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introduction au symbolisme de la Hutte de Sudation sioux-lakota. Ce texte est le mémoire d'Ethnologie de Erica Nachez. Elle y présente la structure et la symbolique de ce rituel amérindien sioux.

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Published by Michel Nachez, 2020-11-23 13:16:01

introduction au symbolisme de la Hutte de Sudation Lakota

introduction au symbolisme de la Hutte de Sudation sioux-lakota. Ce texte est le mémoire d'Ethnologie de Erica Nachez. Elle y présente la structure et la symbolique de ce rituel amérindien sioux.

UNIVERSITE DES SCIENCES HUMAINES DE STRASBOURG
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES
INSTITUT D'ETHNOLOGIE

Année universitaire 1987-1988
Mémoire préparé sous la direction de Éric NAVET

En vue de l'obtention du diplôme
d'Études Universitaires d'Ethnologie

À feu direct
À vapeur
Au deux

Figure 1
SWEATING. Driver and Massey
Extrait de Indians of North América, Driver (Harold E.)
USA, Chicago, University of Chicago Press, 1969, carte n°20
Carte de la répartition des Huttes de Sudation en Amérique du Nord

INTRODUCTION

La hutte de sudation est un rite religieux très
largement répandu sur tout le continent nord-
américain. Fresque toutes les ethnies, en Alaska, aux
Etats-Unis, au Canada et jusqu'en certaines zones
d'Amérique Centrale, pratiquaient ce rituel (cf. figure
1).

Cette présence, sur cette immense aire
géographique, fait de la hutte de sudation un élément-
clé permettant d'approcher les représentations
religieuses et cosmogoniques des populations
autochtones d'Amérique.

Beaucoup de choses restent mystérieuses, quant
à la hutte de sudation :

 ses origines : aucun document, aucun vestige, ne
permettent d'affirmer en toute certitude comment,
par qui et quand, ce rituel est arrivé sur le continent
américain. Certains (Lopatin, en I960) y voient
l'apport des Nordiques européens ; d'autres (Driver
en 1969) trouvent dans certaines habitations
ancestrales du nord de l'Asie, les racines structurelles
de la hutte de sudation.

 ses pouvoirs : à travers le non-dit, le non-écrit,
peuvent se sous-entendre la croyance en différents
"pouvoirs" liés à la hutte de sudation. Purification,
bien sûr (mais que signifie ce mot dans ce contexte ?).

Mais aussi pouvoir(s) thérapeutique(s) : guérison
physique et psychique. Mais aussi pouvoir de
"thérapeutique sociale" ; "guérison" d'antipathies,
résolution de conflits familiaux ou interpersonnels,
voire éventuellement interethniques. Pouvoir
d'ouvrir à d'autres "pouvoirs" : la hutte de sudation
est introduction nécessaire à tout autre rituel qui, lui-
même, peut conférer un pouvoir (la "vision", par
exemple).

Par ailleurs, on peut se poser les questions
suivantes :

Pourquoi les Indiens, si généralement avares de
précisions quant à leurs croyances, donneraient-ils
enfin, en ce vingtième siècle finissant, la vraie hutte de
sudation aux Blancs ?

Ou bien :

Que reste-il, après 150 ans d'oppression, de
mépris, de tentatives d'assimilation, voire de
destruction de la pensée et de la spiritualité
amérindiennes..., que reste-t-il de "réel",
d'authentique, dans la hutte de sudation ?

C'est à ces questions que ce mémoire cherche à
apporter des éléments de réponse. Car, si la hutte de
sudation véhicule des symboles que l'on trouve dans
les édifices religieux de nombre de cultures
traditionnelles, si la "logique" de cet ensemble
symbolique est "juste" : alors la hutte de sudation, dite
et vécue, en tous cas par mon informateur Archie Fire

Lame Deer, est "juste" elle aussi et relève donc d'une
authentique tradition.

C'est donc une approche comparative qui pourra
donner quelque réponse.

Ce présent travail va s'attacher exclusivement à la
hutte de sudation sioux-lakota, telle qu'elle est encore
(à nouveau) pratiquée à partir de la réserve de
Rosebud (Sud-Dakota) (figure 2).

Cette approche sera descriptive de la structure
même de cette hutte de sudation et des mythes
d'origine qui sous-tendent cette structure. Mythes,
symboles et structure matérielle sont étroitement
interconnectés dans la hutte de sudation. Et c'est peut-
être cette "symbiose"-là qui permet d'entrapercevoir
la réalité de la hutte et du rituel qui s'y pratique.

La hutte de sudation est une représentation
d'ensemble du monde. Si elle est cela, elle rejoint par
le sens nombre d'autres lieux, dans différentes
cultures, représentations d'ensemble du monde
également.

Ce travail va donc chercher à préciser en quoi la
hutte de sudation symbolise - est - le monde en son
entier. Et donnera quelques exemples, pris dans
d'autres cultures, de lieux qui sont le monde en son
entier. Pour ce faire seront évoqués ici les sources,
bibliographiques et orales ; la méthodologie utilisée ;
les données ressorties de l'enquête.

La conclusion ne pourra être qu'ouverture à

d'autres approches, et non point conclusion. Les
limites sont évidentes : le Sacré ne se confine pas à des
pages d'écriture...

Figure 2
Réserves sioux du Dakota du Sud et du Dakota du Nord

Extrait de Le Cercle et le Calumet, op. cit., page 15

L'ethnologue, depuis longtemps, écoute ce que
d'autres disent. Et il semble net que ce que ces "autres"
estiment le plus "chargé", le plus "lourd", le plus
"impossible" à dire, relève de leur approche religieuse.
Ainsi, ce qui est vécu comme le plus important, le plus
fondamental, le plus réel, le plus puissamment
émotionnel, par ces autres est le religieux. Vécu
impossible à dire autrement que par le mythe, le
symbole...

La plupart du temps, les dernières données que
l'on obtient dans l'enquête ethnographique sont celles
touchant à l'approche religieuse la plus vraie, chez les
populations étudiées. Bien après l'explication de
nombre de données plus concrètes, moins "chargées".
Peut-être ce qui est le plus profond se défend-il mieux
que ce qui est en surface...

Ainsi, les données concernant le religieux me
semblent-elles les plus puissantes à permettre une
compréhension de l'"âme du peuple".

Mais cette compréhension se doit aussi de n'être
pas qu'intellectuelle. Émotivité, affectivité... sont aussi
en l'ethnologue. Et ainsi, la compréhension la plus
complète possible paraît être dans une participation
dépassant la simple enquête verbale.

Ce sont toutes ces raisons qui m’ont amenée à
vivre ce travail.

Ces raisons, ainsi qu'un lointain intérêt - un peu
abstrait tout d'abord - pour le chamanisme

4

amérindien.

Et surtout, une rencontre :

Archie Fire Lame Deer, medicine-man lakota,
mon informateur. Grâce auquel j'ai pu : écouter,
apprendre, vivre la hutte de sudation, la "sweat lodge".

ÉTAT DE LA QUESTION

Ce qui touche au Sacré se défend longtemps

"Ce livre contient de multiples données que les
Indiens, Jusqu'en ces derniers temps, s'étaient gardés
de divulguer parce qu'ils estimaient, et avec raison, que
ces choses sont trop sacrées pour être communiquées
à n'importe qui…"1

Ainsi peut s'expliquer le fait que, malgré
l'immense répartition géographique de la hutte de
sudation en Amérique, je n'ai guère pu trouver de
données écrites précises quant au symbolisme qu'elle
implique. Nombre d'anthropologues américains la
mentionnent en quelques lignes. Du reste, mention en
est plus souvent faite aux chapitres traitant de l'habitat
que dans ceux traitant du religieux. Quelques
anthropologues décrivent le rituel toutefois.

Pour ce qui concerne la hutte de sudation sioux
lakota, il semblerait que les premières données fiables
offertes sur ce rite se trouvent dans l'ouvrage :

Les Rites Secrets Des Indiens Sioux, paru en 1948
et dicté par un medicine-man de l'ethnie Lakota des
Oglala : Hehaka Sapa, Wapiti Noir, Hehaka Sapa est
mort en 1950. Il était originaire de la réserve indienne
de Pine Ridge, dans le Sud Dakota. Il était medicine-

----------------------------------
1 Hehaca Sapa, Les Rites Secrets Des Indiens Sioux, Payot, Paris, 1975,
page 5.

man et "holy man", c'est à dire était considéré comme
ayant atteint le plus haut stade du medicine-man,
stade englobant tous les autres. En effet, le holy man
doit posséder et avoir pratiqué, à l'un ou l'autre
moment de son existence, chaque "spécialité" de
chaque sorte de medicine-man.

Puis, en 1972 paraît l'autobiographie d'un autre
medicine-man lakota :

Lame Deer, Seeker of Visions, autobiographie de
Tahca Ushte (Tahca Ushte en langue lakota signifie Cerf
Boiteux, Lame Deer en anglais), John Fire Lame Deer,
de son nom complet. Celui-ci, mort en 1976, était Sioux
Miniconjou de la réserve indienne de Rosebud dans le
Sud Dakota. Il était chef et également medicine-man et
holy man.

De cette source écrite indienne, un autre auteur
indien, Vine Deloria Junior dit, dans son ouvrage God is
Red que le livre de Lame Deer est un des livres majeurs
concernant la religion amérindienne : "... il y a dans ce
livre une sagesse que l'on trouve dans bien peu de
livres traitant de religion..."1.

Pour sources écrites non indiennes :

Danielle Vazeilles, ethnologue, professeur à
l'Université de Montpellier. Elle a vécu et travaillé en
tant qu'enseignante dans la réserve Lakota de

----------------------------------
1 Vine Deloria Junior, God is Red, Dell Publishing CO. Inc., New York,
1973, pages 5I et 52.

Cheyenne River (Sud Dakota) et elle a voyagé sur le
terrain, c'est à dire dans les réserves indiennes du Sud
Dakota. Elle a publié Le Cercle et le Calumet en 19771.
Dans un manuscrit non encore publié2, elle cite pour
ses sources d'information quant à la sweat lodge :
Hehaka Sapa et Tahca Ushte.

Robert Jaulin, ethnologue (La Mort Sara). Dans
ses Notes d'Ailleurs 3 , publié en 1980, il évoque
brièvement la sweat lodge lakota.

Enfin, pour source orale :

Mon informateur : Archie Fire Lame Deer, fils
direct de John Fire Lame Deer, Tahca Ushte. Il est
successeur de son père dans les fonctions de medicine-
man et de chef. Il voyage en Europe depuis 1983 pour
y parler de la spiritualité amérindienne dans la vision
sioux, et cela avec l'accord de nombre de chefs
religieux lakota. Quelques concepts lakota.

Mais avant d'arriver à la description de la sweat
lodge, il me paraît utile de préciser certains points,
certains mots.

Ce travail s'attache à la hutte de sudation sioux
lakota de la réserve de Rosebud. Dans la suite de ce
travail, je cesserai d'employer l'expression "hutte de
sudation", sauf pour les huttes non lakota. Pour utiliser
le terme anglais "sweat lodge". À cela, une raison

----------------------------------
1 Ed. Privat, Toulouse, 1977, Préface de Jacques Soustelle.
2 Oiseau Tonnerre et Femme Bisonne Blanche.
3 Ed. Bourgeois, Paris, 1880.

première : mon informateur, Sioux Lakota, a toujours
employé ce terme pour traduire "Inipi"1. Ce mot Inipi
désigne aussi bien l'objet matériel qu'est la sweat
lodge, que la cérémonie de purification qui s'y déroule.
C'est ce choix même de mon informateur qui m'a
amenée, parmi tous les vocables utilisés dans les textes
traitant du sujet (sweat house, sweat bath...) à adopter
le mot sweat lodge.

Il ne m'a pas paru utile d'utiliser une traduction
(de traduction) en français -où, du reste, les vocables
abondent : hutte, cabane ou loge de sudation, bain de
vapeur... -.

Peut-être eût-il été plus judicieux d'utiliser le mot
lakota lui-même : inipi ? J'ai toutefois préféré y
renoncer, car mon informateur ne l'a jamais prononcé.

Quelques concepts lakota :

Wakan Tanka, Grand’Père

Dans la spiritualité lakota, fait référence au Sacré
Absolu, le Créateur, le Grand Esprit, l'Essence même du
Sacré. C'est le Sacré en tant qu'essence, que principe.
Il est, en Soi. Il est donc indépendant de sa Création.

----------------------------------
1 Ini, en Lakota, signifie : prendre un bain de vapeur, Unkinipi : rendre
ce bain de vapeur “wakan" (chargé de sacrallté).

Wakan Tanka, Père

fait référence à un aspect plus proche du
Créateur, à la manifestation de Lui qu'est le Créé. À sa
relation avec la Création et la Créature. À son Pouvoir
agissant dans et sur le Créé.

Maka (Terre), Grand'Mère - aussi appelée Unci

est l'aspect le plus abstrait de la Terre en tant
qu'ayant en elle la potentialité de la vie et de tout ce
qui croît. En quelque sorte, elle est l'essence même de
la vie.

Maka, Mère

est la Terre considérée comme productrice de
toutes choses qui poussent et vivent. Et donc comme
Mère nourricière entretenant la vie.

Sera évoqué également un des grands symboles
de l'humanité :

Le Mandala (mot sanscrit signifiant : cercle magique)

figuration, plus ou moins complexe, imageant le
Cosmos. Il se développe à partir d'un point central vers
la périphérie, symétriquement, en cercle. De ce centre
rayonnenent les quatre directions de l'espace, ou un
multiple de ces quatre directions (8 - 12 - 16 - 20...).

Figure 3b Mandala tibétain
Mandala of Kalachakra

Extrait de Mandala, op. cit. page 14

Figure 3b Mandala tibétain
Mandala of Durgatiparisodbana
Extrait de Mandala, op. cit. page 90

"Universally inherent in man's consciousness, the
Mandala has continually appeared in his constructions,
rituals and art forms. From its various manifestations
we can derive three basic properties:

 a center

 symmetry

 cardinal points

The first principle is constant; the latter two vary
according to the nature of the particular Mandala.
Symmetry can be bilaterial or dynamic-rigid and
welldefined, or absolutely fluid. The cardinal points
may be precise in number, the amount depending upon
the Mandala situation; or the points may be infinite,
and nonexistent as in a circle.” 1

"... le mandala est avant tout une imago mundi :
il représente à la fois le Cosmos en miniature et le
panthéon. Sa construction équivaut à une récréation
magique du monde..."2

"Le Centre définit le mandala, comme l'acte
créateur, qui lui est analogue, définit la Création. Le
Centre du mandala est donc le "lieu" du Sacré le plus
absolu.

"Le "Centre" est donc la zone sacrée par

----------------------------------
1 José and Miriam Arguelles, Mandala, Shambala publications,
Berkeley, California, 1972, page 13.
2 Mircéa Eliade, Aspects du Mythe, Gallimard, Paris, 1963, page 36-37.

excellence, celle de la réalité absolue." 1

"C'est là, dans ce Centre, que le Sacré se
manifeste d'une manière totale."2

Cette image du mandala apparaît universelle : on
la trouve en Asie, bien sûr (figures 3 et 4). Mais aussi en
Amérique - la sweat lodge (figure 5), la "roue
médecine", les quatre directions de l'espace se
rencontrant au centre (figure 5b), le tipi, des dessins
sur le sable (figures 6a et 6b) Mais aussi en Europe :
roses et rosaces des lieux de culte (figures 7a et 7b) (et
le mandala apparaît spontanément dans des rêves,
dans des dessins d'enfants (figure 8), ainsi que l'a
montré la psychologie des profondeurs). En Afrique on
trouve des maisons cultuelles de structure mandala (en
Guinée, par exemple). Je n'ai pas encore poussé mes
recherches jusqu'en Australie. Mais il est certain que le
mandala y est présent en tant qu'imago mundi
également.

Contrairement aux vues stéréotypées, la hutte de
sudation, la sweat lodge, n'est pas un sauna, bien que,
superficiellement, il s'agisse bien d'y transpirer. Mais
cette vision extérieure ne saurait rendre compte du
sens, de la signification profonde de ce rituel : il s'agit
de se re-lier au Sacré (des recherches approfondies
permettraient peut-être, du reste, de dégager un

----------------------------------
1 Mircéa Eliade, Le Mythe de l''Eternel Retour, Gallimard, Paris, 1969,
page 30.
2 Mircéa Eliade, Images et Symboles, Gallimard, Paris, 1952, page 43.

aspect religieux à l'origine du sauna nordique ; voilà qui
pourrait être une voie de recherche intéressante, ce
me semble).

Cercle divin de Bali
Archives de la revue Ciba, Bâle

Figure 4

Figure 5a : la sweat lodge vue d’en haut

Figure 5b
Schéma mexicain du Monde
Extrait de Le cercle du Monde, op. cit., page 5

Figure 6b : Navaho.

Extrait de MandaFligau,reo6pa.cit., page 93.

"Les Indiens Navaho essayent, au moyen de peintures sur le sable,
auxquelles ils donnent la structure du mandala, de parvenir à ramener un

malade à l'harmonie avec son âme et le Cosmos."
Extrait de L'Homme et ses Symboles, op. cit., page 213.

Figure 6b
Navaho
Extrait de Mandala, op. cit., page 93

Figure 7a
Rosace de Notre Dame de Paris
Extraite de L’Homme et ses Symboles, op. cit., page 159

Figure 7b
Vues de la cathédrale moderne de Brasilia
Extrait de L'Homme et ses Symboles, op. cit., page 213.

Figure 7b
Vues de la Cathédrale de Brasilia
Extrait de L’Homme et ses Symboles, op. cit., page 213

.

Figure 8
dessin d'enfant
Extrait de L'Homme et ses Symboles, op. cit., page 165

MÉTHODOLOGIE

Elle a comporté, d'une part, une étape de
recherches bibliographiques. Et d'autre part, une
enquête qui a débuté en 1984 et qui est présentement,
en 1988, encore en cours. Les rencontres avec Archie
Fire Lame Deer, mon informateur lakota, se sont
effectuées lors de séminaires et stages, et aux quatre
coins de la France. J'ai eu l'occasion de le recevoir à 6
reprises à ce jour en Alsace et ai pu, ainsi, avoir des
entretiens tout à fait personnels avec lui.

Depuis 1984, c'est quelque 3 fois par an, et en
général sur une durée de plusieurs jours à chaque fois,
que j'ai poursuivi ces entretiens et ces travaux que l'on
peut dire "pratiques", puisque, la plupart du temps, la
construction de la sweat lodge et l'actualisation du
rituel étaient partie intégrante de l'enquête.

Ces séminaires et stages étaient tout
particulièrement axés sur la sweat lodge : sa
construction, son symbolisme, son rite. J'ai donc pu
accumuler nombre de données au fil de ces rencontres.

Lors de ces stages, j'ai, d'une part, utilisé :

 des moyens audio pour "fixer" le discours de Archie
Fire Lame Deer : bandes magnétiques et cassettes

 des moyens audio-visuels : caméra vidéo (sans
grand talent toutefois)

 des images statiques : photographies et diapositives

D'autre part, à partir de fin 1986, j'ai été
l'interprète, lors de chacun des passages de Archie Fire
Lame Deer, il m'en reste :

 mes cahiers, sur lesquels j'ai griffonné à toute
vitesse ce qui a été dit pour le traduire en français
ensuite - avec toutes les lacunes et la relative
illisibilité de ce genre de document lorsque l’on
cherche à l'exploiter postérieurement.

À ce jour - printemps 1988 - j'ai passé quelque 45
jours en compagnie de Archie Fire Lame Deer, parfois
en échange personnel, plus souvent en groupe.

Pour préciser le calendrier de l'enquête, depuis
son commencement, en 1984 :

 septembre 1984 ; 5 jours en région
parisienne

 novembre 1984 : 4 jours dans le Sud de la
France

 novembre 1985 : 6 jours en Alsace

 mars 1986 : 3 jours en Alsace

 mai 1986 : 4 jours en Lorraine

 novembre 1986 : 6 jours en Alsace

 avril 1987 : 4 jours en Bretagne

 juin 1987 : 2 jours en Lorraine

 novembre 1987 : 4 jours en Alsace

 avril 1988 : 6 jours en Alsace

 octobre 1988 : 2 jours en Alsace

Par ailleurs, avec l‘accord de Archie Fire Lame
Deer, j'ai pu élaborer des panneaux d'exposition -
textes et photos - décrivant la sweat lodge. Archie Fire
Lame Deer, voyant ces panneaux, leur a marqué son
assentiment.

Archie Fire Lame Deer m'a communiqué une
cassette vidéo, réalisée sous sa supervision en
collaboration avec l'Université de Santa Barbara
(Californie). Ce document vidéo comporte 3 parties
traitant de la spiritualité lakota, dont une partie
consacrée à la sweat lodge.

Pour ce qui concerne les entretiens avec
l'informateur, je n'ai pas jugé utile de procéder par
questionnaire. En fait, à chaque fois que j'ai posé une
question directe, je n'ai jamais obtenu de réponse tout
de suite. C'est au fil du discours ultérieur tenu par
Archie Fire Lame Deer, que les réponses m'ont été
distillées par bouts. À moi de rassembler ces bouts.

Ce mode de fonctionnement n’a rien d'étonnant,
compte tenu de la mentalité indienne : "indian time".
C'est à dire, ne pas être l'esclave des horloges : demain
vaut aujourd'hui, ne pas être pressé... Cela ressemble
au : "tout vient à point à qui sait attendre".

Donc, pas de questionnaire ni de questionnement
direct. Les informations sont venues tout de même, et
d'autant plus facilement et spontanément. Ces

informations se trouvent sur les différents supports
précités : écrits, enregistrés.

J'ai préféré circonscrire ma recherche aux plans
du mythique, du religieux, du symbolique. Je n'ai pas
encore cherché à investiguer vers d'autres aspects :
thérapeutiques et médicaux, ou éducatifs, ou autres.
Qui peuvent également ressortir d'une étude de la
sweat lodge.

Ces développements pourront faire l'objet de
travaux ultérieurs.

LES DONNÉES RECUEILLIES

Par l'enquête orale : entretiens avec Archie Fire
Lame Deer.

Le mythe de la création du Monde, (figure 9)

Au Commencement était... (au Centre était...)1
Le Créateur

Et le Créateur créa l'Ouest et les 4 Esprits Supérieurs :

1) WI, le Soleil non point les "objets"
2) SKAN, le Mouvement matériels mais
3) MAKA, la Terre
4) INYAN, la Pierre l'"essence" de ceux-là

----------------------------------
1 “The universality of the Mandala is in its one constant, the principle of
the center. The center is the beginning of the Mandala as it is the
beginning and origin of all form and of all processes, including the
extensions of form into time. In the beginning was the Center : the
center of the Mind of God, the eternal Creator, the Dream of Brahman,
the galaxies that swirl beyond the lenses of our great telescopes, In all
these the center is one, and in the center lies eternity." Mandala, op. cit,,
page 12.

Les 16 GRANDS MYSTÈRES
DANS LA HUTTE DE SUDATION

Ailé WAKINYA est jaune Bison TATANKA
Joie intérieure UNK Ours TOB TOB
Vent TATE 4 directions du
Lune HANWI Vent WANI

Tourbillon YUM

Nord rouge Sud blanc

Pierre INTAN

Esprit NAGI

Terre MAKA

« Ombre » NAYI

Mouvement SKAN ouest noir Intellect SICUN

Soleil WI La matérialité, le
corps YUMMI

Figure 9

Après des millions d'années, les 4 Esprits
Supérieurs créèrent le Nord et les 4 Esprits Associés,
qui devaient les servir :

5) le Soleil créa HANWI, la Lune non point leur
6) Le Mouvement créa TATE, le Vent matérialité mais

7) la Terre créa HUNK, la Joie leur "essence"

8) la Pierre créa WAKINYA, les Êtres Ailés

(Anges, Oiseaux-Tonnerre et L’Aigle Tacheté)

Et passèrent des millions d'années.

La troisième phase vit la création des Esprits
Subordonnés et de l'Est :

9) TATANKA OYATE, l'Homme, assimilé à la Nation
Bison

10) TOB TOB, l'Ours ou plutôt l'Esprit-Ours, c'est à
dire la Sagesse (Tob Tob signifie aussi 4 fois 4 et
cette phase de la Création amène les êtres à 4
pattes)

11) WANI, les 4 Directions du Vent (qui sont appelés
les "Vitaliseurs" : la neige, la pluie, la grêle...)

12) YUM, le Tourbillon (tout ce qui se déplace en
cercle : les étoiles, les galaxies, les corps
célestes... et aussi les jeux, l'amour, le sport...)

Au cours des millions d'années qui suivirent, des

désordres apparurent :
 HANWI regarda SKAN, bien qu'elle ait été
créée par VI
 MAKA regarda WAKINYA, bien qu'elle ait créé
UNK...

Le Créateur s'en aperçut. Il prit :
 MAKA et créa la Terre matérielle
 WI et créa le Soleil matériel
 HANWI et créa la Lune matérielle

et, de même, tous les autres Esprits reçurent leur état
matériel :

 WANI devint l'eau agitée par les Vents
 WAKINYA devint l'Aigle Tacheté
 YUM devint les Etoiles et les Galaxies....
 TATANKA OYATE, l'Homme, fut place sur la

Terre, ainsi que : les animaux, les plantes, les
rochers...

Et, pour l'Homme, le Créateur réalisa la
quatrième phase de la Création :

Il créa le Sud et les 4 Esprits Inférieurs :

13) NAGI, Âme éternelle de l'Homme, afin qu'il
comprenne le sens de sa vie

14) NAYI, son Esprit temporaire, son "Ombre"

15) SICUN, son intellect afin qu'il puisse résoudre ses
problèmes matériels, inventer
16) YUMNI, le corps et les objets matériels dont
l'Homme a besoin pour vivre.

Ainsi furent créés les 16 grands mystères.

Furent créés aussi :
 les 8 Etoiles du Matin, pouvoirs positifs
 et les 8 Esprits Surnaturels, pouvoirs négatifs

Ainsi se termina la Création du Monde…1

Le Mythe d’origine de la sweat lodge2

La sweat lodge, lieu du Pouvoir :
Au (presque) commencement étaient...
Une Jeune fille et ses 5 frères. Ils vivaient près
d'une rivière. Tous les Jours, les frères partaient
chasser, dans des directions différentes, pendant que

----------------------------------
1 Pour le mythe de la Création du Monde : cf. Mythen der Oglala, Karl
A. Nowotny, Dokumente der Geistesgeschichte, 1979.
2 Cf. le même mythe dans De Mémoire indienne, Tahca Ushte, Plon,
Paris, 1977, page 194 et suivantes.

la jeune fille s'occupait des tâches de la femme et
restait près du tipi.

Or, un soir, il advint que l'un des frères ne rentra
pas. Le lendemain matin, les 4 jeunes hommes
partirent à la recherche du frère disparu et au soir de
ce jour-là, seulement 3 d'entre eux revinrent. Le
lendemain matin, ils s'en allèrent et au soir, seulement
2 revinrent. Et pareillement le jour suivant ou un seul
revint. Qui partit à la recherche de ses 4 frères. Et ne
revint pas...

La jeune fille, de désespoir, décida de mourir et
pour cela avala une pierre.

Mais au lieu de mourir, elle enfanta un garçon
qu'elle appela "Fils de la Pierre".

Il grandit en quelques jours et, apprenant la cause
du chagrin de sa mère, décida de partir à son tour à la
recherche de ses oncles.

Au premier soir de son voyage, il parvint à un tipi
devant lequel était assis une horrible vieille sorcière, la
Mort. Il réussit à la tuer et trouva 5 sacs dans lesquels
il ressentit les esprits de ses oncles. Ceux-ci lui
donnèrent l'inspiration de construire une hutte avec
des branches de saule et des peaux pour les couvrir ;
de creuser un trou au centre et d'allumer un feu à
petite distance ; de faire rougir des pierres dans ce feu
et de les amener dans le trou au centre de la hutte ; d'y
entrer ensuite avec les sacs, de fermer l'ouverture et
de verser de l'eau sur les pierres chauffées...

Et, une fois tout ceci fait, lorsque, pour la
quatrième fois, il versa de l'eau sur les pierres, les 5
oncles reprirent vie.

Et Fils de la Pierre dit : "... de ce Jour, la hutte de
sudation, IMIPI, sera sacrée. Elle nous donnera la santé
et nous purifiera..."

Ce fut le premier INIPI...

INIPI a ensuite été donné aux hommes par les
femmes.

La femme se purifie tous les mois pendant les 4
jours de son flux menstruel.

L'homme n'a rien de tel pour se purifier.

Alors, la sweat lodge fut donnée aux hommes afin
qu'ils puissent également se purifier physiquement,
émotionnellement, mentalement, spirituellement.

Description, par Archie Fire Lame Deer,
de la construction de la sweat lodge1 (figure 10)

Ceux qui désirent construire une sweat lodge

----------------------------------
1 Un chapitre consacré à la sweat lodge dans Les Rites Secrets Des
Indiens Sioux, Page 65 et suivantes ; "Dans le rite (...) interviennent tous
les Pouvoirs de l'Univers ; la Terre (...), l'eau, le feu et l'air. L'eau
représente les Êtres-Tonnerres
La loge à transpirer est construite avec 12 ou 16 jeunes saules ; ceux-ci
aussi ont un enseignement à nous donner, car à l'automne, leurs
feuilles meurent et retournent à la Terre, et au printemps, elles
reviennent à la vie. Nous verrons plus loin que : le kinickinick, mis dans

partent à la recherche de belles branches de saule
blanc. Il en faudra 29 : 25 pour la construction à
proprement parler, et 4 en réserve, poux le cas où
quelques branches viendraient à casser pendant la
construction. Toute branche qui n’aura pas été utilisée
pour cette construction devra être rompue en
morceaux, et brûlée. Et non pas réutilisée pour
quelqu'autre usage.

Avant de couper la première branche de saule,
une prière doit être dite, avec une offrande de tabac,
aux 4 directions de l'espace (en commençant par
l'Ouest et en allant dans le sens des aiguilles d'une
montre), à la transcendance et à la Terre-Mère. Et cela
afin de maintenir l'harmonie avec la Création, malgré
le fait que l'on arrache le frère saule. Car les plantes
sont vivantes et on ne doit pas en mésuser.

Lorsqu'on construit la sweat lodge au printemps
ou en été, l'on écorce les branches de saule, mais pas
lorsqu'il s'agit d'une sweat lodge d'automne ou d'hiver.

Puis, l'on nettoie soigneusement le sol, là où il est
prévu d'implanter la sweat lodge, et on aplanit ce
terrain.

Au centre de l'espace prévu est creusé un trou qui
va recevoir les pierres chauffées à blanc pour la
cérémonie.

La terre sortie du centre de la hutte formera le

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les trous recevant les saules, a pour symbole le pouvoir de renaître.

Mont Sacré, à droite de l'entrée (vu de l'extérieur),
entouré du symbole des 12 Lunes positives et des 12
Lunes négatives du cycle annuel. Ce Mont Sacré servira
de support à d'autres symboles pendant la cérémonie.

2ème phase de la création : les associés
1ème phase de la création : les supérieurs

4ème phase de la création : les inférieurs

3ème phase de la création : les subordonnés

Mont Sacré
24 bâtonnets
représentent les
12 Lunes (12
négatives et 12

positives

Figure 10

Autour de ce centre, l'on fore 16 trous en cercle,
d'abord 2 à l'Ouest, puis 2 à l'Est, puis 2 au Sud et 2 au
Nord, puis 2 au Sud-Ouest, 2 au Nord-est, 2 au Sud-Est
et enfin 2 au Nord-Ouest. Et c'est également dans cet
ordre que les branches de saule seront plantées dans
les trous puis assemblées. Les trous ont environ 5
centimètres de diamètre et dans les 25 centimètres de
profondeur. Au fond de chaque trou est mis une
offrande de kinickinick (symbolisme du kinickinick : le
pouvoir de renaître et la réceptivité aux forces d'en
haut).

Les 16 pôles de la sweat lodge actualisent les 16
temps de la Création du Monde, impliquent dans la

sweat lodge1 les 16 Grands Mystères.

Les 16 branches de saule plantées sont reliées au
sommet de la hutte pour former une structure
arrondie au sommet. Cette structure est ensuite
ceinturée par" 4 cercles horizontaux superposés en
commençant par le plus près du sol. À ces 4 cercles
horizontaux sont attachés, aux intersections avec les
branches verticales, des banderoles des 4 couleurs des
4 directions de l'espace :

• noir pour l'Ouest et la première phase de la
création, en bas

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1 Cf. Mircéa Eliade, Le Sacré et la Profane, chapitre intitulé :
"Consécration d'un lieu : répétition de la cosmogonie", pages 31 et
suivantes.

• rouge pour le Nord et la 2ème phase de la
création, au-dessus

• jaune pour l'Est et la 3ème phase de la création,
ensuite

• blanc pour le Sud et la 4ème phase de la création,
tout en haut.

Figure 11

Figure 12

Puis, au dernier cercle, tout en haut, on attache
avant de le poser, 104 sachets de tabac représentant
toutes les plantes médicinales. Lorsque tout cela est
fait, la structure en saule est achevée (figure 11). Au
sommet se découpent 2 étoiles à 8 branches. La plus
petite de ces étoiles symbolise, dans ses 8 pointes, les
8 Pouvoirs Négatifs, appelés aussi Esprits Surnaturels
("supernaturals", en anglais). Les pointes de la plus
grande de ces étoiles symbolisent les 8 Pouvoirs
Positifs : les 8 Etoiles du Matin (figure 9). À quelque
distance de l'ouverture de la sweat lodge, à l'Ouest1,
on va creuser l'emplacement du feu. Entre feu et hutte
est matérialisé un sentier sur lequel est saupoudré un
peu de la terre retirée du centre de la sweat lodge. Ce
sentier, appelé UNCI - Grand'Mère - va de la Terre-
Mère (la sweat lodge) au feu, et est la Terre dans son
essence la plus spirituelle. UNCI met en contact le feu
(qui est aussi le soleil) représentant le Pouvoir de
WAKAN TANKA PERE donnant vie à toute chose avec
WAKAN TANKA GRAND'PERE : le sacré absolu qui est
dans le centre de la sweat lodge. Ainsi est symbolisé le
fait qu’un pouvoir féminin est, en quelque soi te,
intermédiaire entre le Créateur et sa Création. (Il faut
ajouter ici que, au sommet de la structure en saule, est
représenté un entrelacs imageant 8 papillons qui
représentent les Pouvoirs de la femme.) (figure 12).

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1 Je n'entrerai pas dans la querelle de l'ouverture à l'Est ou à l'Ouest.
Seule m'a importée pour ce travail la justesse symbolique de la sweat
lodge.

Figure 13

Donc, UNCI symbolise à la fois le chemin sacré de
la vie sacrée de l'homme entre et sur sa MERE et
GRAND'MERE MAKA et son PERE et GRAND'PERE
WAKAN TANKA. Et aussi le passage des énergies
solaires et divines :

 concrètement : chaleur, vie

 et spirituellement : essence de la chaleur et de la vie
(le Créateur) vers la Terre (la sweat lodge) pour lui
donner énergie et vie.

Et c'est par ce sentier que les pierres seront
amenées à l'intérieur de la sweat lodge.

Autour de la hutte, les 4 directions de l'espace
seront matérialisées par des fanions aux 4 points
cardinaux, de la couleur adéquate à chaque direction.
Les 2 autres directions, le haut et le bas, ont pour
couleur : le bleu pour le haut et le ver t ou le brun pour
le bas. Il n'est pas indispensable de les marquer,
puisque Ciel et Terre sont présents de toute évidence.

Ensuite, on couvre hermétiquement la hutte
(figure 13) en laissant une ouverture à l'Ouest, vers le
sentier et le feu. On peut parsemer le sol de la sweat
lodge de menthe ou de sauge fraîche, féminines.

Puis, on allume le feu. Là aussi, pas n'importe
comment : on pose d'abord deux bûches en Ouest et
en Est, puis deux au Nord et Sud, ce qui va marquer les
4 directions. On met des brindilles entre ces bûches
puis on forme une plateforme par-dessus (figure 14a).

Figure 14a et 14b

Ensuite, on pose 7 pierres sur la plateforme ainsi
formée : les 2 yeux, le nez et la bouche du Soleil
regardant vers la Terre, la hutte. Puis on empile autant
de pierres que l'on veut et on termine par une
pyramide de bûches (figure 14b).

On enflamme le tout et, en alimentant le feu, on
laisse chauffer de 2 à 4 heures selon la qualité des
pierres - les meilleures étant les pierres volcaniques

Lorsque le feu est allumé et qu'une offrande de
tabac y a été faite, il n'est plus possible de traverser le
sentier UNCI, sauf pour entrer dans la sweat lodge pour
la cérémonie et sauf pour le "fire man". Car traverser
ce sentier serait entraver symboliquement la
communication entre le Sacré et la Terre. Si on veut
passer d'un côté à l'autre, il faut tourner autour de
l'ensemble dans le sens du mouvement diurne du
Soleil, c'est à dire de gauche à droite - ce sens sera le
seul possible pendant toute la cérémonie, y compris et
surtout à l'intérieur de la sweat 1odge.

Les 4 prophéties et leur symboles.

Impliquant, dans la sweat lodge, les 4 temps
historiques - en apparence temps linéaire - du peuple
lakota.

Avant la cérémonie à proprement parler, on place
4 symboles sur le Mont Sacré. D'une part, sur deux
baguettes fourchues tenant une barre transversale,

sera appuyée la Pipe Sacrée ainsi que le sachet
d'herbes et de kinickinick.

Une ancienne prophétie est connectée à ceci :
"Ma vie est celle des herbes et des plantes. La Terre-
Mère, moi et les animaux sommes un et nous
cheminons ensemble tous les jours".

Figure 15

C'est la prophétie concernant les temps les plus
anciens, lorsque les Lakota, avant l'introduction du
cheval sur le continent américain, étaient bien plus un
peuple de cultivateurs et de cueilleurs que de
chasseurs nomades, et cela jusqu'au 18ème siècle.

On place sur le Mont Sacré un crâne de bison
(figure 15) orienté au Sud. La prophétie qui s'y
rapporte : "Ma vie est celle du bison. Je vis du bison et
j'utilise toutes ses parties soit pour ma subsistance, soit
pour les cérémonies".

C'est la prophétie de l'étape suivante, celle du
temps du Lakota, chasseur de bison, et modelant son
mode de vie sur la migration des troupeaux de bisons.

Un bâton rouge en haut (figure 15), avec une
mince bande blanche au milieu, et noir en bas, est
planté à côté du Mont Sacré. Son symbolisme est le
suivant ; l'homme, représenté par la mince bande
blanche, doit marcher en équilibre entre le positif - le
rouge - et le négatif - le noir. D'autre part, la prophétie
qui se rapporte au bâton est : "Ma vie est celle de
l'homme blanc. Je dois vivre comme l'homme blanc,
afin de pouvoir survivre". Cette prophétie correspond
à l'époque actuelle.

Enfin, les deux baguettes à fourche et la tige
(figure 15) qui y repose : voilà le 4ème symbole et la
4ème prophétie, correspondant à l'avenir : "Ma vie est
celle du cerf à queue noire". Il est dit que l'on ne peut,
aujourd'hui, comprendre ce que veut dire cette 4ème


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