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Published by Borgny, 2019-05-02 08:32:55

Borgny LA RESCAPéE DES FLAMMES

Borgny_LA RESCAPéE DES FLAMMES.

-Viens Borgny, montons Storgata (La Grande Rue).
Borgny regarde vers Storgata. Elle aperçoit la montagne Aksla derrière
les maisons en flammes, avec son café panoramique (Fjellstua) au
sommet. La vue y est si belle. Borgny y était allée une fois. Elle avait pu
voir jusqu’à l’autre bout du monde... Jusqu’en Amérique !!! Ils passent
devant la maison en flammes du maître charcutier Mjelva. Ce dernier
agite les bras. Il semble vouloir rentrer dans sa maison.
Il arrête Ivar.
- Peux-tu aller chercher mon porte-monnaie ?
Il est sur la table de cuisine. Tu auras 5 öre (centimes)
pour la peine.

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Borgny regarde Ivar. Elle sait qu’il va le faire. Ivar ne sait pas à dire non.
Il fait tout ce que les adultes lui demandent. Borgny s’assoit , comme
pour signifier qu’elle est d’accord.
- C’est de l’argent facile , je serai de retour en moins de temps qu’il ne
faut pour le dire, rassure Ivar en se précipitant dans la maison.
Borgny fixe la maison , et entend soudainement un fracas. Les vitres
explosent et les flammes sortent en tourbillonnant par les fenêtres et les
portes. Les flammes encerclent la maison et Ivar est à l’intérieur. Ivar ne
peut pas sortir Que faire ?
Borgny prie. Elle s’agenouille joignant les mains et baissant la tête. Elle
prie. Elle prie pour que quelqu’un vienne secourir Ivar. Ses voeux sont
exhaussés. Borgny voit les flammes de la porte disparaître comme
par miracle. Maintenant Ivar peut sortir. Où est-il ? Pourquoi ne
sort-il pas ?
Borgny a la gorge nouée. Il fait chaud mais elle
frissonne. Les flammes lèchent à nouveau
l’encadrement de la porte. Elle entend un bruit.
C’est Ivar qui se jette hors de la maison. Il a
réussi. Borgny lui saute au cou et l’étreint.
Il est le meilleur grand-frère dont
puisse rêver une petite soeur.
- Le voici dit Ivar en donnant le
porte-monnaie au
charcutier.
- Merci beaucoup
dit le charcutier
soulagé,
donnant à
Ivar les 5
öre(centimes).

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Borgny prend ses jambes à son cou et court si vite qu’elle décolle
presque. Toutes les autres maisons ont pris feu. Elle voit la caserne des
pompiers en feu. La maison de la vieille Madame Heen brûle aussi. La
dame est assise devant sa maison. Juste assise. Puis elle se lève et rentre
dans la maison. Elle rentre dans sa maison en flammes. Pourquoi le
fait-elle ?

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Borgny est épuisée. Elle ne peut avancer un mètre de plus. Ivar aussi est
épuisé. Ils s’assoient sur un escalier. Ils n’en peuvent plus. Borgny regarde
vers la maison de Madame Heen. Toute la maison est en flammes. Les
flammes sortent de la porte et de toutes les fenêtres. La vieille Madame
Heen est dans la maison et n’en ressort pas . Elle n’en ressortira jamais.

Borgny devient triste.

Borgny est angoissée. Le feu est partout. : devant eux , derrière eux, à
côté d’eux. Le vent s’est calmé mais l’incendie fait rage. Il souffle et
crépite...
Borgny réfléchit. Si on était une mouette . On pourrait simplement fuir
: fuir les flammes , s’envoler vers un lit douillet, s’envoler pour retrouver
Papa, Maman et la petite Anna. Les mouettes n’ont pas besoin d’avoir
peur. Elles peuvent juste s’envoler : s’envoler jusqu’à Molde où il n’y a pas
d’incendie.
Borgny regarde Ivar. Il pleure. Ivar ne pleure jamais. Il ne pleure pas
quand il se blesse. Il ne pleure pas quand Papa se fâche contre lui. Main-
tenant Ivar pleure. Il a peur lui aussi. Il est juste assis et ne fait rien.
Borgny a mal au ventre . Elle ressent des pincements. Si Maman ou Papa
pouvait surgir de l’océan de flammes ! S’ils pouvaient leur venir en aide
! Si Maman pouvait la porter au lit et réciter le ”Notre Père” (Fadervàr)
! Si Maman pouvait lui caresser la joue et lui dire combien elle l’aime ! Si
Maman pouvait venir !

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Borgny voit le vent. Il se fraie un passage à travers les flammes et
la fumée. Elle aperçoit le vent essayant de lui montrer quelque
chose. Le vent se fait main et pointe le doigt. Il le pointe vers

Kipervika. Le vent voudrait qu’ils aillent vers Kipervika.
Borgny se dresse, plisse les yeux et regarde en bas vers
Kipervika. Le vent a raison. Maman s’y trouve. Il lui
semble qu’elle peut l’apercevoir dans les nuages de
fumée. Elle prend la main de Ivar puis ils se
mettent en marche.

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Borgny continue de trotter. Ivar la suit. Ils sont fatigués.
Kipervika s’ouvre à eux tandis que la famille Haagensen les précède. Les
frères aînés tirent un chariot avec pratiquement tous les meubles de leur
maison. Ils le tirent comme le feraient deux chevaux baissant la
tête, soufflant et haletant, pareils aux flammes qui montent des maisons
en feu.
Borgny regarde les étincelles et des bouts de maisons tomber sur le sol.
Soudain son oeil est attiré par un rideau en flamme . Il chute en faisant
des spirales en direction du chariot avant de se poser délicatement sur le
piano.
- Le piano, il va prendre feu ! pensa t-elle.
- Pauvre famille Haagensen qui avait dû batailler dur pour sauver ses
biens, et voici maintenant qu’ un misérable rideau allait réduire tous ses
efforts à néant. !!!
Borgny se précipite vers le chariot, saisit un pan du rideau qui ne brûle
pas et l’extirpe de la voiture chargée de mobilier. Elle est heureuse. Elle
vient de sauver tous les meubles. Elle a vaincu les flammes. Elle est plus
forte que les flammes. Elle est plus forte que le feu. Les garçons viennent
à sa rencontre pour la féliciter.
-Merci. Tu as sauvé nos meubles. Tu es une fille courageuse(töff).
Borgny regarde les garçons lui souriant. Soudain leurs visages se figent,
la bouche stupéfaite et les yeux écarquillés.
- Pourquoi, ne sont-ils pas contents ? Elle a pourtant sauvé leurs meubles !!!
Borgny se retourne et comprend tout. D’autres rideaux tombent de la
maison. Une centaine de rideaux en flammes partout s’étalant sur les
meubles, les uns après les autres. Soudain, le chariot prend feu. Un feu
grimpant vers le ciel, loin au dessus des toits. Le piano joue ses dernières
notes et évoque un feu de camp pareil à celui de la Saint Jean au ”Baal-
holmen” (Cap des Feux), sauf que n’est pas encore la Saint Jean.
Borgny est désolée. Le feu est plus fort qu’elle.

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Borgny commence à pleurer. Elle voudrait partir, quitter les flammes,
quitter la ville, aller dans un endroit qui n’est pas en feu , Un endroit
où ils seraient enfin en paix. Elle court. Ivar la suit faisant de même.
- Arrête ! Arrête-toi Borgny crie Ivar en sa direction avant de stopper
net.
Borgny s’arrête. Ils s’arrêtent devant une boulangerie (bakeriutsalg).
Elle aperçoit un plateau de brioches tout juste sorties du four. Seule
la vitrine de la boutique interdit à Borgny d’en prendre une. Elle en
a pourtant très envie. Elle a très faim. Elle n’a rien mangé depuis la
veille . Elle a si faim qu’elle pourrait dévorer un cheval ... Tellement
faim qu’elle pourrait même en avaler deux .. A l’intérieur, elle remar-
que deux prisonniers en tenues rayées . Que font-ils, ces prisonniers
dans la boutique ? Ils devraient être en prison. leurs places n’est pas
dans la boulangerie !!! Elle les voit prendre plusieurs brioches au
comptoir. Ils choisissent les meilleures brioches du monde et puis Ils
sortent.
Passant devant Borgny, ils lui en offrent une.
- Tiens fillette, tu as l’air d’avoir besoin de quelque chose pour re-
prendre des forces.
Borgny faisant une révérence, accepte la brioche. Elle regarde les pri-
sonniers. Ils n’ont pas l’air effrayants. Ils paraissent gentils. Ils lui
sourient même. Borgny divise la brioche en deux pour la parta-
ger avec Ivar, pendant que ce dernier retourne rapidement dans la
boutique pour y déposer sur le comptoir une pièce de 5 öre (Centi-
mes). Celle qu’il avait gagné en rapportant le portefeuille du Maître
Boucher Mjelva.
- Voilà dit Ivar fièrement en ressortant. J’ai payé la brioche. Ce n’est
pas bien de voler.

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Borgny engloutit sa part de brioche sans en laisser une miette.... de la
même façon que l’incendie dévore Kipervika qui disparaît elle aussi.
- Le feu n’est donc jamais rassasié ? Il aura bientôt tout fait disparaître.
Borgny palpe son ventre , elle a toujours mal. Pourquoi a-telle mal ?
Papa et Maman ne sont pas dans Kipervika. Anna non plus. Ils lui
manquent tous tellement. Heureusement qu’il lui reste Aurora. Elle
l’étreint.
Borgny traîne les pieds. Ivar, fait de même. Ils n’ont plus la force de lever
les jambes ni celle de marcher vite. Ils passent devant la prison. Elle est
aussi en feu. Alors qu’ils sont sur le point de sortir de la ville ils voient le
Directeur de la prison, campé devant eux, s’adressant aux prisonniers.
- Promettez de revenir demain.
- Nous promettons , disent les prisonniers.
- Promettez d’être sages et de ne rien voler.
- Promis, disent les prisonniers.
- Promettez moi aussi d’aider les personnes qui en auraient besoin.
- Nous promettons, répondent les prisonniers.

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Borgny observe les prisonniers lui ayant donné la brioche. L’un d’eux lui
fait un clin d’oeil en souriant. Elle lui répond d’un vague sourire. Elle
n’arrive pas à sourire franchement. Elle est trop fatiguée. Elle sait ces
prisonniers gentils, qu’ils vont obéir au Directeur de la prison .
- Nous voyons que vous avez besoin d’aide disent-ils à Borgny et Ivar.
- Venez , nous allons continuer en vous portant..

Borgny et Ivar s’installent sur le dos des deux hommes qui s’éloignent
de Kipervika en bondissant, galopant comme le feraient des chevaux
ou plutôt des zèbres dans leurs tenues rayées de prisonnier.
En galopant, ils font des bruits de chevaux rigolos.
- Prrrrouuu !
- Hiiiiiiiiiiiiiiiin !
- Mouuuuuuuuuu !
- Mouuuuuuuuuu !!!!
Borgny s’étonne. Mouhhhhhhh ? Mais les chevaux ne disent pas mou
!!! pense t-elle avant de réaliser qu’ une vache, une très grosse vache
bien grasse leur bloque le passage.
- Que fait-elle ici ? Elle devrait être à la ferme , et pas en ville. Pas dans
une ville en flammes..
L’ homme debout à côté de la vache propose :
- Un peu de lait... ?”
Borgny se laisse glisser du dos du prisonnier et va vers l’homme en
formant une écuelle avec ses mains. L’homme se baisse sous la vache ,
Borgny fait de même.
L’homme trait les mamelles pour que le lait en sorte. Le lait sort en jets
très fins et chauds tandis que. Borgny est gelée . Borgny avale d’un
trait cette boisson délicieuse. Le meilleur lait qu’elle ait jamais bu. Ivar
n’est pas en reste. Et ça lui donne une jolie moustache de lait. Borgny
sourit à pleines dents . Ivar aussi car Borgny aussi a une moustache de
lait.
Borgny caresse la tête de la vache pour la remercier tandis que Ivar,
imité par les prisonniers, remercie l’homme, La vache meugle. Elle
meugle en faisant les mêmes sons que l’orgue de l’église lorsque
l’organiste l’accorde.

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Borgny et Ivar continuent de monter la rue en pente. Arrivés
au sommet, ils voient un homme courant tout en agitant les
bras. C’est le Boucher Mjelva.
Son cri évoque un cochon qu’on égorge. Des billets de ban-
que enflammés volent autour de lui : des billets enflammés
valant des centaines, des milliers, des millions de couronnes
!
Ils ont pris feu avec le porte feuille dans sa poche. Pauvre
Monsieur Mjelva. Cela n’a servi à rien que Ivar récupère son
porte-feuille.
Au moins, Ivar et Borgny ont pu s’offrir une brioche. eux .
Ils continuent leur chemin et seront bientôt sortis de la ville.
C’est alors que Borgny cru entendre quelque chose.

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Borgny tend l’oreille. Quelqu’un appelle à l’aide. Ca vient de
Grensegata. Des gens attroupés devant une petite maison blanche
agitent les bras en criant et hurlant. Ils en sortent des meubles car
les maisons voisines sont en flammes.
- Ne sortez pas les meubles. ils vont brûler. Je vous l’ai pourtant
dit. J’ai reçu un message de l’ange comme quoi ma maison ne
brûlerait pas.
Borgny reconnaît la voix. C’est celle de Anders Nord. Il est venu
prendre le café chez maman et papa plusieurs fois.
- Je reste ici et n’irai nulle part ailleurs ! dit-il. avant de retourner
dans sa maison.
- Il est fou! Il va périr dans les flammes ! crient les autres.
Borgny se souvient de la vieille dame à côté de la caserne des
pompiers. Elle est retournée dans sa maison qui a brûlé ensuite.
Elle n’en est jamais ressortie. Au moment de courir vers la maison
pour alerter Anders, Borgny entend soudain quelque chose.
Borgny entend le souffle du vent. haletant.. Le vent est fatigué. Il
ne souffle plus très fort maintenant. Il veut épargner la maison de
Anders. Il chuchote à l’oreille de Borgny de se tranquilliser. Que
tout se passera bien.
Borgny prend la main de Ivar et tout deux descendent la rue vers
Volsdalsveien( le chemin de Volsdal).
Elle est certaine que Anders ne risque rien et sait désormais
qu’elle retrouvera sa famille.

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Borgny se retourne. Elle regarde en bas vers la ville. La ville
est couverte de fumée noire. Elle ne peut voir que les flammes
et la fumée mais aucune maison. Toutes les maisons ont
brûlées. Seule, celle de Anders est restée intacte. Pauvre
Aalesund. Aalesund, notre ville n’existe plus. Aalesund qui
était si belle n’est plus que cendres. La maison de Borgny a
disparu elle aussi. Elle se demande où elle va pouvoir dormir.
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Borgny pense qu’elle peut faire confiance au vent. Les gens disent
qu’il est impossible de parler avec le vent. Aussi, Borgny ne le
raconte à personne. Peut-être se trompe t-elle. Peut-être que les
autres ont raison ? Peut être ne faut-il pas lui faire confiance au
vent finalement... Borgny a de nouveau mal au ventre.
Accompagnée de Ivar, elle trotte en direction de Volsdalsvegen. Ils
rencontrent une colonne de gens venant à pas feutrés de la ville.

Borgny étudie la file indienne. Elle fait penser au défilé du 17.mai (fête
nationale norvégienne) sans les cris et les sourires ni les drapeaux
norvégiens. Il n’y a que des gens. Des gens marchant tête basse, sans mot
dire. Ils ne font que marcher, les vêtements sales, les visages couverts de
suie. Certains pleurent. Ils pleurent silencieusement.
Borgny est triste. Peut-être que maman et papa pleurent aussi. Peut-être
pleurent-ils parce qu’ils ne retrouvent pas Borgny et Ivar. Peut-être
pleurent-ils parce qu’ils ne se sont pas retrouvés

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Borgny rejoint le triste défilé et le remonte en sens contraire. Elle
cherche maman et papa. Où sont maman et papa ? Borgny ne les voit
pas. Où sont-ils ? Borgny accélère son pas. Le vent n’a-t-il pas dit que
tout se passerait bien ? N’a-t-il pas dit qu’elle retrouverait maman et papa
? Le vent mentirait-il alors ? Le vent lui a t-il menti ?
Borgny s’assoit sur une pierre. C’est alors qu’elle les voit. Borgny part au
galop avec Ivar hors d’haleine sur ses talons. Borgny attrape le bras de
maman. Maman se retourne
- Que veux-tu ? Cherches tu quelqu’un ? demande la dame.
Borgny regarde la dame. Ce n’est pas maman. Ce n’est pas maman ni
papa ou encore moins Anna. Ce sont d’autres personnes.
Borgny s’assied à nouveau sur une
pierre. Elle fond en larmes.

Borgny, pleure, incapable de s’arrêter. Elle pleure et pleure encore.
Les larmes glissent sur ses joues. Soudain elle hurle. Elle peine à
respirer; Les larmes coulent le long de son visage. Enfin elle sent
une main sur son épaule, une main chaude, grande, sur son
épaule. Elle sait à qui elle appartient
Borgny se retourne et voit Papa la regardant droit dans les yeux.
Il a les plus beaux yeux du monde. Son père la soulève et la serre
contre lui. Maman arrive aussi avec la petite Anna sur le bras.
Borgny voit que Maman a aussi les larmes aux yeux. Elles pleure
toutes les deux mais à présent ce sont des larmes de joie. Des
larmes de bonheur.
Borgny parle. Le mots sortent en chapelet de sa bouche.
- Vous m’avez tellement manqué. J’avais tellement peur. Ivar s’est
bien débrouillé. Les prisonniers nous ont donné des brioches. Je
vous aime tellement. Ivar nous à fait traverser la baie (Brosundet)
en barque, à la rame. On a bu du lait direct de la vache. Il pleuvait
des rideaux et Anders Nord est retourné dans sa maison.
Borgny parle et parle. Elle a tellement de choses à raconter.
- Ne m’abandonnez plus jamais. Le vent m’ aidé, et Ivar a gagné 5
Centimess/Öre. Le portefeuille du boucher Mjelva a brûlé,
raconte-t-elle avec enthousiasme.
Borgny parle comme une pipelette sans pouvoir s’arrêter. Sa mère
et son père se regardent attendris. Ils s’étreignent très fort ne
sachant que dire puis rient... Un rire mêlé de quelques larmes.

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Borgny et le reste de la famille marchent sur Volsdalsvegen.
Le feu s’est apaisé. Il fait de nouveau nuit. Ils rentrent dans la
première maison qui n’a pas brûlé. Il y a beaucoup de gens à
l’intérieur , beaucoup de pompiers aussi. Tous sont épuisés,
et certains dorment... On frappe à la porte. Un homme ren-
tre portant une moustache, la plus étrange que Borgny n’aie
jamais vue. Elle ressemble à un Bretzel. Tout le monde se tait
les yeux fixés sur l’homme... Silence total. . Borgny le regarde,
puis de sa moustache-bretzel il dit :
- L’Incendie est éteint.
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Borgny est heureuse. Tous explosent de joie. Les gens
crient, pleurent, s’enlacent et les jeunes mariés Kipervik
s’embrassent. L’homme poursuit :
- Nous avons reçu un télégramme et le salut du Roi. Il
félicite les habitants de Aalesund. Il nous promet de nous
aider à reconstruire la ville.
Borgny s’enthousiasme de nouveau. Les autres aussi. Ils
crient et pleurent d’avantage, s’étreignent plus fort. Le
couple de jeunes mariés, Kipervik , s’embrasse encore.
- Et ce n’est pas tou , dit l’homme, en tortillant sa
moustache avec son doigt.
- Nous avons reçu un télégramme de l’empereur
d’Allemagne , Guillaume II. Il a déjà dépêché trois navires
avec des vivres. Nous allons reconstruire Aalesund pour
en faire la plus belle ville du monde.

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Borgny se blottit contre maman. Tous les sons
s’amenuisent comme si quelqu’un lui bouchait les
oreilles. C’est si agréable. Elle n’a plus mal au ventre ,
elle est simplement bien.
Borgny regarde par la fenêtre et voit la ville entièrement
détruite par le feu. Borgny ne s’en émeut pas.
L’Empereur et le Roi vont venir les aider à construire
une nouvelle ville : la plus belle ville du monde. Borgny
se serre encore plus fort contre maman. Elle lui fait
tellement du bien et la réchauffe.
Le vent s’est calmé. Elle l’entend à peine à travers la vitre.
Il chuchote à Borgny de s’endormir.
Borgny s’endort.

84



Borgny rêve. Elle rêve de rois et
d’empereurs. Elle rêve de sa prochaine
maison : une maison qui ne pourra pas
brûler. Elle rêve de la reconstruction d’
Aalesund . Aalesund deviendra la plus
belle ville du monde.
Borgny fait de beaux rêves.

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