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introduction au symbolisme de la Hutte de Sudation sioux-lakota. Ce texte est le mémoire d'Ethnologie de Erica Nachez. Elle y présente la structure et la symbolique de ce rituel amérindien sioux.

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Published by Michel Nachez, 2020-11-23 13:16:01

introduction au symbolisme de la Hutte de Sudation Lakota

introduction au symbolisme de la Hutte de Sudation sioux-lakota. Ce texte est le mémoire d'Ethnologie de Erica Nachez. Elle y présente la structure et la symbolique de ce rituel amérindien sioux.

prophétie. Pas plus qu'à leur origine on ne pouvait
comprendre les 2ème et 3ème prophéties.

Les derniers préparatifs de la cérémonie.

Avant la cérémonie, les participants qui le
désirent peuvent faire autant de sachets de tabac qu'ils
le souhaitent pour les accrocher à l'intérieur de la
sweat lodge lorsqu'ils y entreront. Chaque sachet de
tabac est une prière, non pas égoïste ou "capitaliste",
mais prière pour la nature, pour la vie, pour la parenté
dans le sens total du terme compris par les Lakota : les
plantes, les animaux, les pierres, les hommes ; tout ce
qui est jeune et tout ce qui est vieux, tout ce qui est
encore à naître, l'eau, l'air, le feu, la Terre...

Le "fire man", ("la fire woman")

Est l'assistant(e) de celui qui mène la cérémonie
(la femme en période de menstruations ne peut pas
tenir ce rôle - pas plus qu'elle ne peut approcher de la
sweat lodge).

Le fire man est gardien du feu. Il l'allume et
l'entretient pour la cérémonie. Il doit être totalement
disponible à toute demande de l'officiant, ouvrir ou
fermer la "porte", apporter des pierres, de l'eau,
introduire la Pipe lors de la cérémonie.

Symboliquement, il est l'intermédiaire, le
messager des énergies du feu vers la sweat lodge. Du
fait de son insertion, en tant que symbole par lui-
même, à la sweat lodge, il ne "casse" pas le chemin de
ces énergies en traversant UNCI (ce que ferait tout
autre participant dans ce cas). Si toute liberté de
mouvement lui est donc acquise, toute présence
attentive en est exigée.

La cérémonie

Le fire man apporte tout d'abord 6 pierres à
l'intérieur de la hutte : une pour la Terre ; une pour
chaque direction de l'espace : Ouest, Nord, Est, Sud ;
une pour le Créateur. La 7ème, aujourd'hui, pour le
renouveau de la spiritualité lakota.

Puis il entasse autant de pierres que le souhaite
celui qui dirige la cérémonie, dans le trou central.

L'officiant bénit les pierres avec du cèdre, et la
fumée du cèdre brûle et emplit la sweat lodge et en fait
un espace sacré.

Les participants, dévêtus - car on est nu dans le
ventre de sa Mère - entrent un à un dans le sens de la
marche du soleil et s'accroupissent autour du trou
empli de pierres brûlantes. Le fire man amène l'eau.
L'officiant fait brûler de la "sweet grass" 1 à l'odeur

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1 Anthoxanthum odoratum.

réputée aimable à tout ce qui a été créé) et convie ainsi
tous les Pouvoirs positifs, et aussi négatifs, à être
présents dans la sweat lodge. Puis il brûle de la sauge
qui chasse le négatif.

Le rabat de la porte se referme, l'obscurité totale
se fait. De l'eau est versée sur les pierres, la vapeur
brûlante se répand. Prières. Enseignements. Chants.

4 fois la porte s’ouvrira et se refermera.

Ce n'est qu'après s'être déjà purifié lors de la
première "porte"'1 que l'on est assez ouvert au sacré -
purifié - pour pouvoir toucher la Pipe, Au cours, de la
2ème porte - 2ème partie de la cérémonie -, la Pipe
passe, toujours de gauche à droite. Chaque participant
tire 4 bouffées - sans inhaler la fumée -, et son souffle,
qui est prière et offrande, concerne et emplit le monde
entier présent dans la sweat lodge. Et entre en
communication avec le Centre où est présent WAKAN
TANKA. Puis il passe la Pipe à son voisin de droite en
disant "Mitakuye Oyasin" (je prie pour toute ma
Famille). Lorsque le tour complet est fait, la Pipe passe
au fire man qui finit de la fumer, accroupi sut le sentier
qui va de la terre au feu.

Lorsque la cérémonie s'achève, les participants
sortent de la sweat lodge, purifiés, s'étant ouverts au
Sacré, ce qui signifie aussi nouvellement nés, neufs. Et

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1 Ici, "porte" est compris dans le sens de l’intervalle de temps entre deux
ouvertures de l'entrée de la sweat lodge. Archie Fire Lame Deer dit :
"door". La cérémonie comporte donc 4 "portes".

aptes, à ce moment-là, à pratiquer un autre rituel s'il y
a lieu.

Les principaux symboles de la religion lakota

Le point central - Centre du Mandala - :

Le symbolisme de ce point central, qu'il soit
matérialisé par l'homme qui prie, ou par la fosse de
vision, ou par le centre de la sweat lodge, ou par l'arbre
de la Sundance... est le point de contact entre les 3
plans de la verticalité :

• le bas
• le monde des hommes
• et le haut, la Transcendance
et, étant cela, est également le point de
rencontre des 4 directions de l'espace et donc du
temps, des temps.
Ce point central est toujours, où qu'il se place, un
Centre du Monde, vécu connue axe vertical, lieu
privilégié où le Créateur est présent, où, à tout le
moins, la communication avec lui est possible.
Ce Centre du Monde, à la fois synthèse du Temps,
"sens" de l'espace et axe vertical, est le foyer à
l'intérieur de la sweat lodge.

Les 4 directions du vent, symboles de l’espace et du
temps

À partir du Point Central, l'espace, pour le Lakota,
se développe, en vision horizontale, en 4 directions
appelées les 4 directions du vent ou les 4 directions de
l'espace. Chacune de ces directions correspond à une
étape dans la chronologie de la Création, le point où le
Soleil se couche, l'Ouest, ayant, dans le mythe, été créé
tout d'abord.

Ainsi, chaque opération touchant au Sacré -
prière, invocation, rite - commencera par l'Ouest. Le
Nord ayant été créé en second, l'officiant se tournera
ensuite vers le Nord ; puis vers l'Est, créé en troisième ;
puis vers le Sud, créé en quatrième. Puis il reviendra
vers l'Ouest pour y prier le Créateur et la Terre-Mère.

Ces 4 directions signent donc aussi bien une
subdivision en 4 de l'espace sacré et symbolisent,
rappellent, actualisent les 4 temps, les 4 époques ; de
la Création. Ainsi, l'attention portée à la prise de
conscience des 4 directions implique la prise de
conscience du temps, du flux de la durée. C'est aussi
une communication avec l'irruption du Sacré "en ce
temps-là", in illo tempore.

Ces 4 directions de l'espace enclenchent donc
aussi la notion de temps. D'abord parce que ces 4
directions ont été créées dans le temps, et ensuite
parce que cette subdivision dans le temps signe et

symbolise les 4 Âges du Monde qui vont, dans la
pensée lakota, du Commencement des Temps jusqu'à
la Fin des Temps, de la Création jusqu'à la Destruction
du Cycle.

Et aussi, signe et symbolise les. 4 âges de la vie
humaine : l'enfance, la jeunesse, la maturité, la
vieillesse. La roue Médecine symbolise à la fois les 4
directions de l'espace, et les 4 temps du Monde, et les
4 temps de la créature...

Et tout ceci est présent, actualisé, dans la sweat
lodge

Le chiffre 4

C'est le grand chiffre-symbole des Lakota. Tout
rituel inclut le chiffre 4, avec ce qu'il véhicule,
symboliquement, de temps sacré - de l'aube à la fin des
temps - et d'espace sacré - la totalité du monde en
dernière analyse Chez les Lakota, tout va par 4 : il y a 4
qualités premières pour l'homme et pour la femme, 4
éléments, 4 couleurs principales... Les menstruations
féminines sont considérées comme durant 4 jours. Le
temps de la préparation aux rites de la Danse du Soleil
dure 4 jours, autant que dure la cérémonie elle-même.
La quête de vision sur la montagne dure également 4
jours et est précédée de quatre jours de jeûne et de
chasteté.

Le chiffre 6, ajoutant au 4 le haut et le bas - la

Transcendance et la Terre-Mère, est également sacré.
Le chiffre 7 est celui du monde des hommes,
intermédiaires entre le haut et le bas.

Le cercle

Forme sacrée par excellence. Le carré n'existe pas
en tant que symbole chez les Lakota d’après Archie Fire
Lame Deer. (Pour mémoire : on trouve un rectangle
dans une certaine cérémonie : la cérémonie Yuwipi).

Le temps et l'espace sont compris dans le cercle ;
le commencement des temps rejoint la fin des temps
et les 4 directions de l'espace s'inscrivent, à partir du
point central dans un cercle, comme l'horizon visible se
circonscrit à un cercle : mandala.

Soleil et Lune sont ronds, ainsi que les Etoiles, et
ils sont sacrés. Toute chose va en rond : le ventre de la
mère est rond et il est lieu de création par excellence.
De l'enfance à la vieillesse, la vie va en rond.
L'émergence du ventre maternel - la naissance -, est
semblable symboliquement au retour dans le ventre de
la Terre-Mère. Ces cercles-là, ces ventres, sont des
lieux de passage d'un état à un autre, d'un cercle de vie
à un autre.

Ainsi, la sweat lodge - mandala à 16 pôles - est
cercle et est vécue comme un lieu de vie, de
renaissance, de passage d'une vie à une autre : comme
l'actualisation en un lieu précis, du ventre totalement

sacré de la Terre-Mère.

Le foyer central, dans la hutte de sudation, est
cercle dans cercle, est à la fois Centre, donc point de
jonction des 3 mondes dans le sens de la verticalité et
donc aussi lieu de la communication possible entre ces
trois mondes ; et aussi cercle, donc symbole de la
totalité du créé - espace et temps - et donc du Créateur
lui-même, implicité évidemment dans cette totalité du
créé.1

La Pipe Sacrée

Le sujet de ce travail est la sweat lodge. Je ne
m'étendrai donc pas trop sur la Pipe Sacrée. Comme la
sweat lodge, elle est symbole de la totalité du créé et
englobe en elle cette totalité par les éléments qui la
composent :

• le fourneau est en pierre rouge et est la Terre et le
monde minéral (et aussi le sang des créatures)

• le tuyau est en bois de frêne et est tout ce qui
pousse sur Terre, le monde végétal

• les plumes d'aigle qui y sont attachées sont celles
de l'Aigle Tacheté et sont : présence du Créateur et

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1 "A Mandala consists of a series of concentric forms, suggestive of a
passage between different dimensions. In its essence, it pertains not
only to the earth but to the macrocosm and microcosm, the largest
structural processes as well as the smallest. It is the gatepost between
the two," Mandala, op, cit., page 12.

signe de toutes les créatures ai1ées

• les gravures dessinant le bison sont les
quadrupèdes et aussi l'homme, puisque bison et
homme sont la même essence

• les 7 cercles gravés sont les 7 grands rituels mettant
l'homme en communication avec le sacré...

La tige bourre-pipe qui l'accompagne est en elle-
même également porteuse de tout le crée...

Et tout ceci est présent et re-lié à celui qui prie
avec la Pipe Sacrée.

Le souffle de la fumée est prière de tout ce qui vit
et est représenté par la Pipe : de la Terre, de tous les
végétaux, de tous les animaux, des hommes, des
minéraux... Ce souffle, expiré 4 fois dans chacune des
4 directions de l'espace à partir de ce centre du monde
qu'est l'officiant, va à la fois être prière de toute la
Création, prière se mêlant à toute la Création, au
temps, à l'espace, pour sacraliser tout cela et monter
vers le haut, WAKAN TANKA...

Si j'évoque ici la Pipe Sacrée c'est, qu'en plus
d'être en elle-même un des "objets" les plus
puissamment chargés de sacralité, elle est utilisée
pendant la cérémonie de la sweat lodge.

Animaux symboles

Ils sont nombreux. Je n'en citerai que 2, présents

avec évidence dans la sweat lodge.

L'Aigle Tacheté (Wambli Galeska)

Un des chants chantés pendant la cérémonie de
la sweat lodge est le chant de l'Aigle. En voici la
traduction :

"J'ai été le premier créé sur cette Terre et je vole
plus haut que toute la Création. Je suis le messager de
votre Grand'Père, le Grand Esprit...".

Un autre chant dit : "Mon frère, va et implore
l'enseignement de l'Aigle Tacheté... car rien n'est plus
sacré sur cette Terre que l'Aigle Tacheté...".

L'Aigle est, pour les Lakota, l'oiseau qui vole le
plus haut. Il est, non seulement messager entre les
hommes et le Créateur, mais symbole même du
Créateur. L'Aigle Tacheté est présent dans tous les rites
par ses plumes. Il représente également la liberté des
peuples ailés.

Le Bison (Tatanka)

Le bison est symbole de l'homme. Pour le Lakota,
Nation—Bison veut dire humanité

Voici la traduction d'un chant chanté lors de la
cérémonie du lever du soleil :

"La Nation-Bison s'avance. Ton Grand'Père a dit :
je te donne cette Terre magnifique sur laquelle tu
vivras et te multiplieras. Et tu le respecteras. La Nation-
Bison s'avance. Je te donne cette Pipe Sacrée. Avec elle
tu iras jusqu'au Centre de la Terre (cf. ci-dessus) et tout
ce que tu demanderas te sera accordé, c'est ce que ton
Grand'Père a dit...".

Le bison, c'est aussi un animal sacré par
excellence puisque, du temps des chasses, le
cheminement annuel du peuple lakota suivait la
migration des troupeaux de bisons. Absolument toutes
les parties du bison étaient alors utilisées : soit pour la
nourriture, soit en tant qu'outils, couvertures,
vêtements, objets rituels.

Un Lakota ne tuait jamais son frère, dans le plein
sens du terme, le bison, sans avoir prié auparavant
pour que l'animal tué revienne ensuite dans le grand
cercle de la vie.

Autrefois, c'étaient des peaux de bison qui
recouvraient la sweat lodge. Actuellement, un crâne de
bison, orienté vers le Sud - qui est le chemin que
prennent les indiens morts pour aller dans leur propre
cercle de vie - devrait être présent sur le Mont Sacré
pendant la cérémonie (figure 15).

Il est d'autres animaux-symboles : un certain cerf
symbolise l'Unité de l'Univers ; l'ours symbolise la
Sagesse, par exemple. Mais je ne les évoquerai pas ici.

Quelques Plantes

Le kinickinick (cornus sotlonifera) :

On l'appellera tabac mais c'est en réalité le
cornouiller ou l'aulne rouge. Les Lakota traduisent en
anglais kinickinick par : red willow, saule rouge - mais
ce n'est un saule.

La totalité de la plante est réduite en fragments,
cette totalité étant composée de 4 parties :

 l'écorce intérieure
 l'écorce extérieure
 les racines
 et les feuilles.

Il faut préciser qu'il n'y a aucune substance
hallucinogène dans le kinickinick.

Cet arbuste a pour particularité de présenter au
printemps et en été une écorce extérieure Jaune pâle,
qui change de couleur vers l'automne pour devenir
rouge foncé.

Les racines symbolisent le pouvoir de renaître et
les feuilles, la réceptivité à l'énergie d'en haut, donc au
Créateur.

Le "cèdre" (Juniperus horizontalis) :

C'est un arbre à feuilles persistantes, donc vert
toute l'année. Il est, pour cette raison entre autres,
considéré comme l'Arbre de Vie par les Lakota. L'Arbre
de Vie, c'est le pilier vertical au symbolisme analogue à
celui du point central : point de jonction entre le bas,
le milieu et le haut.

La sweet grass (flouve odorante = anthoxanthum
odoratum) :

C'est une graminacée commune. Elle sent très
bon. Sa fumée, lorsque la plante se consume, a pour
particularité d'être agréable à l'odorat de toutes les
créatures, aussi bien positives que négatives. Ceci
permet, au début de la cérémonie de la sweat lodge,
d'allier, de mettre en communication toutes les choses
et toutes les forces, aussi bien positives que négatives,
donc. Afin que rien de la Création ne soit absent ou
rejeté.

La sauge

C'est une plante très chargée de sacralité. Sa
fumée a le pouvoir de purifier - donc de permettre la
mise en contact avec le Sacré -. Elle permet de chasser
les forces négatives et d'attirer les forces propices.

C'est aussi une plante qui représente tout ce qui est vert
et vivant, elle est en quelque sorte le symbole des
herbes et des plantes. La sauge permet aussi de mieux
comprendre, entendre, ce que les êtres des autres
plans - esprits - peuvent avoir à communiquer.

La menthe

La menthe féminine et la sauge féminine peuvent
tapisser le sol delà sweat lodge, à l'état de plante
fraîche naturellement. Elles sont représentantes des
plantes médicinales. Seules les plantes "féminines"
sont utilisées de manière curative, les plantes
"masculines" servent de boissons sans vertus
médicinales reconnues : les plantes féminines,
porteuses des graines, sont porteuses de vie.

Par ailleurs, 104 sachets de tabac dans des tissus
des 4 couleurs - noir, rouge, jaune, blanc - représentent
également, dans la sweat lodge, la totalité des plantes
médecines.

Les "Pouvoirs" négatifs, les "Supernaturals"

Ce sont des entités mythiques chargées de jouer
des tours à l'homme, de manière à lui permettre de
tremper son caractère et de grandir ainsi
psychologiquement. Et, en aucune manière, des
démons ou des créatures diaboliques susceptibles de

mener l'homme à sa perte, concepts qui sont étrangers
à la spiritualité proprement lakota.

Ces entités au nombre de 8, sont implicitées aux
pointes de la plus petite étoile à 8 branches visible au
sommet de la sweat lodge.

Je ne puis, pour l'instant, développer cet aspect,
n'ayant pas encore suffisamment de données à cet
égard. Mais il est important de noter que ces entités
négatives trouvent également place dans le
microcosme qu'est la sweat lodge.

RÉFLEXION SUR LES DONNÉES

La sweat lodge intègre en elle la totalité du
monde, est un Mandala, une imago mundi.

En plan

Elle est un mandala, puisque : centre (le foyer), à
partir duquel partent les 4 directions de l'espace, elles-
mêmes subdivisées de manière à présenter 16 points
de rayonnement, actualisant la Création du Monde, Et
impliquant ainsi Temps et Espace en tant que
principes ; temps et espace du peuple ; temps et
espace de l'individu...

En "volume", elle est :

Lieu sacré dont la charge ontologique en fait un
lieu autre que profane : sacré. Permettant la
communication entre le "haut", le "bas" et le monde
des hommes1.

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1 Tout espace sacré implique- une hiérophanie, une irruption du sacré
qui a pour effet de détacher un territoire du milieu cosmique
environnant et de le rendre qualitativement différent.". "... des
sanctuaires (...) lieux de passage entre le Ciel et la Terre", Le Sacré et le
Profane. op . cit. . pages 25 et 26.

Dans ses composantes, elle est

Le monde entier. La totalité du "vivant" du monde
s'y trouve représenté : règnes minéral, végétal, animal
et humain, les cieux et leurs astres et étoiles, les
éléments : eau, terre, air, feu.

Dans sa signification, énoncée par Archie Fire
Lame Deer, elle est :

Le rappel conscient de cet instant de l'immersion
du Sacré, de l'Être, dans l'(espace ? lieu ? temps ?
être ?...) informel - informé - informulé, qu'est la
Création du Monde, l'Aube des Temps, in illo
tempore...

Dans son rite, elle est :

À la fois réactualisation de ce moment de totale
sacralité "ici et maintenant" et, communication, de ce
fait, avec le Sacré.

La sweat lodge, lieu de "purification". Quel sens
attacher à ce mot, ici ?

Chacun des 16 pôles de la sweat lodge a une
signification et implique la réactualisation des 16
Grands Mystères de la Création. Donc, la

communication, la mise en contact symbolique,

pendant la cérémonie, avec le commencement des

temps : époque sacrée par excellence, puisque

moment de totale pureté, puisque irruption du Sacré

Total dans le Monde. C'est la sortie du chaos, de

l'informel antérieur, sortie de ce rien, de cette mort-

non-vie d'où émerge la vie grâce, donc, à cette

irruption-manifestation-décision—pouvoir du

Créateur.

À partir de là, on peut comprendre aussi que
réactualiser la Création du Monde, c'est stimuler toute
autre création, c'est ressortir du "chaos" : l'état d'être
profane ou la maladie, par exemple.

Ces premiers temps marquent donc l'époque
d'un changement ontologique, le passage du non-né
au né, du non-vivant au vivant, du rien au tout. Ce qui
permet de définir la notion de purification dans le rite
de la sweat lodge : c'est le passage d'un état d'être
profane à un état de réceptivité au sacré.

Donc, les 16 points de la périphérie de la sweat
lodge sont les 4 fois 4 stades de la Création du Monde,
création de la totalité du vivant, de la Terre, du Ciel et
de tout ce qui se trouve en et sur eux, visible ou non
visible. Tout ceci ayant la même origine, donc tout ceci
étant une seule et même famille dont tous les
membres sont parents, sans distinction d'espèce ou de
règne.

Nous sommes donc bien, ici, en présence d'un

champ symbolique "logique". Et qui, de manière
analogique, se trouve reproduit plus ou moins
consciemment, à travers les cultures traditionnelles,
dans le temps et dans l'espace. En voici quelques
rapides exemples :

 le néophyte Kwakiutl - population amérindienne
de la côte Pacifique - s'écrie : "Je suis au Centre du
Monde"

 le palais de l'empereur de Chine se trouve au
Centre du Monde

 en Iran : Airyanam Vaejah, le pays iranien, est le
Centre et le Cœur du Monde et, de manière plus
spécifique, la ville de Shiz, ville natale de
Zarathoustra

 le temple bouddhique de Borobudur, dans l'île de
Java

 aussi bien qu'au Cambodge, Angkor Vat : Centres
du Monde

 Babylone avait des noms tels que : Maison de la
Base du Ciel et de la Terre, Ou : Lien entre Ciel et
Terre

 à Bali et dans d'autres régions d'Asie, pour
construire un village, on partait d'un croisement
naturel où se coupent perpendiculairement 2
axes, matérialisant l'espace divisé en 4 horizons et
naissant à partir de ce centre. Sur ce point central
sera élevé la maison cultuelle : point de rencontre

du Sacré et du monde de l'homme

 pour l'Inde : "En effet, l'érection d'un autel à Agni
n'est autre chose que la reproduction à l'échelle
microcosmique de la Création. L'eau dans laquelle
on gâche l'argile est assimilée à l'Eau primordiale ;
l'argile servant de base à l'autel symbolise la
Terre...). Bref, l'élévation d'un autel du feu, qui
seule valide la prise de possession du territoire,
équivaut à une cosmogonie."1

 en Guinée, au milieu du village, se trouve une
construction dont le toit représente la voûte
céleste et les parois : les 4 directions de l'espace

 on retrouve cette notion de Centre du Monde en
Italie ancienne sous la forme du Mundus romain2

Et pas seulement à travers les cultures
traditionnelles, mais aussi dans les cultures "du Livre" :

 la Kaaba est au centre de la mosquée de La
Mecque, et est ainsi au Centre du monde
musulman. Le pèlerin tourne dans le sens du
mouvement diurne autour de la Pierre Sacrée et
se sanctifie ce faisant.3

----------------------------------
1 Toutes ces données sont extraites de : Le Sacré et le Profane, op, cit,,
page 29 et pages 34 et suivantes.
2. Toutes ces données sont extraites de : Le Sacré et le Profane, op,
cit,, page 29 et pages 34 et suivantes.
3 Rappelons que ce même mouvement circulaire est le seul autorisé
durant le rite de la sweat lodge.

Figure 16a
Golden Egg. Roberto Matielo
Extrait de Mandala, op. cit., page 24 bis

Figure 16b
Extrait de Mandala, op. cit., page 24d

Figure 16c
Extrait de Mandala, op. cit., page 72a

Figure 16d

Extrait de Commentaire sur le Mystère de la Fleur
d'Or, op. cit., page 89.

Figure 16d
Extrait de Commentaire sur le Mystère de la Fleur d’Or, op. cit., page 89

 ce sens du Centre, lieu ou Celui Que l'On Ne Peut
Nommer est présent, se retrouve dans le temple
de Jérusalem et son Naos, interdit à tout autre
qu'au Grand Prêtre, Pour le peuple juif dispersé, le
Centre du Monde - le nombril du monde
(mandala) - est la Palestine et, de manière de plus
en plus "pointue" : Jérusalem, et puis
l'emplacement du Temple détruit, sous lequel est
supposé se trouver le tombeau d'Adam, le premier
homme, issu directement de l'œuvre du Créateur.
In illo tempore...

 pour le christianisme, tout lieu de culte consacré
est Centre1. Le tabernacle où se trouve l’Ostie est
aussi le lieu de la présence du Christ, La
communion réactualise cette "aube des temps" du
christianisme, la Cène : "Ceci est mon corps et ceci
est mon sang"2.

On peut noter que, notre Occident voit la
résurgence spontanée de l'image archétypale du
Mandala. Dans l'art (figures 16a, 16b, 16c, 16d), dans
l'architecture (figures 17a, 17b, 17c, 17d), dans les
rêves. Marie Louise Von Franz, psychologue, élève de

----------------------------------
1 Le Mythe de l'Éternel Retour, Mircéa Eliade, Gallimard, Paris, 1989,
page 29 : “Ajoutons que le même symbolisme a survécu dans le monde
occidental jusqu'à la veille des temps modernes (...), La basilique des
premiers siècles de notre ère, comme la cathédrale du Moyen-Âge,
reproduit symboliquement la Jérusalem céleste."
2 Et la communion est un sacrement qui ne doit pas être abordé sans
purification préalable par la confession, d'ailleurs.

C.G Jung, a pu écrire : "Dans les civilisations orientales,
(...) la contemplation d'un mandala est censée inspirer
la sérénité, le sentiment que la vie a retrouvé son sens
et son ordre. Le mandala produit le même effet
lorsqu'il apparaît spontanément dans les rêves de
l'homme moderne qui ignore ces traditions
religieuses."1

Figure 17a
Plan du cimetière de la ville de Chaux
----E-x--t-r-a-i-t--d-e--L--e--S-y-m---b-o--l-is-m---e- des Rues et des Cités, op. cit., page 246

Figure 17b
Flan de la ville idéale de Sforzinda par Filarète (1450)

Extrait de Le Symbolisme des Rues et des Cités, op.
cit., page 235.

Figure 17b
Plan de la ville idéale de Sforzinda par Filarète (1450)
Extrait de Le Symbolisme des Rues et des Cités, op. cit., page 235

Figure 17c

Extrait de Le Symbolisme des Rues et des Cités,
op. cit., page 246.

Plan de la ville idéale de Sfozinda par Filarète
(1450)

Figure 17c
Plan du New Brisach
Extrait de Le Symbolisme des Rues et des Cités, op. cit., page 103

Figure 17d
Temple consacré à l’Égalité
Extrait de Le Symbolisme des Rues et des Cités, op. cit., page 250

Il n'est pas possible, dans ce court travail,
d'évoquer des exemples chez tous les peuples, toutes
les ethnies. Les travaux des historiens des religions, des
ethnologues et anthropologues, voire des
psychologues, fournissent ample matière à cela. Je me
bornerai donc ici à ceux qui précèdent.

Ils me paraissent parlants. Assez pour que je
puisse dire que la sweat lodge, telle qu'elle m'est
parvenue, véhicule bel et bien des contenus
archétypaux, un symbolisme universel, sans doute
présents, sui generis, en l'homme. À travers les temps,
l'espace, les cultures, les croyances...

Peut-être fondements même de l'esprit (âme ?
être ?...) de l'homme.

Et ainsi, peut-être les différentes croyances,
explications du monde, rites, ne sont-ils que des
"déguisements" de ce même fond, dont on sait qu'il
peut reparaître spontanément dans l'esprit, le rêve de
l'homme occidental - voire servir de "logo" à une
couverture de livre d'aujourd'hui (cf. figure 18) -.

Ainsi, la sweat lodge, malgré l'"obscurisation" par
la pression de la civilisation occidentale, semble bien
avoir résisté, et avoir gardé son sens réel, et préservé
son authenticité. "... car la vérité se défend par sa
propre nature contre la profanation..."1

----------------------------------
1 Préface de John Epes Brown in Les Rites Secrets des Indiens Sioux,
op. cit. page 5.

Figure 18

CONCLUSION

Ce mémoire a donc tenté d'esquisser, autant qu'il
a été possible dans ce court travail, le symbolisme
inhérent à la sweat lodge. La sweat lodge synthétise
l'approche religieuse du monde des Lakota. Religion,
symboles, paraissent donc être des constantes en
l'homme, à travers les temps et dans l'espace.
Universellement, religion et symboles ont tissé la
trame de l'homme ; de son insertion dans le temps et
l'espace - le Monde de son destin, collectif et
individuel ; de ses possibilités et de ses limitations.
Même dans notre Occident qui se veut dégagé du
religieux, religion et symboles transpercent de mille
manières le tissu du rationnel : dans les arts, dans la
recrudescence des sectes, dans l'intérêt, non démenti
depuis des décades, pour ces "croyances qui viennent
d'ailleurs" (puisqu'aussi bien, celles d'"ici" apparaissent
à beaucoup dévitalisées, en perte de vitesse...) : yogas,
bouddhismes, chamanisme, animisme... Et jusque dans
le dédain du religieux dans certaines théories ou
doctrines : freudisme, marxisme... dont Eliade, entre
autres, a analysé ce qu'elles ont de "religieux".

Mircéa Eliade, l'éminent historien des religions a
pu, tout au long de son oeuvre et de sa vie de
recherches et d'enseignement, dégager
l'omniprésence des symboles, des mythes, des
archétypes, du besoin d'être re-lié (religio - religiare :

re-lier), du besoin de transcendance de l'homme,
universellement. Et fût-il occidental.

Et Carl Gustav Jung, le "père" de la psychologie
analytique, a fait des découvertes allant dans le même
sens.

L'ethnologue, qui se doit d'être ouvert à
l'homme, se doit donc de s'attacher à montrer,
éclairer, communiquer ces aspects-là de ses
recherches et travaux. Car, peut-être, de cela pourra
s'enrichir la connaissance que l'on a de l'homme
(individuel, social, collectif, créatif...) et approcher des
"pourquoi" insaisissables autrement.

Car le temps est passé, à présent, des vues
mécanistes. L'interaction du matériel et de cet autre
possible qu'un peut nommer le "spirituel", trouve de
plus en plus d'échos. Y compris, aujourd'hui dans les
pôles avancés des sciences dites exactes. Fritjof Capra1,
Brian Josefson2, et d'autres, confrontés aux mystères
et "impossibilités" de la physique quantique, trouvent
dans d'anciennes connaissances religieuses certaines
réponses...

Bien entendu, dans ce travail, bien des aspects
ont été négligés. Seul l'aspect mythique, symbolique,
rituel, ont été ici effleurés. Et ont permis de présenter
la sweat lodge dans sa rigoureuse "logique"
symbolique. Ce qui, à ma connaissance, n'avait pas

----------------------------------
1 Physicien, auteur de Le Tao de la Physique, éd. Tchou, Paris, 1979.
2 Physicien, prix Nobel de physique.

encore été fait.

Mais sont restés dans l'ombre bien d'autres plans
d'approche de la sweat lodge : son rapport au(x)
passage(s) initiatique(s), qui l'intègre dans l'histoire de
l'individu. Et ses implications thérapeutiques et
éducatives, entre autres.

Car, si la sweat lodge est un microcosme, rien du
macrocosme ne lui est étranger. Et toute
préoccupation humaine, philosophique, religieuse,
éducative, médicale, psychologique, créatrice... peut
être concernée par la sweat lodge.

Mais ceci débouche sur d'autres travaux, d'autres
recherches, d'autres ouvertures...

BIBLIOGRAPHIE

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1952, 238 pages.

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1957, 281 pages.

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Privât, 1977, 197 pages, préface de Jacques
Soustelle.

Vine Deloria Junior, God is Red, New York, Dell
Publishing Co. Inc., 1973, 376 pages.

INDEX des NOMS PROPRES

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Adam Driver

Agni Eliade Mircéa

Afrique Europe

Alsace Fils de la Pierre

Amérique France

Angkor Vat Grand Esprit

Asie Guinée

Australie Hehaka Sapa

Babylone Inde

Bali Iran

Borobudur Italie

Californie Java

Cambodge Jaulin Robert

Capra Fritjof Jerusalem

Cerf Boiteux Josefson Brian

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Christ Kaaba

Dakota (Sud) Kwakiutl

La Mecque
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Lame Deer John Fire
Lopatin
Miniconjou
Oglala
Palestine
Pine Ridge
Rosebud
Tahca Ushte
Terre
Shiz
Unci
Vazeilles Danièle
Vine Deloria Junior
Von Franz Marie-Louise
Wakan Tanka
Wapiti Noir
Zarathoustra

INDEX GÉNÉRAL

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aigle tacheté cosmos

air couleur

animaux créateur

arbre de vie création du Monde

architecture danse du Soleil

art eau

baguettes espace

bâton Esprits Associés

bison Esprits Inférieurs

carré Esprits Subordonnés

cèdre Esprits Supérieurs

centre Esprits Surnaturels

cercle étoile(s)

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fire woman Pipe Sacrée
guérison plantes médicinales
herbes point central
Holy Man porte
homme pouvoirs
imago mundi prières
inipi prophéties
kinickinick psychologie
lune purification
mandala quatre directions
medicine-man représentation
menstruation d'ensemble du Monde
menthe rêve
microcosme rite
Mont Sacré roue médecine
mort sachets de tabac
mythe sauge
origines de la sweat saule
lodge sauna
ours seize Grands Mystères
papillon soleil
parenté sweet grass
pierre(s) symbole

tabac vision
temps yuwipi
thérapeutique

Erica Nachez
Mémoire de Diplôme Universitaire d’Ethnologie

D.U. obtenu à l’Université de Strasbourg
Institut d’Ethnologie

Sous la direction du Professeur Éric Navet
1988

Licence Creative Common 2020

Éditions Neo Cortex – 7 place d’Austerlitz
F-67000 Strasbourg – France
ISBN : 978-2-918535-87-4

https://hutte-de-sudation.nachez.fr/

www.cd-de-relaxation.com

Podcast
https://djpod.com/michelnachez


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