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Il convient de définir le champ des arts visuels comme un champ de pratiques qui se caractérise par un régime d’existence a priori silencieux. On se souvient à ce propos de la remarque de Daniel Arasse concernant la peinture comme expression non verbale. Si les avant-gardes ont pour une part fait émerger l’usage du langage et de la parole dans des pratiques artistiques qui dépassèrent le champ du visuel pour embrasser celui du performatif, la période contemporaine et actuelle se distinguent par un usage accru de la voix et de la parole comme médium dans le champ de l’art d’action, de la performance, de la vidéo, de l’art sonore et plus largement dans les pratiques d’art dites socialisées qui croisent les enjeux de médiation, de pédagogie et de co-création. Nous postulons à cet égard l’existence d’un régime d’apparition et d’exposition de la parole, parole de l’artiste, et / mais aussi parole des autres, anonymes ou non, paroles du monde plutôt que paroles du monde de l’art.

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Published by interface.art, 2018-06-30 12:19:57

horsd'oeuvre n°41 - Parole(s) exposée(s), Parole(s) exposante(s), Les voix des autres

Il convient de définir le champ des arts visuels comme un champ de pratiques qui se caractérise par un régime d’existence a priori silencieux. On se souvient à ce propos de la remarque de Daniel Arasse concernant la peinture comme expression non verbale. Si les avant-gardes ont pour une part fait émerger l’usage du langage et de la parole dans des pratiques artistiques qui dépassèrent le champ du visuel pour embrasser celui du performatif, la période contemporaine et actuelle se distinguent par un usage accru de la voix et de la parole comme médium dans le champ de l’art d’action, de la performance, de la vidéo, de l’art sonore et plus largement dans les pratiques d’art dites socialisées qui croisent les enjeux de médiation, de pédagogie et de co-création. Nous postulons à cet égard l’existence d’un régime d’apparition et d’exposition de la parole, parole de l’artiste, et / mais aussi parole des autres, anonymes ou non, paroles du monde plutôt que paroles du monde de l’art.

Keywords: paroles exposées, paroles exposantes, les voix des autres, Mickaël Roy, laisser les paroles, Robert Milin, Bertrand Charles, Dé-placement, Michel Collet, le spectateur, oblivious to our languages, du bruissement de la langue à l'empêchement de la voix, Fanny Lamber, ventriloquism, Camille Boudon, Marie Pierre Baudier, des récits ordinaires, Hélène Soumaré, Eve Chabanon, l'orchestration des voix, Gabrielle de la Sellen, C. Ahond, au pied du mur, au pied de la lettre, Laëtitia Toulout, mots, Rémy Baert

www.interface-horsdoeuvre.com le journal de l’art contemporain, juin - oct. 2018
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n 41° Parole(s) exposée(s)
Parole(s) exposante(s)
Les voix des autres

1 couverture : Céline Ahond, World Wants Words Los Angeles, 2013
crédit photo : Céline Ahond et Charlie Jeffery © Céline Ahond

De la parole des uns et de la voix des autres

C’est une idée qui a la peau dure : il y aurait entre l’enseigne « Kommerz Bank ») dans l’œuvre totale de Kurt les acteurs, les observateurs, les récitants et les
l’art et les gens comme une rupture primaire, une Schwitters témoignaient de l’importation dans l’espace porteurs de voix ? Ce moment serait-il celui de l’irruption
séparation inaugurale ; l’art n’est pas le langage de l’art des mots « vulgaires » du quotidien. Cependant, dans l’espace du voir et de l’entendre, des voix faibles,
commun / le langage commun ne serait pas celui de après avoir été absent de l’art durant des millénaires, le des voix mineures, marginales / marginalisées et, ce
l’art. En cela, de cet écart fondateur, l’art, ses modalités langage non visuel et non savant, celui qui pouvait être lu faisant, de leurs corps et des psychés individuelles et
d’opération et d’apparition — de faire œuvre et d’être et entendu, compris de tous, plutôt que de se construire collectives qui les accompagnent inévitablement ? Ce
reçu comme tel, qu’il relève de la figuration et/ou une visibilité commune et démocratique, se donnait à moment serait-il celui d’une démocratie des paroles —
d’un procédé narratif ou d’un état dépourvu de sujet voir là pendant un temps par un état fragmentaire et pas seulement celles du peuple sans voix par distinction
reconnaissable — répondrait à un régime d’existence récalcitrant à la compréhension collective. d’avec celles qui comptent déjà, mais des paroles côte-
duquel les mots qui peuvent s’en échapper et y être Mais le 20 ème siècle ainsi engagé, s’il a cultivé encore le à-côte, celles qui savent et celles qui parlent, dans
associés n’appartiendraient qu’au temps ultérieur des goût d’un travail artistique ancré dans le paradigme de la les lieux mêmes jusqu’alors rompus au principe de la
commentaires et de la discussion, du récit a posteriori représentation et dans une certaine mesure conditionné démocratisation de la culture, qui n’est jamais que la
de l’œuvre, de ses médiations. L’historien d’art Daniel par le primat de la forme plastique (même la forme culture partielle d’une société des uns en bordure des
Arasse a notamment résumé cette fonction de l’œuvre langagière, aussi travaillée et analytique a-t-elle pu être, cultures des autres ? En cela, il convient de s’interroger
d’art en parlant de la peinture comme l’espace par notamment par l’art conceptuel, d’Art & Language à sur les autorités et les mécanismes qui permettent à ces
lequel s’exerce une pensée non verbale. Soit. Cette Joseph Kosuth), cultive aussi en parallèle des tentatives voix du dehors et du dedans d’émerger actuellement.
acception, qui vaut d’ailleurs depuis le silence des d’un autre genre. S’il n’est pas encore venu totalement le temps de
créations préhistoriques jusqu’au silence des œuvres Ce genre est celui d’une plasticité de l’oralité physique l’exposition de la parole sans que ne s’exercent le
sans sujet du début du 20 ème siècle, en passant par et poétique comme médium et de l’oralité comme poids d’un artifice, et plus grave encore peut-être, le
les programmes iconographiques du Moyen Âge matière à œuvrer ensemble, en situation de relation et spectre du spectacle qui revêt les atours du don (on
et des Renaissances, conçus comme des lieux de de co-création. Dans la mesure où il dépend du « geste se souvient à cet égard de l’exposition problématique
transmission d’histoires en images, aurait conditionné de parler  » (Ivan Illich), ce genre dans une certaine de Tino Sehgal au Palais de Tokyo), il faut cependant
la conception selon laquelle l’art serait un domaine mesure performatif — relevant du registre artistique compter sur les gestes de faire qui n’excluront pas à
précisément dépourvu de la parole par laquelle peut de la performance autant qu’il désigne la figure du l’avenir les gestes de dire, tant ceux-ci dépendent d’une
advenir l’expérience mimétique du monde visible, déjà « performer » — de l’individu qui agit sa propre vie selon solidarité réciproque (Yaël Kreplak).
si bavard et chargé de paraboles. L’art, en cela, a l’acception sociologique de la figure du participant (Joëlle Par ce numéro, il s’agit de témoigner de l’évolution de
été conçu par opposition comme le lieu-refuge des Zask), se fonde progressivement moins sur l’autonomie ce « tournant oral » de l’art contemporain, d’une oralité
transactions et des convulsions qui animent et agitent esthétique de l’œuvre et des objets artistiques, sur spécifique à l’art à une oralité qui progressivement se
le monde des hommes, qui eux, pourtant, on le sait, ne le quant-à-soi de l’artiste et du monde de l’art, que rend compatible au monde pour faire apparaître des
sont pas avares en paroles. sur le désir et la capacité de certains artistes et de communautés interprétatives (Paul Devautour) : qu’il
Ce serait faire cependant peu de cas de certaines certaines démarches à s’adresser à, à construire s’agisse du principe de la «  fête permanente  » propre
manifestations artistiques et théoriques qui ont et à faire avec autrui, à opérer dans l’espace réel et à l’esprit Fluxus, qui reposait sur l’attention à une
prêté attention, au cours de l’histoire de l’art, à la socialisé des rencontres et des corps, acteurs de leurs parole partagée du voisinage comme support à un art
représentation et à l’usage de marques de langage situations de vie, à mettre en œuvre des opérations de vivre au quotidien, de l’expression d’un ventriloque
et de parole symboliques ou efficientes : il en va ainsi moins discursives que conversationnelles, et propos ce qui abandonne temporairement son rôle pour parler à
des représentations des Annonciations et Saintes faisant, à faire société. la première personne ou de celle d’un spectateur qui
conversations qui égrainaient notamment le corpus Dans cette perspective, on observe que les pratiques témoigne du renversement conscient de sa position,
des peintures religieuses italiennes, donnant une place artistiques de cette nature ont à cœur d’intégrer dans jusqu’à la mise en images et en récit d’expériences de
à des situations collectives et de rencontres entre leurs processus de travail, dans les œuvres et dispositifs vies collectées qui affleurent dans l’espace public des
personnages bibliques, ainsi que des Conversations qui en émanent, des voix qui jusque là n’avaient pas droit échanges ; ce sont là des exemples de tentatives qui
pieces au cours des 17 et 18 ème siècles anglais, ces de cité / de citer : ces voix, ce sont les voix des autres. toutes contribuent à requalifier des signaux d’existences
scènes de genre qui donnaient des représentations Ces autres qui jusqu’alors, par effet de déterminisme profanes dans le champ consacré de l’art. Réjouissons-
d’un monde socialisé dans un registre profane. Mais social, n’avaient pas nécessairement accès au langage nous : il y a parfois dans de tels actes de profanation le
il aura fallu attendre que le premier 20 ème siècle, pris (silencieux) de l’art (savant) et pouvaient encore moins ciment voire la promesse d’une communauté humaine
dans la fièvre absurde du premier conflit mondial, se prétendre à y avoir une place. Aussi, alors que la qui œuvre avec les moyens de l’art de la parole pour
débarrasse des académismes vieillissants en éclipsant dernière décennie du 20 ème siècle aura fait apparaître l’expression de ses subjectivités et lorsque cela est
progressivement les grands récits mythologiques et une «  esthétique relationnelle  » mettant en exergue nécessaire de sa subjectivation (Giorgio Agamben). Car
religieux pour embrasser le potentiel performatif et des démarches conviviales bien souvent opérantes par si l’on sait que les œuvres d’art sont des supports à
convulsif de la langue et de sa dimension poétique. Ce processus de réification — et ce fut un écueil — dans la discussion illimitée (Nicolas Bourriaud), phénomène
fut le moment dadaïste du Cabaret Voltaire à Zurich l’espace de l’art plutôt que dans l’espace du monde, social par ailleurs en reflet du bavardage continu qui
et parallèlement de l’irruption des mots du quotidien qu’en est-il, s’agissant de la capacité de l’art à rompre caractérise notre temps, il semble être aujourd’hui une
dans les compositions agglomérées des expériences du les frontières du cultivé et du populaire, au cours des toute autre urgence que « d’affronter, en être parlant, le
monde urbain de cette époque : l’apparition de coupures premières décennies du 21 ème siècle dont nous sommes réel de la politique » (Jean-Claude Milner).
de presse dans les collages cubistes et dadaïstes Mickaël ROY
et l’usage du suffixe -merz (emprunté, on le sait, à

Laisser la parole, Robert Milin

« Pourquoi avez-vous pris des paroles d’élèves et pas directement des citations ? » fait bien plus que présenter, il représente, comme le peintre ou le photographe.
demande Lina 1 L’aspect documentaire, s’il est une des conditions de l’existence de l’œuvre, n’en
Lorsque la revue horsd’oeuvre fête son 40 ème numéro, elle sollicite des personnalités constitue pas sa finalité. L’enjeu est au-delà.
pour recueillir leur point de vue sur l’art. Singulièrement, Robert Milin laisse la Robert Milin met au point un dispositif de transmission dans lequel il se met en
parole à des collégiens. Ce sont ses propres mots : « je leur laisse la parole ». retrait. On peut l’entendre poser des questions mais il a tendance à s’effacer le
Laisser, n’est pas délaisser mais ce n’est pas offrir non plus. Offrir engagerait plus possible. Il s’agit bien d’une mise en scène mais qui veut se faire oublier. Une
celui qui reçoit ; laisser, c’est laisser libre. Aucune pression sur cette parole. En sorte de neutralité chère à Walker Evans, pionnier du style documentaire. Si c’est
« laissant », Robert Milin rend libre une parole enfermée dans des gens plus qu’il bien la personne qui parle, par induction, Robert Milin fait parler. L’auteur du récit
ne la libère. Laisser permet une parole dégagée d’une dimension revendicative ou peut être tour à tour l’artiste ou le témoin. À cet égard, Philippe Lejeune parle
vindicative. d’ « illusion d’autorité » 5. Puisque se fondent deux degrés d’énonciation — le récit
Extrait de Jafer 2 : … j’ai tenté ma chance en été, ils m’ont expliqué, fallait rentrer dont le témoin est l’auteur et le film dont l’auteur est l’artiste —, il ne peut y avoir
dans un camion. À l’époque les camions ils ramenaient des jeans, des légumes, du de certitude. La parole est double, elle existe parce qu’elle est suscitée.
poisson et tout. J’ai tapé en dessous, je leur ai dit : « c’est où », ils m’ont dit : Cette frontière entretenue avec le documentaire pourrait faire des œuvres de
« y’a une roue de secours en dessous du camion. Tu rentres dedans ». J’étais petit Robert Milin de simples compte-rendus, qui devraient tendre alors à l’objectivité.
c’est vrai, j’étais maigre un peu et tout et ben j’ai vu la roue de secours et j’ai tapé Mais je ne veux pas croire en l’objectivité de Robert Milin. Je veux croire que même
dedans, j’ai rentré et j’ai senti l’camion y commençait à démarrer. dans la retenue, il baigne les discours de ces gens d’un affect puissant. Robert
Ces paroles extraites de Jafer véhiculent des images fortes. Elles ouvrent un Milin ne montre pas, il donne à voir et à entendre. Il choisit de remettre dans nos
imaginaire chez l’auditeur et permettent de se projeter dans le récit. oreilles quelque chose que nous nous devons d’écouter. Tu donnes, je reçois. En
Pour réaliser des œuvres telles que Une Alouette de Pologne 3, L’art les gens cela l’œuvre nous rend plus humain et en cela elle remplit une fonction sociale.
l’artiste 4 ou Jafer, Robert Milin recueille les paroles de diverses personnes. Et Parce qu’exposée, cette parole devient agissante.
c’est bien dans les conditions de la réception de la parole que se noue l’interaction Bertrand CHARLES
de l’œuvre. Robert Milin cherche une parole, il la provoque, la reçoit, la capte pour
ensuite la présenter au spectateur. Cette logique des choses fait que cette parole 1. Extrait de l’article de Robert Milin in HORSD’OEUVRE n°39, éd. Interface, Dijon, juin 2017
ne souffre a priori aucun doute quant à son authenticité. L’analogie avec le réel 2. Robert Milin, Jafer, 2018 - œuvre sonore, 59 minutes
— l’image et la voix — confond l’œuvre de Robert Milin et son référent réel. Mais, 3. Robert Milin, Une Alouette de Pologne, 2011 - installation sonore
in fine, ce n’est pas l’enregistrement qui prouve quoi que ce soit. Ce n’est pas la 4. Robert Milin, L’art les gens l’artiste, a.p.r.e.s éditions, Paris, mars 2017 - livret 36 pages et DVD vidéo
captation, ce sont plutôt les conditions de la transmission — de la mise en œuvre 74 minutes
— qui fabriquent un espace de réception crédibilisant la parole. Ainsi, Robert Milin 5. Philippe Lejeune, Je est un autre. L’autobiographie, de la littérature aux médias, éd. du Seuil,
Paris, 1980

2

Dé-Placement même mois, nous avons également développé le concept 1. Robert Filliou, Teaching and learning as performing arts, (1970), traduction
de La Fête Permanente, ou Eternal Network (…). En avril, Enseigner et apprendre, arts vivants, Bruxelles, Lebeer Hossmann, 1998.
Tout avait bien commencé, Robert Filliou écrit : « durant nous avons publié nos intentions sous forme d’une affiche 2. Robert Filliou, dans un propos rapporté par Guy Durand dans « Vers un
l’été 1965 nous avons fondé, George Brecht et moi, une que nous avons envoyée à nos nombreux correspondants. Villefranche des arts », paru dans l’Espoir, Nice, le 29 octobre 1966 et traduit
sorte d’atelier boutique, aujourd’hui on dirait plutôt une non- Comme vous pouvez le constater nous avons intégré notre en anglais dans Games at the Cedilla or the Cedilla Takes off, Something Else
boutique parce qu’elle n’a jamais été enregistrée au registre banqueroute dans cette Fête Permanente. Pour nous, ceci Press, New York, Toronto, Frankfurt am Mein, 1967, non paginé.
du commerce » 1. Un projet aux visées ambitieuses, comme le constitue un facteur essentiel de l’Eternal Network : y inclure 3. ibidem
précisera Filliou : « nous souhaitions créer une “ville des arts”, les événements néfastes, douloureux ou désagréables 4. ibidem
un centre de recherche, d’idées. Un ami commun nous parla de la vie, au même titre que les événements plaisants et 5. Robert Filliou, Gong Show, conférence prononcée à la Galerie d’art de
de Villefranche » 2. La Cédille qui Sourit est d’emblée conçue enrichissants » 9. L’affiche est étonnante, en premier lieu par l’Université de Calgary, conférence-spectacle de 48 minutes, 1977.
comme un dispositif de création, boutique & non-boutique où l’ostentation paradoxale de «  Banqueroute » – le mot est 6. En 1968, Robert Filliou et George Brecht réalisent des films courts avec une
furent déposés, exposés et mis en vente, des objets, des films, typographié en lettres capitales, alors que le communiqué caméra 16mm que le réalisateur Bob Guigny leur a prêtée. Ces films muets sont
des éditions. Située dans une ruelle de Villefranche-sur-Mer, est étrangement dédramatisé, jubilatoire et pourrait être tournés en extérieur, ils mettent en scène des situations absurdes, ce sera par
bien que possible lieu de vente, La Cédille « n’a été ouverte interprété comme une simple provocation, sans la présence exemple les One Minute Scenarios. Le projet de R. Filliou était de réaliser une
qu’à la demande des gens qui venaient nous voir  (…) ». en entête d’un aphorisme philosophique : « Il y a toujours maquette destinée à convaincre la télévision française de programmer de tels
La Cédille qui Sourit est devenue un centre international de quelqu’un qui fait fortune, quelqu’un qui fait… » qui introduit films, burlesques, nécessitant peu de moyens. L’ensemble était nommé Movie Re-
création permanente où l’« on inventait et “désinventait” des au mot «  Banqueroute », suivi de la mention « (nous en Invendted/Cinéma réinventé : Hommage à Méliès (prochainement sur cet écran).
objets » 3. Ces années seront le moment d’une production particulier) » entre parenthèses ; qui permet aux artistes 7. Robert Filliou, Teaching and learning as performing arts, (1970), traduction,
intense et d’inventions croisées, «  on était en contact avec organisateurs de se désigner et de désigner cette situation Enseigner et apprendre, arts vivants, Bruxelles, Lebeer Hossmann, 1998, p.121
les petits et les grands, écrit rétrospectivement Filliou, on négative avec l’humour de celui qui se moque de lui-même. 8. Ibidem, p.223
buvait et parlait avec les voisins » 4, dans une totale liberté, La mention d’une réalisation prochaine, «  The Eternal 9. Robert Filliou, Teaching and learning as performing arts, (1970), traduction,
ouvrant à une vision de l’art différente. Ainsi Brecht et Filliou Network » et de « La Fête est Permanente », contribue à Enseigner et apprendre, arts vivants, Bruxelles, Lebeer Hossmann, 1998, p.226
réaliseront des objets, des poèmes, des multiples, de petits un renversement, l’artiste se refusant «  à admettre que les 10. Sigmund Freud, Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, traduit de
films qu’ils nommeront « Cinéma Réinventé » 5 dans lesquels, traumatismes du monde extérieur puissent le toucher, comme l’allemand par Marie Bonaparte et le Dr. M. Nathan en 1930, Paris, Gallimard,
par exemple, les deux protagonistes pèsent une minute... ou l’écrit Freud, bien plus, il fait voir qu’ils peuvent même lui 1930. Réimpression : Gallimard, Collection idées, nrf, n˚ 198, 1971, p.211
récoltent d’étranges fruits dans un jardin d’Eden 6. Robert devenir occasions de plaisir » 10. L’échec économique est 11. Sigmund Freud, ibidem, p.215
Filliou écrit à propos de cette production « on a commencé relativisé face à l’infini – permanent et éternel. Il est vrai
une anthologie des malentendus et une anthologie des que la faillite, l’insolvabilité, n’ont pas une importance
blagues et fait quelques films de tout cela en même temps particulière à cette échelle. On remarquera encore le choix
que nos scénarios d’une minute. Nous avons même réussi à typographique : « Banqueroute » et « The Eternal Network »
organiser une exposition avant Noël à Paris où des dizaines sont imprimés dans le même caractère linéal. Cette mise en
d’artistes se sont joints à nous pour créer des petites œuvres lien formel sur l’affiche instaure un jeu d’équivalence entre
d’art bon marché, que l’on pouvait considérer comme des les deux termes. L’Eternal Network ou La Fête Permanente
cadeaux plutôt que comme des pièces de collection » 7. Ils et le Principe d’équivalence sont les notions centrales
inventent La Non-École de Villefranche, une zone d’action de l’œuvre de R. Filliou, déployées et travaillées tout au
qui dépasse ses propres contours ; ce lieu d’expérimentation long d’un parcours qui relia la vie et l’art, dans un non-
de la vie quotidienne avait pour programme  : « échange système convoquant tout à la fois les questions de l’art, de
insouciant d’information et d’expérience, ni élève, ni l’économie, des mutations spirituelles, politiques, et des
maître ; parfaite licence, parfois parler, parfois se taire » 8. transformations sociales. Avec La Cédille qui Sourit, Filliou et
Finalement en mars 1968 ils décident de fermer La Cédille Brecht se débarrassent de l’idée de l’art – considéré comme
qui Sourit, à la date de son troisième anniversaire. Robert valeur sûre et prévisible, comme contexte normatif –, c’est
Filliou écrira « George est parti s’installer à Londres, tandis l’art qui remet en cause l’art, l’affiche Banqueroute n’en est
que nous occupions toujours les lieux à Villefranche. L’esprit pas la conclusion, elle n’est qu’indication : « Regarde ! Voilà
de La Cédille est alors très vivace. Nous étions très fauchés le monde qui te semble si dangereux ! Un jeu d’enfant ! Le
et ne pouvions plus payer le loyer (…). Au cours de ce mieux est donc de plaisanter !  » 11. Un exercice amusé –
exercice, comme on le dirait pour l’enfant qui joue.

Michel COLLET

Le spectateur, témoignage Je suis très heureux de pouvoir prendre la parole ici en tant que spectateur, et je dois notre attention a un prix, et un prix très cher. Il n’y a pas très longtemps, je rangeais ma
commencer mon intervention par vous révéler quelque chose  : je préfère que l’on me bibliothèque et je manipulais des bouquins que j’avais achetés lorsque j’étais étudiant,
parle des œuvres plutôt que de les voir directement. Je préfère qu’on me les interprète des bouquins pas très chers, des espèces d’encyclopédies, et je me disais  : mais est-
plutôt que d’être face à des documents. Face à des photos, face à des commentaires, ce que ces publications sont finalement plus utiles aux spectateurs, aux lecteurs, ou aux
des articles. Aujourd’hui, j’utilise un ordinateur, je vais sur internet, je vais sur les réseaux auteurs qui les produisent ? Est-ce que les articles que je lis en diagonale sur internet et
sociaux, j’absorbe une quantité d’informations très importante mais j’aime par-dessus qui se ressemblent beaucoup sont plus utiles aux lecteurs, ou aux auteurs qui peuvent ainsi
tout qu’on s’adresse à moi, être face à une personne qui me parle, qui me parle de appartenir à une certaine communauté  ? Évidemment, en tant que lecteur, en tant que
ses expériences, qui me parle de ses expériences à elle. Quand quelqu’un me parle de spectateur, j’apprends des choses. Mais cette publication est également une publicité et on
ses expériences, ce qui me plaît c’est d’enquêter, de reconstituer quelque chose qui me pourrait aussi me payer pour que je prête attention à cette personne, à cet auteur. Donc
manque, une chose à laquelle je n’ai pas eu accès dans sa totalité. J’aime vraiment mener est-ce que ces publications sont plus utiles aux spectateurs ou aux auteurs, qui du même
ce travail d’enquête. Lorsque je suis face à quelque chose d’exhaustif, où tout m’est donné, coup, en publiant, élaborent une renommée, et peuvent ainsi monnayer cette renommée,
ça m’ennuie profondément. Peut-être que c’est parce que je vis maintenant, aujourd’hui, monnayer cette réputation ? Très honnêtement, aujourd’hui, je ne sais pas. Je ne sais pas si
parce que beaucoup de choses sont données clé en main, sans aucun désir de les recevoir. ces publications sont plus utiles aux spectateurs ou aux auteurs. Ce que je sais c’est que ma
J’aime vraiment ce travail d’enquête, de recherche, comme un passionné de musique qui condition de spectateur me conduit à me focaliser sur des publications et à ne pas prêter
cherche compulsivement dans les bacs à vinyles pour trouver la perle rare, comme un attention à beaucoup d’autres choses qui m’environnent. Je focalise mon attention sur des
passionné qui va écouter les dernières sorties de chaque label pour se tenir au courant en noms d’auteurs, sur des noms d’artistes, et j’évite ce qui m’environne quotidiennement. Ce
dehors des prescriptions de magazines. J’aime enquêter sur des choses que je n’ai pas qui m’est ordinaire. C’est un peu ma condition de spectateur aujourd’hui, ma condition
vues directement. À vrai dire, j’aime cet espace fictif, fait d’incertitudes, de doutes, où l’on d’observateur moderne. Alors, pour ne pas simplement rester dans cette condition-là, je
n’est pas vraiment certain de trouver vraiment la bonne chose, un peu comme une sorte me demande si le fait de créer des rencontres surprenantes, je me demande si le fait de
de mécanicien qui est face à une moto qui ne marche pas, et qui patiemment va essayer dépasser des déterminismes sociaux qui font que tel groupe de personnes va forcément lire
de trouver la cause du problème, qui va scruter, qui va trouver la solution pour faire telle chose ou recevoir telle autre chose, écrite par telle personne, je me demande si l’art
rouler la moto. J’aime ce travail de recherche. J’aime l’espace fictif, j’aime me raconter n’existe pas dans des rencontres surprenantes.
des histoires, j’aime que l’on me raconte des histoires. Lorsque quelqu’un me parle d’une
expérience que je n’ai pas faite, j’aime m’imaginer dans cet espace, j’aime me dire En tant que flâneur, lorsque je fais attention d’une façon plus constante à ce qui
que ça devait être génial, mais que je n’y étais pas. J’aime reconstituer ce que j’aurais pu m’environne, au lieu que j’habite, j’enlève les œillères qui font que je suis auteur ou
vivre. J’essaye de m’imaginer comment ça pouvait être. Ce travail d’imagination est pour spectateur. Lorsque j’ai la force de ne plus être contraint par le temps, lorsque je peux
moi très important. La plupart du temps, encore une fois, je n’imagine plus les choses, on lutter contre un rythme qui n’est pas le mien, je prête attention à ce qui m’est proche, aux
me les donne directement. Je veux trouver des informations, très bien, je vais sur internet, personnes, aux espaces qui m’environnent. Je ne focalise pas mon attention sur des noms
je m’abonne à telle personne, à telle institution, je centralise les choses, c’est plutôt rapide. propres, sur des individus. Chercher et trouver rapidement, obtenir immédiatement une
En tant que personne, en tant qu’individu qui vit aujourd’hui en totale harmonie avec son chose qui n’a même pas encore été désirée, est-ce que ça a encore un intérêt ? Est-ce que
temps, j’ai appris à gérer des flux d’informations diverses, j’ai appris à sélectionner des ce n’est pas la recherche qui est intéressante en tant que telle, sans autre but ni finalité ?
informations pour éviter de perdre du temps et je reçois des choses qui sont vraiment Chercher, pour savoir qui a fait quoi, derrière les fausses évidences. Sans se référer à un
intéressantes. Et tout m’est donné rapidement. Mais justement, face à toute cette espèce de nom propre, et en privilégiant ce que disent plutôt les autres. Je rencontre souvent mes
facilité où je trouve tout ce dont j’ai envie, étrangement ce qui me plaît le plus c’est quand voisins, et d’autres personnes de mon quartier. Souvent, nous parlons des gamins qui vont
je dois passer du temps à chercher les choses. à la salle de boxe, nous parlons des caissières du magasin du coin, nous parlons des
vieux qui passent leurs après-midi sur des bancs. Parler de soi, à un groupe de personnes,
Il y a quelque chose qui m’interpelle particulièrement : le rôle des auteurs de publications. à travers un document, c’est une chose banale, vulgaire. Mais à l’inverse, parler d’un
Et par publications on peut entendre à la fois des publicités, des livres, on peut entendre groupe de personnes à une seule personne sans que ce soit enregistré, je crois qu’on peut
des cd, des dvd. Le rôle de ces auteurs est de créer des spectateurs, dont je fais partie. considérer ça comme une œuvre. Lorsqu’on n’a plus besoin d’attribuer une autorité à tel
Mais les auteurs contiennent la fiction. Ils font autorité. Ils dressent un récit juste qui ne ou tel individu, à telle ou telle signature, lorsqu’on choisit la latence de l’espace commun
se disperse pas, qui n’est pas tellement à interpréter puisqu’on sait bien qu’un tel ou plutôt que l’immédiateté de l’espace individuel. La mémoire est liée à une recherche, à un
une telle a dit ça, et c’est comme ça. Ils produisent une forme publique, à laquelle tout espace fictif, imaginaire, à des histoires qu’on se raconte. Il y a la personne qui parle à un
le monde peut se référer. C’est comme la loi. Nul n’est censé l’ignorer. Très bien. Donc moment donné, et la personne qui écoute, mais dans un dialogue. Les deux parties sont
les auteurs contiennent la fiction. Ils évitent qu’elle ne déborde, qu’elle ne s’éparpille, relativement équilibrées. En quelque sorte, les récits, les fictions nous permettent d’incarner
qu’elle ne se transforme. Ils promeuvent des expériences. On peut faire ceci, on peut des œuvres. Nous ne sommes pas face à des documents, face à des choses mortes, face
vivre cela. L’auteur d’une publication va par exemple m’inviter à venir voir une œuvre, un à de la paperasse administrative. Nous sommes face à des réinterprétations de ce qui a
concert, une exposition. Il va me montrer un manière de vivre, plutôt qu’une autre. Mais pu exister. Nous incorporons cette mémoire, nous l’incarnons. Nous reformulons, nous
il se trouve qu’aujourd’hui, notre attention, en tant que spectateurs, est une denrée rare. modifions et nous donnons une autre version de ce qui nous précède, sans clôturer dans
Nous sommes tellement sollicités par différents auteurs, par différentes institutions, que une petite signature notre petite autorité.

3

Oblivious to our languages – Du bruissement
de la langue à l’empêchement de la voix

Valérie Mréjen, Capri, 2008, vidéo, 7’, avec Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm - © artiste & galerie Anne-Sarah Bénichou symbols for people to interpret. It is about being in a constant conversation with every aspect
of my environment » 11 explique en effet dans une vidéo 12 auquel notre titre se réfère l’autiste
« Comme parole du dehors, accueillant dans ses mots le dehors auquel il s’adresse, ce discours et blogueuse américaine. À savoir, notre impossibilité à entrevoir d’autres systèmes de
aura l’ouverture d’un commentaire : répétition de ce qui au-dehors n’a cessé de murmurer. langage, inconscients que nous sommes de l’étendu des nôtres. Comme dit Barthes, quelque
Mais comme parole qui demeure toujours au-dehors de ce qu’elle dit, ce discours sera une part, « […] il reste toujours beaucoup “trop de sens” pour que le langage accomplisse une
avancée incessante vers ce dont la lumière, absolument fine, n’a jamais reçu langage. » 1 jouissance qui serait propre à sa matière » 13.
Alors, le silence, parfois, se montre le meilleur allié d’une communication signifiante. L’ironie
Une main glisse, caresse le tissu. La jupe se froisse sous le mouvement, se plie et se déplie. Un est concentrée ici. La répétition aussi fait se déplacer l’oralité comme une boucle. Ainsi les
couple, vu de dos face à une baie vitrée, contemple la nuit du monde. L’écran du téléviseur soliloques à plusieurs que Valérie Mréjen déroule depuis le milieu des années 1990. La voix
est brouillé. Le silence, total. Puis, ce sont des gros plans sur le visage d’Aurore Clément, s’est muée en relais, en médium. Admiratrice de Perec elle aussi, elle construit à travers ses
triste et évanoui dans Les rendez-vous d’Anna (1978) de Chantal Akerman. La suggestion vidéos des bandes répétitives de vie où entre Il a fait beau (1999) et Ils respirent (2008), la
d’un langage et ses intervalles. Roland Barthes aurait parlé de l’ouïe, ce sens premier, à vie continue ses trajectoires absurdes. L’individu est noyé, tantôt silencieux, tantôt bavard.
l’origine du fondement de la connaissance 2, et de son contact immédiat avec l’histoire des Glacé dans la pellicule, figé dans des plans « épaule », il se livre à une parole intime et
paroles. Une perspective historique passant par une oralité de bouches en oreilles. C’est commune à la fois. Le silence étouffé de ce que l’on tait mais qui transpire des représentations
ainsi, démontre-t-il, que l’histoire se bâtit. À travers une pluralité de discours depuis cette individuelles. L’itération sert le glissement vers l’absurde et cette voix, parfois aux phrasés
« parole sauvage » 3, pure invention formelle capable de provoquer en nombre des « joie(s) particuliers, exerce en boucle à nouveau comme pour ne jamais être rattrapée. C’est une
de formules ». Ou peut-être grâce à la « parole missionnaire » comme il la nomme qui, dans réflexion intérieure résonnant en voix off dont le dénouement, là encore, se trouve ailleurs.
l’écriture de l’événement, est vouée à « transporter ailleurs ». Laisser filer l’audible ou l’inaudible comme dans les longs travellings taciturnes d’Akerman.
Cet ailleurs d’où le langage émerge, apparaît entre le bruissement Barthien 4 et un hors Les mouvements se déclinent dans une grâce sourde et parlent pourtant mieux que fort. Car
champ pourtant palpable dans un présent continu. Outre l’exemple révolutionnariste de mai les fractures de sens sont passées par celles du langage nous redit Barthes. « Et la langue,
68 employé par le philosophe pour établir sa typologie, la parole, ses surgissements mais elle, peut-elle bruire ? Parole, elle reste (semble-t-il), condamnée au bredouillement ; écriture au
aussi ses empêchements sont, semble-t-il, toujours affaire de transgression. Transgression silence et à la distinction des signes […] » 14. Dans le cadre de la vidéo ou du film, ne serions-
esthétique qui, au-delà du motif, devient chez Vito Acconci dans l’Open Book  (1974) – nous pas amenés à nous demander si le « discours prend possession des images » ou si ce sont
avec cette bouche faite gouffre – un parfait renvoi au Bas matérialisme de Georges Bataille elles, les images, qui deviennent, au dehors, la condition sine qua non du discours, même ?
et au cliché « organique » d’André Boiffard 5, et sous-tend l’exploration d’une voie qui se
fait entendre. Transgression et transcendance là aussi de la puissance suggérée par cette Fanny LAMBERT
non-voix dans le cinéma de Chantal Akerman. Une force devenue langage, signature. Une
prosopopée du discours. 1. Michel Foucault, La Pensée du dehors, 1966, Nouvelle Edition Fata Morgana, Paris, fév. 2018, p. 25.
À l’inverse, la vidéo Crier jusqu’à l‘épuisement de Jochen Gerz (1972) illustre l’idée de 2. Roland Barthes, Le Bruissement de la langue – Essais critiques IV, Seuil, Paris, 1984, p. 189.
l’organe transmué en matière, de la voix en tant que moyen performantiel 6 trouvant ici 3. Ibidem, p. 191.
une résolution formelle et corroborative ; menant à un véritable art de l’Action tel qu’il était 4. Rapprochement établi par Corinne Rondeau dans l’incipit de son ouvrage consacré à la réalisatrice. Corinne
expérimenté courant 1970. Sur fond, là encore, de revendications et d’une remise en cause Rondeau, Chantal Akerman - Passer la nuit, Editions de l’éclat, Paris, 2017.
des ordonnances de l’art qui conduiront à l’éclosion de ces pratiques en même temps qu’à 5. Paraît en illustration du texte de Georges Bataille « Le Bas Matérialisme et la gnose » dans la revue Documents,
la survenance des concepts de limite entre intérieur/extérieur, dedans/dehors, signifié et 1930, n°1, pp. 1-8.
signifiant. À l’épuisement encore, tel qu’il a pu être développé par Chris Burden aux États- 6. Adjectif revendiqué par l’artiste Éric Duyckaerts, notamment lors d’une conférence à l’ENS à Paris le 27 avril dernier.
Unis ou encore par Georges Perec plus tard en littérature 7. «  La voix est ce qui reste à 7. Georges Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, Christian Bourgois éditeur, Paris, 1982.
la disparition du corps, elle traverse les airs d’un souffle qui ne lui appartient plus » écrit 8. Corinne Rondeau, Chantal Akerman - Passer la nuit, Op. cit., p. 46.
Corinne Rondeau 8. Qu’ils passent par les limites du corps ou de la voix, les cris s’élèvent 9. Roland Barthes, Le Bruissement de la langue, Op. cit., p. 99.
et s’étireront jusqu’à leur extrémité : l’empêchement de cette même expression. Deux 10. Ibidem.
décennies avant, Bill Viola ouvrait pourtant le bal avec Hall of Whispers (1955). Associé au 11. « Mon langage ne consiste pas à concevoir des mots ou des symboles visuels à interpréter. Il s’agit d’être dans une
« bredouillement » 9 de Barthes désigné comme une « annulation par ajout », un « message conversation constante avec tous les aspects de mon environnement. »  
deux fois manqué » que l’on peine à comprendre – ni vraiment « dans la langue, ni hors 12. Vidéo In My Language, 2007 – Lien : http://www.youtube.com/watch?v=JnyIM1hI2jc
d’elle » 10, s’il n’est ni là, invisible, ni autour, il doit exister partout. Il suffit d’en découvrir 13. Roland Barthes, Le Bruissement de la langue, Op. cit., p. 100.
les codes. Et de la même manière qu’il nous est impossible de saisir le propos des individus 14. Ibidem.
bâillonnés dans l’installation de Viola, nous ne parvenons pas plus à approcher la langue
d’Amanda Melissa Baggs. « But my language is not about designing words or even visual Valérie Mréjen, Il a fait beau, 1999, 4’, vidéo - © artiste & galerie Anne-Sarah Bénichou, Paris

V e n t r i l o q u i s m espaces qu’ils traversent.Après les corps de cire, les images
qui défilent, nous voulions mettre à nu le spectacle. Nous
voulions évoquer ce que l’on garde pour soi, ce qui reste
dans le ventre. Alors, nous avons fait appel à un ventriloque.

« Dans son essai Art and Ventriloquism 1, David Goldblatt Lorsque nous décidâmes de travailler avec un ventriloque, La rencontre avec Romain Przeniczka a été l’occasion de
souligne combien la situation du ventriloque peut être nous venions de finaliser un projet intitulé C’est qui lui ? retirer les épaisseurs du théâtre, du spectacle, de la parade.
envisagée comme un dialogue entre le ventriloque et sa (2016) qui rassemblait des paroles de visiteurs du Musée Nous lui avons retiré ses marionnettes, puis leurs voix. Il a
marionnette mais également comme un dialogue avec Grévin de Paris. Ce projet se présentait sous la forme d’une aussi été nécessaire de lui retirer son costume, pour qu’il
soi-même. Il prend comme exemple la situation artistique base de données textuelles qui était rejouée aléatoirement, parle depuis les coulisses.
du work-in-progress. Le principe des questions et des comme un script, un déroulé, un dialogue toujours Dans un premier temps, les vocalises déconstruisent
réponses, les recherches à tâtons, les hésitations et les changeant. Nous voulions emmener ailleurs les paroles le langage, les sons se décalent. Puis, le ventriloque
repentirs supposent à la fois un dialogue entre l’artiste et issues de ce contexte du Musée Grévin, aux accents se raconte à travers la relation qu’il entretient avec cet
son travail mais également avec lui-même. L’artiste répond populaires et forains. Il nous semblait qu’elles portaient une autre. Une manière d’oublier qu’il est imaginaire, l’autre
aux questions posées par l’œuvre en cours. Un projet sur “inquiétante étrangeté” qui avait un sens plus large. Aux est là avec une certaine autonomie. En découvrant
la ventriloquie ne doit-il pas rester ouvert, par définition, à la sculptures de cire et aux commentaires qui les entouraient, son existence, la particularité de cette relation, nous avons
manière d’un work-in-progress performatif ? » nous voulions donner chair. Ces paroles flottantes de souhaité approfondir les dialogues que l’on peut tenir avec
Voici ce qu’écrivait Érik Bullot (dans son article Un film l’envers du décor se rejouaient dans un autre contexte. soi. Cela nous a donné envie d’utiliser l’assistant vocal “Siri”
en moins 2) à propos d’un projet de film qui reste toujours Un autre projet y fait écho : Il y a (2016), où nous avions pour composer un texte, une sorte de répondant que l’on
en cours et dont la forme finale n’est pas le film projeté demandé à des passants de nous décrire le flux d’actualité cherche. À partir de questions-réponses avec l’assistant
mais son actualisation performative dans le cadre de glissant du réseau social Facebook apparaissant sur leur vocal d’Apple, nous dégagions des répliques. La solitude,
conférences qui évoluent au fil du temps. téléphone.Les paroles ont été captées dans l’environnement finalement, est ce qui résonne le plus fort.
urbain, comme si les images prenaient formes et sens dans
Notre projet work-in-progress “Reconnaissance vocale” le réel. Dans ces différentes pièces nous avons cherché à Ce qui nous intéresse d’articuler ici, ce sont les glissements
reste encore en dialogue et prit la forme d’une performance faire dialoguer et à fusionner présence et représentation. entre personne et personnage (personnage fictionnel mais
puis d’une vidéo. Dans C’est qui lui ?, Il y a et enfin dans Reconnaissance aussi personnage social, personnage intime).
Le projet implique Romain Przeniczka, un ventriloque de vocale, nous avons comme matière essentielle le langage Le sociologue canado-américain Erving Goffman établit un
cabaret rencontré il y a 6 mois, à qui nous avons proposé et sa décontextualisation. La parole, elle-même, est à la fois parallèle marquant entre le théâtre et la vie quotidienne. Il
une collaboration : travailler sur le dialogue avec soi-même. une forme de présence et de représentation. La locution est montre via cette perspective l’importance des rôles que l’on
Cela peut comprendre les paroles non dites en société ou déviée, rejouée dans un autre espace. tient en société. Nous avons des scènes, des coulisses,
en spectacle. Mettre en place une situation de ventriloquie c’est-à-dire :  des terrains d’expression et de retrait ayant
hors de son contexte habituel, celui du spectacle de Ce sont les formes de la parole que nous avons explorées, chacun leurs particularités. Goffman questionne la manière
cabaret, était une base pour cette expression décalée. pour parler de notre manière d’habiter nos corps et les dont nous laissons apparaître nos impressions.  Autrement

4

Camille Bondon

Faire des choses avec des mots Camille Bondon, (se) raconter des histoires (le militaire),
activation à l’Arthotèque de la ville de Strasbourg, 2016,
Camille Bondon fait du langage, notre outil commun, triptyques, affiches (84 x 114 cm), impression n&bl sur papier
son objet de réflexion sur notre rapport aux autres
et au monde. Ensemble de signes, le langage nous
nomme, nous raconte, nous décrit, nous introduit et
parfois même nous juge. Il est par ce fait le garant
de notre rapport aux autres. De l’oral à l’écrit, de
l’expression à sa mise en récit, l’artiste explore les
modalités du langage, ses facettes et ses usages
dans une société où communiquer et laisser une trace
importent particulièrement.

Camille Bondon est guidée par la recherche de ce qui
nous lie, de ce qui fait notre histoire, celle qui nous
définit humblement, celle qui se laisse conter ou
dessiner. Dans sa quête, le langage est vu comme un
système : la parole, le geste, le bruit ambiant, le sms
ou les affiches sont perçus comme autant de manières
de communiquer. Ferdinand de Saussure distinguait la
langue pour son caractère social ; de la parole, qui se
voulait individuelle. Pour Camille, chacun développe une
langue qui est sienne. Son rôle consiste à ouvrir des
fenêtres sur la pensée des autres et sur ce que chacun
est en mesure de développer à partir de singulières
appropriations d’un code commun.

À partir d’une histoire, d’une image, d’un mot, d’un signe Chez Camille Bondon, tout est prétexte au récit, y mots doux à partager 9. L’intervention, dans la réflexion
ou d’un rien, chacun est capable d’en imaginer d’autres. compris un sentiment à un moment de vie : “il y a un de l’artiste, d’amis, de rapporteurs, de « caméléons
Dans Une histoire, des histoires 1 et dans L’objet des mots an j’ai réalisé que j’étais contente 5”. Un livre dédicacé, de la langue » ou d’un public d’inconnus invite à
2, un récit ou des éléments tangibles constituent le point criblé de traces de lectures, est aussi capable de se questionner la transmission du récit, son appropriation
de départ de plusieurs interprétations. Ils s’apprêtent à subir raconter selon l’archéologie de l’objet mise en place et sa déformation, qui sont autant de points de vue sur
des transformations. Dans (se) raconter des histoires 3, dans Faire parler les livres 6. le monde et sur les choses. Une histoire, des histoires
c’est une image qui est mise en mots par plusieurs individus L’objet livre revêt d’ailleurs un caractère primordial dans interroge ainsi la manière dont un récit peut circuler en
pour tenter de nous la faire voir. Ainsi, un repas en famille sa réflexion. Soigneusement édité, un ouvrage permet chaîne et offre à voir les déperditions et augmentations
avec un « sale gosse » qui fait tomber sa tranche de de faire circuler le récit sous une forme choisie par son qu’il subit.
jambon peut être aussi perçu comme une tranche de auteur et suffirait à diffuser la pensée, c’est pourquoi Les passages de la pensée à l’écriture, du récit à l’oral,
jambon bien maigre sur une belle table en marbre, ou le rapport au monde de l’édition est particulièrement du signe à la parole présentent autant de possibilités
encore pragmatiquement comme une « nature morte présent chez l’artiste. d’enrichir une même pensée, car porteurs de leurs
– tranche de jambon sur carrelage – demi-roulée ». Mais c’est sans doute le rapport aux autres, propres codes. La parole s’envole, les écrits restent
Trois descriptions d’une même reproduction d’une sensiblement exploré dans son travail, qui introduit diraient certains. Dans sa démarche, l’artiste embrasse
œuvre d’art qui viennent la recomposer en son absence. le mieux la circulation du récit. La manière de se en un tout cette expression en donnant une importance
Les images sont effectivement perçues et nommées comporter dans l’espace, questionnée dans La distance à l’un comme à l’autre. Afin de mettre en valeur les
différemment depuis le lieu où on les regarde. Elles sont d’entre les corps 7 constitue une première approche mots qui la constituent, l’artiste procède par étapes,
éminemment sujettes à l’interprétation, comme peuvent de l’autre. Aller Parler à Michel 8 en est une seconde. utilisant plusieurs modes de transcription, allant de
l’être celles issues de Google images dans Quelques Afin d’établir ce rapport aux autres et à leurs pensées, l’enregistrement à l’impression. Il s’agit souvent de
mots à propos 4, à partir desquelles Camille Bondon les mots constituent bien souvent un prétexte et un Faire des choses avec des mots 10 : tel que s’approprier
offre une lecture en images des titres des événements médium de premier plan. Les propositions artistiques le registre du panneau-lettres jaune fluo pour donner de
dans lesquels cet exercice de parole prend place. Par et performances de Camille Bondon soulignent à quel la matérialité à l’éphémère parole. Avec Toute une série
exemple, invitée par Veronica Valentini à la BF15, à point ils peuvent se faire doux, plaisants, rassurants, de questions 11, des interrogations passent du brouillon
Lyon, en 2015, pour l’exposition collective The air was vecteurs de lien social tel que le prouve le projet 10 au carnet de recherche, à l’objet édité, et sont sujettes
full of anticipation, l’artiste commente le résultat de sa à leur tour à réflexions. Par ces activités, Camille
requête d’images sur internet à partir de cette phrase, tente de donner corps à ses propos qui n’ont jamais
tandis que son écran d’ordinateur affiche une suite de l’occasion d’être perçus sous ces regards, tel un acte
photographies de nuages sur fond de ciels bleus. La mise de résistance de vie et de coexistence des pensées.
en récit impose de la sorte un recul face aux actes et aux Ainsi Camille Bondon utilise un ensemble de dispositifs
images du quotidien en donnant à voir nos mécanismes pour montrer la parole et dire le récit. Ceci, toujours
intérieurs lorsqu’il est question de donner du sens. de manière méthodique et sous le signe du plaisir. Ne
se contentant pas de traduire la complexité du langage
dit : comment notre verbal et non verbal, codé ou à décoder, Camille Bondon
lui donne une existence matérielle. Dans son processus,
jeu se lit-il ? Dans La l’artiste est souvent amenée à solliciter la pensée de
l’autre. Elle accorde une importance à l’interprétation et
mise en scène de la plus exactement à l’appropriation. Qu’ils soient écrits,
dictés, racontés ou interprétés, l’artiste nous rappelle
vie quotidienne, tome 1, que les signes du langage témoignent du monde, et
sans nul doute, nous font exister.
La présentation de soi Marie-Pierre BAUDIER

(1959-1973), il dit : « que 1. Une histoire, des histoires, exercice de parole depuis 2015
2. L’objet des mots, exercice de parole, 2011-2014
les gens font souvent 3. (se) raconter des histoires, triptyques, affiches format 84 x 114
cm, impression N&B sur papier jaune fluo, 2016
davantage confiance 4. Quelques mots à propos, exercice de parole assisté par internet,
15 minutes environ, 2015
à une information 5. Extrait de Je suis contente, lecture enregistrée pour écoute
solitaire, 2011
lorsqu’elle ne paraît pas 6. Faire parler les livres, exercice de parole à partir de documents,
30 min., 2015
entièrement contrôlée 7. La distance d’entre les corps, exercice de parole avec public,
20 min., 2013
par celui qui la livre.  » 8. Parler à Michel, exercice de parole, podcasts, 11 épisodes de
23 min., 2015
(p. 258) 9. 10 mots doux à partager, édition, tapisserie, tractation, 2017
10. Qu’on pourrait aussi traduire par « Quand dire c’est faire »,
« Il suffit de montrer puisque l’exposition à laquelle l’artiste a participé à la Buffalo Bridge
Gallery, à Bangkok, en 2016, s’intitulait To do things with words.
que la scène se passe 11. Toute une série de questions, texte à apparitions multiples, 2014-2016

dans les coulisses pour

faire la preuve qu’on

n’a rien à cacher ». Il y

a quelque chose d’autre

qui se déroule dans

les coulisses, et dans

les coulisses d’une

personne.

Dans les coulisses d’un Reconnaissance vocale, recherche et performance de Paul Heintz et Marianne Villière,
personnage, y aurait-il en collaboration avec le ventriloque Romain Przeniczka.
la personne ? Et vice-

versa. Des aller-retours se font entre la fiction et la réalité, Cette voix intérieure nous intéresse pour cette raison, elle

entre ce qui est de l’ordre de la présence et de l’ordre de la est à la limite de l’inexistence.

représentation.

La parole du ventriloque est comme un « acte de présence » Marianne VILLIÈRE & Paul HEINTZ

qui rend réel le personnage. Il est l’alter-ego de la personne 1. David Goldblatt, Art and Ventriloquism, éd. Routledge, 2006
que l’on découvre. La voix est issue d’une relation entre 2. Érik Bullot, Un film en moins, brochure publiée à l’occasion de l’exposition La
eux plutôt que de l’un d’eux. Sinon, aucun son ne sortirait. Fabrique des films, Maison d’art Bernard Anthonioz, Nogent-sur-Marne, 2012

5

6 HORSD’ŒUVRE N° 41 / Parole(s) exposée(s), parole(s) exposante(s), les voix des autres / INTERFACE, DIJON 2018
LEFEVRE JEAN CLAUDE / LJC ARCHIVE

[LECTURES EXPOSITIONS]
C/O

ARCHIVES LIBRAIRIE, JEAN-DOMINIQUE CARRÉ, PARIS
SAMEDI 11 DÉCEMBRE 1993 [#1] SAMEDI 18 DÉCEMBRE 1993 [#2] DIMANCHE 19 DÉCEMBRE 1993 [#3]

[LECTURE EXPOSITION ENREGISTRÉE]
C/O

COMMISSARIAT JEAN GESLIN
LE DÉCOR… L’APPARTEMENT, LIMOGES,
VENDREDI 21 JUIN – 10 JUILLET 1993

[LECTURE EXPOSITION #4]
C/O

LIEU-COMMUN, 4/7
COMMISSARIAT GUY SCHRAENEN / INSTITUT FRANÇAIS, BRÊME

DIMANCHE 31 OCTOBRE 1999

[LECTURE EXPOSITION #5]
C/O

CRITIQUE ET UTOPIE, LIVRES ET PUBLICATIONS D’ARTISTES, EN FRANCE, DES ANNÉES SOIXANTE À NOS JOURS
COMMISSARIAT ANNE MŒGLIN-DELCROIX
CHÂTEAU DE LA NAPOULE, MANDELIEU
VENDREDI 23 JUIN 2000

[LECTURE EXPOSITION #6]
C/O

CRITIQUE ET UTOPIE, LIVRES ET PUBLICATIONS D’ARTISTES, EN FRANCE, DES ANNÉES SOIXANTE À NOS JOURS
COMMISSARIAT ANNE MŒGLIN-DELCROIX

LA CRIÉE, CENTRE D’ART CONTEMPORAIN, RENNES
À L’INVITATION DE LARYS FROGIER & LESZEK BROGOWSKI / LIBRAIRIE LE CHERCHEUR D’ART, RENNES

VENDREDI 12 JANVIER 2001

[LECTURE EXPOSITION #7]
UNIQUE LECTURE DIFFUSION, VIDÉO 59’

C/O
CRITIQUE ET UTOPIE, LIVRES ET PUBLICATIONS D’ARTISTES, EN FRANCE, DES ANNÉES SOIXANTE À NOS JOURS

COMMISSARIAT ANNE MŒGLIN-DELCROIX
MUSÉE NATIONAL DE LA PORCELAINE ADRIEN-DUBOUCHÉ, LIMOGES

À L’INVITATION DE DIDIER MATHIEU / LE CDLA
JEUDI 8 MARS 2001

[LECTURE EXPOSITION #8]
C/O

LIEU-COMMUN, SUPERPOSITION
COMMISSARIAT GUY SCHRAENEN
ATELIER DU MUSÉE OSSIP ZADKINE, PARIS

VENDREDI 5 OCTOBRE 2001

[LECTURE EXPOSITION #9]
C/O

DIALECTIQUE PNEUMATIQUE, TAROOP & GLABEL / EMMANUEL LATREILLE DIRECTEUR ARTISTIQUE
FONDS RÉGIONAL D’ART CONTEMPORAIN DE BOURGOGNE, DIJON
DIMANCHE 24 MARS 2002

[LECTURE EXPOSITION #10]
C/O

CNA / CEFAG, CENTRE DE FORMATION D’APPRENTIS DE LA COMMUNICATION MULTIMÉDIA ET DES ARTS GRAPHIQUES, BAGNOLET
À L’INVITATION DE LAURENT MARISSAL
MARDI 30 AVRIL 2002

[LECTURE EXPOSITION #11]
DÉDIÉE À RALPH RUMNEY

C/O
NOUS TOURNONS EN ROND DANS LA NUIT ET NOUS SOMMES DÉVORÉS PAR LE FEU…

EMMANUEL LATREILLE DIRECTEUR ARTISTIQUE
FONDS RÉGIONAL D’ART CONTEMPORAIN DE BOURGOGNE, DIJON

DIMANCHE 2 JUIN 2002

[LECTURE EXPOSITION #12]
C/O

TRANSIT EXTENSION / CLAUDE RUTAULT / MÉDIATION YVES JAMMET
HÔTEL FOREST HILL, SALON HYPÉRION
DIMANCHE 20 OCTOBRE 2002

[LECTURE EXPOSITION #12 BIS]
C/O

ASSOCIATION FRANÇAISE D’ACTION ARTISTIQUE, PARIS — COMMISSION VILLA KUJOYAMA, JAPON
JEUDI 17 AVRIL 2003

[LECTURE EXPOSITION #14]

7 [LECTURE EXPOSITION #14]
C/O

UNE COLLECTION DE « CHEFS-D’ŒUVRE » / YANNICK MILOUX DIRECTEUR ARTISTIQUE
FONDS RÉGIONAL D’ART CONTEMPORAIN DU LIMOUSIN, LIMOGES,
DIMANCHE 19 OCTOBRE 2003

[LECTURE EXPOSITION #15]
C/O

JOURNÉE D’ÉTUDE SUR LE VISUEL : OBJETS ET PARCOURS SOUS LA DIRECTION D’ANNE BEYAERT
MAISON DES UNIVERSITÉS, PARIS
MERCREDI 3 DÉCEMBRE 2003

[LECTURE EXPOSITION #16]
C/O

D’UN LIEU L’AUTRE… / COMMISSARIAT JACQUES PY & DANIEL BOSSER
CENTRE D’ART DE L’YONNE, COMMUNS DU CHÂTEAU DE TANLAY
SAMEDI 2 OCTOBRE 2004

[LECTURE EXPOSITION #17]
C/O

LES LIVRES DE MARIE-ANGE GUILLEMINOT
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES BEAUX-ARTS, PARIS — MÉDIATHÈQUE STRATIS ANDREADIS

MARDI 22 FEÉVRIER 2005

[LECTURE EXPOSITION #18]
C/O

SÉMINAIRE DE PHILOSOPHIE DE L’ART / ANNE MŒGLIN-DELCROIX / UNIVERSITÉ PARIS 1, SALLE CAVAILLÈS
MERCREDI 10 DECEMBRE 2008

[LECTURE EXPOSITION #19]
C/O

MUSÉE DES BEAUX-ARTS, NANTES / COMMISSARIAT BLANDINE CHAVANNE
SALLE REBECCA HORN
JEUDI 14 MAI 2009

[LECTURE EXPOSITION #20]
C/O

LEFEVRE JEAN CLAUDE & ORIOL NOGUES, DAVID FANK, SABRINA MOURA, HEATHER SEAVEY, SHINKI WATABE, HASSAN CHEG / FATIMA MHAIREG
GLASSBOX SANS LES MURS / THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE, CIUP / SALON HONNORAT, PARIS
DIMANCHE 28 JUIN 2009

[LECTURE EXPOSITION #20 BIS]
C/O

LA HEAD-GENÈVE & ATELIER PIERRE LEGUILLON [CEEL DE HAAS, ROMAIN LEGROS, CARLA LEÓN, NICOLAS MOMEIN, JULIE OSEN, CAMILLE VANOYE]
PALAIS DE L’ATHÉNÉE, SALLE CROSNIER, GENÈVE
MERCREDI 2 JUIN 2010

[LECTURE ENREGISTRÉE / LJC NOTATIONS1999-2010]
&

[FRAGMENTS GÉNÉRIQUES 1977-2010]
VIDÉO-PROJECTION EN BOUCLE
C/O

FRASQ #2, LE GÉNÉRATEUR / ANNE DREYFUS DIRECTRICE ARTISTIQUE, GENTILLLY
VENDREDI 22 OCTOBRE 2010

[LECTURE EXPOSITION #22]
C/O

LES CONFÉRENCES DE LA PRESQU’ÎLE
ÉSAM, ÉCOLE SUPÉRIEURE ART DES MÉDIAS, CAEN / CHERBOURG

À L’INVITATION DE LAURENT BUFFET
MERCREDI 20 NOVEMBRE 2013

[LECTURE EXPOSITION #23]
C/O

PAROLES – FORMES / PIERRE LEGUILLON INVITE LJC / ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES BEAUX-ARTS
PALAIS DES BEAUX-ARTS, PARIS
VENDREDI 13 JUIN 2014

[LECTURE CONTRE EXPOSITION]
C/O

FESTIVAL ISLAND #6 / SYLVIE BOULANGER DIRECTRICE ARTISTIQUE / CENTRE NATIONAL ÉDITION ART IMAGE
ACTDLMRSS1990 [3e PARTIE]
DIMANCHE 28 SEPTEMBRE 2014

[LECTURE EXPOSITION #25]
C/O

PUBLICATIONS D’ARTISTES, 4e ÉDITION
FRANCINE ZUBEIL / LA FABRIQUE SENSIBLE & ANNE MŒGLIN-DELCROIX

LA CITERNE / LES BAUX-DE-PROVENCE
DIMANCHE 7 JUIN 2015

[LECTURE EXPOSITION SUPPLÉTIVE #1]
C/O

CÉLINE AHOND / AU PIED DU MUR, AU PIED DE LA LETTRE / LA FERME DU BUISSON, NOISIEL
MERCREDI 21 FÉVRIER 2018

Des récits ordinaires

terrain de l’enquête, sa condition expérimentale et
son instrument de pensée. C’est parfois dans ces
ratés mêmes, que se loge le savoir de la conversation,
comme encapsulé. Ainsi, une conversation qui
devait avoir pour objet Erased de Kooning (1953) de
Rauschenberg, ne s’y arrête que quelques minutes
pour s’enliser dans les détails techniques du processus
de vente des œuvres de Tino Seghal… Ce sera en fait
l’une des conversations les plus riches. Les différents
locuteurs y interrogent avec une certaine profondeur la
dématérialisation de l’œuvre, le jeu d’écriture auquel il
est difficile d’échapper, la fétichisation, le théâtre social
de nos commerces avec l’objet. Certains évoquent aussi
la nécessité des commentaires sur l’œuvre, même
faux et détournés. C’est comme ça que les œuvres
vivent. Il n’y a pas de partition à faire entre les récits
autorisés par l’artiste et ceux qui l’on fait effectivement,
cela fait partie du fonctionnement des œuvres que de
produire des malentendus. La conversation n’aboutira
à aucun consensus, ce qui en prolonge encore un peu
la puissance.

Inachèvement

L’exposition des récits ordinaires (Villa Arson, d’observer comment une œuvre est mobilisée dans Les commissaires de l’exposition sont partis d’un
Nice, 2014) a exploré l’hypothèse suivante : nos une conversation. Et dans quelle mesure les récits que postulat commun : nous ignorons où commence et où
conversations, ordinaires et informelles, sont un mode l’on en fait la font durer, s’augmenter, se distribuer. La finit un processus de production artistique. Nous ne
d’existence important de l’œuvre d’art. L’œuvre s’y active, capacité des œuvres à s’augmenter ne dépend que de savons pas ce qu’il faut nommer « œuvre ». Il s’agissait
y circule, s’y déploie. De quoi ces conversations sont- la façon dont elles sont discutées. Comme l’analyse d’en ouvrir la définition à des pratiques et à des
elles faites et que peuvent-elles ? Pour y répondre, les Yaël Kreplak, «  il était intéressant de voir comment collectifs, et non plus aux seuls artefacts. Dans une
commissaires de l’exposition — Grégory Castéra, Yaël cela procédait, et ce que cela produisait :  des mises conversation, l’œuvre se constitue en objet commun,
Kreplak et Franck Leibovici — établirent un protocole : en relation inédites, des reconfigurations de paysages elle est placée dans un jeu ouvert de relations. C’est
douze professionnels de l’art contemporain (artistes, d’œuvres, de nouvelles connaissances 2.» un lieu où la réalité de l’œuvre se fabrique. Dans l’un
galeristes, directeurs de centres d’art, théoriciens, Malentendus des récits ordinaires collectés, un locuteur a émis la
critiques d’art) furent réunis autour d’une table. Avec Entrer dans ces récits ordinaires, c’était aussi observer belle idée que l’œuvre soit au lieu de son activation.
un scénario, une situation à jouer, pour de vrai et pour des ratés. Il y a des locuteurs qui n’arrivent pas à se À plusieurs reprises, les conversations ont été
de faux : prendre la parole pour présenter une œuvre faire entendre, certaines conversations se crispent l’occasion de jolies petites trouvailles. Notamment
de leur choix, en vue d’une potentielle exposition sur sur un détail. Il y a des effets d’autorité et des idées celle-ci, élaborée par Ghislain Mollet-Viéville et Aurélien
la question de l’objet. Ainsi douze conversations se qui ne prennent pas. C’est la contingence propre à Mole : « dans la pratique, avec l’art conceptuel, on est
sont dessinées, questionnant chacune à leur façon la toute conversation. Se révèlent des problèmes de toujours confronté à des problèmes de douane, qui a
matérialité de l’œuvre d’art. Parmi elles, par exemple, transmission, de réception, des ambiguïtés dans la des difficultés à considérer certaines choses comme
une conversation sur l’œuvre Résistance à l’art (2014) référence. Or justement, pour Grégory Castéra, le des œuvres. […] Il faut rematérialiser le concept
de Stéphane Bérard, les readymades de Duchamp, malentendu est un préalable à la discussion. Et c’est pour passer par la douane.  — c’est pas des faux,
ou Fillette (1968) de Louise Bourgeois. des récits par des ajustements successifs que des accords c’est plus des incarnations  temporaires 3.» L’œuvre,
ordinaires est l’exposition de ces conversations. temporaires apparaissent. Ce malentendu, on le toujours recomposée est toujours prise dans son
Exposer des conversations retrouve au cœur de la pensée de Bruno Latour. Pour lui, devenir œuvre. À cette grande plasticité répondent
Faire l’expérience de l’exposition, c’était entrer dans l’anthropologue est celui qui s’intéresse aux équivoques des incarnations temporaires, comme celles qui ont
une écologie singulière, accueillis par une scénographie sans lesquelles la communication interculturelle ne lieu dans une conversation. Si l’œuvre révèle par là son
élégante, sobre et au design doucement futuriste. serait pas possible. Ces erreurs ne sont pas des inachèvement, elle est aussi ce qui s’invente hors de soi.
L’espace se distribuait entre la diffusion sonore de accidents à corriger mais constituent le véritable Hélène SOUMARÉ
ces conversations, les dessins donnant à voir leurs
morphologies, les textes de ces conversations édités 1. David Lapoujade, commentant la pensée d’Étienne Souriau, in Les
en très grand format, et un espace de convivialité existences moindres, Paris, Minuit, 2017, p.73
reproduisant le comptoir d’un café, afin que la parole 2. Yaël Kreplak, « des récits ordinaires : une enquête sur les propriétés
s’échange sur ces récits ordinaires. L’exposition était des œuvres en régime oral », Des récits ordinaires, Dijon, Les presses
ainsi conçue comme un espace de traduction, de prise du réel, 2014, p.30
en charge d’une réalité par une autre. Elle multipliait 3. extrait de la conversation « Interview with Helen Jenkins de Syndicate
les points de vue : écouter, voir, lire, expérimenter, company / portée par Kobe Matthys, pour Agence »
être un corps au milieu de ces récits prononcés. C’est
la circulation de ces récits qui se trouvait exposée, Vues de l’exposition des récits ordinaires, 2014, Villa Arson Nice - un projet
questionnant leur répétition et leur dissémination. de Grégory Castéra, Yaël Kreplak et Franck Leibovici - © Photos : J. Brasille
L’exposition fut choisie par les commissaires comme le
format le plus apte à forger une oreille.

Les existences faibles

Les conversations sur les œuvres d’art relèvent de
pratiques invisibles qui constituent pourtant une des
conditions de leur existence. Le philosophe Étienne
Souriau pensait l’artiste, le philosophe et le savant
comme les avocats d’existences faibles — «  toutes
ces existences qui réclament d’exister sur un autre
mode ou de conquérir davantage de réalité.  […] Tout
est là, devenir réel. […] On a toujours à défendre le
subtil contre le grossier 1.» L’enjeu ici est de produire
de l’attention envers ce matériau ordinaire, banal et qui
nous oblige à changer d’échelle. L’intonation d’une voix
ou le silence pris à la fin d’une phrase peuvent décider
du destin d’une conversation — faire qu’elle s’engage,
s’approfondisse, bifurque ou bien s’arrête. Ces récits
ordinaires sont porteurs d’un savoir. Ils nous rendent
attentifs à la dynamique propre au discours oral, à
ses effets, à sa petite musique. Ils nous permettent

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Ève Chabanon. L’orchestration des voix

Ève Chabanon, Antisocial Social Club, 2017, Performance © Photos : Gyte Gavenaite

Lauréate du prix Sciences Po pour l’art contemporain en 2018 et actuelle exposante à Lafayette afin de valoriser leur travail. Ainsi, une scène en faux marbre est créée avec Abou Dubaev,
Anticipations, Ève Chabanon a conçu deux performances où les voix sont données à ceux qui Tchéchène ayant vécu 10 ans en Russie, qui façonnait le stuc. L’œuvre, The Surplus of the
en sont dépossédés. Elles introduisent avec une certaine continuité une dimension politique et Non-Producer, permettra de mettre en lumière un métier qu’il peut difficilement exercer en
sociale dans le rendu de la parole. À travers le contexte de création et le lieu d’exposition, le France.
rôle de l’artiste ainsi que des institutions se trouve questionné dans ce processus. Issue de la
HEAR (Haute école des arts du Rhin), ex-École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, la Durant l’exposition, une performance scénarisée sera filmée avec une équipe à la fois sujet
formation et les influences d’Ève sont multiples : commissariat, écriture, travail avec l’édition et réalisatrice, en lien avec une association d’exilés, professionnels de l’audiovisuel. D’autres
et le graphisme. Oeuvrant de manière collaborative, elle a monté des projets performatifs en œuvres évoqueront les voix de personnes absentes, comme celle d’une chanteuse lyrique
tant qu’artiste, en particulier avec le milieu scolaire. chinoise. Au sein de ce travail engagé et participatif, par une collaboration étroite avec les
équipes, le rôle et la prise de risque de l’institution sont aussi examinés. Notamment dans le
Pour le prix Sciences Po, elle a présenté sa performance Antisocial Social Club sous la forme système de rémunération et de recherche sur la légalité des processus, pour lesquels l’artiste
d’une banderole et d’une vidéo. Antisocial Social Club est un projet participatif mûri lors de sa a choisi de consacrer une grande part du budget. Même si Lafayette Anticipations est une
résidence de 6 mois à la White House appartenant à la ville de Dagenham, dans la banlieue vitrine pour porter un message d’une actualité brûlante, le risque est toujours plus grand pour
de Londres. Au sein de cet espace où le public peut se rendre pour des activités, expositions, l’artiste et les participants au projet.
projections ou bien des dîners qu’elle-même organise, elle a rencontré des habitants du
quartier de Barking & Dagenham et s’est interrogée sur sa présence en tant qu’artiste. Dans Cependant le statut d’une fondation privée permet à Ève Chabanon de donner une place
une agglomération où les logements sociaux sont majoritaires, la question de la gentrification privilégiée aux paroles portées et de construire un CV à des personnes, leur permettre
est cruciale, pouvant amener au départ de la population en situation de précarité et à un d’exister à travers leur travail. Manifestées sous des formes différentes, ces voix interrogeront
accroissement de son isolement. La performance organisée par Ève est née donc de cette le rapport entre les différents publics, et pourront peut-être donner lieu à d’autres débats.
problématique de la dépossession. Le 15 juin 2017, elle a réuni un groupe de personnes
(membres d’association, retraités, étudiants, artistes…) dans la salle du conseil municipal Gabrielle DE LA SELLE
pour une soirée débat. Les habitants ont littéralement pris les sièges de ceux qui sont censés
les représenter. L’artiste Chloé Cooper a animé les discussions par des monologues et des
questions, en fonction d’un déroulé établi à l’avance. Cette performance collective visait donc
à redonner une place à ceux qui ne sont pas toujours entendus, au sein d’un processus
démocratique où tout le monde doit pouvoir intervenir. C’est aussi un questionnement sur la
parole et les manipulations liées aux discours.

Pour pousser à l’expression de chacun, une dimension théâtrale et fictionnelle a été mise en
œuvre puisque, après un « échauffement », un scénario se met en place : une invasion de
zombies sur la ville. À travers ce fil est posée la question de la coalition. Par cette «  Chambre
des dépossédés  » autoproclamée, Ève Chabanon réinvestit un espace politique et recrée
une société amenée à débattre sur des thématiques actuelles, en lien avec ce qui fait la
communauté et le sens du groupe  : ouverture, fermeture, acceptation de l’autre… La place
publique est remise au centre de la vie politique et sociale, où la parole est synonyme de
pouvoir. Présentée à juste titre sous le thème commun de l’Indifférence, son exposition dans
les locaux de Sciences Po Paris renvoie au sens d’un tel projet au sein de cette école. Elle
introduit une dimension pédagogique par le biais artistique, apportant un discours critique
par rapport à un système scolaire normé.

Témoignant encore davantage de la dimension opérante de la parole en lien avec la structure
exposante, le projet d’Ève Chabanon pour Lafayette Anticipations (exposition collective, Le
centre ne peut tenir, jusqu’au 9 septembre 2018) donne une scène d’expression à d’autres
dépossédés : les exilés. Après un long travail de recherches et de rencontres avec des
associations comme La Fabrique Nomade, elle mène une réflexion sur la perte d’emploi
des étrangers arrivant en France. Elle interroge la corrélation de la perte de savoir faire par
rapport à l’identité, la dépossession de l’être lorsqu’on lui enlève son métier. Pour l’exposition,
elle met en place une structure complexe afin de donner une voix et une place à ces exilés,

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C. Ahond. Au pied du mur, au pied de la lettre

Céline Ahond, Au pied du mur, au pied de la lettre, 2018, vues de l’exposition, L’exposition recrée un univers administratif, car c’est des histoires et des anecdotes à propos des personnages
Ferme du Buisson © Photos Émile Ouroumov finalement une ambiance et des actes (manqués) que nous présents dans les vidéos issus des situations antérieurement
connaissons et partageons tous, nous autres spectateurs créées par l’artiste. L’exposition se voit comme un jeu de
« Au pied du mur, au pied de la lettre » 1 est l’exposition dont potentiels qui entrons masqués, et ressortons a priori à boucles plurielles dans lesquelles convergent des paroles
nous sommes le héros. visage découvert, si ce n’est en saluant les caméras de multiples sur le fil du temps.
surveillance - c’est en tous cas la volonté de Céline Ahond -, et
Le public est ici acteur, à la fois protagoniste de sa vie, de les potentielles singularités et sympathies qui se cachent par Ces paroles initiales appartiennent au passé mais sont
ses faits et gestes, mais aussi d’un objet tierce – un film, un delà ces machines. conjuguées au présent par le biais des dispositifs d’exposition :
livre – qu’une main de maître écrit et maîtrise. Cette main, matérialisées par des objets en carton, arrangées et diffusées
c’est celle de Céline Ahond, invitée par la Ferme du Buisson Car l’univers bureaucratique est peuplé d’êtres, et l’exposition via des vidéos, elle sont fragmentées dans l’espace, obligeant
pour une première monographie enchantant les lieux. Une invite aux rencontres, par le prisme des œuvres et des à la déambulation ; c’est la super-boucle des « signes » qui
exposition qui l’a mise en premier lieu mal à l’aise : comment dispositifs. Ces rencontres, ce sont celles qui habitent la vie produisent du « son », du « son » qui amène du « sens », les
exposer la performance, la parole, les liens et contacts à la fois artistique et intime (tout est lié) de Céline Ahond : trois super « S » : « Signe, son, sens ». 5
humains ? « Au pied du mur, au pied de la lettre » est la il y a tous ces stagiaires de classe de 3 ème et les autres
construction de ruses pour pallier à l’absence essentielle de collégiens, des détenues d’une maison des femmes, un jeune Par delà le son, la parole se construit via des mots, et ce sont
l’artiste... Et vice-versa, à la non-rencontre physique entre les homme qui monte sur un tabouret et en descend, un gardien finalement eux les véritables stars d’une exposition construite
publics et l’artiste, car c’est une première pour cette dernière. d’immeubles qui a transformé l’ensemble des loges HLM en comme un livre : un prologue, un épilogue, le corps du récit, un
centre d’art contemporain. Il y a aussi des silhouettes, les générique, et surtout ces mots, dispersés comme de la fumée,
- C’est un spectateur que tu ne verras pas visiteurs-spectateurs-acteurs-activateurs de l’exposition. Par sujet ultime, évaporation permanente, lien général entre les
- Mais c’est l’exposition qui va nous dire ailleurs, est mise à disposition une liste complète de tous modules, les objets, et tous les gens. Avec la complicité de
ces personnages que Céline Ahond fait cohabiter dans les Valérie Tortolero, dont le métier est justement de mettre en forme
le spectateur 2 espaces de la Ferme du Buisson. des lettres et des textes, Céline Ahond questionne : « Est-ce que
parler est une écriture ? » 6 L’exposition comme corps mouvant
Le spectateur et activateur de l’exposition voit dès l’entrée Il s’agit forcément d’une cohabitation, et non d’une addition se réinvente au fil des gens et de leurs (vraies ou fausses, mais
ses actions dirigées : « prenez une feuille » puis « faites une de portraits. Ceux-ci circulent d’un écran à un mur, de là qu’est-ce que le vrai, qu’est-ce que le faux ?) interventions,
photocopie » ou encore « tamponnez la feuille » ; les gestes à un autre écran et à un autre mur, ce sont des paroles sème des mots, les partage, les colorie, les scénarise, les fait
sont robotiques et connus de tous, actes de la bureaucratie mouvantes de personnages vivants, car : « ce qu’il y a de naître et se personnifier, se rencontrer, s’amuser.
inhérente à nos sociétés contemporaines. Évidemment, vivant, c’est d‘être en mouvement. » 4
au sein d’un centre d’art, on peut s’attendre à ce que ces Après l’usage des couleurs orange et vert, Céline Ahond
gestes soient détournés : ils le sont en effet, à l’envi et selon L’artiste rend compte de ce mouvement par la pluralité fait un autre pas dans son nuancier d’artiste et entre dans
l’imagination du spectateur-public-acteur, qui, rappelons-le, des êtres et de leurs paroles. Les chaises en plastique, les l’ère colorimétrique du rose fluo, qui représente pour elle
active et construit l’exposition de ses faits et attitudes plus ou moquettes feutrées ou encore la prépondérance de gris signent la couleur du désir, de la tentation et de l’inconnu, trois
moins conscients. le parti-pris esthétique d’une administration transformée en éléments inhérents aux itinéraires des rencontres et des
terrain de jeu : autrement dit, on copie des éléments pour relations potentielles. Dans cette exposition, sur un écran
Il est tout d’abord invité à s’accaparer certains outils, comme s’emparer d’un tout, pour rejouer les comportements et rose se dessine et s’écrit ici le corps du spectateur découvert.
une fausse photocopieuse ou une vraie imprimante, mais pour finalement mieux les transformer. Les corps s’exercent
aussi des kalashnikovs, sa propre nudité ou celle d’autrui, alors et réagissent tandis que la parole se déplace dans les Laëtitia TOULOUT
un marteau ou encore un vrai tampon, symbolique des faux- pièces et sur les différents écrans... Mais aussi de corps en
pouvoirs. Le spectateur a en tout cas les clefs et les objets en corps. Tous les éléments de l’exposition, objets, dispositifs, 1. Exposition personnelle de Céline Ahond à La Ferme du Buisson, Scène
main pour jouer dans un film ou écrire un livre, se raconter installations, deviennent à la fois compte-rendu, témoignage nationale de Marne-la-Vallée, à Noisiel, du 22 avril au 22 juillet 2018
des histoires à son bon vouloir. et socle de paroles passées et à venir. Les médiatrices ont 2. Dialogue entre Céline Ahond et Julie Pellegrin, directrice du centre d’art La
en ce sens un rôle central de lien et de medium à part entière : Ferme du Buisson et commissaire de l’exposition
Ces outils préparés en amont anticipent et initient des gestes. elles vont à la rencontre du spectateur pour lui transmettre 3. Brian O’Doherty, White cube, L’espace de la Galerie et son idéologie,
« Étrange histoire que celle du geste, qui toujours s’évanouit JRP Ringier, 2008
et reprend vie » 3, chez des êtres toujours différents et pourtant 4. 5. et 6. Céline Ahond
liés par les attitudes qu’ils produisent ou reconduisent.

Et, toujours, ils tiennent le monde :
être, dire, faire, désirer et résister

«  Je tiens ce monde pour ce qu’il est : vivent déjà  dans le monde  commun du puissent prendre place / prendre la compte tenu de l’évolution de notre rapport
un théâtre où chacun doit jouer son rôle, dehors comme la matière du représentable parole dans la cité et dans les récits qui conflictuel à l’autorité de savoirs constitués
et où le mien est d’être triste.  » Dans la dans l’espace dédié du texte et de la circulent entre les gens qui reçoivent ces et normatifs, pourrait prolonger, pondérer
pièce de théâtre Le marchand de Venise scène. De ce transfert du monde vécu au récits contribue à une diversification de et réorienter la déclaration ainsi : tenir
(1600), William Shakespeare prête ces monde représenté, l’histoire des arts et la représentation des groupes sociaux. le monde pour ce qu’il n’est pas encore
mots pessimistes et résignés au personnage de l’exposition au sens large, c’est-à-dire Prendre la parole justement : s’il s’agit devenu, et pour ce qu’il pourrait être,
d’Antonio. des conditions de mise en visibilité d’un de tenir le monde pour ce qu’il est, un pour ce que nous / chacun souhaiterait
événement ou d’un récit, s’en nourrit depuis endroit où chacun doit jouer son rôle, cette qu’il soit. Il faut pouvoir le dire et il faut
Si cette déclaration apparaît dans le cours le principe antique de la mimésis, passant approche de la représentation du monde encore pouvoir le faire, au milieu des
d’une conversation entre personnages de la nature des choses du monde vivant à par l’inscription des individus dans cette événements co-existants de chaque époque
d’un jeu de fiction, l’on ne peut ignorer la nature des individus et des événements. dynamique faite d’obligations implique qui embarquent l’individu contemporain
qu’elle est composée par un auteur L’intérêt croissant des époques modernes certaines limites : le monde d’une part n’est tant dans le flux de son temps, dans la crise
de théâtre qui, se faisant, contribue à et contemporaines pour des événements a pas un objet fini, ni en connaissances ni des identités individuelles et dans l’exercice
reconnaître un principe fondateur de priori anodins ou ordinaires, qu’ils soient en évolutions, tandis que chaque individu des relations collectives.
la fonction du théâtre classique : si le personnels ou qu’ils concernent des tranches a le droit intrinsèque de camper un rôle
monde est un théâtre, alors le théâtre de population élargies, en l’occurrence des et de s’en départir, si ce n’est d’échapper Ainsi s’est échafaudée dans cette
est la représentation du monde. Cette figures mineures et populaires plutôt que aux contraintes du rôle occupé par une perspective la programmation des
déclaration peut alors s’entendre comme des moments et personnages illustres ou assignation sociale, politique ou culturelle. expositions en arts visuels de la galerie du
une définition métaphorique du principe historiques, autorise progressivement les Granit - scène nationale de Belfort qui s’est
de « theatrum mundi » (théâtre du monde) artistes et les auteurs à mettre en exergue À cet égard, s’il s’agit encore aujourd’hui tenue du 13 septembre 2017 au 26 juin
qui considère l’espace et les événements des histoires d’émancipation des individus de tenir le monde pour ce qu’il est, une 2018. Intitulée « Et, toujours, ils tiennent le
contingents de l’époque tels qu’ils se et d’expression de leur subjectivité. Qu’ils approche contemporaine actualisée monde  » et construite en trois expositions

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Encore des mots toujours des mots,
les mêmes mots

Des mots magiques, des mots tactiques qui sonnent faux... Ainsi répliquait Dalida Futureclown peut aussi se dupliquer, révélant de fait les rapports agonistiques et
aux douces paroles d'Alain Delon. Déclaration d'amour, déclaration politique : après les postures adoptées lors des rencontres diplomatiques ou durant les débats des
tout, n'est-ce pas dans les deux cas affaire de séduction ? C'est d'ailleurs par un primaires républicaines. Une fois l'image de Futureclown substituée à celle des
baiser passionné et figé dans le plâtre que Rachel Mason répondait à la Convention personnages politiques, seuls demeurent certains éléments d'identification contenus
des Républicains en 2004 (Kissing President Bush). Cette conscience politique dans l'enregistrement de la parole et les expressions corporelles. Le Republican
nourrit la démarche de l'artiste américaine, de sa série de sculptures de leaders Primary Debate, en décembre 2015 au Venetian de Las Vegas, est orchestré tel un
à la tête d'une nation en guerre (The Ambassadors) à ses albums de musique en talent show (concours de talent). Sont multipliés les travellings sur les participants
passant par ses performances où elle campe le personnage de Futureclown. Une alignés ou encore les plans sur le drapeau américain flottant, sur fond de musique
constellation de personnages parcourt son œuvre comme autant d'avatars d'elle- épique.
même déployés à souhait. Sa fascination pour l'exercice du pouvoir la conduit à tenter Une machinerie qui confine au kitsch, autre caractéristique de la démarche de Mason
de cerner la personnalité et les ambitions des puissants, et ce, jusqu'à entretenir une qu'on retrouve notamment dans la reprise des bandeaux des chaînes d'information
correspondance avec certains d'entre eux tels que Manuel Noriega, ancien dictateur en continu. L'artiste convoque des références populaires en imaginant un duplex fictif
du Panama. Par l'appropriation et le détournement de la parole des leaders en un entre Whoopi Goldberg et Donald Trump ou en faisant chanter au premier ministre
discours artistique, le travail de Rachel Mason constitue une forme de contre-pouvoir. japonais Shinzo Abe le titre « Stand by Me » interprété par Lennon. Rachel Mason
Les vidéos de Rachel Mason incarnant Futureclown ont connu une visibilité croissante, ne cherche pas à maquiller les imperfections telles que les faux raccords dans le
parallèlement à la percée de Donald Trump dans le paysage politico-médiatique montage ou la faible qualité de la lumière. En diffusant ses vidéos sur Youtube et les
américain. Point d'orgue de la vie politique, le discours d'investiture du 45e président réseaux sociaux, agora du 21 e siècle, Mason reprend les mécanismes médiatiques.
au Capitole allait clore les longs mois de campagne tout en ouvrant une nouvelle page Les petites phrases isolées du discours, « Does Torture Work?… Yes Absolutely »,
dans l'histoire d'une nation. Ce moment historique où « le fou devient souverain » 1, « We will be reimbursed by Mexico », deviennent virales. Correspondant à une
Rachel Mason va le performer elle aussi, simultanément ou presque, au Los Angeles société du zapping et du buzz, ce dispositif de monstration efficace offre un espace
Contemporary Exhibitions, en utilisant la technique de la synchronisation labiale (lip- où la parole du spectateur peut s'exprimer, qui plus est sous couvert d'anonymat.
sync). L'artiste se filme elle-même en plan rapproché. L'espace « neutre » du musée, La force du travail de Mason, sans tomber dans la caricature, repose dans la seule
ou plus exactement non identifié a priori comme un espace politique, produit une image de Futureclown, elle-même critique. N'est-ce pas la figure du bouffon, du
décontextualisation ayant pour conséquence de focaliser l'attention sur le personnage clown qui est invoquée lorsqu'il s'agit de moquer les puissants ?
tout en privant des artifices de la mise en scène. Cet environnement crée de plus un Rémi BAERT
hiatus lorsqu'il s'agit d'entendre la foule en liesse. De là un des intérêts de la technique
employée par Mason. Les disjonctions entre l'image et le son génèrent un écho à la 1. Tim Reid à propos de Futureclown, http://www.riting.org/post/158236038244/futureclown
fois visuel et sonore mettant en relief le contenu. Les regards de Futureclown vers la Rachel Mason, Futureclown, Visiting the U.S. Capitol, 2014
caméra individualisent la relation au spectateur. D'autant que les yeux cernés de noir
et la bouche sombre, par contraste avec le visage fardé de blanc et semblable à un
masque, constituent des béances aux effets hypnotiques. La rhétorique gestuelle,
fonctionnant à la manière d'accents visuels, vient rythmer le discours verbal. Cette
chorégraphie, étudiée et soumise au décryptage des experts en communication, en
amont et en aval, révèle également les expressions faciales et les gestes incontrôlés  :
une moue, un mouvement frénétique... L'œuvre Inaugural Address met en exergue
un canevas complexe où se croisent stratégies et instruments de langage jouant de
leur complémentarité au profit d'un contenu. Les mots d'ordre de la campagne sont
à nouveau martelés : « America first! », « America great again! ». Aux insultes et aux
rires moqueurs des débats succèdent un ton grave et un visage emprunt de solennité :
l'Auguste se serait-il métamorphosé en clown blanc ?

Les œuvres de Rachel Mason témoignent de la spectacularisation de la vie politique
et du décorum qui lui est inhérent. Le Filibuster en est l'illustration, d'autant plus
surprenant pour l'observateur français. Cette procédure d'obstruction parlementaire
consiste à monopoliser la parole le plus longtemps possible afin d'empêcher le
vote d'une loi. En mars 2013, le sénateur républicain Rand Paul s'engage dans un
marathon verbal de 13 heures, repris ensuite par Mason. Rand Paul s'oppose alors
à la nomination de John Brennan à la tête de la CIA et à l'utilisation de drones pour
des frappes sur le sol américain. La parole devient rapidement un flot de sons que
nous finissons par entendre sans écouter. Ces décrochages expérimentés marquent
le basculement du primat de la forme sur le fond. Situation des plus surréalistes et
absurdes lorsque le sénateur Ted Cruz prend le relais pour lui annoncer son buzz sur
Twitter. Héros républicain pour certains, Guignol déconcertant pour d'autres.

de vie contemporaines et contingentes Bondon, Fabien Steichen), pour l’exposition
de l’époque dont nous autres spectateurs de subjectivités éprouvées (Violaine Lochu,
et regardeurs, visiteurs et visités, sommes Sara Acremann, Céline Trouillet, Quentin
potentiellement autant les témoins que les Lacroix), pour l’usage de la conversation
sujets. De ces actions de « corporation » du comme moyen d’œuvrer à plusieurs (porte
monde, de ces états de corps en action et renaud, Marie Preston, Sébastien Rémy,
en élaboration de relations (ce qui nous lie Aline Morvan), pour des stratégies de co-
autant que ce qui se relate), un des outils existence et d’implémentation dans et avec
qui les supporte et les mobilise réside dans la vie d’autrui (Céline Ahond, Joséphine
l’usage de la langue et de la parole qui Kaeppelin, Camille Llobet, Marianne
produit le contact, les échanges, qui réunit Villière), pour l’apparition d’expressions
les individus en corps collectif et qui (s’) publiques dans l’espace de la ville (Julien
expose autant qu’elle nous expose en tant Amillard, Mathieu Tremblin), et in fine,
que sujets parlants et ce faisant en tant que sans que cela ne soit jamais définitif, pour
sujets politiques et aussi poétiques. Si l’enjeu l’usage du langage comme un moyen
n’était pas d’aborder la problématique de d’être, de témoigner et de (se) chercher
la parole exposée en tant que thématique encore, entre les lignes et au-delà des
univoque de cette programmation, elle cercles.
constitua néanmoins une trame constante
du projet, des œuvres exposées et des Mickaël ROY
performances réalisées.
https://ettoujoursilstiennentlemonde.wordpress.com
On retiendra notamment que ces pratiques
Céline Trouillet, Song n°23, 2013, vidéo, 5’, signes : Marianne Queval de la parole qui expose relèvent d’intérêts
parallèles pour l’exposition de tranches de
collectives dans l’espace de la galerie - la rumeur), son objet a été de témoigner fiction (Cindy Coutant, Laurence Cathala,
d’exposition (Brouhaha ; Désirer un coin d’un ensemble d’actes d’existence que Agnès Geoffray, Alexandre Silberstein),
de soi-même inconnu ; Ce qui nous tient, portent à la fois les artistes par leurs pour la transposition de bribes du réel
ce à quoi nous tenons) et une exposition pratiques et propres par ailleurs à celles en objets ou interfaces de récits (Raphaël
collective transversale dans l’espace du et ceux que leurs œuvres indiquent comme Tiberghien, Paul Heintz, Dominique
dehors (L’extension du plancher est une lutte étant les acteurs et les actants de formes Petitgand), pour l’exposition de paroles
anonymes et vernaculaires (Camille

11

agde HORSD’ŒUVRE n°41 chateauneuf-le-rouge marseille RDV T&G
édité par l’association
Moulin des Evêques INTERFACE Arteum - musée d’art contemporain Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur © Taroop & Glabel - Courtesy Semiose galerie, Paris
(org. Frac Occitanie-Montpellier) 12 rue Chancelier de l’Hospital Le Château RN7 20 Boulevard de Dunkerque
avenue du 8 mai 1945 F - 21000 Dijon 13790 Chateauneuf-le-rouge 13002 Marseille édition d’artiste
34300 Agde t. : +33 (0)3 80 67 13 86 tél. 04 42 58 61 53 tél. 04 91 91 27 55
tél. 04 99 74 20 35 [email protected] ouvert du mer. au sam. de 14h à 18h ouvert du mar. au sam. de 12h HORSD’ŒUVRE N° 41 / PAROLES EXPOSÉES, PAROLES EXPOSANTES – LES VOIX DES AUTRES / INTERFACE ART, DIJON 2018 Lefevre Jean Claude
ouvert ts les jrs sauf dim. de 10h à www.interface-horsdoeuvre.com ➤ « Territoires Sonores - Sound à 19h, dim. de 14h à 18h LEFEVRE JEAN CLAUDE / LJC ARCHIVE [horsd’oeuvre n°41 - 2018]
12h et de 15h à 19h www.interface-art.com Territories » P.-L. Cassière, A.-J. ➤ « Back to nature » Claude
➤ « Courant continu » J. Azémard, Chaton, I. Dehay et H. Tuulikki : Lévêque : jusqu’au 14/10/2018 [LECTURES EXPOSITIONS] Tirage : 60 ex.
L. Ball, T. Grand, R. Julius, Numéro sous la direction de : jusqu’au 7/07/18 C/O numérotés et signés par l’artiste
E. étienne, J. Gay, A. Lapierre, Mickaël Roy ➤ « Habiter » S. Ancelot, Chapelle du Centre de
M. Martin, C. Torne, J. Caubet, M. Bousquet, B. El Hammami, la Vieille Charité ARCHIVES LIBRAIRIE, JEAN-DOMINIQUE CARRÉ, PARIS Prix unitaire : 50 €
L. Pelen et G. Roubichou : Conception graphique & F. Kaddouri, é. Laplane, C. Moravia, (org. Frac PACA) SAMEDI 11 DÉCEMBRE 1993 [#1] SAMEDI 18 DÉCEMBRE 1993 [#2] DIMANCHE 19 DÉCEMBRE 1993 [#3] + 8 € de frais d’envoi
29/06 - 16/09/18 responsable de la rédaction : D. Poitevin, I. Salama Ortar et 2 rue de la Charité
Frédéric Buisson O. Theuriet : 29/09 - 01/12/18 1300? Marseille [LECTURE EXPOSITION ENREGISTRÉE] 420 x 594 mm
aix-en-provence tél. 04 91 14 58 38 C/O (impression offset)
Coordination, relecture : dijon ouvert du mar. au dim.
3bisf Nadège Marreau, Siloé Pétillat, de 10h à 19h et à partir du COMMISSARIAT JEAN GESLIN Interface - horsd’oeuvre
Hôpital Montperrin Augustin Dupuid appartement/galerie Interface 18/09 jusqu’à 18h LE DÉCOR… L’APPARTEMENT, LIMOGES, 12 rue Chancelier de l’Hospital
109 avenue du petit Barthélémy 12 rue Chancelier de l’Hospital ➤ « Life on the Line » VENDREDI 21 JUIN – 10 JUILLET 1993
13617 Aix-en-Provence ont participé à ce numéro : 21000 Dijon Claude Lévêque : 21000 Dijon
tél. 04 42 16 17 75 Rémi Baert, Marie-Pierre tél. 03 80 67 13 86 jusqu’au 14/10/2018 [LECTURE EXPOSITION #4] t. 03 80 67 13 86
ouvert du lun. au ven. de 13h à Baudier, Bertrand Charles, ouvert du mer. au sam. de 14h à C/O [email protected]
17h et sur rdv Michel Collet, Gabrielle 19h ou sur rdv, fermé les jrs fériés montbéliard
➤ « maintenant et encore » Sarah de la Selle, Paul Heintz, ➤ « des terroirs, des hommes et LIEU-COMMUN, 4/7 Diffusion R-Diffusion :
Forrest, Linda Sanchez : jusqu’au Fanny Lambert, Mickaël Roy, du temps » Suzanne Husky : Le 19 COMMISSARIAT GUY SCHRAENEN / INSTITUT FRANÇAIS, BRÊME http://www.r-diffusion.org
13/07/18 Hélène Soumaré, Laëtitia Toulout, jusqu’au 13/07/18 19 avenue des alliés
Fabien Steichen, Marianne Villière ➤ Peter Downsbrough : 25200 Montbéliard DIMANCHE 31 OCTOBRE 1999
© Sarah Forrest , April, photogrammes 15/09 - 01/11/18 tél. 03 81 94 43 58
Couverture : ➤ Julien Discrit : 24/11 - 31/12/18 ouvert du mar au sam. de 14h [LECTURE EXPOSITION #5]
➤ Hugo Deverchère : Céline Ahond à 18h et le dim de 15h à 18h C/O
11/10 - 07/12/18 World Wants Words Galerie Barnoud - Entrepôt 9 ➤ « There, and Elsewhere »
Los Angeles, 2013 2 rue Champeau N.J. Bergold, J. Koeke, CRITIQUE ET UTOPIE, LIVRES ET PUBLICATIONS D’ARTISTES, EN FRANCE, DES ANNÉES SOIXANTE À NOS JOURS
albi © Photo : Céline Ahond et 21800 Quétigny M. Lamarche, P.M. Martin, COMMISSARIAT ANNE MŒGLIN-DELCROIX
Charlie Jeffery © Céline Ahond tél. 03 80 66 23 26 J-S. Tacher, V. Stickel : CHÂTEAU DE LA NAPOULE, MANDELIEU
Le Lait ouvert mer., ven. et sam. jusqu’au 26/08/18 VENDREDI 23 JUIN 2000
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81000 Albi Lefevre Jean claude ➤ « Bois » Marc Couturier : 22/09/18 - 13/01/19 [LECTURE EXPOSITION #6]
tél. 09 63 03 98 84 horsd’oeuvre n°41 / Parole(s) jusqu’au 28/07/18 C/O
ouvert du mar. au sam. de 13h30 exposée(s), Parole(s) exposante(s), montpellier
à 18h30 Les voix des autres / interface, Hôtel des Ducs CRITIQUE ET UTOPIE, LIVRES ET PUBLICATIONS D’ARTISTES, EN FRANCE, DES ANNÉES SOIXANTE À NOS JOURS
➤ Victoria Klotz : 07 - 29/09/18 dijon 2018 - © LJC ARCHIVE 5 rue Lamonnoye Frac Occitanie Montpellier COMMISSARIAT ANNE MŒGLIN-DELCROIX
➤ « Casapellllum » Laurent Pernel : 21000 Dijon 4 rue Rambaud
jusqu’au 21/10/18 Impression : ICO tél. 03 80 67 13 86 34006 Montpellier LA CRIÉE, CENTRE D’ART CONTEMPORAIN, RENNES
17 rue des Corroyeurs - Dijon ouvert tous les jours de 9h à 19h tél. 04 99 74 20 35 À L’INVITATION DE LARYS FROGIER & LESZEK BROGOWSKI / LIBRAIRIE LE CHERCHEUR D’ART, RENNES
annemasse Tirage 5000 exemplaires ➤ « Horsd’oeuvre à l’Hôtel ouvert du mar. au sam.
ISSN : 1289-9518 - semestriel des Ducs » C. Bart, D. Buren, de 14h à 18h, fermé les jrs fériés VENDREDI 12 JANVIER 2001
Villa du Parc Dépôt légal : juillet 2018 é. Bossut, P. Cazal, M-C. ➤ « Coordonnées en projection IIII »
12 rue de Genève Chaimowicz, J. Colomer, G. Jennifer Caubet : [LECTURE EXPOSITION #7]
74100 Annemasse Publié avec le soutien de Collin-Thiébaut, Ernest. T, J. 22/06 - 22/09/18 UNIQUE LECTURE DIFFUSION, VIDÉO 59’
tél. 04 50 38 84 61 l’ensemble des structures Hubaut, B. Lavier, G. Millet, O.
ouvert du mar. au sam. de 14h à annoncées dans l’agenda et de : Mosset, Y. Pei-Ming, P. Ramette, mouans-sartoux C/O
18h30 - fermé les jours fériés I. Tursic & W. Mille, N. Van de CRITIQUE ET UTOPIE, LIVRES ET PUBLICATIONS D’ARTISTES, EN FRANCE, DES ANNÉES SOIXANTE À NOS JOURS
➤ « Réparer la vision » Danilo carquefou Steeg : jusqu’au 30/10/18 Espace de l’Art Concret
Dueñas : jusqu’au 22/12/17 Donation Albers-Honegger COMMISSARIAT ANNE MŒGLIN-DELCROIX
➤ Nadira Husain : Frac des Pays de la Loire landerneau Château de Mouans MUSÉE NATIONAL DE LA PORCELAINE ADRIEN-DUBOUCHÉ, LIMOGES
30/06 – 22/09/18 24 bis Boulevard Ampère 06370 Mouans-Sartoux
La Fleuriaye Fonds Hélène & Édouard Leclerc tél. 04 93 75 71 50 À L’INVITATION DE DIDIER MATHIEU / LE CDLA
auxerre 44470 Carquefou pour la culture ouvert du mer. au dim. de 13h à 18h JEUDI 8 MARS 2001
tél. 02 28 01 50 00 Aux Capucins - 29800 Landerneau ➤ « Picasso à tous les étages ! »
Hors[ ]cadre ouvert du mer. au dim. tél. 02 29 62 47 78 Pablo Picasso & la Donation [LECTURE EXPOSITION #8]
49, rue Joubert de 14h à 18h, ouvert tlj de 10h à 19h, à partir Albers-Honegger : C/O
89000 Auxerre ➤ « instantané (97) » de sept. de 10h à 18h 08/07 - 07/10/18
tél. 06 88 97 42 26 Makiko Furuichi - Kaki Kukeko : ➤ Henry Moore : ➤ « Women on paper » : LIEU-COMMUN, SUPERPOSITION
ouvert du mer. au dim. de 13h à 18h jusqu’au 07/10/18 10/06 - 04/11/18 08/07 - 04/11/18 COMMISSARIAT GUY SCHRAENEN
➤ « Alchimie des matériaux » ➤ Armen Eloyan : ATELIER DU MUSÉE OSSIP ZADKINE, PARIS
Keen Souhlal : 09/06 - 12/08/18 jusqu’au 07/10/18 lectoure mourenx
➤ « XXXII e Ateliers Internationaux - VENDREDI 5 OCTOBRE 2001
billère Roumanie » : Anca Benera et Centre d’art Photographique de Le MI[X]
Arnold Estefan, Nona Inescu, Lectoure (org. le Bel Ordinaire) [LECTURE EXPOSITION #9]
Le Bel Ordinaire Olivia Mihǎltianu, Alex Mirutziu, 8 cours Gambetta 2, avenue Charles Moureu C/O
Espace d’art contemporain / Vlad Nancǎ : 37000 Lectoure 64150 Mourenx
Pau Béarn Pyrénées 17/11/18 - 20/01/19 tél. 05 62 68 83 72 tél. 05 59 60 43 48 DIALECTIQUE PNEUMATIQUE, TAROOP & GLABEL / EMMANUEL LATREILLE DIRECTEUR ARTISTIQUE
Allée Montesquieu ouvert ts les jrs de 14h à 19h, ouvert mar. de 13h à 18h, FONDS RÉGIONAL D’ART CONTEMPORAIN DE BOURGOGNE, DIJON
64140 Billère château-gontier fermé les lun. et mar. en sept. mer. de 9h à 12h et 13h à 17h, DIMANCHE 24 MARS 2002
tél. 05 59 72 25 85 ➤ « L’Été photographique de ven. de 13h30 à 18h et
ouvert du mer. au sam. Chapelle du Genêteil Lectoure » A. Brignon, Collection sam. de 9h à 12h30 et 13h30 à 16h [LECTURE EXPOSITION #10]
de 15h à 19h rue du Général Lemonnier M. Millot-Durrenberger avec ➤ « Le futur n’existe pas » C/O
➤ « Foresta » commissariat Lola 53200 Château-Gontier P. Bailly-Maître-Grand, C. Batho, Clémentine Fort :
Leotti : 12/09 - 17/11/18 tél. 02 43 07 88 96 V. Belin, T. Drahos, B. Faucon, 15/09 - 27/10/18 CNA / CEFAG, CENTRE DE FORMATION D’APPRENTIS DE LA COMMUNICATION MULTIMÉDIA ET DES ARTS GRAPHIQUES, BAGNOLET
➤ « Paysage fiction » ouvert du mer. au dim. V. Graftieaux, G. Kerekes, À L’INVITATION DE LAURENT MARISSAL
commissariat Charles Carcopino : de 14h à 19h B. Plossu, F. Saur et J. Sudek – mulhouse MARDI 30 AVRIL 2002
12/10 - 08/12/18 ➤ « Gontierama 2018 » M. documentation céline duval,
Blazy, M. Dinahet, L. Le Deunff, L. Fiévet, Lectoure 1000 Photos La Kunsthalle Mulhouse [LECTURE EXPOSITION #11]
brest Présence Panchounette, S. Vigny : avec B. Plossu et S. Tisseron – B. La Fonderie DÉDIÉE À RALPH RUMNEY
jusqu’au 26/08/18 Holloway, Cies OBRA et VIDEOfeet, 16 rue de la Fonderie
Passerelle et dans 4 autres lieux : Musée R. Perray, A. Tuominen, A. Werbrouck : 68100 Mulhouse C/O
41 Rue Charles Berthelot d’art et d’histoire, Médiathèque, 14/07 - 23/09/18 tél. 03 69 77 66 47 NOUS TOURNONS EN ROND DANS LA NUIT ET NOUS SOMMES DÉVORÉS PAR LE FEU…
29200 Brest Pôle culturel Les ursulines - salle ouvert du mer. au ven.
tél. 02 98 43 34 95 gothique, Jardin des senteurs. le havre de 12h à 18h (jeu. jusqu’à 20h), EMMANUEL LATREILLE DIRECTEUR ARTISTIQUE
ouvert le mar. de 14h à 20h ➤ Béatrice Cussol : et sam., dim. de 14h à 18h, FONDS RÉGIONAL D’ART CONTEMPORAIN DE BOURGOGNE, DIJON
et du mer. au sam. de 14h à 15/09 - 11/11/18 Le Portique fermé les jrs fériés
18h30 - fermé les jours fériés 30 rue Gabriel Péri ➤ « Nœuds Négatifs » DIMANCHE 2 JUIN 2002
➤ « Deux sens du décoratif » châteaugiron 76600 Le Havre Étienne Chambaud :
J.-M. A.ppriou, I. Doujak, tél. 09 80 85 67 82 07/06 - 26/08/18 [LECTURE EXPOSITION #12]
T. H. Clark, T. Jeppe, A. Solal Centre d’art Les 3 CHA ouvert du mar. au dim. ➤ « Mon Nord est ton Sud » C/O
➤ « It’s All Tied Up in a Rainbow » Le Château de 11h à 19h, sauf jours fériés B. Bak, Chto Delat, Gil&Moti,
Morgan Courtois Bd J. et P. Gourdel ➤ Florian Pugnaire et David Raffini : J. Kopp, G. Kotretsos, K. Stöbel, TRANSIT EXTENSION / CLAUDE RUTAULT / MÉDIATION YVES JAMMET
➤ « La flotte bleue » Laure 35410 Châteaugiron 23/06 - 23/09/18 Y. Tabti, C. Tossin, HÔTEL FOREST HILL, SALON HYPÉRION
Mathieu : jusqu’au 18/08/18 tél. 02 99 37 08 24 ➤ Delphine Coindet : M. Vanden Eynde : DIMANCHE 20 OCTOBRE 2002
ouvert mer. et ven. de 14h à 17h, 14/10 - 22/12/18 13/09 - 11/11/18
Si vous souhaitez que sam. de 10h à 12h et de 14h [LECTURE EXPOSITION #12 BIS]
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tous les dim. de 11h à 13h et de Hôtel Windsor ASSOCIATION FRANÇAISE D’ACTION ARTISTIQUE, PARIS — COMMISSION VILLA KUJOYAMA, JAPON
soient annoncées 14h à 18h 11 rue Dalpozzo JEUDI 17 AVRIL 2003
➤ « À propos de rien » 06000 Nice
dans l’agenda Hanna Maria Ograbisz-Krawiec : tél. 04 93 88 59 35 [LECTURE EXPOSITION #14]
07/07 - 16/19/18 ➤ « OVNi - Objectif Vidéo Nice » C/O
du prochain numéro, ➤ « Paddling pools » Nils Völker : festival - plus de 50 vidéos
06 - 27/10/18 diffusées dans une trentaine de UNE COLLECTION DE « CHEFS-D’ŒUVRE » / YANNICK MILOUX DIRECTEUR ARTISTIQUE
une participation de lieux : hôtels, musées, espaces FONDS RÉGIONAL D’ART CONTEMPORAIN DU LIMOUSIN, LIMOGES,
design, lieux insolites, ... : DIMANCHE 19 OCTOBRE 2003
30 Euros minimum 16 - 25/11/18
➤ « Camera Camera » [LECTURE EXPOSITION #15]
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comtemporain :
24 - 25/11/18 (ouvert le 23/11 JOURNÉE D’ÉTUDE SUR LE VISUEL : OBJETS ET PARCOURS SOUS LA DIRECTION D’ANNE BEYAERT
aux professionnels) MAISON DES UNIVERSITÉS, PARIS
MERCREDI 3 DÉCEMBRE 2003

[LECTURE EXPOSITION #16]
C/O

D’UN LIEU L’AUTRE… / COMMISSARIAT JACQUES PY & DANIEL BOSSER
CENTRE D’ART DE L’YONNE, COMMUNS DU CHÂTEAU DE TANLAY
SAMEDI 2 OCTOBRE 2004

[LECTURE EXPOSITION #17]
C/O

LES LIVRES DE MARIE-ANGE GUILLEMINOT
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES BEAUX-ARTS, PARIS — MÉDIATHÈQUE STRATIS ANDREADIS

MARDI 22 FEÉVRIER 2005

[LECTURE EXPOSITION #18]
C/O

SÉMINAIRE DE PHILOSOPHIE DE L’ART / ANNE MŒGLIN-DELCROIX / UNIVERSITÉ PARIS 1, SALLE CAVAILLÈS
MERCREDI 10 DECEMBRE 2008

[LECTURE EXPOSITION #19]
C/O

MUSÉE DES BEAUX-ARTS, NANTES / COMMISSARIAT BLANDINE CHAVANNE
SALLE REBECCA HORN
JEUDI 14 MAI 2009

[LECTURE EXPOSITION #20]
C/O

LEFEVRE JEAN CLAUDE & ORIOL NOGUES, DAVID FANK, SABRINA MOURA, HEATHER SEAVEY, SHINKI WATABE, HASSAN CHEG / FATIMA MHAIREG
GLASSBOX SANS LES MURS / THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE, CIUP / SALON HONNORAT, PARIS
DIMANCHE 28 JUIN 2009

[LECTURE EXPOSITION #20 BIS]
C/O

LA HEAD-GENÈVE & ATELIER PIERRE LEGUILLON [CEEL DE HAAS, ROMAIN LEGROS, CARLA LEÓN, NICOLAS MOMEIN, JULIE OSEN, CAMILLE VANOYE]
PALAIS DE L’ATHÉNÉE, SALLE CROSNIER, GENÈVE
MERCREDI 2 JUIN 2010

[LECTURE ENREGISTRÉE / LJC NOTATIONS1999-2010]
&

[FRAGMENTS GÉNÉRIQUES 1977-2010]
VIDÉO-PROJECTION EN BOUCLE
C/O

FRASQ #2, LE GÉNÉRATEUR / ANNE DREYFUS DIRECTRICE ARTISTIQUE, GENTILLLY
VENDREDI 22 OCTOBRE 2010

[LECTURE EXPOSITION #22]
C/O

LES CONFÉRENCES DE LA PRESQU’ÎLE
ÉSAM, ÉCOLE SUPÉRIEURE ART DES MÉDIAS, CAEN / CHERBOURG

À L’INVITATION DE LAURENT BUFFET
MERCREDI 20 NOVEMBRE 2013

[LECTURE EXPOSITION #23]
C/O

PAROLES – FORMES / PIERRE LEGUILLON INVITE LJC / ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES BEAUX-ARTS
PALAIS DES BEAUX-ARTS, PARIS
VENDREDI 13 JUIN 2014

[LECTURE CONTRE EXPOSITION]
C/O

FESTIVAL ISLAND #6 / SYLVIE BOULANGER DIRECTRICE ARTISTIQUE / CENTRE NATIONAL ÉDITION ART IMAGE
ACTDLMRSS1990 [3e PARTIE]
DIMANCHE 28 SEPTEMBRE 2014

[LECTURE EXPOSITION #25]
C/O

PUBLICATIONS D’ARTISTES, 4e ÉDITION
FRANCINE ZUBEIL / LA FABRIQUE SENSIBLE & ANNE MŒGLIN-DELCROIX

LA CITERNE / LES BAUX-DE-PROVENCE
DIMANCHE 7 JUIN 2015

[LECTURE EXPOSITION SUPPLÉTIVE #1]
C/O

CÉLINE AHOND / AU PIED DU MUR, AU PIED DE LA LETTRE / LA FERME DU BUISSON, NOISIEL
MERCREDI 21 FÉVRIER 2018

horsd’oeuvre n°41

➤ « Because the night » œuvres
de la collection du Musée :
jusqu’au 23/09/18
➤ « Le palais du paon » Mathieu
K. Abonnenc : 06/07 - 16/12/18
➤ « Nous ne sommes pas des
photographes » Raoul Hausmann :
06/07 - 16/12/18
➤ Jochen Lempert : 30/09 -
16/12/18

nîmes Mathieu Abonnenc, Une pièce dans la maison de ma mère,
2018. Production MDAC Rochechouart
Centre d’Art Contemporain de Nîmes © Mathieu K. Abonnenc et Galerie Marcelle Alix, Paris
25, rue Saint-Rémy - 30900 Nîmes
tél. 09 86 41 60 33 saint-claude
ouvert du mar. au sam. de 11h-18h
➤ « La synchronicité des éléments » La Fraternelle / Maison du Peuple
L Bayol-Thémines, J.-B. Caron, 12 rue de la Poyat
D. Clauss, P. Garcia, É. Losch, L. 39200 Saint-Claude
Mary-Couégnias, M. Merlet-Briand, tél. 03 84 45 42 26
A. Renaud et V. Soghomonian : ouvert du lun. au ven. de 9h à
06/07 - 22/09/18 12h30 et de 14h à 18h
➤ « De la terre à la lune,
pougues-les-eaux l’odyssée de l’espace » œuvres du
Frac Franche-Comté - Parc Truchet :
Centre d’art contemporain 19 - 22/06/18
Parc Saint-Léger ➤ « De la terre à la lune, l’odyssée
Avenue Conti de l’espace » œuvres du Frac
58320 Pougues-les-Eaux Franche-Comté - Festival Ideklic à
tél. 03 86 90 96 60 Moirans : 10 - 13/07/18
ouvert du mer. au dim. de 14h à ➤ Collectif Ne Rougissez Pas ! :
18h ou sur rdv., fermé les jrs fériés 17 - 29/09/18
➤ « traversée des états » Stéphanie
Saadé : jusqu’au 26/08/18 saint-maurice-lès-châteauneuf
➤ exposition collective :
15/09 - 9/12/18 Esox Lucius
la Gare / le Quai 294 M 9
rochechouart 71740 Saint-Maurice- lès-Châteauneuf
tél. 03 85 84 35 97
Musée départemental d’art ouvert les jeu., ven. sam. et dim de
contemporain de Rochechouart 15h à 19h ou sur rdv
Place du Château, ➤ éric Pasquiou / Fabrice Lanza :
87600 Rochechouart 08/07 - 26/08/18
tél. 05 55 03 77 77 ➤ « Double hélicoïdale » :
ouvert ts les jrs sauf le mar., de Vincent Ganivet : ../07 - ../08/18
10h à 12h30 et de 13h30 à 18h ➤ « l’humour dans l’art »
à partir d’oct. ts les jrs sauf le mar., conférence François Bazzoli :
de 10h à 12h30 et de 14h à 17h 20/07/18 à 20h30

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