LA CÔTE D’AZUR
ET SON ARRIÈRE-PAYS
d’autrefois
SUR LES
CHEMINS DE
LA CÔTE D’AZUR
Le trajet est court, mais la route délicieuse, le long de ce ruban de
côte à la frange moirée, du côté de la lumière, des brises tièdes,
des forêts mystérieuses et embaumées, ce pays chéri des cieux,
dont la bienfaisante influence guérit le malade, inspire le poète, noie
les chagrins…
Contemplons la mer et le soleil, interrogeons l’homme et la pierre,
écoutons le soupir de la brise et le murmure du flot. De tout cela, rap-
portons un rayon, un écho, ou seulement un parfum… Il faut aller dès
l’aurore retrouver ces « filles de la vague » et du soleil qui se nomment
Hyères ou Cannes, Nice ou Menton…
Mettons le cap sur le pays bleu, voguons le long de cette Côte d’Azur.
(Librement inspiré d’un texte de Stephen Liégeard, 1887.)
Pendant toute la première moitié du XXe siècle, les plantations
de jasmin occupent une place privilégiée dans l’arrière-pays,
de Vence (Alpes-Maritimes) à Seillans (Var). La parfumerie
est l’un des symboles de la Côte-d’Azur.
20 Le pin de Bertaud à Saint-Tropez. « Immense, il était immense ce pin ! » On ne sait quel vent soufflant d’ouest
ou d’est amena la petite graine, le pignon qui, quelques années plus tard, deviendra cet arbre gigantesque,
énorme, phénoménal. La route vers La Foux, respectueuse de l’imposante masse, faisait à sa base un contour,
comme pour s’excuser du dérangement. D’après un ouvrage de 1898 (La Provence maritime), le tronc avait une
circonférence de 10 mètres. Un convoi funèbre s’est arrêté ici dans les années 1910.
Le vieux port de Saint-Raphaël, c’est la Marine, le quartier fréquenté par les gens de mer. Pendant longtemps,
avec le Village, il donna à la bourgade sa physionomie traditionnelle. La plage portuaire, sur laquelle les
pointus étaient tirés, a disparu au profit de l’élargissement de la route.
Comme les autres villes de la Côte d’Azur, Saint-Raphaël est surtout fréquenté en hiver par une poignée de 21
privilégiés. Le tourisme de masse n’est pas encore de saison. On y vient pour se reposer et se soigner. Les
bains de mer, de sable et de soleil, étaient recommandés, mais avec modération, par les médecins. La plage
était un merveilleux terrain de jeux pour les enfants. Les galeries offraient un poste d’observation idéal sur
la rade, les bateaux et les baigneurs.
Nous sommes en 1926 à Saint-Raphaël. L’hôtel Napoléon et le casino sont construits. Le nom de l’hôtel est
sans rapport avec le débarquement de Bonaparte ou avec le départ pour l’exil de l’Empereur. Le propriétaire
Henri Letellier voulut qu’il portât le même nom que le palace qui s’achevait à Paris, avenue de Friedland.
À LA CAMPAGNE
Tous les coteaux de Bandol sur les versants « restanques et oliveraies » étaient plantés de bulbes. Dès les
premières pluies d’automne sortaient de terre les pousses vertes et, durant trois mois, fleurissaient les
narcisses à pétales et cœur jaune d’or… La culture des immortelles couvrait à la fin du XIXe siècle environ
340 hectares. Grâce à leur longue durée de vie, elles servaient à la confection des couronnes mortuaires.
Une famille de la Courtine en 1886 (Ollioules). L’aïeule est encore en tenue provençale. L’absence d’eau sur
les hauteurs de la Courtine obligeait la culture au sec : narcisses, jacinthes, ornithogales, immortelles…
jusqu’à la création, en 1965, du canal des eaux d’irrigation de la Courtine. Pendant des siècles, Ollioules fut
connu pour son huile et son eau de fleur d’oranger, qui furent envoyées en cadeaux à la cour de Louis XIV.
50 En 1810, Barthélemy Dagnan, jardinier, acheta trois plants d’immortelles à Marseille pour tenter de les
acclimater. Ce fut un succès prodigieux. Dès 1830, les exportations commencèrent, d’abord vers Paris, puis
à travers l’Europe. L’ouverture de la voie de chemin de fer et de la gare en 1859 facilitant les exportations,
Ollioules et les communes alentour se tournèrent également vers la production de fleurs coupées et de
bulbes. Ollioules put se vanter d’être « La capitale des fleurs ».
La cueillette des violettes sous Caillan. Des cultures florales sont travaillées dès que la pente s’accuse.
On cueille la fleur de tilleul et surtout la lavande sauvage. Si la plus grande partie de la production florale
prend la direction de Grasse, le marquis de Rostaing ouvre cependant une parfumerie à Seillans en 1884.
Ah, le temps où les moulins utilisaient la force du vent pour moudre le blé des terres paysannes ! Il a dû 51
en sortir, de la farine, depuis qu’Arnaud Peyron a fait élever ces trois moulins au XVIe siècle du côté de
La Ciotat !
JOUR DE
MARCHÉ
Une fois les travaux des champs terminés, on se retrouve aux vil-
lages ou en ville pour acheter ou vendre des produits nécessaires
à la vie quotidienne…
Il règne une ambiance conviviale sur les marchés colorés de la Côte
d’Azur, une foule se presse et s’active… devant la marchande de
poissons ou de légumes. Dans le monde ouvrier, quand les hommes,
les femmes et de nombreux enfants sont à l’usine, ceux qui restent
au foyer se déplacent sur les marchés où l’on échange les nouvelles
du coin et d’ailleurs. « Voici l’estragon et la belle échalote,/Le joli
poisson de la Marie-Charlotte,/Voulez-vous, pas vrai, un bouquet de
lavande./Ou bien quelques œillets ?/Et par-dessus tout ça on vous
donne en étrenne,/L’accent qui se promène et qui n’en finit pas. »
Gilbert Bécaud.
Alors, que vous pratiquiez ou non le provençal ou le niçois, n’oubliez
pas votre casquette ou votre coiffe, et allez faire vos courses…
Fondée en 1926 rue Gabriel Péri, l’épicerie de Laurent et Louisia
Blanc-Giraud fut l’un des premiers commerces d’alimentation du
Beausset. Particulièrement entreprenant, Laurent Blanc assure aussi
les transports par camions. Plus tard, il mettra en service
les premières lignes d’autocars de la région.
En janvier 1907, les autorités municipales de Beaulieu-sur-Mer demandent à la compagnie des tramways de
faire graisser les rails afin d’éviter le grincement des roues dont le bruit dérange les touristes. Saviez-vous
que, pendant les vingt-cinq années de son existence, le prix unitaire du transport n’a jamais connu la moindre
augmentation ?
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Le débarcadère des Sablettes (les bains). Le bateau à vapeur reliait les Sablettes à Toulon par Tamaris en
seulement trente minutes. Les Toulonnais étaient nombreux à venir profiter du sable fin de la plage des
Sablettes. Cette navette permettait aussi aux officiers de marine et aux actifs de Toulon de résider aux
Sablettes. Ce furent les prémices de l’urbanisation de ce hameau.
Adjudication, le 15 mars 1935, des travaux consistant à l’élargissement à 15 mètres du pont sous rails au 107
quartier des Plans, sur le tracé du boulevard de la Mer qui rejoint la nationale 7 à Cagnes.
À la pointe du progrès, les Grassois ouvrent, dès 1910-1920, aux portes de la ville de Grasse, des garages
modernes pour soigner leurs de Dion Bouton, Bugatti et autres berlines.
S’il est une profession reconnue par toute la population des villes et des villages, souvent représentée par
des personnages hauts en couleur… Le garde champêtre de Brignoles en plein travail !
158 Aujourd’hui, c’est par les journaux, la radio ou la télévision que nous apprenons les nouvelles. Autrefois,
elles étaient annoncées à la criée par le sergent de ville, ici à la terrasse du café de Paris, à Vidauban,
sirotant le traditionnel panaché.
C’est peut-être ici, dans la librairie-papeterie Lepas de La Seyne-sur-Mer, que se sont vendue les cartes 159
postales de ce livre sur la Côte d’Azur…
De Saint-Tropez, ce n’est qu’un au revoir à la Côte d’Azur. Au bastringue tropézien de Palmyre, l’âne
Joséphine et son maître.