LES QUATRE AVIONS DÉTOURNÉS
SEPTEMBRE CANADA
San Francisco SHANKSVILLE Aéroport Logan (Boston)
Los Angeles Aéroport de Newark (New York)
WORLD TRADE CENTER
Aéroport de Dulles (Washington)
PENTAGONE
MEXIQUE WTC 1 Itinéraires prévus
(tour nord)
WTC 2 AA11
(tour sud) WTC 7
Boston > San Francisco
World Trade Center
UA 175
9 h 03
Boston > San Francisco
AA 77
Washington > Los Angeles
UA 93
New York > San Francisco
8 h 46 9 h 37 10 h 03
Le vol AA11 percute Le vol UA175 percute Le vol AA77 percute Le vol UA93 s’écrase
la tour nord. la tour sud le Pentagone à Shanksville
08
11
SEPT.
Vol AA11 (Boeing 767) - Écrasé contre la tour nord du WTC
7 h 59 : décollage de Boston
à destination de Los Angeles
avec 14 minutes de retard.
• 81 passagers dont 5 terroristes
• 11 membres d’équipage
Sièges occupés par les terroristes.
Vol UA175 (Boeing 767) - Écrasé contre la tour sud du WTC
• 8 h 14 : décollage de Boston
à destination de Los Angeles
avec 14 minutes de retard.
• 56 passagers dont 5 terroristes
• 9 membres d’équipage
Sièges occupés par les terroristes.
Vol AA77 (Boeing 757) - Écrasé sur le Pentagone
8 h 20 : décollage de Washington
à destination de Los Angeles
avec 10 minutes de retard.
• 58 passagers dont 5 terroristes
• 6 membres d’équipage
Sièges occupés par les terroristes.
Vol UA93 (Boeing 757) - Écrasé à Shanksville
8 h 42 : décollage de New York
à destination de San Francisco
avec 42 minutes de retard.
• 37 passagers dont 4 terroristes (au lieu de 5 prévus)
• 7 membres d’équipage
Sièges occupés par les terroristes.
09
le vol UA175 s’écrase sur la tour sud
SEPTEMBRE
Le saviez-vous ?
• Par précaution, lorsque • Le passager du vol UA175
le vol AA11 a heurté la tour Peter Hanson partait passer
nord, Stanley Praimnath le week-end à Disneyland,
a quitté la tour sud où il en Californie, accompagné
travaillait avec des centaines de sa femme et de leur fille.
d’autres personnes. Mais Âgée de 2 ans, Christine,
les services de sécurité est la plus jeune victime
leur ont recommandé de des attentats du
regagner leurs bureaux. 11-Septembre.
9H03 Getty Images/M. Kuriya
À 9 h 03, tandis que le feu se répand dans la tour nord,
un second avion survole New York et fonce vers la tour sud.
Masatomo Kuriya, un artiste japonais habitant en face de l’île de
Manhattan est en train d’observer l’incendie depuis la fenêtre de
son appartement. « Je voyais toute cette fumée s’échapper de la
tour nord. À la télé, une émission spéciale expliquait qu’un petit avion
s’était écrasé par accident dans le World Trade Center. » Rapidement,
les télés du monde entier retransmettent en direct les images de
Manhattan. « J’étais posté à la fenêtre avec mon appareil photo
lorsqu’un autre avion s’est approché de la seconde tour », poursuit
Masatomo Kuriya. Il prend alors cette photo de l’avion sur le point
de percuter la tour sud.
Peter Hanson est l’un des 56 passagers du vol United Airlines 175,
avec sa femme Sue et leur fillette de 2 ans. Depuis quelques minutes,
il est au téléphone avec son père et lui raconte que l’avion a été
détourné par des terroristes. Peter signale plusieurs personnes
poignardées. « Ça va très mal dans l’avion, il fait des mouvements
saccadés, je ne crois pas que le pilote soit aux commandes. […]
Nous descendons. Je pense qu’ils veulent foncer sur un immeuble.
Ne t’inquiète pas, Papa. Si ça arrive, tout ira très vite. Mon Dieu,
mon Dieu ! » La communication est coupée. Comme des millions de
téléspectateurs dans le monde, le père de Peter Hanson voit en direct
l’avion s’écraser sur la tour sud. Volant à 870 km/h et chargé de
38 000 litres de kérosène, il s’encastre entre les 77e et 85e étages.
Quelques secondes auparavant, au 81e étage de la tour sud, Stanley
Praimnath travaillait dans son bureau de la Fuji Bank. « J’étais debout,
au téléphone. J’ai levé la tête et j’ai regardé vers la statue de la Liberté.
J’ai vu un avion s’approcher, il était de plus en plus grand. Il fonçait
sur moi. J’ai entendu le bruit du moteur et j’ai plongé sous mon bureau.
Lorsque j’ai rouvert les yeux, presque tout le sol au-dessous de moi
s’était effondré, le plafond était tombé et tous mes collègues étaient
morts. » L’aile gauche de l’avion a traversé le bureau de Stanley et
s’est arrêtée dans une porte, à six mètres de lui. Secouru par un
rescapé du 84e étage, il est l’un des 18 survivants de la zone d’impact.
Bruce Wallace est alors dans la rue, juste devant les tours jumelles.
Dès qu’il a entendu le bruit de l’explosion du premier avion, ce New-
Yorkais habitant à proximité est descendu voir ce qui se passait. Des
sirènes des véhicules de secours retentissaient dans tout le quartier.
« J’étais complètement pétrifié devant la tour nord. Des flammes
s’échappaient d’un grand trou dans le bâtiment. C’est alors que le
second avion s’est encastré dans la tour sud. C’était inimaginable.
Ce ne pouvait pas être un accident. Quelqu’un nous attaquait. Il fallait
partir de là, ça pouvait recommencer à tout instant. »
15
le président bush apprend la deuxième attaque
SEPTEMBRE
Ce mardi 11 septembre, George W. Bush est en visite dans une école de Sarasota,
en Floride. À 9 h 05, alors qu’il assiste à une leçon de lecture, l’un de ses conseillers
s’approche et lui dit à l’oreille : « Un deuxième avion a percuté la deuxième tour
du World Trade Center. L’Amérique est attaquée. »
L’échange est bref. Le visage de George Pourtant, au gouvernement et dans
W. Bush se fige. Ignorant ce qu’il se passe, l’armée, c’est la panique. Les informations
l’institutrice de la classe continue sa leçon. circulent mal entre les services de l’aviation
Elle encourage ses 16 élèves à prendre leur civile et ceux chargés de la défense du
livre pour commencer la lecture de l’histoire pays. Les militaires ont appris le deuxième
La Chèvre apprivoisée. Le Président, assis crash en regardant la télévision, alors
à l’avant de la classe, prend lui aussi le livre qu’ils recherchaient toujours le vol UA175
de lecture. Il regarde les élèves, puis le sur leurs radars. Et un troisième vol parti
manuel, et les écoute déchiffrer l’histoire. de Washington ne répond plus. Dick
Cheney, le vice-président, cherche à joindre
À son arrivée à l’école à 8 h 55, le George W. Bush. À la fin de la leçon, le
président américain a été informé, Président prend le temps de poser quelques
neuf minutes après le premier impact, questions aux élèves et de les féliciter. Puis
qu’un avion s’est écrasé sur la tour nord il se rend dans une pièce où son équipe
du WTC. Sa conseillère à la Sécurité a installé une télévision et des moyens
nationale, Condoleezza Rice, lui a d’abord de communication protégés. Il voit enfin
parlé d’un petit avion de tourisme, puis les images qui tournent en boucle sur les
d’un avion de ligne. George W. Bush, ancien télévisions du monde entier. Après avoir
pilote dans l’armée, s’est fait la réflexion : eu Dick Cheney au téléphone, il se tourne
« Ce doit être le pire pilote au monde pour vers ses conseillers et lance : « Nous
percuter un gratte-ciel un jour où la visibilité sommes en guerre ! »
est parfaite. À moins qu’il n’ait eu un
infarctus. » Demandant à sa conseillère À 9 h 30, George W. Bush entre dans
de le tenir au courant, le Président est la bibliothèque de l’école, où il devait
allé rejoindre l’institutrice et ses élèves faire un discours sur l’éducation. Le
dans leur salle de classe. visage grave, il annonce qu’il doit rentrer
à Washington. « Aujourd’hui, nous vivons
Mais quand son conseiller lui annonce une tragédie nationale. Deux avions se
le deuxième crash, George W. Bush sont écrasés sur le World Trade Center
sait qu’il ne s’agit pas d’un accident. dans ce qui semble être une attaque
Pour la première fois de leur histoire, terroriste contre notre pays. […] Le
les États-Unis sont attaqués sur leur sol terrorisme ne passera pas », conclut-il
(le raid japonais sur Pearl Harbor, en 1941, avant d’inviter les personnes présentes
avait eu lieu près de l’île d’Hawaï, dans le à respecter une minute de silence
Pacifique). Mais le Président ne réagit en hommage aux victimes. À 9 h 35,
pas et reste assis 7 minutes, impassible, les services de sécurité conduisent
en attendant la fin de la leçon. George George W. Bush à l’aéroport de Sarasota
W. Bush confiera plus tard à la Commission où l’attend l’avion présidentiel, Air Force
d’enquête sur les attaques : « Mon instinct One. Dans la voiture, il apprend qu’un
a été d’afficher une image de calme et de troisième avion vient de s’écraser sur le
force afin que le pays ne voie pas une Pentagone, à Washington. Les attaques
réaction d’agitation dans un moment continuent. La priorité est de le mettre
de crise. » Il veut donner l’image d’un à l’abri. Pour les services de sécurité, le
président maître de lui et pense, à ce seul refuge à leur portée, c’est Air Force
moment-là, que les attaques sont One. À 9 h 42, le Président est à bord,
terminées. l’avion décolle trois minutes plus tard.
16
9 h 0 5
AP/D. MILLS
Le saviez-vous ?
• Pour garder le Président • George W. Bush n’a pas
en sécurité, Air Force One eu le droit de rentrer à
a d’abord volé à haute altitu- Washington avant 19 h,
de, sans destination précise. car le vice-président, Dick
En fin de matinée, George Cheney, se trouvait dans la
W. Bush a été conduit sur capitale : en cas d’attaque,
une base militaire de Loui- les règles de sécurité inter-
siane, puis sur une autre, disent la présence du
dans le Nebraska, en début président et du vice-prési-
d’après-midi. dent au même endroit.
la tour sud s’effondre
SEPTEMBRE
30
9H59
À 9 h59, 56 minutes après avoir été percutée par le vol UA175, la partie supérieure de la tour
sud se brise et s’écroule, entraînant l’ensemble du bâtiment. Il s’effondre en 10 secondes.
Sept minutes plus tôt, à 9 h 52, des policiers elle a été plus gravement endommagée par
survolent la tour en hélicoptère. Ils signalent l’impact. L’avion UA175 volait plus rapidement
par radio que « d’importants débris pendent (870 km/h) que le AA11 (700km/h) au moment
à l’extérieur et menacent de tomber du haut du crash. Il s’est enfoncé plus profondément
de la tour ». Quelques minutes plus tard, ils dans la tour, coupant ou abîmant 33 des
assistent à l’effondrement de tout le bâtiment. 59 colonnes extérieures, et 10 des 47 colonnes
intérieures. Ces colonnes d’acier sont la
À ce moment-là, il reste plus de 600 personnes structure porteuse du bâtiment, elles lui
dans la tour, sur les 8 500 présentes avant servent de squelette. Elles soutiennent aussi
9 h. Elles sont bloquées au-dessus de la zone les planchers en béton de 10 centimètres
d’impact, à partir du 78e étage. Il y a aussi des d’épaisseur séparant chaque étage. Les
dizaines de pompiers. On ignore leur nombre colonnes restantes se sont affaiblies et ont
exact. À 9 h 58, une équipe du FDNY, qui vient été déformées par les incendies. Elles se sont
d’atteindre le 78e étage, tente d’éteindre un tordues, comme « tirées » vers l’intérieur de la
incendie dans un escalier. Ils préviennent leur tour, créant une pression de plus en plus forte
centre de commandement par radio. Leur sur les façades. De plus, elles ne supportaient
message est entendu. Ce sera le dernier. plus les planchers en béton, qui ont fini par
s’effondrer. Enfin, la tour sud a été frappée
À 9 h 59, 250 000 tonnes d’acier et de béton plus bas que la tour nord. Il y avait donc
s’écroulent au sol. La tour sud, percutée davantage d’étages, et donc davantage de
après la tour nord, s’effondre en premier, car poids, au-dessus de la zone d’impact, fragilisée.
Getty Images
Le saviez-vous ?
• 16 % des personnes ayant • Le choc au sol provoqué
réussi à sortir de la tour par l’effondrement de la
sud le 11 septembre s’y tour est perçue à plus de
trouvaient déjà lors de 1 600 kilomètres.
l’attentat de 1993.
UN NUAGE DE POUSSIÈRE S’ABAT SUR LES RESCAPÉS
SEPTEMBRE
Un policier aide une femme près du World Trade Center.
En s’écroulant, les deux bâtiments ont dégagé un
gigantesque nuage de poussière et de débris toxiques
recouvrant tout le sud de Manhattan.
Des milliers de personnes près des tours à ce moment-
là (rescapés, pompiers, policiers, etc.) essaient de fuir
et de se protéger de cet épais nuage de poussière.
Le Français Bruno Dellinger, qui a une entreprise au
47e étage de la tour nord, sort du bâtiment vers 10 h 25. Il
s’éloigne dans les rues à côté du WTC lorsque le bâtiment
s’effondre. Dans son livre, World Trade Center 47e étage,
il raconte : « Je suis sorti depuis 20 secondes du complexe
du WTC. Un grondement d’enfer, un terrifiant roulement
de tonnerre qui semble être sans fin, me fait tourner la
tête vers le sud, et, pétrifié, je vois un gigantesque rouleau
de poussière me dévaler dessus. Il est plus haut que les
immeubles d’une quarantaine d’étages. Ses volutes sont
aussi grosses que des maisons, il semble aussi épais, aussi
compact que de la matière. Il est gris, il est blanc, il est noir.
Sur ses franges, comme en marge d’un cyclone, des poutres
d’acier, des feuilles de papier, des gravats, du verre, des
tonnes de matériaux sont expulsés du souffle. […] À mesure
qu’il avance, la matière, l’espace, le temps semblent engloutis
par ses monstrueux tentacules ronds. Il se déroule comme
une pieuvre. À plus de 80 km/h, le Killer cloud (le Nuage
tueur) arrive. La terreur me paralyse quelques centièmes
de secondes. […] Impossible de m’enfuir. Courir ne sert
à rien. Il faut s’abriter. Vite ! Vite ! »
Bruno Dellinger court vers une banque devant lui. Un
morceau de mouchoir mouillé devant la bouche pour éviter
d’absorber trop de poussière, il se jette sous le porche de
l’entrée pour s’abriter. Le nuage arrive. « La vague frappe.
Une détonation, un souffle immense, une déflagration. Un
type hurle : « Respirez à travers vos vestes ! » Il fait gris, il fait
noir. […] Je n’entends plus rien. Nuit totale et silence absolu.
Je suffoque. […] L’air est si épais, si dense, si minéral, que
l’oxygène en est absent, que les ondes sonores ne passent
plus. […] Il n’y a plus d’air. Mes bronches vont imploser. […]
Mes yeux brûlent, la poussière s’est glissée jusque sous mes
paupières. J’en ai dans la bouche, le nez, les poumons, sous
les dents qui crissent, dans les vêtements, elle s’agglomère
en une épaisse couche sur mes mains, la peau de mon visage
et de mon crâne rasé. » Puis un homme sort de l’intérieur
de la banque et fait entrer Bruno Dellinger. L’agence a été
transformée en centre de secours, où le Français sera soigné.
38
10 h 4 5
Getty Images/New York Daily News Archive
Le saviez-vous ?
• Selon une étude du gou- • En 2010, un programme
vernement américain, entre de santé spécial a été mis
250 000 et 400 000 per- en place pour aider les
sonnes ont été en contact personnes en contact avec
avec le nuage de poussière le nuage toxique et souf-
toxique dégagé par frant d’asthme, de maladies
l’effondrement des tours : des poumons ou de cancers.
des pompiers, des policiers, 80 000 personnes sont
des personnels soignants et inscrites et suivies.
des habitants de New York.
Depuis 2001, 730 personnes
en sont mortes.
un symbole de force et d’espoir
SEPTEMBRE
Quelques heures après les attentats, en fin
d’après-midi, trois pompiers new-yorkais
hissent un drapeau américain sur les ruines
encore fumantes du World Trade Center.
Les trois pompiers ont pris le drapeau sur
un bateau situé près des ruines du WTC,
sur l’Hudson River. Ils ont ensuite trouvé
un mât parmi les débris et y ont accroché
The Star-Spangled Banner (la Bannière étoilée).
La photo est publiée le lendemain en une
de plusieurs journaux aux États-Unis et dans
le monde. Pour les Américains, elle devient
le symbole d’un pays déterminé à se redresser.
Mais cinq heures après avoir été accroché, le
drapeau disparaît. Personne ne sait qui l’a pris
ni pourquoi. Il sera alors recherché durant des
mois et des émissions de télé lui seront même
consacrées. C’est justement après la diffusion
d’une de ces émissions, en novembre 2014, qu’un
homme entre dans une caserne de pompiers
d’Everett, dans l’État de Washington, sur la côte
ouest des États-Unis, avec un sac en plastique.
Il le lance et s’écrie : « J’ai le drapeau ! ». L’homme,
qui dit être un ancien soldat, repart sans donner
son nom. Il n’a pas été retrouvé depuis.
Le drapeau, remis à la police, est envoyé
à Washington. Il est comparé à celui de la
photo : même taille (0,9 m sur 1,5 m), mêmes
caractéristiques (marques, bouton, etc.) et
son tissu est analysé. La poussière incrustée
dedans est bien la même que celle collectée
sur les ruines du WTC.
Treize ans après sa disparition, le drapeau
originel est donc enfin retrouvé. Depuis 2016,
il est conservé au Mémorial du 11-Septembre,
à New York. « Ne pas avoir ce drapeau dans le
musée, c’était comme s’il manquait toujours
quelque chose. C’était un symbole non seulement
d’espoir, mais de force. Nous avions besoin des
deux à l’époque », a expliqué Joe Daniels, le
président du Mémorial.
44
17 h 1 0
AP/D. MILLS
Le saviez-vous ?
• Cette photo a été reprise • Ce cliché a été comparé
en 2002 sur un timbre- à une célèbre photo prise
poste américain. Appelé en 1945, lors de la Seconde
« Heroes of 2001 » (Héros Guerre mondiale. On
de 2001), il a été édité y voyait cinq soldats hissant
à plus de 200 millions le drapeau américain après
d’exemplaires. une bataille à Iwo Jima
(Japon).
LES SECOURS À GROUND ZERO
SEPTEMBRE
Trois jours après les attaques, les secours s’activent toujours. Sur cette image, un
pompier demande 10 hommes en renfort avec ses mains, car le bruit des machines
couvrait sa voix.
Avec des centaines de policiers, de travailleurs du bâtiment et des travaux
médecins et de secouristes, plus de publics ont laissé leur famille et leur travail
1 000 pompiers ont été First Responders pour venir dégager les gravats. Ils travaillent
(Premiers à répondre). Ces professionnels avec précaution, attentifs à ne pas faire
sont entraînés pour intervenir lors de s’effondrer les empilements instables de
catastrophes naturelles, d’accidents ou débris, car des survivants se trouvent peut-
d’attaques terroristes. La zone est divisée être dessous. Lorsque quelqu’un pense
en quatre parties dans lesquelles les secours avoir repéré une personne, tout s’arrête
sont organisés par équipes. Certaines dans la zone. Le silence permet d’entendre
continuent de chercher des personnes sous le moindre appel à l’aide ou de respecter
les décombres. Pour les aider, 400 chiens, une victime dont on dégage le corps.
capables de trouver des humains ensevelis
ont été amenés sur le site. Mais la dernière Cette solidarité a coûté cher aux First
rescapée, Genelle Guzman-McMillan, a Responders et aux bénévoles. 343 pompiers
été repérée et sauvée 27 heures après et 60 policiers sont morts en intervenant
l’effondrement de la tour nord. Personne ce jour-là. Et depuis, des milliers de
ne sera retrouvé vivant après elle. D’autres pompiers, de policiers, de personnels
équipes luttent contre le feu. Il faudra soignants et de travailleurs volontaires
90 jours pour éteindre totalement les souffrent ou sont décédés de graves
incendies provoqués par le crash des avions. maladies (cancer, asthme, etc.). En effet,
la couche de poussière recouvrant les
Venus de tout le pays, des milliers gravats contenait des matières toxiques.
de bénévoles aident les secours. Des Et seulement un intervenant sur cinq était
spécialistes du découpage de l’acier, des équipé d’un masque de protection.
52
14
Sept.
Getty Images/The LIFE Images Collection
Le saviez-vous ?
• Les attaques du 11-Sep- • Le restaurant Nino’s,
tembre ont été l’intervention proche du WTC, a rouvert
la plus meurtrière de l’histoi- dès le 12 septembre. Il
re des pompiers américains. a servi de lieu de repos
Auparavant, la pire opéra- aux volontaires travaillant
tion avait été un feu de forêt à Ground Zero et leur
survenu en Idaho en 1910. a distribué 500 000 repas
Il avait causé la mort de gratuits.
78 pompiers.
Le suspect n°1, Ben Laden, est recherché
SEPTEMBRE
Le saviez-vous ?
• Le père d’Oussama Ben • L’un des frères d’Oussama
Laden est né au Yémen Ben Laden, Shafiq, se trou-
en 1908. Il a eu 54 enfants vait à Washington le 11 sep-
de 22 femmes différentes. tembre 2001. Il assistait
Oussama Ben Laden était à une réunion du groupe
son 17e enfant. d’investissement Carlyle
avec George H. W. Bush,
le père du Président.
18
SEPT.
Une semaine après les attentats, les journaux américains affichent en première page le portrait
de Ben Laden. Le chef du groupe terroriste al-Qaïda est suspecté d’avoir organisé les attaques
contre les États-Unis. George W. Bush, qui a lancé la veille un avis de recherche contre lui, veut
qu’il soit retrouvé, mort ou vivant.
Le week-end après les Les personnes qui le logent, le chef d’al-Qaïda. Getty Images
attaques, le président l’encouragent, lui fournissent
américain a réuni un conseil de la nourriture ou de l’argent Ben Laden est né en 1957
de sécurité. George W. Bush sont avertis. Nous allons en Arabie saoudite dans une
veut savoir qui a commis ces trouver ces malfaiteurs, ces famille très riche et proche
attentats et comment riposter. gens barbares qui ont attaqué de ses chefs. Mais c’est en
Les services de renseignement notre pays et ceux qui les Afghanistan qu’il se cache.
sont persuadés qu’Oussama hébergent, et les tenir Dès la fin des années 1970,
Ben Laden les a organisés. responsables. Ils doivent il y a entraîné des combattants
Avant le 11-Septembre, prendre ma déclaration au pour lutter contre l’occupation
différents services secrets sérieux. […] Je veux la justice. russe du pays. En 1987, il
avaient reçu ou trouvé des Je me souviens, dans mon a créé l’organisation terroriste
informations indiquant que enfance, des affiches rappelant al-Qaïda (« la Base » en arabe).
le chef d’al-Qaïda préparait le Far West qui disaient : Son but est d’installer des
des attaques contre les États- « Recherché : mort ou vif » régimes islamistes dans tous
Unis. À la fin du conseil de (Wanted : Dead or alive). les pays musulmans. Il veut
sécurité, George W. Bush Tout ce que je veux et ce aussi frapper les pays
annonce aux journalistes : que l’Amérique veut, c’est puissants, notamment les
« Il n’y a pas de doute sur qu’il (Ben Laden) soit traduit États-Unis, dont il condamne
le fait que Ben Laden est en justice. » les interventions militaires
le suspect numéro un ». dans les pays musulmans,
Ainsi commence la plus comme lors de la guerre du
Le 17 septembre, à coûteuse chasse à l’homme Golfe en 1990. Pour punir
Washington, George Bush de l’histoire. Le gouvernement ceux qu’il considère comme
s’adresse à nouveau à la américain offre 25 millions des infidèles, Ben Laden utilise
presse : « Oussama Ben de dollars (36 millions d’euros ses camps d’entraînement en
Laden, avec son organisation, aujourd’hui) de récompense Afghanistan pour former des
est le principal suspect des pour toute information terroristes islamistes.
attaques contre les États-Unis. permettant de capturer
57
freedom tower
SEPTEMBRE
76
SEPT.
2016
Le 11 septembre 2016, pour le 15e anniversaire des attentats
du World Trade Center, deux rayons de lumière bleus
s’élèvent dans le ciel de Manhattan, à côté de la Freedom
Tower (Tour de la Liberté), elle aussi illuminée.
Ces rayons bleus, appelés d’Amérique du Nord. La One Getty Images
Tribute in light (Hommage World Trade Center abrite
en lumière), ont été des bureaux et, au sommet,
imaginés en mars 2002 par des restaurants et un
l’architecte new-yorkais observatoire. Pour contrer
Richard Nash Gould. Les d’éventuelles attaques
deux faisceaux rappellent terroristes, elle est construite
la silhouette des deux tours en béton armé très épais et
jumelles disparues. Pour les recouverte de verre résistant
créer, plus de 80 projecteurs aux explosions. Les architectes
ont été installés près de ont aussi aménagé des zones
l’emplacement des tours nord de refuge à chacun des
et sud du WTC. Les rayons 104 étages. Ces zones sont
sont visibles à 100 kilomètres accessibles par des escaliers
autour de New York. Depuis réservés aux secours.
2016, ils sont allumés chaque
année, le 11 septembre, pour Le bâtiment est écologique.
rendre hommage aux victimes Le verre des fenêtres filtre
des attentats. la chaleur et la lumière
entrant dans le bâtiment pour
La Freedom Tower est la économiser l’électricité. L’eau
première tour bâtie pour de pluie, collectée sur le toit,
remplacer le World Trade est utilisée pour les systèmes
Center. Elle symbolise la de refroidissement d’air.
capacité de New York à
surmonter les épreuves. Six autres tours, plus petites,
Son véritable nom est le ont été ou seront bâties à
One World Trade Center. côté de la One World Trade
Commencée en 2006 sur Center. La construction de la
les plans de Daniel Libeskind, Two World Trade Center, qui
puis sur ceux de David doit remplacer la tour sud de
Childs, deux architectes new- l’ancien WTC, a pris du retard.
yorkais, elle a été terminée Avec son toit en forme de
en 2013. De forme octogonale, diamant, elle est attendue en
elle culmine à 541 mètres. 2023. La Three WTC et la Four
C’est le plus haut bâtiment WTC ont déjà été construites.
Le saviez-vous ?
• La Freedom Tower • Le Tribute in light n’est
s’élève à 1 776 pieds (unité allumé que pour la date
de mesure américaine). anniversaire des attaques,
Ce nombre rappelle la car la luminosité de ses
date de la Déclaration rayons perturbe les oiseaux
d’indépendance des qui restent piégés dans les
États-Unis (1776). faisceaux.
CONTRE LES THÉORIES DU COMPLOT
SEPTEMBRE Depuis 20 ans, les images des attentats du 11 septembre 2001 ont été vues et
commentées dans le monde entier. Certains, prétendant s’appuyer sur des faits,
remettent en cause ces événements, en partie ou totalement. Nicole Bacharan
(chercheuse à Sciences Po, spécialiste des États-Unis) et Dominique Simonnet
(journaliste), auteurs du livre 11-Septembre, le jour du chaos (Éd. Pocket),
répondent aux principales questions qui nourrissent ces théories du complot.
Pourquoi les avions détournés n’ont-ils pas été détruits par l’armée
américaine avant leur crash ?
Quatre équipes de terroristes ont embarqué au même moment
(vers 8 h du matin) à bord d’avions différents au départ de Boston,
de New York et de Washington, des aéroports proches de leurs cibles.
Il ne leur a fallu qu’une cinquantaine de minutes pour prendre les
commandes des avions et les précipiter sur leurs cibles. Cela laissait
peu de temps pour que les contrôleurs aériens, puis l’armée de l’air,
comprennent que ces avions de ligne étaient devenus kamikazes.
En extrême urgence, sans même attendre l’autorisation du Pentagone,
le commandant de la défense aérienne, le général Larry Arnold,
a envoyé des avions de chasse pour les intercepter, mais il était trop tard.
Pourquoi les services de
renseignement américains (CIA
et FBI) n’ont pas réussi à déjouer
ces attentats avant le 11 septembre
alors qu’ils avaient des informations ?
La Maison-Blanche (George W. Bush
et ses collaborateurs) n’a pas pris
suffisamment au sérieux les alertes
de la CIA, qui n’était pas bien
coordonnée avec le FBI. On s’attendait
à une attaque de Ben Laden venant
de l’extérieur ou à des attentats
au sol. Mais on n’imaginait pas,
à l’époque, que l’on puisse détourner
des avions de lignes intérieures pour
les précipiter sur des cibles.
Les tours du WTC ont-elles été détruites par des explosifs et non par des
avions ? Le Pentagone a-t-il été touché par un missile et non par un avion ?
Bien sûr que non. Les attaques du 11-Septembre ont toutes été effectuées
avec des avions de ligne détournés. Le monde entier a pu voir à la télévision
le crash du second avion sur la deuxième tour à New York. Les débris des
avions ont été retrouvés sur toutes les ruines. Comme les terroristes et les
membres d’équipage, tous les passagers des vols ont été tués. Certains avaient
réussi à parler au téléphone à des proches depuis leur avion et on connaît
minute après minute le déroulement de chaque attaque.
Cette photo a été prise le 11 septembre,
après l’e ondrement de la tour nord.
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SEPT.
2021
Oussama Ben Laden est-il vraiment mort ?
Ah oui alors ! Le 1er mai 2011, au cours de la nuit, un commando des forces spéciales américaines
a donné l’assaut dans une maison d’Abbottabad, au Pakistan, où se cachait Ben Laden (lire
p. 68-69). L’intervention a été filmée et suivie en direct à la Maison-Blanche. Des centaines
de militaires ont participé à l’opération, puis à l’inhumation du terroriste à bord du porte-avions
USS Carl Vinson dans le respect des rites musulmans : le corps de Ben Laden a été mis dans
l’océan et non en terre, car on craignait qu’une tombe ne devienne un lieu de pèlerinage.
Pour éviter des déchaînements de violence, le président Barack Obama a également décidé
de ne pas publier de photo du corps : « Nous n’en ferons pas un trophée », a-t-il déclaré.
Quels étaient les liens entre les familles
Ben Laden et Bush ?
Aucun lien direct. Les Ben Laden sont
une très grande et très riche famille
saoudienne. Après avoir créé al-Qaïda,
Oussama Ben Laden en a été exclu et
chassé d’Arabie saoudite. La famille Bush,
qui faisait des affaires pétrolières dans ce
pays, connaissait certains de ses membres,
mais ni Oussama ni ses proches. En
septembre 2001, plusieurs membres de
la famille Ben Laden, sans relations avec
le terroriste, habitaient ou étudiaient aux
États-Unis. Craignant que la population
ne s’en prenne à eux, le FBI les a isolés
dans des lieux tenus secrets, au Texas,
puis à Washington, avant de leur faire
quitter le pays.
Pourquoi y a-t-il autant de théories du complot Getty Images/D. L. Rothenberg
sur le 11-Septembre ?
Parce que c’est un événement unique dans l’histoire,
impensable auparavant et qu’il est difficile de croire à une telle
horreur. « Cela dépasse l’imagination », a-t-on dit. La vraie
question à se poser serait : pourquoi certains ont besoin de
refuser la réalité ? Certaines personnes haïssent les États-Unis
et cherchent à les accuser de tous les maux de la Terre.
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