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Published by IDEFI-CréaTIC, 2019-04-12 06:26:14

Bilan pédagogique 2017/2018

Bilan pédagogique 2017/2018

Keywords: bilan pédagogique,module innovant pédagogique

Schéma de concept de l’environnement interactif pour exposition.

traits du dessin dans l’espace font écho au procédé de fabrication des éléments
mécaniques des @nimats à l’aide de stylos d’impression 3D, ce qui donne une
certaine cohérence esthétique à l’ensemble de l’installation artistique.

Réalisation des environnements interactifs à l’aide d’une application de dessin immersif (Quill)

LES PRODUCTIONS DE L’ATELIER ET LEUR VALORISATION
L’atelier a permis de fournir de nombreuses contributions à savoir : l’écriture d’une
trame narrative, fruit de la mise en place d’un atelier d’écriture à l’université Paul Valery
de Montpellier, de fournir également la production d’un dossier artistique complet
avec l’ensemble des représentations intermédiaires relatif à la trame narrative écrite.
Mais l’atelier a surtout abouti à la réalisation de son objectif, à savoir une installation

@NIMAT : CRÉATION ARTISTIQUE D'ANIMAUX- 49
AUTOMATES ANIMÉS INTERCONNECTÉS

artistique fonctionnelle avec quatre @nimats communicants, qui a pu être présentée
dans le cadre de l’évènement EthicHum à l’université de Montpellier3.

Présentation de l'installation dans le cadre de l'école doctorale d'été EthicHum à l'université Paul Valery de Montpellier

CONCLUSION
Cette expérience positive a fédéré un grand nombre d’étudiants sur cet atelier
avec différents niveaux de contribution qui ont permis d’aboutir à la réalisation
concrète d’une œuvre originale et fonctionnelle. De plus cet atelier a abordé de
nombreuses notions pédagogiques sur l’écriture et la conception de dispositifs
technologiques à vocation artistique (impression 3D, développement électronique,
outils de réalité virtuelle, etc.). Cet atelier comprend également une partie pratique
avec la réalisation de moyens technologiques, offrant aux étudiants la possibilité de
mettre en œuvre concrètement ces notions sur un projet.

Nous avons réalisé un dossier d’exposition et cherchons actuellement d’autres lieux
d’exposition, notamment à l’international et dans le cadre de différents évènements
ou festivals.

3. Anita GONZALEZ-RAYMOND, Directrice de l’ED58, Denis BROUILLET, Directeur de l’ED60, Michel
DESARMENIEN, Directeur du Collège doctoral LR, Vincente FORTIER, Directrice de l’UMR DRES
Université de Strasbourg, et Frédéric ROUSSEAU, Directeur de la MSH Sud, « EthicHum: L’éthique et le
vivant L’éthique, l’art et le vivant », p. 3, juin 2018.

50 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

Nous planifions également, fort de l’expérience que nous avons pu avoir sur Taipei
l’année passée4, de possibles rapprochements avec la communauté des maker
faire en France5, dans une logique d’ouverture à des disciplines artistiques de ces
communautés qui, hélas, n’a pu être réalisée actuellement, faute de temps.
Nous soulignons également que cet atelier demande une logistique importante
avec un investissement fort des intervenants et responsables sur la préparation et
la mise en œuvre des moyens techniques et des fournitures nécessaires, ce qui n’est
pas toujours facile à déployer ou maintenir dans le contexte de l’université, mais qui
est rendu possible dans le cadre de l’IDEFI CreaTIC. Il serait peut-être intéressant
à l’avenir de planifier un intervenant ou une ressource technique supplémentaire
pour assister les responsables sur la mise en œuvre et la logistique de l’atelier.

4. « Maker Faire Taipei - Maker Art - Prototype Art », 2017. [En ligne].
Disponible sur : http://makerart.org/maker-faire-taipei/.
5. « Maker Faire Paris », 2018. [En ligne]. Disponible sur : https://paris.makerfaire.com/.

@NIMAT : CRÉATION ARTISTIQUE D'ANIMAUX- 51
AUTOMATES ANIMÉS INTERCONNECTÉS

Design
d'interactivité
numérique
et innovation sociale

PAR HAKIM HACHOUR ET GUILLAUME BESACIER

À l’aide de différentes méthodologies de conception (interaction
design, développement informatique, gestion de projet numérique), cet
atelier-laboratoire a regroupé trois modules théorico-pratiques pour la
professionnalisation des étudiants :
•  Prototypage de solutions numériques pour le développement des pays de

l’Afrique de l’Ouest (ICT4D) ;
•  Data Visualisation ou visualisation de jeux de données numériques complexes

selon un point de vue ;
•  Méthodologie de conception «  d'objets communicants »  : conception de

prototype orientés utilisateurs pour satisfaire des besoins et imaginer des
dispositifs pour la tenue des Jeux Olympiques sur le territoire de la Seine-Saint-
Denis en 2024.

52 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

L’atelier a réuni 30 étudiants de trois parcours de master 2 en Humanités Numériques :
•  Analyse et valorisation des usages numériques,
•  Gestion stratégique de l’information,
•  Écritures, littérature et livre numérique.

LE OU LES MODÈLES PÉDAGOGIQUES MOBILISÉS
La méthode pédagogique utilisée a été par projet et par collaboration. Les groupes
de travail constitués ont employé des outils et méthodes reconnus de conception
pour réaliser leurs prototypes. À la fin de chaque session d’un module, une
présentation publique a été faite par chaque groupe supportée par un compte
rendu de leur processus de conception, présentation et prototypes évalués par les
intervenants.

LE DÉROULEMENT DE L’ATELIER :
RETOUR SUR LES DIFFÉRENTES ÉTAPES, LES PROFESSIONNELS
MOBILISÉS ET LES ÉCHANGES AVEC LES ÉTUDIANTS
• U n professionnel rémunéré, Jean Marc Roue, professionnel du prototypage d’objet

communicant,
• T rois enseignants chercheurs impliqués,
• V isites de professionnels pour présenter leurs résultats et leurs créations,
• D éroulement : semaines intensives.

BILAN PÉDAGOGIQUE : POINTS POSITIFS ET NÉGATIFS
Points positifs
• F ort intérêt des étudiants présents,
• A ccès au matériel innovant de prototypage,
•  Accentuation de la relation avec le partenaire présent en Afrique de l’Ouest qui

permit d’anticiper les modalités d’échanges et de compagnonnage,
• L a présence de plusieurs intervenants professionnels et chercheurs.
Points faibles
•  La gestion du calendrier

LES PRODUCTIONS DE L’ATELIER ET LEUR VALORISATION
•  Réalisations de 13 visualisations de jeux de données collectées sur des thématiques

diverses, par groupe (ex., les chiens perdus en France, Les Golden Globes Awards et

DESIGN D'INTERACTIVITÉ NUMÉRIQUE 53
ET INNOVATION SOCIALE

le mouvement #metoo, cartographie des femmes africaines influentes, le rapport
entre météo et épidémies, etc.)
• R éalisation de deux prototypes d’objets communicants pertinents :

- B racelet connecté « EcoGold Game » à une application web Game pour
récompenser les citoyens qui participent à maintenir les environnements
propres et rendre visible cette participation à l’aide d’un bracelet qui
change de couleur en fonction du travail fourni.

- Collier connecté à une application pour permettre la validation collaborative
de l’accès à un moyen de transport et/ou véhicule individuel en cas d’état
modifié de conscience après une « 3e mi-temps » ou une soirée.

54 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

Techniques
de créativité
et d'innovation
au service
de la conception

PAR FRANÇOISE DECORTIS

L’atelier s’est tenu en dix journées au premier semestre de l’année, en partie à
l’Université Paris 8, en partie à la tour Montparnasse dans les locaux du Centre
de Veille et d’Innovation. Il a concerné l’ensemble des étudiants de master 2 en
ergonomie et comportait quatre groupes de trois étudiants.
L’objectif de l’atelier était de mener un projet de conception innovant de bout
en bout  : constitution de la demande et de la problématique, observation
de situations de références, design conceptuel, élaboration de scénarios,
prototypage, tests, et présentation et discussion à des acteurs des situations
de références.
Le projet a porté sur le thème « Améliorer la vie étudiante : espaces, lieux,

TECHNIQUES DE CRÉATIVITÉ ET D'INNOVATION 55
AU SERVICE DE LA CONCEPTION

temps et inscription » à Paris 8, les groupes d’étudiants ont dégagé des axes
personnels portant sur :
•  La gestion des différents temps pour les étudiants et des modalités

d’apprentissage hybrides ;
•  Un espace d’accueil favorisant le lien social entre les étudiants ;
•  Le processus d’inscription à l’Université ;
•  L’élaboration d’espaces et de mobilier par et pour les étudiants.

LE OU LES MODÈLES PÉDAGOGIQUES MOBILISÉS
L’objectif de l’atelier est de placer les étudiants en mode projet, accompagné
par des méthodes issues de l’ergonomie (analyses d’activités, modélisation
d’activité, tests utilisateurs), du design thinking (techniques de pensée divergente
et de reformulation de problème), et de l’interaction design (prototypage et
maquettage, design conceptuel).
À ce titre, les étudiants étaient encadrés par des enseignants en ergonomie et
en design.

LE DÉROULEMENT DE L’ATELIER :
RETOUR SUR LES DIFFÉRENTES ÉTAPES, LES PROFESSIONNELS
MOBILISÉS ET LES ÉCHANGES AVEC LES ÉTUDIANTS
L’atelier s’est déroulé sous un mode projet, en déroulant plusieurs phases :
•  Une constitution personnelle de la problématique à l’aide de carte croisant

expérience et vision souhaitable (que serait la vie étudiante idéale ? Qu’est ce
que je fais le plus ? Qu’est ce que je ferai idéalement ? etc.) ;
•  Un affranchissement de multiples contraintes par l’usage de scénario extrêmes ;
•  L’identification et l’analyse de situations de références au sein de l’Université
grâce à des observations situées ;
•  Une démarche empirique visant à comprendre l’activité des utilisateurs dans
l’Université et les situations de référence à l’aide de méthodes de recueil de
données variées ;
•  La génération d’idées de manière collective et imagée ;
•  La conception de propositions conceptuelles en sous-groupes notamment à
l’aide de scénarios filmés ;
•  La critique collective de ces propositions par des techniques de créativité
variées ;

56 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

•  La mobilisation de références de dispositifs existants (Pinterest) ;
•  La mise en forme de ces propositions (maquettes, modèles 3D, animations,

films, prototypages rapides etc.) ;
•  La restitution régulière au groupe d’enseignants en ergonomie et design.

BILAN PÉDAGOGIQUE : POINTS POSITIFS ET NÉGATIFS
L’atelier s’inscrit dans une évolution continue depuis plusieurs années. Si les objectifs
restent sensiblement les mêmes, le déroulement de l’atelier évolue en réponse aux
évaluations et constats tirés des éditions précédentes. Pour cette année, les points
forts et faibles sont les suivants :

Points forts
• L ’atelier s’est basé sur un terrain que les étudiants connaissaient particulièrement

bien, celui qu’ils pratiquent quotidiennement  : l’Université Paris 8. Les étudiants
ont alors appris à constituer une problématique personnelle croisant leur propre
expérience et celle des autres acteurs du terrain. Ce choix d’un terrain familier a
offert une totale accessibilité au terrain, une profondeur des propositions et réel
investissement des étudiants ;
•  Les points faibles de l’édition précédente ont été adressés  : des méthodes de
critiques des idées ont été mobilisées pour faciliter le travail des étudiants, la
structure de l’atelier a été mieux calibrée ;
•  Toutes les propositions faites par les étudiants étaient très pertinentes, tant sur
le fond que sur la forme, et ont été très bien reçues par l’équipe de recherche en
ergonomie ainsi que l’Université Paris 8 ;
• N ous pensons être parvenus cette année à tisser un lien entre les différentes
promotions d’étudiants, d’une part en conviant les futurs étudiants de M1 à la
présentation des travaux, et d’autre part grâce au carnet Mood Board dans lequel
les étudiants racontaient leur ressenti de l’atelier étape par étape, ce carnet sera
transmis d’année en année.

Certains points doivent être améliorés pour les éditions suivantes
•  Continuer un travail de coordination pour renforcer le caractère multidisciplinaire

de l’atelier ;
•  Mieux valoriser les productions de l’atelier, en mobilisant la cellule de valorisation

de CréaTIC ;

TECHNIQUES DE CRÉATIVITÉ ET D'INNOVATION 57
AU SERVICE DE LA CONCEPTION

• E ncourager la réalisation de tests en situation réelle ou artificielle dans le cours de
la réalisation des projets ;

•  Intégrer des étudiants hors ergonomie à l’atelier ;
•  Prévoir un espace de tournage pour la réalisation de vidéos ;
• A nticiper plus tôt le livrable final pour aider les étudiants à s’affranchir du format

Power Point pour favoriser des présentations originales.

LES PRODUCTIONS DE L’ATELIER ET LEUR VALORISATION
Les productions de l’atelier on fait l’objet d’une présentation au séminaire résidentiel
de l’équipe de recherche en ergonomie à laquelle était présents des professionnels
de l’ergonomie, des enseignants-chercheurs, des doctorants, des étudiants de
M1 en ergonomie ainsi que des membres du personnel de l’Université Paris 8.
L’aménagement de cette demi-journée de présentation ainsi que le choix des
supports de présentation ont été intégralement pensées par les étudiants. Certaines
propositions ont ensuite été présentées au directeur du patrimoine de Paris 8
pour nourrir la réflexion actuellement en cours sur l’aménagement de l’entrée de
l’Université et sur les services associés (opération Cœur de Campus). Le VP patrimoine
ainsi que le prestataire en charge de cette démarche étaient présents.

58 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

Mémoire
et paysage

PAR SOKO PHAY ET PATRICK NARDIN

Le programme Mémoire et paysage s’inscrit dans la continuité d’une réflexion sur
la mémoire des lieux à l’épreuve des guerres et conflits. Si la nature est elle-même
meurtrie par un passé violent, comment témoigner de l’après coup des paysages ?
Comment représenter des « paysages-mémoires », tels qu’ils peuvent être travaillés
par les dispositifs de l’art contemporain ?

Plusieurs actions ont été menées en 2017 :
•  deux ateliers-laboratoires IDÉFI CréaTIC (Mars et Octobre 2017) conduits à

l’université royale des beaux-arts du Cambodge réunissant six étudiants de master
et deux doctorants de l’Université Paris 8 ainsi que dix étudiants de l’établissement.
Sous le titre Mémoire et paysage, le projet est d’explorer la ville de Phnom Penh et
la campagne alentour à partir des problématiques de l’art contemporain ;
• U n colloque international intitulé Le paysage après coup s’est tenu les 1er et
2 décembre 2017 au Frac Lorraine, réunissant des chercheurs d’horizons différents
qui interrogent le paysage face aux conséquences d’un passé violent ;
• A ssociée au colloque, une exposition réunissant onze artistes cambodgiens
contemporains majeurs a été organisée au Centre d’art Faux Mouvement
(2 décembre 2017 -16 avril 2018). Celle-ci a pu rendre compte de la dynamique de
la scène artistique après les années khmères rouges ;

MÉMOIRE ET PAYSAGE 59

• U ne deuxième exposition Le paysage après coup s’est déroulée hors les murs à la
Médiathèque de Forbach, du 23 novembre 2017 au 31 janvier 2018.

Dans la suite de ce programme, au cours de l'année universitaire 2018-2019, il s'agit
d'organiser deux expositions et un colloque international qui constituent la suite et
l’aboutissement des actions menées en 2017.

L’enjeu curatorial des expositions est de mettre en œuvre les réalisations issues
du travail in-situ des ateliers-laboratoires Mémoire et paysage. Les œuvres créées
dans ce contexte sont pour la plupart audiovisuelles, photographiques ou sonores,
ainsi qu’un enregistrement de performances dans l’espace public. Les pratiques
collaboratives, qui sont aujourd’hui un axe important des arts visuels, ont été
particulièrement mises en avant. Les travaux sont aboutis et tous de grande qualité.
La formation des ateliers-laboratoires se poursuit ainsi à partir des pratiques de
médiation. Deux expositions sont prévues : la première en France en novembre 2018
au centre d’art contemporain Faux Mouvement à Metz, la seconde à Phnom Penh
en avril /mai 2019. Il est important de porter témoignage d’une telle expérience
à Phnom Penh même où s’est tenu l’atelier : les interactions avec la population
et les différents quartiers de la ville sont nombreuses et questionnent de façon
pertinente aussi bien la mémoire historique que la situation sociale et politique
du pays. L’atelier proposé se donne ici pour objectif de construire une exposition
établissant une relation avec le lieu de mémoire.

60 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

Les 26 et 27 avril 2019 nous organisons un colloque international intitulé The
landscape afterwar(d)s,  à l’Université royale des beaux-arts de Phnom Penh
en collaboration avec l’Université Columbia (New York). Ce colloque aura pour
thème les questions mémorielles liées au paysage, interrogeant sa place dans
l’écriture d’une histoire politique, sociale, artistique ; il mettra l’accent sur les
problématiques liées à l’Asie du Sud-Est (Vietnam, Laos, Cambodge) et fera une
large place à la création artistique en s’appuyant entre autres sur les travaux
présentés dans l’exposition. L’université Columbia sera partenaire financier du
colloque : les intervenants prévus sont Carol Becker (doyenne de la faculté des
Arts de l’Université Columbia), Shanny Peer (directrice de Columbia-Maison
française) et Marianne Hirsh (professeur de l’Université Columbia, à l’origine du
concept de « postmémoire »).

LE OU LES MODÈLES PÉDAGOGIQUES MOBILISÉS
Le modèle mobilisé est celui de la recherche création (dans la perspective de
l’EDESTA et ArTEC) tel qu’il peut être envisagé dans le champ des arts visuels
contemporains. Il combine ainsi création artistique et recherche théorique, ce
qui signifie concrètement que les étudiants impliqués produisent des « œuvres »
et des «  textes  ». La recherche-création n’est pas la prolongation d’un régime
productif mais au contraire un moyen d’y échapper et de revenir, à distance,
sur cette production elle-même. Ce retour n’est pas une explication ou pire une
justification esthétique du travail en cours, mais bien un détour qui conduit à

MÉMOIRE ET PAYSAGE 61

penser «  autour  » et à considérer d’autres œuvres et d’autres artistes. Les
problématiques ont ici pour point de départ des œuvres, considérées comme
des faits attachés à des techniques (de production, d’exposition ou autre)  ; la
place du commentaire est par conséquent essentielle. Cet exercice est au cœur
de nos enseignements ; il s’agit ainsi d’observer strictement des pratiques avant
d’en faire l’interprétation. Les colloques que nous organisons sont de ce fait
régulièrement associés à des expositions, qui permettent d’envisager les œuvres
en grandeur nature et d’intégrer la création et les artistes de façon concrète aux
propos du colloque.

LE DÉROULEMENT DE L’ATELIER :
RETOUR SUR LES DIFFÉRENTES ÉTAPES, LES PROFESSIONNELS
MOBILISÉS ET LES ÉCHANGES AVEC LES ÉTUDIANTS
Au quotidien, les ateliers fonctionnent sur la base des workshops en art :
production, encadrement théorique, présentation de travaux, assistance
technique, création d’équipes de travail. Les ateliers sont encadrés par deux
enseignants-chercheurs, l’un spécialisé en Histoire et théorie de l’art (Soko Phay),
l’autre étant un chercheur-plasticien (Patrick Nardin). Les ateliers en eux-mêmes
sont consacrés à la production progressive d’une œuvre, c’est-à-dire un dispositif
suffisamment abouti pour une présentation publique. L’exposition est la seconde
étape de ce travail, engageant des problématiques particulières ; l’équipe du

62 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

Centre d’art Faux Mouvement avec lequel nous collaborons – depuis décembre
2017 – nous apporte son concours technique. Les colloques impliquent également
les étudiants, dans l’organisation générale et pour certains d’entre eux à travers
une communication.

BILAN PÉDAGOGIQUE : POINTS POSITIFS ET NÉGATIFS
Pour nous, le travail est positif dans la mesure où pour l’instant tous les objectifs
ont été atteints. La difficulté tient à la lourdeur de l’organisation que cela suppose,
en particulier les problèmes spécifiques liés à la délocalisation dans un pays dont le
fonctionnement s’ajuste mal à nos impératifs administratifs (bons de commande,
facturation, etc.). D’un point de vue pédagogique, nous sommes parvenus à créer
un atelier cohérent entre les étudiants de Paris 8 et les étudiants cambodgiens :
les niveaux très disparates et le problème de la langue n’ont finalement pas été
un obstacle. En revanche, nous ne sommes pas parvenus à créer un blog suivant
au plus près le fonctionnement des ateliers, ce qui était l’un de nos objectifs.
L’étudiante en médiation numérique chargée de cette question a eu beaucoup
de mal à comprendre notre demande d’un site consacré à la création artistique
contemporaine et non au Cambodge et au pittoresque des images. L’étudiante
ayant achevé son master n’a pu participer au second voyage et le temps perdu
n’a pas pu être rattrapé. La création du site est à nouveau en chantier, avec cette
fois un financement spécifique (MIP Paris Lumières).

MÉMOIRE ET PAYSAGE 63

LES PRODUCTIONS DE L’ATELIER ET LEUR VALORISATION
• E xposition «  Le paysage après coup  » « Faux Mouvement Hors les murs »,

Médiathèque de Forbach, du 23 novembre 2017 au 31 janvier 2018 ;
•  Exposition « Le paysage après coup », Centre d’art contemporain Faux Mouvement,

du 2 décembre 2017 au 23 avril 2018 ;
•  RFI-Cambodge: Bopha Chheang, émission consacrée au colloque et à l’exposition

« Le paysage après coup », le 2 janvier 2018 ;
•  RFI : Valérie Nivelon, émission « La marche du monde ». Emission spéciale consacrée

au colloque et à l’exposition « Le paysage après coup », le 27 janvier 2018.
Pour information : http://www.rfi.fr/emission/20180127-france-exposition-metz-cambodge-
paysage-apres-coup-crimes-khmers

D’autres éléments de valorisation sont à venir :
•  Publication du livre "Le Paysage après-coup" reprenant les textes issus des

colloques et une analyse critique des expositions avec une documentation
visuelle ;
•  Partenariat officiel avec Radio France International pour une série d’émissions :
Valérie Nivelon, émission «  La marche du monde  », Bopha Chheang RFI-
Cambodge ;
•  Création d’un site WEB (MIP Paris Lumières) ;
•  Deux expositions, l’une en France l’autre à Phnom Penh.

AUTRES
Partenaires impliqués en 2017-2018 et 2018-2019 :
Partenaires au Cambodge
•  Université royale des beaux-arts de Phnom Penh,
•  Cambodian Living Arts,
•  Centre de ressources audiovisuelles Bophana,
•  CKS (Center for Khmer studies),
•  Sa Sa Project.

Autres partenaires
•  IDÉFI CréaTIC,
•  Université Paris Lumières,
•  Université Paris 8, équipe EPHA, laboratoire Arts des images et art contemporain

64 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

(AIAC EA 4010) Université Paris Nanterre - Laboratoire Histoire des arts et des
représentations (HAR) EA 4414 (Annette Becker),
• U niversité Columbia,
• A rchives nationales de France,
• C IREMM - Centre international de recherche et d’enseignement sur les meurtres
de masse,
• C entre d’art contemporain Faux Mouvement,
• F rac Lorraine,
• R FI - émission La marche du monde.

MÉMOIRE ET PAYSAGE 65

Pédagogie
de la trace :
remémorations,
traductions,
hospitalités
dans la langue

PAR NADIA YALA KISUKIDI ET FRANÇOISE SIMASOTCHI BRONÈS

Issu en 2014 de manifestations scientifiques internationales et d’initiatives citoyennes
s’emparant de contextes historiques de violences extrêmes, l’atelier-laboratoire
« PÉDAGOGIES DE LA TRACE : REMÉMORATIONS, TRADUCTIONS, HOSPITALITÉS DANS
LA LANGUE » prend pour fil directeur le motif conceptuel, pédagogique et créatif de
la trace en tant que porteur d’actions spécifiques de formation et de recherche en
quête de mots, d’actions, de performances et de travaux scientifiques capables :
1. de dire et partager les passés et présents violents ;

66 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

2. d’instituer des séquences subjectives et collectives particulières au sein des
mécanismes de la mémoire, du mensonge et de l’oubli ;
3. de mobiliser l’exigence de justice et les ressources du droit, des sciences humaines
appliquées, de la littérature, des arts ou de la philosophie sur les pages sombres et/
ou obscures du récit moderne ;
4. d’inventer dans le contexte de développement des moyens numériques des
coopérations inédites entre le monde académique et l’activisme citoyen, militant ou
artistique.

LE OU LES MODÈLES PÉDAGOGIQUES MOBILISÉS
L’atelier-laboratoire a conjugué en 2017-2018 les modèles de la rencontre scientifique
internationale (Port-au-Prince, La Havane), du séminaire de recherche (Paris 8), de
la construction et du renforcement de coopérations interuniversitaires (installation
du programme PREFALC « Réécritures des modernités et des émancipations dans la
Grande Caraïbe », création du réseau international de doctorants « Perdre le Nord »,
manifestations scientifiques avec le LADIREP Haïti), de la collaboration participative
en réseau (passage d’un groupe de recherche fermé sur Facebook en partenariat
avec l’action de recherche « Hétéronomies de la justice » de l’UNAM, Mexique, vers
la création d’une page Internet en libre accès sur le site de l’UNAM), ou encore de la
performance artistique et rencontre culturelle (Artifari, République arabe sahraouie
démocratique).

PÉDAGOGIE DE LA TRACE : REMÉMORATIONS, 67
TRADUCTIONS, HOSPITALITÉS DANS LA LANGUE

LE DÉROULEMENT DE L’ATELIER :
RETOUR SUR LES DIFFÉRENTES ÉTAPES, LES PROFESSIONNELS
MOBILISÉS ET LES ÉCHANGES AVEC LES ÉTUDIANTS
L’atelier-laboratoire a déroulé plusieurs moments successifs auxquels les étudiants
des formations de master en littérature et en philosophie de l’ENS d’Haïti en double
diplomation avec les masters de littérature et de philosophie de l’Université Paris 8,
ainsi que des étudiants d’autres masters de l’IDÉFI CréaTIC pouvaient s’associer sans
s’engager à les suivre tous.

La première activité a été celle d’un atelier délocalisé en République arabe
sahraouie démocratique (RASD). Elle s’est tenue dans les camps de réfugiés
des Territoires libérés du Sahara Espagnol, à Tindouf et Tifariti, du 27 octobre
au 6 novembre 2017. Le thème de l’activité a porté centralement, sous l’intitulé
Nomadisme et hospitalité dans le langage, sur les capacités d’organiser des
lectures, des échanges et des improvisations au sein des camps de réfugiés à
partir du poème de Mahmoud Darwish : le discours de l’Indien rouge ainsi que de
ses traductions. L’activité a été menée sur la base d’un travail en amont en étroite
association avec le programme de recherche   Nomadisme et hospitalités dans
le langage coordonné par Silvana Rabinovich et développé au sein de l’Institut
d’Études Philologiques de l’Université nationale autonome du Mexique après que
Silvana Rabinovich avait accueilli l’atelier-laboratoire à Mexico (31 oct. – 6 nov.
2015) et avait été elle-même accueillie au département de philosophie de Paris
8 pour un séminaire (6 mars – 7 avril 2017) en qualité de professeure étrangère
invitée par le service des relations internationales de Paris 81.
Dans la suite de ce séminaire deux étudiant.es de Paris 8, Pierre Torrès et Elisa
Nosal se sont portés volontaires pour se rendre dans le camp et participer aux
lectures, échanges et improvisations menés avec les réfugiés en interaction
avec des étudiant.es de l’UNAM mis en contact avec l’atelier-laboratoire par le
biais d’un groupe fermé de recherche hébergé par Facebook2. Le visa de Pierre
Torrès a été refusé sans explication par l’Ambassade d’Algérie, et seule Elisa
Nosal, accompagnée de Marie Bardet (intervenante extérieure) et Yala Kisukidi

1. http://www.llcp.univ-paris8.fr/spip.php?article1361

2. https://www.facebook.com/search/top/?q=grupo%20cerrado.%20heteronom%C3%ADas%20

de%20la%20justicia

68 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

(responsable de l’atelier-laboratoire), a pu suivre la totalité de l’activité. Cette
action, qui a rencontré un écho particulier auprès des jeunes et des femmes
du camp de réfugiés, a donné lieu à un moment d’analyse et de bilan qui a été
organisé à l’Université Paris 8 par visioconférence (sur zoom.us) avec le Mexique
(S. Rabinovich) et l’Argentine (M. Bardet).
Trois prolongements de l’action ont été décidés :
1. consacrer, à la lumière de l’action menée, une table-ronde au thème  Nomadisme
et hospitalité dans le langage au sein de la journée d’études du réseau international
de doctorants et d’étudiants de master confirmés « Perdre le Nord » (créé au même
moment3) le 13 octobre 2018 ;
2. prévoir au premier semestre de l’année 2018-2019 une journée d’études sur les
« Territorialités nomades » avec des représentants de la RASD (responsables : Yala
Kisukidi et Farah Cherif Zahar, département de philosophie Paris 8) ;
3. renforcer les moyens d’échanges numériques avec le programme de
recherche  Nomadisme et hospitalités dans le langage de Mexico et ses actions en
RASD par le biais du site Web créé à cet effet par l’Institut de Philologie de l’UNAM4. Un
autre renforcement de l’action s’est déroulé le 17 mai 2018 à l’Université nationale San
Martin de Buenos-Aires (Secretaría de Extensión Idaes-Unsam, en coopération avec
le Centre franco-argentin de Buenos-Aires) sous la responsabilité de Marie Bardet
avec la participation de Senda Sferco et de Ana Paula Penchaszadeh, traductrices en
espagnol de La poétique de la relation d’E. Glissant, comparant le projet glissantien
et celui des  Retours du discours de l’Indien5. Cette même démarche est reprise par
Mansur Tayfuri, traducteur en langue kurde, étudiant doctorant qui avait participé
au séminaire de S. Rabinovich à Paris 8 et qui, mobilisant un autre séminaire de
doctorants de l’unité de recherche de philosophie de Paris 8, a cristallisé autour du
travail de traductions du poème de Mahmoud Darwich un événement Facebook qui
se tiendra le 15 octobre 2018 à Paris 8 et à la Générale Nord-Est (14 av. Parmentier,
75011)6. L’activité donne lieu également à des travaux personnels originaux tels que
la traduction en créole réalisée du Discours de l’Indien Rouge  par Ericson Jeudy,

3. http://www.llcp.univ-paris8.fr/spip.php?article1745

4. http://www.iifl.unam.mx/justiciadelotro/index.php

5. http://www.llcp.univ-paris8.fr/spip.php?article1229

6. https://www.facebook.com/events/2178369869067561/

et http://www.llcp.univ-paris8.fr/spip.php?article1760

PÉDAGOGIE DE LA TRACE : REMÉMORATIONS, 69
TRADUCTIONS, HOSPITALITÉS DANS LA LANGUE

étudiant de l’atelier-laboratoire « Pédagogies de la trace » en 2016-20177.
Dans la suite de ce travail, de sa participation aux activités IDÉFI CréaTIC développées
dans le cadre du premier congrès international de philosophie de la danse de
l’Université de Madrid (28 juin – 1er juillet 2017) ainsi que du séminaire tenu à l’ENS
d’Haïti les 8 – 12 juin 2017 avec la participation d’Antonia Garcia Castro (Buenos-Aires)
et S. Rabinovich (UNAM) sur  Pédagogies de la trace dans les postdictatures : Haïti et
autres pays, Ericson Jeudy élabore actuellement en Haïti un projet Conter Mémoire
comportant l’organisation de journées d’études, d’ateliers d’écritures de contes et
d’un festival faisant se rencontrer des témoignages sur la dictature duvaliériste et des
spectacles mobilisant l’art du conte.

La deuxième activité a eu pour cadre un colloque international organisé par le
Laboratoire Langage Discours Représentation (LADIREP) de l’Université d’État
d’Haïti. Ce colloque, intitulé Écriture et mise en récit des sociétés postcoloniales.

7. http://www.iifl.unam.mx/justiciadelotro/seccs.php?idSec=5&titSeccion=Hospitalidad%20en%20el%20
lenguaje&pos=5
http://www.iifl.unam.mx/justiciadelotro/seccs.php?%20idSec=5&titSeccion=Hospitalidad%20
en%20el%20lenguaje&tSSecc=2&posSS=15&pos=5

70 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

Penser l’état présent et ses pathologies, a été organisé les 23-25 octobre 2018 avec
l’appui complémentaire du Ministère de l’Éducation d’Haïti, du Centre d’études et
de recherches critiques (CERC) d’Haïti, de la Revue d’études décoloniales (RED), de
l’axe de recherches Pensamiento crítico y decolonizador caribeño de la CLACSO et
de l’unité de recherche Paris 8 LLCP EA 4008. Mis en œuvre par une jeune équipe
d’enseignants-chercheurs docteurs actuellement en poste à l’Université d’État
d’Haïti après avoir suivi leur cursus de master dans le cadre du master de philosophie
et de littérature de Paris 8 délocalisé à l’ENS d’Haïti puis soutenu leurs doctorats à
Paris 8 (Adler Camilus, Edelyn Dorismond, Franklin Benjamin), ce colloque8 a permis
d’introduire dans les échanges et discussions d’une manifestation scientifique
internationale portant sur des thèmes de recherche porteurs au sein de la société
haïtienne des étudiants de master de l’ENS d’Haïti, inscrits dans l’atelier-laboratoire,
et actuellement en double diplomation entre l’Université Paris 8 et l’ENS d’Haïti.
L’engagement de chercheurs d’unités de recherche de Paris 8 (F. Simasotchi, O.
Irrera, S. Douailler) dans un travail commun avec les chercheurs haïtiens et dans une
volonté partagée d’y associer des étudiants de master confirmés et des doctorants
s’est poursuivi au sein de plusieurs activités :

8. http://www.llcp.univ-paris8.fr/spip.php?article1657

PÉDAGOGIE DE LA TRACE : REMÉMORATIONS, 71
TRADUCTIONS, HOSPITALITÉS DANS LA LANGUE

1 participation avec des étudiants de Paris 8  à la journée d’études Égalité des
races ? Égalité des citoyens ? organisée au Musée de l’Homme à Paris par l’Unité de
recherches Migrations et Sociétés (URMIS, CNRS UMR 8245, IRD UMR 205, Paris 7,
Nice Sophia Antipolis)9 ;
2 participation avec des étudiants de l’ENS d’Haïti  à la journée d’études
internationale Représentation, (in)capacité et violence : Penser les « hors » lieux du
politique et les conditions de toute (in)capacité des vies (non)soumises à ces espaces
organisée à la Maison de la Recherche de l’Université d’État d’Haïti les 24 et 25
avril 2018 par l’Axe 2 du laboratoire LADIREP avec le soutien du Vice-Rectorat à la
Recherche de l’UEH (Organisme de tutelle), la FOKAL (Organisme subventionnaire),
le Laboratoire d’études et de recherches sur les Logiques Contemporaines de la
Philosophie (LLCP EA 4008) de l’Université Paris 8 et l’Université Paris Diderot10;
3 participation avec deux étudiants de Paris 8 et une délégation de chercheurs
du LADIREP Haïti à la 43e Conférence de l’Association des Études Caribéennes sur
Éducation, culture et pensée de l’émancipation dans la Caraïbe qui s’est tenue à La
Havane les 4-8 juin 2018 ;
4 dans la suite de ce Congrès et à l’initiative d’Ana Isabel Aguera (doctorante Paris 8 /
IDA pôle Caraïbe) avec Lucía Belloro (doctorante Paris 3 / IHEAL), Jean-Jacques Cadet
(doctorant Paris 8 / UEH), Luz Maria Lozano Suarez (doctorante Paris 8 / Universidad
Del Atlantico Colombie), création du réseau international de doctorants « Perdre le
Nord » dans le cadre d’un appel à projets du Campus Condorcet11.

La troisième activité de l’atelier-laboratoire consistant en un séminaire annuel
de plusieurs séances centré sur la confrontation des écritures de la modernité
aux violences de l’histoire coloniale et à leurs conséquences pratiques et
épistémologiques est parvenu, dans le contexte des grèves étudiantes et enseignantes
du printemps et de l’été 2017, à faire exister quelques réunions préparatoires à sa mise
en œuvre effective qui a pu commencer le 3 octobre 2017 sous la responsabilité de
Yala Kisukidi, Farah Cherif Zahar, Orazio Irrera, Matthieu Renault, Guillaume Sibertin
Blanc, et sous le titre Archives non européennes de philosophie12. Il rejoint de ce fait les

9. http://urmis.unice.fr/?Journee-d-etudes-Egalite-des-races

10. http://www.llcp.univ-paris8.fr/spip.php?article1743

11. http://www.llcp.univ-paris8.fr/spip.php?article1745

12. http://www.llcp.univ-paris8.fr/spip.php?article1765

72 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

activités proposées par le programme 2018-2019 sous la responsabilité de Yala Kisukidi
(Département de philosophie de Paris 8, parcours Espace caraïbes : arts, littératures,
philosophie) et de Françoise Simasotchi (Département de Littérature, master en
double diplomation avec l’ENS d’Haïti) sur « Pédagogies de la trace : remémorations,
traductions, hospitalités dans la langue ». La première séance du séminaire, qui a donné
lieu à un dialogue avec Souleymane Bachir Diagne, professeur à Columbia University,
lequel s’est poursuivi en soirée à La Colonie barrée a rassemblé un grand nombre
d’étudiants du département de philosophie et d’autres départements, témoignant d’un
fort intérêt pour les perspectives qu’il trace.

BILAN PÉDAGOGIQUE : POINTS POSITIFS ET NÉGATIFS
Points positifs

Les types d’activités que la forme de l’atelier-laboratoire proposée par le programme
IDÉFI CréaTIC a conduit à inventer à l’intention des étudiants de master de l’ENS
d’Haïti en double diplomation avec les départements de Littérature et de Philosophie
de l’Université Paris 8, ainsi qu’à l’intention d’étudiants volontaires inscrits dans
d’autres formations de master participant au programme IDÉFI CréaTIC, ont suscité
des motivations et des engagements puissants et durables parmi ceux qui ont pu s’y
impliquer avec le plus de force. L’atelier-laboratoire a bénéficié, grâce aux soutiens
apportés par le programme IDÉFI CréaTIC, d’une inscription sur le long terme de
projets impliquant des acteurs (étudiant.es, enseignant.es-chercheur.es, autres)
de plusieurs pays, territoires, disciplines, sur des problématiques partageables et
partagées. Les croisements entre thématiques et compétences particulières ont
produit des synergies qui ont dépassé celles qui avaient été réfléchies en amont.
La volonté initiale d’inventer en contexte haïtien, sur la base d’une insuffisante
transmission du passé duvaliériste aux générations de la post-dictature, des modes
d’engagement académique dans le travail de mémoire et de justice entrepris dans
le pays par des initiatives citoyennes n’a pas seulement conduit à orienter plusieurs
groupes d’étudiant.es vers des apprentissages et contributions spécifiquement
liés à cette perspective  : enquêtes sociologiques de terrain, ateliers d’écritures,
performances artistiques. Elle a mis à jour des similarités internationales d’intérêts
théoriques et sociaux nés de violences historiques plongeant leurs racines dans des
pathologies voire dans le projet de la modernité (dictatures, violences étatiques
et paraétatiques, colonialisme, esclavagisme, racisme, sexisme, etc.), et alors elle
a désigné, pour développer dans les formations de nouveaux objets et projets

PÉDAGOGIE DE LA TRACE : REMÉMORATIONS, 73
TRADUCTIONS, HOSPITALITÉS DANS LA LANGUE

tenant compte de ces contextes réels, quatre pivots essentiels : celui d’initiatives à
prendre dans le milieu de la recherche universitaire, celui de coopérations à nouer
avec des collectifs citoyens et artistiques, celui d’usages à multiplier à partir des
possibles numériques, celui enfin de connecter quand c’est possible l’initiation à la
recherche qui se fait au niveau master avec l’entrée dans la recherche qui se fait au
niveau doctorat. Un point peut être souligné. L’atelier-laboratoire a bénéficié d’un
soutien reconduit sur plusieurs années de la part du programme IDÉFI CréaTIC. Cette
constance a joué un rôle particulièrement important dans le tissage des réseaux, des
initiatives, des problématiques, à partir duquel il a été possible d’offrir aux étudiants
des expériences de formation inédites.

Points négatifs
L’atelier-laboratoire n’a pas réussi comme l’année précédente à agréger à ses activités
des étudiant.es de l’ENS d’Haïti venu.es à l’Université Paris 8 sur bourses Erasmus +,
bien que cinq étudiant.es de master en littérature et philosophie en aient bénéficié
en 2017-2018  : Lovely Canon, Wilhelm Lamarre, Laure Menthune Volma, Reginal
Valon, Edrice Saint-Hubert. Un seul étudiant de cette promotion, Omane Primo, venu
à Paris sur la base d’une initiative personnelle, a rejoint en cours d’année le réseau
de doctorants «  Perdre le nord  » avec le statut d’étudiant de master confirmé et
présentera une communication à la journée d’études du réseau le 13 octobre. Or
la conjonction entre les mobilités étudiant.es Erasmus + (d’Haïti vers Paris) et celles
proposées par l’atelier-laboratoire s’était révélée particulièrement fructueuse dans le
cas de Kernst-Élie Calixte (malheureusement assassiné en Haïti en 2016) et d’Ericson
Jeudy, qui porte aujourd’hui le programme très intéressant déjà évoqué sur Conter
mémoire.

Points négatifs, surmontés
Une autre catastrophe a été en janvier 2017 celle du décès accidentel d’Etienne
Tassin, professeur à l’Université Paris Diderot qui a apporté pendant des années des
contributions inestimables et irremplaçables à la formation en philosophie de l’ENS
d’Haïti, et qui a accompagné tout au long l’ensemble des initiatives qui ont été prises
ces dernières années dans l’atelier-laboratoire « Pédagogies de la trace ». L’association
universitaire privilégiée qu’il a représenté pour les actions en Haïti et ailleurs du
département de philosophie de Paris 8 doit aujourd’hui se recréer autrement, et
bénéficie d’un recrutement très favorable de jeunes maîtres.ses de conférences

74 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

et professeurs qui ont repris l’atelier-laboratoire, dirigent un programme PREFALC
«  Réécritures de la modernité et des émancipations dans la grande Caraïbe  », ont
créé le séminaire   Archives non européennes de la philosophie  et paraissent en
mesure de développer des projets originaux au sein de l’E.U.R. ArTeC.

LES PRODUCTIONS DE L’ATELIER ET LEUR VALORISATION
•  Parution avec le soutien financier d’IDÉFI CréaTIC des actes du colloque international

Hétéronomie de la justice : exils et utopies (UNAM)
•  Remise des textes des communications présentées dans le Colloque Écriture et

mise en récit des sociétés postcoloniales. Penser l’état présent et ses pathologies
(Université d’État d’Haïti et Ministère de l’Éducation d’Haïti)
•  En attente  : montages-vidéo du séminaire Pédagogies de la trace  : Mémoire et
Traduction (JingHui Ma) et de la participation de l’atelier-laboratoire au Premier
congrès international de philosophie de la danse à Madrid (Erickson Jeudy)
•  Ouverture du site Heteronomías de la justicia  : nomadismo y hospitalitad en el
lenguaje (UNAM Institut d’études philologiques)
•  Organisation de débats et discussions autour de la publication Retours du discours
de l’Indien (UNSAM Buenos-Aires, Université Paris 8, RASD)
•  Traduction en langue créole du poème Discours de l’Indien rouge
•  Création d’un réseau international de doctorants « Perdre le Nord »

ANNÉES ANTÉRIEURES

2016-2017
•  UNIVERSITÉ COMPLUTENSE, Madrid - 28 juin - 1er juillet 2017 : Primero congreso

filosofico internacional de la danza de Madrid.
Communications scientifiques et ateliers pratiques avec Marie Bardet
(Espacio Eclectico de Buenos-Aires), Carmen Rivera Parra (doctorante Paris
8), F. Simasotchi (PR Littérature Paris 8), S. Douailler (PR Philosophie Paris
8), Maria Ferents (étudiante RGGU de Moscou et master Philosophie de
Paris 8), Erickson Jeudy (master en double diplomation entre l’ENS d’Haïti
et Paris 8 en mobilité Erasmus +). Participation à des performances faisant
appel à la mémoire du corps. Communications scientifiques  : C. Rivera
Parra, M. Ferents, M. Bardet (conférence de clôture). Atelier « Sensaciones,
gestos e imágenes en un mundo gravitatorio: pequeñas desviaciones de las

PÉDAGOGIE DE LA TRACE : REMÉMORATIONS, 75
TRADUCTIONS, HOSPITALITÉS DANS LA LANGUE

marionetas de Kleist » (M. Bardet, S. Douailler). Enregistrement et montage
vidéos incluant des entretiens avec des danseurs (Erickson Jeudy). Liens :
https://congresofilosofiadeladanza.com/ ;

http://danzariablog.blogspot.fr/2017/07/y-no-solo-cuerpos-1-congreso.html

• E NS D’HAÏTI, MASTER PHILOSOPHIE ET LITTÉRATURE -
Port-au-Prince 08/12 juin 2017 : Pédagogies de la trace dans les postdictatures :
Haïti et autres pays.
L’Atelier-laboratoire a bénéficié pendant la semaine du 08 au 12 juin
d’une conjoncture protégée et favorable malgré une crise générale de
l’enseignement et de l’enseignement supérieur en Haïti (des incidents
ont eu lieu mercredi 14 sur les lieux prévus pour le séminaire puis de
violents incidents se sont déroulés lundi 12 à la Faculté d’ethnologie).
Toutes les séances prévues ont pu se tenir avec les étudiants du master
philosophie et littérature en double diplomation entre Paris 8 et l’ENS
d’Haïti (33), avec 1 étudiante du master pro mise en scène et dramaturgie
de Paris 10 (JingHui Ma), Silvana Rabinovich (UNAM), Antonia Garcia Castro
(Chercheure et traductrice Buenos-Aires), F. Simasotchi (PR Littérature
Paris 8), S. Douailler (PR Philosophie Paris 8). Ont été successivement
présentés et soumis à discussion en vue de projets : les liens théoriques
entre mémoire et traduction (S. Douailler), comment enseigner la
mémoire ? (A. Garcia Castro), l’hospitalité dans la langue et le discours de
l’homme rouge de Mahmoud Darwish proposé à une traduction en langue
créole (S. Rabinovich), la question de la traduction et de la langue créole
(F. Simasotchi). Montage vidéo du séminaire par JingHui Ma comprenant
notamment des entretiens filmés avec Bérard Cenatus (ENS Haïti) et Jhon-
Picard Byron (Faculté d’ethnologie).

•  UNIVERSITÉ PARIS  8, Département de Philosophie, Séminaire de master
(EAGMFMEC), les 8, 15, 22, 29 mars 2017 : Formes et fonctions des médiations
évanouissantes.
Mené en dialogue avec la professeure Silvana Rabinovich (UNAM)
professeure invitée sur chaire internationale à l’Université Paris 8
(7 mars - 7 avril 2017). Ouvert à des étudiants de master d’Haïti en double
diplomation (en mobilité internationale Erasmus +, ou venus à titre

76 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

individuel) et d’autres étudiants rattachés à l’atelier-laboratoire (Jing-
Hui Ma), le séminaire s’est tourné vers la notion de terme ou médiateur
évanouissant en tant que point structural en excès sur les parallélismes
entre situations ou aires culturelles construits sur des conceptions
classiques de l’analogie (S. Douailler), et vers le programme d’hospitalité
dans la langue en tant qu’il analyse et recueille des exceptions
philologiques dont la littéralité (littérarité) résiste à l’instrumentalisation
des faits de langue dans la modernisation (sécularisation) du théologico-
politique (« lire la Bible à travers les yeux des Cananéens », S. Rabinovich).
En lien avec le programme « Nomadisme et hospitalité dans la langue »
de l’Université nationale autonome de Mexico (UNAM) par le biais d’un
groupe de travail fermé sur Facebook  : Grupo cerrado  : Heteronomias
de la Justicia. Préparation avec les étudiants du séminaire d’une activité
prévue de se tenir entre le 27 octobre et le 7 novembre dans les camps
de réfugiés de la République Arabe Saharaoui Démocratique à Hamada
(Algérie) et Tifariti (Maroc) : participation à un cycle cinématographique
« Cine en las Wilayas » avec des films sur les disparus au Mexique et dans
le Sahara ; jeux et lectures dans des écoles ; lectures et traductions du
« Discours de l’homme rouge » de Mahmoud Darwish et échanges avec
des poètes saharaouis ; improvisations et performances chorégraphiques
et corporelles avec des femmes saharaouïes.

• I NSTITUT DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES IGLOBAL, UNIVERSITÉ
DE CARTHAGÈNE, UNIVERSITÉ DEL ATLANTICO, Santo Domingo (République

dominicaine), Cartagena de Las Indias (Colombie), Baranquilla (Colombie)

23 / 30 novembre 2016 : Mémoire et traductions.

Participation au IIIe Congrès transdisciplinaire de la Caraïbe sur « Les défis de
la pensée sociale et utopique en Amérique latine » à Santo-Domingo, à une
journée de séminaire doctoral sur « Pédagogies et institutions » à l’Université
de Cartagena de Las Indias et à une journée d’études internationale intitulée
« Traduction de l’intraduisible : penser avec les savoirs de l’autre » à l’Université
Del Atlantico de Baranquilla. Avec Varencka Bello (étudiante du master Pro
« Traduction » (LISH) de Paris 8), Françoise Simasotchi (PR Littérature Paris
8), Yala Kisukidi (MCF Philosophie Paris 8), Stéphane Douailler et Patrice
Vermeren (PR Philosophie Paris 8), Edelyn Dorismond (Enseignant-chercheur

PÉDAGOGIE DE LA TRACE : REMÉMORATIONS, 77
TRADUCTIONS, HOSPITALITÉS DANS LA LANGUE

Université d’État d’Haïti, Collège international de philosophie, docteur paris
8), Ana Isabel Aguera (doctorante Paris 8 en contrat doctoral de l’Institut des
Amériques à Santo-Domingo), Jose Pedro Ortega (Enseignant IGlobal, UASD,
doctorant Paris 8), Luz Maria Lozano Suarez (Enseignante Del Atlantico,
doctorante Paris 8), Angelica Montes Montoya (Enseignante-chercheure
SUE-CARIBE, GRECOL EHESS, docteure Paris 8). Constitution d’un réseau
interuniversitaire au sein de l’espace Caraïbe associant Haïti, la République
dominicaine, les universités colombiennes du réseau SUE-CARIBE. Analyses
et discussions entre les partenaires du réseau à constituer portant sur les
écritures, réécritures et modes du traduire dans l’espace des Caraïbes.
Parution des textes présentés au IIIème Congrès transdisciplinaire de la
Caraïbe à Santo-Domingo (A. Agüera, V. Bello, E. Dorismond, S. Douailler, N.Y.
Kisukidi, J.P. Ortega, F. Simasotchi, P. Vermeren). Élaboration d’un programme
PREFALC sur Réécritures de la modernité et des émancipations dans la
grande Caraïbe porté par Nadia Yala Kisukidi à l’Université Paris 8 (avec des
enseignants de master des départements de philosophie, littérature, études
de genre, sciences de l’éducation, histoire, cinéma, danse et sociologie),
avec l’Université d’État d’Haïti (master anthropologie sociale de la faculté
d’ethnologie, masters philosophie, littérature, histoire, histoire mémoire et
patrimoine et M1 sciences de l’éducation de l’ENS d’Haïti), avec l’Université
Del Atlantico de Baranquilla (masters littératures caribéennes, études de
genre, histoire), avec les universités membres du réseau interuniversitaire
SUE-CARIBE (Del Atlantico, Cartagena, Cordoba, La Guajira, Magdalena,
Sucre, Universidad Popular de Cesar, Universidad tecnologia de Choco),
avec l’Université autonome de Santo Domingo (UASD - formations de master
transdisciplinaires), avec l’Institut IGlobal des Hautes Études en Sciences
Sociales de Santo Domingo (masters sciences politiques, sciences juridiques,
relations internationales). Projet PREFALC déposé le 28 avril 2017, réponse
favorable de PREFALC reçue le 12 juillet 2017.

2015-2016

• E NS HAÏTI, Port-au-Prince - 06 / 11 juin 2016 : Pédagogies de la trace.
Séminaire avec les étudiants du master Philosophie et Littérature de Paris
8 délocalisé à l’ENS d’Haïti (46) avec M. Bardet, S. Douailler, C. Louis, F.
Simasotchi, E. Tassin. Réappropriation collective des activités menées en

78 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

2014-2015 et 2015-2016 au sein de l’atelier-laboratoire « De la dictature à
la démocratie ? (I) et (II) ». Élaboration de projets et formalisation du motif
théorique et pratique de la « trace ».

•  UNIVERSITÉ PARIS 8, SEMAINE DES ARTS - 21/25 mars 2016 : Autour de la table.
Performance portée par Marie Bardet, Camille Louis, Maria Kakogianni,
dans le cadre de la «  Semaine des arts de Paris 8  » avec l’appui du
département Danse de Paris 8 et de la compagnie Oro, et centrée sur le
partage des savoirs et des pratiques du corps, avec 2 étudiants du master
Philosophie et Littérature de Paris 8 délocalisé à l’ENS d’Haïti (Joanne
Guillaume et Kernst Élie Calixte) et 1 étudiante du master Pro Mise en
scène et Dramaturgie de Paris 10 (Flore Simon).

• F OKAL (Open Society Haïti) - 08/12 mars 2016 : Construire la démocratie : Mémoire
et Transmissions – Institutions et Citoyenneté.
Restitution à Port-au-Prince par la FOKAL de la Rencontre des mémoires :
conférences, tables-rondes, exposition, projection de documents vidéos,
performances artistiques. Récit à plusieurs voix sur la rencontre des
mémoires en Argentine (L. Mangonès, D. Magloire, J-P Byron) avec la
participation de l’UNGS (Gustavo Ruggiero, L. Ogando) et la responsable
scientifique et pédagogique de l’enquête sur le massacre de Cazale (C.
Girola)  : http://memoiredencrier.com/wp-content/uploads/2015/08/VF-
rencontre-des-memoires-en-Haiti.pdf

• I nstituto de Investigaciones Filologicas (IIF), UNIVERSITÉ NATIONALE AUTONOME
DE MEXICO, Mexico - 31 oct/6 novembre 2015 : Exils et utopies. Hétéronomies de
la justice.
Manifestation scientifique internationale organisée pendant la semaine
des morts au Mexique dans le contexte des étudiants mexicains disparus
et tués d’Ayotzinapa, avec 2 étudiants du master philosophie et littérature
de Paris 8 délocalisé à l’ENS d’Haïti (Joanna Guillaume, Kernst-Élie Calixte
– empêchés pour cause de visas délivrés en retard par l’Ambassade du
Mexique à Port-au-Prince), avec 2 étudiants du master 1 Pro Mise en
scène et Dramaturgie de Paris 10 (Marie Cousseau et Flore Simon), sous la
responsabilité pédagogique de Stéphane Douailler et Carmen Rivera Parra

PÉDAGOGIE DE LA TRACE : REMÉMORATIONS, 79
TRADUCTIONS, HOSPITALITÉS DANS LA LANGUE

(Paris 8) ainsi que de Maria Kakogianni et Georges Navet (LLCP EA 4008
Paris 8), et à l’initiative du programme PAPIIT IN401215 « Hétéronomies de
la justice » coordonné par Silva Rabinovich (UNAM), du séminaire PII2014-
IIUACM coordonné par Pilar Calveiro (UACM, UNAM IIFL et CEEIICH UABJ.
Recueil de données et d’expériences, déplacement à Mixquic, échanges
avec des membres des familles en quête de disparus du collectif Red de
Enlaces Nacionales et avec le Collectif «  Fuentes Rojas  »  : https://www.
facebook.com/fuentes.rojas.5?fref=ts ; Publication en cours du colloque
international Hétéronomie de la justice : exils et utopies.

2014-2015
•  ENS HAÏTI, Port-au-Prince - 18/25 juin 2015 : Mensonge et politique.

Séminaire de master avec les étudiants du master de Philosophie et de
Littérature de Paris 8 délocalisé à l’ENS d’Haïti sous la responsabilité
pédagogique de S. Douailler (PR Paris 8).

•  Universidad Nacional General Sarmiento (UNGS) et Espacio Eclectico, Buenos-
Aires - 02/06 juin 2017 : Rencontre des mémoires.
Rencontre internationale à l’invitation de l’UNGS et de l’Espacio Eclectico
pour accueillir dans les structures et actions mémorielles argentines une
délégation de la FOKAL (Michèle Duvivier Pierre-Louis - Présidente de
la FOKAL, ancienne Première Ministre, Lorraine Mangonès -Directrice
exécutive, FOKAL, David Bruchon - Consultant, FOKAL, Florence Élie -
Protectrice du Citoyen, Danièle Magloire - Collectif contre l’impunité,
Marie-Marguerite Clérié - Comité Devoir de mémoire), Rachèle Magloire
(réalisatrice et cinéaste), Jhon-Picard Byron (Ethnologie, Université d’État
d’Haïti), avec 2 étudiants du master de Philosophie et de Littérature de
Paris 8 délocalisé à l’ENS d’Haïti (J. Guillaume, F. Torchon - empêchés pour
cause de visas non délivrés dans les délais par les Etats-Unis), 2 étudiants
du master Coopération artistique internationale de Paris 8 (J. de Larrard, A.
Bougeard), Etienne Tassin et Claudia Girola (Paris 7), Stéphane Douailler et
Françoise Simasotchi (Paris 8), Aurore Jacquard et Camille Louis (doctorantes
Paris 8). Cette action a mobilisé sur son versant argentin Gabriela Diker
(Rectrice de l’Universidad Nacional General Sarmiento), Eduardo Rinesi
(UNGS), Daniel Lvovich (Histoire contemporaine, UNGS),Daniel Korinfeld

80 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

(Universidad Nacional de Lanús), Ana-Paula Penchaszadeh (Universidad
Nacional de Lanús / Centro de Estudios Legales y Sociales), Gustavo
Celedon (Paris 8 / Universidad de Valparaiso), Antonia García Castro (revue
Cultures & conflits, Radio Universidad de Chile), Carlos Perez Lopez (Paris
8 / CONICYT-Universidad de Chile - PUCV), Abel Córdoba (Procureur en
charge de la procédure contre la violence institutionnelle – PROCUVIN),
Antonio Fernandez (Commission pour la récupération de la mémoire du
Campo de Mayo), Analía Meaurio et Graciela Rodríguez (Secrétariat des
Droits Humains – Suteba), Francisco Arrúa (Commission pour la mémoire
du quartier La Manuelita), Martín Mastorakis (Programme Mémoire et
Territoire – UNGS), Valeria Barbutto (“Espacio para la Memoria y para
la Promoción y Defensa de los Derechos Humanos”), Alejandra Naftal
(Directrice d'art du montage du site de  mémoire), Daniel Tarnopolsky
(Organismes de droits de l'homme face au  Centre International de
Promotion des Droits de l'Homme), María Freier (Centro Cultural de la
Memoria Haroldo Conti), Marie Bardet (Espacio Eclectico). Les Rencontres
ont consisté en tables-rondes («Mémoires, récits, psychanalyse  »,
«  Pratiques mémorielles  », «  Mémoires et territoires  », «  Politiques
de l’exercice du pouvoir, politiques des droits de l’homme, politiques
mémorielles  : conflits, suppléances, incompatibilités  »)  ; visites de sites
mémoriels incluant des échanges avec leurs responsables (Garnison
militaire de Campo de mayo, quartier Manuelita de San Miguel, Fátima
école secondaire n°9 de Pilar, Morón, ex-MESMA, Monument aux victimes
du terrorisme d’État, Parque de la Memoria) ; séances de travail avec
l’équipe argentine d’anthropologie extérieure ainsi qu’avec le groupe
d’études du Centre d’anthropologie sociale sur la police et les forces de
sécurité (IDES). Réalisation de documents vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=zfE-qO-ni_k (UNGS) ;

https://www.youtube.com/playlist?list=PLv34QpRsv1LXu4wol2KDzeYVTRtQl7bVB

(Rachel Magloire) ;
https://www.youtube.com/channel/UCRgWGXMcMwyI9UyARNhfbwg ;
https://youtu.be/YZ5zTcyeOCY ;
Une journée a été consacrée à l’Espacio Eclectico aux performances du
« faire mémoire ». Cette journée a été préparée tout au long de la semaine
et de ses activités par des entretiens enregistrés avec l’appui des étudiants

PÉDAGOGIE DE LA TRACE : REMÉMORATIONS, 81
TRADUCTIONS, HOSPITALITÉS DANS LA LANGUE

de l’atelier-laboratoire CréaTIC (Jeanne de Larrard, Antoine Bougeard)
sous la responsabilité pédagogique et artistique de Marie Bardet (Espacio
Eclectico) et Camille Louis (kom.post et Paris 8). Elle a proposé selon le
protocole de la «  Fabrique du commun  » une performance d’échanges
sensibles, (dis)sensuels et parlés entre les participants de la « Rencontre
des mémoires » réunis dans l’Espacio Eclectico de Buenos-Aires (Camille
Louis, Marie Bardet, Jeanne de Larrard, Antoine Bougeard, Senda Sferco,
Soledad Nivoli) :
http://kompost.me/p/encuentros-de-memorias-espacio-eclectivo-du-1-au-8-juin/

• E NS HAÏTI, FOKAL, Port-au-Prince - 12/19 avril 2015 : Session d’écriture créative
post-mémoire.
Atelier d’écriture mené avec des étudiants du master de philosophie et
de littérature de Paris 8 délocalisé à l’ENS d’Haïti (12) et ouvert à d’autres
participants, sous la responsabilité pédagogique de Françoise Simasotchi
Bronès (MCF Littérature Paris 8) et Zineb Benali (PR Littérature Paris 8)
membres du «  Groupe de Recherches sur les Écritures de la Violence
Extrême » (GREVE), et avec l’appui logistique de la FOKAL. Réalisation d’un
enregistrement vidéo de l’atelier et montage ;
Publication de textes dans un dossier « Pouvoir / Domination / Violence »
de la revue PublicaD’Elles : https://www.facebook.com/Publicadelles ;
Édition en ligne d’une conférence prononcée à la FOKAL Par F. Simasotchi-
Bronès et Z. Benali :
https://soundcloud.com/histoire-contemporaine-haiti/sets/conversations-partie-2)

• E NS HAÏTI, Faculté de sociologie de l’Université d’État d’Haïti (UEH), Port-au-
Prince et Cazale - 02/08 mars 2015  : À la recherche des récits du massacre de
Cazale (Haïti).
Enquête de terrain menée avec des étudiants du master de philosophie
et de littérature de Paris 8 délocalisé à l’ENS d’Haïti (5) et des étudiants
de la faculté de sociologie de l’UEH, sous la responsabilité pédagogique
de Claudia Girola (MCF sociologie Paris 7) et avec l’appui logistique de
la FOKAL. Méthodologie de l’enquête de terrain et de sa rédaction,
publication  : Enquête sur la mémoire collective du massacre de 1969 à
Cazale (Haïti). Recherche réalisée par Jean Frantsky Calixte, Roosebens

82 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

Chery, Vladimir Pierre Antoine Lovinski, Kedma Louis, sous la direction
de Claudia Girola et Numa Murard, avec le soutien de la FOKAL, de l’ENS
d’Haïti, du LCSP Paris 7, du Centre d’Histoire Contemporaine d’Haïti et du
programme d’excellence IDÉFI CréaTIC de Paris 8.

• E NS HAÏTI, Festival QUATRE CHEMINS, Port-au-Prince - 16/30 novembre 2014 :
La fabrique du commun  : comment passer de la cohabitation des amnésies
individuelles à une composition de mémoire partagée ?.
Performance réalisée avec les étudiants du master philosophie et
littérature de Paris 8 délocalisé à l’ENS d’Haïti (30), 1 étudiant du
département de philosophie de Paris 8 (Sebastian Koch), 1 étudiante
du master coopération artistique internationale de Paris 8 (Jeanne de
Larard), sous la responsabilité pédagogique d’Etienne Tassin (PR Paris 7)
et de Camille Louis (doctorante et dramaturge du collectif Kom.post.) avec
l’appui logistique de la fondation FOKAL (Open Society Haïti) et le festival
« Quatre Chemins » (Guy Regis Junior).
Liens :
http://kompost.me/p/27-nov-17h-fabrique-du-commun-haiti/ ;

http://histoirecontemporainehaiti.lcsp.univ-paris-diderot.fr/Topographie-de-
la-memoire-a-la ;
https://fabriqueducommunhaiti.wordpress.com/ Exploration et partage sensible
des mots et traces mémorielles.

PÉDAGOGIE DE LA TRACE : REMÉMORATIONS, 83
TRADUCTIONS, HOSPITALITÉS DANS LA LANGUE

Guide des sources
en ligne : l'histoire
de l'Université Paris 8
Vincennes Saint-Denis

PAR MARIE-CÉCILE BOUJU

L’atelier-laboratoire «  Guide des sources en ligne : Histoire de l’université
Paris 8 Vincennes Saint-Denis (1969-2019) » s’est déroulé en association avec
le Service des archives de l’université Paris 8, dirigé par Leila Salhi avec la
collaboration de Elise Boisserie. Le master archives de l’université Paris 8,
dirigé par Marie-Cécile Bouju, a proposé un atelier pour l’élaboration d’un
guide des sources en ligne sur l’histoire de l’université Paris 8. Ce projet était
une gageure technique.

LE OU LES MODÈLES PÉDAGOGIQUES MOBILISÉS
Nous avons privilégié une pédagogie de projet, qui reposait sur :
•  2 jours d’atelier ;
•  2 réunions de suivi.

84 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

LE DÉROULEMENT DE L’ATELIER :
RETOUR SUR LES DIFFÉRENTES ÉTAPES, LES PROFESSIONNELS
MOBILISÉS ET LES ÉCHANGES AVEC LES ÉTUDIANTS
9-10 octobre 2017, deux jours d’atelier :
La formation au numérique a été catastrophique. L’enseignant recruté n’a pas compris
les objectifs pédagogiques (qui lui avaient été pourtant communiqués) et a voulu
reproduire, de son propre chef, le cours qu’il avait assuré l’année précédente pour
un autre projet très différent. Les responsables de l’atelier ont donc décidé d’annuler
toutes les autres séances et réunions de suivi prévus avec cet intervenant.
La rencontre avec des archivistes, français et étrangers, dont deux anciens du master
archives, a été très positive. La réflexion autour de l’objet « guide des sources » a
certainement permis aux étudiants de gagner du temps.
Les conférences sur l’histoire de l’université Paris 8, assurées par deux chercheurs,
ont été utiles.

27 octobre et 16 novembre 2017 : deux réunions de suivi,
avec Elise Boisserie (Serv. Archives) et Marie-Cécile Bouju (master archives). Elles
furent des moments parfois difficiles mais indispensables et fructueux. Les étudiants
ont pu avancer sans perdre trop de temps ni s’égarer. Les organisatrices ont redéfini
à chaque fois la commande avec les étudiants.

27 janvier : soutenance devant un jury composé d’universitaires et
d’archivistes professionnels.

BILAN PÉDAGOGIQUE : POINTS POSITIFS ET NÉGATIFS
Pour la première fois, le master archives a réussi à trouver le format qui convient
le plus à la maquette de sa formation (formation en alternance) et à ses objectifs
pédagogiques et scientifiques :
• D eux jours d’ateliers maximum pour l’acquisition de prérequis et deux réunions de

suivi ;
•  Un projet en lien avec des problématiques professionnelles ;
• U n livrable calibré en fonction du temps dont disposent les étudiants : maquette et

mémoire technique.
Ce format va être proposé comme modèle pour tous les projets de groupe du master
archives.

GUIDE DES SOURCES EN LIGNE : L'HISTOIRE 85
DE L'UNIVERSITÉ PARIS 8 VINCENNES SAINT-DENIS

Points négatifs
•  Nous n’avons eu aucun étudiant venant d’autres formations ;
•  La formation aux outils numériques a été inexistante. Les étudiants les plus versés

en informatique ont donc pallié les lacunes de la formation. Pourtant les besoins du
projet avaient été clairement annoncés en amont ;
• L es étudiants, faute de temps (le poids de l’alternance est considérable), n’ont pas
pris contact avec la DSI de l’université.

LES PRODUCTIONS DE L’ATELIER ET LEUR VALORISATION
Les étudiants ont remis au jury - comme cela leur était demandé :
• Une maquette numérique, avec des contenus en test ;
• Un mémoire technique.
Le travail a été jugé remarquable par le jury, malgré quelques erreurs formelles. Le
projet a été remis à la DSI de l’université, qui a émis un avis beaucoup plus nuancé sur
la faisabilité d’un tel projet. Les mouvements sociaux de l’année 2018 ont empêché
toute exploitation de cette étude dans le cadre du 50e anniversaire de l’université.
Néanmoins des archivistes ont demandé communication du mémoire technique des
étudiants (ex. La Contemporaine, ex-BDIC), ce qui prouve l’intérêt de l’objet et de la
démarche.

AUTRES
Les Archives Nationales ont eu l’amabilité de nous accueillir pour les journées d’atelier
et la soutenance. Nous les en remercions.

86 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

L'ancrage
dans le territoire
des acteurs
institutionnels
ou associatifs

PAR PASCAL NICOLAS LE-STRAT ET MARTINE BODINEAU

Pour cette cinquième édition, et comme au cours des éditions antérieures,
les étudiants ont été invités à travailler dans le cadre d’une commande
formulée par des acteurs de la ville de Saint-Denis. Nous nous sommes
adressés à l’équipe du « 110 », centre socioculturel coopératif1, impliquant
des acteurs bénévoles et différentes associations et collectifs de la ville.
Sans aboutir à une commande formelle, l’échange qui a eu lieu avec les
participants de l’atelier nous a incités à faire porter nos travaux sur la
question des initiatives citoyennes et celle des expériences collaboratives.

1. Voir plus loin.

L'ANCRAGE DANS LE TERRITOIRE 87
DES ACTEURS INSTITUTIONNELS OU ASSOCIATIFS

Les étudiants et étudiantes2 sont donc allés sur le « terrain », à la rencontre de
différents collectifs et de futurs coopérateurs investis dans le projet du « 110 ».

La particularité de cette édition tient au fait que les étudiants ont participé
activement aux activités des collectifs : atelier de tricotage, jardinage, réunions
d’élaboration d’un projet collectif dans l’espace public, accueil du public à
l’occasion d’un spectacle. D’abord sceptiques, quant à la pertinence d’une
telle démarche dans le cadre d’un travail de recherche, les étudiants se sont
rapidement rendus compte que « faire avec » les membres des collectifs était
le moyen le plus adapté pour expérimenter le travail collaboratif (y compris
entre eux) et pour en percevoir toutes les dimensions. Ils ont noué des relations
d’une grande qualité avec les membres des collectifs, qualité dont a témoigné la
journée de restitution de l’atelier, organisée le 20 janvier 2018, dans les locaux
du collectif d’artistes Adada.

DÉROULEMENT
L’atelier s’est déroulé de septembre à décembre 2018. Il a réuni 33 étudiants
du parcours ETLV et 2 du master Net (Numérique : enjeux, technologie). Cette
année encore, les étudiants se sont répartis en petits groupes, pour travailler
de façon autonome. Une permanence a été organisée par les enseignants,
chaque mardi matin à l’université, pour accueillir les groupes venus y travailler
ou pour les accompagner dans leur recherche. Quelques matinées ont été
consacrées à des séances plénières, en particulier pour les besoins de la
préparation de la journée de restitution. Au cours des premières semaines de
janvier 2019, un groupe s’est mobilisé pour assurer l’organisation logistique
de la manifestation.

LES ACTIVITÉS ET LA JOURNÉE DE RESTITUTION
Les collectifs associés à l’atelier
• L e projet du centre socioculturel coopératif
Le projet de création d’un centre socioculturel sous statut coopératif (expérience
inédite en France) a été initié par l’association Coopérence, chargée de la mise

2. Dans la suite du texte  : «  étudiants  » désignera l’ensemble des participants et les groupes
« mixtes ». « Etudiantes » désignera les groupes exclusivement féminins.

88 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

en œuvre de la phase de préfiguration3.
Un groupe d’étudiants a travaillé avec la cheffe de projet du 110, (membre
de l’association  Coopérence), en vue de rendre compte des objectifs de la
coopérative et des modalités de sa mise en place. Plusieurs entretiens ont eu
lieu et, malgré les difficultés rencontrées par les étudiants pour déterminer leurs
axes et méthodes de travail, ils ont préparé un atelier en vue de la journée de
restitution, permettant d’entrer en dialogue avec les participants sur le thème de
la coopération.

•  Autour des produits artisanaux marocains
Quelques étudiantes se sont intéressées à l’initiative de coopératrices (pionnières du
projet du 110), souhaitant faire connaître les produits issus de la tradition artisanale
marocaine et fabriqués à base de graines d’argan. Elles ont réalisé un entretien avec
l’une des femmes, ont effectué une recherche sur la fabrication artisanale marocaine
et créé un diaporama. Elles ont organisé une démonstration des produits cosmétiques
(en proposant des massages) et une dégustation des denrées alimentaires, en
collaborations avec les femmes. Ces dernières se sont chargées de la confection et
de l’organisation du goûter prévu durant l’après-midi de la restitution.

•  Produits bio et denrées « exotiques »
Un petit groupe d’étudiantes a rencontré l’un des futurs coopérateurs du 110,
proposant des animations autour de la fabrication de jus de fruits et légumes, destinées
à faire connaître les produits bio. Les étudiantes ont réalisé un entretien, puis se sont
intéressées aux denrées alimentaires proposées par les nombreuses «  boutiques
exotiques » de la ville de Saint-Denis. Les étudiantes ont choisi une recette, ont réuni
les ingrédients nécessaires (qu’elles ont photographiés sur les rayons des magasins),
puis elles ont exposé les photographies et proposé une dégustation de leur plat.

•  Tricotage collectif ou « Tricot partage »
L’association  Tricot-partage propose des activités mêlant pratiques artistiques et
savoir-faire populaires4.

3. La coopérative a adopté ses statuts et le nom : « 110 », en juillet 2018. Sur les réseaux sociaux :
https://www.facebook.com/cscooperence/
4. Sur les réseaux sociaux : https://www.facebook.com/tricoterlepartage/

L'ANCRAGE DANS LE TERRITOIRE 89
DES ACTEURS INSTITUTIONNELS OU ASSOCIATIFS

Rencontrant son initiatrice et animatrice, un groupe d’étudiantes a participé aux
ateliers hebdomadaires, organisés au sein de la Maison jaune5 et au sein du 110.
Elles ont d’abord pris le temps de rencontrer les tricoteuses (et l’unique tricoteur),
en partageant ces moments conviviaux, crochet ou aiguilles à la main, puis elles
se sont employées à élaborer leur contribution à la journée de restitution. Deux
entretiens ont été réalisés ; un diaporama (avec l’aide technique d’un membre de
la Maison jaune) ; un recueil de paroles, tiré des entretiens ou des conversations
intervenues au cours des séances ; un court document issu d’une recherche sur les
« tricoteuses » de la Révolution française. Les travaux des membres de l’association
ont été exposés et un atelier s’est tenu pour initier les étudiants et les participants
de la manifestation du 20 janvier.

•  Jardinage et travaux au « Jardin Haguette »
Le jardin partagé du collectif Haguette a été ouvert sur un délaissé urbain, situé
dans le centre de la ville6.

5. L’espace d’expérimentation artistique sociale et urbaine « Maison jaune » se définit comme « un
lieu pour agir et devenir acteurs de la construction de son quartier  ». Sur les réseaux sociaux  :
https://www.facebook.com/maisonjaunesaintdenis/
6. Sur les réseaux sociaux : https://www.facebook.com/haguette.jardin.7?fref=ts

90 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

Prenant contact avec le collectif, les étudiants et étudiantes ont été invités à
participer à l’une des séances de jardinage qui se déroulent chaque samedi matin.
Puis ils ont renouvelé l’expérience au cours des semaines suivantes, s’intégrant
peu à peu à l’équipe des jardiniers et partageant des travaux plus difficiles
(aménagement des allées, confection de bacs de plantation, transport de terre
et de cailloux). L’équipe a réalisé un entretien, un diaporama et un court film
présentés au cours de la journée de restitution. Des photographies ont également
été exposées.

• L e chapiteau Raj’ganawack
L’association accueille dans son chapiteau des cours de cirque et organise des
spectacles et diverses manifestations, avec le concours de nombreux bénévoles.
Elle accueille également les propositions d’habitants et d’associations en leur
apportant un soutien logistique7. Les étudiants se sont joints aux bénévoles au
cours de plusieurs manifestations. Ils ont réalisé de courts entretiens. Au cours de
la journée du 20 janvier, ils ont proposé l’écoute de paroles recueillies et un atelier
de fresque murale, en présence des membres de l’association. Un jeune circassien
a présenté un numéro durant la soirée.

7. Sur les réseaux sociaux : www.facebook.com/Chapiteau-Rajganawak-169992366825117/

L'ANCRAGE DANS LE TERRITOIRE 91
DES ACTEURS INSTITUTIONNELS OU ASSOCIATIFS

•  Le collectif des Tilleuls
Le collectif, initié par des habitants riverains de la place des Tilleuls (dont
certains membres sont également actifs au sein du collectif Haguette) s’est
investi dans une réflexion sur la co-habitation des usages au sein des espaces
publics. L’élaboration du projet d’animation de la place étant en préparation,
plusieurs étudiants jardiniers ont participé aux réunions du collectif. La
déambulation, prévue durant l’après-midi du 20 janvier, reliant les locaux de
l’Adada, le jardin et la place des Tilleuls n’a pas eu lieu, en raison de la météo
défavorable.

La journée de restitution à l‘Adada
La matinée a été consacrée à l’installation des « stands » de chaque groupe et à
la décoration du lieu. Les ateliers se sont déroulés durant la première moitié de
l’après-midi, suivis d’un goûter confectionné par l’équipe des femmes du « 110 »
et d’une séance de projection des réalisations des étudiants, dont le film VAS,
vivre la recherche et Art de faire la ville à Saint-Denis (voir ci-dessous).
Un débat s’est tenu par la suite, au cours duquel les membres des différents
collectifs ont témoigné de l’expérience vécue avec les étudiants. Ce temps
d’échange a été particulièrement fort. Les participants ont témoigné avec
émotion de la qualité des relations et de la valeur qu’a représenté, à leurs yeux,
l’attention que les étudiants ont porté à leurs activités et leurs projets. La journée
a également procuré aux différents collectifs l’occasion, peu fréquente, de
partager un moment en commun.
La soirée s’est achevée par le concert d’un groupe de musiciens dyonisiens8, assorti
de la dégustation de quelques plats faits maison, dont la soupe confectionnée la
veille par un groupe d’étudiants.

LES RÉALISATIONS ET LEUR DIFFUSION
Un carnet de terrain
Tout au long de l’atelier, les étudiants ont été invités à produire des récits de
leurs activités au sein des collectifs et de les publier sur le blog «  Carnet de
terrain  »9 ouvert sur le site «  comme-une-ville  » des Fabriques de sociologie

8. https://www.facebook.com/xaxemusic/
9. http://www.comme-une-ville.net/blog/

92 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

(http://www.comme-une-ville.net/) .10
Dans un premier temps réservé aux étudiants, puis accessible aux membres des
collectifs, le blog a été rendu public avant la fin de l’atelier.

Une page Facebook
Une page a été ouverte11, permettant de diffuser des informations sur l’avancement
de l’atelier, relayées par les collectifs dans leur propre réseau, et de donner accès
aux réalisations (diaporama et films) des étudiants à l’issue de l’atelier.

Le film « VAS - Vivre la recherche et Art de faire la ville à Saint-Denis »
Trois étudiants (membres du groupe travaillant avec le chapiteau Raj’ganawak) ont
pris l’initiative de saisir des images de leur découverte de la ville et de quelques
séances de travail à l’université. Ils ont ensuite formé le projet de réaliser un film
retraçant la démarche de l’atelier. Ils ont produit un film original, véritable plaidoyer
pour les démarches de formation-action-création12.

Les suites
Le film « VAS » a été projeté au cours de l’inauguration du  110, le 31 mars 2018. Le
débat qui a eu lieu a confirmé l’intérêt des acteurs de la ville de Saint-Denis pour
développer les rencontres avec les étudiants et, plus largement pour développer
les contacts avec l’université Paris 8. Le débat a été enregistré par l’association
les  Kolporteurs13.

LE BILAN PÉDAGOGIQUE
Après un temps d’hésitation, les étudiants se sont activement engagés dans les
activités des collectifs, acceptant simplement de « faire avec » sans avoir à mettre
en place des méthodes particulières, en amont, pour se «  mettre en recherche  ».
Comme nous l’indiquions dans le bilan de l’édition précédente, les  leçons tirées de

10. La création du blog et le suivi éditorial des publications ont été assurés par une jeune maison
d’édition, Les Editions du commun https://www.editionsducommun.org/ qui collabore avec le
séminaire des Fabriques de sociologie.
11. https://www.facebook.com/artsdefaireSaintDenis/
12. http://idefi-creatic.net/fr/vas-vivre-la-recherche-et-arts-de-faire-la-ville-a-saint-denis/
13. https://soundcloud.com/user-833985177/emission-radio-kolporteurs-cooperence/

L'ANCRAGE DANS LE TERRITOIRE 93
DES ACTEURS INSTITUTIONNELS OU ASSOCIATIFS

nos expériences nous incitent « à “voyager léger“ – avec un couteau suisse plutôt
qu’une lourde “boîte à outil méthodologique“ – pour tirer le meilleur parti de la

créativité des étudiants et du savoir faire des acteurs du terrain qui collaborent à ces

expériences » [Bodineau, 2017]14.
Les difficultés rencontrées par l’un des groupes ont été éclairantes de ce point de
vue. Au lieu d’aller à la rencontre des acteurs du « 110 », ils se sont attachés à définir
le rôle qu’ils devaient tenir en tant que chercheurs et se sont inquiétés de l’utilité
de leur travail. Ils ont estimé qu’ils devaient fournir une analyse du projet du centre
socioculturel, cela d’un point de vue «  extérieur  ». Cette position les a empêchés
d’entrer en contact avec leur « terrain ». Par ailleurs, les étudiants les plus investis
ont été déçus de constater un moindre engagement de la part des autres membres
du groupe. Ils se sont laissés décourager et n’ont pas su, dans un premier temps,
considérer ces difficultés comme faisant partie de l’expérience collaborative à
laquelle l’atelier les conviait. Ils se sont toutefois ressaisis et sont parvenus à élaborer
une proposition pour la journée de restitution.
Cette année, nous avons insisté pour que les étudiants s’engagent dans la mise en
récit de leur travail de terrain et cela de manière partagée. Le blog a fourni un outil
adapté à cet objectif, permettant à certains d’entre eux de réaliser une véritable
expérience d’écriture. La réception positive de leurs écrits par les membres des
collectifs a été encourageante pour les étudiants, valorisant à la fois leur travail et
celui des collectifs.

14. BODINEAU Martine(2017), « Quatre leçons apprises du terrain : l’erreur ou l’insuffisance comme
ressources pour la recherche et l’apprentissage », en ligne : http://www.comme-une-ville.net/
[Mise en ligne août 2017].

94 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

Comédie Française
2.0

PAR TIPHAINE KARSENTI

L’atelier « Comédie-Française 2.0 » s’est déroulé au premier semestre de l’année 2017-
2018. Rattaché au master « Théâtre : écritures et représentations » de l’université
Paris-Nanterre, il portait cette année sur les polémiques déclenchées par deux pièces
du Répertoire ancien de la Comédie-Française  : Mahomet de Voltaire (1742) et Le
Siège de Calais de Pierre-Laurent de Belloy (1765).

Il a consisté en une série de séances hebdomadaires de 3h, tenues à Paris à l’INHA, les
lundis matin entre le 16 octobre et le 4 décembre 2017, et en un workshop délocalisé
à l’université de Harvard (États-Unis) entre le 10 et le 12 novembre 2017.

Cet atelier a réuni onze étudiant.e.s du master théâtre de Nanterre (six du parcours
« Ecritures et représentations », et cinq du parcours « mise en scène et dramaturgie »)
et quatre étudiant.e.s du master création et édition numériques de Paris 8, ainsi que
des étudiants américains du département de French Romance and Languages de
l’université de Harvard pour les séances de workshop.

L’objectif de cet atelier était à la fois d’introduire les étudiants à des enjeux esthétiques et
idéologiques de l’histoire du théâtre via la pratique théâtrale, l’analyse dramaturgique et la
recherche historique, et de les initier à la réalisation d’infographies et à la scénarisation web.

COMÉDIE FRANÇAISE 2.0 95

LE OU LES MODÈLES PÉDAGOGIQUES MOBILISÉS
Pour cet atelier, nous avons expérimenté :
• L a pédagogie par projet, en réunissant des étudiants de niveaux, de langues et

de disciplines différentes autour d’un même objectif concret. Ils ont été réunis
par groupes autour de missions à réaliser, puis ils dont dû transmettre aux autres
membres du projet leurs résultats pour élaborer en commun un scénario et une
structure du site web que nous avons réalisé ;
• L a pédagogie par l’action puisqu’il s’agissait de réaliser un livrable commun : toutes

96 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018

les opérations de recherche et de formulation étaient orientées vers la conception
et la fabrication de cet objet ;
•  La pédagogie par la pratique théâtrale  : le workshop pratique à Boston a été
déterminant pour permettre aux étudiants de s’approprier, de comprendre,
d’incorporer les conflits idéologiques qui structuraient les polémiques qu’ils
avaient à étudier. Chacun avait pris en charge un texte précis de la polémique (une
lettre, un article de journal, un extrait de mémoire, un traité, etc.) et a contribué,
avec les metteurs en scène, à la conception d’une proposition scénique issue de ce
matériau. Ces propositions ont été filmées.

LE DÉROULEMENT DE L’ATELIER :
RETOUR SUR LES DIFFÉRENTES ÉTAPES, LES PROFESSIONNELS
MOBILISÉS ET LES ÉCHANGES AVEC LES ÉTUDIANTS
Il s’est tenu en deux temps :
• Une série de séances hebdomadaires à Paris, entre le 16 octobre et le 4 décembre
2017 ;
•  Un temps d’atelier intensif, dans le cadre d’un colloque-atelier international à
l’université de Harvard (Cambridge, MA) du 10 au 12 novembre 2017.

Il a associé deux types de travail :
• Une confrontation des textes au plateau, sous la conduite de metteurs en scène
professionnels (Hervé Loichemol, Sacha Todorov, Clara Hédouin, Antoine Reinartz),
qui ont amené les étudiants à mieux saisir les enjeux dramaturgiques des pièces et à
évaluer la force polémique de ce théâtre du passé aujourd’hui. Ces travaux ont abouti
à deux propositions de restitution qui ont été filmées ;
• Un travail de traduction infographique des polémiques, qui prend la forme d’un site
internet, consultable en ligne sur le site internet du projet RCF, dans l’espace réservé
aux expérimentations pédagogiques. Ce travail s’est fait sous la double conduite de
Clara De Alberto, infographiste, et de Christophe Schuwey, à la fois chercheur sur le
théâtre du XVIIIe siècle (université de Fribourg, et à partir de la rentrée 18-19 de Yale)
et webmaster.
Le travail de recherche historique sur les polémiques a été encadré par Tiphaine
Karsenti, avec l’aide de Charline Granger, spécialiste de la réception du théâtre dans
la presse au XVIIIe siècle, qui a proposé des conférences.

COMÉDIE FRANÇAISE 2.0 97

BILAN PÉDAGOGIQUE : POINTS POSITIFS ET NÉGATIFS
Points positifs
Cet atelier a confirmé ce que les précédents ateliers avaient mis en évidence : l’intérêt
et l’importance de ces pédagogies innovantes pour l’enseignement de l’histoire du
théâtre.
À ces constats, il a ajouté celui de l’intérêt de la pratique théâtrale expérimentale
pour l’appropriation rapide et efficace de connaissances théoriques et historiques,
pour la cohésion du groupe et la mise en place de synergies collectives.
La délocalisation a été l’occasion de rencontres stimulantes entre des étudiants
français et américains, des étudiants de master et de doctorat. Elle a également
permis aux Français de découvrir une université américaine, ses fonctionnements
différents, ses exigences.
Les étudiants ont enfin été mis en contact direct avec la recherche internationale
subventionnée, en particulier lors du colloque de Harvard, où ils ont rencontré,
entendu et fréquenté de près de nombreux chercheurs internationaux venus
de France, des États-Unis et du Canada. Ils ont pu mesurer les enjeux de telles
collaborations et recherches.

Points négatifs
Comme souvent, le temps nous a en partie manqué pour aller au bout de nos
ambitions. Le travail sur les infographies n’a pas été préparé avec la même rigueur
par tous les groupes, si bien que des projets initialement prévus n’ont finalement pas
été publiés. Mais le résultat est néanmoins satisfaisant.

LES PRODUCTIONS DE L’ATELIER ET LEUR VALORISATION
L’atelier a abouti à la production d’un site infographique traduisant notre travail
sur les polémiques et à deux enregistrements vidéos des restitutions du workshop
américain.
Le site est accessible depuis le site général du projet RCF (cfregisters.org) dans la
rubrique « ressources pédagogiques »), ou bien à cette adresse : polemiques2cf.fr.

98 BILAN PÉDAGOGIQUE 2017 2018


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