite, pour la pochette 4. Chaque référence du label se voit attribuer un numéro lors de sa sortie :
de Confusion (New Order, 1983, FAC 93), l’album From si la chose est courante pour les disques, elle l’est un peu moins concernant
the Hip (Section 25, 1984, FACT 90) ou encore le single les posters (FAC 131), le papier à lettres (FAC 7, FAC 141 & FAC 311) ou
Blue Monday (New Order, 1983, FAC 73). Sur ce dernier, encore l’Haçienda (FAC 51).
toutes les informations sont données via une charte 5. Le post-punk est un courant musical apparu à la fin des années 70, en écho
graphique qui substitue chaque lettre à une couleur 6. Le à la déferlante punk. Le post-punk assume l’héritage punk mais avec un son
single Thieves like us (New Order, 1984, FAC 103) s’inspire généralement plus complexe. Joy Division, Gang of Four ou encore Wire en
quant à lui d’une toile surréaliste de Giorgio de Chirico, Le sont les figures principales.
Mauvais Génie d’un Roi. 6. Cette pochette coûtait tellement cher à produire que chaque exemplaire
vendu l’était à perte.
7. C’est sur les conseils de Peter Saville que Tony Wilson fit appel à Ben Kelly
pour réaliser l’aménagement intérieur de l’Haçienda.

Nombreux furent les artistes qui développèrent une œuvre à l’écart des mouvements © Marcel Broodthaers : La salle blanche, 1975
artistiques et intégrèrent le graphisme dans leur démarche voire même le placèrent au
cœur du dispositif. des publications, moyen pour lui,
L’œuvre de Marcel Broodthaers est symptomatique de la connivence entre l’art et le artiste militant, de critiquer les
graphisme. Dans son installation de 1975 La Salle blanche (voir reproduction), des standards de l’édition et du
mots - qui sont autant de références au monde de l’art, à son fonctionnement et aux graphisme ; Claude Closky qui dans
techniques picturales - constellent les murs d’une pièce d’un appartement fictif. ses fascicules fait son miel des petits
En lieu et place de tableaux, ce sont des mots que Broodthaers choisit de peindre à riens du quotidien ; Frank Scurti qui
même le mur ; critique sous-jacente du milieu de l’art et de l’institution muséale mais emprunte des enseignes et des
aussi remise en question de la réalité de l’œuvre d’art et du statut de l’artiste. logos connus de tous pour une
À la même époque, Rémy Zaugg pratique un relevé dactylographié exhaustif de ce qui mutation plastique ; Edouard Levé
est visible sur une peinture. Il « copie » le tableau en usant de mots pour rendre qui réalise son Autoportrait par le
compte de ce que l’œuvre tait. Transposer de la substance picturale en une substance biais de l’écriture et pour conclure
linguistique procède d’une démarche réflexive rare et unique en son genre qui démontre avec l’actualité, François Paire qui
qu’en dépit du vide de l’écriture, l’œuvre se réalise et que celle-ci s’offre à notre s’approprie les étiquettes de fruits,
perception. travail présenté au Mac/Val de
Depuis 1965, Roman Opalka égrène inlassablement le chapelet du temps qui passe en Vitry-sur-Seine.
peignant depuis le nombre 1 jusqu’à l’~ ; c’est à dire à la disparition de l’artiste. Nous l’avons vu, le graphisme a
Par un biais graphique, la démarche d’Opalka est profondément ancrée dans depuis fort longtemps accompagné
l’interrogation sur l’existence et son déroulement jusqu’à son point final. l’image et en a souvent explicité le
Le mouvement Graffiti, qui émerge à la fin des années soixante-dix dans les rues et le contenu. Depuis quelques décennies,
métro de New York, est un symbole de l’union de l’art et du graphisme. le graphisme a fréquemment
Avec Keith Haring et surtout Jean-Michel Basquiat qui sût associer, dans une œuvre remplacé l’image que de nombreux
puissante, les deux médiums, nous ne savons plus qui de l’art ou du graphisme artistes contemporains jugent
l’emporte. obsolète et inutile.
L’artiste Jenny Holzer intervient dans l’espace public et à l’aide de projections lumineuses Avec les mouvements néo pop, néo
ou de panneaux électroniques adresse des messages politiques et des phrases censées conceptuel et l’émergence de
interpeller le spectateur. cultures en provenance des
Barbara Kruger se sert aussi des techniques de la publicité mais en changeant la continents africains et asiatiques, la
destination de ses slogans, elle réalise des photomontages dans une optique le plus complicité entre l’art et le graphisme
souvent féministe. a de beaux jours devant elle.
Ces dernières années, citons Thomas Hirschorn qui produit des documents plastiques Comme l’actualité de l’art contemporain le laisse présager chaque jour, elle pourra
de communication en détournant de façon artisanale (il découpe, colle et photocopie) même à l’avenir se diversifier et s’amplifier.

Vincent Chabaud

3



François Chalet, VJ. de la musique d’une part, et de l’image d’autre part. Dans ses travaux de
commande, François Chalet accorde d’ailleurs une place de choix aux contes, à des
Connu pour ses clips publicitaires pour des chaînes de télévision (MTV Alarm, MTV récits où l’imaginaire est associé à une forme. Lorsqu’il réécrit le conte de Barbe
Music Awards, ou Escolette), le graphiste François Chalet est aussi VJ. Video Bleue 3 son récit visuel et animé s’articule ainsi autour d’une forme triangulaire et
Jockey. Issu du monde des clubbers, parent du graphisme, le VJing se caractérise bleue – la barbe. Pour T’es où mère grand, le petit chaperon rouge s’identifiera à
par le mix d’images en temps réel sur le rythme des musiques électroniques. des formes rondes et rouges, et le loup à des formes triangulaires et noires…
François Chalet est, avec d’autres, l’un des pionniers de cette pratique aux D’autres formes lors des concerts seront directement inspirées du quotidien et de sa
frontières encore incertaines, qu’il a contribué à faire sortir des clubs et à installer capacité à nous faire rêver : une maison évoquera un personnage, un nuage un dragon.
dans le paysage artistique. Parmi les arts visuels, et parce qu’il refuse le On distinguera peut-être dans son usage d’un vocabulaire géométrique et épuré sa
cloisonnement, le VJing occupe une place à part : il ne relève ni du cinéma, ni de filiation avec le graphisme et le modernisme suisse. Les formes qu’il utilise sont
la vidéo, ni du graphisme, alors que les logiciels comme les créateurs qui cependant continuellement détournées pour raconter une histoire et entraîner le
l’investissent sont d’abord formés au design graphique (c’est le cas de François public dans un moment de plaisir au détour de saynètes humoristiques, avec ses
Chalet). On l’enveloppe parfois dans la pratique du motion graphic design 1, qui le personnages ronds qui s’étirent, rebondissent et se gonflent à l’écran… On est loin
recouvre de manière imparfaite. Français Chalet analyse lui-même sa pratique de l’ascétisme du graphisme suisse et du style international, largement remis en
comme relevant d’une forme de « musique visuelle » 2. Le VJing interroge question par la génération actuelle des artistes suisses où la synthèse de
également quant à sa finalité en risquant l’image dans un temps de pure l’abstraction et de l’humour pourrait faire figure de critique du discours moderniste 4.
consommation spectaculaire, alors que le graphisme s’est toujours défini au travers À sa manière le VJing bouscule lui aussi les principes du modernisme et du
du fonctionnalisme. Il permet enfin d’approcher l’éternelle question de la graphisme, tant il remet en cause l’idéologie fonctionnaliste de la communication
correspondance entre les arts d’une manière inattendue, non plus dans les termes visuelle. Dans son essence, le VJing est une pratique du détournement. François
de l’équivalence ou de la synthèse, de la fusion ou de l’opposition, mais – signe des Chalet s’inspire du quotidien pour élaborer ses récits et entraîne l’abstraction
temps, sous le signe d’une compétition créative entre le DJ et le VJ. géométrique vers des formes humoristiques animées. Pour ses concerts, il
Au regard des glissements opérés par la pratique du VJing, les « concerts » de
François Chalet proposent une approche singulière. Si, pendant le concert, la Festival Pictoplasma, Berlin, 2004 © François Chalet, VJ
musique et l’image se trouvent parfois en accord, voire proches de la fusion, le
dispositif de projection s’avère pour lui déterminant. Lors de l’Exposition Nationale
Suisse en 2002, il projetait ainsi les images sur un rideau d’eau de 20 mètres de
haut ; d’autres performances consistaient à moduler les dispositifs de projection
(depuis le plafond sur le sol afin que le public danse dans l’image par exemple ; ou
sur des dispositifs non plats). Il s’agit à chaque fois de pallier à la déficience de
l’image, moins totale que la musique dans sa capacité à inonder l’espace, et de
trouver par les moyens de la scénographie un équilibre propice à la joute entre le
DJ et le VJ. Le VJ trouve alors dans la projection la possibilité de libérer l’image de
son « cadre » en la rendant plus immatérielle et plus malléable.
Dans les scénarios visuels qu’il improvise avec le DJ, chaque concert est par ailleurs
l’occasion pour François Chalet d’initier un récit visuel et d’accompagner le clubber
par une pulsation visuelle. À la différence d’autres VJ qui privilégient la fusion avec
la musique, le travail de Chalet accorde une importance primordiale à la narration.
De petits personnages aux formes géométriques et aux couleurs acidulées
investissent l’espace de projection, et rebondissent au rythme de la musique pour
nous entraîner dans une autre histoire. S’il y a concordance des rythmes visuels et
sonores, la compétition semble ainsi se jouer aussi au niveau du potentiel onirique

© Trafik : Superstars, installation vidéo, Trafik d’influences
La Criée - Centre d’art, Rennes, 2006

Trafik est un atelier de grandes différences de régimes : même si les artistes ont peuvent être diffusés via Internet. Trafik les a compilés dans
développement graphique fait de la critique de l’autorité un poncif de la création une animation vidéo où ils apparaissent et disparaissent
et multimédia dont les cinq contemporaine et si les graphistes accèdent à une sans cesse, telle une pluie d’étoiles en mouvement continu,
membres conjuguent de reconnaissance toujours plus grande, la figure de l’artiste selon un procédé déjà expérimenté avec des animations et
multiples compétences, pour reste néanmoins plus affirmée et plus identifiable que celle des projections lumineuses conçues pour Luis Vuitton,
faire déborder leur pratique du graphiste, fréquemment anonyme derrière son Marithé + François Girbaud, ou encore pour une exposition
au delà des frontières commanditaire. à la galerie Roger Tator, à Lyon, en 2003 (Superluxe).
établies entre l’art et le Présentée à la surface d’un cube de projection, cette œuvre
graphisme. Travaillant avec Intégrant ces affinités et ces divergences, les membres de à la fois solennelle et ludique s’approprie avec humour les
toutes sortes de médiums et Trafik ont dépassé la question « art vs graphisme », au ressorts de la starification 2, en nous montrant pourtant des
sans préjugé quant au point de ne plus trop savoir comment on doit les considérer. portraits dont l’identité et l’identification sont perturbées :
potentiel créatif que peuvent Non pas qu’ils veuillent écarter le débat, mais plutôt parce difficilement reconnaissables, ils sont de plus en proie à la
leur offrir leurs comman- que cette ambivalence est au fondement de leur pratique. disparition. De fait, c’est aussi de la temporalité des images
ditaires, on leur doit Que ce soit pour une intervention dans un centre d’art ou en et de leur perception sensible qu’il est question avec
notamment des créations réponse à la commande d’une entreprise, Trafik explore les Superstars.
pour Agnès b., Habitat, mêmes préoccupations : le traitement et la construction des
Louis Vuitton, Oxbow, pour le magazine Wad, pour La Fête images, le développement d’une esthétique low tech, la Dernier indice de la confusion salutaire des genres chez
des Lumières et Lire en Fête à Lyon, et ils ont réalisé deux création collective et l’interactivité. Trafik, leur attention constante à la participation de l’autre
expositions monographiques en 2006 : Multiimages XI au Dans cette perspective, Trafik utilisait récemment pour les n’est pas réservée aux ateliers ponctuels ni aux installations
centre d’art de la Ferme du Buisson, à Marne-la-Vallée, et expositions à la Ferme du Buisson et à La Criée (Dot TV), vidéo interactives (La Chose). Cette démarche est à la
Superstars à La Criée centre d’art contemporain, à Rennes 1. mais aussi pour l’habillage visuel des défilés de mode de source de leurs projets de création en ligne sur Internet 3 et
Marithé + François Girbaud, une application transformant elle irrigue leur production jusque dans le champ du design :
Dans les créations qu’ils réalisent pour des circonstances des images en cercle colorés abstraits et décoratifs. Dans les Pam, conçu pour Habitat, est ainsi un kit d’autocollants
aussi diverses, les membres de Trafik recourent à la fois au espaces d’exposition, Dot TV convertit des programmes vinyles avec lequel Trafik invite chacun à être l’auteur de son
travail de l’image, à la typographie, au multimédia et à la télévisés en flux visuel crytpté, comme s’ils étaient parasités propre décor mural pour customiser sa décoration
scénographie. En associant leurs capacités en matière de par la proximité du Momok, cet acarien agrandi 10 000 fois intérieure.
création artistique et de programmation informatique, ils et pixélisé à la surface d’une vaste moquette. En résultent
développent un langage qui leur est propre et dans lequel le des images incompréhensibles, mais captivantes comme sait Trafik promet donc d’œuvrer dans une diversité d’horizons,
graphisme n’est pas une fin en soi, simplement un outil pour l’être en toutes circonstances la télévision. Pour Marithé + en utilisant les compétences et les technologies qui
exprimer des idées à travers les formes appropriées : François Girbaud, la retransmission pixelisée à l’extrême s’imposent pour travailler en dehors des schémas
l’imprimé et l’écran, mais aussi le volume, la lumière, était filmée en live dans le backstage du défilé : contexte catégorisant, des tentatives d’enfermement et des attitudes
l’évènement. Ils sont en cela l’auteur collectif d’une pratique différent, mais même design graphique, même réflexion sur corporatistes, prenant à bras le corps la création comme le
plurielle, où les compétences de l’un suscitent les les modes d’apparition des images et sur les conditions de champ de tous les possibles, mais avec une cohérence de
propositions d’un autre. Une pratique dans laquelle leur leur réception. propos qu’il convient de souligner.
rapport à la commande, leur traitement des signes et des
formes, leurs référents esthétiques, empruntent aussi bien Superstars, récente création exposée à Rennes, résulte là Jérôme Dupeyrat
aux usages de l’art qu’à ceux du graphisme et du design tels aussi d’un travail sur le pixel et d’une esthétique propre au
qu’on les conçoit encore le plus souvent. graphisme, mais avec un processus de réalisation et une 1. Tous les travaux de Trafik sont visibles
mise en espace qui en font une œuvre plastique indéniable. sur le site www.lavitrinedetrafik.com.
Il faut dire que les frontières entre art et graphisme, propres Superstars fait suite à un atelier de création collective qui a Voir aussi www.lafermedubuisson.com et
à une génération et peut-être plus ancrées en France été mené par Trafik en mai 2006 dans un centre social www.criee.org
qu’ailleurs, tendent aujourd’hui à imploser sous leur propre rennais, Carrefour 18. Les habitants étaient conviés à 2. Chaque participant de
poids. Pour bon nombre de créateurs, ces deux domaines devenir les acteurs d’un projet artistique en réalisant leur Superstars à reçu un mail lui
d’activité deviennent une aire de dialogue sur la grande autoportrait grâce à un module de prise de vue qui indiquant les horaires auxquels il
arène des arts visuels. C’est encore sur la question de transforme chaque visage en une composition étoilée. aurait le plaisir de voir son portrait
l’identité que graphistes et plasticiens connaissent les plus Archivés dans une bibliothèque numérique, ces portraits apparaître chaque jour dans le
centre d’art.
3. Voir notamment www.colleckto.org

© Trafik : habillage visuel, défilé homme, 6
Marithé + François Girbaud, Milan, 2006

Festival Pictoplasma, Berlin, 2004 © François Chalet, VJ

emprunte une table de mixage de télévision datant des d’huile de vidange, d’une des faces de plusieurs bidons (sans titre, 1993). Le tee-shirt
années 90 (une Panasonic MX 50) en lui définissant un publicitaire, modèle rose pour femme, noir pour homme, se manifeste mais pour arborer
tout autre usage. Du monde du travail, du commerce et respectivement Erika et Prestige comme « marques » (Erika, Prestige, 2003)… Support de
de la communication, la pratique du VJing détourne les publicité pour marques de voiture/camion, le traditionnel calendrier destiné aux routiers dans
images au profit du divertissement, de leur évanescence lequel sont associés pin-up et véhicules est également détourné par BP (Calendrier, 1991) qui
dans le spectacle et le plaisir visuel. substitue aux mentions de marques figurant habituellement en bas de page « BP » et « Galerie
Jade » puis remplace les véhicules flambant neuf par un amoncellement de ferrailles suggérant
Arnaud Fourrier l’univers de la casse. L’une des œuvres les plus emblématiques de l’appropriation par BP des
procédés de communication commerciale est réalisée en 1988 : « le groupe élève […] sur un
www.francoischalet.ch // www.primalinea.com socle de 3 mètres 90, un fût BP, aux couleurs de la British Petroleum. Le long du socle, un
1. Le « motion graphic design » désigne les formes actuelles du ruissellement d’huile de vidange s’écoule, alimenté par une pompe. » 2 « Cette pièce possède
graphisme animé : clips publicitaires ou musicaux, jingles TV et films à la fois les caractéristiques de l’objet promotionnel BP et celles d’une sculpture BP . Seule
d’animation. Le VJing s’en distingue par le caractère immédiat et l’huile de vidange qui coule imperceptiblement le long des parois nous incite à ranger cette
improvisé du concert visuel. pièce au rayon des œuvres d’art. » 3 Barils d’essence, bidons d’huile et lampes à pétrole
2. Lors d’une conférence à Chaumont aux rencontres « pixels », constituent les trois types d’objets issus de la société de consommation transposés par BP dans
festival international de l’affiche 2005. leurs sculptures et/ou installations. Leur mode de présentation entretient l’ambiguïté production
3. Projet réalisé à l’occasion de l’exposition Exit, 2005, Créteil. Le film de masse/rareté : les barils sont associés à la notion de « totem » mais ruissellent d’huile de
d’animation était projeté sur une sphère. Projet serial Killer. vidange ; les bidons sont tantôt présentés sur des étagères type rayonnages de grande surface
4. Lors de l’exposition « Signes du quotidien, le quotidien c’est bien »
présentée en 2005 au Centre Culturel Suisse de Paris, on croisait entre mais selon un agencement qui les valorise puisqu’ils sont
autres les travaux du collectif de graphistes Electrosmog qui jouait avec la séparés par un espacement contraire à
croix suisse en produisant un morpion sur sac plastique (projet Tic Tac Toe), l’entassement pratiqué dans ces rayonnages,
Daniel Pflumm qui associait le logo de Bouygues à un énigmatique slogan (« tantôt disposés entassés mais sur un socle
Come down to hearth »), Francis Baudevin qui libérait les logos des tournant habituellement réservé aux
marques, etc. produits de luxe (Mobil, 1988). Sorte
d’« objet archéologique » pétrolier,
BP L’œuvre au noir les lampes à pétrole se distinguent
des barils et bidons, elles sont
Après leur rencontre en 1981 à la Villa Arson (Nice), Richard Bellon, Renaud Layrac et présentées peu nombreuses sur des
Frédéric Pohl décident de fonder le groupe BP en 1984. « Aussi s’approprient-ils le sigle de étagères compartimentées (une
la British Petroleum – BP – détournant ainsi un nom de marque mondialement connu pour en lampe par compartiment), sur de
faire la signature d’un travail artistique anonyme. Le geste serait cependant resté gratuit si le petits supports individuels ou seule
groupe BP n’avait décidé d’en tirer toutes les conséquences par l’exploitation des substances associée à un carré noir ruisselant
qu’évoquent ces initiales familières (pétrole, essence), des images que véhiculent l’industrie d’huile de vidange rappelant l’œuvre
(derricks, trépan, pipeline) et l’univers automobile (graisse, huile de vidange plus ou moins de K. Malévitch. Elles apparaissent
usagée, pompe électrique, tôle, calandre, capot) ». 1 Si leur appropriation du sigle BP affirme parfois en cours de fonctionnement. Le
la thématique générale de leur œuvre, elle signale également leur mode d’action : la langage commercial se rapproche de celui
récupération. Depuis l’introduction d’objets – bidons d’huile – jusqu’à celle de notions abstraites
telles que le symbole – drapeau américain – l’univers BP s’élabore à partir d’un détournement employé dans les vitrines de magasin (mise en scène
systématique d’éléments liés au commerce et à l’exploitation du pétrole. Protéiforme, le langage de quelques objets). À nouveau, l’ambiguïté s’installe : les étagères utilisées ne sont
BP puise sa source en de nombreux domaines – politique, religion, publicité, commerce, comparables ni à celles des grandes surfaces, ni à des meubles d’intérieur, quant au parallèle
industrie – tous liés aux notions de pouvoir et manipulation indubitablement convoquées lorsqu’il établi entre l’œuvre d’art et la lampe à pétrole (également employé, plus rarement, avec le
s’agit d’évoquer la « domination fantomatique du pétrole ». 2 bidon), s’il signifie une nouvelle forme de sacralisation (non plus divine mais artistique),
Du mode de communication politique, BP extrait le lexique américain dans la série de celle-ci s’accompagne d’une imprégnation d’huile de vidange. Le vocabulaire commercial
sculptures Propaganda débutée en 2003 (Democracy 2003, Cool technologies 2005, New se manifeste également à travers l’introduction de symboles de monnaie (ceux de la livre,
world order 2003, Oil for food 2005…). Au sommet d’une plaque rectangulaire d’acier de l’euro et deux fois celui du dollar composent respectivement le mot « less » dans le dessin
présentée semblablement à un tableau est ajourée la partie supérieure de mots ou slogans à Less de 2005 – une accumulation de monnaies pour signifier « moins » – celui du dollar est
partir desquels s’écoule de l’huile de vidange alimentée par une pompe électrique. Tout en représenté par une sculpture de 1989, Dollar, dans laquelle le « S », en acier, est traversé
signalant la puissance des Etats-Unis face à la gestion des ressources pétrolières internationales par deux filets parallèles d’huile de vidange…) mais aussi un code, le code-barre qui
puisque ces mots ou slogans constituent la source d’écoulement de l’hydrocarbure, ce procédé apparaît dans la série Propaganda. La signalétique du réseau routier constitue la principale
évoque une sorte de liquéfaction du discours politique américain dont la partie inférieure des forme de communication industrielle (graphisme industriel) détournée par BP. La série de
lettrages semble condamnée à la dissolution. Notons que ce ruissellement d’huile de vidange photos Je peux continuer (1991) cumule deux types de détournement : sur le plan formel,
dessine un motif bien particulier sur la plaque d’acier, celui du code-barre traduisant la forte elle parodie les diapositives projetées lors de l’apprentissage du code de la route (vue sur
valeur commerciale du pétrole et de ses dérivés. Objet de culte (totem), symbole (croix la route depuis l’avant d’un véhicule, proximité d’un croisement, situation précédant le
chrétienne), référence à un texte sacré (la Tour de Babel développée dans la Genèse) ou dépassement…), sur le plan du contenu, elle dévoile quantité de panneaux de signalisation
encore évocation d’une substance rituelle (l’huile), tels sont les composants du mode de et lignes blanches illustrant « le caractère autoritaire du langage routier ». 2 De véritables
communication religieux revisité par BP. « Dès ses premières sculptures, BP a spontanément panneaux de signalisation arborant des pictogrammes type fléchage sont introduits dans la
identifié la frénésie pétrolière à une nouvelle religion. Le fût métallique, ce fameux baril dont série de sculptures PKM (1988-1990), ils encadrent (ce qui annule toute indication de
les hausses et les baisses maintiennent artificiellement en vie l’économie perfusée, est un objet direction) une forme rectangulaire ou carrée ruisselant d’huile de vidange. Le pictogramme
de culte, un totem. 2 L’œuvre Highway to hell (1991), réalisée après la guerre du Golf, est signalant la proximité d’une école fait l’objet d’un dessin (Ecole, 2005). Le vocabulaire
composée de cinq barils surmontés chacun d’un moulage de roquette ruisselant d’huile de caractérisant l’un des secteurs de l’industrie automobile, celui des crash-test, se manifeste
vidange. Au culte du pétrole s’ajoute ici celui de la puissance militaire. Cette superposition également dans les œuvres BP (série de sculptures M249). La notion de danger impliquée
baril/roquette, tout en signifiant le lien de cause à effet qui unit pétrole et guerre, illustre le par l’association des couleurs jaune et noire, l’analogie entre le symbole des crash-test et
procédé commercial de valorisation d’un produit – ici la roquette – à travers son élévation sur celui de la radioactivité, la violence de l’éclairage stroboscopique mais aussi la présentation
un socle. Si le titre de la sculpture Narcisse (1987) se réfère à la mythologie grecque, la derrière une sorte de vitrine d’un fragment – le crâne – de mannequin employé dans ces
symbolique funèbre présentée appartient à la religion chrétienne : une pompe à essence tests décuplent le caractère anxiogène de cet univers. Pour conclure cette évocation du
dénudée de tout élément publicitaire est fixée sur une dalle (semblablement à une stèle sur une langage industriel revisité par BP, précisons que la dénomination de leurs dix séries de
dalle funéraire), elle se reflète sur la dalle pour décrire un motif (composé d’huile de vidange) sculptures (AK47, G43, M16, RPG7…) est directement issue de la terminologie technique
particulièrement proche du symbole de la croix chrétienne. Le pétrole sacralisé face à la mort, des armes. La multitude des noms de marques, logos, pictogrammes et symboles développés
celle qu’il génère partout où son culte est célébré mais aussi la sienne. « Une autre œuvre de par le détournement des modes de communication publicitaire, commerciale et industrielle
87, Babel, est composée de quatre fûts métalliques superposés par taille décroissante pour génère un répertoire graphique diversifié au sein des œuvres BP : différentes sortes de
suggérer la structure des tours à étages de l’antique Babylone. Le titre fait référence au célèbre typographie (développées dans les noms de marques) mais aussi diverses formes –
épisode de la Genèse relatant la construction d’un haut édifice dont l’ambition était de s’élever humaines et animales (personnages du pictogramme Ecole, oiseaux du logo Nestlé…),
jusqu’aux cieux. Dieu, jaloux de son espace aérien, introduit alors la diversité des langues pour végétales (lauriers du logo Cadillac…), ornementales (entrelacs du logo Toyota…) et
faire échouer l’entreprise qui tourne à la cacophonie. Telle est la religion pétrolière – tout le géométriques (panneaux de signalisation, lignes blanches…). Signalons que l’œuvre
monde ne jure que par elle, mais personne ne s’entend sur les prix du baril. » 2 Quant à Circuits, réalisée en 1991 à la Villa Arson, permet l’introduction du graphisme urbain à
l’utilisation de la substance huile de vidange, elle « s’avère être un matériau symboliquement travers la représentation sous forme de tags de circuits F1.
très riche. Il suffit d’introduire l’idée de rituel […] pour entrevoir tout le parti à la fois Le détournement des éléments liés à l’univers du pétrole effectué chez BP repose sur trois
emblématique et tragique qu’il est possible d’extraire de ce liquide de synthèse, autant dans types d’altération : une altération du sens générée par la destructuration de leurs
son opposition à l’huile sacrificielle, symbole de pureté, que dans son détournement par caractéristiques formelles (ils sont prélevès de leur contexte originel pour être recomposés
rapport à une époque moderne où mécanisation, technicité, performance sont des valeurs selon un nouveau mode de présentation emprunté à différentes formes de communication,
tutélaires. » 3 BP s’approprie fréquemment les tactiques de communication publicitaire dont il tel le logo qui devient l’unique sujet d’un dessin alors qu’il ne possède qu’une fonction
prélève signes graphiques (sigles, logos, noms de marque de voiture, huile, essence) et illustrative dans le langage publicitaire) suivie d’une altération visuelle puis matérielle
supports (affiche, tee-shirt, calendrier). Les signes graphiques publicitaires peuvent être inclus puisqu’ils sont soumis à une imprégnation d’huile de vidange qui, si elle leur confère de
de manière directe (introduction d’un véritable baril BP arborant son sigle dans une œuvre sans nouvelles qualités plastiques (profondeur du noir, brillance, viscosité…), masque
titre de 1988 ou encore présence des noms de marque de bidons sur les exemplaires intégrés partiellement voire totalement leur apparence tout en attaquant leur matière.
aux sculptures et installations) ou transposés sous forme de dessin composé de graphite
(contours) et d’huile de vidange (coloration noire des motifs). Si la typographie des noms de C écile D esbaudard
marque (Total, 2005) ainsi que les motifs de logos (Cadillac, 2005) sont rigoureusement
respectés, l’imprégnation d’huile de vidange provoque une perturbation formelle puisqu’elle Une exposition,In god we trust, leur est actuellement consacrée à la galerie Barnoud, 27 rue Berlier à Dijon (jusqu’au
s’étend progressivement, insoumise aux contours, tout en enveloppant ces derniers d’un halo 15 décembre 2006), elle présente des œuvres récentes dont deux sculptures de la série Propaganda et sept dessins.
graisseux. Notons que parmi ce contexte de logos et noms de marque développé dans les 1. BP, CD rom Tenue de route, extrait du texte Repères biographiques, 2005
dessins de BP apparaît un symbole, celui d’une nation, le drapeau américain (Flag, 2005). La 2. Cyril Jarton, Le temps des vidanges, mai 2000
notion d’affiche est explorée à travers une série de transferts numériques sur papier, imprégnés 3. Hervé Legros, Road Book, 1994

© Visuel : BP, Cadillac, 2005, graphite
7 et huile de vidange sur papier - 80 x 80 cm

albi HORSD’ŒUVRE n° 19 Galerie Interface Musée Lamartine reims publications
édité par l’association 12 rue Chancelier de l’Hospital 41 rue Sigorgne
Cimaise & Portique INTERFACE 21000 Dijon 71000 Macon Frac Champagne-Ardenne L’Office - ENSA de Dijon
Aux Moulins Albigeois 12 rue Chancelier de l’Hospital tél. 03 80 67 13 86 tél. 03 85 39 90 38 1, Place Museux 3, Rue Michelet
41 rue Porta F - 21000 Dijon ouvert de 15 h à 19 h ouvert de 10 à 12 h et de 14 h à 18 h 51100 Reims 21000 Dijon
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fériés, de 14 à 18 h R. Barba, J. Colomer, F. Curlet, dimanche, lundi et jours fériés 1750 x 1190 mm
® « Communication » la deuxième P. Droulers, M. François, K. Geers, ® « Au-delà de la géométrie » Musée des Ducs de Wurtemberg Sérigraphique 1 coul.
séquence du cycle Resituation : J. De Gruyter And H. Thys, A. Vergara, C. Andre, S. LeWitt, O. Mosset, (org. le 10neuf) numérotée et signée
04/12/06 - 06/01/07 A. Veronica Janssens, S. Siegmann, Alan Charlton, N. Toroni, Ernest T., cour du château par l’artiste
® « Production » L. Vanderstichelen, J. Bader, S. Defraoui, A. Rodtchenko, F. Morellet, 25200 Montbéliard Tirage : 60 exemplaires
® « Formation » R. Venlet, C. Radulescu, L. Bru, L. Pierre : A. Nemours, Bernd et Hilla Becher, tél.03 81 99 22 61 Prix : 15 Euros
® « Dématérialisation » 31/03 - 10/06/07 R. Mangold, M. Barré, G. Honneger, ouvert du mer. au lun. de 10 h à 12 h (+ 7 Euros de frais d’envoi)
® « (Re)action » J. Knifer, P. Downsbrough, Jo Baer, et de 14 h à 18 h
® « Subversion » chaumont M. Parmentier, V. Molnar : ® « Orthodoxe/Hétérodoxe : ® JORDI COLOMER / HORSD’ŒUVRE N°18
® « Exposition » 17/11/06 - 17/02/07 choisir sa ligne » : 06/05 - 17/06/06 Anarchitekton Barcelona, 2006
Les silos ® Thomas Bayrle : ../03/07 600 x 420 mm
brest 7/9 Avenue Foch L'Allan Impression Offset 2 coul.
52000 Chaumont ligny en Brionnais Scène Nationale sur Couché 250 Gr
La Passerelle tél. 03 25 03 86 82 Hôtel de Sponeck Tirage : 140 exemplaires
41, rue Charles Berthelot ouvert du mar. au ven. de 14 h à 18 h Esox Lucius 25200 Montbéliard numérotés et signés
29200 Brest sam. de 10 h à 13 h Chez Patrice Ferrari - Les Sertines tél.03 81 99 22 61 par l’artiste
tél. 02 98 43 34 95 ® Bruno Monguzzi : Collection 71110 Ligny en Brionnais ouvert du mer. au lun. de 10 h à 12 h Prix : 20 Euros
ouvert le mar. 14 h à 20 h / d'affiches de la Ville de Chaumont : tél. 03 85 25 86 56 et de 14 h à 18 h (+ 3 Euros de frais d’envoi)
du mer. au sam. de 14 h à 18 h 30 12/12/06 - 24/02/07 ouvert les mer., ven., sam., dim. ® « Orthodoxe/Hétérodoxe :
® Passerelle à 4% « Storylines » ® Trafik : Exposition des travaux du de 14 h 30 à 20 h choisir sa ligne » : 06/05 - 17/06/06 ® CATALOGUE PEINTURE & VIDÉO #1-2-3, 2006
K. Bock, K. Brooke, E. Dakovic, collectif et d'un travail de résidence : ® « V8+1 » Pierre Bindreiff, Arnaud Sabard, C. Langenbach, C. Pirito, M. Weiler,
U. Döbereiner, E. Florenty, 13/03 - 21/04/07 Sébastien Geissert, Philippe Million : nancy E. Srur, I. Tursic & W. Mille
E. Göngrich, E. Hautmann, 18/11 - 10/12/06 15 x 20 mm, fr. / angl.
B. Leprêtre, Z. Leutenegger, château-gontier Galerie Art Attitude Hervé Bize 56 pages, ill. coul.,
E. Marhöfer, J. Mützenberg, grenoble 17-19 Rue Gambetta 3 textes bilingue Fr/Angl.
M. Schweiger, K. Solomoukha, Chapelle du Genêteil 54000 Nancy coéd. Ensa-dijon, Interface
S. Thorsen, B. Trautmann, F. Zeyfang Rue du Général Lemonnier Le magasin ouvert du mar. au sam. Tirage : 1 000 exemplaires
: 08/11/06 - 14/01/07 53200 Château-Gontier Site Bouchayer-Viallet de 14 h à 18 h et sur rdv Prix : 10 Euros
® Passerelle à 4% « L'image de Rosa tél. 02 43 07 88 96 55 Cours Berriat tél. 03 83 30 17 31 (+ 3 Euros de frais d’envoi)
L. » Raphael Grisey, Ines Schaber : ouvert de 14 h à 19 h du mer. au dim. 38028 Grenoble cedex 1 ® « Le voyage de maison difficile »
19/01 - 05/03/07 ® Anita Molinero : 13/01 - 18/03/07 tél. 04 76 21 95 84 Peter Rösel : jusqu’au 25/11/06 ® VALÈRE COSTES
® « Rangements / au passage » ® Daniel Dewar et Grégory Gicquel : ouvert du mar. au dim. de 14 h à 19 h ® Bernard Borgeaud, Arnaud Polymères, 2005
Chat : 28/02 - 10/03/07 07/04 - 03/06/07 ® « Tsunami » Kader Attia : Claass, Emmanuel Saulnier : 23 x 17 mm, fr. / angl.
® « ViaKonsulat, I » Katja Fleig, jusqu’au 07/01/07 01/12/06 - 03/03/07 48 pages, ill. coul.
Pascal Gaudefroy : delme ® « Mama Johnny » Jonathan Meese : ® « Sleepless » J.-P. Bertrand, Dector & coéd. Ensa-dijon, Interface,
03/03 - 15/03/07 22/10/06 - 07/01/07 Dupuy, P. Gauthier, R. Hausmann, Frac Franche-Comté,
Centre d’art contemporain ® Lothar Hempel : 11/02 - 06/05/07 E. Poitevin : 15/03/07 Le Granit (Belfort)
caen Synagogue de Delme ® Martin Creed : 11/02 - 06/05/07 Tirage : 1 000 exemplaires
33, rue Poincaré pougues-les-eaux Prix : 15 Euros
Frac Basse-Normandie 57590 Delme mâcon (+ 2 Euros de frais d’envoi)
9 rue Vaubenard tél. 03 87 01 35 61 Centre d’Art Contemporain
14000 Caen ouvert du mer. au sam. Musée des Ursulines Parc Saint-Léger ® MICHEL ROSE / ESSAI
ouvert tous les jours de 14 h à 18 h de 14 h à 18 h, dim. de 11 h à 18 h 20 Rue des Ursulines Avenue Conti L’appel de la Mariée chez
sauf les jours fériés ® « All we ever wanted was 71000 Mâcon 58320 Pougues-les-Eaux Marcel Duchamp, 2005
® Salla Tykkä : dans le cadre du everything » M. Weber, tél. 03 85 39 90 38 tél. 03 86 90 96 60 20,5 x 130 mm, 88 pages
festival Les Boréales : S. Bueno-Boutellier, V. Gastaldon, ouvert de 10 à 12 h et de 14 h à 18 h ouvert du mar. au dim. de 14 h à 19 h coéd. Semiose Éditions, Interface
18/11/06 - 07/01/07 T. Grünfeld, A. o’Neil : sauf lun., dim. matin ® « femmeusesaction #15 » : Prix : 10 Euros
® Musée Khômbol 28/10/06 - 28/01/07 ® « Instantané, les fouilles 21/10/06 - 10/02/07 (+ 2 Euros de frais d’envoi)
« Les champions » : ../01 - ../02/07 d’archéologie préventive de ® « X Event 2.2 » companie « les gens
® Berdaguer et Péjus : dijon Sennecé-lès-Macon » : d’Uterpan » : 10/03/07
../03 - ../04/07 jusqu’au 31/12/06 ® « Mademoiselle Poupée » Françoise
Frac Bourgogne ® « Lamartine, des visages pour Pétrovitch : 24/03 - 17/06/07
49 rue de Longvic l’histoire » : à partir du 10/04/07
21000 Dijon
tél. 03 80 67 18 18
ouvert du lun. au sam. de 14 h à 18 h
® Gitte Schäfer :
25/11/06 - 27/01/07
® Philippe Decrauzat :
02/03 - 19/05/07

Si vous souhaitez que vos manifestations soient annoncées dans l’agenda
du prochain numéro, une participation de 30 Euros minimum est demandée.