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Published by lapommaderemoise, 2015-12-04 03:42:40

La pommade rémoise - DEC15

La pommade rémoise - DEC15

olanpleoumr ampaadses.é.. 2

8page hldYaersstyimsm,épthaounxie édito

pchèreer noël 4page Alors que les rires des enfants éclatent avec la vivacité
des frénétiques éclairs des kalachnikovs, les chalets de
birdemic Noël lovés dans leur fausse neige fleurissent au cœur
d’une ville qui se meurt.
enfin la vf ! Les paysages urbains se parent de leurs mille et une
étoiles qui scintillent de mille feux dans un climat
10page -16 d’hiver indien aux sueurs froides.
La température idylique d’un hiver qui n’a jamais
6page nalisessegnrtaennddsércéemmobirse atteint des seuils aussi doux depuis plus d’un siècle nous
offre pourtant la fièvre la plus paradoxale : un long fris-
son, froid dans le dos, flirte avec la dantesque chaleur
d’un climat hostile de guerre froide, où les sirènes des
ambulances et les farandoles de la Police font pâlir les
étoiles.
A l’angle de la Mairie, une équipe de déminage est dépê-
chée sur le pouce, une valise esseulée trône sur l’espla-
nade. Plus lumineux que les étoiles de la place d’Erlon
ou que l’ange souriant du sapin des Vitrines de Reims,
la première case de notre calendrier de l’avent s’ouvre
sur l’explosion de la poésie ordinaire la plus anodine :
une pomme, un emballage fresh’air où quelque restant
de salade verte vagabonde joyeusement à présent sur le
parvis.
En parlant de salades, nous ne vous en raconterons pas
ce mois-ci ; à propos de Noël et de l’arrivée des pro-
messes du jour de l’An, nous avons les boules, pas
qu’au sapin. Même si ça a bien failli le sentir fort.
Dans cette issue, nous vous parlerons d’ordinaire,
de la vie de tous les jours. Du traintrain quotidien,
le Tube ne sera pas bouché ; parce que tout simplement,
j’en pince pour Reims.
Plus que jamais rose bonbon, rose acidulé ou téléphone
rose, douce comme du papier toilette, la Pommade est
indiquée en traitement quotidien contre les petits et
grands maux. À contre-culture et à contre-courant.
Torchon ou feuille de chou, dans vos petits papiers ou
aux petits oignons, c’est un carnaval que nos Rémois
font fleurir dans une fougueuse joute verbale et ébulli-
tion visuelle. D’ailleurs, bienvenue aux nouveaux !

direction artistique : justine maillard
rédacteur en chef : léo devillers
comité de rédaction : tonton bertrand, emile devillers,
enid, erwin cabanac, harmony bobo, maniche nails,
salamaleck dubhau khaal
www.lapommaderemoise.fr - [email protected]
imprimé à reims - ne pas jeter sur la voie publique, grrrrrrrr !

du bonheur dans 3

notre malheur Dans son dernier communiqué, l’Automobile Nascar Club de la Marne
tient à adresser ses félicitations à la ville de Reims pour sa prestigieuse
ruethiers Marianne d’or du développement durable. Une écoparticipation sera
prélevée sur les billets d’entrée lors du prochain grand prix de Reims-
confusionnsL1mbreu8âo’eeatunsraivotemnedn)lqseatluesabadipliuenMriétèsct7atasot1arirutltaèpvlyvsAailroteedsiisnoroqatnl(tupqia.dishupefveapaidirvrTtéaitssihmietdirréedeérnescBapl.eeagumIuerilrrss-- Gueux.
Bonne nouvelle du côté de l’association Rêves de Vacances 51.
Aldrma’aléauoistvtsoéotiabfecarlaquipmtgueedeeMiano,ndameutî’tnualré«inepngeèeeGVrubeVe.,uemirvlvlale’reenaneukp,tCtelclerani’uétie-dodPrsoutoid»iremtunieevmtreadaéeruge--- L’assemblée générale a validé le projet de voyage d’une journée au
Lac du Der pendant les vacances scolaires d’hiver. Valable pour trois
sex-tapery qu’il s’était attaqué à son insu. jeunes issus de familles défavorisées (sur présentation des justificatifs).
Les candidatures sont ouvertes.
3tprpedLiat3uoianfnufgaavçsurvuni’odaseansléén’f,aeoiftdnisr-ndecasatesiepunm2tnzrci5bttèhimurtasieeétiraursqldeidrducrlouueeeasd.àcmllFeeaHoCWmauejdrepuaieCitulérrrmeaneeiy,auuea.Jgorsneeéenedslpmasedoinecéuidna’tsxaeé,-t On apprend que le collectif d’artistes Génération 7 Janvier vient d’être
rebaptisé Génération 13 Novembre. Pour rappel, il se donne pour
mission de combattre la barbarie dans le monde à l’aide de chansons
engagées et de clips promotionnels. Tous les fonds récoltés seront rever-
sés pour la rénovation de leur studio d’enregistrement avenue de Laon.
Le mouvement Le Canif Pour Tous avait prévu une vaste opération
de saccage du dôme en forme de poitrine féminine qui devait se dres-
ser à Reims le 5 novembre dernier dans le cadre de l’installation
itinérante Voyage au Coeur du Sein. En vain, la municipalité ayant
d’elle-même fait l’effort d’annuler cet événement pédagogique trop
subversif (au contraire des moins scrupuleuses Charleville, Troyes ou
encore Saint-Dizier).

cfSootrnratweabivneererrrys

A l’heure où les grands de ce monde se rassemblent pour Pour en savoir plus sur cette agriculture porteuse d’es-
discuter de l’éventuelle possibilité d’instaurer une poli- poir, Pascal Dusquesnes, ingénieur agronome chez
tique écologique commune et durable sur le long terme, Swag’Ricole, nous a reçus au siège de l’entreprise. Le sys-
c’est l’occasion ou jamais pour chacun d’entre nous de se tème est encore en phase de prototype, mais tous les prin-
mobiliser et d’apporter sa pierre à l’édifice. Alors que tout cipaux ingrédients sont déjà rassemblés : un container en
notre mode de vie et de consommation est à remettre en guise de serre, une lampe LED à radiation ajustable et du
question, certains secteurs clés chers à notre région, tels chauffage comme soleil, et enfin une perfusion d’eau et de
que l’agriculture et la viticulture, sont les premiers visés. nutriments dans le rôle de la terre. Le processus est limpide
et pourtant ô combien révolutionnaire, puisqu’en contrô-
aLu’exngjeruanedsts smaanusxplreéscépdeetintst,reetmcèedttees.fois-ci, lant scientifiquement la température et divers paramètres
du container, on est capable d’optimiser chaque étape de
Face au défi lancé, nos producteurs du terroir ne manquent la croissance des fruits et légumes. On gagne donc aussi en
heureusement pas d’idées, à l’instar de celle développée rendement surfacique, tout en évitant les rejets d’engrais
par la jeune entreprise innovante Swag’Ricole, basée à dans les champs. Et les récoltes sont bonnes et continues !
Reims au cœur du Parc Technologique Henri Farman. Pour le moment, le container prototype est uniquement
Leur invention part d’un constat simple : en produisant dimensionné pour la culture des fraises. Mais l’ingénieur
au plus près des consommateurs, on minimise le nombre agronome nous promet des débouchés sur tout le secteur
d’intermédiaires, on s’affranchit du transport des vivres, agricole : « imaginez qu’il suffise d’un container par fruit
et donc des émissions de CO2. Et comme bon nombre de et légume dans chaque quartier, pour que l’on règle défi-
consommateurs sont citadins, la société a développé sa so- nitivement les problèmes d’agriculture inhérent à notre
lution d’agriculture urbaine raisonnée. Elle permet égale- époque ».
ment de produire un vaste panel de fruits et légumes frais Avant de glisser enfin : « on a également eu des réponses
tout au long de l’année, soit un autre argument fort lorsque favorables de partenaires étrangers pour acheter notre in-
l’on sait que les fraises et autres fruits d’été viennent à vention. en cela, c’est pratique de l’avoir conçue dans un
manquer en hiver. container. »
Pr. Emile Devillers

4

Dans un mois,

tu vas chevaucher ton traîneau
mrenagniequReodaoclpchome ppaogunrédisdteributoenr
atorucs-ente-sciecladpeaaiullxetéda(nlsa ucnlahssaelo).

Sois gentil, n’oublie pas mon petit soulier.

C’est bien beau tout ça mais cette année, j’ai- se ruer sur les cadeaux de dernière minute ? Et
merais que tu nous apportes ce que nous avons même qu’ils commencent en novembre ?
vraiment demandé.
J’ai bien compris que tes lutins sont un peu fai- Les 200 000 Rémois font ça ?
néants et qu’ils ne veulent plus du tout fabriquer
les jouets. En même temps, ce n’est pas en les Mais alors, à quoi tu sers ?
payant à coup de Daim (le bonbon, pas l’ani-
mal) qu’ils vont travailler comme des forçats. J’veux dire par là que finalement, si tu n’étais
A quoi ça sert de faire une liste si ce n’est pas pas là, on aurait quand même les cadeaux.
pour la respecter ! Je ne vais pas t’apprendre
ton job, mais fais un effort. C’est pas compliqué La magie de Noël ? Mais quelle magie ? Celle
quand même ! Et en plus, on te mâche le tra- qui illumine notre belle ville et nos vitrines ?
vail, tu n’as plus qu’à te rendre pépère dans Nan parce que celle là, ce sont les commerçants
les centres commerciaux pour trouver notre qui la mettent en place. Et la magie des bulles
bonheur. dorées, celle ci, ce sont nos vignerons qui s’en
Ah pardon ! Suis-je sotte, j’avais oublié que tu chargent.
étais vieux et fonctionnaire fatigué. C’est vrai Tu vois, en vrai, je dois te le dire au risque de
que tu n’es plus de première fraîcheur. Il serait te faire de la peine : mon petit père, tu n’es plus
temps de te remplacer. Par exemple par des per- du tout utile dans nos vies. Même les enfants se
sonnes jeunes et à la page qui suivent les listes fichent de ton existence. Ils passent d’un cadeau
à la lettre genre : les parents ! Et puis, ça serait à un autre sans même s’émerveiller du pre-
pratique, ils pourraient en plus s’occuper du re- mier…
pas du réveillon. Parce que, je ne veux pas dire
mais ça, tu ne le proposes pas et c’est bien dom- Non, y a pas à dire Père Noël, tu es trop vieux
mage. Sans compter que nous, on te pose du lait pour ces conneries, ça sent le sapin. Et puis,
chaud et des gâteaux sous le sapin hein… Crois plus personne ne croit en toi, regarde ce qu’est
moi qu’on préférerait te laisser une bon cham- devenue la Petite Souris…
pagne à la place (si tu vois ce que je veux dire). Bah pareil, disparue au profit de la Fée des
Comment ça, c’est déjà le cas ? Tu veux dire Dents ! Plus jeune et plus fun !
que… des gens sont assez fous pour se taper
les galeries commerciales le 24 décembre pour Joyeux NoëlAllez, garde la pêche malgré tout et n’oublie pas
(quand même) !
Harmony Bobo de Cagnac

5

Allons enfants de
la pleurnicherie

Llp’oienpsnuoalamtttiemonnat,abtless,adndeessPdaacisrtteiissncadtuiuosnsi13idn’hnâuogmveeameintbsredeetobngatérnbméarerauetrsiotraniu. xlC’peonlmussemmjeebnulteneesdxedp’lneiqnouttrreeer
nous ? Le criminologue Michel Gavron a bien voulu répondre aux questions et aux
légitimes inquiétudes de nos lecteurs encore dans l’âge d’innocence.

Kilian, 9 reanéntshr:ooYmvim’saeauglere,apusèaxrecvhidceetmimFinelésoe. qEeustita-qcumeiiqscuhleaenjdteredapoteiosauuftadilreeeltpaeamFrpersialn«?ceMsaurrécFhaaclebNoookus,

Vsuorilsàon»

Oui la musique est un très bon exutoire dans ces moments douloureux, on dit qu’elle apaise les
mœurs. Tu peux aussi chanter « Imagine » de John Lennon par exemple. Pour l’affichage du
drapeau, ne le fais que si tu culpabilises de ne pas te sentir assez triste, c’est une manière très
pratique et pas chère du tout de montrer à tes copains que toi aussi t’es en deuil. Mais attention
à ne pas trop en faire car plein de gens - comme ceux qui travaillent dans la mode - te diront
que les couleurs bleu, blanc et rouge sont très moches mises ensemble.

Vdeasnevsiscat,i8maenssd:eMs aatmteanmtaantsa. Cunomcomlelnètgucoenqtuini éutearitàavuivlyrceéeaparvèesc cle’adnrcaiemnev?oisin d’une

Tu peux toujours manger cinq fruits et légumes par jour et prendre une tisane digestive après
le repas du midi. Prendre soin de sa santé et de son transit est une excellente façon de retrouver
une activité normale.

Sdetetevblelane,css6aetarhnédsde:rsSagileuennsett?eqrur’oerlilseteexpopsleosuendeagnisgatnotuetsequlae vboilmlbee, aetsotm-ciqeuqeuseuçralpeecultotchueerr

Oui.

Julie, 13 ans : J’habite juste à côté de la Cl’aarvatnocneneqruieel.sYso’airusraj’-itr-aili bientôt des
concerts de groupes àsaBtaéntihsteensyp?our savoir à dormir chez
mes grands parents

Alors il te faudra à tout prix éviter en février le groupe de heavy metal Machine Head. Tu
n’étais pas encore née mais ils se sont fait connaître dans les années 90 avec des morceaux
pas très cléricaux comme « Death Church » ou « A Nation On Fire ». Mass Hysteria fera l’ob-
jet d’une attention toute particulière en décembre des suites de leur titre de 2007 « Une Joie
Kamikaze ». Mais le principal risque pourrait bien venir de la chansonnière Cœur de Pirate,
dont le nom même évoque la perversion et le goût du vice.

Questions sélectionnées par Léo Devillers

6

PeRonéurmquoodiisétoucnsealemsisgbsraernndets

aEuntapnrtéaàmlabutlaei,llneodues ésotanblpiarotrnosnyqmuee lequg’ràanlad hRaéumteouisrsdeeresecsonfnaiatîst.

Il en est ainsi de Barbe-Nicole Clicquot-Ponsardin, dite la Veuve Clicquot, et de Jacques
Tarbé de Saint-Hardouin, dit plomate et ministre français, tous nés dans la ville des Sacres
un beau jour de décembre. Auraient pu s’ajouter à cette liste à rallonge le prématuré député
de la Marne – et opportuniste dès le berceau – François Jean Irénée Ruinart de Brimont,
né un 30 novembre ; sans oublier Nicolas Remi Favart d’Herbigny déjouant le pronostic
médical qui lui était échu pour ne voir le jour qu’un 3 janvier. On ne saurait toutefois trop
blâmer les multiples effets de surprise chez ce général facétieux sans lesquels la prise de
Belle-Ile-en-Mer par les Anglais en 1761 eût sûrement été un fiasco plus total encore.
Les raisons invoquées pour expliquer que les noms de rues à Reims doivent tant au mois
de décembre sont nombreuses, et certaines contradictoires. Quelques mystiques voient l’in-
fluence du lobby des Sagittaires, d’après une déformation de la célèbre phrase prêtée au
bourreau de Reims sous la Révolution, le bien nommé Charles-Henri Sanson, qui aurait
pris l’habitude de susurrer à ses patients avant d’abaisser la lame sur leur nuque : « Il
s’agit de se taire ». D’autres, plus prosaïques, ont effectivement observé, registres parois-
siaux et d’état civil à l’appui, que décembre était de tous temps une période faste pour les
naissances et, par déduction, le printemps pour la fertilité. D’autres enfin, beaucoup plus
bornés, affirment qu’il n’en est rien.
Voyez comment ceux qui n’en sont pas, de décembre, sont rongés par l’aigreur et s’éver-
tuent à représenter le mois sous ses contours les plus sombres, n’hésitant pas à convoquer
au passage tous les clichés répandus sur l’hiver et les champs lexicaux les plus austères :
« Le froid pénètre de tous côtés dans ce réduit. Il est huit heures, c’est à dire une heure
âpre, revêche, pleine d’ingrats malaises dans les matinées de décembre », narre dans un de
ses innombrables bouquins de guerre le lève-tôt Paul de Molènes, né à son plus grand regret
à Reims un été très quelconque.
Certains parvenus réussirent tout de même à se faire une place au soleil et acquérir une
modeste postérité sans avoir pu faire valoir ce privilège à la naissance. De nos jours, aucun
camé n’irait se plaindre de côtoyer la trogne de l’aoûtien Jean-Baptiste Colbert dans le pe-
tit square près de la gare ; il fait désormais partie des meubles. Les historiens s’accordent
pour dire que le calendrier républicain, en vigueur de 1792 à 1806, contribua à casser la
noble image du douzième mois. Les gens de la plèbe s’en donnèrent alors à cœur joie lors-
qu’ils imposèrent une journée du bitume le 23 décembre ou du fumier le 27, alors que les
mois déshérités d’antan se voyaient attribuer de luxuriantes journées de la pimprenelle ou
de la bigarade. Le mal était fait. Depuis ces années un citoyen de février ou de mai était
égal en droits à un citoyen de décembre, sous réserve quand même d’avoir un minimum
d’argent de côté et les relations qu’il faut.
On le voit, le prestige d’être né à Reims au mois de décembre est aujourd’hui suranné. Sa
flamme résiste toutefois encore un peu dans certains milieux très codifiés à l’image du
petit monde des arts et des lettres. C’est pourquoi, malgré les qualités intrinsèques d’un
roman comme J’ai tant rêvé de toi, Patrick Poivre d’Arvor ne saurait prétendre au titre
de grand écrivain.

Léo Devillers

7

« Si je visite une ville inconnue, je vais à pied et j’arrête ma vue sur l’écriteau qui me nomme en passant le pont, la place,
ou l’hôtel ou la rue : car si l’un d’eux me rappelle un savant, un écrivain, un peintre, un militaire, un magistrat, un prince
populaire, leur souvenir me recrée en marchant. Mais de nos saints la longue litanie, patrons chéris de nos dévots aïeux, à
des passants trop fatigué les yeux ; donnons leur place au talent, au génie. Marlot, Nanteuil, Ponsardin, Libergier, Pluche,
CDolebetret,sd’sAabvlaanncotusrtfeat tiasntudn’auctraelse, nRedimrsi,edre t:a vviollieloàrnmeraeiesntsuaniqnutasr.tie»r mieux que saint Loup, saint Gille ou les Apôtres.

Louis de Chevigné - L’Amant crucifié, 1834

24 J.-B. Colbert

professeur d’économie à Versailles
(1619-1683)

Monsieur Fossier Yohann Din iz

Mystérieux boulanger rémois sans écrit avec ses pieds des chansons
histoire qui racheta une biscuiterie pour The Shoes (1978)
vers 1845
4 1 8 Pigeon-martial
Dom Guillaume Mar lot 7 11 Fit son nid sous le clocher de la cathédrale, peu
avant le sacre de Charles VII. Déclencha l’incendie
historien aimant Reims et surtout 5 19 qui détruisit les tours alors en chantier -­ et jamais
la bénédictine (1596-1667) 15 12 ne verront le jour.
R aoul Villain
Cor n ichons 20 21 on eût aimé Jaurès, on a au moins
son assassin (1885-1936)
Surnom des Rémois depuis que 9 23 3 Comtesse de Loynes
leurs députés siégèrent sous la demi-mondaine qui finança la re-
corniche de l’Assemblée pendant 16 vue Action française avec sa moitié
la Révolution. Ressemblances phy- de cerveau (1837-1908)
siques purement fortuites.
17 Mar io Rossi
Jean Godinot
petit papa noël adjoint (1957)
bienfaiteur rémois sans rapport
avec le comte de Gobineau 13 La Veuve Clicquot
(1661-1749) 2
le sort la fit veuve à 27 ans contrai-
NoEl-Antoine Pluche rement à J. Joplin et A. Winehouse
(1777-1866)
prêtre naturaliste quand il ôte sa
soutane (1688-1761) Eaux souter raines

boulet de canon Hormis une légende, personne n’a
jamais pu attester l’existence d’un lac
On peut en voir un en ville sous la sous la cathédrale. Les zodiacs des sa-
porte centrale de la façade ouest. peurs pompiers viendraient toutefois y
Se serait perdu aux pieds de la voguer le 1er avril.
Vierge, mais pourquoi ?
Just Fontaine
Freder ic Bulot
le corbeau et le renard des surfaces
replacé en milieu inoffensif cette (1933)
année (1990)
18 Olivier de Benoist
R ene la Canne
22 ose faire des blagues sur les
truand à la main armée et à la blondes en 2015 (1974)
jambe de bois (1919-2000)
Jules de Saint-Pol
Ar naud robinet
chef militaire sans potes (1810-1855)
homme d’État depuis 2022 (1975)
14 6 Patr ick P. d'Arvor
sainte-ampoule 10
ses intrigues manquent parfois de
Fiole ayant contenu l’huile sacrée sel ou de piment... (1947)
du baptême de Clovis 1400 ans
avant Thomas Edison. S.N.H Linguet

rare libre-­penseur né un 14 juillet
puis guillotiné (1736-1794)

Pauline Ferrand-Prevot

meilleure cycliste française chez
les non ménopausées (1992)

/glhadYysrhtuliost 8

lCdeeeclhaamcnatathdtéi’nudnr,aalaenurgéeds.éotnounre Tantôt assise sur les marches,

Un son céleste réinterprète tsfaorunêtrlôeitansditel,bhooounut eadtuitseptiie;nddgdeuueexl’auyennugexe
« Imagine » de Lennon ou iqàmulmaanetAnCsnehdsa,ypulWinne,aduhénrmoclahrectahlreeissémtvyolee-
« La Méditation de Thaïs »
de Massenet. Les quelques de Klaus Nomi... On a la chance
badaux curieux – et ravis –
semblent saisis d’émotion. idme ppraorvtiiscéipdere Gàlaudnys cHonucloertt.

Ovni sur la scène artistique rémoise, la jeune musicienne a l’habitude de venir ici partager ces instants

magiques, jouant devant oreilles et yeux ébahis d’un drôle d’instrument méconnu - et souffrant d’une image clow-
nesque : la scie musicale. Gladys se produit à présent partout dans la région - on l’a découverte à Reims lors du festival
« Envie d’Art Frais » - et en Allemagne, où un bout de son cœur se trouve. En 2013, vous avez aussi pu l’admirer dans
le célèbre « Gala des artistes » sur France 2, le temps d’un numéro de cirque remarqué aux cotés de Stéphie Selma.
Gladys a tout un univers à nous faire découvrir, entre ses concerts si singuliers, ses clips encensés dans le monde entier,
ses rêves et ses dessins qu’elle partage sur les réseaux sociaux.

Avec elle, embarquons-nous pour un voyage entre rêve et réalité,

art et sensibilité, qui va nous mener au cœur de la création artistique.

bleozn-jonuours gladys, tout dpo’aubroRrdeimpsa.r- dé que la scie musicale serait l’instrument pourquoi vous faites-vous appeler hYrtis et
passion de ma vie… mais je ne me destinais pas à quelle en est l’origine ?
de votre la musique. Ce nom mystérieux fut prononcé dans l’un
La façon dont je suis parvenue à produire de mes rêves. hYrtis est une sorte de su-
Je ne pourrais pas vraiment parler de « ma première mélodie relève du miracle : rhomme issu de mon inconscient et dont je
passion »… Reims est ma ville natale et durant quinze jours, il m’était impossible me suis vue accoucher par la bouche dans
je n’ai pu réaliser la force affective qui me de produire le moindre son... Suite à une la cellule d’une douche publique.
liait à cette ville que lorsque j’ai dû m’en bonne nouvelle professionnelle, sans au- L’apparence de la créature à la peau très
éloigner. Maintenant, j’éprouve le besoin cune transition, les notes se sont enchaî- blanche se situait entre l’adolescent et le
d’y retourner très régulièrement et d’y nées, pures et justes. reptilien. J’ai décidé de me référer à ce
rester le temps de concevoir de nouveaux Ensuite, Jean-Claude Welche, l’un des rêve pour façonner ce personnage qui me
projets, c’est une sorte de « cocon » où je meilleurs lamistes, rencontré par hasard, permet de transgresser mes propres fron-
trouve mon équilibre parce que la plupart m’a appris à véhiculer l’émotion par la tières. Son nom n’appartient à aucun pays
de mes proches et amis y vivent, parce nuance dans le jeu et Tom Fink (lamiste ni à aucun sexe, il interroge.
qu’elle est liée à mon enfance et parce que également), m’a insufflée le goût du Sa forme et sa sonorité sont pointues et
mes plus grands rêves y sont nés. risque grâce à son répertoire qui repous- anguleuses, comme mon instrument. De-
sait les limites de l’instrument. Grâce à venir hYrtis est un processus long et as-
maintenant que la question rémoise est pas- eux, la réalité a dépassé mes espérances. sez difficile, je me trouve au début d’une
sée, pouvez-vous nous en dire plus sur votre Sans eux, j’aurais sans doute continué à phase de mutation.
parcours ? grincer quelques petits airs pour n’amu- Sans forcément dire que je vais me coller
Tout commence par un cursus de cinq ans ser... que moi. J’ai obtenu le premier prix des écailles sur le visage ou me peindre en
à l’école supérieure d’art et de design de lors d’un concours à l’échelle mondiale bleu en hommage à la Planète sauvage de
Reims, une expérience qui m’a formée - (cela peut paraître étrange mais il existe Topor et Laloux (quoique…), je pense très
parfois non sans «douleur» - le regard cri- bien des concours organisés autour de cet sérieusement à la création de costumes,
tique et ouverte à de nombreux horizons. instrument !). que j’imagine plutôt sobres et anguleux.
C’est ici que j’ai découvert mes médias de Ma pratique de la lame est devenue un Graphiquement, seul l’Y de hYrtis s écrit
prédilection : La vidéo, le dessin et l’écri- moyen d’expression aussi important que en lettre capitale.
ture. Après l’obtention du diplôme de fin l’écriture, le dessin ou la vidéo. Actuelle- J’y vois la silhouette stylisée d’un costume
d’études, j’achète ma première lame so- ment, j’aspire à intégrer la lame en soliste aux larges épaules, une carrure suffisam-
nore, sans autre conviction que ma simple dans le paysage musical actuel en propo- ment forte pour soutenir le poids des res-
volonté de réaliser un rêve d’enfant. sant un univers personnel qui convoque- ponsabilités liées à la création.
Parlez nous de votre passion pour la scie rait toutes sortes de médias autour d’un C’est l’armure des samouraïs...
musicale ainsi que de votre titre mondial style musical pop alternatif. Mais j’y vois également le légendaire cos-
dans ce domaine . C’est assez long à mettre en place car je tume de Klaus Nomi (ma lame s’appelle
suis seule aux commandes... Klaus en mémoire de lui).
Mon instrument est une lame sonore, ver- Mais les interviews d’autres artistes dans
sion améliorée de la scie musicale qui pro- le même cas me rassurent et confirment
pose un son plus pur et une tessiture plus que mon rêve n’est pas irréalisable.
étendue. Enfant, lorsque j’ai découvert la
« scie musicale » dans le film Delicatessen
de Jean-Pierre Jeunet, fascinée, j’ai déci-

9

racontez-nous votre relation et exerce un pouvoir de fas- paraissait au moment du re- d’autres restent condamnés
cination, tout en me laissant frain pour chanter sous l’ap- au silence.
si particulière aux rêves et reconnaître en elle cer- parence d’un Ziggy Stardust Dans l’impossibilité de
tains aspects de ma propre aux traits hachés, comme
votre projet « nouvelles sous personnalité. Mon rapport taillés dans les œuvres de trouver la moindre issue
sommeil paradoxal ». presque « monomaniaque Rauschenberg.
L’exploration de mon activi- » à cette personne nourrit à cette triste réalité, je
té onirique représente la ma- mon inspiration, mes re- En mars 2015, j’ai décidé
tière première de mon travail cherches et se répercute par de promouvoir cette vidéo (il me rends chez le banquier
et le dénominateur commun assimilation sur l’ensemble s’agit de cinq mois de tra-
à toutes ses formes d’expres- de mon travail. Parmi mes vail), en la proposant au site de famille, devenu res-
sion. Elle agit comme filtre muses les plus connues il a The Creators Project, un
déformant sur des sujets qui eu par exemple Nicola Sirkis site dédié à la création artis- taurateur de tapisseries
me touchent comme l’obses- (peut être moins le chanteur tique multimédia.
sion, le pouvoir des mots, la que le concepteur, l’homme médiévales, afin de program-
crise identitaire, le trouble cultivé, le poète passionné). Et j’ai eu la chance d’inté- mer mon hystérectomie. Le
du genre, le malaise social… srietses.eLrelleesndmemodaéinra, tmeuarvsiddéuo cabinet médical BNP affiche
Aujourd’hui, même si Da- y figurait accompagnée d’un les horaires d’ ouverture :
Le projet « nouvelles sous vid Bowie et Klaus Nomi article et l’information fut «Du lundi au vendredi:
sommeil paradoxal » était tiennent ce rôle et me tirent relayée par plusieurs autres La Beigitude désigne l’ab-
au départ un projet de ro- vers le haut, mon rapport tomofnéfdicPiaioessltd)(deeotD…ntavpliedarBHlouewffsiineitg.e-
man graphique, constitué aux muses a légèrement Je ne m’y attendais absolu- sence de temps forts dans
de micro-nouvelles issues de changé, il est devenu sans ment pas. C’est un instant
mes propres rêves (dans la doute plus distancié. Je ne que je n’oublierai jamais, la vie d’ un individu en ré-
lignée de La Boutique obs- laisse plus cette «relation» d’autant plus que je ne l’ai férence au beige, couleur
cure de Geoges Perec ou de dévorer mon travail et le pas su immédiatement, de de l’ennui résigné. Soir et
certains récits de Robert dénaturer comme c’était le nombreux amis étaient ve- week-end : Les consulta-
Desnos), avec l’intervention cas auparavant, où je me li- nus m’annoncer la nouvelle
du dessin venant les com- mitais sans m’en apercevoir. par mail. tions se déroulent dans les
pléter. Après avoir accumulé Ce rapport devenait contre
les récits dont je pressen- productif dans la durée. Au- et pour finir, est-ce que annexes du Grand Rex, mer-
tais le caractère universel, jourd’hui, je préfère parler ci de votre compréhension.
l’idée dépassant le cadre de d «influences». vous pouvez nous raconter un La Beigitude dans le milieu
ma propre vie, j’ai décidé professionnel succède géné-
d’attendre un peu avant de àbpJeaecareuictccrihooonauisnpdgeeqcmuoheenYntrrtlt.i’ibasupaé- rêve qui vous a marquée ?
le faire éditer : beaucoup Beigitude. ralement à un surmenage
de textes présents dans ce on a entendu dire que david
projet pourraient devenir «Cette nuit, les informa- passionné, n’ayant trou-
des «chansons» (Même si je bowie lui-même vous avait re- tions annoncent un buzz in- vé d’autre réponse que le
parle plus que je ne chante). marqué, pouvez-vous nous en terplanétaire : Lady Gaga silence. La Beigitude se
Je préfère donc me consa- dire plus ? invente le concept de «Bei- traduit dans ce contexte par-
crer à la conception d’un al- En juin 2014, je venais de gitude» pour définir l’ab- ticulier, par un état d’ultime
bum et d’un spectacle pour réaliser une reprise de « Life prostration débouchant, dans
y revenir ensuite... on Mars? » de David Bowie sence de temps fort dans la les cas les plus graves, sur
Je travaille sur plusieurs à la lame. Je trouvais dom- le syndrome de la disparition.
titres en même temps. mage de partager cette re- vie d’un individu. Ayant moi Merci de votre confiance».
prise sans clip.
votre monde est entouré de J’ai donc imaginé une mise même inventé ce concept des Dans le cabinet du chirur-
en scène progressive des années auparavant sans que gien banquier, une tapisserie
muses, pouvez-vous nous par- paroles de la chanson dans du XIIème siècle recouvre la
ler d’elles et de ce qu’elles une simulation de street art personne n’y accorde une table d’ opération.
animé où David Bowie ap- once d’intérêt, bouleversée, La prophétie de la Beigi-
vous apportent dans vos choix tude y est représentée par
je constate que si certains des moines copistes tentant
artistiques ? de retranscrire les paroles
Au commencement, une per- individus sont dotés du pou- d’une Lady Gaga démesurée
sonne devient ma « muse » voir d’accoucher de l’Idée, et nue sous sa robe de bure.
lorsque elle incarne un idéal
participant activement à Libérée de mon utérus

l’évolution de l’humanité, qui sera conservé pour la
re-pigmentation de la tapis-
serie, je décide, en mémoire
de Samson, de tailler mes
cheveux au couteau.

wrewtrwo.gulvaedzyshhYulrottis.cosmon. site

Propos reccueillis par Erwin Cabanac

SBuirdeeumirc dsébatrqiueedeneVsF,! 10

L’humanité ne déçoit jamais. Le pire est toujours possible. En Syrie, cela donne l’Etat Isla-
mlBaiirqmdueema, niscui:èrsrTheowctiktetrearrn,difBiteaerrntrrotaren. EddoDnnumtc*ialetteièastureicnidntéeemrtpae,rréBrteiréuderemt, irlcaé, auslneiusféillem, lceahmnoésareincaqainur,’uodloftnfirtmeleect.ietrfeilcmom,pcle’teesstt

Ce long-métrage, inspiré des Oiseaux d’Alfred Hit- Le film, qui ronronnait, passe alors à un stade supérieur
chcock, est sorti en 2010 aux Etats-Unis. En toute lo- dans la nullité. Car, non content d’avoir investi dans des
gique, il n’aurait pas dû franchir l’Atlantique. Pourtant acteurs qui ne connaissent qu’une expression faciale, la
à Reims, deux cinéfols, Léo Matthieu et Florent Chaffiol production a trouvé des aigles de synthèse absolument
ont entrepris d’en réaliser une version française. improbables. Le tout sur fond de considérations vaseuses
Deux cinéfols car il faut une bonne dose de perversion autour du réchauffement climatique.
pour s’attaquer à pareil monstre. Pour qui a le goût du ridicule c’est un régal pour les yeux
«Même pour un non-initié. c’est une super leçon de ci- et les zygomatiques. Il aurait été dommage que le public
néma», explique tout sourire Léo. «James N’Guyen, français passe à côté de Birdemic.
«A la manière de Lagaf, avec Bo le lavabo (N°1 au Top 50
le réalisateur fait toutes les erreurs de manière en 1990), on s’est dit «Chiche on en fait un».
Florent Chaffiol a des références, ainsi qu’une famille et
flagrante, à commencer par le son. Skrrr, choui, triii.» des amis, qu’il a convoqués pour réaliser les doublages.
Sa compagne a prêté sa voix à Nathalie et sa maman joue
Une pure torture. la propre mère de Nathalie. Une maman dubitative. «C’est
la seule à nous avoir dit : mais il est pas bien ce film !»
Que raconte ce film ? Il aura fallu deux ans à Léo et Florent pour réaliser cette
VF, qui est probablement moins ennuyeuse que l’origi-
Cela se passe en Californie. Rod, brillant commercial, nale, en tout cas, moins désagréable aux oreilles, car le
retrouve Nathalie, une camarade de lycée, devenue man- film a été entièrement remixé, par un autre farfelu, Yann
nequin. Rod entreprend de la séduire et comme c’est un Van der Cruyssen, et doté d’une nouvelle bande originale,
winner, il finit par la choper dans un motel, après deux qui a mobilisé une vingtaine de musiciens.
soirées à simuler de l’intérêt pour sa conversation. J’exa- Cette brillante entreprise collective est visible sur Vimeo.
gère car Rod est un type bien. Le programme idéal pour digérer les repas de fins d’an-
La preuve, quand son collègue, Rick, lui dit : «Les meufs née. Burp.
adorent les voitures. Si tu veux voir sa culotte, tu ferais
mieux d’avoir une belle et chaude Ferrari.» Rod, royal, Tonton Bertrand
réplique : «C’est elle ma Ferrari.» Il n’empêche, nos
deux tourtereaux, Rod et Nathalie, ont une relation avant
mariage. Et comme par hasard, c’est sitôt ce péché com-
mis que des aigles kamikazes apparaissent.

*Afin de contrer les propos bertrand duc
délictueux de l’auteur de @Bertrandduc
cet article – qui n’engagent
que lui -, la direction de la « Allocation de rentrée scolaire versée aujourd’hui. Que les bénéficiaires se
Pommade rémoise tient à re- rassurent, les grandes surfaces ont préparé les rayons TV-Hifi » 18/08
produire ci-contre quelques « Bim, bam, boum. » 31/10
twits dudit Bertrand Duc, « J’essaie désespérément d’écrire « beaujolais » sur mon iPhone mais l’au-
conseiller municipal, dont to-correcteur me propose sans cesse « beaujolpif ». Bon, tout est dit » 22/11
la syntaxe admirable et la
maîtrise du Français en 140
caractères devraient bien
plutôt être saluées :

11

Derby de Champagne,
un peuple en ébullition

21 août 2009, 4ème journée de National – soirée cauchemardesque pour les supporters troyens

qui, non contents d’avoir vu les leurs s’incliner 1 but à 0 au stade Auguste Delaune, vont se faire poursuivre et agresser par
des ultras rémois à leur retour... dans l’Aube. S’ensuivront quatre blessés et dix-huit interpellations. On le sait, le derby
marnaubois est l’un des plus chauds d’Europe avec ceux de Glasgow, Istanbul ou Rome. Si on y ajoute un contexte sportif
tendu, avec deux clubs au coude à coude au classement - cinq petites places les séparent -, les retrouvailles entre les rouges
et blancs et l’Estac (pour la 17ème fois dans l’élite), ce 5 décembre à Reims, devraient une fois encore être le théâtre d’un
combat impitoyable. On ne pouvait décemment pas ne pas prendre la température avant le grand événement sportif de cette
fin d’année.

Champagne sèche moins trois buts d’ici la fin l’effort capillaire - une cal- quis au nez et à la barbe de
de la saison (la grosse cote vitie précoce pour mieux Sedan ; Paul évoque quant
Malgré l’impatience d’en étant Corentin Jean, le seul ressembler aux gloires du à lui avec des tremolos dans
découdre, l’heure n’est pas à totaliser aujourd’hui deux cru Sladjan Djukic ou en- la voix la coupe Intertoto
pour autant aux festivités à réalisations). Toutefois, si core Benjamin Nivet - est no- 2001, puis, s’attarde sur la
quelques jours du derby de on ne considère que l’objec- table. Comme Paul, ils sont montée de 2005 décrochée
Champagne. Les deux clubs tif officieux des deux clubs, aujourd’hui des centaines en toute fin de champion-
phares de la région ont ré- atteindre symboliquement de milliers à avoir quit- nat et au terme des arrêts
colté à eux deux un seul et le numéro de son départe- té Troyes pour la ville des de jeu, face à Sedan. A
unique point au cours des six ment, la tâche semble plus Sacres, et constituer ainsi mon grand étonnement ils
dernières journées de Ligue aisée pour des Aubois déjà l’une des diasporas les plus se mettent ensuite d’accord
1*, un bilan plutôt maigre à mi-parcours. importantes de France : sur l’immense qualité du
au regard, par exemple, « Je ne saurais pas trop ex- championnat de France :
des dix-huit glanés par tUrnoyeefnonrete diaspora « On dit souvent que jouer
les clubs d’Île-de-France pliquer ce flux migratoire le maintien manque d’ambi-
sur la même période. En Dans ce climat morose par- tion, mais avez-vous vu le ni-
cause, des carences dans tagé, nous avions donné ren- en fait, le climat et le taux
tous les secteurs de jeu – et dez-vous dans un lieu neutre de chômage sont sensible- veau incroyable cette année
notamment offensif - chez – la brasserie L’Ardennais ment les mêmes ici ».
deux équipes qui donnent de l’avenue Jean Jaurès – en Ligue 1 ? », et l’autre de
l’impression de se chercher à deux fervents supporters Econmtrpelicirtiévalité et renchérir : « C’est beaucoup
encore à plus du tiers de la des clubs rivaux. Roger, 84
saison. Du côté du Stade de ans, a bien connu l’âge d’or Une fois la grande assiette moins honteux pour un petit
Reims, l’entraîneur Olivier des Raymond Kopa et Just de charcuterie commandée,
Guégan a fait des choix qui Fontaine ; d’ailleurs, tel les réflexions d’usage com- club comme le nôtre d’être
en disent long sur les er- ses impérissables héros de mencent à fuser : « Au fait,
rances actuelles en titulari- jeunesse, il a l’air toujours Furlan, il compte prendre relégué en fin de saison
sant un attaquant de pointe fringuant si on en juge sa
différent lors des quatre façon énergique de héler le quand des actions chez après s’être battu avec ses
dernières journées, sans serveur pour qu’on lui tire armes que, au hasard, finir
obtenir plus de certitudes ; une bière à la rémoise : « en OTIS ? », « Otis Redding ? dans le ventre mou de Natio-
forcément, à Delaune, on deux temps, pas de faux-col Le mec qui n’avait pas encore nal ».
a déjà fait une croix sur s’il vous plaît ! ». Paul, 27 sorti d’album quand Reims Au moment de demander
l’Europe... On se console ans, rallié aux travées du l’addition, je remarque que
avec les exploits d’Hubert Stade l’Aube depuis le ber- a joué son dernier match de Paul et Roger, pris dans le
Fournier à la télé, l’ancien ceau, a pourtant quitté la rythme de leurs folles confi-
de la maison aujourd’hui capitale des vitraux il y a coupe d’Europe ? ». Je m’in- dences, n’avaient guère eu
à Lyon, pour rêver un peu. plusieurs années, « pour ob- terpose aussitôt, avant que d’appétit ; l’un n’avait tou-
A Troyes, des groupes de la conversation ne dégénère, ché qu’à la coppa et laissé
supporters lancent des pa- tenir un diplôme supérieur et demande plutôt à mes choir – par inadvertance
ris pour savoir si l’un de convives de me conter leurs - l’andouillette sur le car-
leurs protégés marquera au au bac », mais déclare que souvenirs de football les relage, tandis que l’autre
son cœur y est toujours. Le plus inoubliables. Évidem- avait écrasé dans un coin
cœur et la tête même, car ment, la grande différence de l’assiette tous les bouts
d’âge s’en ressent dans les de cornichons.
réponses. Roger me parle
de l’épopée de 1958 puis du * Ce texte a été rédigé avant
titre de dauphin en 1963, ac- les 15ème et 16ème journées de
Ligue 1.

Maniche Nails

les chroniques 12
de salamaleck
dubhau khaal decénocpueemptubitrreeess

tNSoaoutlraetmjmoaularenicasklisnteDeeutvbvohouyaasugedurKiràhaatraravlieersnsele(otseuomuppvs,rieelensfqtamueedu)ex. une explosion à loivre

Dans cette nouvelle chronique qui agite La Pommade de ce Dans la nuit de vendredi à samedi, vers minuit
mois-ci, il a choisi de vous parler d’un immeuble du centre- trente, M. Pierlot, maire de Loivre fut brusquement
ville de Reims qui tint pendant près d’un siècle la dragée haute réveillé et pour ainsi dire soulevé par une explo-
dans le petit monde rémois. L’histoire commence lorsqu’un sion formidable qui fut entendue à six kilomètres et
certain Jean-René Souzixe, fils adoptif d’Eugène Machin, se réduisit en miettes la fenêtre près de laquelle son
mit dans l’idée de construire un immeuble de deux étages au lit est placé. L’attentat avait été dirigé évidemment
8 rue des Poissonniers, situé dans l’hyper-centre en cette an- contre M. Pierlot par un individu connaissant les
née 1922. Le jeune homme, architecte de son état, dessina les dispositions de sa maison ; les soupçons se sont por-
plans d’une baraque bancale mais où il y faisait bon vivre. tés sur un sieur Victor Pochard, âgé de quarante et
Le lieu n’avait rien de particulier, la bâtisse était même insi- un ans, ouvrier tisseur, récemment congédié par
gnifiante. La famille Machin et le fils Souzixe y coulèrent des M. Pierlot. Ce qui donne de la force à ces soupçons,
jours heureux, mais sans prétention aucune, jusque dans les c’est la découverte, à son domicile, de journaux et de
années 1940. A cette époque, une petite bisbille faisait rage placards anarchistes. (Gil Blas, 26/12/1893)
avec les Allemands, poussant même ces derniers à pilonner
la ville de bombes qui causèrent grands dégâts aux alentours. cambrioleurs en déplacements
La construction ne subit par miracle aucun outrage. Droite
comme un I, quand ses voisines tombaient une à une sous les L’autre nuit, à l’arrivée du train de Paris, en gare de
obus. De la vie de Jean René Souzixe, il n’y a rien à dire car il Reims, les agents de la brigade cycliste ont arrêté deux
ne se passa jamais rien de palpitant dans son existence (peut- jeunes gens, élégamment vêtus qui étaient porteurs
être une chute à vélo devant le parvis de la cathédrale dont d’un sac de voyage contenant tout un attirail de cam-
nous ne sommes même pas certains). 20 Février 1950, l’hôtel brioleur et étaient munis de revolvers et de couteaux.
particulier est vendu à d’illustres inconnus dont nous ne sa- Les deux jeunes gens ont déclaré se nommer Marty,
vons rien hormis que les trois appartement furent vendus en Adrien-François, charretier à Asnières, et Bettami-
trois lots différents. 27 Novembre 1957, Jeanne Vaillant, fille ni, Henri, serrurier à Paris. Ils ont refusé de donner
de riches agriculteurs de la région, achète le deuxième étage d’autres explications. (L’Aurore, 30/12/1911)
pour la somme rondelette de 53 700 Francs. Le 12 décembre
de la même année, vers 14h47, elle décide d’acheter un cana- mauvaises fréquentations
pé qui ne lui fut livré que le 19 décembre à 10h23. Deux ans
plus tard, le 1er mars 1959, Madame Degat, épouse du Doc- Monsieur Pierre Bienvenue, dans l’Éclaireur de l’Est,
teur Degat, acheta le rez-de-chaussée pour la même somme annonce aux lecteurs : que le fils de son excellent ami (!),
de 53 700 Francs. Appartement où elle finit sa vie en bonne M. Poulain, sous-chef de la sûreté, etc., etc.
santé et sans maladie connue à ce jour. Ce n’est qu’en 1968, Un mouchard pour ami ! Il n’est pas dégoûté, le Mon-
durant les événements de Paris, mais rien de particulier ne se sieur. Nous avertissons – par sympathie profession-
passait alors à Reims, que Salamaleck Dubhau Khaal acheta nelle – ce publiciste que ses mauvaises fréquentations
avec sa femme, Joséphine, le premier étage. N’y vivant pas, peuvent à l’avenir lui causer bien des ennuis. Si Pierre
il n’y a donc rien à raconter à ce sujet. Ni enfants, ni projets, se voyait dans la nécessité – pour éviter les grandes
pas même un nouveau papier peint. C’est dans une tranquil- familles – de supprimer quelques spermatozoïdes, à
lité toute sereine que rien ne se passa jamais au 8 rue des la recherche d’un ovule, le parquet ne manquerait
poissonniers. Le 28 mars 1973, Jeanne Vaillant se mis en tête pas d’en être avisé – les mouchards fourrent leur
d’acheter une livre de beurre. Elle rentra deux heures plus nez partout – et Pierre « Malvenue » de se plaindre.
tard avec trois kilos de tomates. Le 10 février 1990, Madame (La Cravache, 21/12/1912)
Annette Degat se mit également en tête d’acquérir une livre
de beurre. Elle rentra trois jours plus tard avec un livre de j’enpincepourreims
Baudelaire et de la tête de veau. Le 18 avril 1875, naissance feat. hyrtis
de Joséphine Dubhau Khaal mais l’immeuble n’était pas en-
core construit. Il Fallut attendre le 21 avril 2001 pour que playlist pour s’envoler sur le parvis
Thierry Delporte, psychanalyste reconnu et escroc notoire, David Bowie - Sense of doubt
décida de faire le coup de sa vie en spoliant les enfants et Agnes Obel - Fuel to fire
familles des trois propriétaires ; leur proposant des ronds de Klaus Nomi - Key of Life
chapeau pour racheter l’immeuble dans sa totalité. Comme Purcell - Cold Song (interprété par Klaus Nomi)
il ne s’était jamais rien passé de mémorable dans la bâtisse, Iggy Pop - I wanna be your dog
les familles revendirent sans regrets à l’escroc pour la somme Michel Berger - SOS d’un terrien en détresse
dérisoire de 53 700 euros. Quand Salamaleck y repense, il n’a Jeanne Added - Look at them

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