ARTICLE_Les bénévoles en équitation thérapeutique

Les bénévoles Courrier Hippique Volume 28  •  no.5 Le contexte
en équitation
thérapeutique : ©Debra Jamroz/professionalsphoto.com L’équitation thérapeutique est l’appellation générique qui dé-
la compétence signe toutes les formes d’activités équestres pensées pour des
et le dévouement personnes aux prises avec une déficience, qu’elle soit d’ordre
physique, psychologique ou comportementale. Le concept
Par Nathalie Laberge regorge de potentiel : un professionnel qualifié, soit un édu-
cateur spécialisé, un ergothérapeute, un physiothérapeute ou
Nous sommes en décembre 2007, Jacques Lorrain s’apprête à un psychologue, collabore avec le cavalier et son instructeur
partir pour le Costa Rica. Il n’en est pas à son premier voyage, d’équitation. Ensemble, ces intervenants travaillent à établir
et l’administration des vaccins est une procédure de routine. des objectifs pour le cavalier présentant des besoins spéciaux.
Mais cette fois, quelque chose ne tourne pas rond : une réaction Ces objectifs seront physiques, psychologiques, éducationnels
adverse, inattendue et fulgurante. Quatre heures plus tard, ce ou techniques, selon le cas. Mais dans la majorité des cas, l’acti-
cavalier de 30 ans d’expérience en chasse et saut d’obstacles, vité vise l’apprentissage de techniques d’équitation dans un but
adepte de dressage et ancien compétiteur du CDI de Blainville, thérapeutique. Dans ce contexte, le cheval devient un outil de
est paralysé sur tout le côté droit ! S’ensuivront les séjours à thérapie, et le bénévole apporte un soutien tant à l’équipe de
l’hôpital, les rondes de tests... Cet amoureux des chevaux et professionnels équestres, qu’au cavalier lui-même. Une tâche
des grands défis sportifs allait alors découvrir l’autre côté de la colossale… Car quand Jacques Lorrain renoue avec les che-
médaille équestre. vaux, tout est à rebâtir. Maîtrise de son propre corps, coordina-
tion, tonicité musculaire… La confiance en ses moyens, aussi.
24 « Ce qui m’a d’abord impressionné, c’est le dévouement et la patience de
ces gens », dit-il avec une révérence bien sentie. Pour lui, l’im-
pact se trouve dans tous ces petits gestes qui font une grosse dif-
férence. La main qui stabilise le pied dans l’étrier, le marcheur
qui rassure le cavalier en selle, le petit mot d’encouragement.
« Leur présence est très sécurisante pour des gens qui se sentent et qui
sont, effectivement, très vulnérables », confie M. Lorrain.

L’intervention

La présidente de l’Association canadienne d’équitation thé-
rapeutique (l’ACET), Mme Éliane Trempe, abonde dans le
même sens. « Tout comme on dit, pas de pied, pas de cheval, on pour-
rait bien dire, pas de bénévoles, pas d’équitation thérapeutique ! ». Mme
Trempe œuvre aussi à titre de secrétaire de la Fédération
québécoise d’équitation thérapeutique, un organisme dont
la mission consiste notamment à promouvoir la pratique
de l’équitation thérapeutique pour les personnes ayant des
besoins spéciaux. La FQET regroupe une douzaine de centres
certifiés à travers la province, qui interviennent auprès de quel-
que 360 bénéficiaires. Ses bénévoles, dont on estime le nom-
bre autour de 500 personnes, représentent donc une denrée
précieuse et toujours en demande. « J’ai une profonde estime et
une grande admiration pour les bénévoles qui s’impliquent en équi-
tation thérapeutique. Nos gens font preuve d’un grand dévouement et
d’une impressionnante générosité envers les cavaliers qu’ils apprennent
à connaître et à aimer », atteste cet instructeur équestre FEQ/
ACET/FQET et directrice de Les Amis de Joey, un programme
d’équitation thérapeutique qui permet à des personnes attein-
tes de déficiences physiques et intellectuelles de surmonter
leurs difficultés avec l’aide des chevaux. « Ces bénévoles travaillent
dur physiquement; ils rassurent les cavaliers et les encouragent à persé-
vérer. Ils sont partie prenante de l’équipe, et ils sont indispensables à la
tenue de nos activités. »

La clientèle…

Les cavaliers en équitation thérapeutique et, par extension,
la zone d’intervention des bénévoles, est large et très variée.
Convalescents d’accident vasculaire cérébral, personnes

FORMATION DES ACCOMPAGNATEURS – MODULE 1

atteintes de maladies dégénéra­ • Connaissance des techniques équestres de base du cavalier spécial. Les fonctions
tives, victimes de traumatisme • Sécurité des cavaliers et des bénévoles des bénévoles sont variées et exi-
crânien, accidentés de la route… • Connaissances de base des différentes clientèles geantes, car les instructeurs font
Les afflictions de type psycho­ • Formation en relation d’aide appel à leur soutien, mais aussi
social font également partie • Apprentissage des techniques du meneur et des à leur créativité. Les bénévoles
de la clientèle-cible de cette accompagnateurs sont partie prenante du processus

équi­t­ation spécialisée : on songe d’équitation thérapeutique, et ils
notamment aux enfants présentant des problématiques sont appelés à développer plusieurs compétences connexes
d’adaptation psychosociale, par exemple la déficience à leur champ d’intervention. « Les points majeurs de notre for-
intellectuelle, l’autisme, les déficits neurologiques et sen- mation rejoignent ceux de la formation offerte par l’ITA de La Po-
soriels, aussi les jeunes aux prises avec des troubles de catière », explique Éliane Trempe, qui a rédigé un manuel de
l’humeur, des difficultés d’apprentissage scolaire ou des pro- formation à l’intention des bénévoles. En fait, le Module 1 de
blèmes de santé mentale. Cette grande sphère d’intervention la formation de base pour les accompagnateurs et accompa-
englobe aussi les adultes aux prises avec des troubles de toxi- gnatrices en équitation thérapeutique comprend 36 heures
comanie et des problèmes de violence. Oui, l’équitation thé- de théorie et de pratique pour des intervenants qui seront
rapeutique ratisse large, et le cheval est un merveilleux outil appelés à agir sous la responsabilité d’un instructeur qualifié
de thérapie. Mais pour le bénévole à pied d’œuvre parmi tou- en équitation thérapeutique. Ce Module 1 permet à l’aspirant
tes sortes de professionnels, et au service de ces cavaliers bien accompagnateur de mesurer ses compétences équestres, par
particuliers, encore faut-il savoir comment intervenir ! exemple :

La formation – Comment aborder un cheval au box ou dans un entre-
deux de façon sécuritaire ;
Les bénévoles sont des accompagnateurs dévoués et géné-
reux, certes, des facilitateurs de thérapie, assurément. Mais – Comment faire marcher un cheval, attacher un cheval,
ils sont aussi des intervenants compétents. Il faut savoir que l’hygiène et le pansage ;
pour œuvrer au sein des centres sanctionnés par l’Association
canadienne d’équitation thérapeutique, les bénévoles doivent – Harnachement : l’équipement, l’ajustement et l’entretien ;
d’abord recevoir une formation. Cette formation leur fourni- – Initiation à la monte : arrêt et départ (au pas), les exercices
ra les outils nécessaires à agir de façon sécuritaire et efficace,
tout en mesurant la portée de chaque geste posé à l’égard d’assouplissement, les figures de manège, les jeux.

©Debra Jamroz/professionalsphoto.com Courrier Hippique Volume 28 •   n  o.5

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voles aiment les gens, et ils apprécient toute l’importance d’un contact
humain ». Selon Mme Robin, l’efficacité de l’échange entre le
bénévole et le cavalier repose sur le principe même de la zoo-
thérapie. « Il faut comprendre ici que l’effet positif se produit dans
les deux sens », précise celle qui est aussi professeure à l’École
internationale de zoothérapie de Montréal. « Le bénévole et l’élè-
ve s’admirent mutuellement, et ils apprennent l’un de l’autre. Il en 
résulte une meilleure éthique de travail chez l’un comme chez l’autre.
Le cavalier est reconnaissant, et
il travaille plus fort pour repous-
ser ses limites. Le bénévole se sent « Le bénévole et l’élève
important pour son élève, et il s’admirent mutuellement,
se crée un lien profond entre les et ils apprennent l’un de
deux. » La première règle en l’autre. »

zoothérapie étant de connaî-
tre autant son animal que soi-même, ce n’est pas un hasard
si les dix chevaux du centre équestre sont aussi les thérapeu-
tes équins de la fondation. « Les chevaux qui sortent en com-
pétition sont exposés à toutes sortes de stimuli, et peu de choses les 
effraient. Ils bénéficient de l’exercice qui leur est nécessaire, et ils sont
plus équilibrés », explique cet instructeur FEQ/ACET/FQET.
Courrier Hippique Volume 28  •  no.5 Cette notion d’équilibre, tant chez les chevaux que les hu-
mains, est cruciale dans une démarche de longue haleine. « Il
©Debra Jamroz/professionalsphoto.comy a ce sentiment de vouloir venir en aide qui est la fondation même,
© Centre d’équithérapie La Remontéeet aussi le plus grand pouvoir, de l’intervention bénévole », résume
Mme Robin.

Les compétences « humaines » ne sont cependant pas en Caroline Lavoie, bénévole au Centre d’équithérapie La
reste. Ainsi, le bénévole est aussi appelé à mesurer ses aptitudes Remontée depuis trois ans, témoigne aussi de ces associations
auprès des clientèles-cibles. Il est interpellé par une vocation durables qui profitent tant au pourvoyeur de services qu’à
sociale, et il sera mis au défi dans des échanges avec des person- son récipiendaire. « Il faut vraiment le vivre pour en saisir toute
nes en difficulté. En somme, le bénévole établit une relation la portée », atteste la jeune femme. « La démarche nous sollicite
d’aide. À la base, un bon accompagnateur doit être observa- beaucoup émotivement. Je suis toujours impressionnée par le courage
teur. Il est sensible aux besoins du bénéficiaire et apte à ini- des cavaliers, et aussi par la convic-
tier, avec ce cavalier particulier, une forme de communication tion de leur entourage. » Mme
verbale et non verbale qui motivera cette personne qui lutte Lavoie, qui a d’abord reçu la « Chaque cavalier est
à s’exprimer. Dans le jargon du métier, c’est ce qu’on appelle formation de l’ITA La Poca- différent, et nécessite une
l’écoute active. La formation du bénévole lui enseignera aussi tière pour les accompagnateurs approche personnalisée.
les démarches à suivre en cas de crise d’anxiété psychotique, et en équitation thérapeutique Il nous faut donc
le protocole à appliquer en situation de crise tout court. dans le but d’apprendre la constamment adapter la
manipulation sécuritaire des technique et l’équipement
chevaux, s’est vite trouvée à ap- à la difficulté particulière
précier le volet « humain » du de l’élève .»
curriculum. « La formation nous

La motivation

Pour Coralie Robin, propriétaire du Centre équestre Cora-
lie Robin et directrice de la Fondation l’Étoile bleue, le volet
thérapeutique de l’entreprise, un bon bénévole est d’abord un
fin psychologue. C’est aussi une personne respectueuse d’elle-
même, disciplinée et attentive aux besoins d’autrui. « Les béné-

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initie aux différents types de clientèles des- La signature Promat
servies par l’équitation thérapeutique, et
nous sommes mieux préparés aux réalités Concept de recouvrement de plancher
sur le terrain », soutient Mme Lavoie.
« Chaque cavalier est différent, et nécessite Breveté aux États-Unis sous le
une approche personnalisée. Il nous faut numéro 5653195
donc constamment adapter la technique et Brevet canadien en cours d’homologation
l’équipement à la difficulté particulière de 
l’élève .» STABLECOMFORT SOUPSA-RTTAIPCIUSIMLRBEPERSECERDOVMEUEVÉTCARÉABEOCLMUOEETMDNCPH’TUOODNSUEÉECPDSLEEAUNLCEHPEIÈRCE Courrier Hippique Volume 28 •   n  o.5

Fidèle à ce souci de rendre la procure une surface
pratique équestre plus accessible, le non glissante et
centre s’est doté d’une voiture attelée confortable qui
spécialement adaptée aux personnes préserve la
en fauteuil roulant. Acquise grâce à souplesse des
la générosité des bienfaiteurs, cette articulations, réduit
voiture, importée d’Allemagne par le l’enflure des
meneur Eugen Hug, est une première membres et élimine
en Amérique du Nord. « Cet équipement les blessures aux jarrets.
nous permet d’offrir une autre forme de  Environ un an après
thérapie aux personnes qui n’ont pas le tonus installation, vous aurez
du tronc requis pour monter en selle », expli- récupéré votre investissement !
que Caroline Lavoie avec enthousiasme.
« C’est aussi une belle occasion d’activité MARTINE TORRÉGROSA, représentante Promat Inc.
familiale pour les personnes handicapées. » Tél. : 450-658-5027 Téléc. : 450-658-6721 [email protected]
Pour cette jeune femme engagée et gé-
néreuse d’elle-même, le travail bénévole Demandez notre brochure et notre vidéo gratuits !
comporte son propre salaire… « Le sou-
rire de ces personnes, souvent très atteintes, est
une récompense extraordinaire. Transmettre
l’amour des chevaux, pour ensuite voir nos
cavaliers spéciaux revenir avec des pommes et
des carottes, ça n’a pas de prix ! »

Pour en savoir plus sur la nature de
l’équitation thérapeutique et les centres
spécialisés, visitez le site de la Fédéra-
tion québécoise d’équitation thérapeu-
tique au www.fqet.org.

L’auteure remercie M. Jacques Lorrain,
cavalier en équitation thérapeutique ;

Mme Éliane Trempe, présidente de l’ACET,
secrétaire de la FQET et directrice de
Les Amis de Joey ;

Mme Coralie Robin, directrice la Fondation
l’Étoile bleue www.freewebs.com/
equitationtherapeutique/centreequestre.
html ;

Mme Caroline Lavoie, bénévole au Centre
d’équitation thérapeutique La Remontée,
www.centredequitherapielaremontee.
com, pour leur généreuse collaboration.

Promat Inc. • www.promatinc.com • 888 337-6265

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