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« Rappeler le souvenir n’est pas la moindre des préoccupations artistiques, alors même que l’art ne se départit que très rarement de son cérémonial spécifique – intronisation, commande officielle, éviction ou acceptation du milieu, vernissage manifestation, finissage. » Eric Laniol

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Published by interface.art, 2016-06-12 12:24:46

HDO_21

« Rappeler le souvenir n’est pas la moindre des préoccupations artistiques, alors même que l’art ne se départit que très rarement de son cérémonial spécifique – intronisation, commande officielle, éviction ou acceptation du milieu, vernissage manifestation, finissage. » Eric Laniol

Keywords: l'évènement peut-il faire l'art? Eric Laniol, Homo Festivus, Nadège Marreau, Elisa Pône, Iron Hand, Julien Blanpied, Le rituel d'anniversaire de Sophie Calle, Cécile Desbaudard, Gérard Collin-Thiébaut, Anti Monument, Jochen Gerz, Adeline Blanchard, Astrid Gagnard, Pierre Huyghe, One yar Celebration, Une tentative de réaménagement du territoire temporel, Jérôme Dupeyrat

HORSD’OEUVRE le journal de l’art contemporain, déc. 2007 - mars 2008
http://interface.art.free.fr dijon ® bourgogne ® france ® europe ® ...

n°21 L’événement
peut-il faire
art ?

Couverture :
SAD DAYS AT THE DOOR, NOBODY IS KNOCKING

Nolwenn Dequiedt & Jérôme Giller, 2007

Philippe Parreno, Snow Dancing (carton d’invitation)
Le Consortium, Dijon, 1995

édito Commémorons,

chrysanthémons tendance, combler l’écueil d’une absence de
communication (version fracture sociale), autant
et mourons ! Philippe Sollers d’obstacles à éviter dans un temps où l’art entendu
comme activité présente, perd paradoxalement de sa
Rappeler le souvenir n’est pas la moindre des saisir par ces biais l’occasion d’élaborer un projet qui crédibilité dans le discours commun, disparaît
préoccupations artistiques, alors même que l’art ne se réponde à ses propres préoccupations, tout en progressivement du champ visuel médiatique, ne
départit que très rarement de son cérémonial partageant une vision singulière avec la collectivité. semble devoir sa survivance qu’à la thésaurisation du
spécifique - intronisation, commande officielle, éviction C’est le cas de Pierre Huyghe et de son One Year passé, c’est-à-dire à l’obsession patrimoniale.
ou acceptation du milieu, vernissage, manifestation, Celebration, de Jochen Gerz et de ses « anti- Comment assumer dans le même temps son
finissage. Les artistes se sont souvent invités au menu monuments » à visée réactive, ou encore de Gérard indépendance et les impératifs de visibilité, comment
des réjouissances, au risque de leur récupération Collin-Thiébaut dont la logique d’activation de la conjuguer l’action plastique personnelle avec l’évidence
politique, de la transformation de leur statut en mémoire par l’inventaire et la collection est le principe d’une pièce publique « toujours là pour tout le monde à la
médiateurs 1, mais aussi dans le souci d’une visibilité même de toutes ses investigations. On observera dans fois » 4, comment accepter la part spectaculaire tout en
renouvelée, dans l’espoir d’un contact insolite et ces exemples qu’il n’est plus tant question de réaliser un refusant l’absorption dans une logique d’exposition
éphémère, d’un dialogue ouvert et légitime. Posture monument que d’interroger notre rapport à l’autre, au généralisée, enfin quelles fonctions remplissent vraiment
paradoxale donc, que cette attention à l’évènementiel, temps, à l’oubli, dans des interactions et des échanges les œuvres évènementielles et publiques et comment
où d’un côté le plasticien se réjouit d’une situation dont le processus renouvelé tente d’échapper à toute pouvoir évoquer encore le fait personnel dans cette
inédite, d’expérimenter les aléas d’un art défini comme posture figée, à toute cristallisation impersonnelle 3. cacophonie médiatique, voilà quelques interrogations
« tout ce qui arrive », et d’un autre côté se range (le Il est singulier d’observer que les termes a priori inscrites au menu des festivités de l’artiste contemporain !
plus souvent par la force des contingences) dans la positifs d’évènements, de célébration et autres
parodie du service social et du spectaculaire intégré… festivités cachent mal, lorsqu’ils sont appliqués au Eric Laniol
À cet égard, la posture ambiguë d’un Daniel Buren au domaine de l’art, leurs sous-entendus officiels et
sortir des années 80 ne peut pas mieux éclairer la conventionnels. Il serait vain pour autant d’imaginer 1. La crainte du devenir-médiateur de l’artiste ne date pas
problématique, en figure de symptôme : les rayures, de l’artiste en dehors de l’évènementiel, puisqu’il ne fait d’aujourd’hui, comme en témoigne ce propos de Daniel Dezeuze, dès
signe avant-gardiste autonome multipliant les rien d’autre que de donner à voir, donc de produire un 1967 : « Baignant dans le culturel, l’artiste administrera des théâtres
intrusions, devenaient pour le coup les guides visuels objet visible pour autrui ; cela fait événement, dans de marionnettes et des centres de sensibilité…Et comment ne pas
commémoratifs d’une exposition nationale 2. tous les sens du terme. Mais il y a ici à coup sûr une enfourcher les chevaux de cet étourdissant carrousel : responsabilité
Pour autant, et comme nous l’avons souligné plus haut, épreuve dans l’exercice de l’art à l’ère de l’évènementiel sociale, action sur la culture populaire, pédagogie triomphante du
la chose artistique ne peut refuser – par définition généralisé, qui est celle de la résistance au général, à vates, soi-disant accoucheur des masses, fier enfin de voir coïncider
même – l’offre d’une commande, la participation à la transparence et aux lieux communs. Verser dans le en lui l’appel intérieur avec l’exercice d’une fonction heureuse ? », in
l’événement socio-visuel, car elle risquerait alors rien soin palliatif pour spectateurs en mal d’improvisations, Textes et Notes 1967-1988, éd. Ensb-a, Paris, 1991. Et que dire
moins que sa propre disparition. Il s’agit dès lors pour virer à l’édificateur de conscience sociale en participant aujourd’hui des artistes décorant nos champs de batailles passées ou
l’artiste, et ce n’est pas la moindre des difficultés, de à une reconnaissance culturelle communautaire illuminant nos « Nuits blanches » ?…
2. Commémoration de la bataille de Valmy, 16 septembre 1989,
catalogue Valmy, naissance d’une nation, 1989.
3. on sait combien le monument comme objet pérenne entraîne
d’omission, implique précisément la défaillance de la mémoire : puisque
le monument existe pour rappeler les faits et les morts à notre place,
il n’est plus nécessaire d’y penser…
4. Catherine Francblin, L’élargissement de la problématique de l’art, in
Art press, n°101, mars 1986.

L’Homo festivus ne sait plus où

donner du serpentin et de la guirlande 1

Depuis le XVII ème Siècle, le feu d’artifice accompagne nos Pour ce qui est du roman/film noir, il est certain que cela

fêtes nationales. En manipulant la pyrotechnie Elisa Pône met m’influence. L’atmosphère qui se dégage de mes pièces s’en

le feu aux poudres. Au travers d’installations, de rapproche souvent. Cela déclenche l’imaginaire et permet de

performances, de vidéos et de photographies, l’artiste se raconter des histoires.

stigmatise le feu d’artifice. Elle opère d’habiles glissements

qui modifient notre perception. Ainsi, nous ne sommes plus N.M. : Pour l’exposition à Irma Vep Lab 4, une vidéo rendait

spectateur d’un feu d’artifice mais de notre société. compte du feu d’artifice qui a eu lieu le soir du vernissage.

Reste-t-il toujours une preuve de la performance ?

Nadège Marreau : Pourquoi la pyrotechnie t’intéresse-t-elle ? É.P. : Je filme le plus souvent les performances. Toutefois,

Élisa Pône : Ce qui m’intéresse dans la pyrotechnie c’est elles ne deviennent pas toutes des vidéos en tant que tel.

son caractère ambivalent. C’est à la fois quelque chose Pour ce qui est d’ I’m looking for something to believe in 5,

destiné à émerveiller, à fasciner et à être vu par le plus grand en revanche, elle n’a jamais été pensé comme une

nombre. C’est aussi un matériau de base plutôt dangereux et performance. Le cadre choisi est important, tout autant que

à manipuler avec précaution. Elisa Pône, Fireworks, Le Kiosque, Mayenne, 2007 © Damien Oliveres la durée de la vidéo et le travail sonore effectué.

Mon intention première fut donc de renverser le principe de

monstration du feu d’artifice en le miniaturisant2. Le tir s’effectue alors en intérieur, le public N.M. : Tout spectacle tend à dématérialiser le réel. Dans ton travail, le feu d’artifice pose la question

est très proche de la zone de tir et embrasse du même regard la mise en espace des du rapport au réel. Considères-tu le feu d’artifice comme un trait d’union avec l’imaginaire ?

systèmes de tir, l’opérateur et le feu d’artifice. É.P. : Dans Land of the dead de Roméro, lorsqu’un feu d’artifice est tiré, les zombies se figent

afin de le contempler. En cela ils décrochent du réel; le spectacle opère. J’aborde pour ma part

N.M. : Cette année, nous avons fêté les 10 ans du journal et avons choisi de parler dans ce rapport au réel de différentes manières. Dans la performance Fireworks, je fais peu de place

ce numéro de la commémoration, du rituel et de la célébration. Le feu d’artifice est un à l’imaginaire, on est plutôt dans le saisissement. Alors que dans les tirages numériques et les

attribut de la fête. Tiens-tu compte de cet élément ? films, le hors-champs est tel, qu’il est assez aisé de s’y immiscer et de se raconter des histoires.

É.P. : En ce qui concerne la célébration, il est certain que le feu d'artifice en est le partenaire

attitré! Dans mon travail cet aspect intervient comme un élément perturbateur. Que célèbre t’on ? N.M. : Tu ne cherches donc pas le spectaculaire.

Dans la vidéo I'm looking for something to believe in3 la notion de célébration s'oppose É.P. : Du tout ! C’est pourquoi par exemple dans I’m looking for something to believe in le

justement à l'acte de rébellion que représente le fait de brûler une voiture. film ne se restreint pas au feu d’artifice. Avant et après l’événement, on entend, durant un

long temps, des chants d’oiseaux, des coassements de grenouilles. De même, Fireworks est

N.M. : Suite à Fireworks, tu as mené plusieurs autres projets mettant en scène le feu plus une confrontation qu’un spectacle.

d’artifice. Quelle a été ta démarche ?

É.P. : J’ai tout d’abord contacté plusieurs artificiers pour le projet de tir d’un feu d’artifice en N.M. : En définitive, et plus spécialement pour la série de photos, tu noies l’artifice en

intérieur. Jean-Jacques Bouttemy, artifier/opérateur, a accepté de me suivre dans ce projet. Par mettant en valeur les avatars du feu (la fumée, la nuit, les détonations, les lueurs).

la suite j’ai suivi un stage afin de pouvoir aller plus loin dans le maniement des explosifs. Bien É.P. : En quelque sorte. Ce qui permet aussi à ces images de paraître un peu plus

que je sois capable, à présent, de me débrouiller seule techniquement, je tiens à maintenir problématiques. Nous ne sommes jamais sùr de ce qui s’y passe.

cette collaboration. C’est très enrichissant de s’entourer de spécialistes et cela permet de ne

pas se perdre dans la technique mais de se concentrer sur ce que l’on souhaite mettre en N.M. : Souhaites-tu poursuivre ton travail de pyrotechnie ?

place. É.P. : Il m’est difficile de donner une réponse tranchée à ce sujet. J’ai écrasé beaucoup de

dernière cigarette! Mais je n’ai jamais envisagé la pyrotechnie comme un médium mais plutôt

N.M. : Est-il plus dangereux de réaliser un feu d’artifice en intérieur ? Quel en est le but ? comme un objet. Pour le moment je m’en suis écartée. Je prépare actuellement une courte séquence

É.P. : Oui et non. C’est plus impressionnant. Les visiteurs en sont très proches et le son en en 16 mm dépourvu de tout effet pyrotechnique. Il y a bien d’autres addictions à envisager…

est décuplé. Ce n’est pas dangereux mais il se crée une sorte de contradiction entre la

petitesse des systèmes de tirs, plutôt mignons, et ce qu’ils produisent. 1. Philippe Muray, « exorcismes spirituelles 1 », Les Belles Lettres, 1995.
2. fireworks, ENSAPC, 2005 – La salle est baignée dans une semi-clareté. Un périmètre de sécurité est défini. Terrain,

N.M. : Dans ta série de photos et dans la vidéo handing-on, le feu d’artifice est invisible, ton machinerie et opérateur sont donnés à voir. Le tir débute, la fumée apparaît, l’odeur de poudre se répand, le feu
regard se pose sur l’avant et l’après. L’événement est détourné et de fait une autre ambiance d’artifice se réalise au plus proche des spectateurs.
3 & 5 . Une voiture est stationnée près d’un plan d’eau. L’environnement sonore est saturé de chants d’oiseaux et coassements

s’apparentant plutôt au roman noir apparaît. Est-ce que le terme détournement te convient ? de grenouilles. Des lueurs apparaissent dans l’habitacle du véhicule. Les éclairs lumineux s’intensifient au rythme des détonations
É.P. : Je ne crois pas que ce soit du détournement. Je parlerais plutôt de déplacement. Faire et rapidement, la fumée sort du véhicule. Les vitres finissent par céder. Les explosions cessent. La fumée se dissipe. Les bruits de
glisser quelque chose d’un endroit à un autre, se placer « entre » les choses, à contretemps. la forêt reviennent, on entend des voitures passer à proximité. A l’image, aucun indice des causes ou fins de cet acte ne subsiste.
4. Premier jour, Irma Vep Lab, (vernissage) Laurent Montaron et Claire Jacquet. Juin 2006, Châtillon-sur-Marne.

2

Jérémy Deller, Battle of Orgreave, Artangel, 2001 © Martin Jenkinson

« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent Près de 800 acteurs non-professionnels et 280 autochtones rejouent ainsi un moment
douloureux de leur histoire ou celle de leur famille. Jeremy Deller aborde la question de la
les conditions modernes de production s’annonce transmission de notre mémoire collective corrélative à la re-présentation, la re-constitution,
la ré-pétition, la re-prise, la cérémonie…mais aussi la réparation, de manière à mettre en
comme une immense accumulation de spectacles. évidence le pouvoir des médias qui ont relayé les faits. Car la problématique est aussi là :
Quid de l’omnipotence médiatique et du puissant filtre qu’elle impose autant aux lecteurs
Tout ce qui était directement vécu qu’aux acteurs ?
Cette question a même été dénoncée par d’autres médias alternatifs, et jugée (en 2001, la
s’est éloigné dans une représentation. » police dut dédommager d’un demi million de pounds trente-neuf grévistes). La BBC a, à
l’époque, monté les images de manière à montrer les forces de l’ordre sous un jour
Guy Debord, La Société du Spectacle, 1967 favorable. Par ailleurs, des stratégies de provocation illégales furent employées, adoptant
une attitude plus offensive que défensive, laissant penser que les forces de l’ordre chargèrent
Iron Hand 1 en réponse aux jets de pierre, et c’est justement leur médiation que Jeremy Deller pointe. À
l’instar de l’œuvre nodale de Pierre Huyghe, The Third Memory qui dévoile comment un
18 juin 1984 : La bataille d’Orgreave événement est vécu, narré, filmé puis rejoué, mettant en exergue des scories de notre culture
(South Yorkshire). L’Angleterre connaît un des écranique et médiatique, établissant des frontières poreuses entre fiction et réalité, Jeremy
pires épisodes de sa mutation industrielle. Les Deller joue le décalage entre le réel et sa représentation dans les médias de l’industrie du
mineurs se mettent en grève, après divertissement. Il glisse d’ailleurs, souriant, « It is more interesting to make something
l’annonce, par le gouvernement, de la happen than make something ».
fermeture prochaine d’une vingtaine de Artiste et commissaire, Jeremy Deller crée des situations qui obligent le spectateur à se
mines. Margaret Thatcher a engagé un bras positionner et à (re)construire sa propre réalité (lire : identité). « I’m slightly re-directing the
de fer tenace avec ceux qui décident de flow of something. I’m not necessarily trying to make something new ». Jean-Charles
bloquer leurs postes et qu’elle traite Masséra résume les aboutissants dans l’avant-propos de son ouvrage La Leçon de Stains
insidieusement d’« ennemis de l’intérieur », consacré à l’œuvre sus-nommée de Pierre Huyghe : « une tentative où le sujet représenté
craignant une nouvelle humiliation que le – figuré – est invité à reprendre sa place au cœur même du dispositif spectaculaire qui l’a
gouvernement conservateur d’Edward Heath avait connue vingt ans plus tôt, lors de la dépossédé de sa propre identité… Une invitation à commenter ses propres faits et gestes, à
« Battle of Saltley Gate ». Elle laisse donc carte blanche aux forces de police (environ se les réapproprier, à reprendre la parole, à reconquérir sa propre image » 2. Ecco.
8 000 membres) pour réprimer les 6 000 mineurs en grève et, de manière sous-jacente,
anéantir le pouvoir des syndicats (incarnés par la puissante National Union Mineworkers…). Julien Blanpied
La bourgade d’Orgreave est le théâtre d’événements qui annoncent l’entrée du pays dans
une dynamique néo-libérale redoutée par beaucoup. 1. Iron Hand est une chanson extraite de l’album de Dire Straits On Every Street, sorti en 1991, et traitant des grèves
17 juin 2001 : Dix-sept ans plus tard, quasiment jour pour jour, l’artiste Jeremy Deller, avec de 1984-85. Le titre fait référence à Iron Lady, le surnom donnée à Margaret Thatcher, alors premier ministre.
l’aide du réalisateur Mike Friggis, œuvre à la reconstitution (re-enactment) de cet événement 2. Jean-Charles Masséra , La Leçon de Stains, édition du Centre Georges Pompidou, Paris, 2000.
notable et « fondateur » pour l’Angleterre, envisagé comme un des deux phénomènes
sociaux les plus importants de ces vingt dernières années avec la naissance de l’Acid
House. Le film emprunte au documentaire sa forme, mêlant archives photographiques,
interviews d’anciens mineurs ayant été acteurs du clash et images en mouvement de la
reconstitution à proprement parler, le tout en 52 minutes, diffusée à la télévision, l’artiste
n’hésitant pas à infiltrer des réseaux qu’il indexe mais qui relève aussi d’autres circuits de
diffusion que celui de l’art contemporain. Du médiaclasme ?

Le rituel d’anniversaire de Sophie Calle

« Le jour de mon anniversaire je crains d’être oubliée. l’artiste des occupations de ses journées durant cette remarques de 1981 : « En raison de son irrésistible
Dans le but de me délivrer de cette inquiétude, j’ai pris filature. Ainsi que le souligne Cécile Camart, la utilité, la machine à laver est représentée par un livret
en 1980 la décision d’inviter tous les ans, le 9 octobre « dimension narrative » des installations de Sophie de confiance Darty. En m’offrant ce cadeau, ma mère,
si possible, un nombre de convives équivalant à mon Calle, « mêlant photographies, textes et objets » trouve astucieuse, a su triompher du rituel. » 6. En 1985 :
nombre d’années. Parmi eux, un inconnu que l’un des « sa filiation historique dans la première moitié de la « Je n’ai pu résister à la tentation d’écouter Carmen et
invités serait chargé de choisir. Je n’ai pas utilisé les décennie 70, où des jeunes artistes comme Christian d’emprunter – à soixante-douze reprises – les bottines.
cadeaux reçus à ces occasions. Je les ai conservés, Boltanski (Récit-Souvenir, avril 1971), Didier Bay (Mon De ce fait, elles sont détériorées et les faces 1 et 2 du
afin de garder à portée de main les preuves d’affection quartier vu de ma fenêtre, 1969-1973), Jean Le Gac disque sont rayées. » 7. Elle signale plusieurs fois que,
qu’ils constituaient. En 1993, à l’âge de 40 ans, j’ai (Anecdotes, 1974), proposaient “un art des gens, des pour cause d’éloignement, elle n’a pas pu « organiser
mis fin à ce rituel. » 1 Ces paroles de Sophie Calle choses et des situations, qui embrasse un vaste un repas d’anniversaire conforme à la règle du jeu ». 7
constituent l’introduction de l’ouvrage Le rituel éventail de vie quotidienne réelle ou imaginaire”. » 4 Les En 1986, transgression suprême, elle triche sur sa
d’anniversaire, livre II du recueil Doubles Jeux (1998) œuvres de Sophie Calle empruntent au rituel la date de naissance : « il me faut avouer qu’ayant été
lui-même introduit par La règle du jeu : « Dans le livre nécessité d’obéissance à un règlement prédéfini ainsi dans l’impossibilité d’organiser mon repas
Léviathan, paru aux éditions Actes Sud, l’auteur, Paul que, par l’accomplissement de ce dernier, une forme d’anniversaire le 9 octobre 1986, et afin de ne pas
Auster, me remercie de l’avoir autorisé à mêler la de sublimation de la réalité quotidienne laquelle se déroger trop souvent à la règle que je m’étais fixée, j’ai
réalité à la fiction. Il s’est en effet servi de certains trouve provisoirement éloignée de la banalité. Certains préféré reporter le rituel à une date ultérieure. J’ai
épisodes de ma vie pour créer, entre les pages 84 et objets et/ou mode de présentation employés dans ses choisi le 27 mai, et j’ai donc prétendu être née ce
93 de son récit, un personnage de fiction prénommé œuvres confirment cette imprégnation du rituel comme jour-là. » 8 Notons que parmi les cadeaux figurent de
Maria, qui ensuite me quitte pour vivre sa propre dans La robe de mariée (1988) où elle associe un texte nombreux objets d’appartenance religieuse (une
histoire. Séduite par ce double, j’ai décidé de jouer avec à une photographie de robe de mariée froissée ou reproduction de Sainte Thérèse de Lisieux dans un
le roman de Paul Auster et de mêler, à mon tour et à encore la série Les aveugles (1986) dans laquelle elle cadre de coquilles Saint Jacques en 1984, un étui en
ma façon, réalité et fiction. » 2 Cette « règle du jeu » regroupe, pour chacun des 18 aveugles rencontrés, satin contenant des médailles religieuses en 1985, un
comprend une classification des sept livres de Doubles un portrait noir et blanc, le texte de la réponse à la morceau de chapelet en 1986…). Quant aux vitrines
Jeux : La vie de Maria et comment elle a influencé celle question « Quelle est selon vous l’image de la de verre dans lesquelles sont conservés les présents,
de Sophie (livre I) , La vie de Sophie et comment elle a beauté ? » ainsi qu’une illustration en couleurs sur un elles évoquent bien sûr les reliquaires. En suggérant ou
influencé celle de Maria (livres II, III, IV, V, VI), Une des rebord, l’ensemble rappelant les installations d’ex-voto convoquant ces objets religieux au sein même de la
nombreuses façons de mêler la fiction à la réalité, ou auprès d’un autel. célébration d’anniversaire, elle conjugue domaines
comment tenter de devenir un personnage de roman religieux, profane et festif opérant, par assimilation,
(livre VII). 3 Dans Le rituel d’anniversaire (1980-1993) Sophie Calle leur transgression. Dans les remarques du dernier
Sophie Calle commence par suivre des inconnus dans superpose déclinaisons traditionnelle (collective) et anniversaire, celui de1993, elle déclare : « J’ai décidé
les rues de Paris à la fin des années 70, démarche à personnelle du rituel profane de l’anniversaire : seront de mettre fin à ce rituel. Ce jeu qui me soulageait n’a
laquelle elle associe rapidement prise de notes et conviés autant d’invités que d’années célébrées, l’un plus de fonction » associant
photographies afin de conserver les traces de ses d’eux sera un inconnu invité par l’un de ses amis, les « rituel » et « jeu » tout en
actions : le regroupement de ces divers documents est cadeaux ne seront ni utilisés ni consommés pour être soulignant qu’ils remplissent
intitulé Filatures parisiennes (1978-1979). En 1979, exposés dans une vitrine. Le livre Le rituel tous deux une « fonction »,
elle demande à des inconnus (ou amis lorsqu’absence d’anniversaire réuni les quatorze vitrines des années celle de nous « soulager ». 9
d’inconnu, intervient elle-même lorsque personne ne se 1980 à 1993 pendant lesquelles l’artiste suit cette
présente) de venir passer un certain nombre d’heures double ritualisation. Pour chaque année, elle regroupe Cécile Desbaudard
dans son lit afin que celui-ci soit occupé de manière une photographie de la vitrine, la liste complète des
continue pendant 8 jours. L’oeuvre Les Dormeurs est cadeaux reçus ainsi que des « remarques » de type 1. Sophie Calle, Le rituel
constituée d’un ensemble de clichés et notes anecdotique telle cette constatation en 1980 : « Un d’anniversaire, Livre II du recueil
inventoriant la succession des événements qui se seul des vingt-sept invités ne s’est pas présenté. Si l’on Doubles Jeux , Actes Sud, Paris,
produisent durant ces 8 jours : sujets des discussions fait exception des cadeaux faits en commun, deux 1998, p.11.
qu’elle aborde avec les dormeurs, mouvements des personnes sont venues les mains vides. … » 5 Au cours 2. Sophie Calle, op. cit., p.6.
dormeurs pendant leur sommeil, menu du petit- de ces quatorze anniversaires, pratiques et objets 3. Sophie Calle, op. cit., p.6 -7.
déjeuner qu’elle leur prépare... L’une de ses œuvres les « classiques » (on lui offre des fleurs, lui adresse des 4. Cécile Camart, Artpress hors
plus connue, La filature (1981), répond à nouveau à petits mots amicaux avec la mention « happy série avril 2002, in Fiction
une étrange requête : Sophie Calle demande à sa mère birthday », il y a du champagne, des bouteilles de vin, d’artistes “Sophie Calle, alias Sophie
de recruter un détective privé de l’agence Duluc à Paris des chocolats, des bougies, des masques festifs, un Calle”, Le “je” d’un Narcisse éclaté,
pour le charger de suivre sa fille. La série qui en résulte gâteau…) cohabitent avec d’étranges situations p.32 .
confronte les documents constitués par le détective générées par la difficulté de conserver les cadeaux 5. Sophie Calle, op. cit., p.16.
(photographies et notes) au descriptif réalisé par sans les utiliser. Elle explique en effet dans ses 6. Sophie Calle, op. cit., p.20.
7. Sophie Calle, op. cit., p.35.
8. Sophie Calle, op. cit., p.39.
9. Sophie Calle, op. cit., p.59.

3 © Sophie Calle, Le rituel d'anniversaire (1980-1993),
vitrine de l'anniversaire de l’année 1981.



© claude lévêque - édition interface, dijon - 2007

Mémorial national de la Guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie,
Quai Branly, Paris © Gérard Collin-Thiébaut

Ériger

Le Mémorial national de la guerre d’Algérie
et des combats du Maroc et de la Tunisie
par Gérard Collin-Thiébaut

Comment un artiste peut-il répondre à la demande d’un état 1 de commémorer des cénotaphe par sa forme et son contenu renouvelle considérablement le genre de la
faits de guerre ? Et en la circonstance comment créer un mémorial rappelant le sculpture commémorative. Il honore ceux qui sont décédés tout en témoignant des
souvenir des hommes morts au combat pour la France en Afrique du Nord de 1952 événements historiques de ce conflit de la décolonisation. D’ailleurs l’érection de ce
à 1962 ? Comment traiter de cette douloureuse histoire liée à un passé colonial mémorial national s’inscrit dans la suite de la loi du 18 octobre 1999, votée à
refoulé ? Ces questions furent soumises à plusieurs artistes par le biais d’une l’unanimité par les parlementaires, requalifiant « les événements d’Algérie » et
procédure de commande publique. La promenade piétonne du quai Branly à Paris substituant à l’expression « aux opérations effectuées en Afrique du Nord »
était choisie comme site d’implantation du mémorial et c’est la proposition de Gérard l’expression « à la guerre d’Algérie ou aux combats en Tunisie et au Maroc ». Ici en
Collin-Thiébaut qui fut retenue. plus des 22 400 morts pour la France, ce sont les « 1 343 000 appelés ou
Gérard Collin-Thiébaut a la particularité d’être un artiste patient 2, qui a toujours rappelés, 405 000 militaires de carrière ou engagés, (et) près de 200 000
offert une place importante à la mémoire dans son œuvre. Il questionne la relation supplétifs (qui) ont servi sur les différents théâtres d’opération d’Afrique du Nord » 6,
de l’art à la société et construit son travail à partir d’une réflexion sur la mémoire dont le souvenir est commémoré.
collective, langagière et visuelle. Son travail se développe dans les lieux Les trois colonnes du mémorial, 585 x 60 cm (H x l), sont espacées de deux mètres
institutionnels de l’art et de la culture, et également dans les espaces et sur les l’une de l’autre et sont alignées selon un axe allant d’est en ouest, du levant au
supports publics. Nous pouvons notamment évoquer le monument en hommage à couchant, métaphoriquement de la naissance à la mort. De section carrée, elles
Georges Trouillot 3, la Tapisserie à la mémoire de Pasteur 4, Des baigneuses pas très sont moulées dans un béton à la teinte évoquant la pierre calcaire de Paris, et
académiques 5 ou encore ses interventions sur les tickets d’horodateurs à Lyon, les chacune d’elles comporte un afficheur électronique faisant s’élever du sol au ciel des
coupons de transports en commun à Genève, Grenoble, et Strasbourg et aussi sur mots et des noms. Ces faces lumineuses sont placées de manière à être en vis-à-
les billets de trains à Maebashi au Japon… vis du Palais de Chaillot, les colonnes du mémorial étant comme un écho à celles du
Pour le monument aux morts du quai Branly, l’idée de Gérard Collin-Thiébaut était Palais. Lorsque l’on fait face au mémorial, en lisant les informations qui défilent, on
d’ériger un mémorial lumineux, tout à la fois statique et en mouvement, libre regarde vers le Sud, vers l’Algérie. Sur la première colonne, composée de diodes
d’accueillir le souvenir de jour comme de nuit. bleues, classés chronologiquement et alphabétiquement, défilent les noms,
A ses yeux, le quai Branly, ce terrain de bord de Seine, évoquait étonnamment le
quai de Méditerranée d’où la plupart de ces hommes tombés au champ d’honneur
ont embarqué pour Alger. Cette analogie lui fit choisir de conserver l’aspect du sol
en créant et en organisant un espace ouvert marqué par trois colonnes s’élevant à
l’est du terrain choisi. Si le regard n’est arrêté que par ces trois colonnes, l’espace
du mémorial est lui délimité au sol par un dallage rectangulaire de pierres. C’est bien
comme un espace ouvert que le mémorial a été pensé et qu’il se vit aujourd’hui. Ce

« Anti-monuments » Petit à petit et pendant sept d’alerte par rapport à la résurgence du passé. Le retour
années, ce monument d’un passé négatif est une dimension difficile à concevoir
s’enfonce dans le sol jusqu’à en France.

Entretien avec Jochen Gerz par Adeline Blanchard sa disparition totale, A.B. : Auriez-vous pu concevoir le même genre de
emportant avec lui les monuments en France ?
Atelier Gerz, Ivry-sur-Seine, octobre 2007. signatures. Avec la même J.G. : Ce serait plus difficile, voire impossible pour moi. Un
tel travail ne serait pas perçu comme une œuvre artistique
radicalité, Gerz réalise un mais comme un affront fait à l’identité d’une nation par une
personne venue de l’étranger.
monument invisible, 2146
A.B. : Dans la lignée de Robert Musil – qui pensait que rien
Pierres – Monument contre le Racisme à Saarbruck entre n’est plus invisible que les monuments – vous faites
disparaître de façon radicale le Monument contre le
1990 et 1993. Au dos des pavés de la place, où siège le Fascisme et vous créez un monument invisible. Pourtant, ce
manque à voir déclenche des discussions vives, voire
Parlement, il grave les noms de tous les cimetières juifs en violentes. Comment l’invisible peut-il faire tant parler ?
J.G. : La mémoire n’est pas dans les pierres, elle ne peut
fonction avant la Seconde Guerre Mondiale en Allemagne. être que dans le vivant. Il faut être vivant pour pouvoir parler
de mémoire. Nous sommes les porteurs de mémoire, tout
Cette intervention, au départ illégale, sera autorisée plus autant que les porteurs de l’oubli. C’est d’ailleurs de l’oubli
que surgit la mémoire.
tard par un vote du Parlement.
A.B. : De plus en plus, votre travail se tourne vers l’avenir.
Récemment, le travail de l’artiste s’oriente plus sensiblement L’un de vos projets en cours, La Place de la Promesse
européenne, semble aller à l’encontre de la
vers l’avenir, notamment avec la Place de la Promesse commémoration. Elle conduit à réfléchir à une histoire
commune, identitaire et culturelle : l’avenir de l’Europe. La
européenne 1 en cours de réalisation à Bochum (Allemagne), promesse incite à penser au futur et non à commémorer le
passé. Pensez-vous pouvoir influencer le regard des sociétés
dans le cadre de la Capitale culturelle 2010. Toute futures sur le passé ?
J.G. : L’essentiel, c’est de faire du vivant le support de l’art.
personne est invitée à faire une promesse secrète pour C’est ce que je m’efforce de faire. Dans le projet de la Place
de la Promesse européenne, j’invite les gens à faire une
l’Europe en l’échange de laquelle son nom sera inscrit ad promesse à propos de l’Europe. La promesse est tournée
vers l’avenir, mais elle projette aussi, d’une certaine façon,
aeternam sur la place. l’Europe dans l’avenir. Par opposition à un certain
passéisme, à une critique vaine, je voulais simplement dire
Adeline Blanchard : Dans votre travail, vous abordez les que l’Europe n’existe pas encore. On ne peut pas la juger
thèmes de la mémoire, du passé collectif et national, comme une entité achevée puisqu’elle est en devenir.
questionnant l’idée de commémoration. Vous créez ainsi En règle générale, nous nous positionnons plus souvent
dans Monument contre le Fascisme à Hambourg ou bien comme spectateurs que comme acteurs de l’art. Ceci est lié
Monument Invisible à Saarbruck des « anti-monuments ». à notre conception de la culture. Ne nous croyant pas
Pouvez-vous nous éclairer sur cette notion ? capables d’agir, nous nous contentons de critiquer. Ce qui
Jochen Gerz : Le terme « anti-monument » n’est pas de nous manque réellement, c’est la capacité à se considérer
moi mais de James Young, un universitaire de la côte Est des comme auteur. Un auteur qui critique son œuvre, c’est autre
États-Unis. Pour moi, le terme monument est dépassé puisque chose qu’un spectateur qui regarde le « match » des autres.
le monument s’érige normalement dans un contexte La promesse est un engagement pour le futur. Mais une fois
d’histoire positive. Il « mémorise » un événement qu’elle est prononcée, elle fait déjà partie du passé. D’un
remarquable comme une bataille victorieuse par exemple. passé assumé, je l’espère.
Lors d’une guerre, il y a des vainqueurs et des vaincus.
Parler de sa victoire au milieu de la souffrance des perdants, 1. Pour participer à ce projet, voir www.pev2010.eu
c’est assez délicat. Si l’on tient compte du XX ème siècle, et
particulièrement de l’histoire allemande pendant la Seconde
Guerre Mondiale, on peut, aujourd’hui, aisément
comprendre le sentiment d’être non seulement vaincu mais
aussi coupable. Cela remet en cause le terme même de
monument. Le rapport habituel d’un individu, voire d’une
nation, avec le monument est également perturbé.

Jochen Gerz et Esther Shalev-Gerz A.B. : Il y a d’ailleurs deux termes, dans la langue allemande,
Monument contre le Fascisme, Hambourg, 1986 pour désigner le monument : « Denkmal » et « Mahnmal ».
© Photo : Esther Shalev-Gerz J.G. : Ces deux mots témoignent du rapport difficile au
monument en Allemagne. Le terme « Denkmal » (monument
À travers son œuvre dans l’espace public, Jochen à la mémoire d’un événement positif) ne suffisait plus, dans
Gerz développe une réflexion sur la mémoire, ses un contexte d’histoire contemporaine, à désigner le
modes de transmission et de refoulement. Dans monument. Le « Mahnmal » (monument pour mettre en
Monument contre le Fascisme (Hambourg, 1986), garde face à un événement néfaste) est un terme apparu
il fait ériger une stèle de 12 m de haut sur dans l’après-guerre. Il se pose en dispositif de prévention et
laquelle les gens sont invités à signer.

6

prénoms et âges au moment de leur décès des 22 400 morts recensés. La Ce projet de mémorial a été initié en 1998 par le gouvernement de Lionel Jospin sous la présidence de
deuxième colonne, aux diodes blanches, fait courir sur toute sa hauteur des textes Jacques Chirac.
et informations sur les conflits d’Afrique du Nord. La troisième, quant à elle, la 1. En 1969, sur les conseils de Jean Dubuffet, Gérard Collin-Thiébaut décida de rester soigneusement à
colonne rouge, incite à l’intervention du visiteur, puisqu’elle permet à l’aide d’une l’écart du marché de l’art. C’est seulement en 1982 qu’il proposa sa première exposition personnelle
console de commande située à proximité d’appeler le nom d’un disparu. Ainsi le flot d’importance.
incessant des noms s’arrête sur cette colonne pour permettre l’ascension du nom 2. Georges Trouillot, ancien ministre et sénateur du Jura, fut le rapporteur et un des initiateurs de la loi
souhaité. Ce défilement symbolise la dynamique de la mémoire à l’œuvre dans ce 1901 relative à la liberté d’association. Ce monument produit dans le cadre de la procédure Nouveaux
mémorial. Ces afficheurs électroniques sont contrôlés par un PC autorisé du Commanditaires de la Fondation de France, est installé à Plainoiseau dans le Jura, ville où résida Trouillot.
ministère de la Défense et des noms peuvent être ajoutés 7 à cette liste qui n’est 3. Commande publique destinée au salon Marc Matet de la préfecture du Jura, Lons-le-Saunier, conception
pas close. En effet, de nombreux membres des forces supplétives ont été tués du carton 1997, réalisation 2000-2002, manufacture Robert Four à Aubusson.
après le cessez-le-feu en Algérie et beaucoup d’entre eux n’ont pas été identifiés. En 4. Commande publique installée place de Bretagne à Rennes en 2000.
cela, ce monument en porte trace et appelle au témoignage. 5. Extrait du texte défilant sur la seconde colonne du mémorial.
Le monument joue formellement sur la verticalité, verticalité des colonnes face à la 6. Par un réseau de type Ethernet ou Intranet via le protocole TCP/IP ou par un réseau téléphonique
verticalité du corps des personnes s’y recueillant, et sur la lumière, suggérant celle classique à l’aide d’un modem.
des pays du Maghreb, qui vient au levant et au couchant souligner l’inscription 7. Par un réseau de type Ethernet ou Intranet via le protocole TCP/IP ou par un réseau téléphonique
portée sur les colonnes bleue et rouge : « Mémorial national de la guerre d’Algérie classique à l’aide d’un modem.
1952-1962 et des combats du Maroc et de la Tunisie ». La nuit, une lumière
frisante rend le mémorial visible des alentours, tandis que les diodes inondent son Mémorial national de la Guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie,
espace d’une luminosité tricolore. Quai Branly, Paris © Gérard Collin-Thiébaut
La permanence de ce drapeau tricolore lumineux composé par les noms des défunts
et les principaux faits de ces combats s’associe à la permanence de l’histoire.
Inauguré le 5 décembre 2002 par le chef de l’état, ce monument national étant
accepté par une grande majorité, c’est le 5 décembre qui a été choisi comme date
officielle pour rendre hommage aux morts pour la France en Afrique du Nord et
associer à leur souvenir, celui des victimes civiles. Cette date ne rappelant aucun
moment précis de la guerre a été préférée à celle du 19 mars, date du cessez-le-
feu en Algérie en 1962 et de l’application des Accords d’Evian.
La scène intellectuelle et médiatique française a offert ces derniers mois à quelques
partisans d’arrière-garde l’opportunité de longs débats et d’attaques sur la notion de
repentance. C’est oublier que la vérité historique est têtue et que la mémoire, bien
que lente, reste très vive, principalement pour ce qui est du passé algérien de la
France. Ce mémorial calme et patient, en guidant le regard vers l’Algérie, participe
volontairement de la reconnaissance de notre histoire commune. L’un des souhaits
de l’artiste serait de voir s’élever de l’autre côté de la Méditerranée, en vert, blanc
et rouge, la version algérienne de ce mémorial, qui serait lui aussi un espace ouvert,
calme et dynamique, regardant enfin à son tour sereinement vers Paris. Un geste
pour une union méditerranéenne ?

Astrid Gagnard

Pierre Huyghe, One Year Celebration

une tentative de réaménagement du territoire temporel

One Year Celebration est un projet collectif initié par Pierre Huyghe en 2003 et dont une autour d’un souvenir qu’ils ont en héritage et qui est un marqueur de leur identité. En cela,
première version a été produite en 2006. L’artiste avait demandé à des plasticiens, des la célébration est un processus collectif dans son accomplissement mais aussi dans son
architectes, des musiciens, des écrivains et des critiques d’art 1, d’imaginer des propositions avènement, de par le choix que fait une communauté de célébrer ceci ou cela. Or, pour
pour la célébration de jours non encore fêtés de l’année. One Year Celebration, ce sont des individus singuliers qui inventent des motifs de
Il en résulte une exposition collective constituée de 48 posters qui énoncent, tel un calendrier, célébration et qui les proposent à l’approbation collective. Alors, la célébration n’est plus
les nouvelles dates à célébrer. Le projet a été présenté dans une version muséale lors de une fête commémorant une réalité passée ; elle instaure une réalité présente ou à venir et
Celebration Park, exposition de Pierre Huyghe en 2006 au Musée d’Art Moderne de la Ville tout en célébrant, elle peut aussi se muer en proposition critique.
de Paris et à la Tate Modern à Londres, et il existe également sous la forme d’un livre aux Etirement. La succession de célébrations que nous livre Pierre Huyghe n’est pas sans
feuillets détachables 2. rappeler le principe du Jour sans fin (Harold Ramis, 1993), film dans lequel un homme revit
Robert Filliou avait déjà suggéré de son vivant la célébration de l’anniversaire de l’art, tous les sans cesse la même journée, selon un principe de répétitivité où parviennent néanmoins à
17 janvier. Sa proposition est reprise dans One Year Celebration, où il est aussi question de s’introduire la différence et la singularité.
célébrer le huitième jour de la semaine, la fête des certitudes rationnelles, un jour hors du temps, One Year Celebration propose des actions à réitérer année après année, et laisse entrevoir
une journée pour Andy Warhol, une autre pour les lacets de chaussures, pour l’intelligence la perspective d’un état permanent de célébration, qui se dilaterait sans fin dans le temps,
animal, pour que les parcs du monde entier restent ouverts à tous et à tous moments, etc. tout en prenant chaque jour un visage différent.
Avec ce projet, Pierre Huyghe produit en quelque sorte « une [nouvelle] carte Perte de contrôle. One Year Celebration met à l’œuvre une perte de contrôle qui est
d’aménagement du territoire temporel 3 ». En effet, les célébrations, les commémorations, les propre, tout d’abord, au travail collectif : les célébrations n’appartiennent ni uniquement à
fêtes, les anniversaires, ont notamment pour fonction de structurer notre rapport au temps, Pierre Huyghe, qui est le chef d’orchestre du projet mais pas son auteur, ni uniquement à
en rythmant l’année et en posant les repères d’une grille temporelle. leurs auteurs, qui acceptent de les céder à Pierre Huyghe. Fondamentalement, elles
Tout en subvertissant le principe et les règles de la célébration, le projet de Pierre Huyghe appartiennent au public, et elles sont en cela similaires aux disclaimers que l’artiste
implique plus précisément un étirement du temps conjugué à l’impossibilité de son contrôle. proposait sous forme de néons lors de l’exposition Celebration Park (« je ne possède pas
Subversion / dérèglement. Pierre Huyghe et ses acolytes multiplient les repères le musée d’art moderne, ni l’étoile noire », était l’un deux). Un disclaimer est une
temporels que sont les célébrations, mais ils en subvertissent le principe. Ils saturent le déclaration qui donne implicitement l’autorisation de disposer d’une chose n’appartenant
calendrier de nouvelles propositions alors que les célébrations devraient avoir un caractère pas, paradoxalement, à celui qui la met en circulation. C’est une mise en échec de la
exceptionnel, et ils contournent, ou détournent, la valeur religieuse ou historique qu’ont propriété intellectuelle et du contrôle de l’auteur sur ce qu’il énonce.
habituellement ces rituels. De plus, les célébrations réunissent normalement des individus De plus, One Year Celebration implique une autre mise en échec : celle du contrôle
qu’entendent exercer le capital (les entreprises) et le pouvoir politique (les gouvernements)
sur la gestion du temps humain. En effet, ce projet poursuit les réflexions de l’Association
des Temps Libérés 4, dont le but est de développer les temps improductifs. One Year
Celebration nous donne 48 occasions d’échapper à l’alternance imposée des temps de
travail et de loisir, en nous investissant dans une expérience esthétique et symbolique qui
remet en cause la rationalisation productiviste du temps.

En somme, One Year Celebration produit un étirement du temps et implique sa
reconfiguration jusqu’à la perte de son contrôle, afin que chacun puisse se le réapproprier
de façon personnelle.

Jérôme Dupeyrat

1. R. Filiou, M. Dubbin and A. S. Davidson, J. Baldessari, T. Bilbao and J. Amezcua, E. Mast and C. Busta, P. Joseph,
Y. Friedman, H. Fang, Shimabuku, F. Roche, M. Ganzglass, O. Eliasson, R. Tiravanija, J. Millar, D. Gonzalez-Foerster,
L. Gillick and G. Kuri, C. Closky, M. Nannucci, F. Tuten, A. Sala, D. Graham, K. Jeong-A, D. Aitken, H. U. Obrist, L.
Weiner, J. Aranda, M. Hugonnier, T. Dean, M. Laurette, M. Ohanian, J. Bel, P. Phinthong, B. Achour, A. Vidokle, C.
Temerson & I. Rosenfield, P. Golia, A. Mir, P. Elliman, O. Bardin, E. Mari, A. Kurant, J. Scanlan, P. Buzari.
2. Pierre Huyghe, One Year Celebration, vol.1, Paris, Onestar Press, 2006.
3. Hans Ulrich Obrist, « Entretien avec Pierre Huyghe », Celebration Park (cat. d’exposition), éd. Paris Musées, Paris,
2006, p.123.
4. Association loi de 1901 créée par Pierre Huyghe lors de l’exposition Moral Maze en 1995, au Consortium à Dijon.
Elle réunit tous les artistes de l’exposition : Angela Bulloch, Maurizio Cattelan, Liam Gillick, Carsten Höller, Dominique
Gonzalez-Foerster, Douglas Gordon, Jorge Pardo, Philippe Parreno, Rirkrit Tiravanija et Xavier Veilhan.

Pierre Huyghe : One Year Celebration, 2006 (détail)
Celebration Park : ARC/Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
7 © Florian Kleinefenn

albi HORSD’ŒUVRE n° 21 chaumont limoges reims troyes
édité par l’association
Pôle d’Art Contemporain Ac.C INTERFACE Les silos Frac Limousin Le Collège CAC - Passages
12 rue Chancelier de l’Hospital Frac Champagne-Ardenne
Cité Scolaire Bellevue F - 21000 Dijon 7/9 Avenue Foch Impasse des Charentes 9 rue Jeanne d’Arc
98 rue du Roc t. / f. : +33 (0)3 80 67 13 86 52000 Chaumont 87100 Limoges 1 Place Museux 10000 Troyes
81000 Albi [email protected] tél. 03 25 03 86 82 tél. 05 55 77 08 98 51100 Reims ouvert de 14h à 18h
tél. 05 63 47 14 23 http://interface.art.free.fr ouvert mar., jeu. et ven. de 14h à 19h ouvert du mar. au ven. de 10h à 18h tél. 03 26 05 78 32 sauf dim. et jours fériés
ouvert lun. mar. jeu. ven. de 12h à http://www.interface-art.com et mer. et sam. de 10h à 18h et le sam. de 14h à 18h fermé le ouvert du mar. au dim. 14h à 18h tél. 03 25 73 28 27
17h et sur rdv fermé du 16/02 - ® « Anatomie du livre : Graphisme et dimanche, lundi et jours fériés ® « le dernier qui parle » : ® Myriam Bâ :
02/03/08 inclus Conception graphique : édition » : 04/12/07 - 28/02/08 ® « Au-delà de la géométrie (art 18/01 - 30/03/07 12/12/07 - 15/02/08
® « Nous nous sommes fortement Frédéric Buisson ® « Des oh, des bas : collection de construit, minimal, sériel) » le Frac ® Alain Bazin : 05/03 - 02/05/08
influencés » Christine Laquet : jusqu’au livres-objets » : 04/12/07 - 28/02/08 Limousin invite le Frac Bretagne selestat
15/02/07 Coordination, contacts Agenda : ® « Kari Piippo » : 10/03 - 04/04/08 17/11/07 - 03/03/08
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Moulins Albigeois ../02 - ../03/08 16/03 - 09/06/08
Ont participé à ce numéro : ® « les incontournables » sculptures de 1 Espace Gilbert Estève
41 rue Porta Adeline Blanchard, Julien IUFM la collection du Frac Limousin 67601 Sélestat Cedex
81000 Albi Blanpied, Cécile Desbaudard, 29/06 - 27/10/08 tél. 03 88 58 87 56
ouvert tous les jours de 14h à 19h Jérôme Dupeyrat, Astrid 2 rue du 14 juillet - 52011 Chaumont ® « cycles photopeintrie » ouvert du mer. au dim. de 14h à 18h
sauf mar. et jours fériés Gagnard, Eric Laniol, Nadège tél. 03 25 03 86 82 Y. Bélorgey, G. Brown, W. Büttner, ® Georges Tony Stoll :
® « La forme théorie » P. Leguillon, Marreau, Michel Rose ouvert du lun. au ven. de 9h à 17h30 N. Childress, F. Contin-Roux, 10/11/07 - 03/02/08
I. Cabo, L’Ambassade, C. Hanna, ® « Dans la zone d’activités » Eric J. Currin, D. Déjean, G. Di Matteo, ® Jan Kopp : 01/03 - 11/05/08
F. Leibovici, M. Cirauqui : Couverture : Chevillard : jusqu’au 21/12/07 A. Dobler, F. Eon, Ernest T.,
29/03 - 25/05/08 NOLWENN DEQUIEDT S. Linke, P. Mayaux, D. Mazières, ÉditionsGraceland (Elvis 1935-1977)
& JÉRÔME GILLER château-gontier J. Opie, J. Rabascall, A. Raffray,
Fondation Bon Sauveur d’Alby SAD DAYS AT THE DOOR, D. Renaud, Ed Ruscha, D. Schlier : Il s’est éteint le Roi
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08/11/07 - 25/02/08 les jours fériés ® Vincent Carlier : jusqu’au ® « l’art tangent » Odile Darbelley & 280 x 210 mm
® « Diablotins » : N. Dolla, 05/01/08 Michel Jacquelin : jusqu’au 15/12/07 120 pages, ill. coul.
Théâtre d’Auxerre S. Fanchon, B. Frize, R. Hains, C. ® Lidwine Prolonge : ® Pierre Belouin : 18/01 - 19/04/08 coéd. Ensa-dijon, Interface,
(co-org. centre d’art de l’Yonne) Kusnir, G. Mahé, P. Pinaud, Ernest T : 26/01 - 08/03/08 Prix : 10 Euros
jusqu’au 25 novembre ® Invitation à « Troisième étage, metz (+ 3 Euros de frais d’envoi)
54 rue Joubert ® Taroop & Glabel : Bruxelles » : 29/03 - ../05/08
89000 Auxerre 01/12/07 - 20/01/08 Frac Lorraine - 49 Nord 6 Est
tél : 03 86 72 85 31 Galerie Barnoud
ouvert du lun.au ven. de 10h à 12h, carquefou 1bis rue des Trinitaires
de 14h à 18h et soirs de spectacle 27 rue Berlier - 21000 Dijon 57000 Metz
® Ghislaine Bertholon : Frac Pays de la Loire tél. 03 80 66 23 26 tél. 03 87 74 20 02
08/11 - 21/12/07 ouvert de 15h à 19h ouvert du mer. au dim. de 12h à 19h
La Fleuriaye le mer., ven. et sam. et sur rdv sauf jeudi de 14h à 21h
belfort 44470 Carquefou ® « abyssus abyssum invocat » ® « L’instant n’en finit pas » P. Neu,
tél. 02 28 01 50 00 Jérôme Conscience : J-C. Norman, P. Kos, É. Poitevin,
Théâtre Granit ouvert du mer. au dim. 14h à 18h 01/12/07 - 29/03/08 H. Sugimoto : 08/12/07 - 09/03/08
® Axel Huber : 11/11/07 - 6/01/08
1 Faubourg de Montbéliard ® « Juste une illusion » atheneum montpellier
90000 Belfort Stéphane Pauvret : 18/01 - 24/02/08
tél. 03 84 58 67 50 ® « XXIe Ateliers Internationaux centre culturel de l'Université Frac Languedoc-Roussillon
ouvert mar. au sam. de 14h à 18h du Frac des Pays de la Loire » de Bourgogne - BP 27877
et le dim. de 15h à 19h et les soirs de T. Groiss, D. Hernández 21078 Dijon cedex 4 rue Rambaud
spectacle. fermé du 23/12/07 au G. Nelson, W. Potter, tél. 03 80 39 52 20 34000 Montpellier
05/01/08 Florian et Michael Quistrebert, ouvert de 10h à 17h du lun. tél. 04 99 74 20 35
® « D’ordinaire » Julien Roux : L. Schnitger, I-M. Sinibaldi : ouvert du mar. au sam. de 14h à 18h
29/09 - 13/11/07 11/11/07 - 17/02/08 Pôle AAFE ® « Ni fait ni à faire » l'atelier d'Eric
® « Mlua » Anne Durez : (org. atheneum) Watier au Frac Languedoc-Roussillon :
24/11/07 - 16/01/08 castres 22/01 - 26/04/08
® Muriel Toulemonde : ouvert du lun. au ven de 10h à 17h
25/01 - 13/03/08 Hotel de Viviès ® « Wallpapers by artists » pougues-les-eaux
® Honoré d’O : 28/03 - 04/05/08 (org. Cimaise & Portique) Marc-Camille Chaimowicz :
../09/07-../07/08 Centre d’Art Contemporain
besancon 35 rue Chambre de l’Edit
81100 Castres genève Parc Saint-Léger
Le pavé dans la mare tél. 05 63 59 30 52 Avenue Conti
ouvert tous les jours, sauf le lundi et les MAMCO 58320 Pougues-les-Eaux
7 place Victor Hugo jours fériés de 14h à 19h fermé du tél. 03 86 90 96 60
25000 Besançon 24/12/07 au 02/01/08 10 rue des Vieux Grenadiers ouvert du mer. au dim. de 14h à 18h
tél. 03 81 81 91 57 ® « versant animal » sélection de la 1205 Genève - Suisse et sur rdv
ouvert du mar.au sam. de 14h à 18h collection des Abattoirs : tél. 00 41 22 320 61 22 ® « Road Movie » Pierre Malphettes :
® « le gymnase » O. Dejente, 24/11/07 - 29/02/08 ouvert de 12h à 18h, du mar. au ven., jusqu’au 23/12/07
M. Toulemonde, O. Toulemonde : ® Christelle Familiari : de 11h à 18h les sam. et dim. ® carte blanche aux élèves de l’école
17/10 - 14/12/07 30/03 - 25/05/08 ® « et l’hiver avec lui » Alain Bublex des Beaux-Art Clermont-Ferrand :
® Julien Berthier exposition du Frac : jusqu’au 27/01/08 15/03/08 de 14h à 22h
Franche-Comté : 31/01 - 21/03/08 chatillon-sur-marne ® « La Cinquième Promenade et autres ® Fanette Mellier & l’École Supérieure
® Tsai Chai Wen : oeuvres » Victor Burgin : d’Arts Appliqués de Bourgogne :
26/04 - 06/06/08 IrmaVepLab jusqu’au 27/01/08 20/03 - 22/03/08
® « Jail, War, and Death » Robert ® « persona » T. Bauer, M. Dellbecq,
Gymnase des Monboucons 4 place Urbain II Morris : jusqu’au 27/01/08 N. Coley, A. Froment, V. Man,
(org. le pavé dans la mare) 51700 Chatillon sur Marne ® « Black Noise. A Tribute to Steven G. Pastor-Lloret, J. Robert, V. Yassef,
tél. 09 61 32 65 71 Parrino » : jusqu’au 27/01/08 M. Coates, G. Pickering... :
® performance de Philippe Terrier- ouvert du mer. au dim. de 14h à 19h ® Marine Hugonnier : 06/04 - 08/05/08
Hermann, avec la collaboration des ® « Raw » D. Allouche, D. Blais, 27/02 - 18/05/08
étudiants de l’école des Beaux-Arts de J. Discrit, E. Richer, M. Salmon : ® Frédéric Moser & Philippe Schwinger :
Besançon et l’équipe masculine jusqu’au 09/12/07 du 27/02 - 18/05/08
bisontine de hand-ball : 14/12/07

Si vous souhaitez que vos manifestations soient annoncées dans l’agenda
du prochain numéro, une participation de 30 Euros minimum est demandée.

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