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Il n'est pas toujours aisé de garder une conscience bien lucide lorsque l'on est en transe. Ce texte explore cette question.

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Published by Michel Nachez, 2019-07-24 10:06:52

La Conscience de Soi dans l'Expérience de la Transe

Il n'est pas toujours aisé de garder une conscience bien lucide lorsque l'on est en transe. Ce texte explore cette question.

Keywords: Michel Nachez,transe,états de conscience modifiés

COLLECTION AUX FRONTIÈRES DE
L’ANTHROPOLOGIE

Aux frontières de l'Anthropologie traite des questions
aux limites de la science. Je suis docteur en
Ethnologie / Anthropologie et mon sujet d'étude
principal concerne la transe, les états de conscience
modifiés. Tous les peuples traditionnels disent entrer
en contact avec des esprits. C'est là que la science
s'arrête car pour elle les esprits n'existent pas. Qui a
raison ? Il y a beaucoup d'anomalies qui ont été
constatées et ce, dans nombres de domaines : quasi
toutes les disciplines sont touchées. Mais que fait-on
des anomalies ? Elles sont occultées. Cette collection
explore ces questions. Poltergeist, apparitions et
phénomènes de hantise, OVNIs, phénomènes
parapsychologiques, magie et sorcellerie, archéologie
mystérieuse et théories alternatives... Toutes
questions que la science officielle refuse d'étudier. Il y
a heureusement quelques exceptions. Je vous invite à
me suivre dans ce passionnant dédale qui remet en
cause notre vision du monde occidental dite
rationaliste, notre paradigme scientifique actuel...

LA CONSCIENCE DE SOI DANS
L’EXPÉRIENCE DE LA TRANSE

Michel Nachez
Docteur en Anthropologie

Dans les états non ordinaires de conscience
(ENOCs), il n’est pas toujours aisé de maintenir la
vigilance du mental conscient, d’avoir l’esprit lucide
et une bonne faculté d’analyse, de niveau
homogène tout au long de l’expérience ; ni d’avoir
une lucidité équivalente à chaque nouvelle
expérience. De nombreux facteurs font fluctuer
cette lucidité, parmi lesquels on peut citer une
carence de la concentration, un haut niveau de
stress, une fatigue sous-jacente et bien d’autres
encore...

Il y en a différentes sortes d’ENOCs. Ils
peuvent être soit spontanés, soit induits par
soi-même ou par quelqu’un d’autre. Voici les
types d’états de conscience que l’on peut
classer dans cette catégorie : rêverie,

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relaxation et états sophroniques, méditation,
contemplation, créativité, hypnose, auto-
hypnose, états hypnagogiques, rêve dont rêve
archétypal, rêve prémonitoire..., rêve lucide,
vision, tous types de transe, extase,
révélation, effet « Eurêka », illumination,
transe ecsomatique (OBE), expérience de
mort rapprochée (NDE)...

Cette question de la vigilance en ENOCs me
semble primordiale pour une bonne estimation de
l’expérience et aussi pour la meilleure
mémorisation possible de celle-ci. Un esprit confus
par exemple, plus proche du sommeil que de l’état
de veille, ne pourra pas garder une mémoire fidèle
de l’expérience ENOC. Cette mémoire sera
entachée de bribes de séquences oniriques,
d’images hypnagogiques et de contenus brouillons.
En effet, cette réminiscence confuse engendre un
vécu plutôt proche de l’état de rêve et donc peu
intéressant en ce qui concerne l’exploration des
univers qui se révèlent dans les ENOCS. Une
expérience forte, claire et bien conscientisée est
bien plus enrichissante.

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Dans cet article j’aborde donc ce sujet de la
vigilance et de la conscience de soi dans un type
particulier de transe. Nous y verrons des aspects de
la profondeur de l’expérience de transe et la
question de la conscience de soi et du rapport au
corps physique.

Les Postures de Transes
Afin de mieux comprendre ce qui se passe

pendant un ENOC, voyons une forme particulière de
transe, induite par des postures et un rythme de
tambour spécifique.

Felicitas Goodman, anthropologue et spécialiste
de la transe, a découvert il y a une trentaine
d’années ce qu’elle appelle les postures de transe.
Ces postures sont représentées par certaines
statuettes provenant de différentes ethnies de par
le monde et à différentes époques.

Ses travaux de recherche l’avaient amenée, à
partir de 1965 à la Denison University, à
s'intéresser aux états de transe religieuse chez les
Pentecôtistes, ces groupes religieux chrétiens qui
pratiquent la glossolalie en état de transe pendant

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les services religieux. Dans le droit fil de son travail
scientifique, Felicitas est ensuite amenée à étudier
d'autres congrégations chrétiennes au Mexique,
lesquelles, comme les Pentecôtistes, aspirent à la
manifestation de l'Esprit Saint sous la forme de
l’ENOC de la transe glossolalique.

La glossolalie est ce qu'on appelle
communément « parler en langues ». Dans
cet état particulier de transe, les sujets
émettent une série de sons, d'onomatopées,
de « mots », totalement inconnus mais
parfaitement chargés de sens. Mais ce qui est
particulier, c’est qu’ils se comprennent entre
eux, alors que les personnes extérieures à la
transe n'y entendent qu'une série de
phonèmes sans signification. Et voici le plus
étonnant : chaque personne en transe parle
une « langue » dont les caractéristiques sont
tout à fait différentes de celles des autres
personnes en transe glossolalique.

Dans les cours qu'elle donne à ses étudiants, elle
parle de ses recherches, fait écouter des cassettes

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audio et décrit le bien-être ressenti par ceux qui
avaient participé aux cérémonies impliquant des
ENOCs. Les étudiants, passionnés, demandent à
expérimenter ces états et c’est alors que
commencent les expériences de transe
d’Occidentaux, avec des résultats de plus en plus
surprenants.

Au fil du temps, Felicitas se rend compte que
certaines postures du corps, répandues dans les
ethnies des cinq continents, sont des moyens
d'induire des états de transe. Et non seulement
cela, mais elle découvre que chacune de ces
postures est spécialisée, c'est-à-dire donne accès à
un vécu tout à fait spécifique. Les recherches de
Felicitas Goodman lui permettent ainsi de dégager
une trentaine de ces postures et d’approcher la
« spécialité » de chacune : il y a là des postures
ouvrant à des transes de guérison, de voyance, de
voyage chamanique, de métamorphose, de quête
d'informations pour les rituels...

L’intérêt de ces postures, couplées avec un
battement de tambour rythmé à 3hz, est qu’elles
permettent d’induire, rapidement et facilement,

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une transe de type chamanique. Ce rythme de 3hz
est réputé stimuler dans le cerveau l’émergence
d’ondes Thêta, les ondes cérébrales que l’on
observe en dominance lors de la phase REM du
sommeil et également dans certains états de
méditation et de transe (Ce sujet est traité
extensivement dans mon livre : Les États Non
Ordinaires de Conscience, Ed. Marabout, 1997.).

Ces postures sont faciles à mettre en œuvre et,
de ce fait, sont idéales pour étudier les
phénomènes de la transe. C’est pourquoi, dans le
cadre de mes recherches, j’ai entrepris une série
d’expérimentations avec une quinzaine de
volontaires, des personnes équilibrées
physiquement et psychiquement. Chaque séance
était suivie d’une interview pour recueillir le vécu et
les ressentis du sujet ; certaines séances ont été
accompagnées d’un enregistrement des ondes
cérébrales pour avoir une sorte de « cliché » de la
transe.

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Être « ici » et « là-bas »
Une chose frappe au premier abord dans ces

expériences de transe : le sujet est capable de se
ressentir présent dans son univers habituel et
« ailleurs » en même temps, c'est-à-dire dans un
autre environnement, inconnu de lui.

Voici un récit vécu qui illustre ce propos :
« Dès que le battement de tambour s’est mis en
route, j’ai tout de suite eu envie de bouger. [...] Au
début, je sentais comme des petits picotements
dans la tête — c’était vraiment bizarre. Vers le
milieu de la séance, dans la tête — je ne peux pas
décrire — mais c’était comme si tout était
spongieux et qu’il y avait des picotements qui
n’existaient néanmoins pas.
Je me suis vraiment sentie bien, comme
rarement je l’ai été, et cela dès le début. Je n’ai eu
aucune gêne physique. Pas de pensées trop
parasites. Un petit peu tout de même au début et
puis c’est parti. Une envie de rire par moments,
mais c’était physique. C’était une sensation de

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bien-être total, quelque chose comme de la
béatitude, oui, j’irai presque jusque là.

Et donc une envie de rire par moments. Et alors
là, j’ai vu un cheval blanc et je crois que je me suis
mise à galoper. J’ai donc vu un cheval qui passait
devant moi. Ensuite j’ai eu comme l’impression que
j’étais un cheval. Enfin, disons que j’avais
l’impression de galoper. C’était bizarre comme
sensation.

Après, j’ai eu l’impression de voler, mais vraiment
comme un oiseau. Et ensuite, j’ai vu une sorte de
belette et je me suis sentie comme assimilée à
elle. Je regardais autour de moi (rire). C’était
passionnant. Là, je voyais cet animal devant moi et
ce qui était étrange, c’est que je me prenais pour
lui, alors que lui, il avait une personnalité qui lui
était propre, il était donc un personnage distinct de
moi et moi, j’étais à côté de lui et je le mimais.
Mais c’était comme si j’étais dans lui, alors que je
n’y étais pas. Je pouvais ressentir son physique
intérieur. C’était chaud et complètement différent.
Par rapport aux séances précédentes, il y avait ici
un sentiment de détachement bien plus grand. Les

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choses venaient tout naturellement, comme
coulant de source.

C’est surprenant, ces postures et, ce qui est le
plus fou, c’est qu’on ne décolle pas de la pièce ! Il
n’y a pas une seconde où je n’ai pas eu conscience
que j’étais ici. C’est ça, qui est étonnant. On
pourrait se demander : “Mais qu’est-ce que je suis
en train de faire ?” Mais c’est tout naturel,
simplement évident et c’est plus fort que soi.

Quand j’étais le cheval : je me sentais galoper.
J’avais une grande sensation de liberté. Après,
pendant quelques secondes, j’ai eu l’impression de
voler et là, c’était vraiment le nirvana. Je ne voyais
rien, je ressentais juste les sensations de voler. »
(Amélie 12/06/96)

Amélie exprime très bien cette sensation d’être à
la fois ici et « là-bas ». Ce qui caractérise cette
sensation de lucidité est le fait de savoir qui l’on
est, où l’on est, et ce que l’on fait. Ici, dans ces
transes induites par les postures, les sujets ne
perdent jamais conscience d’eux-mêmes : ce n’est

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pas comme dans un rêve où l’on subit une histoire.
Ce type de transe permet de garder son identité de
veille tout en laissant à un autre genre
d’expérience, de nature plus ou moins symbolique,
émerger. Ici, avec Amélie, cette expérience était
assez forte pour lui donner cette sensation d’être
un animal — cheval, oiseau, belette —, dans un
autre environnement que ceux qu’elle connaît dans
son monde habituel et surtout de participer à
quelque chose d’étranger pour un humain : la vie
intérieure d’une belette. Il y a là des rapports
évidents avec ces récits de sorciers-chamans qui
possèdent et contrôlent des esprits-animaux ou
s’assimilent à des animaux...

Les sujets, pendant leur expérience des postures
de transe, explorent d’autres dimensions de l’être
où les sensations et les perceptions liées à la
transe se superposent aux sensations et aux
perceptions de leur corps physique et de notre
monde matériel.

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Trois niveaux d’expérience
J’ai pu constater qu’il y a trois niveaux dans cette

perception de la transe (bien évidemment, on peut
être plus ou moins vigilant, avoir une forte ou une
moins forte présence à soi à chacun de ces
niveaux).

Le premier niveau de perception est composé de
sensations : il n’y a pas d’images en tant que telles,
plutôt des impressions, des ressentis fugaces. La
présence au corps physique et au monde matériel
est encore importante.

Dans le deuxième niveau de perception
apparaissent spontanément des images, des
scènes qui se déroulent dans le mental du sujet,
scènes qui prennent du relief à tel point que le sujet
va devenir acteur dans le « scénario ». À ce
moment-là, deux réalités se superposent : la réalité
de la transe et l’autre, la réalité physique ordinaire.
Le sujet est conscient qu’il vit ces deux modes
d’être en même temps, il découvre un nouveau
type de fonctionnement de son mental, en est
d’abord surpris, puis s’habitue pour se laisser tout à

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fait aller dans ces nouvelles expériences. C’est à ce
niveau qu’apparaît soit la sensation que son corps
se modifie ou développe de nouvelles propriétés,
soit celle d’avoir un autre corps — humain ou
animal. Le sujet n’est pas troublé en cela, dans la
mesure où il sait toujours que son corps physique
est intact et que ses perceptions sont d’un autre
ordre.

Le troisième niveau est celui où le sujet « coupe
le contact » avec la réalité physique ordinaire — tout
en continuant à savoir qui il est et où il est et que
son corps physique est en sécurité —, où il entre
plus complètement et plus profondément dans la
réalité de la transe. Ce vécu est tellement vivide
que, pour lui, ce n’est pas une hallucination ni un
rêve, car la sensation de vécu, de réalité, est très
forte. Cependant, la faculté d’analyse et de
réflexion peut être plus ou moins opérationnelle
comme je l’ai déjà évoqué plus haut. À ce niveau, le
sujet peut ne plus sentir son corps physique,
toutefois il sait clairement où se trouve ce dernier.
La sensation d’un corps se reporte totalement sur

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le « corps de transe » dont il peut ressentir les
moindres sensations à l’exception de la douleur.

L’hallucination est définie comme une
perturbation des sens et des mécanismes du
cerveau produisant des perceptions fictives.
Elle n’a ni structure, ni logique interne, ni
signification culturelle, symbolique ou
religieuse. Elle se produit en ECO. Il est
évidemment difficile pour l’observateur
extérieur ne connaissant pas le contexte de
faire le distinguo

Celia Green rapporte l’expérience d’un de ses
sujets en rêve lucide qui a décidé de faire un
test de douleur avec un couteau de rêve.
Sachant qu’en rêve, elle ne pouvait pas se
faire de mal physiquement et que le rêve
lucide semblait immuniser contre la douleur,
elle se pique donc le bras avec la pointe du
couteau. Elle décrit sa sensation comme
étant très réaliste, ce qui la fait hésiter à
poursuivre. Survient alors une personne avec

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des ciseaux qui propose de lui couper un grain
de beauté. Elle donne son accord, sans vouloir
regarder. Un peu plus tard, cette personne lui
dit que c’est terminé : elle n’avait rien senti et
ne voyait même pas de blessure. Celia Green
et Charles McCreery, Träume bewußt
steuern, Krüger Verlag, 1996, pages 52-53.

Transe et bien-être

La plupart du temps, dans ces transes, le sujet
reste conscient de ce qui se passe et se laisse
complètement aller sans désirer contrôler le
processus. Il sait qu’il pourrait tout arrêter, mais ce
serait au détriment de son vécu, de sa curiosité et
surtout de son plaisir. Car ce type de transe procure
parfois un bien-être intense, aussi bien physique
que psychique, bien-être qui remue, électrise en
des courants montants et descendants, virevoltants
et tourbillonnants. La transe est un bain
d’endorphines, ces neurotransmetteurs du plaisir :

« C’était formidable. J’ai réellement ressenti des
vagues d’euphorie et une sensation de liberté
absolument extraordinaire.

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Je suis “partie” très très vite, c’était presque
immédiat. J’ai essayé de me concentrer sur le
troisième œil et là, j’ai vu une espèce de boule de
lumière avec deux mains qui la tiennent. J’ai eu très
tôt la sensation que c’était la nature, la montagne,
des collines et j’étais dans une espèce de lumière
laiteuse. Et je cabriolais (rires). Je ne sais pas si
j’étais un animal, mais j’avais vraiment les pattes
avant, les pattes arrières... Et je sentais mon dos,
vraiment comme si j’étais une chèvre... À certains
moments, j’avais carrément envie de sauter. Je me
suis vraiment amusée. Et j’avais l’impression d’une
sensation de galop aussi et de ne pas être seule
non plus, comme s’il y avait d’autres animaux
comme moi tout autour de moi. On courait, on
sautait sur des rochers.

Je ne voyais pas les rochers, mais j’avais tout à
fait la sensation des rochers. J’ai vécu là quelque
chose de très euphorique et avec une intense
sensation de liberté.

Voilà, c’est tout. C’était extrêmement agréable. »
(Anne 15/04/96)

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Lors de la transe, les sujets peuvent vivre des
expériences hors normes : s’incarner dans des
animaux, se promener dans des paysages parfois
inouïs, voler dans les airs, chasser, vivre des
initiations de type chamanique, rencontrer des
personnages fabuleux ou numineux, mourir et
renaître, expérimenter des transformations
corporelles inhabituelles et surprenantes, participer
à des rites, assister à la naissance de l’univers,
accompagner les décédés dans le monde des
morts, entrer en contact avec des entités diverses
et variées, se décorporer... et cela leur apparaît tout
à fait normal.

Ainsi, lorsque l’on est dans cet état de transe,
toutes ces expériences sont acceptées
naturellement parce que l’état de conscience est
spécial. Alors que, si elles étaient perçues ou
vécues dans l’état de veille habituel, dans l’état de
conscience ordinaire, ces perceptions amèneraient
la suspicion sur l’état de santé et l’équilibre
psychique du sujet. On sait aujourd’hui que, vécu
dans l’état de conscience ordinaire (ECO), ce type
d’expérience signe une pathologie, alors que vécu

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dans certains ENOCs, ce même type d’expérience
est curatif.

Dans la transe donc, on peut se sentir grandir et
traverser le plafond ou expérimenter d’autres
sensations « impossibles » : les pieds peuvent
traverser le sol, les mains pénétrer dans le corps...
Les membres se transforment, on devient un autre,
on est en plastique ou en bois... Tout ceci est
simplement accepté, sans que la raison
raisonnante ne stoppe le processus. Tout se passe
comme si une autre instance psychique, obéissant
à d’autres lois, prenait le dessus et faisait en sorte
que l’impossible devienne possible dans
l’expérience du moment.

N’en est-il pas de même dans les rêves ? Ne vole-
t-on pas et ne traverse-t-on pas les murs tout
naturellement ? Ne parle-t-on pas aux morts sans
surprise ? Alors, rêve et transe, seraient-ils de
même nature ? Le sujet en transe peut dire sans
ambiguïté que ce n’est pas un rêve : pour lui, c’est
une expérience vécue, réellement juxtaposée à sa
vie ordinaire.

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Dans ce mode de fonctionnement psychique de la
transe, le traitement des informations sensorielles
et cognitives est donc notablement différent de
celui de l’état de conscience ordinaire. La faculté
d’analyse peut être plus ou moins altérée et plus ou
moins perméable aux pensées non-logiques. Dans
certains cas, des distorsions importantes du
jugement critique rationnel sont mises en évidence.
Par exemple :

« Après que mes mains se soient levées d’elles-
mêmes, j’ai senti qu’à un moment donné mon pied
gauche s’enfonçait un peu dans le sol et que le
droit se soulevait [Le sujet a des lévitations
spontanées des membres pendant la transe.
Précisons aussi que le sujet est assis.]
Effectivement, il s’est soulevé de quelques
centimètres. [...]

C’était très agréable. J’étais engourdie mais me
sentais légère. Ce pied qui s’est levé à la fin, ça m’a
fait bizarre. Comme pour les mains d’ailleurs ! Si le
pied gauche s’était levé, je le laissais venir
également. Je me laissais complètement porter par
les sons du tambour.

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Un vrai bien-être et un laisser-aller... Maintenant,
après coup, je peux dire que, si à ce moment-là, on
avait voulu couper ma jambe, eh bien oui, on la
coupait, quoi. S’il avait fallu le faire, on le faisait.
Cette impression de ne pas agir, de laisser faire.
Finalement, je m’en fichais. Régulièrement,
pendant la transe, je constate que mes membres
se soulèvent et je me dis : je les repose ? Et puis
non, je ne les repose pas, je les laisse aller. Et je
suis vraiment bien. [...] » (Cathy 04/03/96)

En transe, Cathy accepterait donc l’idée qu’on lui
coupe un membre. Sa faculté d’analyse est ici mise
plus ou moins en veilleuse, l’instinct de
conservation ne semble plus vraiment jouer. Par
contre, le détachement et le sentiment de paix sont
importants. Précisons ici que de telles idées, qui
peuvent paraître macabres, ne comportent
absolument aucun danger, ni pour le corps, ni pour
l’équilibre psychique du sujet en transe. En effet il
n’y a aucun aspect de souffrance dans ces
expériences, mais un profond bien-être, qui n’est
pas le signe d’une pathologie mais bien plutôt de

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l’ordre de la félicité. D’ailleurs, si un réel danger se
présentait, le sujet sortirait de la transe
immédiatement. Il faut bien comprendre que le
sujet laisse agir mais ne subit pas : il peut à tout
moment décider d’arrêter l’expérience — mais il
tend à ne pas le faire parce qu’il s’y sent à la fois
bien et en sécurité. Le sujet sait qu’il n’y a aucun
danger pour son corps physique : il s’autorise donc
des vécus du corps différents qui lui permettront de
se familiariser avec les « lois » du « monde » de la
transe.

J’ai remarqué cela sur moi-même lors de mes
propres expériences de transe : cette sensation
d’être là et de prendre les chose comme elles
viennent, de ne pas se dire : « Mais c’est
impossible, cela ne se peut pas, il y a un
problème !... » Des idées défiant toute logique
ordinaire de notre monde physique semblent tout à
fait normales et sont acceptées : en fait, je sais très
bien que cela ne se peut pas dans la réalité de
l’état de conscience ordinaire mais, en même
temps, je sais que je suis en transe et j’accepte ce

21

qui arrive tel quel. C’est là un phénomène assez
courant en état de transe :

« [...] Maintenant, je me rends compte que quand
je suis en transe, je ne juge pas, je profite de la
situation. On est complètement dedans. Je suis
quand même très conscient de ce qui se passe,
c’est assez marrant. Mais je laisse passer. Parce ce
que ça m’intéresse beaucoup, c’est peut-être pour
ça que je reste en éveil. [...] » (Gérard 18/05/96)

« Lâcher-prise » et néanmoins agir
Dans les récits de ces sujets, il y a une altération

de la pensée cognitive, du raisonnement : le sujet
accepte les phénomènes et les événements de la
transe sans réflexion, comme si cela était normal.
C’est ce « lâcher-prise », cette acceptation, qui
permet l’expérience car, si le sujet résistait ou se
rebellait, il n’y aurait pas de vécu de la transe.

La question se pose alors de savoir comment
juger une telle expérience : dans ces vécus de
transe induits par les postures découvertes par
Felicitas Goodman, il y a apparemment peu de
place pour la décision personnelle, l’action, le libre

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choix de ce que l’on veut vivre dans cet ENOC : les
choses adviennent d’elles-mêmes et le sujet
constate leur survenue.

Mais peut-être est-ce dû au manque d’expérience
de la plupart des sujets ? Un chaman expérimenté,
lui, sait prendre des décisions et suivre une
stratégie délibérée pendant la transe. On peut donc
en déduire que la transe est un mode de
fonctionnement du psychisme humain dans lequel
l’apprentissage est possible et désirable. En effet,
dans toute discipline, avec l’entraînement vient la
maîtrise et il en est certainement de même dans le
domaine des ENOCs. C’est ainsi que, transe après
transe, les sujets se familiarisent avec ces
« mondes » et finissent par ne plus rester
simplement observateurs : ils agissent, décident ou
explorent comme l’illustre le récit suivant.

« Au début, rien. Et ensuite j’ai commencé à voir
des nuages noirâtres qui passaient devant mes
yeux. À un certain moment, je me suis sentie sur
une espèce de pont, une sorte d’aqueduc dans
l’espace, assez transparent. Ce pont n’était pas
matériel et je m’avançais dessus. Au bout de ce

23

pont, il y avait quelque chose comme un œil, c’est-
à-dire un œil gigantesque, comme un portail en
forme d’œil. En me tâtant, j’ai constaté que j’avais
une petite robe courte. [...]

Et je marche donc — ou plutôt je flotte sur ce pont
— sur cette espèce de pont. Enfin, j’arrive au bout,
devant l’œil. Et là, je sais que je veux traverser mais
je ne sais pas trop comment faire. À un moment
donné, je décide de me jeter dans la pupille et je
me retrouve engoncée dans une espèce de glu.
Maintenant, je dirais que c’est peut-être comme ça
qu’on peut imaginer une naissance : en rampant
pour sortir d’un utérus-vagin. En tous cas, c’était
gluant et ça collait et il fallait faire de sacrés efforts
pour bouger et aller de l’avant. J’ai fini par arriver
de l’autre côté.

Et me voici dans une sorte de ville, avec des
maisons de petite taille, ambiance assez siècle
dernier, baignant dans des couleurs beige-jaune. Il
y a des rues, une fontaine, et j’explore. Ça a l’air
très paisible. À un certain moment, au loin, je vois
ma mère qui marche [nota : la mère du sujet est
morte depuis plusieurs années]. Je l’ai même revue

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plus tard à une fenêtre en train de me faire des
signes. Mais j’avais l’impression que, de toutes
façons, elle ne pourrait pas arriver jusqu’à moi,
parce que c’était comme s’il y avait une sorte de
vitre transparente — pas comme une vitre de
fenêtre, mais quelque chose de plus consistant —
qui l’empêcherait de venir jusqu’à moi. Je lui ai fait
un signe aussi.

Et puis, à un moment, j’ai l’impression d’avoir une
petite blessure à mon gros orteil droit et je saigne
un peu. Je suis alors sur une petite place, très
charmante, avec une fontaine et je trempe mon
pied dans l’eau. Je nettoie un peu mon pied et ça
cesse de saigner. Très peu de temps plus tard — il y
avait des gens, mais plus personne que je
connaisse — j’aperçois au loin, à l’extrême droite,
un homme et je sais que c’est Jürgenson. Il
m’attrape par le bras et me dit : “Viens”. Il me
conduit à un endroit où on rencontre un autre
homme et je sais que c’est Raudive. Puis ils
m’emmènent au cinéma.

Friedrich Jürgenson et Konstantin Raudive :
pionniers de la Transcommunication

25

Instrumentale. Pour de plus amples
informations sur ce sujet, voir : Les morts
nous parlent, François Brune, Ed. du Félin,
1988 et l’article La Transcommunication
Instrumentale, Michel Nachez dans Mort et
Vie, Ed. l’Harmattan, 1996, ouvrage collectif
sous la direction de Pierre Erny, Anne Stamm
et Marie-Louise Witt.

Nous nous installons dans une salle de cinéma
où, apparemment, il n’y a que nous trois. L’écran
est panoramique et c’est une salle de cinéma très
habillée de rouge foncé, velours et quelques
dorures, le genre cossu.

Le film s’enclenche. Je suis assise entre les deux
hommes et ils me maintiennent les paupières
ouvertes pour que je ne cille pas et que je voie
toutes les images du film. Et là, je vois vraiment
tout l’Univers. Je vois la danse des atomes, je vois
les galaxies, je vois des constellations de choses et
d’êtres passant à toute allure. Et la dernière image
que j’ai vue apparaître sur l’écran, c’est un homme,
debout, qui tend les mains vers moi — il a même
l’air d’être en trois dimensions — et, du bout de ses

26

doigts, jaillissent des rayons qui entrent dans mes
yeux, me percent le cerveau et qui sont encore des
choses de l’ordre de la connaissance et de
l’Univers.

Quand c’est fini, je me retrouve seule dans ce
cinéma. J’en sors par une porte latérale et me voilà
à nouveau dans la ville et devant une autre
fontaine. Je me penche sur la fontaine et je vois
mon visage. Et mon visage, c’est un visage
extrêmement pâle avec des cheveux noirs assez
longs. Un visage agréable, ovoïde, menton pointu
[la physionomie du sujet est différente de ce
portrait].

À ce moment-là, j’ai pris conscience que mon
corps d’ici tremblait. Et instantanément, tout ce
paysage s’est brouillé comme si tout cela était de
l’eau qui s’agite. Tout a complètement disparu
comme si ce n’avait été qu’un reflet dans l’eau. Et
je me suis retrouvée dans un autre endroit, dans
une vallée entourée de montagnes du genre
Vosges. J’étais au bord d’un lac et penchée sur ce
lac. Et alors, j’ai continué à regarder mon visage
dans l’eau, j’étais toujours très pâle et j’avais ces

27

cheveux noirs. J’ai relevé la tête et observé les
alentours, puis j’ai de nouveau regardé dans l’eau.
Cette fois-ci, c’était le même visage, mais un peu
plus “tête de mort”. Je regarde de nouveau le
paysage autour de moi et je me repenche de
nouveau. Et à ce moment-là, je n’ai plus vu que la
couronne de cheveux. Le visage avait disparu,
c’était le vide sous la couronne de cheveux. Ensuite,
ça s’est arrêté et j’ai vu une dernière image qui
s’est superposée, qui était juste comme une
gigantesque aile de libellule avec des nervures. [...]

Ensuite je suis revenue ici. C’était très
impressionnant. Pendant tout ceci, une toute petite
partie de moi savait que mon corps était ici et une
grande partie de moi vivait l’expérience dans un
autre corps. » (Erica 23/02/97)

Une double perception
Ce récit montre donc bien la force et la relative

cohérence de la transe lorsque la personne est plus
expérimentée, lorsqu’elle a une certaine habitude
de cet état de conscience particulier et la capacité
de « lâcher-prise ».

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C’est de toute évidence le cas pour John Lilly, le
créateur et spécialiste du caisson d’isolation
sensorielle (CIS), un des explorateurs de ces
contrées peu connues de la psyché humaine, qui
nous apporte l’immense étendue de son expérience
de plus de trente ans dans ce domaine :

En 1954, John Lilly est directeur de
recherches en neurophysiologie au National
Institute of Mental Health dans le Maryland
et il commence à expérimenter l’isolation
sensorielle sur lui-même en caisson. Il y
obtient des ENOCs tels que OBE, transes,
contacts avec des intelligences supérieures,
des Êtres de l’Invisible

« Après quelques séances de dix heures [de
caisson], je me suis rendu compte de phénomènes
qui avaient été rapportés dans la littérature. Je suis
passé par des états semblables au rêve, par des
états de transe, par des états mystiques. Dans tous
ces états, j’étais en bonne condition, centré et
présent... je n’ai jamais perdu conscience du fait de
l’expérience. Une partie de moi-même savait

29

toujours que j’étais dans un caisson, dans le noir et
le silence, et que je flottais tranquillement dans
l’eau. » (J. Lilly, Das Zentrum des Zyklons, Fischer
Verlag, 1976, page 51).

Lilly également énonce ainsi clairement cette
double perception de soi que l’on rencontre dans la
transe et dans d’autres ENOCs, comme le rêve
lucide ou l’OBE.

Qu’est donc ce CIS qui permet ce genre de
perceptions ? C’est un espace conçu de
manière à ce qu’il n’y ait ni bruit, ni clarté, ni
odeur, ni goût. Ni même, autant que possible
toucher, et cela dans la mesure où on peut y
flotter sur de l’eau maintenue à la
température de 34° centigrades. On y installe
aussi une protection contre les vibrations et
les champs électriques et magnétiques. C’est
donc un lieu totalement isolé du monde
extérieur, dans lequel rien ne peut pénétrer.

30

Traverser la « frontière »
Des nombreux comptes rendus d’expérimentation

d’ENOCs — qu’ils soient dus à la transe ou à
d’autres états non ordinaires de conscience comme
l’OBE, les « voyages » en CIS et d’autres encore... —
se dégage le fait que le sujet, à un moment donné,
sait qu’il est encore ici, dans notre espace-temps
habituel, mais est également « ailleurs ». Cet
ailleurs recouvre la sensation de ne plus être dans
son corps charnel, de ne plus percevoir le monde
matériel habituel, et de se sentir hors de son corps
physique, dans un autre corps qu’on appelle, dans
la littérature des occultistes, corps subtil, corps de
lumière ou corps astral... Cette sensation d’être
hors de son corps est très réaliste et ceux qui la
vivent sont persuadés d’être dans un
environnement qui leur semble réel.

Certains chercheurs comme Suzan Blackmore
pensent que cette expérience de sortie hors du
corps est une sorte de vision où l’activité consciente
est faible — la faculté d’analyse logique y étant
cependant fonctionnelle —, l’imagerie mentale vive
et les sensations corporelles très faibles ou

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absentes. Pour Suzan Blackmore, le sujet dans cet
état serait leurré par une activité intéroceptive
(Intéroceptive : activité sensorielle provenant de
l’intérieur du corps — une stimulation du système
nerveux par exemple. Extéroceptive : activité
sensorielle provenant de l’extérieur du corps, par
les cinq sens.) du système nerveux — les stimuli
provenant du corps physique étant absents et les
sensations extéroceptives coupées — et la
sensation de sortie hors du corps serait donc une
sorte d’hallucination. Stephen Laberge, spécialiste
du rêve lucide, pense que les personnes se disant
en OBE sont dans un état de rêve pré-lucide, c'est-à-
dire qu’ils ne sont pas vraiment conscients qu’ils
rêvent. Pour Laberge, donc, la sortie hors du corps
est une sous catégorie du rêve lucide ou, tout du
moins, une étape vers le véritable rêve lucide.

Cette question est en effet épineuse et l’on
comprend que les spécialistes ne soient pas
d’accord entre eux concernant la réalité de cette
expérience OBE. En effet, doit-on faire confiance à
ses perceptions, ou doit-on rejeter cette sensation
d’être en dehors de son corps comme étant un
leurre psychique ? Des chercheurs et des

32

expérimentateurs comme Robert Monroe et John
Lilly par exemple, tranchent nettement en direction
de la réalité du phénomène : ils sont sûrs d’être en
dehors de leur corps et dans un autre
environnement pendant leur ENOC. Et il en est de
même pour les chamans qui pratiquent le voyage
chamanique.

Lorsqu’on induit un ENOC de sortie hors du corps,
une transe ecsomatique, on commence par se
relaxer puis on « coupe » les sensations qui viennent
du corps physique et des cinq sens afin de se
rendre réceptif aux stimuli intéroceptifs. C’est une
plongée à l’intérieur de soi. Et, à un moment donné,
tout à coup, on se sent « dehors », on ne se sent
plus dans son corps physique, on a la sensation
d’être dans un autre lieu, dans un environnement
qu’il est possible d’explorer. Ainsi, certains
« voyageurs » ont décrit de véritables « géographies
de l’Invisible ». La question ici, n’est pas de se
demander si cela est le fruit de leur imagination
très fertile où si cela correspond à quelque chose
de réel. Je voudrais simplement mettre l’accent sur
cette transition, cette frontière, qui délimite d’un
côté la sensation d’être dans son corps physique, et

33

de l’autre côté, la certitude de ne plus y être. Passer
du dedans au dehors.

Ainsi, tout se passe comme si, à un moment
donné, lors d’une transe par exemple, on a la
certitude de ne plus participer à une expérience
uniquement psychique, mais plutôt à un voyage
hors de notre enveloppe corporelle, dans un autre
« corps », comme si l’on avait passé une « porte ».

E.J. Gold, un ami de Lilly, lors d’un exposé destiné
à de futurs utilisateurs du CIS, désigne clairement
celui-ci comme une porte dimensionnelle :

« Si vous pensez au caisson en tant qu’espace,
que vous entrez dans cet espace du caisson et que
vous explorez cet espace, vous êtes dans le caisson
et c’est un cul de sac. C’est comme, d’ouvrir une
porte et de rester sur le seuil, vous allez rester
coincé dans l’espace du caisson. [...] Le caisson est
essentiellement un passage. N’y restez pas. [...]
Vous pouvez considérer le caisson comme un point
d’entrée et de sortie dans et hors de l’univers
matériel. Vous pouvez le considérer comme un
point d’entrée et de sortie dans votre moi profond,
vos états de conscience intérieurs. » (J. Lilly & E.J.

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Gold, Tanks for the Memories, Gateways IDHHB,
Inc. Publishers, 1995, pages 98-100.)

Lilly considère que ces espaces qu’il visite sont de
double nature : ils sont à la fois intérieurs et
extérieurs à l’être. Il en déduit ainsi la possibilité
que notre conscience n’est pas forcément liée à
notre cerveau, à notre corps physique et qu’elle
peut le quitter et voyager dans d’autres réalités :

« Mon programme est que je ne suis pas
dépendant de cette sphère particulière [le monde
matériel] [...], bien que, quand je parle à quelqu’un
j’utilise le système de croyance de ce monde-ci. [...]
Ce qu’il faut, c’est avoir l’esprit libre, de manière à
pouvoir vivre différents scénarios et tester
différentes idées. C’est ainsi que j’utilise le
caisson. » (J. Lilly & E.J. Gold, Tanks for the
Memories, page 47.)

Pour Lilly, en effet, le CIS n’est pas seulement un
outil d’exploration mais aussi une sorte de
simulateur de réalités « virtuelles » ayant pour objet
l’entraînement à de nouveaux comportements et
l’acquisition de nouvelles capacités mentales.

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La terminologie de Lilly est dérivée de
l’informatique ; il considère en effet le
système humain corps/esprit comme un
ensemble de programmes et de
métaprogrammes qui lui permettent de
fonctionner (comme l’est un système
d’exploitation pour un ordinateur). La plupart
de ceux-ci sont inconscients, sont vitaux pour
notre survie et s’étagent du niveau de la
cellule, en passant par les différents organes
jusqu’aux nombreux éléments de notre
comportement et de ce qui fait notre identité.
La pratique du CIS a permis à Lilly de mettre
en évidence, pour lui-même d’abord et plus
généralement pour les autres ensuite, ces
programmes et métaprogrammes et lui a
aussi montré qu’il était possible d’influer sur
ces mêmes programmes, de les modifier, d’en
supprimer, d’en rajouter... Grâce aux ENOCs
vécus dans le CIS, il lui a été possible de
comprendre cela et de mettre en pratique
une reprogrammation : cela lui a permis de
transcender ses problèmes psychologiques et
relationnels et, finalement, de se considérer

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comme n’étant plus identifié à son corps,
mais simplement le conducteur d’un
« véhicule », le corps humain en l’occurrence.
Certains ont pu y voir une forme de psychose,
de schizophrénie. Pourtant Lilly est en
harmonie avec lui-même, a résolu ses conflits
intérieurs, dépassé ses phobies et s’est
finalement tourné vers les autres. Durant
toutes ces années de recherches, Lilly a
toujours mené son activité avec l’attitude du
scientifique, il a longuement expérimenté et
vérifié ses hypothèses. Il reste certainement
un des pionniers de la recherche dans le
domaine des états non ordinaires de
conscience et son modèle du bio-ordinateur a
le mérite d’être suffisamment clair et explicite
pour être facilement compris et assimilé.

En résumé, les éléments énumérés ci-dessous me
semblent importants afin de permettre à toute
personne expérimentant des ENOCs une bonne
estimation de son vécu et de la qualité de son
expérience :

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1) la conscience de soi est un facteur important
d’un ENOC réussi et cette conscience de soi peut
amener à ressentir une transformation à l’intérieur
de soi : la sensation d’être dans un corps de transe
et de se ressentir dans un autre environnement que
le monde physique habituel ;

2) cette conscience de soi peut être fluctuante et
des carences dans la faculté d’analyse du sujet
amènent des distorsions dans le déroulement de la
pensée cognitive pendant la transe ;

3) le sujet peut accepter des idées que son
intellect rejetterait en temps normal ;

4) le sujet est conscient d’être « ici » et « là-bas »
en même temps.

Pour terminer cet exposé, je citerai la phrase-clé
de l’enseignement de Robert Monroe, un des
grands explorateurs de la psyché humaine de notre
XXème siècle et qui, de ce fait, savait de quoi il
parlait :

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« Nous sommes bien plus que notre corps
physique »...

Copyright Neo Cortex Michel Nachez 2019
ISBN 978-2-918535-76-8

Image de couverture : Stefan Keller de Pixabay
www.neo-cortex.net

https://www.cd-de-relaxation.com/
Podcast : https://djpod.com/michelnachez

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