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Published by Alia B., 2019-12-09 19:32:00

PEI

PEI

BASÉ SUR LA VIE D'ALYSSA BUSTAMANTE

SENS
UNIQUE

ALIA BALAA

Je ne sais pas pourquoi je l’ai fait. Je suppose que la question à
laquelle vous attendez que je réponde est le referrai-je ? Êtes-vous

prêts pour la réponse ? Êtes-vous prêts à me juger ?

Je m'appelle Kieri Miller et j'ai tué une fille de neuf ans

...

absence

Revenons au début. Vous vous demandez surement, suis-je née

ainsi ? Un bébé sanguinaire qui rêvait au berceau de pouvoir mutiler ses
parents, ou bien ai-je vécu à travers des expériences innommables qui ont
détruit mon innocence enfantine. La deuxième réponse vous rassurerai sans
doute beaucoup plus. Vous pourriez vous coucher ce soir et dormir à poings
fermés, sachant que votre enfant ne vous réveillera pas un couteau sanglant
à la main.

Oui, en effet, on ne peut pas dire que j’ai vécu une enfance de rêve, mais
malheureusement je dois vous annoncer que ceci n’est pas le cas pour une
grande partie des meurtriers. On ne peut pas forcément attribuer un
comportement criminel à une enfance troublée, mais enfin, revenons à nos
moutons.

Je ne me souviens pas très bien de ma vie avant mes grands-parents.
Mes chers parents sont tous deux en prison. D’excellents modèles cette
bande de salauds ! Je m’étais promise de ne jamais devenir comme eux. Vous
pouvez juger par vous-mêmes comment cela s’est avéré (bien utilisé ?). Je
suppose que si vous cherchez quelqu’un à blâmer pour mon comportement,
ça serait eux.

J'ai toujours eu ce vide dans mon cœur. Je me sentais
toujours... engourdie. Ou plutôt, je ne sentais rien. Jusqu’à ce que j’aie
commencé à couper. Il n’y a pas de sensation aussi exhilarante au monde
que de voir le sang couler. Après une nuit particulièrement intense, je me
suis réveillée dans un lit d’hôpital. On m’a gardé là-bas pendant une
semaine. Une semaine que j’ai passé à regarder le plafond, toute seule avec
mes pensées. Une personne comme moi, laissée toute seule avec ses
pensées, ne peut-être blâmée pour ce qui en résulte.

À ma sortie, mes grands-parents ont gardé un œil sur moi pendant
quelques semaines. Ils voulaient s’assurer que je ne tenterai pas de terminer
ma « tâche inachevée ». Ils ne se préoccupaient pour rien. Le vide dans mon
cœur allait se remplir avec du sang, ça j’en étais sûre, mais désormais ce
n’était plus le mien que je voulais voir couler.

jolie petite
fille

toute en
rouge

Je ne sais pas pourquoi j’ai choisi Élizabeth. Je suppose qu’elle

était « accessible ». À cet effet, j’aurai vraiment pu choisir n’importe qui. Je
n’avais rien contre elle ou sa famille, d’ailleurs, de toutes les filles du
quartier, elle était une des moins énervantes. Mais bon, ça devait arriver.

Savez-vous ce que signifie le prénom Élizabeth ? Il veut dire « Dieu est
mon serment ». Croyez-vous en Dieu ?

Moi oui. Voilà quelque chose de difficile à avaler, n’est-ce pas ? Je ne
vous embêterais pas avec ça. La religion a souvent tendance à rendre les
gens mal à l’aise, surtout si ça sort de la bouche d'une fille de 15 ans
condamnée de meurtre.

Elle était vraiment trop facile à duper ! Vous croyez que si quelqu’un
essayait d’amener une enfant de neuf ans dans la forêt au beau milieu de la
nuit qu’elle se douterait de quelque chose, mais non, pas du tout. C’était sa
faute, elle aurait dû être plus méfiante.

Je ne me rappelle pas très bien cette journée-là. Enfin, je devrais dire, la
plupart de cette journée. Sa fin reste indélébile dans ma mémoire. Toutefois,
je me souviens bien des jours précédents. C’est sans doute car ils étaient
centrés sur Élizabeth.

Je l’avais étudiée pendant des semaines auparavant, ses routines, ses
habitudes, ses va et viens... Elle avait seulement neuf ans, donc ce n’était pas
vraiment du travail considérable. Elle passait la majorité de son temps libre
dehors, à jouer avec les autres petits du quartier, mais elle était
particulièrement proche de ma sœur, qui avait son âge. La fenêtre de ma
chambre donnait sur notre jardin, où elles jouaient toutes les deux. Je
passais des heures à l’observer, tellement que je peux maintenant la décrire
parfaitement, de ses yeux en forme de chat couleur marron jusqu’à chaque
petit détail, comme le grain de beauté caché sous son œil.

Cette nuit, je ne l’oublierai jamais. Je me souviens de la couleur du ciel.
D’habitude, il aurait fait noir, mais l’été approchait et les journées
s’allongeaient. Au lieu du bleu marine habituel, cette soirée-là, le ciel était
rosâtre, présageant ce qui allait arriver.

Derrière mes yeux, vous n’auriez rien pu voir. Pas une seule goutte de
remords. Je pense qu’elle s’en était rendue compte elle aussi, c’est sans
doute pourquoi elle a arrêté de bouger après quelque temps. Ou peut-être

qu’elle était tout simplement morte.

après

Ce qui est arrivé après reste un peu flou. Mes journées

maintenant sont très monotones. Je me réveille. Je me couche. Je ne prête
pas beaucoup d’attention à ce qui se passe entre ça.

Vous vous rappelez de la sensation dont je vous parlais avant, comment
je me sentais engourdie ? Maintenant c’est encore pire, et je ne peux plus
rien faire pour l’alléger. Le vide dans mon cœur ne fait que grandir, et je
commence à le craindre. J'ignore de quoi je serais capable si ça continue
ainsi.

Le seul truc qui me ravive, c’est penser à elle. Quelque fois durant la
nuit, quand je n’arrive plus à échapper mes sentiments accablants, je
m’imagine en train de lui parler. Pour une raison ou une autre, ça m’apaise.
Cette nuit m‘a permis de finalement pouvoir ressentir quelque chose. Je ne
m’étais jamais sentie aussi humaine de toute ma vie.

Attendez-vous encore que je réponde à ma question initiale ? Je crois
plutôt que je laisserai votre imagination le décider.


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