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La Hutte de Sudation ou SWEAT LODGE est une cérémonie de caractère religieux, très répandue parmi les peuplades indiennes d’Amérique du Nord. Les sweat lodges - j’utiliserai, le terme anglais par souci de simplification - se retrouvent chez toutes les ethnies d'Amérique du Nord.
La problématique selon laquelle ces sweat lodges pourraient avoir une origine commune dirige ma recherche. De multiples questions annexes surgissent alors : l'origine des sweat lodges se base-t-elle sur le même mythe d'origine ? Existe-t-il un rite similaire en Asie ? Nos saunas occidentaux ne dériveraient-ils pas de ces pratiques ? Des liens entre les cultures amérindiennes du Nord et nos cultures occidentales peuvent-ils être mis en évidence ?

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Published by Michel Nachez, 2020-11-15 09:56:24

La Sweat Lodge des Indiens des Plaines - Michel Nachez

La Hutte de Sudation ou SWEAT LODGE est une cérémonie de caractère religieux, très répandue parmi les peuplades indiennes d’Amérique du Nord. Les sweat lodges - j’utiliserai, le terme anglais par souci de simplification - se retrouvent chez toutes les ethnies d'Amérique du Nord.
La problématique selon laquelle ces sweat lodges pourraient avoir une origine commune dirige ma recherche. De multiples questions annexes surgissent alors : l'origine des sweat lodges se base-t-elle sur le même mythe d'origine ? Existe-t-il un rite similaire en Asie ? Nos saunas occidentaux ne dériveraient-ils pas de ces pratiques ? Des liens entre les cultures amérindiennes du Nord et nos cultures occidentales peuvent-ils être mis en évidence ?

Keywords: chamanisme, esprits, supernaturals, hutte de sudation, sweat lodge, inipi, Archie Fire Lame Deer, rite de purification, amérindien, sioux, lakota, sioux lakota, Michel Nachez, ethnologie, anthropologie, Hehaka Sapa, Richard Erdoes, Les rites secrets des indiens sioux, indiens sioux, indiens d'Amérique du Nord

UNIVERSITE DES SCIENCES HUMAINES DE STRASBOURG
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES
INSTITUT DE SOCIOLOGIE

INTRODUCTION à la SWEAT LODGE
Chez les INDIENS DES PLAINES
D’AMERIQUE DU NORD

Michel NACHEZ

Année universitaire 1987-1988
1988

Mémoire préparé sous la direction de Eric NAVET

En vue de l'obtention du diplôme de D.E.U.G, Mention "Sciences Humaines
section B "Sociologie"

Éditions Neo Cortex – 7 place d’Austerlitz
F-67000 Strasbourg – France

Creative Commons – Strasbourg 1988-2020
ISBN : 978-2-918535-85-0

https://www.cd-de-relaxation.com/

https://neo-cortex.net/
http://www.nachez.info/

Podcast
https://djpod.com/michelnachez
Formations Chamanisme et ENOCs
https://michel-nachez-formations.thinkific.com

Cette œuvre est mise à disposition sous licence Attribution - Pas d’Utilisation
Commerciale - Pas de Modification

3.0 France. Pour voir une copie de cette licence, visitez
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/ ou écrivez à Creative

Commons, PO Box 1866, Mountain View, CA 94042, USA.

1

SOMMAIRE 2
3
SOMMAIRE 8
INTRODUCTION 9
MES SOURCES 10
MÉTHODOLOGIE 15
SWEAT LODGES : TYPOLOGIE 17
LES APACHES 21
LES BLACKFEET 26
LES CHEYENNES 32
LES SIOUX-LAKOTA 38
SYNTHÈSE 39
CONCLUSION 41
BIBLIOGRAPHIE
INDEX

2

AVANT-PROPOS

Le texte qui suit est mon premier mémoire
d’Ethnologie dans mon cursus à l’université.

À l’époque, il n’était pas facile de trouver des sources
bibliographiques en France sur les huttes de sudation.
Heureusement, je disposais déjà d’une abondante
bibliothèque personnelle avec des livres en français et en
anglais sur l’histoire des Indiens d’Amérique du Nord.

L’autre source d’information était Archie Fire Lame
Deer en personne qui me donnait de précieuses
informations sur les usages des huttes de sudation dans
son pays puisque, de par son statut de medicine-man, il
connaissait de nombreuses ethnies amérindiennes.

En relisant ce texte aujourd’hui, je me rends compte
qu’il date. En effet, depuis cette époque (1988), Internet
est à disposition et c’est un outil remarquable pour
trouver de bonnes sources et entrer en contact avec des
informateurs. Si j’avais disposé de cet outil à l’époque, ce
travail aurait été bien plus complet – en gardant à l’esprit
que nous parlons de rituels et que les amérindiens sont
peu loquaces.

Toujours est-il que ce texte est vraiment incomplet. Je
vous le livre en l’état. C’est en tous cas une introduction
qui permet de dégrossir le terrain.

Michel Nachez, 09-2020

3

INTRODUCTION

La Hutte de Sudation ou SWEAT LODGE est une
cérémonie de caractère religieux, très répandue parmi
les peuplades indiennes d’Amérique du Nord. Les sweat
lodges - j’utiliserai, le terme anglais par souci de
simplification - se retrouvent chez toutes les ethnies
d'Amérique du Nord.

La problématique selon laquelle ces sweat lodges
pourraient avoir une origine commune dirige ma
recherche. De multiples questions annexes surgissent
alors : l'origine des sweat lodges se base-t-elle sur le
même mythe d'origine ? Existe-t-il un rite similaire en
Asie ? Nos saunas occidentaux ne dériveraient-ils pas de
ces pratiques ? Des liens entre les cultures
amérindiennes du Nord et nos cultures occidentales
peuvent-ils être mis en évidence ?

C'est un sujet très complexe qui demande des
analyses très poussées : analyse historique ; analyse
linguistique ; analyse des liens existant entre les ethnies
d'Amérique du Nord ; étude de leur origine ; analyse
mythologique ; étude comparative des rituels de
purification et de guérison en Amérique du Nord ;
recherche de rites similaires en Asie et en Europe...

La réponse à ces questions demanderait de très longs
développements et fournirait matière à une recherche
très approfondie dont le présent travail ne représente
qu'une ébauche.

4

Une vie de recherches ne suffirait sûrement pas à
donner une réponse définitive à cette problématique.
Pourtant, il est possible d'en approcher quelques points,
et c'est ce que je me propose de faire dans ce travail. Il
s'agira, en fait, de jeter les préliminaires à une étude plus
approfondie qui peut avoir pour cadre un autre
mémoire, par exemple.

Le continent Nord-Américain est très vaste. Aussi, me
permettrais-je de circonscrire mon périmètre d'étude à
quelques ethnies connues sous le vocable d'Indiens des
Plaines. À l’exception des Apaches, toutefois. Voici donc
les ethnies retenues :

- Apaches (Chiricahua)
- Blackfeet (Siksikas)
- Cheyennes (Tsistsistas)
- Sioux (Lakota)

5

Ci-dessous, carte représentant l’implantation actuelle
des différentes réserves indiennes aux USA1. Entourées
de rouge, les ethnies qui nous intéressent :

Carte extraite de Les Indiens d'Amérique du
Nord, Claude FOHLEN, PUF, coll. Que sais-je ?,

Paris, 1985, page 25

6

Il s'agira essentiellement d'une étude comparative
entre les différents types de sweat lodges utilisées par
ces ethnies.

Je me dois ici d'attirer l'attention du lecteur sur
plusieurs points importants. Hormis le fait que les
hommes blancs n'ont pas accès facilement - ou pas du
tout, d'ailleurs - à la connaissance des rites amérindiens,
les quelques rares documents sur la sweat lodge que j'ai
pu consulter sont très parcellaires. Les amérindiens eux-
mêmes ne sont pas très diserts. Cela se comprend
aisément lorsque l'on sait les dégâts monstrueux que leur
ont infligé les colons d'origine européenne.

Je ne dispose donc d'aucun document précis et
suffisamment explicite sur le sujet au stade actuel de mes
recherches. À l'exception du matériel sur la sweat lodge
lakota.

À mon avis, très peu de travaux ont été entrepris sur
le rituel de purification. Le champ d’études est donc
vaste et pratiquement vierge, du moins en Europe.

7

MES SOURCES

* En ce qui concerne les Apaches, je tire mes maigres
renseignements de l'ouvrage suivant : AN APACHE LIFE—
WAY de Morris Edward OPLER, publié en 1941 par
l'université de Chicago.

* Pour les Blackfeet, mes renseignements
proviennent de l’ouvrage THE OLD NORTH TRAIL - Life,
Legends and Religion of the Blackfeet Indians de Walter
McCLINTOCK, publié en 1966 par l'université du
Nebraska.

* Pour les Cheyennes, mes sources sont de deux
types :

- bibliographique, d'abord, avec l'excellent ouvrage
DIE WÖLFE DES HIMMELS - Welterfahrung der Cheyenne
de Karl H. SCHLESIER, ethnologue et historien de l'art,
Professeur à l'Université de Wichita, Kansas, qui doit une
partie de ses connaissances à Edward RED HAT. Ouvrage
axé principalement sur les cérémonies cheyennes.

- photographique, ensuite, avec une prise de vue de
sweat lodges cheyennes, prises sur la BEAR BUTTE, dans
le Sud Dakota, et commentées par ARCHIE FIRE LAME
DEER, medicine-man sioux lakota.

- Et, enfin, en ce qui concerne la sweat lodge lakota,
mes connaissances puisent leur origine dans
l'enseignement d'ARCHIE FIRE LAME DEER, medicine-
man lakota et Chef des Miniconjous et des Brûlés, d'une

8

part. (Je me permets ici de le remercier tout
spécialement. Les données concernant la sweat lodge
lakota sont exposées suite à son accord). D'autre part,
divers documents puisés dans les ouvrages suivants :

• LES RITES SECRETS DES INDIENS SIOUX de HEHAKA
SAPA

• LES INDIENS DES PLAINES de Daniel DUBOIS et Yves
BERGER

• DE MÉMOIRE INDIENNE de TAHCA USHTE1

L’hypothèse de départ est donc : il y a une origine
commune aux sweat lodges amérindiennes malgré la
diversité de leur structure externe.

Il s'agit donc pour moi d'exposer ces différences
externes, et ce, dans quatre parties dévolues chacune à
une des ethnies citées plus haut. À celles-ci s'ajoutent
une première partie dévolue à la typologie des sweat
lodges en Amérique du Nord et une sixième partie à la
synthèse de mes observations.

9

MÉTHODOLOGIE

Étude bibliographique, photographique : sur des
documents portant sur les ethnies Apaches, Blackfeet et
Cheyennes. Et, surtout, participation personnelle au rite
de purification lakota qui me permet d'aborder ce sujet
de par mon expérience personnelle. Je possède du
matériel audio (enregistrements de conférences
d'ARCHIE FIRE LAME DEER, vidéo (film sur la sweat lodge
lakota, don d'ARCHIE FIRE LAME DEER), photographies et
diapositives (prises lors de stages concernant la sweat
lodge et montrant les différentes phases de sa
construction), et conversations personnelles avec
ARCHIE FIRE LAME DEER. Il y a donc, forcément,
déséquilibre entre mes données.

C'est ma rencontre personnelle avec le rite de
purification lakota qui a motivé une étude plus
approfondie de la sweat lodge. Au-delà du rite lui-même,
c'est toute la philosophie des indiens qui m’interpelle, et
notre relation, à nous les occidentaux, avec la Nature.

Après cette longue introduction et présentation du
sujet, j'invite à présent le lecteur à entrer dans le vif du
sujet en abordant la typologie des sweat lodges.

10

SWEAT LODGES : TYPOLOGIE

Il existe deux grands types de sweat lodges. Le
premier se situe géographiquement en Alaska et en
Californie. Il s’agit de sweat lodges à feu direct. Ce sont
des constructions à demi enfouies dans le sol, ceintes de
parois en rondins et recouvertes de terre. Ces
constructions ont généralement plusieurs fonctions :
sudation, bien sûr, mais aussi lieu de réunion pour les
hommes. Ce sont donc des constructions en "dur",
permanentes.

Le deuxième type est caractérisé par l'utilisation de
l'eau. Ce sont en général des constructions légères en
forme de dôme, édifiées à même le sol, dont la structure
est composée de branches ou de perches plantées en
cercle et reliées entre elles, recouvertes soit de peaux, de
couvertures ou d’écorces d'arbre. Le principe consiste à
faire chauffer des pierres dans un feu extérieur à la hutte,
puis à les amener à l’intérieur et à verser de l'eau dessus.
Il en résulte de la vapeur qui provoque la transpiration.
Ce deuxième type est répandu sur tout le continent
Nord-Américain et se retrouve même en Amérique
Centrale.

Un troisième type consiste en un mélange des deux
premiers.

Voici la carte de la répartition des sweat lodge en
Amérique :

11

Carte tirée de l'ouvrage de Harold E. DRIVER, Indians of North America,
USA, University Chicago Press, 1363, carte n°20.

12

En ce qui concerne l'origine de ce rite, il semble qu'il
y ait une polémique. D'après les informations contenues
dans l'ouvrage de H.E. DRIVER, un chercheur dénommé
LOPATIN proposerait le nord-ouest de l'Europe comme
origine. H.E. DRIVER rejette cette hypothèse et considère
l'Asie comme étant à la source de l'existence des sweat
lodges en Amérique. Il ne m'est pas possible d'apporter
plus d'informations à l'heure actuelle, ne connaissant pas
encore l'état des travaux sur la question. Les écrits
américains non traduits sont difficiles d'accès, surtout
pour un sujet aussi spécialisé que celui-ci.

La question est donc ouverte, et il serait intéressant
de savoir si LOPATIN fait référence aux Vikings qui ont
séjournés en Amérique - auquel cas l'hypothèse selon
laquelle ils auraient eux-mêmes ramené ce rite en
Europe n'est pas à rejeter de prime abord - mais on peut
très bien remonter plus loin dans le passé et attribuer
cette origine à la civilisation moustérienne d’Europe, plus
spécifiquement de France, qui a accosté aux Amériques
bien plus tôt en pratiquant le cabotage à bord
d’embarcation rudimentaires.

Il semble, par ailleurs, que les deux fonctions
principales des sweat lodges soient, la purification et la
guérison : "They were used most often for a purification
rite by those seeking supernatural power or by the sick
seeking relief from infirmities."1 (Elles - les sweat lodges -

------------------------------------
1 H.E. DRIVER, Indians of North America. Second Edition revised, pages 132 et
133.

13

étaient utilisées la plupart du temps pour le rite de
purification par ceux qui étaient à la recherche de
pouvoir supranaturel ou par le malade recherchant un
soulagement à ses problèmes de santé.)

Un passage du mythe d'origine de la sweat lodge
sioux-lakota nous confirme ceci : (INYAN HOKSI parle)
"Les pierres m'ont sauvé, et maintenant elles vous
sauvent aussi. Et de ce jour, ce petit abri sera sacré pour
nous tous. Il nous donnera la santé et nous purifiera."2

Chez les anciens Cheyennes (Tsistsistas) : « Les
anciens Tsistsistas utilisèrent la sweat lodge dans les buts
suivants :

1. Pour guérir les malades et ressusciter les morts
récemment décédés ;

2. pour amener un état de pureté physique et
spirituelle chez les participants avant
d'importantes cérémonies ou des campagnes de
guerre et les ramener ensuite à leur état originel,
et

3. pour appeler des esprits protecteurs avant et
après des chasses-médecine, étant bien entendu
que le renvoi des esprits des animaux tués était
compris dans la suite du rituel."3

"Bis heute hat sich die Schwitzhütte bei Teilen der
Tsistsistas als Institution für die Reinigung und Heilung
erhalten." (Jusqu'à aujourd'hui la sweat lodge a maintenu

------------------------------------ 14
2 TAHCA USHTE, De Mémoire Indienne, Paris, Payot, 1977, page 196.
3 Karl H. SCHLESIER, Die Wölfe des Himmels - Welterfahrung der Cheyenne,
Köln, Eugen Diederichs Verlag, 1985, page 95.

ses fonctions de purification et de guérison chez une
partie des Tsistsistas, telle une institution.)4

Et chez les Apaches : "Sweat-bathing is for health and
good fortune"5. Le bain de vapeur amène la santé et la
bonne fortune.

Ayant vu la répartition et la fonction des sweat lodges,
voici leur description parmi les différentes ethnies
choisies. D'abord les Apaches, puis les Blackfeet, puis les
Cheyennes et enfin les Lakota.

------------------------------------ 15
4 Ibid.
5 Morris E. OPLER, An Apache Life-Way, USA, Chicago, University of Chicago
Press, 1941, page 219.

LES APACHES

La majorité des Apaches-Chiricahua vit actuellement
dans la réserve de Mescalero au Nouveau-Mexique.
Certains vivent dans la ville nommée Apache en
Oklahoma.

La sweat lodge apache a une forme de dôme C'est
une sweat lodge à 10 perches, c'est à dire que les perches
qui s'enfoncent dans le sol et qui forment le squelette de
la construction sont au nombre de 10. Elle fait environ
1,40 mètre de haut et 2 mètres de diamètre. Les perches
sont en chêne. La couverture est en peaux. Et ces peaux
recouvrent toute la hutte. La porte s'ouvre à l'Est. À
l'intérieur, près de la porte se trouve le trou qui reçoit les
pierres chauffées. On peut la construire à n'importe quel
moment de l'année mais on le fait de préférence en été.

Un vieil homme, ayant le savoir, est responsable de la
construction de la sweat lodge. Il la construit et prie et
chante en la faisant. Il est aussi présent lors de la
cérémonie et veille à ce que tout se passe suivant les
règles. Pendant la cérémonie, les herbes utilisées sont la
sauge et le juniperus. La sauge est liée autour de la tête
des participants et le juniperus est frotté sur leur corps.

Les pierres sont chauffées à l'extérieur et sont
amenées à l'intérieur à l'aide d'un bâton fourchu. 4
pierres sont amenées à l'intérieur. La vapeur est produite
par l'eau versées sur celles- ci. Un homme, à l'extérieur,
ouvre et ferme la porte.

16

Les hommes chantent et prient pendant la
cérémonie. Les chants utilisés sont des chants
spécifiques à ce rituel. La cérémonie dure environ une
heure et se déroule 4 fois dans la journée. À la fin de
chaque bain de vapeur, les participants se plongent dans
l'eau d'une rivière proche. Les femmes et les jeunes
garçons ne participent pas à cette cérémonie. Les vieux,
eux, n'en ont plus besoin, car leur vie s'est écoulée.

L'ouvrage dont je tire ces informations a été édité en
1941. Beaucoup de choses ont pu changer depuis.
Pratique-t-on encore ce rituel aujourd'hui, tel que décrit
plus haut, et, si oui, de la même manière ? Ou bien a-t-il
été modifié ? Les informations contenues dans cet
ouvrage sont-elles fiables ? Tant de questions qui restent
ouvertes...

17

LES BLACKFEET

Les Blackfeet font partie de la famille des Algonquins
et leurs réserves se situent pour partie au Canada
(Alberta) et pour partie aux USA (Montana). Leur
population s'élevait en 1955 à 7000 âmes. Ces
amérindiens pratiquent la Danse du Soleil et,
naturellement, la cérémonie de la sweat lodge.

Dans le chapitre 21 de The Old North Trail6 , se trouve
une description de la construction de la sweat lodge.
Cette construction s'intègre dans les préparatifs de la
Danse du Soleil qui aura lieu après.

La sweat lodge blackfeet est de forme ovale. Son
squelette est composé d'une centaine de perches de
saules que les hommes vont couper en chantant et en
priant. Sa hauteur est d'environ 1,30 mètre et l'entrée de
la hutte fait face à l'Est. Le côté Nord est peint en rouge
et le côté Sud en noir.

Le feu se trouve à l'extérieur et une centaine de
pierres de la grosseur d'un poing y sont chauffées. La
hutte est recouverte de couvertures.

Un trou est creusé au centre de la sweat lodge pour y
recevoir les pierres chauffées. La terre issue de ce trou
est précautionneusement déplacée car elle symbolise la
terre rejetée par les animaux souterrains. Elle est
déposée à l'extérieur de la hutte pour former le tertre

------------------------------------
6 Walter McCLINTOCK, The Old North Trail, USA, University of Nebraska Press,
1968, page 284.
18

sacré.
Un crâne de bison se trouve placé à côté du trou

central de la sweat lodge, le nez pointé vers l'Ouest. Ce
crâne est peint de points noirs, représentant les étoiles,
du côté droit et de points rouges, représentant le Soleil,
du côté gauche.

De la sweet grass (herbe douce, identifiée comme
étant de la Flouve Odorante - nom latin : Anthoxanthum
Odoratum -) est brûlée à l'extérieur, signalant que les
pierres sont prêtes. À ce moment, 4 chants sont chantés
et le crâne de bison est déposé sur le tertre sacré,
représentant les animaux souterrains, avec le nez tourné
vers l'Est, maintenant.

Les pierres sont entrées une à une dans la sweat
lodge. De la sweet grass y est déposée et se consume. La
porte se ferme et l'eau est versée sur les pierres. La
vapeur s'élève, 4 fois la porte s’ouvre et se referme. Des
prières et des chants s'élèvent. Quand la cérémonie se
termine après la quatrième porte, on apporte de la
viande aux participants. Une offrande de viande est faite
à la Terre. La viande est ensuite consommée.

19

La cérémonie se termine lorsque le medicine-man
attache le crâne de bison sur le sommet de la sweat
lodge, après l'avoir découverte. À présent son nez pointe
vers le soleil levant :

Blackfoot sweat lodge at the Sun Dance. Date: [ca. 1878]
Source photo : https://www.pinterest.fr/pin/427560558353858406/

20

LES CHEYENNES

Les Cheyennes font aussi partie de la famille des
Algonquins. Leurs réserves se situent dans le Montana et
dans l'Oklahoma. Ils ne sont plus qu'environ 3000 (chiffre
1988).

Comme les Blackfeet, ils pratiquent la Danse du Soleil.
Et bien sûr la sweat lodge.

Voici la description de la sweat lodge Cheyenne
extraite de l'ouvrage Die Wölfe Des Himmels de K. H.
SCHLESIER7. Cette description repose sur les travaux de
A. L. KROEBER, G. B. GRINNEL et E.S. CURTIS :

------------------------------------
7 Karl H. SCHLESIER, Die Wölfe des Himmels Himmels – Welterfahrung der
Cheyenne, Köln, Eugen Diederichs Verlag, 1985, pages 95 à 98.
21

Le squelette de la sweat lodge est, ici aussi, composé
de branches de saule. Elle a une forme ovale et sa
structure représente le squelette d'un bison. Une perche
de saule, telle une colonne vertébrale, parcourt la hutte
d’Est en Ouest pour en soutenir la structure. Les autres
perches, symbolisant les côtes, relient le sol à la perche-
colonne vertébrale. L'ouverture se trouve à l'Est, ainsi
que les sweat lodge décrites précédemment. Elle
ressemble de très près à celle des Blackfeet. Mais une
variante, consistant dans le fait de posséder deux
perches de faîte au lieu d'une, a été observée par un
certain ANDERSON en 19568.

La construction se déroule ainsi : on creuse d’abord
un trou de 30 centimètres de profondeur et de 50
centimètres de largeur. La terre provenant de ce trou est
transportée vers le Nord-Est, à environ onze mètres de la
hutte. On la dispose en forme de tertre sur lequel on
place un crâne de bison.

On édifie la structure de la sweat lodge au-dessus du
trou. Le trou étant au centre. Cette structure se compose
de perches de saule disposées de manière ovale dont
l'une des extrémités est fichée en terre et l'autre liée à
un tronc de saule planté dans le sens Est-Ouest et
représentant la colonne vertébrale du bison. Le trou
central est parfois rempli de sable. On y trace un symbole
de couleur rouge. Les perches côté Nord sont peintes en
noir et les perches côté Sud en rouge. On recouvre de 5

------------------------------------

8 Ibid. page 97. 22

peaux de bison : 4 pour les 4 directions de l'espace et une
au-dessus. Par dessus : une toile de tipi.

Le crâne de bison, le nez pointé vers l'entrée de la
sweat lodge, est peint, lui aussi. Devant lui se trouve un
creux dans le sol dont la fonction est de recueillir les
cendres de la Pipe Sacrée.

À l'Est, s'élève le foyer dans lequel les pierres sont
chauffées à blanc. Les cinq premières pierres devant être
amenées dans la hutte sont peintes : deux en rouge, deux
en noir et une en rouge et noir. Elles sont placées, à
l'intérieur de la sweat lodge, dans le trou central. Deux
bâtons servent à les transporter ; l'un est peint en rouge,
l'autre en noir. Sur les 5 premières pierres le medicine-
man brûle du cèdre et différentes herbes. Ce n'est
qu'ensuite que les autres pierres sont amenées. Puis la
porte se ferme.

La cérémonie se déroule en quatre phases
accompagnées chacune de quatre chants. On ouvre la
sweat lodge à l'Est et à l'Ouest après chacune des phases,
pour que la vapeur se dissipe. Dès que les ouvertures se
ferment, et elles se ferment quatre fois, les participants
fument la Pipe Sacrée. Puis les chants s’élèvent et après
chaque chant de l'eau est versée sur les pierres.

La fonction de la sweat lodge est de permettre à
l'individu de mettre son corps et son esprit en phase avec
les forces surnaturelles. Pour les Cheyennes, la sweat
lodge a été apportée par le bison. Et, à côté de ses vertus
de purification et de guérison, elle possède encore celle

23

de résurrection.

D'après H.E. SCHLESIER9, la cérémonie de la sweat
lodge est de plus en plus tournée vers un aspect
thérapeutique. Dans le passé, petit à petit, la signification
du rite s'était perdue sous l'influence des missionnaires
et de l'administration des réserves. Mais, malgré cela,
elle a quand même pu survivre "sous le manteau". Et
jusqu'à présent, le rituel de la sweat lodge demeure.

Mais, ainsi que la prise de vue ci-dessous le montre,
les sweat lodge cheyennes n’ont plus le même aspect :

Photo extraite de l'ouvrage Les Indiens de le Prairie de W. FORMAN et N.
BANCROFT-HUNT, Paris, Ed, Atlas, 1982, pages 116-117, Légende : Sur la
Bear Butte Mountain, on dressait la loge de sudation, nécessaires aux rites

purificatoires.

En effet, cette structure rappelle celle de la sweat

------------------------------------

9 Ibid. page 99. 24

lodge sioux-lakota, et avec raison.

D'après les propos recueillis auprès d'ARCHIE FIRE
LAME DEER, ces sweat lodges sont des sweat lodges
cheyennes. Elles se trouvent sur la BEAR BUTTE, à
l'endroit où les Cheyennes pratiquent leurs cérémonies.
L'endroit a été clairement identifié par ARCHIE FIRE
LAME DEER : les tipis cheyennes se trouvent vers la
droite (en dehors de la photo). La BEAR BUTTE est un lieu
sacré pour les amérindiens, et chaque été, ils s'y
retrouvent pour des cérémonies.

Il s'agit ici de sweat lodges à 12 perches, connues chez
les Lakota comme sweat lodges familiales. Le tertre
sacré, ici symbolisé par un cercle de pierre entre les deux
huttes, est surmonté de deux tiges fourchues sur
lesquelles repose une troisième. Il s'agit du même
symbole chez les Lakota : la moitié du promontoire
funéraire. On aperçoit, aussi, au centre de chaque sweat
lodge, le trou central. Dans celui de droite se trouvent
encore des pierres.

ARCHIE FIRE LAME DEER dit que beaucoup d'ethnies
amérindiennes ont perdu leurs rituels. Et, à l'époque
actuelle, où un mouvement de spiritualité amérindienne
est en marche, beaucoup de ces ethnies se tournent vers
celles qui n'ont pas perdu leur savoir. Il n'est donc pas
étonnant de retrouver des structures lakota chez
d'autres peuples amérindiens. À la question de savoir si
la sweat lodge lakota est très répandue aux États-Unis,
ARCHIE FIRE LAME DEER a répondu qu'elle l'est de plus
en plus. Les Lakota pratiquent une politique d'ouverture

25

et chaque été de nombreux amérindiens de diverses
origines se retrouvent pour pratiquer la Danse du Soleil
ensemble, et la sweat logde, bien évidemment.

26

LES SIOUX-LAKOTA

Les Sioux sont une famille. Celle-ci se décompose en
trois sous-ensembles : les Dakota, les Nakota et les
Lakota. Ces derniers sont eux-mêmes subdivisés : les
Brûlés, les Sans-Arc, les Pieds-Noirs (ce ne sont pas les
mêmes que ci-dessus. Ici il s'agit des Sihasapas et non des
Siksikas, Pieds-Noirs Algonquins), les Miniconjous, les
Two-Kettles, les Oglalas et les Hunkpapas. ARCHIE FIRE
LAME DEER est Chef des Brûlés et des Miniconjous.

Nous parlerons ici surtout de la sweat lodge LAME
DEER dont voici la description :

La sweat lodge lakota est une construction de 2,40
mètres de diamètre (qui peut atteindre jusqu'à 3 mètres
si l’on désire construire une grande hutte) et de 1,40
mètre de hauteur, environ. On creuse un trou central de
60 centimètres de diamètre et de 30 centimètres environ
de profondeur. Ce trou reçoit les pierres chauffées au
rouge lors de la cérémonie. Ce trou est le Centre du
Monde, le lieu de la présence du Grand Esprit, WAKAN
TANKA, présent dans le souffle, la vapeur, qui s'y élève.
La terre que l'on ôte est déposée en un tas à l'extérieur
du cercle, du côté gauche de l'entrée, si l'on se tourne
face à l'Ouest. Ce tas forme le Mont Sacré.

À 5 mètres de cet ensemble, dans la direction de
l'Ouest, se trouve une autre aire de 2 mètres de diamètre
environ. Cet emplacement est destiné au foyer, WI, le
Soleil, où les pierres sont chauffées.

27

Si la sweat lodge est construite au printemps ou en
été, on écorce les saules et celle-ci devra être brûlée à
l'approche de l'automne ; si elle est construite en
automne ou en hiver, les saules ne sont pas écorcés et
elle peut rester en place jusqu'à ce que l'on ne s'en sert
plus. Alors, il faudra la brûler.

Le squelette de la sweat lodge est composé de 16
minces perches de saule plantées dans le sol et réunies
entre elles de manière à former un dôme légèrement
aplati. Les branches de saule sont réunies entre elles par
de la ficelle pour la sweat lodge d'hiver, et par l'écorce de
saule pour celle d'été. Quatre cercles horizontaux
entourent la hutte.

Après la première cérémonie, après que les
premières pierres ont été amenées à l'intérieur et
qu'elles ont été utilisées, les débris de pierres servent à
matérialiser le chemin allant de la porte de la sweat lodge
jusqu'au foyer. C'est sur ce chemin que les pierres
chaudes sont amenées dans la hutte. On trace, de même,
un chemin faisant le tour de la sweat lodge, englobant le
Mont Sacré. De même pour le foyer.

Le Mont Sacré, lui, est un petit tertre composé avec la
terre du trou central de la sweat lodge. Ce tertre est
aplati. 24 petits bâtonnets de saule sont plantés sur son
pourtour symbolisant les 12 Lunes positives et les 12
Lunes négatives du cycle annuel.

28

Quatre perches sont plantées dans la direction des 4
points cardinaux à environ 5 mètres de la sweat lodge.
Chaque perche reçoit à son sommet une bande de tissu
contenant un peu de tabac. La bande de tissu est de
couleur noire pour l'Ouest, rouge pour le Nord, jaune
pour l'Est, blanche pour le Sud.

La photo ci-dessus montre la sweat lodge telle que la construit ARCHIE FIRE
LAME DEER. Cette photo a été prise à Labaroche dans le Haut-Rhin en avril

1988 par moi-même.

Lorsque tous ces éléments sont mis en place, la sweat
lodge est terminée et le bois et les pierres peuvent être
amenés de manière à préparer le feu. ARCHIE FIRE LAME
DEER utilise 32 pierres pour une sweat lodge de
purification et 64 pierres pour une sweat lodge de
guérison. Pendant la chauffe des pierres, la sweat lodge
est couverte à l'aide de toiles et de couvertures. Dans le
passé on utilisait des peaux de bison. L'intérieur de la
sweat lodge doit être dans le noir complet. On répand,

29

sur le sol de la sweat lodge, de la menthe fraîche ou de la
sauge fraîche.

La cérémonie de purification comporte 4 phases que
LAME DEER appelle "portes". Au début de la cérémonie,
le medicine-man fait brûler du cèdre sur les pierres, puis
de la sweet grass (flouve odorante), puis de la sauge. Les
participants entrent et l'ouverture se ferme pour la
première fois. Des chants et des prières s'élèvent. Quatre
fois la porte s'ouvre et quatre fois des pierres sont
introduites.

Tel est le déroulement de la cérémonie de la sweat
lodge de purification chez les Sioux-Lakota.

D'autres structures de sweat lodge lakota existent.
Deux types, au moins, de sweat lodge à 16 perches sont
connues. L’une est celle décrite ci-dessus et l’autre est
celle dont la photographie ci-dessous témoigne. D’autre
part, il existe la sweat lodge à 12 perches qui, elle, est
utilisée par la famille.

30

Photo extraite de l'ouvrage Les Indiens des Plaines de Daniel DUBOIS et Yves
BER6ER, Paris, Dargaud Éditeur, 1978, page 54 : « Groupe d’hommes assis
dans une sweat lodge : on remarque l’enveloppe partiellement relevée qui
découvre l’armature en saule. Sioux Brûlé, Réserve de Rosebud (Sud Dakota) –

1898.

31

SYNTHÈSE

Un des traits caractéristiques concernant les
différents rituels rencontrés dans les pages précédentes
est sans conteste la présence du chiffre 4. Symbole des 4
directions de l’espace, il est omniprésent dans toute la
philosophie des amérindiens. Et il n'est pas étonnant de
le retrouver ici sous différentes formes : cérémonie
divisée en 4 phases ou portes, 4 peaux + 1 recouvrant la
sweat lodge (cheyenne mais aussi sioux, dans le passé), 4
directions de l’espace...

Les sweat lodges sont toujours orientées dans le sens
des 4 directions de l'espace : Ouest, Nord, Est et Sud. Par
contre, en ce qui concerne l'ouverture de la porte, il n'y
a que celle de ARCHIE FIRE LAME DEER qui s'ouvre à
l'Ouest, ici, dans cette étude. Toutes les autres s'ouvrent
à l'Est. Ce point précis soulève une problématique
particulière. En effet, HEHAKA SAPA, dans l'ouvrage Les
Rites Secrets Des Indiens Sioux, expose l'ouverture à l’Est
comme étant la bonne direction. ARCHIE FIRE LAME
DEER maintient son ouverture à l'Ouest (ouverture
attestée par Danielle VAZEILLES lors de cérémonies de la
Danse du Soleil à GREEN GRASS) et ajoute que HEHAKA
SAPA étant "heyoka"10 (homme contraire), il était tout à
fait naturel qu'il ouvre sa sweat lodge à l'Est.

------------------------------------ 32
10 Un heyoka est un medicine- man sioux dont la particularité est de faire
systématiquement le contraire de ce qu'il est normal de faire. Exemple : avoir
froid alors qu'il fait très chaud et vice-versa. Un heyoka possède également des
pouvoirs sur le temps.

Je cite Danielle VAZEILLES : "LAME DEER 11 critique
vivement les anthropologues qui se sont tous trompés à
ce sujet selon lui (Lame Deer, 1972 : 178). Pour lui, ainsi
que certains de mes informateurs, l'entrée de la loge de
l'inipi12 est dirigée vers l'Ouest. Il en était ainsi pour les
loges à sudation que j'ai pu observer lors des différentes
Sundance à Green Grass. Pour Lame Deer et mes
informateurs, si la loge de l'inipi est ouverte à l'Est, il
s'agit d'un inipi pour heyokas, ces clows sacrés qui font
tout à l'envers. Or, nous savons que les heyokas tiennent
leurs pouvoirs de l'Oiseau Tonnerre de l'Ouest. Cela
semblerait donc logique que les heyokas, voulant
conjurer les puissances de l'Ouest, se tournent dans la
direction opposée. Par ailleurs, Black Elk13 a obtenu un
certain nombre de ses pouvoirs de certains avatars, ces
puissances de l'Ouest, ce qui expliquerait pourquoi il
pratiquait dans une sweat lodge ouverte à l’Est. Mais
dans son livre Les Rites Secrets Des Indiens Sioux14, il écrit
que les loges à sudation de tous les visionnaires s'ouvrent
vers l'Est."15

ARCHIE FIRE LAME DEER a bien confirmé les dires de
son père. Et il continue, d'ailleurs, à enseigner et à
pratiquer cette sweat lodge dont l'ouverture se fait à
l'Ouest.

------------------------------------ 33
11 Danielle VAZEILLES fait ici référence à JOHN FIRE LAME DEER, père de
ARCHIE FIRE LAME DEER.

12 Inipi est le nom sioux désignant la sweat lodge.
13 HEHAKA SAPA.
14 HEHAKA SAPA, Les Rites Secrets des Indiens Sioux, Paris, Payot, 1975.
15 Citation extraite du manuscrit de Danielle VAZEILLES, Oiseau-Tonnerre et
Femme Bisonne Blanche – Chamanes et Visionnaires Sioux, 1985.

En ce qui concerne les autres ethnies, je n'ai aucun
détail me permettant d'affirmer si oui ou non l'ouverture
à l’Est est "heyoka" ou non. Il faudra donc accepter les
descriptions telles qu'elles ont été présentées et
patienter jusqu'au moment où de nouvelles informations
seront disponibles.

La forme de la sweat lodge : en dôme. Aucun
commentaire à faire à ce sujet. C'est une forme
extrêmement répandue et certainement la plus simple à
mettre en œuvre. Toute sweat lodge est un "ventre", un
lieu de mort et de renaissance. Cela est attesté par la
tradition amérindienne. La forme ronde est donc tout
aussi valide que la forme ovale. D'un côté, le ventre
humain, de l'autre celui du bison (ovale --> Cheyenne,
Blackfeet). Pour les Sioux, l'homme et le bison se
confondent. Du point de vue symbolique, donc, il y a
totale analogie entre les deux formes, ronde ou ovale.

Le bison est présent dans les trois sweat lodges des
Indiens des plaines. Son rôle est d'une importance
capitale, dans la mesure où c'est lui qui garantissait la
survie du village à l'époque où les amérindiens
parcouraient encore leurs terrains de chasse. Pour
beaucoup d'ethnies la disparition du bison a constitué
une catastrophe. Le bison, animal sacré, animal de
Pouvoir, dispensateur de vie, est donc un élément
incontournable chez les Indiens des plaines

Chaque sweat lodge est construite selon un rituel très
particulier. Chaque élément d'une sweat lodge a un sens,
une signification, une symbolique, qui fait référence à la

34

Création du Monde dans sa totalité. C'est un lieu de
Pouvoir puisque à chaque cérémonie, la Création du
Monde est réactualisée. À mon sens, chaque ethnie, dans
la sweat lodge qui lui est propre, utilise ses propres
référents symboliques, ce qui implique les divergences
quant à la structure externe et quant à la conduite du
rituel. Rituel qui n'est pas figé, comme on pourrait le
croire, mais qui peut subir des modifications selon les
besoins du moment. Cela implique qu'il ne faut pas fixer
son attention sur les différences que l’on peut observer,
différences qui ne sont qu'apparences, car, dans le fond,
le sens profond d'une cérémonie de purification semble
être identique chez tous les amérindiens.

Un Cheyenne peut utiliser une sweat lodge lakota
pour se purifier et prier, comme nous l'avons vu plus
haut. La cérémonie de purification de la sweat lodge
pourrait être une cérémonie universelle que tout homme
sur terre pourrait utiliser. Cela semble être corroboré par
le fait que des blancs, des noirs et des asiatiques soient
invités à participer à cette cérémonie.

L'eau est un élément central des différents rites de
purifications existant de par le monde. Dans tous les cas,
il s'agit d'un rituel permettant le passage d'un état
d'"impureté" à un état de "pureté". Pureté est ici utilisé
dans le sens d'être apte à entrer en contact avec le Sacré.
Il ne s'agit pas de saleté ou de propreté au sens matériel.
"Dans le langage religieux, par immondice ou impureté
on entend tout autre chose que saleté ou ordure. Il s'agit
là de tout impedimentum faisant obstacle au progrès, au

35

renouvellement de la vie. Une célébration en ranimera le
courant languissant."16

Il y a donc dans la sweat lodge double association de
passage : d'un côté l'aspect purification, qui est le
passage d'un état profane à un état sacré, de l'autre côté
le passage symbolisé par la re-naissance dans le ventre
de la Mère la Terre.

Dans la sweat lodge l'eau est associée à la chaleur. La
vapeur d'eau est une forme particulière de l'eau. Il ne
m'est malheureusement pas possible de développer
dans ce mémoire l'implication de cette association eau +
chaleur. Mais des rapprochements avec des processus
alchimiques sont possibles. Je renvoie ici à l'excellent
travail de G. G. JUNG concernant la symbolique
alchimique et le processus d'individuation et plus
particulièrement le chapitre consacré à la purification
dans Psychologie du Transfert.17

Il est donc intéressant de s’interroger de manière à
savoir si nos saunas, ceux que l’on trouve aujourd’hui
dans nos villes et même dans nos demeures, ne sont pas,
à l’origine, des rites de purification. ARCHIE FIRE LAME
DEER pense que ce rite de purification par le bain de
vapeur était connu chez nos ancêtres constructeurs de
mégalithes. En l’état actuel des connaissances, il n'est
pas possible de vérifier cette hypothèse, mais il est

------------------------------------ 36
16 G. Van Der LEEUW, La Religion dans son Essence et ses Manifestations,
Payot, Paris, 1970, page 336.
17 C.G. JUNG, Psychologie du Transfert, Albin Michel, Paris, 1980, chapitre 8,
page 139.

intéressant de noter qu'un amérindien se représente ce
rituel comme ayant été répandu au-delà de son
continent.

Je ne me suis pas étendu sur les autres fonctions de
la sweat lodge qui sont le Pouvoir de guérison et le
Pouvoir de résurrection. Les cérémonies de guérison par
la sweat lodge sont des rituels pratiqués encore à l'heure
actuelle. En ce qui concerne les cérémonies ayant trait
aux esprits des hommes ou des animaux morts, je ne
dispose d'aucune information concernant une pratique
actuelle. En tout état de cause, ARCHIE FIRE LAME DEER
n'a jamais évoqué ce point, concernant la sweat lodge,
dans ses multiples conférences ou stages. La seule
indication concernant ce point se trouve dans l'ouvrage
de K.H. SCHLESIER.18

Me voilà parvenu à la fin de ce mémoire, et il est
temps à présent d'aborder la conclusion.

------------------------------------

18 Op. Cit. 37

CONCLUSION

Un travail sur la sweat lodge est un travail difficile.
Difficile, parce qu'il n'est pas aisé de trouver des
documents, que les documents que l'on trouve ne sont
pas forcément fiables, qu'il est impossible de vérifier ces
documents, qu'il existe peu de travaux sur la question,
que les USA sont loin, que les indiens en parlent peu...

Malgré ces difficultés, j'ai quand même pu mettre en
évidence, du moins en ce qui concerne les Indiens des
Plaines, une certaine analogie dans les rites de
purification par la sweat lodge. À mon avis, les mythes de
création de la sweat lodge de ces différentes ethnies
devraient contenir de sérieuses similitudes.

Il reste maintenant à découvrir les cérémonies de
purification des autres ethnies et à explorer plus en détail
la sweat lodge à feu direct.

38

BIBLIOGRAPHIE

Driver (Harold E.), Indians of North America, USA, Chicago,
The University of Chicago press, 1969,632 pages, 33
figures, 25 planches, 44 cartes, Second Edition revised.

DUBOIS (Daniel) et Berger (Yves), Les Indiens des Plaines,
Paris, Dargaud Éditeur, 1978.

Fohlen (Claude), Les Indiens d'Amérique du Nord, PUF, Paris,
1985, 127 pages, 2 cartes, coll. "Que sais-je".

Forman (Werner) et Bancroft-Hunt (Norman), Les Indiens de
la Prairie, France, Ed. Atlas, 1982, 128 pages.

Héhaka Sapa, Les Rites Secrets des Indiens Sioux, Paris,
Payot, 1975, 190 pages, avant-propos de Brown (Joseph
Epes).

Jung (Carl Gustav), Psychologie du Transfert, Paris, Ed. Albin
Michel, 1980, 216 pages,

McClintock (Walter), The Old North Trail – Life, Legends and
religion of the Blackfeet Indians, USA, University of
Nebraska, 1968, 540 pages

Opler (Morris Edward), An Apache Life-Way, The economic,
social, and religious institutions of the Chiricahua Indians,
Chicago, Illinois, USA, University of Chicago press, 1941,
492 pages, 1 figure, 22 photos, 1 carte.

Schlesier (Karl H.), Die Wölfe des Himmels - Welterfahrung
der Cheyenne, RFA, Köln, Eugen Diederichs Verlag GMBH
& Co.KG, 1985, 260 pages, 15 figures, & dessins.

Tahca Ushte et Erdoes (Richard), De Mémoire Indienne,

39

Paris, Plon, 1977, 340 pages, 20 illustrations in texte, 33
illustrations hors texte, coll. "Terre Humaine".
Van. Der Leeuw (G.), La Religion dans son Essence et
Manifestations, Paris, Payot, 1970, 693 pages.
Wissler (Clark), Histoire des Indiens d'Amérique du Nord,
Paris Ed. Robert Laffont, 1969, 366 pages, coll. "Jeune
Science".

40

INDEX

NOTA : ne pas tenir compte des numéros de page : ils sont
erronés. Le PDF permet la recherche, il convient donc
d’utiliser cette fonction pour utiliser cet index.

INDEX des THEMES
bison : 19, 20, 21, 27, 31
cèdre : 21,27
chêne : 14
crâne de bison : 17, 18, 20
Danse du Soleil (Sundance) : 16, 19, 23, 29, 30
guérison (rituel de ; cérémonie de) : 3, 11, 12, 21, 27, 34
heyoka : 29, 30, 31
individuation (processus d'): 33
inipi : 30
juniperus : 15
medicine-man : 6, 18, 21, 27
mégalithes : 34
menthe : 27
Mont Sacré : 24, 25, 26
Pipe Sacrée : 20, 21
pouvoir : 11, 31, 32, 34

41

purification (rituel de, cérémonie de) : 3, 5, 8, 11, 12, 21, 27,
32, 33, 34, 35
résurrection : 12, 21, 34
sauge : 15, 27
saule : 16, 19, 20, 25, 26
sauna : 34
sweet grass (anthoxanthum odoratum ; flouve odorante) :

17, 27
tertre sacre : 17, 20, 23

INDEX des NOMS de PERSONNES et des GROUPES
CULTURELS

Algonkins : 16, 19, 24
Anderson (E.) : 19
Apaches : 3, 6, 8, 13, 14
Archie Fire Lame Deer : 6, 8, 22, 23, 24, 26, 27, 29, 30, 34
Berger (Yves) : 7
Blackfeet : 3, 6, 8, 13, 16, 19, 31
Black Elk (Héhaka Sapa) : 30
Brulé : 6, 24
Cheyennes : 3, 6, 8, 13, 19, 21, 23, 31, 32
Chiricahua : 3, 14
Curtis (E.S.) : 19
Dakota : 24

42

Driver : (Harold E,) : 11
Dubois (Daniel) ; 7
For inan (Werner) : 22
Grinnel (G.B.) : 19
Hehaka Sapa : 7, 29, 30
Hunkpapas : 24
Indiens des plaines : 2, 3, 31, 35
Inyan Hoksi : 12
Jung (Carl Gustav) : 33
Kroeber (A.L.) : 19
Lakota : 3, 12, 24
Lopatin : 11
McClintock (Walter) : 6
Miniconjou : 6, 24
Nakota : 24
Oglala : 23
Opler (Morris Edward) ; <3
Pieds-Noirs : 24
Sans-Arc : 24
Sclilesier (Karl H.) : 6, 19, 21, 34
Sihasapas : 24
Siksikas : 3, 24
Sioux : 3, 24, 27, 31

43

Tahca Ushte : 7
Tsistsistas : 3, 12, 13
Two-Kettles : 24
Vazeilles (Danielle) : 29, 30
Vikings : 11
Wakan Tanka (Grand Esprit) : 24
Wi (Soleil) : 25

INDEX des LIEUX
Alaska : 9
Alberta : 16
Amérique Centrale : 9
Amérique du Nord : 2, 3, 7
Apache (la ville) : 14
Asie : 2, 3. 11
Bear Butte : 6, 22, 23
Californie : 9
Canada : 16
Dakota (Sud) : 6
Europe : 3, 11
Green Grass : 29, 30
Haut-Rhin : 26
Labaroche : 26

44

Mescalero (réserve) : 14
Montana : 16, 19
Nouveau Mexique : 14
Oklahoma : 14, 19
USA (États-Unis) : 4, 16, 23, 35

45


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