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Tu_verras_les_mes_se_retrouvent_toujours_quelque_p

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Published by rabearisoachristophe, 2023-06-12 04:11:46

Tu_verras_les_mes_se_retrouvent_toujours_quelque_p

Tu_verras_les_mes_se_retrouvent_toujours_quelque_p

Et je me suis assise, Comme ton enfant sage, Mes larmes coulant sur la terre. * La tristesse et uniquement cela, La tristesse qui a pris pour nom toi. Tout soleil a son ombre pour chaque jour venu, Toute image est ternie par ma joie qui n’est plus. * Toujours mes yeux te chercheront, À travers les boucles brunes, Des passants inconnus. Toujours mes yeux caresseront Les parcelles de bitume Des souvenirs de rues. Toujours ma tête tournera, Pour deviner dans une allure, Ce qui faisait danser tes pas. Toujours mon oreille attentive, Cherchera dans chaque murmure, La résonance de ta voix. *


Épilogue «L’âme sœur»… Comme il est étrange d’utiliser si souvent un terme, sans se poser la question de sa signification profonde. À ce jour, aucun ouvrage n’évoque le sujet. Dans le langage courant, le concept désigne une compatibilité parfaite entre deux personnes, qu’elle soit d’ordre amoureuse, amicale ou sexuelle. Mais l’utilisation même de ces deux mots accolés évoque une union spirituelle qui dépasse le sens commun: deux âmes issues d’une même origine, séparées, et qui essayeraient sans cesse de se retrouver, prédestinées même à se rencontrer. L’idée est romantique, il faut bien l’avouer, l’idée est belle. Il y aurait donc une âme, une personne avec laquelle l’entente serait parfaite, et voilà qu’en la trouvant nous serions enfin comblés, heureux et apaisés sur le plan amoureux. C’est pourtant plus qu’une idée, ce concept appartient depuis longtemps à notre inconscient collectif. La légende d’Isis et Osiris, par exemple, y faisait déjà référence, car ces deux amants sont d’abord frère et sœur, issus de la même cellule, avant d’être mari et femme. Le sens de ce mythe est précisément l’évolution des âmes, leur retour au divin, leur reconstitution après le démembrement et leur complète fusion. Isis, déesse de l’amour et de la fertilité, s’unit à Osiris, le gardien des âmes et de la vie dans l’au-delà. Quand Osiris est tué et découpé en morceaux par son frère Seth, Isis le reconstitue et reste à jamais fidèle à son amant désormais passé dans l’autre monde.


De même, dans Le Banquet, Platon raconte qu’il existait des créatures à la fois mâle et femelle, ayant quatre pieds, quatre mains, deux têtes: les androgynes. Ces êtres étaient si puissants qu’ils tentèrent de combattre les dieux. Zeus décida donc de les couper en deux, mais quand ces hommes primitifs furent dédoublés, ils regrettèrent tant leur moitié qu’ils tentèrent sans cesse de la rejoindre. Ces deux êtres en s’enlaçant cherchaient à ne former qu’un à nouveau. Zeus eut alors pitié d’eux et leur fabriqua des organes de reproduction pour qu’ils puissent engendrer. Et depuis ces temps anciens, nous n’aurions d’autre quête que de retrouver cette moitié et de s’unir à elle. N’est-ce pas d’ailleurs le but de l’acte sexuel, où deux corps tentent de n’en former qu’un? Dans la Bible également, la traduction même des Écritures évoque cette idée à demi-mot. La femme n’aurait ainsi pas été créée avec une côte de l’homme, mais avec un côté, une moitié. Dans la religion juive, cette notion d’âme sœur est présente dans la tradition qui veut que quarante-six jours après la conception d’un garçon, Dieu désigne celle à qui il est destiné: on la nomme «bashert», c’est-à-dire «destin». Plus proches de nous, les contes comme Cendrillon ou la Belle au bois dormant véhiculent le même concept. Il n’y a qu’une princesse pour sauver le prince, un unique prince pour venir au secours de la princesse, ils doivent se trouver et s’unir malgré les obstacles car ils sont prédestinés. Mais la prédestination des âmes implique une croyance spirituelle — et non religieuse —, celle de l’existence de l’âme indépendamment de la vie terrestre, de sa survivance, voire de sa réincarnation. Edgar Cayce, l’un des plus grands mystiques américains du début du


XX siècle surnommé le «prophète dormant», évoqua plus concrètement la notion d’âmes sœurs, ou plutôt d’«âmes jumelles», comme il aimait les appeler. Selon lui, ce terme caractériserait deux personnes dont les âmes proviendraient de la scission originelle d’une seule et même âme. D’après Cayce, les âmes jumelles n’en sont pas identiques pour autant et ne s’incarnent pas nécessairement à une même époque. En outre, peu de personnes posséderaient une âme jumelle. Ces âmes seraient en général unies par un idéal et un objectif communs. Elles se retrouveraient donc le plus souvent, non pour vivre une idylle, mais pour réaliser une tâche donnée ou accomplir une œuvre importante. Elles exerceraient ainsi une profonde influence l’une sur l’autre à travers le temps. Marie-Lise Labonté, psychothérapeute très inspirée par la spiritualité, et auteure de nombreux ouvrages, reprend des propos assez semblables: «Lorsque l’âme sœur primordiale s’incarne, elle transporte un karma important et elle vient retrouver son autre moitié qui est là, qui l’attend ou qui viendra plus tard. Cependant, ces retrouvailles ne sont pas un conte de fées. Lorsque deux âmes sœurs primordiales se retrouvent, elles retrouvent certes le sentiment d’existence, mais aussi l’initiation débute. Et nous disons bien: initiation. Elles sont entraînées dans une désintoxication très profonde, une purification et ce afin qu’elles puissent se rejoindre et à nouveau fusionner, devenir une sur terre.» Les âmes sœurs se retrouveraient donc pour créer, pour générer une lumière qui éclairerait les autres. Qu’en est-il pour les amants mythiques qui ne cessent d’exercer sur nous une certaine fascination? Héloïse et Abélard, par exemple, sont des êtres bien réels, et non des personnages de fiction. Né vers 1079, professeur réputé de e


philosophie et de théologie, Abélard séduit et épouse en secret son élève Héloïse. L’oncle d’Héloïse, opposé à cette union, fait émasculer Abélard et envoie sa nièce dans un couvent. Si leur passion est aujourd’hui célèbre, c’est grâce aux milliers de lettres qu’Héloïse va continuer d’échanger avec Abélard jusqu’à sa mort, une correspondance remarquable à la fois par l’amour qu’elle ne cesse de lui porter et par l’élévation spirituelle dont cette religieuse devenue abbesse saura faire preuve. Dante et Béatrice sont également des personnages réels. Dante a magnifié leur amour à travers ses œuvres, un amour qui durera de leur enfance à la fin de leur vie. Dans La Divine Comédie, la mort ne les sépare pas: Béatrice est la clé qui ouvre à Dante la porte de chaque monde (enfer, purgatoire) pour le mener jusqu’à l’entrée du paradis. Elle incarne la lumière, la beauté qui lui permet d’atteindre Dieu et d’aller au-delà de la mort. Plus proches de nous, certains couples ont marqué les esprits, de par leurs créations, mais aussi de par ce lien quasi indéfectible qui les a unis tout au long de leur vie: Pierre et Marie Curie, Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle et bien d’autres encore. Que dire également des propos tenus par Jean Cocteau au sujet de Jean Marais: «Peu à peu je savais, je te reconnaissais. Et j’ai compris que je naissais»; et de la réponse de ce dernier: «J’ai vécu vingt-quatre ans avant de naître», Cocteau ayant dessiné Marais bien avant leur rencontre? Tous ces couples ont brillé, ont généré une lumière qui a en effet éclairé puissamment leur époque. Il serait difficile d’affirmer ou d’infirmer que les âmes sœurs existent, mais envisager l’éventualité que ce mythe puisse être une réalité permet de comprendre différemment certains amours.


Néanmoins, la vision romantique que nous prêtons à ce concept semble très erronée. Car si j’ai rencontré quelques âmes sœurs qui avaient eu le bonheur de se trouver, et de rester ensemble, produisant autour d’eux cette lumière particulière pour éclairer leur entourage, j’en ai rencontré d’autres qui se sont unies puis perdues. Dans tous les témoignages que j’ai pu recevoir, certaines caractéristiques communes pouvaient faire penser qu’il s’agissait de cette relation unique, et non d’une histoire d’amour plus classique. Tout d’abord, cette reconnaissance immédiate de l’autre, indépendamment de l’attraction physique, quels que soient son sexe ou son apparence. Cette impression de déjà-vu, ou de «déjà-connu», de rencontrer celui ou celle qui a toujours été attendu. Cette première rencontre est souvent vécue comme un choc qui dépasse le coup de foudre, car c’est un choc qui perdure. S’ensuit un envahissement de la pensée, et une envie irrépressible d’être en présence de l’autre, une envie si forte qu’elle ne s’embarrasse plus d’aucune entrave, d’aucun code social. Les comportements sont transformés avec une telle amplitude que bien souvent la personne ne se reconnaît plus. D’une façon générale, il y a une véritable perte de repères, le monde ne semble plus être le même. Et puis des manifestations extraordinaires inexpliquées surviennent: télépathie, rêves prémonitoires ou avec visualisation de l’autre, sorties hors du corps, comme si le champ de la conscience s’élargissait. Il arrive bien souvent que l’un des deux amants ne soit pas prêt à vivre une telle relation, qu’il la fuie, ou que cette union ne puisse s’inscrire dans le quotidien. Alors s’installe la peine, l’impossible oubli. J’ai ainsi rencontré des âmes déboussolées, tourmentées, que personne ne semblait comprendre. Le supplice de ne pas pouvoir


partager cette vie-là les rendait malades, au sens figuré comme au propre: cancer, dépression, addictions, errances diverses… Pourtant la peine n’est que la première étape de cette longue transformation amorcée par cette rencontre. Et c’est en acceptant cette métamorphose que le chemin s’éclaire, car le but est sans doute là, dans cet élargissement de l’âme. Notre passage sur cette terre est bref, et notre bien-être y est souvent illusoire. Alors existe-t-il un ailleurs où les âmes se rejoignent pour l’éternité? Peut-être…


Remerciements Merci à Jean-Luc Delarue qui m’a tant appris, où qu’il soit aujourd’hui… Merci aux messagères de ce livre, Agnès Delevingne, Stéphanie Honoré, Stéphanie Ricordel. Merci à Lionel A. pour son amour et son soutien. Merci à ceux qui ont éclairé ma route, Stéphane Allix et l’INREES, Ali S. et tous les autres. Et enfin, merci à celui sans qui cet ouvrage n’aurait pas existé…


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