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« Durant la dernière décennie, les attitudes artistiques provocatrices s’étant largement multipliées et largement diffusées à la suite d’artistes-stars médiatisées comme Koons, Mac Carthy, Kelley, Cattelan, Hirts, les colloques universitaires, les critiques d’art se sont penchés savamment sur les thèmes du mauvais goût, de la bêtise, de l’idiotie, et en ont cherché les antécédents et origines » Marie-France Vô

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Published by interface.art, 2016-06-12 12:16:08

HDO_13

« Durant la dernière décennie, les attitudes artistiques provocatrices s’étant largement multipliées et largement diffusées à la suite d’artistes-stars médiatisées comme Koons, Mac Carthy, Kelley, Cattelan, Hirts, les colloques universitaires, les critiques d’art se sont penchés savamment sur les thèmes du mauvais goût, de la bêtise, de l’idiotie, et en ont cherché les antécédents et origines » Marie-France Vô

Keywords: CH-attitude, Raphaël Buccanfuso, Pragueblitz, Gianni Motti, l'art de l'incursion, Guillaume Mansart, Philippe Meste, Marco Scotini, Jacques Lizène, Michel Rose, Komar & Melamid, Yan Pei Ming, Marie France Vo, Laurence Cyrot, Eric Laniol

HORSD’OEUVRE le journal de l’art contemporain, nov. 2003 - jan. 2004
Couverture : dijon ® bourgogne ® france ® europe ® ...
© Körner Union : Me too, 2003
www.inter face-ar t.comn°13 CH-ATTITUDE

ci-dessous : Boccanfuso R.B. : Ce n’est pas une finalité en ce sens que ce n’est pas l’unique moteur de la pièce. Mais
Raphaël Boccanfuso : Sans titre, 2002 cela permet en tout cas à l’œuvre d’exister sous une nouvelle forme. Pour l’édition de bustes de
Prise de vue : Bule Marianne que j’ai réalisés à l’effigie d’une directrice de galerie (Patricia Dorfmann, Paris),
© R. Boccafuso l’acceptation de ma pièce par certaines mairies en substitution à leur propre Marianne a validé
mon travail, donnant aux bustes un nouveau statut dépassant celui de la « simple » sculpture.
Raphaël Ma Marianne est devenue le symbole officiel de la république sous lequel on tient conseil, on
se marie… Ce qui m’intéressait c’était qu’elle soit acceptée par la mairie et qu’elle ait donc cette
Et bon appétit bien sûr fonction républicaine. Si elle n’était pas entrée en fonction, elle aurait conservé son statut de
sculpture, de multiple, mais maintenant elle est au-delà de cela, c’est devenu l’objet du protocole.
Quand Raphaël Boccanfuso est en cuisine il lui arrive de faire de G.M. : On perçoit ici une joyeuse ironie…
somptueux sorbets aux groseilles, mais sa spécialité c’est remuer la R.B. : Je ne peux pas cacher que cela m’amuse qu’elle soit entrée en mairie, c’est vrai. L’œuvre
soupe. Artiste touche à tout, il se fait remarquer en 1995 quand ayant est réalisée avec des technologies différentes de celles employées dans la statuaire classique
obtenu une bourse de la Drac d’Ile-de-France, il décide de s’acheter (pas de plâtre, ni de marbre, c’est un objet de technologie de pointe, un peu design). Le modèle
une BX GTI qui deviendra son principal outil de travail durant quelques a été scanné en 3D puis le buste en résine réalisé par une machine, elle a une matière très
années. Pour une pièce comme Avec tous mes remerciements (1998), plastique, un peu toc. Je me suis assigné une mission de sculpteur, d’artiste officiel, artiste
les portières de la vieille BX sont estampillées d’un chaleureux « R.B.1 généralement perçu comme ringard, en marge de l’art contemporain et qui pourtant façonne
bénéficie du soutien de la ville de Paris », et la photo immortalise notre environnement. Dans l’art, les univers parallèles ne communiquent pas.
l’enlèvement du véhicule par la fourrière parisienne alors qu’elle G.M. : Quelques-unes de tes pièces se jouent de la hiérarchie pour, comme tu peux le dire,
stationne illégalement devant l’hôtel de Ville. Pour Aux couleurs du Frac travailler sur la perte de valeur. Tes récents travaux concernant l’architecture s’inscrivent-ils dans
Languedoc-Roussillon (1998) l’artiste au volant de son bolide (décoré cette idée de dévalorisation ?
des logos de ses partenaires, ministère de la culture, Frac), vêtu à la R.B. : Il s’agit, pour ce travail, de photographies de bâtiments contemporains très connus
manière d’un coureur de rallye (combinaison, casque, gants) se fait et pour lesquels il faut payer des droits lorsque l’image est diffusée ; c’est un problème de
photographier par un radar alors qu’il est en excès de vitesse (les privatisation de l’espace publique. Je photographie, je pixellise le bâtiment sur l’image en
institutions régleront l’amende). Interrogeant divers modes de utilisant la convention visuelle de l’anonymat, puis diffuse ces images sous forme de cartes
fonctionnements (du partenariat, de la communication…) il s’intéresse postales, d’affiches ou dans des revues, journaux, tout support posant le problème de la
aujourd’hui à l’image, notamment à travers le droit de reproduction, reproduction et de la diffusion public. Il y a dans cette façon de considérer l’œuvre une
manière d’afficher sa liberté en déjouant les règles. certaine perte de son aura puisque l’original n’existe plus dans un format ou sur un support
Guillaume Mansart : Tu travailles avec de la vidéo, tu fais des donné. L’image de la carte postale ne renvoie pas à une œuvre existant par ailleurs, elle est
actions, de la photographie, peut-on dire que ce qui lie ton travail dans sa diversité c’est l’œuvre. Ceci est tout aussi valable pour ces mêmes images apparaissant dans une revue.
une certaine attitude que tu adoptes dans chacune de tes pièces ? J’aime la peinture de Courbet, aussi sur les boîtes de chocolat.
Raphaël Boccanfuso : Disons que je m’intéresse davantage aux comportements vis-à-vis de G.M. : Ton travail est sur la brèche, tu dénonces parfois un système dont on peut croire que
certaines situations qu’aux objets que je peux produire. Je n’ai aucune volonté de m’inscrire tu profites. Je pense notamment à cette action Aux couleurs du Frac Languedoc-Roussillon
dans une histoire de la forme ou de l’objet mais plutôt de me situer dans une chronologie du (1998). Ne t’a-t-on jamais reproché une certaine compromission ?
comportement. Je mets en place des dispositifs par rapport à certaines réflexions, la question du R.B. : Tout d’abord, je ne pense pas dénoncer quoi que se soit, je dirais plutôt que j’énonce
positionnement est souvent centrale. Ce qui peut d’ailleurs rendre certaines pièces autant les choses. Je mets simplement à plat des rouages et des fonctionnements. Quant à profiter d’un
intéressantes à raconter (par l’histoire qu’elles peuvent générer) qu’à appréhender directement ; système ? Pour l’excès de vitesse, mon seul gain fut le prix d’une amende assez minable.
bien que je prenne un grand soin à les réaliser si je décide de les matérialiser. L’histoire des On peut voir ça comme une parodie de scandale financier lié à l’argent public. Ma
formes et des modalités de présentation n’est, bien évidemment, pas totalement évacuée. transgression est symbolique mais ancrée dans un cadre législatif réel. Je voulais qu’une
G.M. : Ton art est-il irrévérencieux ? institution s’engage à produire une pièce hors du cadre légal, il s’agissait d’un partage de
R.B. : Si certains estiment qu’il s’agit d’irrévérence alors mon travail devient irrévérencieux, responsabilité, c’est pourquoi le Frac a payé l’amende et j’ai perdu les points sur mon
je leur accorde. C’est l’appropriation des œuvres par les gens qui compte. Il m’arrive de permis. Cette photo témoigne de ses propres conditions de production ainsi que de la
faire référence à certaines œuvres du patrimoine culturel, je les utilise comme un matériau, participation d’un tiers comme opérateur puisque la gendarmerie nationale a réalisé à son
ainsi quelques-unes de mes pièces peuvent représenter de « graves violations au droit moral insu l’œuvre. En fait, je ne crache pas dans la soupe, je remue les vermicelles restés au fond
attaché aux œuvres », pour ma part cela fonctionne plus comme des citations. Je tente du bol.
simplement, avec réalisme et peut-être un peu de cynisme, de pousser des appareils ou bien
des personnes à se confronter à un certain type de fonctionnement. Suis-je vraiment 1. Comprendre Raphaël Boccanfuso.
irrévérencieux ? Disons que je ne cherche pas toujours à être bien poli ou plutôt on peut dire
que j’adopte une telle attitude que les conventions sont éclairées sous un angle inhabituel. PRAGUEBLITZ
G.M. : Comment te places-tu par rapport à la subversion ? Gianni Motti et l’art de l’incursion
R.B. : La provocation ne m’intéresse pas car elle sous-entend que le seuil de tolérance de l’autre
est déjà connu. Ce qui m’intéresse c’est de voir dans quelle mesure certaines choses peuvent EMPIRE ET TERREUR de l’exposition impliquait de ne jamais
être admises ou non. J’essaye d’emmener les gens avec moi dans une sorte de co-pilotage, de L’état d’exception devient aujourd’hui la sortir de leur champ d’observation, de
consentement mutuel. Cependant certaines pièces ont quelque fois un fonctionnement règle, et ce, sous nos yeux. L’actuel leur contrôle permanent.
différent en ce sens qu’elles résultent d’une confrontation directe à certaines situations. rapport planétaire entre sécurité et En conséquence de quoi, cette tribune
Je tiens à rappeler ici que mon livre savoir disposer ses couleurs, est interdit de diffusion par terreur, entre démocratie et contrôle artistique, lieu sûr et protégé, s’est
l’ADAGP, organisme qui protège les droits de ses clients cotisants en se chargeant de la gestion rend cet état d’exception non une retrouvée transformée en un lieu
des images des ayants droit d’une œuvre, on peut aussi dire : « protection de la création ». mesure provisoire ou une procédure dangereux, menaçant, par les gardiens
G.M. : Dans une série de vidéos que tu as réalisées, on te voit caméra au poing et slogans sur d’urgence, mais une véritable technique même de l’ordre et de la sécurité.
la main (« Prendre la parole », « Bousculer les idées reçues »…), traverser à rebours des de gouvernement. Et il semble que cette Autre conséquence : l’inversion
manifestations. Peux-tu nous expliquer ce qui t’intéresse dans ce genre d’action vidéo ? suspension permanente du droit soit une complémentaire du rôle de spectateur
R.B. : Ce qui m’intéresse justement c’est qu’on puisse penser qu’il s’agit d’une prise de énième forme de la condition qui, outre qu’il devient objet
position alors que ce n’en est pas une. Agissant dans un contexte de revendication (les impérialiste, qu’elle en soit le visage d’observation, peut à tout moment se
manifs), mon action peut être lue d’une part comme une prise de position idéologique, et meurtrier. sentir gagné par un sentiment de
d’autre part une attitude plus physique puisque je remonte à contresens les différents J’ignore si le public, Praguois et culpabilité ou même avoir l’impression
cortèges. De façon un peu caricaturale on pourrait nommer cela : seul contre tous ou l’artiste étrangers, qui s’est rendu au Veletrzni de devenir un otage potentiel. Cette
à contre-courant. Dans ces vidéos, je vais à l’encontre de manifestants dans une vaine Palác le 26 juin dernier pour situation met en évidence l’ambiguïté
tentative de me singulariser au sein d’un groupe qui est déjà une minorité. En dehors de ça, l’inauguration de la première édition de dérivant de la notion même de « sé-
les questions de la manipulation de foule, des médias, même de la sculpture publique sont la Biennale de Prague, a été troublé par curité », en tant que devoir relevant
énoncées dans ce travail. Il y a une action en prise directe avec le réel, ce qui m’importait un événement inhabituel, imprévu, à la exclusivement de l’état politique, qui, de
c’était cette espèce d’excitation liée à la réalisation de la pièce dans la rue. Elle est filmée fois intriguant et menaçant. Car ce fut par sa nature, est forcée d’admettre sa
de façon subjective de manière à ce que le spectateur se retrouve lui aussi confronté au assurément une épreuve, de ces fragilité inhérente : son exposition
public à l’encontre duquel je vais, qu’il refasse mon action. épreuves fortes. Mais de quoi s’agissait- potentielle, permanente, au terrorisme
G.M. : Tu cherches souvent à faire valider ton œuvre par une autorité, je pense notamment à il, au juste ? D’un blitz tel que celui du peut finir par la transformer elle-même
tes Marianne. Cette « officialisation » est-elle la finalité nécessaire pour ce genre d’œuvre ? théâtre Dubrovka à Moscou et qui en une machine terroriste.
survenait maintenant à la Galerie Parmi les œuvres exposées, l’unique
R. Boccanfuso : Aux couleurs du Frac Languedoc-Roussillon, 1998 Nationale de Prague ? S’agissait-il d’un référence à l’action militaire était
Photographie au cinémomètre des services de la gendarmerie nationale - © Collection Frac Languedoc-Roussillon coup militaire ou de simples agents de représentée sur un écran de télévision,
sécurité chargés de garder le contrôle par l’expression embarrassée de
de la situation ? S’agissait-il d’un état de George W. Bush, filmé quelques
siège provisoire ? S’agissait-il d’une instants avant qu’il n’annonce l’entrée en
arrestation en masse ? guerre des États-Unis contre l’Irak ; la
Au-dessus des salles d’exposition, scène était diffusée sur un écran posé
quatre soldats américains tireurs sur un tapis rouge arborant la faux, le
d’élite, certains braquant leur Super marteau, et le drapeau de la République
Rifle dont ils sont inséparables, d’autres tchèque. Sur le côté, une étiquette
vous observant à la jumelle depuis des indiquait le nom de l’auteur de la vidéo
plates-formes suspendues à trente Shock and Awe, ainsi que de
mètres du sol, juste sous le toit vitré de l’installation tout entière : Gianni Motti.
la salle d’exposition principale. Élever et REPRESENTATION/DÉMOCRATY/PARTICIPATION
abaisser les yeux d’une photo ou d’un La première édition de la Biennale de
tableau, entrer dans les box Prague s’intitule : Peripheries become
d’installations vidéo, parcourir le couloir the centre. Prague 2003. Non

2

Philippe Meste : Aquarelle, 1995 Mais que faitinsiste sur le fait qu’il tente d ‘ « amener une esthétique dans soulignant sa propre vanité. Sans doute née d’une
Pages de magazine, taches de sperme, 32 x 24 cm
© Courtesy Jousse Entreprise, Paris le champ de la révolte » (et non l’inverse ?). Mais leur désillusion, l’action est liée à une société dans laquelle
potentiel destructif reste entier et ces pièces sont les armes aucune révolte n’est plus possible (car même sans anathème
Philippe Meste
d’une possible révolution, tout à fait aptes à tester leur les discours sont paradoxalement neutralisés par leur
« Pourquoi avez-vous attaqué un bateau militaire ? »
« Je suis artiste. Je suis une faille dans le système de défense réalité opérationnelle. Meste se permet l’interdit, il tente de permissivité). « À l’arrogance du pouvoir politico-militaire,
de l’armée. Attaquer un porte-avion n’est pas interdit. En la policesortir de l’indifférence et du caractère inoffensif ?
période de guerre, il n’y a plus de lois ni de règles »1. Telles
ont dû être les paroles échangées entre un inspecteur de qu’appliquent généralement la permissivité et l’impunité du
police et l’impertinent Philippe Meste en garde à vue un soir monde de l’art à toute œuvre, en matérialisant clairement « ce
de novembre 1993. Plus tôt ce 13 novembre, un « bateau qui ne reste généralement qu’à l’état végétatif de fantasme ».
de combat » en polyester armé de lance-roquettes fait feu Son art consiste, aussi, à ne pas se laisser enfermer dans
sur le Foch, prestigieux porte-avion de la marine française, ou à l’obscénité des médias profilant une image dégradée,
amarré paisiblement au port de Toulon. À son bord Philippe humiliante de l’homo occidentalis, Philippe Meste oppose
Meste, bien décidé à éprouver les limites de sa liberté des stratégies de dégradation dérisoires. »5.
d’artiste en flirtant avec les lois. L’action est spectaculaire, Il cherche en usant d’un discours, si besoin est aussi
elle fait écrire à certains que Meste est entré dans la légende spectaculaire et violent que celui auquel il s’oppose, à
après celle-ci. Pourtant l’artiste n’est pas le genre de naïf
révolté qui s’exprime pour dénoncer candidement la guerre, une aseptisation du discours artistique et pour se faire de questionner les images qui nous entourent chaque instant. Il
« Meste n’est ni un sniper, ni un guerillero, mais un artiste
qui intègre dans son travail des dimensions généralement rester ancré dans une réalité. Et en 1994, en pleine guerre déclare « Je fais toujours des expériences. Il doit y avoir un
délaissées : la violence subie ou agie, le couple soumission-
révolte ; il agit au point d’articulation entre conscience en ex-Yougoslavie, l’artiste installe avec deux amis, des risque dans les œuvres d’art ». Répondre de ses actes face
sociale et inconscient rebelle et développe des techniques
d’agression et de défense »2. Car le propos de Philippe postes de contrôle au marché aux puces de Marseille. En à la police nationale et tenter de faire comprendre de quoi
Meste est autant de s’insurger que de faire le rapport d’une
fiction sur une réalité. uniforme, armés de kalachnikovs et de grenades et entourés il est question fait partie de ce risque. L’important est de
Un autre mois de novembre mais en 1971, « Pourquoi vous
êtes vous volontairement fait tirer dessus ? » de sacs de sable ils montent la garde, à la stupeur des créer car comme l’écrit Norman Mailer : « L’art est une arme
« Je voulais que les choses soient réellement là pour qu’il soit
impossible de se faire des illusions à leur sujet (…) Quelque passants qui ne savent pas de quoi il est question. Au bout pour le peuple ».
part quelqu’un s’est fait volontairement tirer dessus pour voir
ce que cela donnait. »3 de trois quarts d’heure la police débarque et embarque.
L’artiste californien Chris Burden avait voulu éprouver la
réalité de son époque, de ce qu’il voyait quotidiennement à « Pourquoi avez-vous installé des check points, armes au Guillaume Mansart
la télévision en se faisant tirer dessus. L’usage des armes à
feu entre violemment dans le champ artistique (après s’être poing, sur le marché aux puces de Marseille ? » 1. www.technikart.com
imposé dans la société). « Descendant » de Burden, Meste « Ce qui m’intéresse c’est de voir la réaction des gens. Tout 2. www.jousse-entreprise.com
est, lui aussi, incontestablement imprégné des travers de son le monde voit la même chose, mais chacun l’interprète à sa 3. Cité par Timothy Martin, « Trois homme et un bébé : avec Burden, Kelley
époque, et puisque la guerre et la pornographie s’immiscent façon. C’est comme ça que fonctionne l’information de et Mac Carthy balancer le canot de sauvetage », in Hors limites, l’art et la
comme d’incontournables principes spectaculaires de notre
société, ils deviennent également les mots de son langage guerre ». Un mois plus tard, l’artiste vient recueillir les vie 1952-1996, Paris, Éd. du Centre Pompidou, 1994.
plastique. Philippe Meste conçoit des armes lourdes, du différents témoignages, « Pour France Infos, nous vendions 4. www.technikart.com
lance-roquettes personnel incorporé dans un sac de DJ des armes, pour les gens, nous étions des officiers de 5. www.synesthesie.com
(Bagpowers), au robot vidéo radioguidé (Robogun), ces
objets sont pensés comme autant de sculptures, l’artiste Philippe Meste :

Milosevic… »4. Attaque du port de guerre de Toulon, 13 Novembre 1993
Philippe Meste a une conscience aiguë du monde, une Photographie couleur, 100 x 150 cm

© Collection Rudy Riccioti - Courtesy Jousse entreprise, Paris

compréhension des médias, celles-ci le mènent

incontournablement vers la colère. Et Dominique Baqué de

« classer » dans son livre Mauvais genre(s) les actions de

Meste dans le chapitre intitulé « Et, de rage, passer à l’acte ».

Mais il ne faut pas oublier l’aspect ludique du travail, car si

Philippe Meste s’en prend aussi à la société de

consommation et à l’uniformisation qu’elle tente de mettre en

œuvre en développant une norme de « paraître » à travers

l’érection des top models comme icônes référentielles, sa

réponse s’inscrit dans une joyeuse et vaine révolte

personnelle, car concrètement : « il s’en branle ». Dans ses

Aquarelles, il pratique l’onanisme et marque de sa semence

les images papiers glacés hygiénistes de ces êtres

imaginaires qui nous harcèlent pour nous vendre l’inutile.

Loin d’être un acte de transgression définitif, la pratique

masturbatoire de Philippe Meste peut être une réponse

pragmatique à Marcel Duchamp pour qui la peinture était

un acte onaniste ; elle est aussi une marque ironique

seulement un titre juste au juste des sphères publique et symbolique, de Varsovie, avec les chars soviétiques qui détourner un défilé pour le conduire à
moment mais un lieu et une date qui rencontre de l’activisme populaire et de la occupèrent Prague et la répression ses funérailles ? À quoi rime de
semblent introduire un nouveau contestation sociale. Le contexte dans militaire qui s’ensuivit. En 2003, ce détourner un banal bus rempli de
calendrier, un nouveau rendez-vous avec lequel opèrent des artistes tels que scénario a une toute autre allure. touristes japonais, pour le diriger vers
l’histoire. Il est impossible de définir de Gianni Motti, Marc Bijl, Anibal Lopez, INCURSION ET MOBILITÉ une inauguration d’exposition, créant
manière précise les processus de Gustavo Artigas, Teresa Margolles, Gianni Motti est un artiste foncièrement par là même une exposition ? Quel sens
transformation de l’ordre mondial actuel Jeroen Jongeleen, Boris Ondreicka, politique si, par ce terme, l’on entend y a-t-il à assumer constamment un rôle
sans parler de l’irruption de nouvelles Roman Ondak, Radek Community et quelqu’un qui se distingue par sa différent, de l’homme à tout faire au
subjectivités et de nouvelles forces Armando Lulja est un espace participation à la vie sociale et à la psycho-analyste, du joueur de football au
sociales. Si, d’une part, la géographie du asymétrique, oscillant entre légalité et sphère publique. Les pratiques artistiques candidat aux présidentielles, si ce n’est
capitalisme contemporain échappe illégalité, subjectivité et collectivité, qui sous-tendent les jeux irrévérencieux et pour revendiquer son soi propre en tant
désormais à tout modelage selon des sécurité et terreur. Et les pratiques qu’ils les situations absurdes que Motti aime à que singularité nomade, tenter de faire
règles simples, d’autre part, le rapport mettent en œuvre font de l’art une sorte mettre en scène sont précises, exactes l’expérience de l’exode et de dissoudre
entre banlieues et villes, met non de transgression sociale. Cela étant, mon même. Qu’il revendique le tremblement de tout lien, toute servitude identitaire ? Ou
seulement en évidence l’inversion des rôle a consisté à réunir une série terre de Los Angeles à la façon d’un même plus : cela veut dire revendiquer
flux de production et du marché, mais d’actions mises en scène de Panama à terroriste, qu’il convie le public à regarder la vie en tant que chose « étrangère »,
devient par la force des choses la Berlin, de Mexico à Bratislava, de Paris une éclipse ou une pluie de météorites, sa en tant que condition universelle,
métaphore des conditions sociales et au Guatemala depuis janvier 2003 et qui position relève par-dessus tout du commune, qui nécessite des actions se
des pratiques culturelles. C’est la notion se sont terminées à Prague avec la grève politique. Non pas pour des raisons déroulant dans le hic et nunc de
même de structure centralisée qui est de la faim de Radek Community et le morales, mais éthiques. Si ces dernières l’impromptu immédiat, des actions
en jeu (la souveraineté de l’État et autres fameux « blitz » de Gianni Motti. venaient à manquer, sa façon de éclair, des incursions soudaines dans les
questions) lorsqu’elle se trouve Vue sous cet angle, l’intervention militaire bousculer les événements ne serait que rites sociaux et phénomènes naturels en
confrontée à la grille, horizontale et mise en scène par Motti, avec de spectacle. Tout au contraire, Motti indique tout genre. Gianni Motti essaye
périphérique, que composent les véritables soldats et de véritables armes une méthode et donne forme à un mode d’infiltrer les lieux consacrés au sport, à
mouvements d’opposition émergeants. (et donc illégale) éveilla non seulement de conduite. la politique et à l’art, afin de multiplier sa
La ville de Prague fournit donc un cas des doutes quant au présent, mais se propre image et de la disséminer dans
d’espèce, avec en toile de fond la chargea également de ramener à Prague Motti a été défini (avec justesse ou non, les médias, dans le but précis d’être au
symbolique place Venceslaw et les le fantôme d’un passé pas si distant que je l’ignore) comme étant « hacker du mauvais endroit au bon moment.
échos du Printemps 1968, où même la cela : l’invasion militaire du 21 août 1968 réel », mais que cela signifie-t-il, au fond, Toujours en dehors du champ artistique,
périphérie de l’empire soviétique fut menée par les troupes du Traité de pour Motti ? Quel sens y a-t-il à en tout cas.
profondément ébranlée (d’abord par un De ce point de vue, la pratique artistique
projet radical de démocratisation, puis de Gianni Motti représente une sorte de
par le peuple qui se souleva contre la performance absolue, une activité qui ne
répression militaire). Les images de produit rien de fabriqué, un activisme
jeunes gens s’insurgeant et des transversal, omniprésent, qui prend
drapeaux brandis face aux chars sans cesse une nouvelle forme. Mais
soviétiques évoquent encore la face pour Motti, c’est l’unique moyen
mythique de ces événements. C’est la d’obtenir la parole : ce qui compte, ce
Prague « insurgé » de Koudelka, et non n’est pas ce qui est dit, mais la
la ville « magique » de Sudek. Voici le possibilité de parler elle-même. Comme
point de départ de Beautiful Banners. lorsque, en 1997, il se glissa dans
Representation / Democracy / l’enceinte de l’ONU à Genève pendant la
Participation, le projet dont j’ai été le 53ème session consacrée aux droits de
curateur pour la Biennale de Prague. Un l’homme, s’installa dans le siège resté
projet qui considère le lieu de conflit vide du représentant indonésien et,
comme lieu privilégié de la lorsque la parole fut donnée à ce
représentation et les pratiques dernier, la prit.
artistiques comme point d’intersection
Marco Scotini

Gianni Motti : GM assistent, 2003
3 Téhéran - © G. Motti

© gianni motti : blitz, prague biennale, 2003 - édition interface, dijon



TRACE FINE

Jacques Lizène J onglant avec les mots
fait de l’art aussi pour les chiens E n quête d’anagramme
A ux rivages du monde
On ne peut pas dire que Jacques Lizène fasse partie des oeuvres mimant et parodiant tous les clichés culturels N onchalamment il rame Komar & Melamid
grandes figures médiatiques de l’art contemporain. Si contemporains. Se situant délibérément dans la « banlieue D e pierres en émaux
certains ont su apprécier sa posture à sa juste valeur, ils sont de l’art », il s’attaque au territoire sacralisé de la peinture et U sant de sa belle âme
peu nombreux ; les attitudes de l’artiste lui ont plutôt attiré du dessin en défendant la rature et « ses petites saletés de P oète dans sa ronde
incompréhension, sarcasmes, ostracisme et exclusion. Il faut dessins » et en opérant de façon répétée le démontage et U tilisant sa flamme
avouer qu’il faut disposer d’une bonne dose de même la dissection de la toile et du châssis ; il propose des YUPUD
compréhension et d’humour pour supporter et apprécier les peintures thérapeutiques, utilise ses propres excréments Michel Rose - 8 octobre 2003
facéties du petit maître liégeois au sein des institutions comme matériau pour représenter un mur, propose des
culturelles : il est capable de brouiller les discours nouvelles abstractions nulles ou des figures pariétales néo- © Jean Dupuy : texte anagrammatique
d’inauguration d’un musée par la diffusion d’éclats de rire rupestres d’après « des petits dessins minables » de 1966 ; Vitaly Komar & Alex Melamid
répétés inlassablement, de délimiter son territoire il revisite les poncifs de la sculpture avec ses accouplements
d’exposition en urinant, de présenter ses peintures de ou superpositions « d’objets-sculptures nulles » (guitare plus #40, from 40 Sketches/Collages for the Opera, 1994-1997
matières fécales, de faire dévaler des milliers de billes sous pioche, bétonnière sonorisée avec billes de verre,
les pieds des spectateurs et, en décrochant les tableaux d’un installations avec fumigènes, pseudo-caravane découpée et Sur la scène artistique internationale de la fin
musée, d’en programmer le « naufrage ». ajourée, roulettes montées sur n’importe quoi, art des années soixante-dix, le duo d’artistes
pseudogénétique). Après avoir essayé de faire entrer des russes formé par Vitaly Komar et Alex
Si cette activité hautement Melamid opère dans le courant post-
subversive n’échappe pas à la jeunes filles ou lui-même dans
sagacité et à l’estime de Ben et le cadre photographique, il emoderniste, avec des particularismes
de quelques-uns, pour beaucoup, travaille le « perçu et non
elle reste confinée avec perçu » en présentant deux directement liés à leurs origines. Nés tous
condescendance dans le terri- photographies de chevelure
toire du canular et de l’excen- féminine, l’une ayant perdu un pdeux à Moscou (Komar en 1943, Melamid
tricité belges.1 cheveu, ou trente-six photo-
Durant la dernière décennie, les graphies d’une allée d’où l’on en 1945), ils sont évidemment formés à
attitudes artistiques provocatrices a enlevé un gravier entre la
s’étant multipliées et largement trente-cinquième et la trente- xl’idéologie et à la technique picturale du
diffusées à la suite d’artistes-stars sixième prise de vue. Fina- euRéalisme Socialiste qui, depuis le début des
médiatisés comme Koons, Mac lement, après s’être filmé
Carthy, Kelley, Cattelan, Hirst, les tentant de dompter ou années trente, régit l’ensemble de la vie
colloques universitaires, les d’échapper à une caméra, ou artistique soviétique. Ils se dégagent
critiques d’art se sont penchés après avoir réalisé un long
savamment sur les thèmes du travelling sur un mur de briques Dcependant assez vite de l’hégémonie de l’art officiel, en
mauvais goût, de la bêtise, de « suffisamment ennuyeux »,
l’idiotie, en ont recherché les Lizène se rend compte en fondant, en 1972, le mouvement pictural Sots Art (Sots
antécédents et origines,ont 1990 qu’il a été l’inventeur du
redécouvert au passage Magritte conceptuel comique ! ewétant une abréviation de socialiste et Art emprunté à
et sa période « vache », Ensor, Loin d’être indifférent à l’art
Bouvard et Pécuchet etc., et se © Jacques Lizène : Art d’attitude corporel et à la performance, Pop Art), le pendant soviétique conceptuel du Pop Art.
sont aperçus que Jacques Lizène refusant de procréer, il prétend Ils peignent alors les portraits de membres de leurs
se déclare inlassablement et avec constance depuis s’être fait vasectomiser en
1965, « petit maître liégeois, artiste de la médiocrité 1970, créant ainsi une « sculp- Nfamilles dans le style des représentations officielles des
produisant un art nul ». ture interne » tout en affirmant pratiquer assidûment les
Pour qui veut bien alors consulter l’excellent catalogue plaisirs solitaires. héros révolutionnaires. Accusés de « déformer la réalité
produit par l’Atelier 340 de Bruxelles en 1990, puis les Ses rapports aux institutions se font toujours sur le mode de
études postérieures de Cécilia Bezzan, la cohérence de la mise en question : Pour l’inauguration du Musée d’Art àsoviétique », ils sont exclus du Département Jeunesse
l’attitude, la pluralité et la diversité des interventions du plus Moderne de Bruxelles, l’artiste propose la diffusion de ses
grand des artistes médiocres sautent aux yeux : en effet, 889 tentatives de rire, et enregistre soigneusement le refus de l’Union des Artistes.
Jacques Lizène ne s’est pas contenté de jouer un peu des responsables. Il essaye de vendre en solde une série
facilement le trublion au sein d’évènements culturels par ses d’œuvres anciennes dans une sorte de bric-à-brac organisé
performances bouffonnes, il a réellement produit des au musée de Liège, où il reproduit un coin d’atelier, une
sorte de placard à tableaux, en entassant soigneusement
MINGATTITUDE des toiles retournées. Devant la porte fermée d’une galerie,
il projette les images d’œuvres situées à l’intérieur ou
M aniant sa brosse comme on aime une captive pratique des enregistrements des médisances de personnes
I l libère sa rage à grands coups dans la toile du milieu de l’art ; une autre fois, il propose des installations
N oyant le blanc de noir souffrance sous le voile avec aboiements incorporés destinées spécialement à un
G uerrier d’une peinture dé-figurative. public canin, qui d’ailleurs se fera rare.
Loin de se soumettre à l’exigence normative contraignant
Michel Rose - 28 mai 2003 Yan Pei-Ming photographié l’artiste digne de ce nom à se renouveler, Lizène, en artisan
par Gérard Rancinan, 2003 - © G. Rancinan sans importance de la médiocrité, propose inlassablement
les « remake » de ses « interventions minables », et brouille
toute idée d’évolution progressive et de fabrication d’une
« œuvre d’art » au sens matériel et progressiste du terme.
Cette oeuvre, c’est lui-même, héros en creux, « qui se fait de
l’inexistence un lit douillet d’où jamais ne s’élève une
lamentation, mais un rire d’une imperturbable fragilité ».2
Armé de nonchalance, convaincu que l’art excède les limites
du rentable, de l’utile et de la matérialité productive,
Jacques Lizène joue aux billes, pulvérise les valeurs établies
et transforme l’énorme monument fétichiste que nous avons
dédié à l’art en colosse aux pieds d’argile, tout en se
déclarant être le vingt-cinquième Bouddha !3

Marie-France Vo Emigrés à New York en 1978, les deux facétieux
complices continuent à mettre en œuvre leur propre
1. L’œuvre de Lizène de ses débuts à 1990 est communiquée de façon très culture, la mêlant à celle de leur pays d’accueil à laquelle
complète dans le catalogue de l’exposition Jacques Lizène, petit maître elle s’oppose en apparence, sans jamais jouer la
liégeois de la seconde moitié du XXème siècle, artiste de la médiocrité. Tome II confrontation, préférant procéder par allusion,
(le tome I est introuvable), Atelier 340, Liège, 1990. appropriation, substitution et collage. À la fois
2. Extraits du texte du philosophe François PIRE, catalogue cité plus haut, iconoclastes et peintres réalistes, ils s’appliquent à
p.294-300. déconstruire l’imagerie et les thèmes de la mythologie
3. Pour l’activité de Lizène après 1990, consulter les articles de Cécilia réaliste-socialiste, les incorporant à leurs expériences et
BEZZAN : « Jacques Lizène ou la contrariété intuitive », Art&Fact, n°16, à leurs observations personnelles de dissidents-
1997. p.103-116. émigrants. Ainsi, dans Monumental Propaganda
« Jacques Lizène ou la contrariété intuitive ». Part III. Trouble, n°3, printemps- (1994), alors qu’ils réfléchissent au moyen de trouver
été 2003. p.176-189.
Voir aussi Denis GIELEN, Le vingt-cinquième Bouddha. Conversation avec
Jacques Lizène, Bruxelles, Èd. Le Facteur humain, 2003.

6

Ernest T. : Les bobines, 1999
Photographie contrecollée sur mélaminé et plastifié, socles
© Collection Frac Bourgogne

T and T A.ATTITUDE
« Depuis un an, j’ai souvent laissé passer mon tour, je le fais encore cette fois. Le moins de dépense
d’énergie possible. Pas de compétition, pas de confrontation. Plus tard nous ferons quelque chose
ensemble, ou avec d’autres, ou rien du tout. Pour l’heure je suis déjà vers d’autres aventures –
souterraines » (Ernest T., lettre du 13.10.1992)
Pour ne pas figer le mouvement et éviter toute position tranchée, Ernest T., faux anonyme, s’essaie à être
nul dans ce qu’il fait de mieux – ou inversement. Avoir une activité artistique, n’est-ce pas d’abord donner
une réalité à un temps et des efforts qui ne sont pas nécessaires ?
Cette décision, loin de consigner l’activité plastique dans une forme convenue de débandade, propage
au contraire un humour constant qui ne manque jamais de cingler – donc d’interroger – les mécanismes
et conventions du milieu artistique, tout comme les acquis historiques. Ainsi de cette relecture
particulière de la « moderni-T », où l’artiste, suivant l’adage bretonien – « Il faut que le nom germe,
sans quoi il est faux » – use et abuse du T comme unique motif pictural décliné dans les trois couleurs
primaires. Ou encore de ces agrandissements d’extraits de presse consacrés aux vernissages
provinciaux, qui acquièrent les vertus ambiguës du statut de tableau. C’est bien alors la valeur
accordée à l’usage du principe artistique (produire, formaliser, vernir, vendre) qui est mise en tension,
une manière aussi d’inscrire la vacuité au cœur du programme pictural.

des solutions créatives au problème de la destruction des monuments B.BOUTADES
communistes après la chute de l’Union Soviétique, K&M concluent « Ce siècle souffre d’un excès de génies et d’œuvres imputrescibles en quantités industrielles alors que
finalement que Lénine et George Washington pourraient être un seul et depuis les origines l’art est biodégradable » (Ernest T., fragment extrait de Peinture nulle n°286, 1990)
même phénomène ! L’œuvre polymorphe American Dreams (1994-1999) Comme rien ne semble vraiment entamer le conformisme esthétique et la réduction de l’art à sa part
constitue la suite de ces réflexions absurdes mais néanmoins valables. décorative-marchande (pour le plus grand nombre, aujourd’hui encore), Ernest T. emprunte la voie de
Dans le numéro de janvier 1995 de la revue Artforum, les lecteurs la boutade, de l’humour cynique et du constat perfide.
découvrent avec stupéfaction, sur une double page, une invitation à C’est en « bégayeur-ornementaliste »1 qu’il décline le T sur des toiles aux formats divers, ces dernières
célébrer George Washington, « le plus grand héros révolutionnaire servant quelquefois de motif repéré sur des caricatures agrandies traitant avec virulence des poncifs de
américain » et une proclamation aux divers acteurs culturels – artistes, la réception artistique (le jugement hâtif, le faux et l’original, le poids de la signature, le ridicule du
poètes, musiciens, acteurs, etc… pour qu’ils signent » le plan quinquennal connaisseur, l’option obtuse du critique : rien n’échappe à l’impudence du jugement commun)2.
1994-1999 ». L’annonce est illustrée par un portrait de George C’est en « amateur-collagiste » qu’il décline le logo de l’association des peintres peignant avec la main
Washington revêtu d’un costume de ville, le bras levé « à la Lénine ». ou file la comparaison entre l’étron et la couleur posée sur la palette3.
Outre cette annonce de type révolutionnaire, K&M écrivent une parodie La peinture ne semble ainsi pouvoir trouver ni le repos de la bienséance, ni la recette des certitudes
d’opéra, Naked Revolution (1997) dans lequel apparaissent Marcel établies : Que faire ? Qui acheter ? représentaient en 1990 l’impudente alternative de l’artiste face
Duchamp, Isadora Duncan, Lénine et George Washington. Ils réalisent aux flambées des prix de la fin des années quatre-vingt, sous la forme de deux agrandissements
aussi les décors, de grandes peintures à l’huile et a tempera sur toile, photographiques et de deux peintures préconisant la voyance comme solution de mise sur l’art !4
convoquant les portraits historiques de grands hommes américains et
soviétiques, dans le plus pur style réaliste-socialiste qu’ils maîtrisent C.COMMUNIQUES
parfaitement. « Le véritable artiste est un stratège capable, en toutes occasions, d’occuper le terrain (la page) sans
ostentation mais efficacement. Il serait assez malvenu de lui en faire le reproche, sa production servant
Toujours dans l’idée d’une collaboration entre leur sensibilité soviétique et juste à se maintenir dans le milieu de l’Art en attendant d’y prospérer et, pourquoi pas, d’y être
celle de leur patrie d’adoption, K&M réalisent en 1994 leur chef-d’œuvre reconnu. » (Ernest T., encart publié dans Public, n°1, Paris 1984)
intitulé The America’s Most Wanted Picture (Le tableau idéal d’Amérique Plutôt que d’affirmer à grands bruits les contradictions inhérentes au champ de l’art – posture univoque
et son pendant The America’s Least Wanted Picture (Le tableau le plus qui ne conduirait qu’à une vaine dénonciation de plus, Ernest T. filtre avec parcimonie les phrases
détesté d’Amérique). Le projet consiste à mettre en évidence les assassines, infiltre avec ironie le média informatif, du journal réduit à sa une (et qui annonce déjà ses
préférences esthétiques et le goût pictural des Américains, à travers un futurs duos : Cloaca maxima (1985-1988) est un florilège d’extraits de textes caustiques relatifs aux
sondage réalisé par téléphone auprès d’un échantillon de la population. arts) aux cartons d’invitation et autres oeuvres-textes.
Les duettistes espèrent ainsi découvrir ce qu’est réellement « l’art pour Plutôt que d’imposer une facture reconnaissable qu’il s’agirait alors de capitaliser comme signature,
le peuple », un thème cher à l’idéologie révolutionnaire socialiste, laquelle Ernest T. préfère l’attitude du faux-fuyant qui annonce – sans convoquer de spécificités picturales – la
censura les artistes qui ne rentraient pas dans les critères établis par le condition ambiguë d’artiste (Ernest T. regarde droit devant lui pour éviter ses contemporains qui lui font
parti, et ne demanda jamais au peuple ce qu’il souhaitait vraiment dans une haie d’honneur, 1985-86)5.
ce domaine. S’appuyant sur les conclusions du sondage, K&M se mirent
D.DUO
tsau travail et peignirent les deux toiles correspondantes. Le résultat fut Alors qu’Ernest T. fait à sa singulière manière une critique étendue du milieu de l’art, Taroop & Glabel
semblent s’occuper de la critique du reste ! Tout au moins de quelques sujets qui leur tiennent à cœur
affligeant. Le tableau idéal, où la couleur bleue domine, représente un (les dogmes, la propagande, la publicité, les médias, le FMI, la Banque Mondiale, Disney, la philatélie,
la Formule 1...). Ils (Le « ils » regroupant selon les circonstances des connaissances, d’autres artistes,
enpaysage calme, autour d’un lac, avec des personnages contemporains en des amis extérieurs au champ de l’art qui ont des connaissances développées en latin, mathématiques,
théorie constructurale etc.) s’approprient donc du texte, des images, des documents divers qu’ils
promenade et la présence incongrue de George Washington. Quant au changent à peine, ou qu’ils montrent simplement. L’attitude est ici regard groupé et averti, observation
tableau le plus détesté, il s’agit d’une composition géométrique abstraite collective attentive, et surtout souci du réel à recouvrer : « la réalité écrase la fiction et nous trouvons
paradoxalement que le faux écrase le vrai. Comme il serait vraiment insupportable de faire de la
issidbanale aux couleurs criardes. Les toiles furent montrées à l’Alternative morale, d’être des Chevaliers Blancs de la Pureté, de parler au nom des autres comme des Intellectuels
ou de "faire la retape" pour quelque mouvement sectaire, nous sommes bien obligés de faire dans la
Museum à New York, sous le titre People Choice (Le choix du peuple). Le dérision niaise, dans l’énorme sérieux etc. Nous écrivons en lettres capitales : VANITÉ, CRÉDULITÉ, BESTIALITÉ,
même sondage fut réalisé dans d’autres pays, dont la Chine où ce fut le ou : ÉMULSIFIANT, ÉPAISSANT, STABILISANT. »6
premier sondage d’opinion réalisé là-bas, ainsi que sur le web (les images
des peintures sont visibles en ligne uniquement), avec des résultats quasi T.ERNEST
« En 1983, Ernest T. étant devenu trop vieux pour gagner sa vie avec son corps (homme de compagnie,
dsimilaires et tout aussi consternants. laveur de carreaux, conférencier, démonstrateur), il s’est tout naturellement tourné vers l’art. Cela
tresL’attitude ironique et la logique absurde, particulières à l’œuvre de K&M, paraissait convenir à son manque de diplômes, à ses compétences limitées, à son individualisme et à
son dégoût de la compétition. Il s’est félicité, plus tard, d’avoir fait le bon choix : l’art est devenu le
questionnent néanmoins des sujets sérieux, tels que le rôle de l’artiste, “créneau porteur” par excellence » (in catalogue Le fou dédoublé, l’idiotie comme stratégie
l’art universel ou l’art comme moyen de communication. L’application des contemporaine, Apollonia, 2000, p. 118)
méthodes statistiques à la création artistique, celles-là même qui C’est en écho flagrant avec la déclaration de Marcel Broodthaers : « Moi aussi je me suis demandé si
président au lancement d’une nouvelle marque de lessive, produit une je ne pouvais pas vendre quelque chose et réussir dans la vie »7, qu’Ernest T. se positionne – ou plutôt
évite de se positionner – dans le champ de l’art. Il évite ainsi l’amalgame sans cesse renouvelé de
ein peinture « populaire » misérable et conformiste, semblable à celle l’artiste aux prises avec l’idéal ou le sublime ( ou pire encore, les deux à la fois ).
défendue de manière autoritaire par l’ex Union Soviétique. K&M sont des On a trop peu de temps pour s’habiller de l’idéologie qui pourrait plaire à l’autre. Ernest T. évitera
provocateurs. Ils sont rompus aux pratiques bureaucratiques et donc la dérobade affectée devant le réel, ou encore la démission précieuse devant le sens. Et, bien
totalitaires de la vieille Russie, qu’ils transposent avec un grand sens de que de nombreuses pièces semblent simples dans leur réception (d’autant plus simples que leur visibilité
l’humour et de la satire dans notre société capitaliste mondialiste où la parait commune – photographies de presse, caricatures anciennes), elles ne sont ni inoffensives, ni
Yorkcommunication, le goût, les opinions sont standardisés par la publicité et insignifiantes. Il s’agit là encore d’une attitude délibérée, qui ne vise rien de moins que le dégonflage
cernés par les sondages. Avec Le choix du peuple, le débat est lancé : des postures artistiques établies et l’enrayage de toute illusion de grandeur.
est-ce cette peinture-là que nous voulons ?

w Laurence Cyrot

Eric Laniol

1. Catalogue Le fou dédoublé, l’idiotie comme stratégie contemporaine, Apollonia, 2000, p. 108.
2. Pour les travaux en détail, voir notamment les pages 87 à 95 du catalogue Ernest T., Opéra, Frac Limousin, Frac Bourgogne,
La Box (Bourges) et La Synagogue de Delme, 2001.
3. Association des peintres peignant avec la main, cliché polymère et impression typo sur Arches, 1999 ; Peinture sur palette, double
page de Hors d’œuvre n°7, 2000.
4. Exposition Art & Publicité, Centre Georges Pompidou, Paris, 1990-91.
5. Voir pages 64 à 67, catalogue Ernest T., Opéra.
6. Extrait d’un contact par mail avec le duo en juillet 2003.
7. Texte inscrit sur le carton d’invitation de la galerie Saint-Laurent de Bruxelles en 1964.

Ernest T. : Boîte n°3, 1987

Vitaly Komar & Alex Melamid : France’s Most Wanted, 1995 Acrylique sur toiles, bois

7 © Courtesy Éd. Joann Wypijewski © Collection Frac Bourgogne

Auxerre HORSD’ŒUVRE n° 13 genève montbéliard paris vallery
édité par l’association
Musée Saint Germain INTERFACE MAMCO Le 19 - CRAC (org.) Palais de Tokyo Salle des Fêtes
(org. centre d’art de l’Yonne) 12 rue Chancelier de l’Hospital 10, Rue des Vieux Grenadiers 19 Avenue des Alliés Site de création contemporaine 89150 Vallery
2 bis Place St-Germain 21000 Dijon 1205 Genève 25200 Montbéliard 13 avenue du Président Wilson ouvert de 14 h à 18 h du sam. au dim.
89000 Auxerre tél. / fax : 03 80 67 13 86 Suisse tél. 03 81 94 43 58 75116 Paris tél. 03 86 72 85 31
ouvert de 10 h à 12 h et e-mail : [email protected] tél. 00 41 22 320 61 22 « Déchirures de l’histoire » M° Iéna ou Alma-Marceau org. Centre d’art de Tanlay
de 14 h à 18 h 30 sauf mar. http://www.interface-art.com ouvert de 12 h à 18 h, du mar. au ® Musée départ. de la Hte-Saône, ouvert tous les jours de 12 h ® « Jardinnage », « À nous deux »
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Comité de rédaction : fermé les 24-25-26-31/12 et 1-2/01 ouvert de 14 h à 17 h sauf. mar. ® « Awareness Box » Alain Bublex, ® Anne Tastemain : 24/01 - 29/03/04
belfort Laurence Cyrot, Valérie Dupont, ® « ORNICAR ! » C. Lévêque, ® Allan Scène Nationale, « Radio Shack # 2 » Vincent Epplay :
Astrid Gagnard, Marlène G. Fromanger, L. Andrié, M. Bochner, Hôtel de Sponeck, Montbéliard : 04-20/12/03 publications
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2 Avenue de l’Espérance Michel Rose, Marie-France Vo K. Ramishvili, J. Vieille, K. Kuchta, ouvert de 14 h à 18 h le mar. et sam. L. Garnier : 5-7/12/03 - 20 h 30 L’Office - ENSBA de Dijon
90000 Belfort Art & Project Bulletin : et de 15 h à 18 h le dim. 3, Rue Michelet - 21000 Dijon
tél. 03 84 36 62 10 Coordination et mise en page : 22/10/03 - 25/01/04 ® Le 19 - CRAC, Montbéliard : pougues-les-eaux tél. 03 80 30 21 27
ouvert de 10 h à 12 h et Frédéric Buisson 05/10/03 - 04/01/04
de 14 h à 18 h du lun. au sam. grenoble ouvert de 14 h à 18 h le mar. et sam. Centre d’Art Contemporain paru :
fermé pendant les vacnces scolaires Contact Agenda - Presse : et de 15 h à 18 h le dim. Parc Saint-Léger - Avenue Conti ® Poncif habitable et autres
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ouvert de 14 h à 18 h 12 rue Chancelier de l’Hospital Vienne (org. Frac Limousin) INTERFACE
sauf dim. et jours fériés 21000 Dijon 1 Rue des Allois
® Veit Stratmann : 13/11 - 03/12/03 tél. 03 80 67 13 86 87000 Limoges Marc COUTURIER/HORSD’ŒUVRE N°12 ÉditionsINTERFACE - HORSD’OEUVRE
® Eric Watt : 11 - 14/12/03 ouvert de 15 h à 19 h tél. 05 55 32 32 40 Pointe d’argent , 2003 12 RUE CHANCELIER DE L’HOSPITAL
(au Palais Jacques Cœur) le mer., ven. et sam. et sur rdv ouvert de 14 h à 19 h du mar. au sam. 1 coul. - Tirage : 99 exemplaires numérotés 21000 DIJON - tél/fax : 03 80 67 13 86
® Tania Mouraud : ® « Cailloux » Jean Dupuy : ® « Architecture comme muse » Y. et signés par l’artiste
11/12/03 - 14/01/04 04/10 - 22/11/03 Bélorgey, A. Doret, G. Ettl, D. Marcel, Prix : 75 Euros (+ 3 Euros de frais d’envoi) ® GIANNI MOTTI / HORSD’ŒUVRE N°13
® Patrice Ferrari & Esox Lucius G. Matta-Clark, J-P. Hulen, J. Turell, J. Blitz, 2003
château-Gontier présente « L’art à 20 balles » Vieille, N. Van de Steeg, S. Willats : ORLAN/HORSD’ŒUVRE N°11 600 x 420 mm
+ éditions et multiples d’artistes 20/11 - 18/12/03 Catharsis - Générique imaginaire n°27 Impression Offset sur Couché 250 Gr
Chapelle du Genêteil (xn éditions - Aurélie Geslin, Paris / Corporis Fabrica - Générique imaginaire n°26 , 2001-2002 Tirage : 200 exemplaires numérotés
Rue du Général Lemonnier Galerie des multiples - Paris / mâcon quadri - Tirage : 200 exemplaires numérotés et signés par l’artiste
53200 Château-Gontier Stock zéro - Philippe Zunino : et signés par l’artiste Prix : 50 Euros (+ 3 Euros de frais d’envoi)
tél. 02 43 07 88 96 06/12/03 - 17/01/04 Musée des Ursulines Prix : 100 Euros (+ 3 Euros de frais d’envoi) ® JEAN DUPUY / HORSD’ŒUVRE N°0
ouvert de 14 h à 19 h du mer. au dim. ® Didier Trenet : 31/01 - 28/02/04 20 Rue des Ursulines Oh, Ah, Hi, Ici..., 2003
® « de Firmin à Marguerite » 71000 Mâcon Peter DOWNSBROUGH/HORSD’ŒUVRE N°9 420 x 600 mm
E. Bodevin, D. Bourdaud, G. Duhamel, Galerie Barnoud tél. 03 85 39 90 38 AND, ET, ICI, 2001 Impression Offset sur Couché 250 Gr
T. Frer, K. Kudelova : 11/10 - 16/11/03 27 rue Berlier ouvert de 10 à 12 h et de 14 h à 18 h bichromie - Tirage : 100 ex. tamponnés Tirage : 100 exemplaires numérotés
® Benoît Plantéus : 17/01 - 21/03/04 21000 Dijon sauf lun., dim. matin par l’artiste au dos et signés par l’artiste
tél. 03 80 66 23 26 fermé les 25/12 ; 01/01 et 01/05 Prix : 46 Euros (+ 3 Euros d’envoi) Prix : 70 Euros (+ 3 Euros de frais d’envoi)
chatou ouvert sur rdv ® « Parcours contemporain » Xiao
® « Love Zones » A. Mpane, Fan, 100 fleurs et peintures récentes : Jochen GERZ/HORSD’ŒUVRE N°8 option encadrement : + 56 Euros (+ frais d’envoi)
Centre national de l’estampe B. Toguo, E. Udemba, F. Tsimba : 07/11/03 - 18/01/04 YOUR.ART, 1991/2001
et de l’art imprimé - cneai 04/10 - 15/11/03 ® « Peintures d’histoire : Elles font des bichromie - Tirage : 200 ex. numérotés ® PUBLICATION
Maison Levanneur ® « Multiples / Éditions » : histoires ! » : 10/02 - 23/05/04 et signés par l’artiste catalogue JOCELYN SAINT-ANDRÉ
Île des impressionnistes 06/12/03 - 17/01/04 Prix : 31 Euros (+ 3 Euros d’envoi) coprod. L’Office / Ensba (Dijon)
78400 Chatou metz 21 x 17 cm, 64 p., ill. coul.
tél. 01 39 52 45 35 Atheneum - Centre culturel Ernest T./HORSD’ŒUVRE N°7 Prix : 10 Euros (+ 3 Euros de frais d’envoi)
ouvert de 10 h à 18 h, du mer. au ven. de l’université de Bourgogne Frac Lorraine Peinture sur palette, détail, 2000
et de 12 h à 18 le sam. et dim. 1 Rue Edgar faure 7 Place de la Cathédrale Tirage : 50 ex. numérotés et signés
® « Pénélope attend Ulysse » : 21000 Dijon 57000 Metz par l’artiste + 20 E.A.
19/10/03 - 08/02/04 tél 03 80 39 52 20 tél. 03 87 74 20 02 Prix : 46 Euros (+ 3 Euros d’envoi)
ouvert de 10 h à 17 h du lun. au ven. ® « Voisin Voisine » parcours convivial
delme ® « Hubert sauve la France » d’expos en appartements (org. Ass.
Harald Fernagu : 29/10 - 12/12/03 des amis du Frac Lorraine) :
Synagogue de Delme / ® « en partenariat avec le Frac 22 - 30/11/03 renseignements des
Centre d’art contemporain Bourgogne » : 21/01 - 20/02/04 lieux et horaires 03 87 74 55 00
33 rue Raymond Poincaré ® « Affinités sélectives ou les coups de
57590 Delme dole cœur des directeurs de lieux d’art
tél. 03 87 01 35 61 contemporain en Sarre-Lorraine-
ouvert de 14 h à 18 h, du mer. au ven. Frac Franche-Comté / Luxembourg » C. Aberg, F. Montmare,
et de 11 h à 18 h le sam. et dim. Musée des Beaux-Arts J. Dudas, J. Just, U. Rosenbach, M. Ter
ferlé du 24/12/03 au 04/01/04 85 rue des Arènes Heijne, Su-Mei Tse : 26 - 30/12/03
® Dan Walsh : 10/10/03 - 01/02/04 39100 Dole (Bâtiment du transformateur, Rue
tél. 03 84 79 25 85 Chambière, Metz - renseignements
ouvert de 10 h à 12 h et tél. 03 87 68 25 00)
de 14 h à18 h, sauf lun.
® Gérard Deschamps :
23/01 - 04/04/04

Si vous souhaitez que vos manifestations soient annoncées dans l’agenda du
prochain numéro, une participation de 30 Euros minimum est demandée.

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