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Rêvé-là-Tions
Recueil de Poésies de Véronique Anne




Les poèmes de Véronique Anne sont un Voyage de l’Etre pour l’Imaginaire de Chacun. Dans ce 4ème Recueil Véronique Anne utilise un langage poétique moderne pour exprimer, dénoncer, poser des maux de notre quotidien.
« Créons l’Eternité. » Eos




Sommaire
2 Adieu Simone
4 Temps suspendu
6 Petites victoires
8 Vous les Elégants 10 Qui téléphone? 12 Nos Alcoolismes 14 Ma Terrasse 16-18 Solitude Bretonne 20 Tu écris
22 L’accordéoniste 24 Ô toi, homme de foi


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Adieu Simone
Tu as souffert dans ta chaire, Tu as retenu de cette expérience ultime le sens du combat Et le talent de cultiver l’espoir, coûte que coûte. Tu t’es battue contre les tiens, diffamants, avec acharnement. Tu as libéré les femmes de solutions abjectes. Tu as sauvé la vie de beaucoup d’entre elles. Tu leur as donné un choix ultime et intime. A travers ce choix, tu leur as donné la possibilité de grandir. De se défaire du joug des hommes ou bien de décider avec eux. Tu as fait grandir ton pays. Tu as fait grandir des femmes. Ta vie aujourd’hui résonne en moi. En mon nom uniquement, je tiens à te dire : « Merci et adieu Simone ».
Véronique Anne
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Temps suspendu
Le silence se fait en moi, Empli de tout ce brouhaha : Des idées, des pensées Que je laisse ler.
Mon corps au repos,
Avec rien sur le dos,
Je baigne dans une eau tiède. Je n’ai pas besoin d’aide.
Bloquer le temps sur l’instant. Calmer la course et ses mouvements, Pour moi, c’est devenu vital. C’est ma quête du Graal.
Véronique Anne
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Petites victoires
Nous les vauriens, nous les affreux,
Les perdants, les nécessiteux,
Un jour vous montrerons qu’il n’est pas honteux De petites victoires sur nous-mêmes gagner, heureux.
Vous là-haut vous vous croyez supérieurs, Vous êtes le Malheur !
Véronique Anne
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Vous les Elégants
Vous qui nous prenez de haut, condescendants, Vous qui vous regardez dans vos miroirs, nonchalants, Vous qui nous dédaignez en tout point si souvent, Vous qui êtes, dit-on,
des élégants.
Vous qui vos masques arborez en tout temps, Vous les sûrs de vous, les justes, sacrés malentendants, Vous qui vous targuez de nous être supérieurs, chiens errants,
Vous qui nous faites croire que rien nous ne valons, vous les élégants.
Vous qui rêviez d’une autre vie plus piquante, avant, Vous qui menaciez de quitter votre clan, jeunes étudiants, Vous qui, nalement, bien gentiment,
êtes rentrés dans le rang,
Vous qui nous enviez notre liberté et nos purs élans, vous les élégants.
Véronique Anne
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Qui téléphone?
Tu me téléphones. Je ne te téléphone pas. Je te téléphone, tu ne me réponds même pas. A la benne ce foutu téléphone, que du tracas. A la porte ces textos qui nous empêchent de vivre, là.
Je te téléphone et j’attends que tu me dises tout ça. Mais, pris tu es, tu ne t’en inquiètes même pas. Seule au bout du l, à attendre, je reste là. Seule au bout du l, alors, de rage, j’appelle papa.
Et si, par malheur, tu raccroches trop vite, Et si, par erreur, tu oublies de m’appeler, notre rite, Alors, de cet impair, suis toute chafouine, tu le mérites, Alors, très vite, ne suis plus si câline, vexée telle un hobbit.
Véronique Anne
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Nos Alcoolismes
Qu’ils soient vulgaires ou mondains, Qu’ils soient bretons, normands ou parisiens, Qu’ils soient festifs ou quotidiens, Qu’ils soient joyeux ou pitoyables,
Nos alcoolismes nous perdront.
Sacrée bouteille, tu ne m’aides pas. Jolie bouteille, tu te joues de moi, Putain de bouteille, je suis tout à toi. Emmerdeuse bouteille, ma vie tu n’auras pas. Salope de bouteille, tu ne m’enterreras pas.
Trop nombreux sont ceux qui irtent avec la mort, Quand en plus ce n’est pas au volant.
Véronique Anne
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Ma Terrasse
Le vent est fort. Le thé glacé bien frais. Le soleil en n est apparu. Des parents discutent avec leurs enfants. De jeunes couples s’échangent des regards langoureux. De vieux marins refont le monde devant un verre de blanc. Un ami arrive pour l’apéro : déjà 19h00. La Ria est là, tout près, immuable, éternelle, accueillante. Ma terrasse reçoit tout ce monde : jeunes et vieux, riches ou pauvres... Ma terrasse accueille, ensoleille, émerveille, rajeunit, rit. Ma terrasse amboie le vendredi soir et parfois juste comme ça. Ma terrasse explose parfois mais il y a toujours des médiateurs pour arranger tout ça. Ma terrasse jubile souvent, blagues salaces et vieux Rhum mélangés. Ma terrasse pleure aussi, tel moi, par un jour d’effroi. Ma terrasse s’esclaffe si souvent et la musique y règne bien souvent. C’est ça que je viens chercher ici :Mon havre face à la Ria.
Véronique Anne
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Solitude Bretonne
Relier ces deux mots
Solitude et Bretagne, Ça sonne comme tellement faux, Ça sonne comme plate montagne.
Et pourtant, ce soir, mes entrailles sont loin. Et pourtant, ce soir, seule dans ma cuisine, larmes... C’est un barrage qui cède sur mes joues asséchées par le froid, C’est le manque d’eux qui me surprend et me submerge. Je pensais que peut être je leur manquerais, à mes trois. Jamais je n’aurais imaginé que la distance me mettrait dans cet état-là. Jamais imaginé ce cruel manque d’eux, mes socles, mes rocs ...
Je suis un tournesol aux premières lueurs du soleil Qui panique car les nuages menacent sa course vers la lumière.
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Dans mon cœur ça résonne Autant que dans ma tête ça m’étonne. Pourtant, du soutien, j’en ai des tonnes. Mais les chansons de Barbara résonnent. Car de cette solitude bretonne éclate Mon amour pour mes socles. Mes trois absents, qui vont bien là-bas, Et cela me console. Mes trois absents que, dans deux semaines, Je serrerai si fort sur mon cœur.
Solitude bretonne, Pas si antinomique : Marcher seule dans la lande, Prendre seule des photos majestueuses. Solitude bretonne, Tu me tiens et je t’aime.
Véronique Anne
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Tu écris
Tu écris tes peines, peu tes joies. Tu écris les cris, les traumas. Tu es prise d’écriture.
Tu colles tout sur un mur.
Tu détailles des passages, Tu survoles tes orages. Tu expulses ta colère. Tu envoies tout en l’air.
Et tu observes ce qui retombe. Et tu comprends ce qui t’incombe. Tu retournes en arrière.
Tu visualises ces barrières.
Tu remontes très très loin.
Tu commences à marquer des points. Plus tu remontes vers ton enfance, Plus tu développes ton indépendance.
Quand tu auras ni d’écrire, Si un jour tu nis d’écrire, Tu vivras en n pour toi Et ça, tu le goûteras.
Véronique Anne
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L’accordéoniste
Tu donnes ta musique comme on offre un cadeau. Tu offres tes accords comme on donne aux enfants. Tu donnes tes sons comme on offre aux oiseaux. Tu offres tes harmonies comme on donne aux amants.
Tu donnes de ton cœur comme on a du talent. Tu offres de tes pouvoirs comme on donne, gratuitement. Tu donnes de tes mains comme on saisit le vent. Tu offres de tes sorcelleries comme on aime si souvent.
Ce soir, Monsieur, tu m’as fait vivre un grand moment. Ce soir, seule sur un banc, sur un air d’antan, J’ai retrouvé feue ma maman.
Véronique Anne
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Ô toi, homme de foi
toi qui m’as offert le pardon.
toi qui as souffert dans ton corps.
toi qui as craint que je ne sois bidon.
toi qui m’as louée puis plus jamais encore.
Nos chemins se sont croisés.
Avec ma voiture, je t’ai renversé. Sans concentration, je ne t’ai regardé. En un éclair, derrière ma voiture tu gisais.
Toi, au sol, tu criais tellement fort. Evidemment que j’étais dans mon tord. Pas un instant, je n’ai pensé à l’effort Que j’aurais pu faire pour éviter ton corps.
Mon pare-brise portait les traces de tes hanches.
Le choc a été très violent. Je me penche
Sur ta mine défaite par la douleur en ce froid dimanche. Ton visage est crispé. Un policier m’enserre de ses manches.
Je crie, je pleure, j’ai honte...
Dans l’ambulance, vite arrivée, tu montes.
Et moi, je reste là sur le pavé, toute en honte.
Et moi, je serais toujours celle qui a changé ton sort : HONTE !
Véronique Anne
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Rêvé-là-Tions
Dans ce 4ème Recueil, Véronique Anne se tourne vers l’Humanité dans ce qu’elle a de plus beau mais aussi sous ses pires aspects : des témoignages de grandeur et de petitesse.
Grands ou petits, ce qui nous lie, ce sont nos lâchetés et nos élans de courage.
C’est encore en Bretagne que Véronique Anne exprime ces extrêmes.
Bonne lecture et à bientôt pour de nouvelles aventures, chers lecteurs.
Véronique Anne
Emotional Rescue Editions ISBN: 979-10-93691-14-5