TRANSPARENCES

TRANSPARENCES

Une gemmologie cosmique
Gilbert Jolliet

La plus haute exigence voudrait lire ces *transparences*
imprimées en blanc sur fond blanc.

Mais quel papier pourrait les recueillir?

A défaut, cet essai de traduction que l'auteur rapproche des
descriptions quantiques de la matière.

Les couleurs du silence
tel un chant de lumière
résonnent dans les patiences du doute.
Reste à accorder sa petite harpe
au grand choeur de l'univers.

Transparence I

perles cristallines
d'une patience obscure
les prémisses de l'inouï
se devinent et se nervurent
en quelques matrices naïves

Transparence II

dans le sillage des apparences
des résonances concentriques

s'aimantent et s'entretissent
du zénith au nadir

en tout quart de l'horizon

Transparence III
tout un réseau de couleurs
fines et bruissonnantes
cadence et distille
la magique ramure

Transparence IV
une architecture subtile
de lacis dense aux mailles claires
se contracte et se dilate
dans les spires de l'univers

Transparence V
une reliance élémentaire
irise les initiales

Transparence VI
une précieuse polyphonie
de satin de fourrure et de soie
scande innerve et structure
un réseau de chevelures diaphanes

Transparence VII

respirent
dans le chant du nouvel intense
d'infimes arcatures luminescentes

qui inspirent
toutes les parures et toutes les partances

de l'âge et du souffle

rosée de l'immanence
quintessence
présence

même précises
même nettes
même originelles comme elles sont
les irradiances de la sphère
demeurent fugitives

à la moindre pesanteur
elles s'évaporent

comme le reflet d'une aile
dans le miroir de l'eau

alors
encore
reprendre la quête
et la conduire à trouver
sur quelque plage ou quelque dune
une litière
où soulager les callosités du jour

alors
encore et de nouveau

se relever
se dévêtir des certitudes de la veille

d'abord et de nouveau
s'éveiller

alors
- mais comment m'empêcher

comme l'arbre l'abricot
de mûrir mes fruits -
encore et de nouveau

goûter la rosée

ainsi
de vertige en abîme

aller

aller
et cueillir à la bouche
la petite baie rouge
qui viendra s'épancher sur les lèvres du sourire