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Voici la transcription de mes notes de laboratoire. Dans les pages qui suivent vous allez trouver plusieurs projets d’élixirs spagyriques.

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Published by Michel Nachez, 2021-03-24 10:50:21

Alchimie et Modernité - Notes de Laboratoire

Voici la transcription de mes notes de laboratoire. Dans les pages qui suivent vous allez trouver plusieurs projets d’élixirs spagyriques.

Keywords: spagyrie,alchimie,iatrochimie,michel nachez,pierre philosophale,pierre végétale,philosophe de la nature,Alenxandre van Bernus

INTRODUCTION

Il y a de cela une trentaine d’années, je me suis
initié à l’Alchimie et à la Spagyrie. J’ai avalé de nombreux
ouvrages, suivi des cours et des séminaires pratiques,
rencontré de nombreuses personnes.

Et puis, un jour, il a été question de se lancer dans
la pratique et de monter un petit laboratoire.

Pour cela il fallait du matériel. À cette époque, je
parcourais de nombreux marchés aux puces, cherchant
un peu de tout. Aussi c’est vers cette ressource que je
me suis tourné pour acquérir de la verrerie de
laboratoire.

Et ce fut une quête fructueuse. J’y ai trouvé la
majorité de mes ballons et autres appareils de
distillation. Mais aussi des chauffe-ballons et divers
accessoires.

Pour le reste, je me suis fourni chez les
fournisseurs de matériel de laboratoire et j’ai aussi
trouvé tout près de chez moi un artisan verrier spécialisé
dans la réparation des verreries de laboratoire. Quand je
me suis présenté dans son atelier pour la première fois
avec mes verreries brisées, cet homme d’un certain âge
m’a regardé d’un drôle d’air car je ne faisais pas partie
de la clientèle habituelle. Il a vite compris que je faisais
des choses originales et il m’a pris à la bonne. Je ne

faisais donc pas appel à lui seulement pour réparer la
casse, mais également pour modifier certaines verreries
pour les adapter à mon installation.

Dès que l’on passe à la pratique, il faut être
bricoleur et inventif.

J’ai installé mon mini labo dans ma salle de bain. Il
y avait un système de distillation sous vide, un système
d’extraction sous vide et un dispositif de circulation sous
vide aussi.

J’avais acheté un réchaud électrique sur lequel
j’avais une grosse marmite remplie de sable pour
chauffer les gros ballons. Pour les petits, j’avais des
chauffe-ballons de différentes tailles trouvés dans les
marchés aux puces.

Pour faire le vide, j’avais acheté un manomètre et
la pompe à vide venait d’un marché aux puces
également. Les tuyaux venaient de l’artisan verrier. Je
me procurais les accessoires chez les fournisseurs
professionnels de matériels de laboratoires : clips,
accessoires d’étanchéité (téflon, bouchons et autres
produits), filtres pour soxhlets…

Pour finir j’avais besoin d’un four pour la
calcination capable de chauffer à 1000 degrés. C’est
finalement un four à émaux que j’ai acheté neuf. Et j’ai
aussi récupéré un frigo hors d’usage pour faire circuler
les élixirs à température stable.

Le reste : des bocaux à confitures, des accessoires
en porcelaine (pilon, raviers à flancs -> pour la
calcination), un gros pilon en pierre trouvé dans une
épicerie asiatique et une batterie de casseroles en pyrex.

Pour les produits nécessaires : la pharmacie.

Il n’y avait pas encore vraiment d’Internet à
l’époque, alors les conseils devaient être trouvés dans
les documents publiés, chez les contacts et
connaissances. Et j’avais aussi la chance d’avoir une
amie qui était chercheuse au CNRS et qui avait des
connaissances pratiques de manipulations en
laboratoire.

Dans les pages qui suivent, je présente mes notes
de laboratoire que j’avais écrites dans un cahier.

C’est quelque chose de nécessaire parce que les
manipulations sont longues et complexes. Je voulais
garder trace de tout cela et j’ai bien fait.

Quand je regarde mes notes aujourd’hui, je me
rends compte à quel point c’était long et compliqué. Et
je n’ai pas tout noté ! Mais le principal y est.

Il fallait aussi au début de chaque travail en établir
le thème astral. Les positions des planètes sont
importantes dans tout travail alchimique ou spagyrique.

Je disposais d’un logiciel d’astrologie qui me
permettait d’effectuer ces calculs.

Ce logiciel a été adapté d’une revue informatique
qui avait publié le code en langage basic standard. Je l’ai
adapté pour mon ordinateur Amstrad PC 512 avec l’aide
d’un ami. Je disposai donc de mon propre logiciel
d’astrologie qui calculait les thèmes astrologiques, mais
aussi les révolutions solaires et les positions des
planètes. J’avais aussi des tables d’éphémérides.

Par la suite, lorsque je suis passé au PC compatible
IBM (l’ancêtre de nos PC Windows d’aujourd’hui), je n’ai
pas eu le courage de réadapter le code pour le langage
basic du PC. Mais à partir de ce moment-là
commençaient à apparaitre des logiciels astrologiques
sur le marché. Aujourd’hui, il y en a de très bons et de
toutes sortes : gratuits et payants.

Dans les pages qui suivent vous allez trouver
plusieurs projets d’élixirs spagyriques.

Une lotion pour les cheveux (une demande de
mon épouse). Ce fut aussi le galop d’essai. Pour celui-là,
il n’y a pas de détails mais seulement des tables de
positions planétaires.

Un élixir à base de lavande, d’ortie et de prêle des
champs.

Un élixir à base d’ortie.

Il y a aussi un élixir aphrodisiaque à base de
gentiane, de berce, de menthe et de roquette.

Et puis un à base de kola. Il y a la référence
suivante : préparation d’après M. Junius, chapitre 7, §A,
pages 144-145 – préparation spagygique par macération
froide.

Et finalement, un élixir d’amanite tue-mouche.

Il convient ici d’expliquer le pourquoi de cela. À
cette époque, je poursuivais des études d’Ethnologie à
l’Université de Strasbourg et un de mes professeurs,
spécialiste des Amérindiens d’Amérique du Nord avait
une passion pour l’amanite tue-mouche. Il en faisait
collection. Mais il racontait aussi dans ses cours les
rituels des Amérindiens Ojibway du Canada qui
utilisaient de l’amanite tue-mouche pour entrer en
transe.

Il se trouve que ce champignon se trouve
facilement dans nos contrées. Il est classé toxique et
impropre à la consommation. Mais il est beau et on le
trouve un peu comme décoration de Noël ou avec des
nains. C’est celui qui a un chapeau rouge à points blancs.
Celui qui est mortel, c’est l’amanite phalloïde : chapeau
jaune à points blancs.

L’amanite tue-mouche est censée être
hallucinogène. Je savais que la substance active se
trouve dans le chapeau.

J’ai donc décidé d’en faire un élixir pour éliminer
les effets indésirables (maux de ventre, nausées) en
extrayant la substance active par le procédé d’extraction
spagyrique.

Première étape : aller cueillir des amanites tue-
mouche. J’en ai ramené plusieurs kilos. Je les ai d’abord
mises à sécher sur les radiateurs. Ensuite, une fois
sèches, j’ai récupéré les chapeaux et j’ai fini la
dessication au four. J’ai séparé pieds et chapeaux sans
les cuticules qui ont été traitées à part. Pour le reste de
la procédure voir dans la partie idoine.

Je me suis arrêté là. J’ai dû démonter mon
laboratoire. Je voulais le transférer à la cuisine, mais
j’avais des chats et j’ai donc temporisé.

Puis le temps a passé, la vie a pris un autre court
et je ne me suis pas remonté de laboratoire.

Mais de toutes manières, pratiquer la spagyrie
dans un appartement en ville n’est pas très pratique.

Il faut être à la campagne pour avoir plus d’espace
et se créer un laboratoire fixe. Cela demande de
l’organisation.

Ceci dit, mes expériences de salle-de-bain ont tout
de même été concluantes. Je me suis rendu compte que
c’était possible et que si on aimait bricoler et cuisiner…
eh bien la spagyrie était une belle occupation…

NOTES de LABORATOIRE

L’installation. Dans les pages qui suivent, vous
allez trouver des schémas de mon installation. Rien de
bien compliqué.









Élixir : Lavande officinale - Ortie – Prêle





Élixir :
Lavande officinale – Ortie – Prêle des champs

7ème distillation : 09-12-1990

8ème et 9ème : 10-12-1990 Avec colonne
10ème, 11ème , 12ème : 14-12-1990 de vigreux
13ème, 14ème, 15ème : 15-12-1990

16ème, 18ème : 16-12-1990

18ème : 20-12-1990  (distillation philosophique) –

sans colonne de vigreux

(95° : pesée 09-01-1991)

19ème rectification sous vide : 10-03-1991

Pesée : 95° à 20°C le 11-03-1991

20ème rectification sous vide : 12-03-1991

Pesée : 94° à 20°C le 12-03-1991

21ème rectification sous vide : 12-03-1991

Pesée : 94,5° à 20°C le 13-03-1991

 pertes dans le réservoir à vide  décoloration en
jaune clair de l’alcool après arrêt de la distillation

Extraction sous vide : 15 et 16 mars 1991 (20gr. de plantes)

Distillation du vin : 15-03-1991 (4 bouteilles)
1ère et 2ème rectification : 16-03-1991
3ème rectification : 16-03-1991 (avec sphère à distiller)
4ème rectification : 02-04-1991 (avec sphère à distiller)
5ème rectification : 02-04-1991 (avec sphère à distiller)
6ème rectification : 03-04-1991 (id. + sans colonne de vigreux)
7ème rectification : 04-04-1991 (id. + sans colonne de vigreux)

Pesée 04-04-1991 : 94,5° à 20°C

Extraction sous vide : 07-04-1191 à l’heure planétaire de
Mercure (10h12) : 20 gr. de plantes

Début de calcination : 07-04-1991

- 08-04-1991 : calcination au four à émaux de 200 gr. de
plantes – thermostat 6
o Distillation sous vide du menstrum

- 09-04-1991 : calcination au four à émaux (suite) –
thermostat 7-6

- 10 et 11-04-1991 : calcination au four à émaux (suite
et fin) – thermostat 7-6

- 12-04-1991 : extraction du sel de la plante au Soxhlet.
Les sels de la calcination des 200 gr de plantes
remplissent une cartouche au 4/5ème
o 1ère étape de la calcination du miel (voir plus bas
dans partie souffre fixe).

- 13-04-1991 : calcination au four à émaux du miel –
thermostat 7. Résultat : vitrification des sels.
o Cristallisation du sel du souffre

- 14-04-1991 : cristallisation du sel du souffre (suite et
fin) = cristaux

- 17-04-1991 : cohobation : sel + menstrum
o  circulation puis filtrage des sels
o  séchage des sels puis calcination des sels
(07-05-1991)  cristallisation et broyage

- 08-05-1991 : 2ème cohobation

-oOo-



Dans ces expérimentations, je me suis référé au manuel
de Manfred M. Junius : Praktisches Handbuch der Pflanzen-
Alchemie – wie man heilkräftige Essenzen, Tinkturen und
Elixiere selbst zubereitet, (Manuel pratique d‘Alchimie des
plantes – comment on prépare soi-même des essences de
soins, des teintures et des élixirs), Ansata-Verlag, Interlaken,
Suisse, 1982.

Dans la suite des pages, j’y ferais référence. J’ai annoté
mes notes des pages de ce manuel desquelles je me suis
inspiré et qui ont guidé mes travaux. Vous les trouverez sous
la forme : Junius p.xxx

Le manuel est en allemand et certainement épuisé en
plus. Dans les pages qui suivent, vous trouverez mon
dispositif.

Souffre Fixe

Procédure (Junius : 94) : « Pour obtenir le soufre fixe, nous
devons évaporer la soupe végétale qui reste après la
distillation. On obtient ainsi une masse visqueuse qui, selon
le degré d'évaporation, ressemble à du miel ou de la poix.
Dans la suite du texte, nous l'appellerons le miel. Ce miel est
la souffre végétal fixe.

Il n’est utilisé que rarement sous cette forme. Il est appelé
sel du souffre. Les sels de souffre sont obtenus par la mise
en poudre (c’est pour cela que j’ai utilisé des casseroles en
pyrex pour réduire les plantes en poudre sur le gaz) puis par
la calcination du miel. »

Junius décrit en détail tout le processus de la calcination.

Retranscription des notes :

• Distillation de la teinture  miel (Pflanzensuppe) =
souffre fixe = sel du souffre.

• Calcination du sel du souffre (400 à 500° - four à
émaux)

• Séparation du sel de souffre soluble ou non-soluble
a. Extraction au Soxhlet
b.  sel blanc + Caput Mortem

Junius p. 152

 Essence + sels = solution
 Filtrage
Circulation

Junius p. 164

Élixir Ortie – Foie

Élixir Aphrodisiaque

Cet élixir a été élaboré à partir de gentiane, de roquette,
de berce et de menthe. J’ai distillé 8 bouteilles de vin
rouge (du vin de table est largement suffisant). Il y a eu
ensuite 7 rectifications pour arriver à un taux d’alcool de
93° pour une restante quantité de 210 ml.

J’ai ensuite procédé à l’extraction sous vide pour une part
de 25% de chaque plante.

J’ai commencé an mai 1991 et j’ai terminé en octobre
1991.

Je n’ai pas procédé à la calcination.

Élixir Noix de Kola

04-07-1992
J’ai procédé à la technique de M. Junius décrite dans le

chapitre 7, pp 145-146 : La teinture spagyrique par
macération froide.

350 gr de noix de Kola blanches et rouges ont été broyées
au pilon et au mortier.

Préparation d’un bocal de 1litre 50 pouvant être mise sous
vide (j’ai prix un bocal à confitures et j’ai percé 2 trous
dans le couvercle avec une perceuse et une mèche
spéciale pour le verre. J’ai ainsi pu adapter des tuyaux
étanchéifiés).

Ajout de 750 cc d’alcool rectifié 5 fois à un taux d’alcool
d’env. 85°. Fermeture du bocal.

Mise sous vide à 0,8 (bar) à 16h30. Attente.17h10 = ok.

Mise en couveuse à 42° C. le 04-07-1992 à 17h12.

Sortie de la couveuse le 16-07-1992 à 16h20.
Mélange à 50% d’eau de Celtic.

Je ne me souviens plus des effets…



Élixir Amanite tue-mouche

1. Distillation de vin rouge 23-10-1991
a. Ballon de 3 lites au bain marie ne fonctionne
pas : bain d’eau pas suffisant  température trop
basse

2. Distillation au ballon d’un litre (sans colonne de vigreux)

Redistillation des 3 bouteilles du 23-10-1991 dans le système ci-
dessus.

Puis 4ème bouteille le 01-11-1991
Puis 5ème bouteille le 02-11-1991
Puis 6ème bouteille le 02-11-1991

Rectifications avec colonne de vigreux :

1. 03-11-1991  pesée : 91°
2. 03-11-1991
3. 04-11-1991
4. 06-11-1991
5. 06-11-1991
6. 06-11-1991
7. 06-11-1991

11-11-1991 – Extractions
• 80 gr. de poudre de peau de chapeaux d’amanite tue-
mouche séchée
• Extraction sous vide avec :
a. Phase 1 : 200 cc d’eau de celtic (3 passages) [690
mm/hg]= graduation du manomètre pour vide
b. Phase 2 :150 cc d’alcool à 91° (5passages) [700
mm/hg]
• Menstrum = reste 242 cc après extraction

13-11-1991 – Préparation calcination
• 35 gr. de champignons séchés (pieds + chapeau sans
cuticule) + 30 gr. de fécès.

16-11-1991 – Calcination : obtenu cendres gris foncé
(thermostat 6)

17-11-1991 – Calcination (suite)

• Obtenu : croute bleu-vert (thermostat 7-8)
• Ajout d’eau distillée
• Grattage puis mis sur le radiateur. Obtention d’un

miel jaunâtre, visqueux
• Le reste (dans le creuset) = ajout d’alcool pur à 90° –

évaporation : obtention d’une poudre blanche
• Pas de cristallisation
• Récupération du miel et de la poudre, ajouté à la

teinture + env. 75cc d’alcool. Puis :
19-11-1991 – Deuxième extraction avec cartouche à 20 gr. de

poudre de cuticule sous vide (695 mm/hg). Fin extraction
le 20-11-1991.

Remarque : l’amanite est très difficile à extraire.
Extraction très longue : au moins 5 heures le 19-11-1991, près

de 11 heures le 20-11-1991.
L’extraction produit du gaz – le manomètre est descendu à
640 mm/hg
Attention : une partie du liquide d’extraction est passé dans le
premier réservoir à vide. À surveiller.

*Mise du Menstrum en couveuse à 41° (c’est dans le frigo
transformé en couveuse).

20-11-1991 – Début de la Calcination

• Récupération des fécès – couleur gris-brunâtre. L’odeur a
changé entre le 1er Menstrum et le second. Le produit est
plus sombre et plus sirupeux. Moins « écœurant ».

• Mélange des fécès avec 160 gr. de champignons séchés et
pilés. Ces 160 gr. se composent de pieds et chapeaux sans
cuticule, à peu près à parts égales.

• Ajout d’un peu d’alcool.
• Première étape : brûler l’alcool – Début de calcination.

09-12-1991 – calcination – suite

• Calcination au gaz (sur la gazinière) – pilage  cendres
gris-noir

10 à 14-12-1991 – Idem

15-12-1991 – calcination au four à émaux, thermostat 6 (4h)

19-12-1991 – Idem 4h

20-12-1991 – idem 6h (gris clair)

20-12-1991 – idem 6h

21-12-1991 – calcination suite 5h (cendres gris clair) – Pleine
Lune

05-01-1992 – calcination suite 7h (cendres presque blanches)

06-01-1992 – calcination suite 5h (cendres presque blanches)

08-01-1992 – calcination suite 5h30 (cendres presque blanches)

10-01-1992 – calcination suite 7h (cendres presque blanches)

12 et 13-01-1992 – calcination suite 22h (cendres blanc-rose)

Pesée le 04-02-1992 : reste env. 7 gr.

04-02-1992

• 7 gr. de poudre + 3 fois son volume en eau distillée, le tout
placé dans la couveuse à 19h.

05-02-1991

• 16h : filtrage du produit placé en couveuse
• 16h30 : le résidu est remis en couveuse avec de l’eau

distillée.

07-02-1992 : même opération que 05-02-1992

08-02-1992 : même opération que 07-02-1992

09-02-1992 : filtrage. Évaporation au gaz léger (gazinière) de la
solution (250 cc. env.). Le Caput Mortem est mis à sécher sur
le radiateur.

12-02-1992 : Les sels cristallisés sont passés au pilon. Ils sont
jaunâtres et graisseux. Je les laisse encore une journée sur le
radiateur. Le Caput Mortem est mis de côté, dans un flacon.

14-02-1992 : Les cristaux sont pilés = poudre blanc-jaune clair
(10 gr.). Imbibition et mise en couveuse.

16-02-1992 : Cohobation 1 (sel) pour 13 (Menstrum)

• 13 x 10 ml = 130 ml + 10 ml de sel = 140 ml
• Le tout mis en couveuse pour 7 jours
• Le reste du Menstrum est aussi remis en couveuse (sans

les sels).

Fin de la préparation de l’élixir amanite tue-mouche.

Il a été ensuite question de le tester. Je ne me souviens plus de
la dose ingérée. Mais les effets ont été un court moment
d’hilarité d’une demi-heure environ. Des nausées. Puis un
sommeil lourd. C’est tout.

Gordon R.Wasson est devenu le père de l'ethnomycologie. En
1953, il est le premier occidental à être initié à Teonanacatl,
le champignon sacré, par la guérisseuse mazatèque.
Indépendant de toute institution, ses recherches sur le rôle
historique et culturel des champignons psychédéliques au
Mexique et dans l’Ancien Monde lui ont valu une réputation
académique internationale. En 1979, il proposa la notion
d’enthéogène pour parler des plantes sacramentales qui,
selon lui, ont favorisé l’émergence du sentiment religieux
chez l’homme. Il montre aussi que l’amanita muscaria
pourrait être une composante du Soma de l’Inde, évoqué
dans les textes sacrés. Il meurt le 23 décembre 1986.
(source :

https://www.liberterre.fr/entheogenes/psychonautes/wass
on/wassonchampignon1.html)

C’est Éric Navet qui me parle des travaux de Gordon Wasson sur
l’amanite tue-mouche que les Ojibway du Canada utilisaient
dans leurs rituels. E. Navet travaillait sur les Ojibway. Il a écrit
un article en 1988 : Les Ojibway et l'Amanite tue-mouche
(Amanita muscaria). Pour une ethnomycologie des Indiens
d'Amérique du Nord. Journal de la société des américanistes
Année 1988. 74 pp. 163-180.

C’est ce qui m’a donné envie de créer un élixir avec l’amanite
tue-mouche pour en tester les effets. Malheureusement
l’expérimentation a été décevante. L’élixir, bien qu’étant
psychoactif, n’a pas montré d’effet intéressant. D’après mes
lectures de l’époque, les amanites tue-mouche canadiennes
étaient bien plus puissantes dans leurs effets hallucinogènes.
Mon expérience a donc pu mettre en évidence que l’amanite
tue-mouche des Vosges francophones a des effets
psychoactifs faibles. En créant un élixir, je voulais éliminer les
effets négatifs de l’amanite : les maux de ventres. Dans les
faits, cela semble ne pas avoir marché. Du point de vue
spagyrique, l’expérimentation a été très riche : j’ai beaucoup
appris.

Après cela, j’ai décidé de distiller une grande quantité d’alcool
pour avoir de quoi fabriquer des élixirs.









Distillation - Rectification

Du 25- au 28-02-1992 : 12 bouteilles de vin
01-03-1992 : rectification n°1 de ce qui précède. J’ai rempli le

ballon de 3 litres. Début 13h50 (début ébullition à 14h45). Fin
à 17h15. + distillation de 3 bouteilles. Ok.
19-04-1992 : rectification n°1 de 2l50
20-04-1992 : rectification n°2 de 2l50
21-04-1992 : rectification n°3 de 2l
22-04-1992 : rectification n°2 de 1l
24-04-1992 : rectification n°4 de 1l
25-04-1992 : rectification n°4 de 1l
26-04-1992 : rectification n°4 de 1l
22-06-1992 : rectification n°5 de 2l50 – pesée : 90° d’alcool
20-09-1992 : rectification n°6 de 2l50 sous vide à 18°80
22-09-1992 : rectification n°7 de 2l50 sous vive à 18°90
25-04-1992 : rectification n°4 de 1l



-oOo-

Après cette dernière distillation, mes expériences spagyriques
s’arrêtent. Je démonte mon laboratoire. Les aléas de la vie
m’ont ensuite mené à étudier les phénomènes de transe et
les états de conscience non-ordinaires. Cela a débouché en
1999 sur ma thèse de doctorat en Ethnologie.

-oOo-

Pour terminer quelques photos de mes divers flacons et ballons
remplis d’élixirs. Les produits sont stables. Je viens de les
sortir de l’armoire pour les photographier. Ils y sont depuis
quasi 30 ans maintenant et sont intacts. Les élixirs sentent
toujours bon. L’élixir d’amanite tue-mouche a toujours cette
odeur un peu spéciale. Mais j’ai constaté que l’élixir était
toujours en circulation en observant les signes
caractéristiques des trainées du liquide qui coule sur la
surface intérieure du ballon.

Michel Nachez – Strasbourg – 30-11-2020

Élixirs











Conclusion

Voilà qui termine cette présentation de mes notes de
laboratoire de spagyrie. Ce fut une expérience enrichissante.
Je suis très loin d’en avoir fait le tour et d’en avoir compris
l’essence. C’est le travail d’une vie.

Néanmoins cette expérience m’a permis de
comprendre beaucoup de choses. Ces procédures sont le
fruit de siècles de travaux d’alchimistes et remontent, pour
la spagyrie, à Paracelse. Nous ne savons pas grand-chose des
origines de cette discipline. Nous savons qu’en
Mésopotamie on pratiquait déjà l’alchimie. Vous pouvez
vous en faire une idée en lisant le livre de Mircéa Éliade :
Cosmologie et Alchimie Babyloniennes. Une pratique aussi
ancienne ne peut que nous interroger sur la nature des
savoirs ancestraux. Les sumériens font état, dans leurs
tablettes en écriture cunéiforme, d’un savoir prédiluvien, à
une époque, donc, où nos ancêtres étaient des chasseurs-
cueilleurs préhistoriques.

Mais que savons-nous véritablement de la manière
dont nous vient la connaissance ? Aujourd’hui, nous
sommes encore bien incapables de comprendre comment
les peuples autochtones, sans laboratoire, ont réussi à créer
des substances extrêmement complexes. Ils disent eux-
mêmes que ce sont les plantes qui le leur ont dit. Il y a une
grande différence entre eux et nous : ils consomment des
substances hallucinogènes et ont accès à la transe qui ouvre
à l’Inconscient Collectif…

Licence Creative Common 2020

Éditions Neo Cortex – 7 place d’Austerlitz
F-67000 Strasbourg – France
ISBN : 978-2-918535-89-8

alchimie.nachez.fr
https://hutte-de-sudation.nachez.fr/

www.cd-de-relaxation.com

Podcast

https://djpod.com/michelnachez


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