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Découvrez l'histoire des grands palaces qui illuminent encore, pour la plupart, les Alpes-Maritimes et le Var

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Published by Groupe Nice-Matin, 2020-03-06 10:13:39

Palaces d'hier et d'aujourd'hui

Découvrez l'histoire des grands palaces qui illuminent encore, pour la plupart, les Alpes-Maritimes et le Var

Palaces d’hier et
d’aujourd’hui dans les Alpes-
Maritimes et le Var

- édito p. 3

- Quand notre région devint
terre d’hôtellerie p. 4

- Menton p. 6 à 26

- Monaco P. 27 à 35

- Nice et région P. 36 à 57

- Cannes P. 58 à 73

- Le Var P. 74 à 81

- Table des matières et biblio-
graphie p. 82
ÉDITO par Pascale Primi

Les grands palaces d’hier et d’aujourd’hui

Nous avons choisi, pour ce nouveau magazine hors-série de Nice-Matin, de vous parler des palaces de la
Côte d’Azur et du Var. Des palaces d’hier et d’aujourd’hui. C’est-à-dire ceux qui ont été détruits, victi-
mes de la fièvre immobilière d’une époque qui ne respectait pas toujours ces témoignages du passé ;
ceux qui sont toujours debout mais ont perdu leur vocation hôtelière au fil des crises et des soubresauts
du XXe siècle ; et ceux qui, contre vents et marées hostiles, ont conservé leur faste et leur superbe et
portent toujours aussi haut les couleurs de notre région.
Mais pourquoi parler des palaces ? Parce que les palaces nous parlent de ce coin du monde à nul autre
pareil que sont les Alpes-Maritimes et le Var. Nous rappellent qu’ils ont façonné non seulement notre
paysage urbain – que seraient la colline de Cimiez ou la Croisette sans eux ? – mais aussi l’universalisme
de la Côte d’Azur. Souvent construits et dirigés par des étrangers à la région, fréquentés par le monde
entier, ils ont forgé le cosmopolitisme de nos villes. Et nous démontrent que l’on peut accueillir le
monde entier sans y perdre son âme et sa personnalité, mais en s’enrichissant de cet apport essentiel.

Hors-série : Coordination : Corinne Heller
Les grands palaces d’hier et et Pascale Primi.
d’ajourd’hui Rédaction : Pascale Primi
Date : Mars 2020. Maquette et mise en page : Jean-Louis Scarselli
Prix de vente : 3,90 €. Conception et maquette de la Une : studio
Édité par SAS Groupe Nice-Matin, graphique groupe Nice-Matin.
214, boulevard du Mercantour Photos de Une : iStock, Nice-Matin, Gilletta et
06290 Nice Cedex 3. DR
Directeur de la Publication : Crédits photos : Nice-Matin, Michel Eisenlohr,
Anthony Maarek. Gilletta et DR.
Directeur des Rédactions : Origine du papier : Allemagne,
Denis Carreaux. Taux de fibres recyclées : 0 %
Impression : Riccobono IAPCA Papier certifié PEFC
ZA Les Ferrières 83490 Le Muy. Ptot : 0.049 kg/t.
CPPAP Nice-Matin : 0420 C 86665.
CPPAP Var-Matin : 0420 C 85864.
Dépôt légal à parution.

« La reproduction même partielle des articles est interdite ».

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Photos DR.
4

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Quand notre
région devint
terre d’hôtellerie

Milieu du XIXe siècle. Les hivernants sont de plus geante et faire naître les mondanités et l’ambiance de
en plus nombreux à fréquenter ce que l’on ne ce qui va devenir la Côte d’Azur.
nomme pas encore Côte d’Azur, mais que les Le tournant du XXe siècle marque l’apogée de cette

habitants du nord de la France et de l’Europe commen- période de construction frénétique. Ainsi, entre 

cent à considérer comme une terre bénie des Dieux. et , le nombre d’hôtels va être purement et simple-

Si les premiers d’entre eux se contentent du confort ment multiplié par deux à Nice, passant de  à .

rudimentaire des auberges de l’époque, voire d’héber- C’est l’histoire de ces palaces d’hier et d’aujourd’hui que

gements chez l’habitant, le souci du bien-être pousse nous vous racontons dans ces pages.

très vite cette clientèle de plus en plus aisée à recher- Mais comment définir un palace ? Il existe d’une part

cher un meilleur confort. C’est l’épo- une définition appartenant

que des villas qu’on loue pour plu- Entre  et , à la nomenclature hôtelière,
sieurs mois. Mais cette solution le nombre d’hôtels extrêmement restrictive
implique un véritable déménage- va être multiplié dans ses critères, dont ne
ment. Les hivernants arrivent avec par deux à Nice peuvent se prévaloir actuel-
leur personnel, ce qui nécessite de lement que  établisse-
faire voyager des dizaines de per- ments en France, dont 

sonnes. Compliqué et onéreux. Ou dans les Alpes-Maritimes et

alors embauchent sur place. Mais il  dans le Var.

est difficile de trouver du personnel Nous avons retenu ici le

formé selon les standards de l’aristocratie européenne, terme dans une acception plus large, qui définit ces éta-

de plus en plus présente. blissements hôteliers de luxe construit à la fin du XIX et

En , le rattachement du comté de Nice, jusqu’à au début du XXe siècle sur le modèle de palais, dont

Menton, à la France, va faciliter encore ce tourisme, certains ont disparu, d’autres sont toujours des hôtels

avec notamment l’arrivée du train à Nice, Cannes et de luxe et beaucoup sont devenus des copropriétés

Menton entre  et . tout en conservant les particularités architecturales qui

Commencent alors à se construire les grands hôtels- ont fait tout le charme de la Belle Époque sur la Côte.

palais que l’on va rapidement appeler palaces et qui Et nous avons également fait une exception pour quel-

vont en quelques années changer le visage de notre ques établissements plus contemporains créés dans le

région, attirer une clientèle de plus en plus riche et exi- même esprit de luxe et d’exception.

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Photos Michel Eisenlohr© et DR.
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1897

Le Riviera Palace

Il est l’un des plus beaux et des immense vestibule et un grand Le comte et la comtesse de La petite histoire
plus emblématiques palaces salon ouvrant sur un escalier Polignac, Alfred de Rothschild,
mentonnais. Situé sur la colline monumental. Le chantier, com- la duchesse de Manchester, y Le Riviera a ouvert ses portes en no-
de l’Annonciade, le Riviera Pa- mencé en 1897, est mené tam- séjourneront notamment, de vembre  dans le faste et l’eupho-
lace domine la ville de sa façade bour battant et le palace ouvre même que le chancelier britan- rie. Mais très vite, la famille Widmer
majestueuse à la décoration par- ses portes le 15 novembre 1899. nique Arthur Neuville Cham- a dû déchanter. Mauvaise surprise :
ticulièrement riche. La clientèle y découvre une berlain, venu profiter d’un quelques mois plus tard, un immense
très riche décoration inté- séjour mentonnais quelques chantier démarrait... quelques dizai-
Au début des années 1890, un rieure, signée du Mentonnais mois avant d’être nommé Pre- nes de mètres devant le Riviera, sur le
hôtelier d’origine suisse, Guillaume Cerutti-Maori. mier ministre de l’Empire. seul terrain ne lui appartenant pas ! Il
Joseph-Arthème Widmer, dirige Décors en relief – rosaces, cha- Joseph-Arthème Widmer s’agissait des prémices de la construc-
avec son épouse l’hôtel Cosmo- piteaux corinthiens – et décors s’éteint en février 1915 en tion du Winter Palace, qui menaçait
politan. Mais tous deux rêvent peints s’y mêlent harmonieuse- Suisse. Son épouse prend alors de priver son voisin de l’un de ses
de créer leur propre établisse- ment à l’intérieur tandis que la les commandes de l’établisse- charmes majeurs : une vue somp-
ment. Pour y par venir, ils façade est notamment ornée de ment familial et passera ensuite tueuse sur la ville et la mer. Sans ou-
acquièrent tous les terrains dis- céramiques et d’une série de le flambeau à sa fille Lydia, en blier les nuisances pendant la durée
ponibles au-dessus du Cosmo- fresques représentant les bla- 1931. des travaux, qui s’annonçaient pharao-
politan et confient la concep- sons des différents pays d’ori- Fermé pendant la deuxième niques.
tion du palace à un ami de la gine de la clientèle. guerre mondiale, le Riviera Pas longtemps découragé, Widmer
famille, l’architecte Abel Gléna. subit les bombardements au fit aussitôt agrandir le restaurant, puis
Dans sa première version – on Des têtes couronnées début du conflit, l’occupation construire une aile à l’Ouest et enfin,
verra par ailleurs que son pro- et un Premier ministre italienne puis allemande et ne dans les années /, surélever
priétaire n’a eu d’autre choix se remettra jamais totalement le bâtiment de trois niveaux, agré-
que de le transformer – l’édi- Dès son ouverture, l’établisse- de cette période. mentant le tout de deux tours. Cette
fice possède un corps central ment, doté de tous les derniers frénésie d’agrandissement se pour-
et deux ailes, sur trois étages. éléments du confort moderne, Le mobilier vendu suivait avec notamment la création
Ainsi que, comme le veulent les accueille riches représentants aux enchères d’une salle des fêtes pouvant accueil-
canons de l’époque, un de la haute bourgeoisie et aris- -lir  personnes et l’achat de plu-
tocrates. Rouvert en location globale sieurs parcelles portant le parc à 
pour le Touring Club de France hectares en . On ne plaisantait
Aujourd’hui en 1949, les propriétaires ne pas avec la concurrence.
peuvent pas faire face aux char-
L’hôtel a fermé ges d’entretien d’un tel bâti-
définitivement en . Il a ment. Il est vendu en 1957 et
alors été rapidement transformé en transformé en appartements,
appartements. Le parc est devenu un jardin tandis que le mobilier et les
de   m² où l’on découvre toujours équipements sont vendus aux
enchères, sur place : 200 lits,
des essences variées. plus de 333 matelas, des centai-
Le hall d’entrée, le grand salon, l’escalier en marbre et le nes de chaises, des billards, de
la vaisselle, mais aussi 72 bai-
salon de musique ont été inscrits au titre des monu- gnoires, 150 lavabos et...
ments historiques par arrêté du  décembre . 1 800 m2 de moquette sont ainsi
Les façades et toitures de l’hôtel, de la buanderie, du dispersés sous le marteau des
bâtiment des citernes et le jardin sont inscrits aux commissaires-priseurs. Quant
aux 8 000 bouteilles de vins qui
monuments historiques depuis . composaient avant la guerre la
Le Riviera a reçu le label « Patrimoine du cave du palace, ils n’ont pas
résisté au passage des troupes
XXe siècle » le er mars . italiennes pendant l’Occupa-
tion...

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Photos DR.

Le Var, terre de palaces

Le Var, terre de palaces ? Pas évident, au toire : Saint-Tropez et Ramatuelle. l’hôtellerie française.
premier abord. Parce que, bien évidem- Le Byblos, le Château de la Messardière et le Mais au-delà de cette marque officielle, il
ment, la concentration d’établissements Cheval Blanc à Saint-Tropez, la Réserve Rama- existe d’autres établissements varois qui méri-
méritant ce terme n’y est en rien comparable tuelle Hotel Spa and Villas font en effet partie tent que l’on s’intéresse à leur histoire.
à celle des Alpes-Maritimes. Le Var a d’autres de ce cercle très fermé. Comme l’Hôtel de Paris à Saint-Tropez, le
atouts, d’autres cartes à jouer et le luxe Rappelons que la distinction Palace a été Beauvallon à Grimaud, ou encore le Grand
extrême n’est certainement pas sa priorité. créée en France en novembre 2010 afin de Hôtel des Sablettes à La Seyne-sur-Mer. Tous
Et pourtant, le paradoxe est qu’avec un nom- mettre en valeur une hôtellerie d’exception racontent à leur façon des pages d’histoire du
bre d’hôtels de luxe beaucoup moins impor- constituant une des spécificités fortes de la Var, connues ou méconnues.
tant, le Var parvient aujourd’hui à aligner plus France. Sans oublier l’histoire toute particulière de
d’établissements officiellement estampillés Elle permet de distinguer, parmi les hôtels 5 Saint-Raphaël qui a vu, à la Belle Époque, les
« palaces » que la Côte d’Azur : quatre dans le étoiles, ceux dont la situation géographique « grands hôtels » fleurir dans ses plus beaux
Var pour trois dans les Alpes-Maritimes. exceptionnelle, l’intérêt historique, esthétique quartiers et sur son littoral, à l’instar de Men-
Quatre adresses d’exception, à des titres et/ou patrimonial particulier, le service sur ton, Nice ou Cannes. Six établissements de ce
divers, concentrées sur un tout petit terri- mesure, les placent parmi les fleurons de type y ont vu le jour.

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Saint-Raphaël : six grands
hôtels à la Belle époque

Bien avant que Saint-Tropez et ses
environs ne deviennent le centre
du monde « people », Saint-Raphaël
a connu, à la Belle Époque, un essor
pratiquement semblable à celui de
la Côte d’Azur.

Et cela grâce à un homme, Félix deux pas de la mer, il est l’œuvre dans le style classique de cette rares à résister jusque dans les
Martin. Ce polytechnicien en de l’architecte cannois Laurent Via- époque. années 70.
charge de la ligne de chemin de fer ney. Il sera agrandi en 1888, de
Toulon-Nice devient maire de deux pavillons et de deux ailes, Des hôtes de prestige Léon Blum
Saint-Raphaël en 1878. Ce n’est et Laurel et Hardy
alors qu’une petite ville de Fin 1882, deux autres grands hôtels,
pêcheurs et d’agriculteurs, qui le Grand Hôtel Beau Rivage et Le quartier de Valescure, au nord
compte 1 500 habitants. Le nou- l’Hôtel des Bains, voient le jour au de Saint-Raphaël, voit à la même
veau maire est ambitieux, il sou- bord de mer. Le premier sera sur- époque naître deux établissements
haite attirer à Saint-Raphaël « les élevé et agrandi de deux ailes en de luxe, Le Grand Hôtel des
riches étrangers qui viennent chez 1905 et, en 1913, spécialement Anglais (à l’origine un pensionnat
nous dépenser leur argent ». Et réaménagé pour accueillir le Duc et pour jeunes filles), et le Grand
s’attache pour cela à aménager et la Duchesse de Gênes. Hôtel de Valescure.
embellir le bord de mer. Quant à l’Hôtel des Bains, qui Celui-ci, agrandi et surélevé de
La transformation est spectacu- deviendra ensuite l’Hôtel Continen- trois étages en 1898, réunit tout le
laire : En dix ans, près de 250 mai- tal et des Bains puis l’Hôtel Conti- confort moderne, et acquiert une
sons, villas et hôtels sont cons- nental, son emplacement stratégi- solide notoriété.
truits et la population double. que, au cœur de la nouvelle ville, C’est Léon Sergent, l’architecte de
L’envie de ce que l’on appelait à face à la mer, lui vaut un succès la colonie anglaise, qui donnera
l’époque un « grand hôtel » se fait immédiat. Il accueillera de nom- naissance au sixième Grand Hôtel,
alors sentir. Le premier, le Grand breux hôtes de prestige, comme le le Boulouris Grand Hôtel, inaugu-
Hôtel de Saint-Raphaël, est inau- premier ministre britannique, Lord ré en 1899. Construit au milieu d’un
guré en mars 1880. Construit à Salisbury, en 1886, ou Georges Cle- grand parc naturel, il ambitionne
menceau en 1890 et sera l’un des de proposer des prestations (...)

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