Noëls
d’hier....
Les lettres
des lecteurs
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Votre roman-
feuilleton
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Notre jeu
concours ...et d’aujourd’hui
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Noëls d’hier Écrivez-nous !
Nous publierons...
Édito
Dites-lui ,
Difficile de trouver une fête plus familiale et mieux je t’aime
partagée que Noël. Aucune autre date du calen- Au mois de février , à l’occasion
drier ne porte, dans l’imaginaire collectif, autant de nos- de la Saint-Valentin, nous allons publier
talgie, de bienveillance et de générosité. Quel bonheur les plus belles lettres et déclarations
d’évoquer ces instants riches d’émotions, ces moments d’amour écrites par nos lecteurs.
couleur sépia. Ces parfums sont de ceux qui font briller Alors n’hésitez pas : envoyez-nous vos
les yeux des enfants. Il n’est donc pas étonnant que vous lettres d’amour et nous les
soyez nombreux à avoir répondu à notre appel. Conti- publierons !
nuez à faire des photos de ces jours magiques, nous les
publierons l’année prochaine ! Cette année vous avez
plongé la plume dans une encre teintée de mélancolie.
Merci de nous avoir confiés ces mots et ces souvenirs.
Ces instants intimes.Vos sourires et parfois vos larmes.
Sommaire
Les crèches de Noël Page 3
Les lettres de nos lecteurs Page 6
Le feuilleton Les 3 cas Page 36 Ecrivez-nous à :
[email protected]
Les bons plans Page 47
ou
Le jeu-concours Page 56 Nice-Matin
Service Développement éditorial
214, boulevard du Mercantour
06290 Nice Cedex 3
Le Mag : décembre 2016. Directeur de la Publication : Jean-Marc Pastorino.
Edité par la SCIC Nice-Matin Maquette et mise en page : Nice-Matin.
214, boulevard du Mercantour Impression : SCIC Nice-Matin
06290 Nice Cedex 3. 214, boulevard du Mercantour,
Personnes physiques ou morales 06290 Nice Cedex 3. ISSN : en cours.
détenant au moins 10 % du capital : Dépôt légal à parution.
SCIC Nice-Matin « La reproduction même partielle des articles
et l’Association des usagers lecteurs SCMO. et illustrations est interdite. » Ne peut être vendu.
Les crèches de Noël
Le circuit des crèches de Lucéram
La 19e édition du circuit des crèches de Lucéram Peïra-Cava se déroulera jusqu’au 8
janvier 2017. Plus de 450 crèches originales sont disposées sur un chemin balisé. La
plus petite tient dans une demi-coquille de noix. La plus grande mesure dix mètres.
Le village de Lucéram, niché dans la haute vallée du
Paillon, s’est paré de ses atours de Noël. Plusieurs kilo-
mètres de ruban rouge et or, des branchages de sapin,
ornés de boules multicolores et de guirlandes lumineu-
ses, animent ses petites rues tortueuses et ses maisons
en pierre. Des milliers de santons se sont installés sur le
rebord des fenêtres, dans les caves, les passages voûtés,
sous les porches, les placettes, dans les lavoirs. Au total,
plus de 450 crèches balisent ce grand jeu de pistes de la
Nativité. C’est la dix-neuvième édition de ce circuit des
crèches. «Depuis, il a été copié dans plusieurs villes et villages
du département. Mais jamais égalé», assure l’Office de tou-
risme.
À voir dans le village même, mais aussi à Peïra-Cava.
Des grandes, des petites, des minuscules... réalisées dans
une demi-noix. Du samedi 3 décembre 2016 au dimanche
8 janvier 2017. Horaires : 10h30-12h30 et 14h-17h30.
Non stop le samedi et le dimanche.Tél. : 04.93.79.46.50.
www.luceram.fr
Les crèches de Noël
Lou Ravi, le plus populaire de tous
L’un des santons provençaux les plus populaires n’était
pas, à l’origine, le benêt de la crèche. Un malentendu
amplifié par Frédéric Mistral
Les bras levés, il est le santon d’argile miniatures.Toute la famille s’y attelle.
le plus heureux de la naissance de Lagnel est le premier à leur proposer
l’enfant Jésus. Positivement ra-vi ! des santouns en argile (petits saints
Une présence joyeuse qui lui vaut en provençal). Autour du premier
d’être avant chaque Noël, placé cercle sacré (Marie et Joseph, Jésus
parmi les premiers dans la crèche et les rois mages), il ajoute des dizai-
familiale. Certains pensent même nes de personnages contemporains à
qu’il porte bonheur. Tout le monde son siècle, villageois, paysans et arti-
s’accorde à voir en lui un gentil fada, sans. Dans ce petit monde de Lagnel,
désigné comme le premier des idiots apparaissent à la fenêtre un ravi ... et
du village, avec son sourire à la Paul une ravie, tous deux bras tendus vers
Préboist dessiné sous son bonnet le ciel. Pour l’historien Régis Ber-
trop enfoncé. Souvenez-vous de la trand, auteur de Crèches et santons
chanson de Tino Rossi écrite en de Provence (éditions Barthélémy),
1935 par le Toulonnais René Sarvil : «Cela correspond à une gestuelle
«Dans une boîte en carton sommeillent ancienne dont le sens et même la prati-
les petits santons. Le berger, le rémou- que ont presque disparu. Ou plutôt s’est
leur et l’Enfant Jésus rédempteur. Le ravi métamorphosée : car j’ai noté une cer-
qui le suit est toujours ravi . » Mais il y a taine tendance à la reprendre en écar-
peut-être erreur sur la personne. tant les bras dans le cas d’embrasse-
ments pour poser les mains sur les
Nouveaux personnages épaules de la personne que l’on
Au tout début du XVIIIe siècle, le embrasse. Or ces embrassements
Marseillais Jean-Louis Lagnel, « figu- publics, extra familiaux, se sont considé-
riste » de son état, réinvente l’art du rablement développés en trente ans ».
santon. Depuis la Révolution - qui a
temporairement fermé les églises à La faute aux pastorales
partir de 1794 - le marché des crè- Le ravi est surpris mais ce n’est pas
ches domestiques est en plein boum. un «couillon». En 1841, l’écrivain
Les enfants ne sont plus seuls à Joseph Désanat évoque « l’illustre ravi,
reproduire la scène de la Nativité en grandiose et superbe, les bras dressés au
Les crèches de Noël
ciel, type des étonnés ». Lachamp voit Pour les santonniers, les deux mem-
alors en lui un santon qui «résume en bres décollés du corps représentent
sa personne l’admiration pieuse de tous toujours une difficulté, avouent en
les autres santons et qui, gênés par les chœur Jean-Claude Dantinne (Collo-
comestibles qu’ils apportent, ne sau- brières) et Michel Barbaudy (Ateliers
raient comme lui tendre les bras vers le Carbonnel à Marseille) qui veillent
ciel. » Les pastorales, immense succès tous deux sur des musées consacrés
populaire dès le XIXe siècle, vont lui aux santons(1).
faire perdre des points de QI. Il faut bien gérer les temps de
Dans la pastorale Maurel, Régis Ber- séchage et s’assurer de leur bon état
trand « pense qu’il a été contaminé par de conservation. Souvent représenté
Roustido, le notable qui apparaît à sa en valet de ferme, rarement en ber-
fenêtre en bonnet et chemise de nuit, ger, comme dans la pastorale Audi-
tout surpris qu’on le réveille et qui, à bert, il existe en deux versions :
l’annonce de la «grande nouvelle», lève entier ou coupé à mi-hauteur, quand
les bras au ciel dans beaucoup de mises il se présente à une fenêtre. Souriant?
en scène. Et aussi par Jiget, le valet de Pas toujours. Jean-Claude Dantinne
ferme un peu stupide, se trouve avoir un le préfère « énigmatique ». Seul ou
costume assez proche, en particulier un avec sa « ravido », son alter ego fémi-
bonnet. » nin. Et toujours émouvant.
A la fin du XIXe siècle, Mistral
enfonce définitivement le clou dans Patrice Maggio
Lou Tresor dau Felibrige : « Sèmblo (1) 2, rue Jean-Jaurès à Collobrières.
lou ravi de la crecho : il est tout ébahi ». Rens. 04.94.27.31.22. et 49, rue
L’image est restée : dans sa pastorale Neuve Sainte-Catherine à Marseille.
de 1986,Yvan Audouard parle de lui Rens. 04.91.13.61.36.
comme d’un habitant... de Bethléem
qui « restait à sa fenêtre, les bras en
l’air, en regardant les gens, le ciel, les
bêtes, les fleurs,» et en disant : «Que le
monde est joli ! C’est pas possible qu’il
soit aussi joli !» Cette posture, incon-
fortable à la longue, n’est pas tou-
jours bien comprise par les plus jeu-
nes. Régis Bertrand a même repéré
sur un site d’enchères en ligne, un
ravi avec le titre «Haut les mains !» »
Les Noëls de nos lecteurs
Le cabanon qui rêvait d’être un santon
Arlette Béal est artiste peintre, illustratrice
et auteur, à Hyères. Elle nous a adressé ce
joli conte en forme de lettre ouverte
envoyée à M. Escoffier, santonnier à Auba-
gne... Daté du 24 décembre 2010, ce
texte fait partie de son livre Rêveries des
cabanons et des vignes édité aux Presses
du Midi.
C’est parce que vous che blanchie. Loin sur la qu’à moitié surprise car, Par chance, la neige est
m’avez reçue si gentiment plaine, les dernières feuilles venue me conter des histoi-
dans votre atelier à Auba- de vignes roussies ajou- depuis longtemps, je sais res des cieux et des anges.
gne que j’ose vous envoyer taient au paysage une tou- Elle m’embrasse si gentiment
cette lettre. Ne soyez pas che charmante de couleur. que les objets portent une que mes ocres en rosissent !
étonné de ce que vous Pour moi, chaque cabanon Voici déjà plusieurs hivers que
allez lire là, ainsi que de est un mystère. Celui-ci part de l’âme de ceux qui je rêve de changer de métier.
ma requête qui est rose sur sa couche claire - Changer de métier, lui dis-
sérieuse. Les faits que je avait l’air de me faire signe. les ont créés. Et puis, à je, alors là, tu m’épates, que
rapporte se sont déroulés M’approchant, je trouvais veux-tu donc faire ? Et sur-
ce samedi 27 novembre où qu’il avait encore belle mon âge, prendre le temps tout comment comptes-tu t’y
la neige a visité notre chère mine. prendre.
Provence, non loin du joli Portes et fenêtres enca- d’attendre est un luxe que - Eh bien, voilà, j’aimerais que
village de la Roquebrus- drées de petites briques tu écrives pour moi une belle
sanne. Chez nous, la neige romaines en dégradés de l’on sait apprécier. Je tendis lettre à Monsieur Escoffier à
doit avoir un parfum parti- rouge et d’ocre, crépi mar- Aubagne.Tu y vanterais ma
culier qui attire les autoch- qué de bruns et de gris l’oreille et la petite voix dit beauté et aussi mon carac-
tones dehors alors que la harmonieux, mais la porte tère, car je suis doux et ne
pluie doit être considérée ne tenait plus que sur un avec plus d’assurance : rêve que d’une chose, mettre
comme toxique car, à la gond et ouvrait sur des de la joie dans les yeux des
première goutte, il n’y a immondices qui signaient - Je vois bien que tu aimes enfants. Si les hommes me
plus un chat dans la rue. l’abandon. Comme je délaissent, sûr, je plairais à
Bref, ce jour-là, comme secouais tristement la tête, mes vieilles pierres sèches, leurs petits.
tout sudiste digne de ce j’entendis une petite voix - Mais enfin, que me contes-
nom, je suis allée décou- m’appeler : «Ne pars pas, mon crépi pastel et les col- tu là, que pourrait donc faire
vrir la première neige de la j’ai à te parler... ». pour toi Monsieur Escoffier ?
saison quand j’ai aperçu un Comprenez- moi, Mon- liers de briques autour de - Hum... Je ne crois pas que
cabanon au bout d’une fri- sieur Escoffier, je n’étais mon idée soit sotte ! Je veux
mes ouvertures.Vois, comme
mes quatre murs s’écartent
sur le sol pour une meilleure
assise. Vois, le muret pour
s’asseoir d’où le soir l’homme
pouvait contempler son tra-
vail de la journée.
Autrefois, les vignes venaient
jusqu’à mes pieds et nous
aimions bavarder.
Aujourd’hui, je ne suis plus
entouré que d’herbes folles et
tu peux imaginer leur dis-
cours sans queue ni tête.
Les Noëls de nos lecteurs
devenir santon chez Mr mon amie la neige car il pourquoi contre tout bon Veuillez agréer, Monsieur
Escoffier, qu’il consolide mes n’aura pas le cœur à nous sens, je vous écris cette Escoffier, mes salutations
vieux murs, qu’il remette en séparer.Vois-tu, cela vaudrait lettre au nom du petit les meilleures.
ordre les tuiles sur mon toit mieux pour moi, car, ici, je cabanon.
car je crains les courants vois chaque année une tuile Plutôt que de vous envoyer
d’air, l’âge, sans doute! Il me s’envoler, une brique chuter. sa photo, j’ai préféré com-
fera si beau que toutes les Pire encore, regarde de l’autre poser cette aquarelle pour
familles me voudront. J’aurai côté de la route ce lotisse- vous montrer combien il
chaque année un mois de ment qui avance». aurait fière allure dans une
bonheur parmi les rires des A ces derniers mots, je me crèche.
enfants et près de la chemi- suis tournée et j’ai vu en Si vous arrivez jusqu’à ces
née. Le reste du temps, je le effet la mort aller au dernières lignes, je peux
passerai enveloppé de papier devant du cabanon et j’en déjà vous remercier de
de soie dans un bon carton à ai eu froid dans le dos. votre attention et espérer
dormir ou à bavarder avec Voilà, Monsieur Escoffier, que vous aiderez mon ami.
« Ma sœur, ma confidente, mon pilier... »
« Mon plus beau Noël fut le plus triste», se souvient Nadia Amapane (Nice).
C’était en 1971. J’avais 9 ans et mes mon étonnement face à cette scène
parents s’étaient séparés le 2 octobre alors que je croyais être la seule à souf-
de cette année. J’étais la «préférée de frir. Cette année-là, c’est Jocelyne qui
mon papa», petite dernière de quatre m’offrit le plus beau des cadeaux de
enfants, insupportable, capricieuse, pos- Noël. Elle était apprentie dans une
sessive et en adoration devant mon fabrique de cadres dorés à l’or fin et,
Papitou. Dès lors, comment expliquer avec son premier salaire, elle m’acheta
mon chagrin lorsque j’allais chez lui le l’une des dernières poupées Bella, Ô
dimanche et lorsque je le voyais vivre combien célèbres à l’époque.
avec cette femme et les trois filles Depuis, Clodrey, puisque c’est le nom
qu’elle avait eues d’un précédent de cette poupée, ne m’a jamais quittée
mariage ? Mon père était peintre en et à chaque fois que mon regard se
bâtiment et quand il vint récupérer son pose sur elle, je pense tendrement à
matériel dans la cave de notre immeu- Jocelyne qui coule une retraite paisible
ble, pour la première fois de ma vie, je à La Penne et qui j’en suis sûre est ma
vis ma sœur, en apparence toujours si copine, ma meilleure amie, ma confi-
froide et réservée, se jeter dans ses dente, mon pilier... ma sœur chérie.
bras en sanglotant. Je me souviens de
Les Noëls de nos lecteurs
1943 et le goût des beignets
Pascal Mitrano réside à Cap-d’Ail et se remémore avec nostalgie et émotion ce Noël
des années 40. Une fête, malgré l’horreur de l’occupation et les douleurs
des privations.
En ce temps-là, le bruit des Noël, il n’en était nulle- émotion, de Noël 43. depuis des lustres.
bottes germaniques réson- ment question. Maman, qui L’avant-veille, ma Ayant réussi, non sans
nait très fort. C’était une était très pieuse, en serait mère et celle de mon peine, à la saisir elle passa
drôle de musique. Mon vil- très certainement morte cousin Tournoi étant alors sans coup férir à la
lage en tremble encore. de chagrin si, la nuit de la dans l’impossibilité casserole !
J’étais haut comme trois nativité, papa et surtout financière de nous Ébouillantée et plumée en
pommes mais je m’effor- moi serions allés au dodo offrir le moindre un tournemain, elle fut
çais de me comporter le ventre creux. Elle était petit jouet s’étaient confiée dans la soirée aux
comme un petit homme, persuadée que la Sainte mises d’accord bons soins d’une cuisinière
sans me plaindre, sans Vierge ne lui pardonnerait pour nous annon- à charbon, chaleureuse et
pleurer. jamais d’avoir laissé son fils cer, la larme à l’œil, très serviable certes, mais
Certains soirs, mon mourir de faim dans un lit une bien triste nouvelle : encline à l’enfumage quand
assiette hurlait sa solitude. douillet, à l’heure où elle, la le Père Noël avait été arrê- elle était de mauvaise
J’allais au lit sans manger pauvre, donnait vie au sien, té et emprisonné par la humeur, ce qui lui arrivait
mais j’en avais tellement l’enfant Jésus, sur la paille Gestapo mettant ainsi un systématiquement quand
pris l’habitude que je n’en humide d’une étable déla- terme à notre fébrile elle était dérangée dans
étais presque plus dérangé. brée ! attente et nous causant son sommeil.
En revanche, un soir de Je me souviens, non sans gros chagrin. La poule, qui se défendait
Cependant, afin d’assurer
le salut éternel de son âme
et préserver l’estomac de
papa et le mien d’une
cruelle disette, maman
s’efforça ce jour-là dès
potron-minet de capturer
sans ménagement une
vielle poule qui, dans notre
poulailler, se satisfaisant d’y
jouer les pique-assiettes,
ne pondait plus un œuf
Les Noëls de nos lecteurs
bec et ongles quand un de la table assiettes, cou- venaient de son cœur, que quelques bouchées et
coq amoureux voulait la verts et volatiles reliefs, les emportée par l’émotion, m’en suis pourléché les
séduire, avait la flatteuse remplaça aussitôt par ce maman s’était mise à pleu- doigts.
réputation d’être une dure qui était notre dessert, une rer, les larmes qui coulaient Au cours de mon exis-
à cuire et la justifia ample- modeste corbeille en osier de ses beaux yeux pleins tence, j’ai eu maintes occa-
ment en mettant presque contenant pommes, figues d’amour et de tendresse, sions de me délecter de
trois heures, pour se lais- sèches et noix. mirent un frein à ma gour- délicieux beignets mais
ser attendrir et découper Alors que papa s’affairait à mandise et ce ne fut que aucun autre n’en a jamais
en six morceaux ! m’en casser quelques unes, lorsque papa, simulant la eu le même goût exquis
Néanmoins quand, à la maman me demanda de chose avec ses doigts joints que ces deux-là. Jamais !
lueur de quelques bougies, fermer les yeux un court et un clin d’œil complice,
elle s’invita à notre table instant, quand je les rou- m’y incita, que je n’en fis
sur un rutilant plateau en vris, un miracle s’était pro-
argent garni de poireaux, duit, il y avait devant moi, Poème de Pascal Mitrano
carottes et patates avec, à sur la nappe blanche, une
ses côtés, une superbe jolie petite assiette rose à Tous ces jouets extraordinaires
soupière de porcelaine fleurs avec deux beignets Me rappellent les Noëls d’autrefois,
remplie à ras bord d’un au sucre dorés à point, si Au temps où dans toutes les chaumières,
potage fumant à la saveur appétissants que j’en suis Les hivers étaient plutôt très froids !
veloutée, si goulûment resté bouche bée d’éton-
absorbé et apprécié qu’il nement et d’admiration. C’était charbon ou pommes de terre,
n’en resta même plus le Maman, me caressant affec- Mais très rarement les deux à la fois
fond d’une louche, sa chair tueusement alors la tête, Car de l’argent nous n’en avions guère
fondante voire succulente me chuchota à l’oreille ces Et mes parents devaient faire un choix !
nous laissa aussi sec à pen- mots qui sont restés à
ser que, pour ce qui la jamais gravés dans ma Pourtant, malgré la grande misère,
concernait, le dicton : «Plus mémoire : « Mange-les Noël était synonyme de joie,
c’est long, plus c’est bon !» lui tous les deux, mon fils ! Ils Quelques bougies pour toute lumière
allait comme un gant. ne sont rien que pour toi, je Au fond du cœur une immense foi !
En moins d’une demi- n’avais pas assez de farine
heure, il ne resta de ce pour en faire d’autres mais, Je me souviens que ce soir là ma mère,
mémorable réveillon que tout à l’heure, nous ferons Préparait avec amour, rien que pour moi,
quelques minuscules osse- ensemble une fervente prière Avec poële, farine et cuillère,
ments et la carcasse au petit Jésus qui va naître Deux beignets dont je me pourléchais les doigts
décharnée de la malheu- pour qu’il chasse de notre vil-
reuse volaille qui, la veille lage tous les méchants sol- Minuit était l’heure de la prière
encore, caquetait insou- dats qui l’ont investi afin que, A genoux devant une petite croix,
ciante et joyeuse dans l’an prochain, des beignets je Afin que cesse à jamais la guerre
notre mini basse-cour. puisse en faire pour tous les Et que Jésus nous protège tous les trois !
Maman, après avoir soi- trois en abondance ! ».
gneusement fait disparaître En me disant ces mots qui
Les Noëls de nos lecteurs
Les histoires de dragon finissent bien
Le Père Noël ne pourra pas ne pas enten-
dre le message du petit Sasha Menard !
Ce petit Antibois de quatre ans rêve de
découvrir, dans son soulier, le 25 décem-
bre au matin, un beau dragon.
Pour se faire bien comprendre, il en a
dessiné un à l’adresse du Père Noël.
Un beau dessin que nous publions ici avec
grand plaisir. Bravo Sasha !
L’affection des grands-parents
« Mon plus beau Noël fut celui de mes 14 ans.Voilà pourquoi... », raconte
Muriel Tessonneau, de Saint-André-de-la-Roche.
Quelques jours avant Noël, ma n’était pas ce magnifique chemisier avec mon prénom marqué dessus.
mamie et moi avions fait les maga- de soie blanche, mais l’amour de J’hésite à le prendre et puis me
sins à Bordeaux. J’avais vu un mon papy et ma mamie. Nous som- voilà revenir dans la salle à manger
superbe chemisier en soie qui mes le 24 décembre, avec ma avec la veste et le paquet. Je regarde
valait 100 francs. Je n’oublirais mamie, j’ai passé la journée à cuisi- mes grands-parents et je sais tout
jamais le prix. Je savais que pour ner car nous recevons des amis de suite ce qu’il y a dans ce paquet
mes grands-parents cela représen- pour réveilloner. Tout est beau. cadeau. Je savais que c’était mon
tait une grosse somme d’argent et Nous sommes réunis autour de la chemisier, mamie avait déjà les lar-
que jamais je ne pourrais deman- table. Le repas est excellent, les mes aux yeux et moi... Et en la
der un cadeau pareil. Ma mamie a adultes parlent. Je joue avec Rita la voyant, j’ai fondu en larmes. Oui, il y
vu que j’avais beaucoup de mal à chienne de mon papy. À minuit, on avait bien ce magnifique chemisier.
sortir du rayon où se trouvait ce se souhaite tous un bon Noël. Mon Les amis de mes grands-parents qui
beau chemisier. Elle m’a dit genti- papy me fait un gros bisous et me réveillonnaient avec nous m’avaient
ment que, si elle pouvait, elle me demande un service. Il a un peu acheté un petit sac à main pour
l’achèterait de suite mais évidem- froid. Il veut que j’aille lui chercher assortir avec mon chemisier. Depuis
ment il coûtait vraiment trop cher. sa veste qui se trouve sur le lit 1981, je n’aime plus fêter Noël.
Mes grands-parents n’avaient que dans la chambre. J’arrive devant le Papy est décédé cette année-là.
de petits revenus. J’étais heureuse lit, je prends la veste de papy et Noël avec mes grands-parents
avec eux et pour moi le principal dessous il y a un paquet cadeau c’était magnifique.
Les Noëls de nos lecteurs
Des souvenirs taille mannequin
Jean-Pierre Icardo habite Nice. Il porte un
regard éclairé et lumineux sur ses Noëls
d’enfance. Des Noëls peuplés de person-
nages extraordinaires.
Cette vieille diapo aux encore pleinement con- tenues que j’ai mises en rendait mes Noëls « magi-
teintes décolorées doit science qu’en ce milieu des scène dans les clichés en ques » ! Mon livre est sorti
remonter à Noël 1966 années 60 nous assistions pièces jointes,dans le cadre en mars 2016 aux Editions
(NDLR : ou 1967 si l’on en à une véritable révolution d’un livre hommage à la du Fil Conducteur sous le
croit la présence d’Astérix dans le monde du jouet... Côte d’Azur vue à travers titre « Barbie on the French
légionnaire, sorti en juillet La poupée mannequin, les poupées mannequins : Riviera », résultat de 50 ans
1967) : elle est l’un des fidèle reproduction d’un une passion qui ne m’a de collection et de 10 ans
rares clichés que j’ai encore être humain avec un jamais plus quitté et qui de travail.
en mémoire. Ambiance incroyable ensemble de
« vintage » garantie, avec le tenues, s’invitait au pied
lampadaire de l’époque, des sapins de Noël ! J’y
cet arbre artificiel très en voyais pour ma part des
vogue en ce temps-là que personnages à l’échelle
j’appelais « baleines de 1/6e venant habiter les
parapluie ». Comme tous maquettes que je faisais
les ados, j’avais eu droit à déjà... C’était le début
deux albums de la bande d’une collection, et 50 ans
dessinée qui faisait fureur : plus tard c’est ce même
Astérix. Mais je n’avais pas personnage et ces deux
Les Noëls de nos lecteurs
« Lorsque j’y pense, j’ai honte »
Nicole Reverdy (Nice) a rédigé une belle lettre avant de nous l’envoyer.
« Je vous adresse ci-joint un récit de souvenirs lointains du Noël d’une petite fille de
7 ans. Une petite fille née en 1942 pendant la guerre et pour qui, en 1949, toute
une famille et les amis, enfin heureux d’avoir à nouveau retrouvé « l’abondance », se
sont réunis autour du sapin et ont pu enfin gâter cette enfant. J’ai conscience que ce
récit n’a rien de magique et pas grand-chose de merveilleux.
Si… Mes rêves démesurés d’enfant ».
Le Noël de mes 7 ans, en des Galeries Lafayette et j’avais surtout bavé devant liège collés. Les santons
1949,17,boulevard Franck- de la Riviera. Les poupées les 13 desserts qui trô- grands d’une dizaine de
Pilate, à Nice. aux longs cheveux bouclés naient sur la desserte nap- centimètres étaient posés
Je ne croyais plus au Père qui fermaient les yeux et pée de dentelle, orgueil de sur du coton hydrophile en
Noël depuis l’âge de 5 ans. disaient : « Maman ! » Maman. Je n’avais pas eu le guise de neige. Ils étaient
J’étais dans une école reli- quand on les couche. Il y droit d’y toucher, ni d’y tous là, le berger et ses
gieuse de Nice, Blanche de avait même une poupée goûter, j’en rêvais. moutons, le rémouleur, la
Castille. Les Petites Sœurs, aux grands yeux bleus qui Partout du gui, du houx, de niçoise et sa corbeille de
« ennemies du mensonge », marchait. Il y avait les pelu- la bruyère. légumes, la marchande de
nous avaient dit toute la ches - surtout les ours, Et la crèche ! Une grange poisson et sa « banaste »
vérité. Mes parents avaient mes préférés - les landaus, en bois, entièrement remplie, le ravi et tous les
été déçus mais croyaient vélos, trottinettes et les recouverte de débris de autres. Seul manquait le
sûrement que j’avais oublié jeux. Les lumières scin-
et que je leur faisais con- tillantes et les vitrines ani-
fiance. Mais non, j’avais bien mées : que des merveilles !
été instruite. Je m’endormais en compa-
Pendant tout le mois de gnie de ces jouets qui peu-
décembre, les jeudis, les plaient mon imagination.
samedis et dimanches, Puis vient Noël. Ce soir-là,
toute ma famille, mes chez nous, c’était l’occa-
parents, mes oncles et tan- sion d’une grande prépara-
tes m’avaient emmenée tion. Nous attendions
voir les vitrines de Noël famille et amis. J’étais la
sur l’avenue de la Victoire. seule enfant. Donc gâtée
J’avais été éblouie par tous par tous.
ces jouets et ces anima- J’avais admiré la table à ral-
tions, surtout les vitrines longe joliment garnie. Mais
Les Noëls de nos lecteurs
petit Jésus. Au-dessus de une grosse voix ridicule. du sapin avec tout leur nette, un landau pour mon
l’entrée de la grange, une « Nicole, viens voir le Père amour. Maman, déçue de baigneur, une salle à man-
belle étoile scintillante et, Noël est passé ». Non mais, mon attitude, m’a attrapée ger complète en bois peint
sur le toit moussu, se ils ne se rappellent plus ? par une aile et m’a remise et une chambre à coucher
tenaient deux anges blancs. Je n’y crois pas ! au lit, en pleurs, honteuse, bleue en bois également
Maman me dit : « à minuit On vient me chercher. Je vexée en me disant « réflé- de la taille de ma poupée.
tu mettras le petit Jésus dans boude. « Pauvre chérie, on chis un peu à ce que tu viens Et des jeux de cubes, des
la crèche parce qu’il sera n’aurait pas dû la réveiller. de faire ». livres d’images, une cré-
né ». J’avais hâte que l’heure Elle dormait bien ». On me J’y pense encore… celle, un moulin à musique,
vienne… traîne. On me pousse Et pourtant, je me sou- des chocolats à pétards.
Avant l’arrivée des invités, devant un sapin de Noël viens de tous ces jouets. Il Maman a tout mis sous
on me donne à manger. qui touche le plafond. y avait un gros baigneur en clef et m’a tout distribué
Rien de spécial. Je suis Et moi, je boude. Je baisse celluloïd avec des vête- au compte-gouttes au
toute seule. On me met au la tête. Je refuse de regar- ments de bébé tricotés, cours de l’année.
lit. « On viendra te chercher der. baptisé Patrick, un autre Depuis ce jour-là, je
lorsque le Père Noël sera Maman, qui attend mes poupon aux yeux bleus m’extasie au moindre petit
passé ». Mais quel Père cris de joie, me demande : appelé Claude. Il y avait cadeau et franchement
Noël ? Ils persistent ! « alors, cela te plaît ma ché- aussi une poupée en cellu- 67 ans après, lorsque j’y
Dans ma chambre, je rie ? ». loïd, Mauricette, un vélo pense, j’ai toujours honte.
guette les bruits. Je râle. Et moi, grognon, pas du (sans frein) bleu, une trotti- Joyeux Noël à tous.
Toute seule, dans le noir, je tout éblouie et surtout en
suis frustrée. Les invités mode « râleuse » je dis
arrivent. Ils font du bruit, bien fort : « C’est tout ? ».
Les baisers claquent. La Là, cris de déception d’une
porte d’entrée aussi. douzaine de personnes qui
J’entends les rires, la musi- s’étaient démenées pour
que, les éclats de voix. Je moi. Je me souviens de
sens les bonnes odeurs et leur « Oh » déçu, de leur
je râle. Seule dans mon lit. sourire éteint, de leurs
J’entends le bruit des cou- yeux tristes, de la honte
verts dans les assiettes, je qui m’a envahie et de mes
les entends danser. Mon pleurs désolés. Du coup, je
cousin Robert joue du n’ai pas eu le droit de met-
boogie-woogie au piano. tre l’enfant Jésus dans la
J’adore. Tout le monde crèche, parce que je l’avais
chante et moi, je râle. offensé, lui qui « est né dans
A minuit, l’heure du Père une étable » et dont « c’est
Noël. Grosse comédie... l’anniversaire ».
Toc-toc-toc à la porte Vexée, j’ai donc refusé ce
d’entrée. « Qui est là ? ». soir-là de toucher un seul
« C’est le Père Noël » dit des jouets disposés autour
Les Noëls de nos lecteurs
Alexandra a vu « le vrai, en chair et en os »
En nous adressant un courrier, Catherine Chala d’Eze a souhaité rendre hom-
mage à plusieurs personnes. « À trois petites filles, mes voisines qui, sans le savoir,
m’ont offert ce Noël. Et bien sûr, à Claude, mon mari, sans qui le Père Noël n’existe-
rait pas ou alors pas de la même façon car ici, à Eze, le Père Noël va aussi à la
plage, joue à la pétanque et roule à moto...».
Alexandra terminait laborieusement je crois » répondirent-elles ensemble. construisait ses propres histoires
de boutonner son manteau tout en Alexandra entendait depuis quelques que nul autour d’elle ne pouvait ima-
rêvassant. Soudain, elle se tourna jours ses sœurs parler du Père Noël. giner. Mais, aujourd’hui, c’était un
vers ses sœurs aînées en les ques- Du haut de leurs sept ans, elles fai- grand jour. En effet, Maman, Caroline,
tionnant : « et le Père Noël... il a un saient office d’informatrices tout à Camille, même Papa, lui avaient parlé
manteau rouge, comme moi ? ». fait crédibles. Elle, avec ses trois ans du Père Noël. Ils disaient qu’il allait
Caroline et Camille, les jumelles, ainsi tout juste, avait du mal à comprendre venir cet après-midi voir les enfants
apostrophées, se retournèrent vers ce qui se passait autour d’elle. sages d’Eze. Sage ? Qu’est-ce que
leur petite sœur et sérieusement la De plus, son tempérament volontiers cela voulait dire vraiment sage ?
regardèrent en silence. Puis elles pri- rêveur, la faisait s’envoler vers des Alexandra avait l’impression d’être
rent une profonde inspiration : « Oui, mondes insoupçonnables où elle se sage mais Maman souvent, ne sem-
Les Noëls de nos lecteurs
blait pas partager son opinion. Pour- avaient un sourire entendu. Ils cheminée. En plus, l’année dernière, il
tant, ce n’était pas de sa faute à elle si savaient ! s’était fait une entorse, comme
ses deux sœurs la taquinaient jusqu’à Caroline et Camille avaient déjà Camille au ski... Aussi, lorsqu’il avait
ce qu’elle éclate, crie, pleure... retrouvé leurs amies et se chucho- préparé sa tournée, avait-il demandé
Elle alla vers Maman, lui mit sa main taient leurs derniers secrets, faisant à toutes les grandes personnes qui
dans la sienne et levant la tête lui bien attention que les garçons ne les devaient recevoir sa visite, de bien
demanda tout doucement : « Dis, j’ai entendent pas. vouloir laisser la porte un peu
été sage, moi, pour voir le Père Noël ? ». Alexandra préférait rester à côté de ouverte. Il rentrerait cette année
Maman se pencha vers Alexandra, la Maman. Elle ne savait pas vraiment ce tout simplement par là.
souleva et lui murmura à l’oreille : qui allait arriver. Il ne semblait pas y Alexandra avait essuyé ses yeux. La
« Oui, je crois ». avoir de cheminée ici. Comment le réponse de Maman était pourtant
Un énorme soupir sortit du plus Père Noël pourrait-il bien rentrer ? simple, elle aurait pu y penser. Rassu-
profond de la benjamine et le cœur Elle monta sur sa chaise, se tordit le rée, elle sourit et embrassa Maman.
léger elle s’installa dans la voiture. cou dans tous les sens et en arriva à Les lumières tout à coup s’éteigni-
En fait, elle avait un peu peur de voir la conclusion que les grandes per- rent. Un grand silence se fit. Alexan-
ce Père Noël pour lequel à l’école, à sonnes n’avaient pas pensé à cela. dra glissa sa main dans celle de
la maison, même dans les rues, on Elle éclata brusquement en sanglots. Maman. Un rond de lumière s’alluma
avait mis des guirlandes et dressé des Interloquée, Maman se pencha vers là-bas, à l’entrée, et Alexandra que
sapins. Celui de la maison était vrai- elle, la prit dans ses bras : que se pas- Maman avait prise dans ses bras, put
ment très beau, presque aussi grand sait-il ? Avait-elle mal quelque part apercevoir juste avant qu’il ne des-
que Papa, plein de lumières, de neige, tout à coup ? Avait-elle froid ? A cha- cende les marches, un grand mon-
de boules scintillantes et de décora- que question, Alexandra, secouée de sieur tout de rouge vêtu et un peu
tions variées. sanglots, faisait non de la tête et courbé par le poids de la grande
Lorsqu’elles arrivèrent au village, la repartait de plus belle, à pleurer tou- hotte qu’il portait sur le dos.
salle des fêtes était comble.Tous les tes les larmes de son corps. C’était
enfants s’étaient, ce jour-là, donnés un véritable chagrin. Les yeux écarquillés
rendez-vous afin d’assister à la venue Enfin, doucement bercée par maman, Le Père Noël, c’était donc lui. Qu’il
extraordinaire du Père Noël. elle se calma un peu et arriva à dire : avait de beaux habits, bordés d’une
Il faut savoir qu’à Eze, il y a l’école du « La cheminée... le Père Noël... par où belle fourrure blanche... Et une barbe
bord de mer et l’école du village. Les rentrera-t-il ? » toute blanche aussi. Son long bonnet
trois corniches qui desservent la Maman serra sa petite dernière très était terminé par un gros pompon
commune déversent tous les matins très fort. C’est vrai. À la maison, blanc. Il passa devant Alexandra et lui
un flot de petits garçons et de peti- c’était la coutume, le Père Noël des- sourit en lui tapotant la joue. Ses
tes filles dans les deux écoles. Ce cendait par la cheminée, chez Mamie mains étaient recouvertes de gants
jour-là, leurs rangs se renforçaient aussi. blancs, tout doux... Les yeux écar-
encore des enfants qui, domiciliés à quillés, Alexandra contemplait, dans
Eze, allaient pourtant à l’école dans Le Père Noël a grossi un demi-extase, la lente progression
les communes voisines. Alors, Maman expliqua à Alexandra du Père Noël à travers la nuée de
Combien étaient-ils aujourd’hui ? que, cette année, le Père Noël avait gamins qui, debout, faisaient un
120 ? 150 ? Leur âge oscillait entre 2 beaucoup grossi. Il avait un gros ven- triomphe à ce vieux monsieur qui
et 12 ans. Bien sûr, les plus grands tre et il ne pouvait pas passer par la avait l’air si gentil.
Les Noëls de nos lecteurs
Le Père Noël, enfin, arriva sur maman, certains avec un frère aîné, che. Le vieux monsieur l’embrassa
l’estrade et s’installa sur un large et une grande sœur. Le cœur d’Alexan- tout doucement et lui dit de ne pas
confortable fauteuil. Les enfants se dra se mit à battre, elle aurait préféré avoir peur de lui... Il connaissait bien
rassirent sagement et le Père Noël aller, elle aussi, chercher son cadeau Caroline et Camille, et Maman
en profita pour leur demander : avec Caroline et Camille. Elle les aussi... et elle un petit peu.
« Avez-vous été sages ? ». chercha des yeux, elles étaient assises Il savait qu’elle n’était pas toujours
Aucun ne prit le temps de réfléchir au premier rang et lui tournaient le très sage, mais elle travaillait bien en
et un immense « Ouuiii Père Noël » dos. Elle ne pouvait même pas les classe et puis il savait que ce n’était
s’éleva et se propagea dans toute la appeler. Allez, tant pis, de toutes pas facile d’être toujours sage.
salle. Même Maman avait répondu. façons, le Père Noël jusqu’à présent Cependant, lui chuchota-t-il, elle était
Alexandra la regarda surprise, mais s’était contenté de prendre les trop grande maintenant pour faire
Maman semblait tellement heureuse, enfants dans ses bras, de les embras- pipi au lit car cela aussi le Père Noël
ici, que ce devait être normal. C’est ser, de leur donner un cadeau et le savait.
comme lorsqu’elles s’amusaient tou- voilà, il ne semblait pas y avoir grand Alexandra devint toute rouge. C’est
tes les quatre au jeu des métiers ou à danger. vrai, de temps en temps, elle se
ni oui, ni non. «Voulez-vous me chanter Son prénom résonna dans ses oreilles réveillait et c’était trop tard déjà.
une chanson ? », demanda encore le et avant même que Maman eût pu Gravement, elle expliqua au Père
Père Noël. dire quoique ce soit, Alexandra Noël que Maman aussi le lui avait dit
« Oui, Père Noël », répondirent une s’était levée, tirant Maman par la que ce n’était pas bien mais ce n’était
nouvelle fois en chœur les enfants. La main et toutes les deux, elles s’avan- pas facile, cependant, elle promettait
maîtresse d’Alexandra prit sa flûte et cèrent vers l’estrade où se tenait le de faire très attention.
joua les trois premières notes du Père Noël. Camille et Caroline se Le Père Noël l’embrassa très fort :
chant que les classes avaient apprises levèrent aussi pour rejoindre Alexan- sa barbe était toute douce. Alexan-
ces dernières semaines. Et le chœur dra. Toutes les trois se tenaient au dra tendit la main pour tirer tout
des enfants, appuyé de nombreux pied de l’estrade. Caroline qui n’avait doucement. Elle tenait bien... C’était
adultes, entonna Mon Beau Sapin. pas sa langue dans sa poche demanda donc le vrai Père Noël qu’elle avait
Le Père Noël applaudit et annonça au Père Noël si elles pouvaient mon- devant les yeux ! Parce que l’autre
qu’il allait distribuer « quelques ter ensemble l’embrasser parce que jour, elle ne l’avait pas dit à Maman,
cadeaux ». « tu comprends, Père Noël, c’est la pre- mais celui des Galeries Lafayette
« Quelques ? c’est pas beaucoup mière fois qu’Alexandra te voit, et nous, avait la barbe de travers et il avait
Maman », s’inquiéta Alexandra. on aimerait bien être avec elle ». une robe trop courte qui laissait
Maman la rassura, il y aurait certaine- Le Père Noël leur fit signe de mon- dépasser une paire de tennis comme
ment un cadeau pour elle. On allait le ter et tendit les bras pour recevoir Papa porte lorsque l’on va se prome-
savoir très bientôt car Maman lui Alexandra qu’il installa sur ses ner.
chuchota qu’en plus, elle pensait que genoux... Elle se pencha : le Père Noël portait
le Père Noël allait commencer la dis- Caroline et Camille vinrent embras- une paire de superbes bottes rouges.
tribution par les plus petits. ser le Père Noël. La petite sœur se C’était le Père Noël en chair et en
Les premiers enfants, appelés, redressa un peu et tendit son museau os, elle ne pouvait pas se tromper.
venaient les uns avec un papa, ou une vers l’impressionnante barbe blan- Alexandra repartit vers Maman ser-
Les Noëls de nos lecteurs
rant bien fort son immense paquet nous lorsque l’on va dans la neige mais mais alors par la porte. La nuit de Noël,
entre ses deux petites mains. C’était elles sont rouges avec de la fourrure ce sera lui ?.
tout juste si elle arrivait à en faire le blanche pour lui tenir chaud. Et tu sais, - Oui, ma chérie, ce sera lui, mais tu ne
tour avec ses bras. il m’a embrassée, et sa barbe tient vrai- le verras pas, la nuit de Noël. Tu dormi-
Elle s’assit à côté de Maman, son- ment. Elle est toute douce et il a l’air très ras.
geuse et se pencha au bout de quel- très gentil ». Alexandra ne s’arrêtait Alexandra se promit, sans rien en
ques temps vers elle : « Tu sais , plus, elle était émerveillée de sa ren- dire à Maman, de ne pas s’endormir.
Maman, le Père Noël qui est là, c’est contre avec le Père Noël. Dans ses Il fallait absolument qu’elle revoit le
vraiment le vrai. Il sait des choses que multiples rêves, elle l’avait imaginé, Père Noël. Elle ne lui avait pas dit
personne ne connaît. Il m’a dit que je ne mais là, il l’avait prise dans ses bras, il tout ce qu’elle aurait aimé qu’il lui
devais plus faire pipi au lit et il a des l’avait embrassée. Elle aussi. amène.
vraies chaussures de Père Noël comme - Dis Maman, il reviendra à la maison, - Tu n’ouvres pas ton paquet ? lui
demanda Maman.
Avec tout ça, elle allait oublier de
regarder ce que lui avait offert le
Père Noël. Tous les enfants décou-
vraient leur cadeau dans un grand
bruit de papier froissé, de rires, de
paroles... Camille et Caroline étaient
revenues montrer à Maman leurs
jouets, une boîte remplie de perles
pour l’une, un ensemble pour fabri-
quer des bougies pour l’autre. Elles
se penchaient sur la grande boîte
qu’Alexandra venait enfin de sortir
de son papier... Une immense pou-
pée était couchée là, de bleu et de
blanc habillée. C’était le plus beau
cadeau dont elle avait rêvé. C’était le
Père Noël qui le lui avait donné en
mains propres. Elle poussa un grand
soupir, et prit la poupée dans ses
bras et regardant Maman, Camille et
Caroline leur annonça d’un ton très
grave : « Elle s’appellera Noëlle, comme
ça il ne m’oubliera pas, hein Maman ? »
Catherine Chala
Eze, un soir de Noël
Les Noëls de nos lecteurs
« Un landau en cadeau »
Lucienne Jermann habite à Saint-Aygulf. Elle se souvient
avec émotion d’un cadeau reçu à Noël dans des condi-
tions romanesques.
J’ai 88 ans, sept arrière-petits-enfants, tous très gâtés. Leur offrir un cadeau
est un vrai casse-tête. Ceci m’incite à vous conter mon plus beau Noël. Nous
sommes en 1934. J’ai 6 ans. C’est Noël. Pas de crèche ni de sapin. Nos parents
sont pauvres.Tout ceci est du superflu ! Pas question non plus de lettre au
père Noël ! Ma sœur, de 5 ans mon aînée, aura une douzaine de mouchoirs
ou de torchons pour son trousseau et moi un livre, des papillottes et quel-
ques oranges. C’est le 24 décembre.
Ma mère charge le foyer de la cuisinière, met nos pantoufles au chaud dans
l’étuve. Nous partons à la messe de minuit. Les orgues, les chants, la crèche
sont une vraie féerie. Je rentre le cœur empli de bonheur.
Maman prépare des crêpes et un chocolat chaud. C’est notre réveillon. Nous
traversons la cour glacée pour monter dans les chambres. Le cœur battant, je
mets mes galoches devant le poêle à bois qui chauffe maigrement les deux
chambres contigües. Je me glisse avec ma bouillotte dans le lit que je partage
avec ma sœur et je m’endors heureuse. La lumière qui passe à travers les
vitres étoilées de givre me réveille ! Bien vite je pose la question rituelle :
- Maman, il est passé ?
- Je crois bien.
Vite, je cours dans la chambre et m’arrête subjuguée devant : un landau de
poupée gris à capote de moleskine noire. Je n’ose le toucher ! Avant de pour-
suivre, il faut que je vous explique que cette année-là, la marque Cafés Gilbert
avait lancé une opération cadeau : sur chaque paquet, un point à collectionner.
Cent points donnaient droit à un landau. Ma mère mit les voisines dans la
confidence et chacune contribua à atteindre le nombre de points demandés.
J’étais la seule fille du quartier !
Donc, me voici émerveillée mais subitement je me mets à pleurer :
- Mais il n’est pas pour moi ! Je vois C. G. sur la caisse ! Moi, c’est L. B. !
Ma mère m’expliqua que le Père Noël était vieux et fatigué et qu’il avait inter-
verti les landaus ! Que la petite C. G. avait hérité de celui marqué L.B. !
Je pus alors profiter de ma merveille. Je dois avouer qu’il a fallu attendre mes
12 ans et mon certificat pour que j’accepte qu’il soit monté au grenier.
Ce souvenir vivra aussi longtemps que moi.
Les Noëls de nos lecteurs
Un Noël américain à Oran
Cinq enfants, onze petits-enfants et sept arrière petits-enfants... Marie-Madeleine
Alba, octogénaire de Puget-sur-Argens et ancienne directrice de l’école maternelle de
Fréjus-Plage, est à la tête d’une belle et grande famille. Originaire d’Oran, elle rap-
porte ses souvenirs soufflés par le sirocco.
En 1942, c’était l’année de mes traindrait peut-être à modifier son de gros, dédié aux fruits et légumes.
10 ans. En novembre, dans un grand horaire de passage. Et dans le sac, tout juste sorti de la
fracas, les Américains avaient débar- A 18 h, ce n’est pas lui mais papa qui caverne d’Ali Baba ? Boîtes de con-
qué sur nos côtes. Le déferlement entre dans la cuisine. Avec précau- serve, friandises, nourritures déshy-
des tanks, les coups de frein des tion, il tient dans ses mains un bonnet dratées, boissons inconnues… Allez,
jeeps, les défilés militaires, les saluts de laine vagissant. Il est suivi d’un roi en vrac et en vrai : haricot de mou-
aux couleurs anglaises, américaines, mage, G.I. porteur d’un gros sac de ton, pudding à la semoule, corned-
françaises, place de la Bastille, la dis- jute. Dans le bonnet, s’agite une beef, soupes, œufs, confitures en pou-
tribution de lait dans les écoles, minuscule boule de poils blancs. Papa dre, thé, café, pain de mie, Coca-Cola,
l’anglais côtoyant le français sans a trouvé cette chienne loulou de jus d’ananas, de goyave et… une
oublier l’arabe, l’espagnol et le sabir, Poméranie dans une poubelle, au bas miraculeuse boîte de riz au lait.
bousculaient notre quotidien. de la rue Philippe. Il y a une heure ou La petite boule de poils blancs s’en
Le 24 décembre au soir, maman sur- deux. C’était près de son commerce régalera durant une semaine. Nous
veillait la cuisson d’un gâteau à la l’avons appelée Darling.
patate douce, mémé grillait des pois En octobre 2010, de retour à Oran
chiches pour le café. Avec ma sœur pour mes 80 ans, j’ai revu la maison
Nadette, tapies derrière la fenêtre de du 14, rue de la Paix, près de la clini-
la cuisine, nous guettions la venue du que Jarsaillon et, l’espace d’un instant,
Père Noël. La défense passive le con- j’ai tenu Darling dans mes bras.
Les Noëls de nos lecteurs
Une bicyclette en tête
À 93 ans, Suzanne Bandini, de Nice, se souvient encore du Noël
de ses 12 ans. Et de sa déception en découvrant son cadeau.
Noël n’est pas toujours le grand-père des fillettes, tu ne seras pas oubliée, toi que j’aurais également une
jour heureux attendu avec qu’elles recevraient pour non plus ». bicyclette ? Chaque soir
impatience par la plupart Noël une bicyclette cha- Pourquoi me suis-je alors précédant Noël, avant de
des enfants… J’aurai cune et il avait ajouté « mais imaginée que cela signifiait m’endormir, je me voyais
93 ans dans quelques déjà perchée sur « ma »
semaines mais je n’oublie- bicyclette, objet de tous
rai jamais le Noël de mes mes désirs !
12 ans… et la déception Noël arriva enfin…
qui fut la mienne ! Quelle ne fut pas ma
Donc, cette année-là, j’avais déception en trouvant
été invitée à passer les dans mon soulier une enve-
vacances de Noël chez des loppe contenant un billet
amis de mes parents qui de banque, alors que mes
avaient des fillettes à peu petites camarades péda-
près de mon âge. J’avais laient fièrement sur leur
appris, par l’indiscrétion du nouvelle bicyclette !!!
L’émouvante lettre de Julia Chapuis (Nice)
Cher Père Noël,
Je t’écris cette année car j’ai eu de
gros soucis de santé, j’ai dû faire
partir ma fille vivre chez son père
car j’étais hospitalisée 4 mois.
Et maintenant, elle a 19 ans, elle vit
à Aix-en-Provence. Elle a trouvé
du travail dans une crèche.
Je souhaite pour Noël qu’elle
vienne passer les fêtes avec moi sa
mère Julia.
Merci Père Noël.
Les Noëls de nos lecteurs
« Une preuve d’amour de mes parents »
Pierre Bertin, de Saint-Paul-en-Forêt raconte avec émotion du temps où il servait la
France, à Bangui, en République centrafricaine. Et de ce Noël 1954...
C’était hier, peut-être électricité. Mais nous l’ombre et il fallait avoir avaient fait souder par le
avant-hier, et plus précisé- avions quand même l’eau bien faim pour manger ce forgeron du village.
ment le Noël 1954. Je ser- courante : un ruisseau qui que l’on nous servait dans Cette petite boite en fer
vais dans un Régiment coulait à 1 km du campe- la gamelle. Mais tout cela contenait bien plus qu’une
d’Artillerie « coloniale » ment. n’était rien. Le plus dur grive. Il y avait surtout
en République centrafri- était de passer les fêtes de dedans tout l’amour de
caine à 100 km au sud- Une grive confite dans fin d’année loin des siens. mes parents.
ouest de Bangui. Les condi- une boîte en fer Surtout que le grand bon- C’est le plus beau cadeau
tions de vie n’étaient pas Certains jours, nous heur de mon père était de de Noël que j’ai reçu. Un
faciles. Nous étions logés devions crapahuter dans la réunir tous les membres cadeau que je n’ai pas
dans des paillotes sans savane, chargés comme de la famille à cette occa- oublié, 62 années plus tard.
des baudets par 50° à sion pour leur faire dégus-
ter la traditionnelle bro-
chette de grives.
Aussi, avec ma mère, ils ont
eu la géniale idée de me
faire participer à ce repas
malgré les quelques 6.000 km
qui nous séparaient, en
m’adressant un colis con-
tenant une grive confite
dans une boîte en fer qu’ils
Les Noëls de nos lecteurs
Les us et coutumes de la douce Provence
Mes Noël d’autrefois Et l’arbre provençal suspendu au plafond
Oui ! J’ai la nostalgie des Noëls d’autrefois. Offrait ses papillotes, fruits confits et bonbons.
Je ne suis pas la seule, d’autres sont comme moi La crèche était très belle, on l’avait fignolée,
Et les us et coutumes de la douce Provence Depuis quelques semaines la mousse avait séché
Font resurgir en nous le passé au présent. Et sur ce doux tapis, les santons y trônaient,
C’est le 4 décembre qu’on avait fait germer Tous les métiers d’antan étaient représentés.
Dans l’espoir d’abondance les lentilles et le blé. Rémouleur, poissonnière, bugadière, meunier,
On mettait sur la table trois nappes en damassé Ravi, boumian, berger, moutons s’y côtoyaient.
Représentant bien sûr la sainte trinité, Et ce peuple d’argile faisait vibrer mon âme,
On sortait la vaisselle, toute l’argenterie, La Vierge, saint Joseph avec le bœuf et l’âne
Le chandelier d’argent avec ses trois bougies. Attendaient patiemment la venue de l’enfant.
Et les verres en cristal dans lesquels on buvait L’étoile scintillait et, à minuit tapant,
Le vin cuit que grand-père nous avait préparé. Jésus dans son berceau recevait les offrandes.
Des guirlandes de houx terminaient le décor. Nous chantions tous en chœur, notre joie était grande.
La table était superbe, brillait comme un trésor. Et, dans la cheminée, la bûche qui brûlait,
Il fallait manger maigre le soir du gros souper, Avait été bénie pour mieux nous protéger.
Pour faire pénitence, honneur au nouveau-né. Aujourd’hui bien des jeunes n’ont plus cette passion.
La morue, les légumes s’inscrivaient au menu, Il faut leur pardonner, s’en faire une raison.
Mais les treize desserts étaient les bienvenus. Et comme nos anciens ne sont plus de ce monde,
La pompette à l’anis, et les quatre mendiants, Dans nos têtes et nos cœurs les souvenirs abondent
Les dattes, les agrumes, le nougat noir et blanc, Tous les 25 décembre, devant le feu de bois.
Puis la pâte de coing, les biscuits faits maison, Oui ! j’ai la nostalgie des Noëls d’autrefois.
Quelques panses muscades et parfois du melon.
Jacquie Sivan (Solliès-Pont)
Les Noëls de nos lecteurs
Distribution de jouets, à Nice
Jean-Paul Riboldazzi a connu les papas Noëls chargés de hottes en osier lourdes de
livres, de jeux en bois et de trottinettes. Ce Niçois est attaché à ce souvenir de Noël
1951 dont il conserve cette magnifique photo prise au Palais de la Méditerranée, à
Nice. Il avait alors 5 ans et demi...
Mon père étant fonction- époque n’ont rien de com-
naire, chaque année, dans
sa corporation, les enfants parable avec ceux que
et leurs parents étaient
conviés à l’Arbre de Noël nous connaissons
qui débutait par un specta-
cle de circonstance donné aujourd’hui.
au théâtre du Palais de la
Méditerranée. Les illuminations somp-
Ensuite, fièrement, par un
des grands escaliers laté- tueuses sur la place Massé-
raux, nous montions
jusqu’au dernier niveau où na et dans la ville ainsi que
trônait un grand sapin
magnifiquement décoré et les animations actuelles
illuminé. Là, se déroulait le
cérémonial de la distribu- n’existaient pas.
tion des jouets par le Père
Noël (contre présentation yeux de l’enfance, nous Les espaces et volumes de Une vedette
d’un ticket personnel). paraissait encore plus l’intérieur du Palais de la Fêter Noël, c’était alors
grand qu’il ne l’était… Méditerranée de cette essentiellement les réu-
Familles modestes nions familiales et la messe
Pour nous, familles modes- de minuit. A noter que le
tes, c’était la seule occa- Père Noël de la photo
sion de l’année nous don- était interprété par
nant la possibilité de péné- M. Durand qui fut aussi,
trer dans cet établissement pendant de longues années,
prestigieux qui, avec les une des « vedettes » des
corsos carnavalesques.
Doté d’un certain embon-
point, en dehors des pério-
des de Noël, il lui arrivait
de faire la joie du public en
se travestissant (outrageu-
sement) en femme, n’hési-
tant pas à lever la jambe !
Les Noëls de nos lecteurs
« Sanary les petits bateaux »
Anne Villier a écrit un livre intitulé « Sanary les petits bateaux ». un abécédaire de
300 mots et de 250 photos sur la Provence en général et Sanary en particulier, que
l’on peut commander sur : [email protected]. En voici un extrait intitulé Noël.
Pas feutrés dans la neige, petits sou- Le souper comprenait autrefois le santon, on offre ce pour quoi on est
liers dans la cheminée, soir étoilé chou-fleur, le cardon, le céleri, la fait ou doué. Un dessin, une photo,
d’un 24 décembre… C’est la nuit de morue, la brandade, l’artichaut cru, la un poème, en plus des cadeaux sous
Noël. châtaigne, l’escargot et des poissons le sapin décoré.
Un rituel. Il y a de la poésie à prépa- divers : daurade, muge, merlan, « Ô Nuit, qu’il est profond ton silence,
rer ces fêtes, idéales pour retrouver anguille de Berre, thon, sole, loup, quand les étoiles d’or scintillent dans les
son cœur d’enfant et ça marche, on plus l’omelette, et puis la bûche cieux, j’aime ton manteau radieux,
le retrouve devant la crèche, devant sucrée… qui fait partie des desserts, ton calme est infini, ta splendeur est
cette multitude de petits terriens les treize. Chaque année, de grands immense... » (NDLR : J. Ph. Rameau).
plantés comme des santons. noms de la haute couture la redessi- Les cieux… certaines nuits de Noël,
C’est le 4 décembre que l’on met à nent (Kenzo ou Christian Lacroix, le ciel est si clair que l’on peut voir
germer, sur un lit de coton humide, entre autres). l’étoile qui conduisit les Rois mages à
lentilles, pois chiche, blé, respective- Ne pas oublier la confection d’une l’étable.
ment santé, amour et argent pour petite lampe à huile avec l’écorce C’est la nuit de l’espérance, de la
l’an qui vient. Les petits tapis de ver- d’une mandarine, posée sur la fenê- trêve, de la paix.Tout redevient pos-
dure seront prêts pour décorer la tre, petite veilleuse indiquant que, sible.
table du souper de Noël, posés sur dans la maison, on fête la Nativité. Dans les villages, avant la messe de
les nappes blanches, au nombre de Noël est un don de soi. Comme un minuit, les santons de la pastorale,
trois, et les trois chandeliers. Treize des vrais, défilent en chantant avec
pains, douze identiques et un plus leurs habits d’époque, leurs ânes,
important, piqué de branches de moutons, mulets, des vrais aussi…
myrte, qui symbolise le Christ. Parlons du sapin, « mon beau sapin,
La bûche, la vraie, sera portée par le roi des forêts », ce pauvre petit sapin
plus ancien et le plus petit. Elle pro- qui met douze ans pour passer de
vient d’un arbre fruitier, souvent un l’état de graine à un mètre cin-
amandier. Le patriarche la bénit, lui quante… à ses pieds, des cadeaux
verse un peu de vin cuit, puis tous pour toute la famille, mais jamais rien
deux s’agenouillent devant l’âtre en pour lui, dans son petit soulier.
prononçant la phrase consacrée : Un sursaut de conscience récent fait
« Que si l’on n’est pas plus, que l’on ne que, dans certains pays d’Europe, une
soit pas moins, l’année qui vient. » Toute collecte est organisée pour récupé-
la famille se lève, verse le reste de vin rer, après les fêtes, les sapins qui
sur la bûche qui ranime la flamme. seront replantés...
Les Noëls de nos lecteurs
« Comment ne pas y croire ? »
Dominique Scipioni, de Roquebrune-Cap-Martin, raconte comment son grand-père
mettait en scène l’arrivée du Père Noël.
Ma première histoire con- minuit, il s’est arrêté et a dit jusqu’au dernier jour de sa puisse manger. Le lendemain
cerne mon père né en 1903 à ses 4 enfants : « regar- vie et m’a toujours juré que, matin, mon grand-père me
dans une famille picarde dez, il y a le Père Noël dans le cette nuit-là, il l’avait réelle- réveille : « C’est pas possi-
très pauvre. Mon grand- ciel... » et mon père du haut ment vu. ble, c’est tous les ans la même
père travaillait dur dans les de ses 12 ans l’a vu ! Tous L’autre histoire me con- chose, il fait n’importe quoi, il
champs où mon père l’a les 24 décembre, il me cerne. J’avais 5 ans à l’épo- en a encore mis partout ». Je
rejoint d’ailleurs dès ses demandait de regarder le que. J’habitais chez mes me lève en courant et
9 ans. Mon grand-père était ciel, je n’ai malheureuse- grands-parents maternels découvre dans la salle à
un homme rigide, tout en ment jamais rien vu, je ne au Crotoy (Somme). Ce manger des cendres sur le
étant bon et juste. Il était devais pas assez y croire. 24 décembre 1957, mes sol et des miettes de gâteau
avare de démonstrations Lui, pour qui ses seuls grands-parents ont nettoyé et, au milieu de tout ce dés-
affectives et pourtant, en cadeaux n’ont toujours été la cheminée et préparé des ordre, un magnifique vélo
cette nuit de Noël 1915, en qu’une orange et un sac de gâteaux pour que le Père rouge. Alors, comment ne
sortant de la messe de cendres, a cru au Père Noël Noël ne se salisse pas et pas croire au Père Noël.
Impatience
Stella-Rose Ceccato, de Nice,
n’a pas ménagé son talent
pour inviter le Père Noël à
déposer un cadeau dans son
soulier.
La petite Stella-Rose, 7 ans, a réalisé une
bien belle lettre à l’attention du Père Noël.
Un message qui en dit long sur son impa-
tience... mais aussi sur sa générosité car elle
n’a pas hésité à associer son petit frère et sa
petite sœur dans cette requête colorée et
pleine de beaux sentiments.
Les Noëls de nos lecteurs
Malpasset : premier Noël après le drame
Extraordinaire témoignage de Jean-Paul Vieu, ancien journaliste à Nice-Matin. Ancien
chef d’agence à Saint-Raphaël, il a connu ce 24 décembre 1959.Vingt-deux jours après
la catastrophe de Malpasset dans laquelle 434 personnes ont perdu la vie.
Le mercredi 2 décembre ou d’assistance aux familles salle (sans décor de cir- quatorze ans.
1959, à 21 h 13, la rupture dans le dénuement. constance) de la mairie où Cette sobre mais émou-
du barrage de Malpasset Pourtant, en Allemagne Mme Antoinette Léotard- vante matinée, marquée
libère cinquante-cinq mil- notamment, un mouve- Tomasi, épouse du maire par le sourire en partie
lions de mètres cubes ment de solidarité active et représentant la munici- retrouvé de ces adoles-
d’eau et entraîne le défer- s’est mis en mouvement à palité, procédera à une dis- cents et de leurs proches,
lement vers Fréjus d’une l’initiative de Willy Brandt. tribution de jouets pour restera à jamais comme le
vague gigantesque qui – Le bourgmestre de Berlin les enfants rescapés de la premier « rayon de soleil »
avant d’atteindre la mer – futur Chancelier de la catastrophe – dont une revenant, après le désastre,
dix kilomètres plus loin et République fédérale et prix quinzaine d’orphelins pré- éclairer la cité si cruelle-
vingt-cinq minutes plus Nobel de la paix – est un sents – ainsi qu’aux gar- ment éprouvée.
tard – aura semé la désola- habitué de la région fréju- çons et filles de moins de
tion sur son passage, fai- sienne : il vient régulière-
sant notamment quatre ment, depuis plusieurs
cent trente-quatre morts années déjà, passer discrè-
et des dégâts considéra- tement, en été, quelques
bles. jours de vacances dans une
villa sur le littoral des
Collectes d’argent Issambres.
Sitôt la nouvelle connue, Des collectes d’argent et
en France et dans de nom- de jouets sont organisées
breux pays étrangers, beau- outre-Rhin et le 17 décem-
coup se mobilisent pour bre un avion spécial atter-
venir en aide aux survi- rit à Nice porteur des plu-
vants et à la population sieurs tonnes de colis en
sinistrée. A Fréjus même, provenance notamment de
les secours d’urgence Berlin et d’Hambourg.
s’organisent mais la prépa- Dans l’après-midi du
ration des fêtes de Noël 24 décembre, une distribu-
ne figure pas parmi les tion de jouets et de frian-
priorités d’aide matérielle dises aura lieu dans une
Les Noëls de nos lecteurs
« Je me suis endormi »
Gilbert Jourdan habite à Hyères.
Il met Noël en vers et dessine des sapins verts.
Ce soir-là, je venais d’avoir 10 ans, maison. Au cœur de la belle Provence où pren-
Les cloches de mon petit village étaient, Elle m’éclairait de tout son amour à me nent vie les couleurs les santons
comme moi, enrhumées. voir en joie d’un divin rayon Je me souviens encore Papa Noël de
De cette froidure sans clémence, la toi- Le sapin que je costumais de papillotes cette lettre que je t’avais écrite
ture de la maison s’enguirlandait de mandarines C’était en mille neuf cent cinquante-six
De chandelles cristallisées d’une opaque Avec quelques petites pointes par-ci, le vingt-deux décembre
transparence par-là de blanc coton Je te demandais tout simplement
Où une ocre épaisse fumée dansait sur Souverain d’une petite étable qu’il domi- d’oublier mes petits souliers
la toiture. nait En espérant que tous les enfants aux
Mes parents mes grands-parents me Au cœur d’un hameau fait de petits parents pas très riches
souriaient. éclats de pierres et de cartons Puissent avoir comme moi ce soir-là une
Tout en parlant aux flammes qui ne fai- Où des animaux miniatures simple et belle assiette de pois chiche
saient que les réchauffer. Assemblés dans le dédale des petits Papa Noël, je n’ai jamais eu de réponse,
Dehors une étoile était tout en émoi cabanons à mon grand désespoir
A me voir décorer avec du houx Enrobés de leurs soyeuses Cette lettre-là je la prénommerais, tout
et des papiers de différentes couleurs la fourrures simplement, rêve d’un soir.
Lettres
du Revest
Plus de 260 élèves
(des écoles maternelles
et élémentaires) du
Revest-les-Eaux ont
envoyé leur message
au Père Noël Claude
Serra a adressé à
notre rédaction trois
d’entre eux.
Les Noëls de nos lecteurs
Le père Noël était charbonnier !
La vérité ? Un drame pour
Colette Grévoz (Mandelieu-
La Napoule) lorsque sa mère
à dû la lui révéler. Elle avait
pourtant 9 ans...
C’était dans la première moitié du rechigner alors qu’habituellement je nant la
XXe siècle, dans cette ville minière du boudais mon assiette. Moi, fille unique main à
Massif central, Saint-Étienne. Nous malheureusement, parce que je sa mère,
n’étions pas riches, pourtant mes m’étais retrouvée au milieu de plein était
parents se sont toujours ingéniés à de petits frères et petites sœurs ! invité à
magnifier la fête de Noël. venir
Chaque année ma mère m’emmenait Des contes admirer
en ville pour me montrer les décora- aux Nouvelles Galeries les contes
tions des deux seuls grands magasins Les Nouvelles Galeries nous attiraient pour
de cette époque. d’une autre manière. Là encore, enfants.
queue et tohu-bohu, pour rentrer Non pas
Goûter chez Monoprix dans les lieux ! Chaque enfant, don- en vitrine
Monoprix, le jeudi après-midi avant le mais dans
25 décembre, conviait tous les enfants le magasin
de la ville à un goûter. Ma mère m’y lui-même
emmenait. Il fallait voir la cohue à transformé
l’entrée. Finalement, tous les bambins en musée.
se retrouvaient installés autour de Sagement,
grandes tables et devant une tasse de sans jamais
chocolat chaud, dans laquelle on toucher, tant
pouvait tremper des « Petits- Beurre nous étions
Lu » ! Après ces agapes, les vendeuses respectueux et ébahis, nous avancions
nous distribuaient une mandarine. à petits pas.
Nous repartions radieux. Et ma mère Les mamans, qui dans leur enfance
de s’extasier : « Ils ont vraiment bien fait n’avaient jamais vu pareille splendeur,
les choses …comme il sentait bon le restaient les seules à s’exprimer tout
cacao ! Tu as aimé ma chérie ? ». Oh haut :
que oui : j’avais aimé ! Peu de chose - Oh ! Regardez comme c’est beau !.
nous rendait heureuses, ma mère et - Mais, c’est Blanche-Neige et les sept
moi ! nains ! Et là ! C’est le petit Poucet ! Il a
Ma mère, parce qu’elle avait remarqué mis des cailloux sur le chemin !
que j’avais tout bu et tout mangé, sans
Les Noëls de nos lecteurs
-Tiens, qui c’est ça ? dans la cuisine, sans même prendre le ma joie. Juste pour le plaisir d’ouvrir
- C’est Barbe Bleue ! Il a une tête à la temps d’enfiler mes pantoufles. Cha- son emballage brillant, j’en grignotais
main ! C’est celle de l’une de ses fem- que chaussure avait reçu la visite du une, puis je chuchotais : « merci Père
mes. Père Noël. Mon père découvrait , Noël ».
Tout en écoutant les commentaires dans son godillot, du charbon, enve-
des adultes, les enfants restaient bou- loppé dans du journal. Ravi, il s’écriait : Ah, ce brave Papa Noël !
che bée ! Quant à moi, mes yeux « Ce sacré bonhomme sait que c’est moi Je l’adorais et je croyais dur comme
s’ouvraient si grands, qu’ils voient qui m’occupe du feu tous les matins. Et, fer à son existence. Plus je grandissais
encore, quelque 75 ans après, tous les tu as vu qu’ il ne s’est pas moqué de et plus j’y croyais. Mes parents, trop
détails de cette horrible scène ! nous. C’est du vrai, de l’anthracite, qui heureux de me donner ce qu’ils
vient de la mine de La Chazotte ! C’est n’avaient pas eu, entretenaient cette
Une branche de sapin que c’est mon copain, tu sais le Père croyance. Mes petites copines de
De retour à la maison, j’en avais des Noël ! » Ma mère, déballant une paire classe se moquaient de moi, me certi-
choses à raconter à papa ! de bas en soie, s’extasiait : « Qu’est-ce fiant que le Père Noël n’existait pas.
La veille de Noël, mon père arrivait du qu’il est gentil ! Il a dû remarquer que Non, mais ! quelles imbéciles ces
travail avec une branche de sapin qu’il j’avais filé les miens » ! Je me jetais alors filles-là ! Elles racontaient vraiment
fixait dans un grand pot sur le buffet sur ma chaussure. n’importe quoi. Pourtant, l’année de
de la cuisine. Ma mère et moi avions mes neuf ans, mes camarades de
pour mission de la décorer avec des Un cadeau par an classe se firent plus précises.
morceaux de coton hydrophile que Chaque année je recevais un cadeau. - Moi j’ai guetté derrière la porte et j’ai
nous effilochions. Papa ajoutait des Après le baigneur de mes deux ans, il bien vu mes parents qui mettaient les
bougies, qui s’accrochaient, grâce à un y eut la poupée de mes trois ans, puis cadeaux, me disait l’une.
système ingénieux de pinces à linge la dînette de mes quatre ans. L’année - Oui ! et même que je fais semblant d’y
spéciales, achetées dans le bazar de de mes cinq ans, ce fut une poussette. croire à cause de mon petit frère, affir-
notre quartier. En dessous de ce mini- À six ans, j’héritais d’ une très grande mait l’autre.
arbre, maman plaçait du papier rocher poupée aux jambes articulées. Puis, Alors un doute m’effleura : « Maman !
autour d’une boîte à chaussures qui l’année de mes sept ans, le Père Noël Je vais poser la question au catéchisme,
se transformait en grotte. Au centre m’apporta le fameux tableau avec Monsieur le Curé doit bien le savoir lui ! ».
de ce refuge, elle disposait un petit lequel je donnais des cours à mes Ma mère s’affola ; elle se dit qu’il fallait
Jésus en cire, veillé par la Sainte-Vierge poupées (future vocation) ! Chaque enfin qu’elle me révélât la vérité. Ce
et Saint-Joseph. Un âne et un bœuf, en année, le Père Noël dissimulait aussi fut le premier gros chagrin de ma vie !
plâtre peint, achevaient cette modeste une mandarine dans nos souliers. Ce Cette vérité que je voulais tant con-
crèche. Nous mangions à 19 heures fruit, rare dans nos étalages stépha- naître, mais que je redoutais, au fond
comme d’habitude en écoutant, dès nois, coûtait fort cher, bien que criblé de moi, cette vérité fit s’écrouler tous
1946, Petit Papa Noël de Tino Rossi. de pépins. mes rêves ! Je pleurais, je pleurais :
Vers 21h, avant de regagner la cham- Il représentait pour nous le symbole «Mais ça ne sera plus jamais pareil ! Je
bre, nous déposions chacun une d’un autre climat qui rimait avec ciga- n’oserai plus demander des jouets pour
chaussure, soigneusement lustrée par les et soleil : le sud de la France que ne pas vous faire dépenser vos sous ».
ma mère . Le matin de Noël, des voix nous n’avions jamais vu et qui nous Et maintenant, du haut de mes 80 ans,
me réveillaient : « Viens voir : il est venu faisait tant rêver ! Entortillées au je vous le dis : « C’est vraiment dom-
le Père Noël ! ».Vite, je me précipitais sapin, quelques papillotes ajoutaient à mage que le Père Noël n’existe pas » !
Les Noëls de nos lecteurs
Plus qu’un homme, un ange
Mireille Roca réside à La Garde. Elle a tenu à rendre hommage à son Père Noël à
elle. Un homme «toujours prêt à aider les autres» tout au long de l’année. Ce Père
Noël, qui ressemblait à un ange, était son époux.
Mon Papa Noël à moi ? Je vous le Le matin, dans les rues de Toulon,
présente : un époux merveilleux, avec sa calèche il distribuait des bon-
d’une grande générosité, toujours bons aux passants et, croyez-moi, il y
souriant et doté d’une grande sensi- avait de la joie dans les rues de Tou-
bilité. Toujours prêt à aider les lon et lui riait aux éclats.
autres, très sensible aux douleurs et Il consacrait toute sa journée à eux.
chagrins des voisins ou amis. Il aimait les questions que posaient
Mais la seule et merveilleuse activité les enfants (quel âge tu as, et ta
qu’il aimait le plus, c’était de faire le femme où elle est…).
Papa Noël. Le soir, quand il rentrait après cette
Son visage rayonnait de bonheur de merveilleuse journée, il était épuisé
donner du temps aux autres et tout mais son visage illuminait de bon-
particulièrement aux enfants. heur.
Donner des sourires aux gens lui Voilà, ce qu’était mon Papa Noël à
procurait une immense joie. moi, mon époux qui était un ange.
Les Noëls de nos lecteurs
« Le sapin, la crèche, c’était magique »
Nathalie Sabourin, de Mandelieu-La Napoule se souvient des Noëls d’hier. Cette
année, sans son papa, «ce ne sera pas pareil». Mais pour sa maman, le plus beau
cadeau sera la présence de la famille.
Dire que j’ai eu le plus beau cadeau mon père travaillait, ma mère avait de les vacances, c’était l’esprit de Noël,
non, j’ai eu des cadeaux, certes beau- quoi s’occuper avec nous. Nous c’était magique, c’est peut-être ça le
coup de poupées. Ah ça oui, alors si n’étions ni pauvres, ni riches non, mais plus beau cadeau, être tous ensemble
bien que je ne pouvais plus les voir et mon père et ma mère avaient souffert ce jour-là. Cette année, mon cher
le pire fut quand mes parents m’offri- de la guerre et du manque de jouets, papa ne sera pas avec nous, il nous a
rent des poupées jumelles, alors là j’ai alors je ne sais pas comment ils se quittés en mars, ce sera un premier
piqué une crise et l’année d’après, débrouillaient mais on avait des Noël sans lui, mais nous serons
pour mes 10 ans, j’ai eu mon premier cadeaux. Je dirais que ce n’est pas tant autour de notre maman pour elle je
sac à main pour aller à l’église le le plus beau cadeau de Noël qui crois que ce sera là son plus beau
dimanche. En 1974 ce n’était pas rien compte mais avant tout l’émotion cadeau..
de se sentir un peu adulte. Nous qu’apporte l’approche de Noël. Chez Enfin à tous, je vous souhaite de très
étions et sommes toujours six enfants, nous, on décorait le sapin et la crèche belles fêtes de Noël dans la joie et le
mes quatre frères et ma sœur. Seul en écoutant Bourvil,Tino Rossi, c’était bonheur.
Laly 9 ans
Difficile de crier
plus fort son
affection au Père
Noël !
Laly a 9 ans.
Elle a adressé un
message clair au
vieil homme qui
devrait cette année
encore la gâter.
Nous publions avec
plaisir ce dessin
qu’elle avait envie
de partager.
Les Noëls de nos lecteurs
« Ceux qui y croyaient étaient mes parents »
Yvonne Agostini (Hyères) se souvient d’avoir percé le secret de ses parents.
Et d’en avoir été comblée !
J’attendais Noël comme le printemps çaient dans le ciel, au sommet une je me cachais pour voir cet être magi-
attendait les bourgeons. Mon cœur étoile brillait. J’étais émerveillée. Dans que. J’attendis quelques heures, puis
commençait à palpiter. Noël, c’était les l’attente du grand soir, on me donna ce fut l’instant de la dépose des
douceurs, les cadeaux, un papa et une des friandises et des chocolats qui cadeaux. Je fus stupéfaite de voir mon
maman aux petits soins. Enfin c’était le engluèrent mes mains et firent quel- père, usurpateur, prendre la place du
bonheur. Ce jour-là, mes parents ques taches sur mes vêtements. Père Noël. Il déposa une poupée, un
m’avaient emmenée voir les vitrines Le soir à la maison, quelques odeurs jeu de construction et des friandises.
de Hyères. Elles étaient féeriques, de chapons farcis embaumaient la cui- Mais ma malice et ma curiosité me fit
décorées de guirlandes, colorées et sine. Sur la table, les treize desserts. comprendre qui était celui qui appor-
phosphorescentes. Il y avait aussi des C’était le festival des gourmands. Le tait ce que j’avais commandé. Mais
automates représentants des animaux grand soir arriva. On m’avait souvent quelle fierté, quelle joie d’avoir un
qui semblaient presque vrais. Mes dit «attention si tu n’es pas sage, le Père Noël à la maison. Mon bonheur
yeux étaient émerveillés.Accrochée à Père Noël ne passera pas». Je vis le était comblé. J’allais me coucher et je
la vitrine, je ne voulais plus partir. sapin de Noël, illuminé dans la salle à fis de beaux rêves. Au réveil, la
Ensuite, direction le sapin de Noël de manger. Il ressemblait à un tableau. Les remise des cadeaux fut remplie
la place de la rade, décoré de mille couleurs me donnaient le sourire. d’émotions. Finalement, les seuls qui
feux, enneigé où une multitude de J’allais au lit mais la curiosité l’empor- croyaient au Père Noël, c’étaient mes
cadeaux étaient accrochés,. Ils s’élan- ta. Je fis semblant de m’assoupir, puis parents.
Les Noëls de nos lecteurs
La chaleur humaine des Noëls passés
Corinne Callens, de Nice, se souvient avec nostalgie de ces Noëls illuminés par la
chaleur du foyer et la présence de tous les membres de la famille.
Les santons étaient arrivés seuls, par embrassades tendres pour ce parfum troupeau. (...).
les chemins de lumière, ainsi que trop cher qu’on ne pouvait pas tou- Les clochers environnants nous rap-
l’ourson Mishka des albums du Père jours s’offrir. pelaient qu’il y avait le minuit chré-
Castor. Bien avant nous, ils avaient Cette heure bleue de Noël au goût tien. Les enfants et les femmes, cha-
trouvé leur place sur les collines de de fleurs embaumant un champagne peau ou mantille de dentelle,ouvraient
notre crèche familiale. Le moulin pétillant de mille feux, dansait sur le chemin du salut. Les hommes gar-
chantait des miches dorées et crous- l’odeur d’une dinde farcie où les sau- daient la maison, cognac dans les
tillantes. Jésus, pas encore né, laissait ces aux girolles, aux truffes et aux mains et cigare aux lèvres.
vide son lit. marrons finissaient leur cuisson entre A notre retour, c’était la farandole des
Un sapin aux odeurs de forêts encore jus d’amour et paradis onctueux. desserts. La magie de la douceur de
naturelles, ployait sous les fils d’or. La (...) ces Noëls n’est plus là aujourd’hui.
féérie des couleurs et des guirlandes Les meilleurs vins des caves paternel- Les uns vont au ski. Les autres sont au
lumineuses. C’est la chaleur humaine les guérissaient tout le monde des ciel. Dispersés.Assis à d’autres tables.
que je retiens de ces Noëls passés, soucis du quotidien. Femmes, mères, Mais dans nos maisons, il y a toujours
dans une famille au grand complet. hommes, pères, grands-parents, peti- l’émerveillement d’étoiles qui scin-
tes filles et petits garçons aimaient tillent. C’est tellement simple, la magie
La messe de minuit l’élégance ce soir-là. Mon père, roi de Noël. Il suffit de croire au Père
Au moins une fois dans l’année, à Lion de cette jungle familiale nous féli- Noël.
Noël, disait mon père, nous nous citait comme un berger aimant son
retrouvons tous, sinon les excuses Yaëlle Manuela Corine
chasseront les réunions de famille et
on ne se rassemblera plus.
Dans ce Noël de la bourgeoisie tradi-
tionnelle française, il y avait des
cadeaux partout au pied de l’arbre de
vie qui était replanté dans le jardin
des lumières, après Noël.
Et les anciens nous rappelaient qu’ils
n’avaient, eux, qu’une orange à Noël
et que cela leur suffisait. L’ambiance
particulière de ces noëls d’antan ne
peut se résumer que par des souri-
res, des cris de joie à l’ouverture des
paquets pour les enfants et des
Le feuilleton
Les trois cas, (chapitre 7 à 11 )
Résumé : Nous sommes dans Michèle Monk est
les années 60. Gino est un auteur de romans
détective privé installé dans une policiers. Elle a déjà
station balnéaire de la Côte publié de nombreux
d’Azur baptisée Eden Plage. Il ouvrages. Son 11e
est assisté de la délicieuse et polar intitulé Noyade
romanesque Claudette, à l’anglaise est désor-
dite Cloclo. Randy, un de ses mais disponible.
amis américains lui demande «Vous retrouverez
de venir pour mener une mon détective Gino
enquête autour de son patron, et sa secrétaire Clau-
M. Morton. Des adeptes du dette», annonce
KKK ne semblent pas étrangers Michèle Monk.
à cette affaire...
Chapitre 7 américain) et des œufs, du de pneus de moto, les décla- ensemble en jean et bottes
bacon, et des petits pains. rations du Shérif Johnson. de cuir. La location était rai-
Les bikers C’était mangeable. Le Bir- Gino trouvait cet étalage sonnable, 5 dollars par jour
Le lendemain matin, après mingham News avait été d’informations consternant. plus un dépôt de garantie un
une bonne nuit réparatrice jeté sur le porche par le Il en fit part à Randy qui, lui, peu plus cher. Cloclo est aux
dans la chambre Washington petit livreur de journaux avait une proposition à lui anges, elle adore la moto. Ils
pour Gino qui avait un lit noir (le livreur, pas le jour- faire. suivent Randy jusqu’au bar
immense à baldaquin pour nal), et il trônait sur la table - Je connais quelqu’un qui peut repaire des bikers du coin, à
lui tout seul, et la chambre de cuisine. Le meurtre de te prêter une Harley Davidson travers la campagne Alaba-
Pocahontas pour Claudette Jim Morton faisait l’honneur pour pas trop cher, comme ça mienne, sur les routes en
(un autre lit à baldaquin de toute la première page. tu pourras circuler et te poin- lacet qui montent et qui des-
recouvert d’un kilt, petits Le journaliste du coin avait ter au Bar des motards, pro- cendent comme un tobog-
morceaux de tissus cousus torché un article détaillé sur pose Randy. gan. Parvenus à destination,
ensemble pour créer un les faits. Une photo de Jim, 10h, le Bar «HD Buddies ». quelques minutes plus tard
motif géométrique ou à mort, les yeux ouverts, occu- Gino vient d’emprunter sur une route départemen-
fleurs, agréable à l’œil), ils pait un quart de la page et ça contre quelques dollars, bien tale proche d’un centre
se rejoignirent dans la cui- vous donnait des frissons de sûr une belle Harley David- commercial, Randy leur fait
sine pour une tasse de café voir ça. Tous les détails y son 250cc noire et argent à signe au revoir. Il fait demi-
(léger, très léger, même pas étaient, l’heure, la position un ancien pote de l’armée tour et part bosser à la plan-
noir, marron clair ... café du corps, les blessures, le de Randy. Lui et Claudette tation. Le bar est une espèce
type d’arme, les empreintes se sont fringués en bikers, de construction rectangu-
Le feuilleton
Les trois cas (suite du chapitre 7)
laire en briques rouges, avec dette ne comprennent). turber un tant soit peu la pite pour le servir avant de
une entrée genre saloon à Gino, lui, roule des épaules, plantureuse barmaid qui ren- servir Claudette. Un froid
portes battantes. Une ensei- mais s’ il est de bonne taille tre son sourire (Une con- s’est définitivement installé
gne lumineuse représentant en France, ici en Alabama, il currente ? Semble-t-elle entre les deux femelles.
une moto clignote en noir et lui manque au moins dix penser). Et puis, là c’est le Les deux play-boys invitent
doré malgré l’heure mati- centimètres. Il se sent frus- bouquet, Claudette avec un Claudette à une table avec
nale. Le nom du bar : HD tré, mais entre courageuse- grand sourire aguicheur, son copain Français. Ils font
Buddies (Les copains de ment dans le boui-boui. demande ingénument et à connaissance. Ils parlent un
Harley Davidson). Gino et Vachement sombre à l’inté- voix haute et en français, en peu Français car ils étaient
Claudette se garent, et relu- rieur, tout en bois, les murs, prenant la voix de B.B. « Un tous deux stationnés en
quent les belles machines les tables et les bancs. Aux coca s’il vous plait Mademoi- France,à Châteauroux.Main-
dans le grand parking : HD murs, plein de posters de selle ». L’attention des deux tenant ils sont à la National
Sprint 250 rouge et argent, motos, des casques, des pha- motards se fixe maintenant Guard (la Garde Nationale).
HD FL verte et blanche, BT res, des blousons en cuir, des sur Cloclo. Deux beaux Comme ils sont sympas, et
Pacer 175cc, etc … toutes T-shirts, à vous donner le mecs, blonds, les yeux clairs, que le torchon (le journal)
brillantes et magnifiquement tournis. Le bar est tout de bronzés, musclés, en cuir, traîne sur la table, Gino leur
bien entretenues… mieux suite après l’entrée, et offre dans les trente ans. L’un pose habilement des ques-
que leurs propriétaires. Une sur ses étagères toutes les d’eux s’exclame : tions sur le meurtre de Jim
demi-douzaine de mecs bières et tous les whiskies - Oh, the mademoiselle is Morton déjà relaté dans le
d’allure patibulaire, plutôt que l’Amérique produit. Une French ? Birmingham News en pre-
cradingues, sont en train de greluche américaine, genre Claudette bat des cils en mière page. Ils jettent un
discuter devant l’entrée du Dolly Parton toute en seins acquiesçant. coup d’œil sur la première
bar en buvant des bières à et cheveux crêpés blonds - Oui, je suis Française, my page, sans moufter.
même la bouteille. Des décolorés trône derrière le name is Claudette. - C’est quoi ce meurtre d’après
grands mecs costauds, che- comptoir. Elle est en pleine Les deux ricains se présen- vous ? Questionne le détec-
veux longs, barbus, chevelus, discussion (certainement pas tent à leur tour : tive en croisant une jambe
des chaînes pendant de leurs philosophique) avec deux - I’m Bill. sur l’autre et en se renver-
ceinturons… Ils s’interrom- motards qui la font rigoler. - My name is Jerry Lee. sant en arrière sur sa chaise
pent en voyant les deux Quelques tables sont occu- Cloclo roucoule. Gino, qui exactement comme le font
français arriver sur leur ter- pées par des mecs et deux ne veut pas être en reste, ses nouveaux copains. Il boit
ritoire. Claudette ne peut ou trois nanas plutôt vulgai- s’interpose, il s’adresse à aussi son coca à même la
s’empêcher de rouler du res, boudinées dans leur Dolly (la barmaid). En pre- bouteille comme eux boi-
popotin en passant près jeans et leurT-shirt. Elles boi- nant une voix virile. vent leur bière, une Miller’s
d’eux et en les regardant vent de la bière à même la - Moi, c’est Gino, I am french Highlife.
effrontément. Ils rigolent et bouteille, tout comme les too. Ils font la moue et haussent
font des commentaires en mecs. L’arrivée de notre C’est au tour de Dolly de les épaules. Ils ne savent pas
anglais (flatteurs ou non, nul Cloclo qui n’est pas si mal roucouler. Comme il désire ? Ou font semblant de ne
ne saura, car ni Gino ni Clau- que ça ma foi, semble per- un coca aussi, elle se préci- pas savoir ? Gino a la sensa-
Le feuilleton
Les trois cas (suite chapitre 7)
tion qu’ils en savent plus et les trois gonzesses en que le mec est armé. Il a un - Ça m’étonnerait, il ne passe
qu’ils n’ont l’air de le recon- train de picoler à la table pétard sous son gilet en pas inaperçu, mais on revien-
naître. plus loin. Ils s’esclaffent jeans. Un 22 ? Peut-être. Ils dra et je demanderai à Billy ce
- Ce serait pas le Klan par bruyamment et ne font pas restent encore une bonne qu’il sait sur lui.
hasard ? Ose Gino en les attention à eux. Puis, les qua- demi-heure à déconner, puis - Autant retourner à l’intérieur
fixant tour à tour. tre gros mecs qui étaient le rouquin se décide à partir et demander maintenant, sug-
Ils se raidissent. Bill répond. dehors font leur entrée. sans ses copains. Il passe gère-t-elle.
Jerry se concentre sur sa Gino les observe. Les mecs près de Gino, le bouscule un - Non, je ne veux pas leur dire
bière en baissant les yeux. sont impressionnants, sur- peu au passage, se décide que je suis détective, du moins
- Pourquoi tu nous parles du tout l’un d’eux, un grand quand même à émettre un « pas encore, mais, vous, vous y
Klan ? Qu’est-ce qui te fait costaud avec une grosse sorry » (désolé) vaguement allez, demandez son numéro
penser que ça pourrait être bedaine pleine de bière, méprisant. Gino se retient, il de téléphone au beau Billy, je
quelqu’un du Klan ? serré dans un pantalon de a envie de lui rentrer dedans, pense qu’il en meurt d’envie, et
- Ben, les amis chez qui on cuir, des chaines plein le mais notre Gino n’est pas profitez-en pour lui glisser un
reste pensent que Monsieur torse, une grosse gueule car- fou, il sent qu’il n’aurait pas mot sur ce Larry, Ok ?
Morton protégeait ses rée mangée par de la bar- le dessus et il n’a pas envie Claudette retourne donc
employés noirs et que ça pour- bouse rouquine frisée. Il a de se faire casser la gueule dans le bar où elle reste plu-
rait ne pas plaire au Klan… gardé ses lunettes de soleil à dès le deuxième jour de sieurs minutes. Gino com-
C’est bizarre ce Klan, on n’a l’intérieur, alors qu’il fait ultra son arrivée aux States. Il mence à s’impatienter. Puis
pas ça en France… Il y a des sombre. Claudette qui flir- répond donc en français elle ressort, le numéro de
adeptes du Klan parmi les taille avec Billy, ne fait pas aimablement « de rien ». téléphone de Bill à la main.
motards ? continue Gino attention à eux. Gino suit le Puis il fait signe à Claudette - Il a un garage Harley, c’est
ingénument. rouquin des yeux. Il se dirige que c’est l’heure de lever le bon à savoir, hein ? Fait-elle.
- Man, pourquoi tu demandes vers le juke box et plante camp et ils sortent derrière - Et ce fameux Larry ?
ça ? Qui es-tu ? quelques quarters (équiva- le rouquin, (son nom est - Il travaille à KMart (un grand
- Oh j’aime bien les films poli- lent d’un franc) dans la fente Larry) qui monte sur la supermarché), il est manuten-
ciers et les histoires de détec- destinée à recevoir le superbe moto 250CC rouge tionnaire, il se la pète avec sa
tive, je me pose la question, pognon. Il choisit quelques et argent garée dehors. moto, mais c’est une nouille. Il
c’est tout … et puis vous avez morceaux, et soudain la salle Larry se casse, très fanfaron. est parti au boulot, il bosse tous
vu, ils ont trouvé des emprein- hurle une musique de rock à Gino serre le bras de Clau- les jours de midi à vingt heures,
tes de pneus de Harley, alors, vous arracher les oreilles. dette et lui dit : ça peut pas être lui l’assassin !
ça pourrait être aussi un Gino pense reconnaître « - C’est sûrement une moto Méfiant, Gino demande à
motard, non ? Jerry Lee Lewis ». Il aime comme celle-là qui a laissé des Cloclo ce qu’elle a bien pu
- Ma foi, commenta laconique- bien, mais maintenant, on ne traces de pneus devant chez dire à Bill pour obtenir tous
ment Jerry, qui sait ! peut plus s’entendre. Le rou- les Morton hier. ces renseignements si rapi-
Gino jette un œil autour de quin passe à côté de lui, en - Et alors, qu’est-ce qu’on fait, dement.
la salle. Il n’y a pas grand roulant les mécaniques, pré- on le suit ? C’est peut-être lui - J’lui ai dit qu’il vous avait
monde à part les trois mecs tentieux. Gino remarque l’assassin, fait Claudette. bousculé et que vous aviez
Le feuilleton
Les trois cas (chapitre 8)
peur de lui, que vous vouliez l’ont eu! Ils l’ont eu! Les mecs qui travaillent au tapoter l’épaule de Made-
plus revenir dans ce bar à - Comment ça ils l’ont eu? Il est champ, Leroy, Charlie ? Randy leine.
cause de ça. mort? S’affole Gino. se met à pleurer tandis qu’on - Prêtez-moi une voiture, je vais
Ulcéré, Gino démarre sa - Non, il est pas mort, mais ils embarque son frérot. en ville, à la boutique du Klan,
Harley. Il a presque envie de l’ont massacré, ils l’attendaient - Qui utilise les battes de base- voir un peu ce qui se passe et
laisser Claudette sur place à la ferme, et ils lui ont foutu ball, les bikers ou les mecs du ce qui se dit…
se débrouiller toute seule une trempe. Il est dans le Klan ? Questionne Clau- - Prenez la Vauxhall Gino, et
pour rentrer. coma, je l’ai trouvé quand je dette qui réfléchit intelligem- bonne chance, faites quand
vous ai quittés et je l’ai ramené ment à la question. En tous même attention à vous.
Chapitre 8 avec l’aide d’un des saison- cas, cette fois-ci, c’était pas Gino, Claudette et Victor
niers. Mais il a rien vu. Sammy pour tuer, on n’a pas utilisé montèrent dans la Vauxhall
Toujours Mercredi est parti à la ferme tôt, soit ils d’arme à feu … ça ressem- après avoir écouté les expli-
LE DEUXIEME CAS l’attendaient, soit ils l’ont suivi ble simplement à un avertis- cations de Randy pour se
De retour à la plantation, soit je ne sais pas. sement, je dirais … et puis, rendre en ville. Ils refirent en
deux heures plus tard, vers - Pourquoi tu dis « ils » ? ça doit pas être bien prati- sens inverse la route en lacet
14h, lorsque Gino et Clau- L’interrompt Gino. que de conduire une moto qui monte et qui descend à
dette arrivent, il y a de nou- - Mais enfin t’as vu la carrure en tenant une batte de base- travers les bois chevelus de
veau une ambulance et la de mon frangin ? Il a reçu des ball … grands chênes couverts de
police devant la maison. coups de tous les côtés, certai- Madeleine est en pleine crise mousse espagnole qui les fai-
- Mon Dieu que s’est-il encore nement avec des battes de d’hystérie. Elle se met à hur- saient ressembler à des sor-
passé? Se demandent avec baseball… Un seul mec, il ler : cières déguisées en gigantes-
angoisse Gino et Claudette. l’aurait désarmé, mais plu- - Je vais pas rester ici, je veux ques toiles d’araignée. A un
Madeleine est en pleurs sur sieurs, je te parie qu’ils étaient retourner en France ! Vous moment, Claudette cria :
le porche, assise sur la balan- au moins trois. m’emmènerez avec vous, dit- - Attention, y a un chat qui tra-
celle où est mort Jim Mor- - Des indices ? Fait Gino. elle, les yeux plein de larmes verse, ne l’écrasez pas !
ton. Jessica Morton, tente de - Des marques de pneus en suppliant tour à tour le Gino dut freiner comme un
la consoler. Elle a l’air très encore, moto, bagnole, on n’est détective et sa secrétaire. malade pour éviter, non pas
contrarié. Randy parlemente pas sûrs, des bouteilles de Claudette va vers elle, la un chat, mais une maman
avec le Shérif et son officier bière jetées dans le champ de prend dans ses bras et la opossum qui portait ses six
subalterne, Billy Joe. Les maïs, de la Miller’s… Johnson console. petits sur le dos et qui pre-
deux porte-civière viennent a envoyé une équipe de la - Si tu veux, tu rentreras avec nait tout son temps pour se
apparemment d’enfourner Scientifique et le labo … Gino nous, mais Sammy est ton rendre de l’autre côté de la
quelqu’un dans leur véhicule. ! Je ne sais plus quoi penser ! mari, tu ne vas quand même route.
Randy est hors de lui. Gino Monsieur Morton, maintenant pas le laisser ? Il va sans doute - C’était pas un chat, Cloclo,
gare la moto et va vers son mon frère, qui sera la pro- s’en remettre, il est solide. c’était un gros rat avec ses
ami. chaine victime ? Madeleine, Gino, en homme d’action, se mômes qui traversait… et
- Qu’est-ce qu’il y a Randy? parce qu’elle a eu le malheur décide. Il s’adresse à Jessica regardez, maintenant, là il y a
- C’est mon frangin, Gino, ils d’épouser mon frère ? Moi ? Morton qui continue de un racoon qui veut faire la
Le feuilleton
Les trois cas (suite du chapitre 8)
même chose. rentrer à Eden Plage et de de l’armée avec un drapeau bleue avec étoiles blanches,
En effet, un mignon raton retrouver sa petite tranche confédéré imprimé dessus, en diagonale sur fond rouge).
laveur avec de grands yeux de jambon pour son 4 h. sort de l’arrière-boutique « We shall overcome »
cerclés de noir, était en train pour accueillir des clients Nous triompherons de nou-
de cavaler sur ses petites Quinze minutes d’autoroute potentiels. Il porte un cein- veau », bannières, ceintures..
pattes après l’opossum. et les voici downtown (en turon et un holster mais Cloclo y va de ses sugges-
- C’est marrant tous les ani- centre-ville) Birmingham sur celui-ci est vide. Il marque un tions concernant les cou-
maux qu’il y a ici, on n’a pas ça la route principale. La bouti- temps d’arrêt devant le trio leurs et les formes de tuni-
là-bas chez nous, dit Cloclo, que « K Fashion » se trouve inhabituel qui se trouve ques. Le gars est abasourdi,
qui regarde avec attendrisse- entre un troquet et un petit devant lui. Sympa, il sourit. mais il fait de son mieux
ment les petites bêtes. supermarché « Seven Ele- Dommage, il lui manque pour les renseigner. Il expli-
- Non, et jetez un œil en haut ven » (de sept heures à deux dents sur le côté gau- que que la robe verte c’est
de cet arbre, là à gauche, il y a onze heures). Gino va se che et les autres sont tachées pour le grand Dragon, la
trois vautours qui attendent garer dans le parking du de nicotine. Un peu méfiant pourpre pour le grand
leur becquetance … tiens, petit supermarché. Ils se diri- quand même, Il leur Wizard (le grand Magicien),
qu’est-ce que je disais … ceux- gent tous les trois vers « K demande d’une voix éraillée la noire pour le Night Hawk
là ont trouvé une victime. Fashion » (à la mode « K de fumeur invétéré : (le Faucon de Nuit) (ou le
Et Gino pointe plus loin sur »). Une petite boutique dis- -Yeap, what can I do for you ? Vrai Con de Nuit ?) (le
la route, à l’embranchement crète qui présente en façade Gino lui explique qu’ils sont vigile) et que ce sont des
de l’Interstate 20 (l’auto- des fringues lambda, des T- Français, très intéressés par robes utilisées lors des céré-
route) trois autres vautours shirts, des jeans, des blou- le mouvement, désireux d’en monies, et la blanche pour
en train de se régaler avec sons, des bottes, rien de ten- ouvrir un en France, il les simples pélerins.
une pauvre biche qui a rendu dancieux. Carillon de bienve- demande un catalogue des Claudette s’extasie sur la
l’âme sans doute quelques nue aigrelet. La boutique à articles, s’enquiert des prix, robe noire.
heures auparavant, écrasée l’intérieur est un peu pous- demande à voir les unifor- - Et si je me faisais appeler
par un vilain chauffard. Les siéreuse, un peu sombre. mes s’il y en a sur place. Le Beautiful Pussy (NDLR : con-
trois affreux, tout noirs avec L’intérieur dans la première petit vendeur n’est plus notation sexuelle très forte),
un petit col de plumes blan- pièce, offre le même éventail méfiant, il leur fait signe de le je pourrais en avoir une rose,
ches mitées, se tiennent à de fringues classiques. Un suivre dans l’arrière-bouti- de robe ? Demande-t-elle
moitié voûtés sur le cadavre petit mec tout sec, avec un que dissimulée aux regards avec un grand sourire. Joey,
de Bambi, le bec plein de gros nez piqué de veines des passants. Donc dans c’est son nom la regarde
lambeaux de barbaque. Ils rouges indiquant une pro- l’arrière-boutique, quatre ahuri, mais, bon, il ne veut
regardent Gino et Claudette pension à la bibine, des che- vitrines présentent aux pas rater une éventuelle
sournoisement et avec défi. veux mi-longs et gras, des clients éventuels la mode « vente, alors il se prête à leur
- Mon Dieu, quel pays ! Fris- yeux bleu clair en billes de K » : robes blanches, vertes jeu. Puis Gino devient plus
sonne Claudette.Victor est loto, une bouche molle, des et pourpres, étoles, de cou- insidieux, il demande où il
horrifié. Il regarde la scène petites gambettes maigri- leurs différentes, cagoules, pourrait bien rencontrer des
avec dégoût. Il a envie de chonnes extra serrées dans drapeaux confédérés (Croix membres du club pour dis-
un pantalon treillis, un T-shirt
Le feuilleton
Les trois cas (chapitre 9)
cuter plus avant avec eux reur, le moteur crache, pas loin de chez les Morton, aussi « pour les cons », mais
des possibilités de créer un tousse, se secoue, vibre et mais après, on va être obligés là il en faudrait un paquet de
groupe sur la Côte d’Azur, capote. Claudette lui con- d’appeler Randy ou Jessica ou W.C. et de fontaines à eau !
en France. Joey lui file un seille d’y aller doucement, Madeleine pour venir nous Elle raconte à Gino ce qu’elle
tuyau de première main : mais Gino s’énerve encore chercher. vient de voir. Il hausse les
- Lundi à 10h, au parc Natio- plus. Il lui dit de la fermer et Ils arrivent à la gare, une épaules car il s’en fout. Il
nal de North Birmingham, j’y comme la bagnole refuse petite gare moche et crade. cogite.Va falloir qu’il monte
serai, je vous présenterai au totalement de démarrer, il Les billets ne sont pas chers. un bateau pour le pare-brise
grand Wizard.Votre idée peut lui file un coup de pied avec Il y a deux vieux vétérans de la Vauxhall. Le train entre
l’intéresser, il est toujours prêt à son pied droit (habillé d’une blancs éclopés de la 2e guerre en gare. Ils montent dans un
recruter de nouveaux mem- lourde botte au talon en mondiale et des noirs qui train vétuste avec des ban-
bres. métal) et l’imbécile (Gino) ressemblent à des esclaves quettes en bois raides. Prati-
- Vous faites partie du Klan ? fracasse le pare-brise qui qui attendent sur le quai et quement que des blacks
Questionne Claudette ingé- tombe en mille morceaux qui les regardent par en-des- dans le wagon, y compris un
nument. sur le tableau de bord. Clau- sous curieusement, mais cercueil dans l’allée centrale
Joey s’éclaircit la gorge, il dette est sidérée.Victor est timidement. Claudette qui a qui glisse en avant dans les
sort un paquet de Lucky outré. Il n’a jamais vu Gino besoin d’aller aux toilettes, descentes et en arrière dans
Strike de la poche de son dans cet état. constate qu’il y a une toi- les montées (l’Alabama est
pantalon, l’allume avec un - Bravo, lui dit Claudette, et lette pour « white » (blanc) fait comme un grand huit, ça
briquet Zippo qu’il sort de maintenant, on fait quoi? On et une pour « colored » monte et ça descend con-
l’autre poche, il tousse, et rentre à pinces? (noirs). Comme elle est stamment). Un noir en
coasse : - J’en sais foutre rien, explose pressée, et que la toilette « costume à fines rayures se
- Moi, j’suis vendeur bénévole Gino, ce pays me sort des white » est occupée, elle cramponne au cercueil à
ici, enfin … ils me payent un yeux.Y a peut-être un bus, ou veut aller chez les «colo- chaque montée et à chaque
peu, mais pas trop, ils sont un un train, que sais-je? red», mais une vieille femme descente tout en chantant
peu radins, l’autre vendeur, il a Claudette se lève sans noire qui en sort, lui fait dis- un negro spiritual d’une belle
eu des problèmes … répondre, elle sort de la voi- crètement signe que non, voix grave, que reprennent
- Ah bon ? Quoi donc ? ture, prend son chien, se elle n’a pas le droit d’utiliser en chœur trois autres noirs
- Une descente qui a mal tour- dirige vers le petit magasin, la toilette réservée aux gens assis à gauche et deux autres
né, il est à l’hosto. entre dedans, y reste quel- de couleur. Pareil pour boire assis à droite de l’allée, à
ques minutes, puis ressort un coup à une fontaine publi- côté de Claudette et de
Chapitre 9 en faisant signe à Gino de la que, il y en a une pour Gino. Claudette les applau-
suivre. « white » et une pour dit, elle adore le negro spiri-
Toujours Mercredi - Alors, vous avez une idée? « colored » ! Elle se parle à tual. Ils l’ignorent. Gino lui
Ils remontent dans la Fait-il, penaud. elle toute seule et commente donne un coup de coude
bagnole. Manque de bol, elle - Oui, la gare est à côté, on va « pourquoi pas pour les dans les côtes et lui mur-
ne veut pas démarrer. Gino prendre un train dans quelques blonds » « pour les bruns » mure à mi-voix : - Arrêtez
s’énerve, il tire sur le démar- minutes qui va nous mener et « pour les rouquins » et Claudette, vous ne voyez
Le feuilleton
Les trois cas (fin du chapitre 9 et début du 10)
donc pas que c’est une s’il va pouvoir démêler cette phone et lui expliqua leur menti à Madame Morton au
famille qui emmène l’un des enquête dans laquelle il s’est problème. sujet du pare-brise.
leurs dans ce cercueil pour engagé. Son anglais n’est pas - Elle vient nous chercher dans Jessica descend l’escalier à
l’enterrer. Ne vous faites pas parfait, celui de Claudette une demi-heure, on est encore cet instant.
remarquer… et dites à votre encore moins, son instinct le loin de la plantation. - Prenez la voiture de mon
clébard d’arrêter de les pousse vers les motards et Ils allèrent s’asseoir sur un mari, la Buick rose et blanche
regarder avec autant d’insis- le Klan, mais, ne se trompe- banc dans le hall pour atten- de 1957, dit-elle. Elle est dans
tance. t-il pas ? Et puis il va devoir dre Jessica et ils regardèrent le garage à l’arrière de la mai-
mentir au sujet de la Vaux- avec fatalisme les voyageurs son. Je n’en ai pas besoin
C’est vrai, Victor, qui n’en hall, d’ailleurs il en fait part à défiler.Victor suivit le mou- aujourd’hui, et si j’ai besoin de
revient pas de voir autant de Cloclo qui attend patiem- vement en soupirant. sortir, je prendrai la Chrysler
gens de couleur, les dévisage ment qu’un téléphone se bleue. Randy vous conduira.
tous de ses gros yeux en libère. Chapitre 10 La Buick est magnifique, en
grognant. (Il faut dire en pas- - Claudette, on va dire qu’on a excellent état. Randy a l’air
sant qu’à cette époque il y a retrouvé la Vauxhall fracassée, Jeudi d’une pépite de chocolat au
35 % de noirs pour 65 % de OK, je compte sur vous pour Une petite lueur dans milieu d’un gâteau à la fraise,
blancs à Birmingham.). Heu- ne pas me trahir… l’enquête? au volant de cette belle
reusement le voyage n’est - Bravo, vous allez me faire Le lendemain matin, Randy bagnole. Gino est à côté de
pas très long. Ils entrent en mentir, vous savez que j’ai hor- apprend à Gino que le shérif lui et les deux nanas sont à
gare de Birmingham sur les reur de ça, lui répond-elle en Johnson a téléphoné. Il con- l’arrière, sans Victor que Jes-
18 h et Gino part à la recher- prenant l’air choqué. voque les Français, Gino, sica a proposé de garder en
che d’un téléphone. Il y en a - Oh je vous en prie, d’habitude Claudette et Madeleine ainsi compagnie de son Maine
toute une rangée dans le hall ça ne vous dérange pas tant que Randy à son bureau Coon rouquin qui mesure 1
de la gare. Ce ne sont pas que ça … J’ai déconné, je le pour les questionner. mètre de long sans la queue
des cabines téléphoniques reconnais, mais j’ai les nerfs à - Gino, il faut dire la vérité au et que Victor ne cesse
privées et discrètes comme vif ici, il y a un climat malsain, Shérif, que vous êtes détective d’observer en se demandant
chez nous, non, il y une j’ai hâte de clore cette affaire privé. Proposez de travailler de si c’est vraiment un chat ou
dizaine d’appareils sans cloi- et de repartir chez nous, et conserve avec lui, la main dans non, car « Elvis » (oui, c’est
son pour les séparer qui j’espère que la mère Jessica va la main, pour lui soutirer le plus le nom du chat) ne semble
sont offerts aux besoins des nous filer un peu plus de fric… d’infos possibles, y a que lui qui absolument pas agressif
passagers qui de ce fait gueu- - Je plaisantais Gino, bien sûr peut nous aider vraiment dans (contrairement aux matous
lent chacun dans son appa- que je viens avec vous, lui dit- ce merdier, lui conseille Clau- d’Eden Plage qu’il connait et
reil pour arriver à se faire elle en lui tapotant l’épaule. dette. avec lesquels il est souvent
comprendre de son corres- A ce moment,une des ploucs - Je crois bien que vous avez en bagarre, surtout avec le
pondant. Tous les postes venait de terminer sa con- raison Claudette, allons-y de ce «Marcel» de la mère Pipelet
sont occupés. Gino piaffe versation et laissait la place pas ... mais on n’a plus la Vaux- qu’il ne peut pas blairer et
d’impatience. Il est bien ner- au détective. Il eut bientôt hall, comment on va y aller? qui ne peut pas le blairer
veux notre Gino depuis qu’il Madame Morton au télé- Gino fait l’innocent car il a non plus, mais qui lui man-
est aux States. Il se demande
Le feuilleton
Les trois cas (suite du chapitre 10)
que quand même). Clau- Police, coincé entre une train de piquer une crise de comme un forcené et en
dette est enchantée. Pour la église Baptiste et un coiffeur. nerfs et un flic en train de lui louchant sur les petites fran-
forme et la sortie, elle a Le bâtiment est en briques gueuler dessus. Claudette et çaises entre deux lignes
revêtu une robe en mousse- rouges comme tous les bâti- Madeleine se regardent avec tapées.
line rose à volants décolle- ments officiaux. Quatre inquiétude. Après les formules d’usage
tée, godasses assorties. Elle a véhicules Ford au nom du Johnson est vautré dans son concernant leur état civil,
prêté à Madeleine une robe Comté de Jefferson sont fauteuil directorial, les pieds présentation de leurs passe-
jaune serin dans le même garés devant l’entrée. Dra- sur son burlingue, un mug à ports, premières questions
style. Gino les a regardées peau américain et de l’Etat la main (grande tasse à café préliminaires concernant
d’un œil torve, mais n’a fait d’Alabama (un camélia avec un dessin de Mickey leur emploi du temps de la
aucun commentaire, ne vou- rouge) sur la façade. Un dessus). Billy Joe est avec lui. veille, le tout dans un chara-
lant pas commencer la jour- planton de service se trouve Il lui lit un compte rendu de bia fatigant mi-angliche/mi
née par des critiques suivies près de la porte en verre à dossier. L’arrivée de Cloclo français, le Shérif en vient
d’une dispute. double battant. dans ses volants roses et de finalement au meurtre de
Le bureau du Shérif Johnson. Madeleine déguisée en cana- Monsieur Morton. Il leur
Le bureau est situé un peu Ils grimpent les 4 marches ri, les laisse sans voix. Ils ne demande s’ils soupçonnent
en bordure de la ville, car menant à l’entrée, discutent sont pas habitués à voir des quelqu’un, si Monsieur Mor-
c’est le plus près de la plan- avec le planton qui finit par nanas en talons et en décol- ton avait des ennemis, s’il
tation Morton qui dépend les laisser entrer, (avec une leté (à part les putes qu’ils trompait sa femme, si elle le
de sa juridiction. Dans une méfiance toute sudiste) et arrêtent de temps à autre trompait, s’il avait des pro-
petite rue bordée de mai- les conduit jusqu’au bureau dans les bars mal famés de la blèmes … Puis tout d’un
sonnettes en bois blanc, avec de Johnson. Ils traversent la ville). Johnson décide d’agir coup, il lâche une bombe,
une pelouse devant, un jardi- première salle, bureaux, en gentleman du Sud, il retire d’un coup, comme ça, en les
net derrière et un drapeau chaises et murs en bois som- ses panards de son bureau, surveillant tous derrière ses
américain sur presque tou- bre, les murs bardés d’affi- se lève, vient vers les donzel- grosses lunettes.
tes les façades. Entre les mai- ches à la recherche de les et leur présente à cha- - Bill Dixon, vous connaissez ?
sons il y a quelques com- voleurs, violeurs ou escrocs cune une chaise inconforta- Ils secouent tous la tête
merces de temps à autre, un et de personnes disparues ble en bois de merisier. Gino négativement.
garage, un magasin d’antiqui- (principalement des a droit à une troisième chaise - Un motard, il conduit une
tés, un petit épicier présen- mineurs). Deux officiers et qu’il doit se prendre lui- Harley, un blond, yeux clairs, un
tant ses pastèques et ses une secrétaire femelle s’acti- même et Randy doit rester mec qui a un garage Harley ?
épis de maïs, un coiffeur, et vent à du classement tout en debout car il n’y a plus de Johnson se fait inquisiteur, il
des églises, ah ça, des églises, buvant du caoua. Ils regar- chaises. Le Shérif reste insiste. Cloclo pousse un
il y en a une tous les cin- dent les nouveaux arrivants debout et commence son gloussement de dinde.
quante mètres, Baptistes, d’un œil neutre.Trois péquins interrogatoire. Billy Joe s’est - Mais oui, le beau biker avec
Méthodistes, Presbytérien- du coin sont sur un banc, en assis à son petit bureau et qui on a discuté au bar Har-
nes, Eglise du Christ, etc ... attente d’être reçus. Dans tape le rapport tout en ley… Pourquoi ? Qu’est-ce
Puis enfin, le Bureau de un bureau mitoyen, on mâchant son chewing- gum qu’il a fait ?
entend des cris, une folle en
Le feuilleton
Les trois cas (fin du chapitre 10)
Johnson se penche vers mativement. s’empêcher de souffler dans une bière, rigole, retape dans
Claudette, très intéressée - Yes Mister Gino, nous avons l’oreille de Claudette, la cha- le dos de ses potes, puis il
par cette exclamation. trouvé les empreintes digitales touillant avec sa grosse remonte sur sa bécane et
- Yes ! The biker ! Alors que de Billy Bob (oui, il a deux pré- moustache : s’envole gracieusement sur
savez-vous de lui ? Il est venu noms, ça se fait aux USA) sur - Samedi soir, il y a une soirée la route. Gino embraye
hier à la Plantation ? une bouteille de bière qui a été Square Dance au Club Heart immédiatement et ils le sui-
- Mais je n’en sais rien, fait jetée dans l’allée des Morton of Dixie. Je me ferai un plaisir vent pendant une demi-
Cloclo, nous on arrivait de … Que venait-il faire là ? de vous initier à notre folklore. heure sur l’interstate 20
l’aéroport … Nous avons ses empreintes 18h, mettez la même robe. jusqu’à l’embranchement
Gino sent que c’est le depuis une bagarre dans un Votre copine, elle peut venir d’un bled qui se nomme
moment pour lui d’interve- tripot il y a quelques mois. Il a aussi, mais sans son mari … « Black Creek ». Une petite
nir. Il sort sa carte de détec- massacré un mec du coin et il enfin comme il est dans le route sinueuse dans la
tive privé, se lève et la mon- a fait de la taule pour ça. Le coma, il ne pourra pas venir de cambrousse et qui atterrit à
tre au Shérif. Johnson ne pige mec s’en est sorti, mais il l’avait toute façon. Et il lui baise la l’entrée d’un camping
pas le Français, mais il com- drôlement amoché. Il faut le main. « Black Creek Camp » qui
prend quand même. Il se ras- surveiller.Voulez-vous le faire ? se trouve au bord de laWar-
soit à son bureau et con- Je n’ai pas énormément d’effec- Chapitre 11 rior River (la Rivière du
temple Gino un instant en tifs, mais je peux vous faire pro- Guerrier, un bras du Missis-
silence. téger au cas où… Je le soup- Vendredi sippi). Il y a des vans, des
- Vous êtes détective, vous êtes çonne d’être dans un trafic de On piste Billy Bob Dixon. camions, des motos, des
ici en Alabama en mission ? whisky clandestin, trouvez où ils Gino et Claudette sont un camping-cars, du monde,
Gino, aidé de Randy et de fabriquent leur alcool et je vous peu en retrait du Saloon hommes, femmes et enfants
Madeleine, lui raconte tout, donnerai toutes les infos dont « HD Buddies », sur le par- en short et en maillot de
les menaces, le champ de vous avez besoin pour vous king de l’Eglise du Christ, de bain, venus passer la journée
maïs brûlé, les pauvres aider dans votre enquête. l’autre côté de la rue, cachés sans doute à pique-niquer et
vaches assassinées, le bar - OK, ça marche… Et le Klan, derrière un arbre. Ils sont en à pêcher et à faire du bateau.
des Hells Angels, la conver- qu’est-ce que vous en pensez moto et ont vue sur l’entrée Une baraque à sandwiches
sation avec Bill et Jerry Lee ? On peut les suspecter aussi, du Bar de motards. Gino se vend des hot dogs, des ham-
et le magasin K. non ? Demande Gino. souvient que Billy Bob avait burgers et du coca, et une
- Il me semble que certaines de - Billy Bob d’abord … après je dit avoir une 250cc rouge et autre baraque près de la
ces personnes pourraient être vous donne des infos sur le noire. Elle n’est pas encore rivière loue des bateaux en
suspectes dans l’assassinat de Klan, mais vous avez carte là, mais vingt minutes plus aluminium à fond plat, à
Jim Morton, ils peuvent lui en blanche, faites comme bon tard, alors qu’ils commen- rames et à moteur. Gino et
vouloir d’embaucher des noirs vous semble. cent à se décourager, elle Claudette aperçoivent le
et de protéger Sammy et sa Maintenant il signale que arrive en pétaradant. Le mec Billy qui a décidé de
femme Française, lui expose l’entretien est clos. Il se lève beau Billy descend de son louer un bateau. Il a garé sa
Gino. pour raccompagner ces engin, il tape dans la main de belle HD à l’endroit réservé
Johnson hoche la tête affir- dames à la porte et ne peut quelques copains qui sont aux motards et il s’apprête à
restés dehors. Il discute, boit
Le feuilleton
Les trois cas (suite du chapitre 11)
monter dans son rafiot. Claudette, curieuse, avait Gino lui arracha les jumelles ses jumelles. Il vacille dans le
Gino et Cloclo se dépê- ouvert les sacoches de la des mains, il batailla avec elle bateau qui menace de se
chent de garer leur engin et Harley et elle avait trouvé un moment, puis, soudain, en retourner. Cloclo crie de
d’aller également louer un des jumelles. Elle les mit effet, il eut en plein dans les plus belle, elle s’était levée,
bateau pour suivre Billy sur dans son fourre-tout en fai- yeux, l’image d’un indien, mais elle tombe son cul par
la rivière. sant remarquer à Gino qu’ils avec des nattes et des plu- terre dans le plat du
-Vous êtes sûr de vous ? ques- en auraient peut-être besoin. mes, armé, non pas d’un arc, bateau… en effet plusieurs
tionne Cloclo avec angoisse. Billy était devant eux, sans se mais d’une carabine. Et Billy serpents noirs (des black
Elle regarde le paysage douter qu’il était suivi. Il Bob qui arrivait près de lui. diamonds) avec des losanges
autour d’elle et c’est vrai- ramait énergiquement et - Ça alors, ah ben ça alors, verts foncés sur le dos, sont
ment très sauvage, beaucoup passait adroitement d’une s’exclama Gino en dévorant en train de passer la tête
de végétation, l’eau de la crique à l’autre, comme s’il la scène de ses beaux yeux dans l’idée de ramper
rivière est vert olive, avec de avait fait ça toute sa vie. de braise alors que Clau- perfidement à bord, dans
grandes trainées d’algues et Quelques minutes plus tard, dette tentait de lui repren- l’espoir de trouver un truc à
de plantes aquatiques qui se il accostait son bateau plat à dre les jumelles. manger, poisson ou autre. Ils
baladent dessus et dedans. un poteau planté dans la - Laissez-moi tranquille Clau- sont au moins quatre qui
La rivière semble faire des vase devant un petit chemin dette, je vous raconterai, expli- avaient attendu patiem-
méandres compliqués qui se qui montait en hauteur vers que Gino … d’ abord, il n’y a ment, tapis dans l’eau
transforment en criques un terrain buissonneux en qu’un indien, et pas DES opaque que quelqu’un
vaseuses par endroits, plei- surplomb. Il ne se doutait indiens ! Et lui et Billy ne s’arrête près d’eux pour les
nes de troncs d’arbres, le absolument pas qu’il était sont pas contents. Les deux attaquer.
tout bordé d’herbes, de suivi par les Français avec qui mecs ont l’air de s’engueu-
plantes, de buissons touffus il avait sympathisé la veille. ler… Tiens, l’indien porte Gino se saisit d’une des
et d’arbres impressionnants. Gino s’arrêta de ramer. Il une jarre couverte de paille, rames et se met à taper
Il y a des cris d’animaux resta plusieurs mètres en je parie que c’est du whisky, comme un forcené sur les
inconnus, des oiseaux princi- arrière à l’abri d’une autre on a trouvé la planque des bestioles qui ouvrent la
palement, mais aussi d’autres petite crique verdâtre, en bootleggers … c’est dom- gueule pour protester. Il crie
choses étranges qui foutent attente de voir ce qui allait mage, on ne peut pas y aller, à Claudette d’en faire autant.
la trouille. se passer. Claudette avait mais Johnson sera content. La môme Cloclo, en pleurs,
- Montez Claudette, ordonne sorti les jumelles et elle Gino aussi est content, il se met à taper dans le tas en
Gino, maintenant qu’il a payé réglait leur vue de manière à rigole en donnant tous ces priant laVierge Marie et tous
son dû au gros plouc de la suivre la montée de Billy détails à Claudette. les saints du paradis de venir
cabane de location. On ne vers le terrain plus haut. Mais soudain, la mère Clau- à leur aide. Les quatre salo-
met pas le moteur, je rame, Tout d’un coup, elle poussa dette pousse un hurlement. peries abandonnent, ils
cramponnez-vous, je parie que un cri étouffé. - Gino ! Attention, il y a des ser- replongent dans les eaux
Billy a autre chose à faire qu’à - Gino, y a des indiens là-haut ! pents qui grimpent dans le noirâtres et battent en
pêcher… D’ailleurs il n’a Ils sont armés ! Ils vont nous bateau ! retraite. Il a dû y avoir des
même pas de canne à pêche. voir et nous attaquer ! Gino se retourne, il en lâche blessés, car l’eau se teinte en
rouge.
Le feuilleton
Les trois cas (suite et fin du chapitre 11)
- Pitié, Gino, on se tire d’ici, allez vers leur moto sans deman- noire qui attend patiem- dans l’enveloppe en plasti-
on rame, on retourne, on der leur reste. Claudette se ment qu’elle se décide. La que qui explose et qui fait
retourne en France … putain cramponne à son pote en fille (son nom est Sharona, que le ketchup lui gicle dans
on n’a pas ça sur la plage chez sanglotant et lui dit : écrit sur sa blouse) a du mal la figure, sur les cheveux et
nous ! - Faut rentrer Gino, faut rentrer à comprendre l’accent à sur tout le devant de son
Elle hoquète, elle a du sang en France … couper le beurre de Clau- T-shirt. Elle reste interdite,
de serpent sur son T-shirt Ils sortent du Camp, se dette. Mais dix minutes plus tandis que Gino explose de
Harley, sur son jeans et sur retrouvent sur l’autoroute, tard,Claudette peut s’asseoir rire, il se tord littéralement
ses mains. Le teint de Gino a qui indique un Mac Donald à dans un box avec son pla- sur son siège. Il ne peut pas
viré au vert caca d’oie. Il a la la prochaine sortie. Gino, teau qui regorge de bouffe à s’arrêter. Les ricains autour
nausée. Il se saisit des deux encore tout émotionné de la mode US. Gino n’a pris d’eux se mettent à rire éga-
rames, fait un demi-tour et ce qui vient de se passer, qu’un hamburger, pas de fri- lement. Mais ils sont sympas,
rame comme un fou jusqu’à prend la sortie et se dirige tes, pas de ketchup, juste un ils se précipitent avec des
l’embarcadère, après s’être vers le Mac Do en question. coca et une « petite » glace serviettes en papier, une
trompé de chemin trois fois. - Venez Cloclo, je vous paye un à la vanille. Les « petites » dame lui essuie les cheveux,
Ils laissent le bateau sur la coca,. J’ai besoin de me retaper glaces aux USA sont l’équi- une autre essuie la table.
berge, en sortent en trem- moi aussi. valent de nos trois sinon Claudette, vexée, décide
blotant, sous les yeux surpris Elle lui est fortement recon- quatre boules en France. Il finalement de rire aussi.
des pêcheurs et des pique- naissante de cette attention, regarde sa secrétaire avec - On dirait qu’on vous a tiré
niqueurs. Un grand mec en et une fois à l’intérieur du reproche. dessus, Claudette, constate
salopette et chapeau de restaurant moderne tout en - Cloclo, vous allez être malade Gino, un peu plus sérieux.
paille leur demande : aluminium et en plastique avec toute cette bouffe, ose-t- Vous en avez plein le T-shirt,
-You’re OK ? (ça va ?). (rouge pour les banquettes), il dire. comme si vous aviez reçu une
Gino secoue la tête, Cloclo elle reprend vite du poil de - Mais non, ne vous en faites balle !
le suit comme une auto- la bête à la vue des différents pas, fait-elle la bouche pleine. - Dites-le pour rire, fait-elle …
mate. Elle regarde le mec et sandwiches offerts. Faut reprendre des forces J’ai plus faim … On rentre ?
arrive à articuler : - Waouh, ça me rappelle la quand on a eu une émotion. Et
- Snakes … black snakes …. base d’Evreux, le mess Hall, ces serpents m’en ont filé une (À suivre...)
Le bouseux rigole dans sa vous vous souvenez Gino ? … sacrée d’émotion, continue-t-
moustache. Il vient d’attra- Tiens, je vais prendre deux ou elle en essayant d’ouvrir un Retrouvez la suite
per un gros poisson au bout trois hamburgers, avec du ket- petit container en plastique des aventures de Gino
de sa ligne. Il raconte aux chup, des frites, et une grande de ketchup.
autres ce que Claudette glace à la vanille en dessert. Et – zut, fait-elle, c’est pas prati- le mois prochain.
vient de dire. Ils s’esclaffent vous ? que ce truc-là, comment fait-on Adressez-nous vos
tous. Ils sont habitués, eux. Et sans attendre sa réponse, pour ouvrir ça ? Ah, ça y est… commentaires à :
Gino et Claudette repartent elle commande à la serveuse Et elle plante un ongle acéré [email protected]
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fleur d’oranger, jasmin, lait, figue, lavande ou algues broyées...).
La fabrication des produits repose sur des procédés qui trouvent leurs origines dans la plus pure
tradition du savon et de la parfumerie, certains puisant parfois leur inspiration dans de vieilles
recettes de nos grands-mères. La Savonnerie de Bormes, consciente de ses responsabilités,
garde toujours à l’esprit un impératif « La Qualité ».
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Retrouvez ici un jeu de cartes, permettant de manipuler des petits kangourous colorés.
Ce jeu permet à l’enfant d’apprendre les notions d’attaque et de défense. Il tente d’attraper le maximum de
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Attention, les autres joueurs peuvent lui prendre ses kangourous s’il n’a pas les cartes lui permettant de
se défendre. Les parties de Kang-a-roo sont rapides.
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